4.3. L’histoire des villes italiennes : Firenze
Entre Venise la douce et Naples la violente, il y a Florence, l’équilibrée, la rationnelle. Venise est gothique et byzantine et orientale, Naples est baroque et
tourmentée et « africaine » ; Florence est « Renaissance », un style qui commence tôt et se perpétue un peu même lorsque le reste de l’Italie en est déjà
sorti ; elle donne l’image paisible d’un monde réconcilié, libéré du « péché » sans être passé par le tragique de la Croix.
Avant, il y a Dante, mort en 1325, le visionnaire, le mystique, celui qui lit l’histoire humaine à travers les trois règnes de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis ;
après, il y a Michel-Ange, mort en 1564, mais qui, dès 1520, manifeste son amertume et sa désillusion dans les Tombes des Médicis avant de peindre à
Rome le terrible Jugement dernier de 1536 et de quitter définitivement Florence. Entre les deux, il y a Botticelli, la Naissance de Vénus et le dit Printemps. La
« Renaissance » florentine commence au XIVe, et même avant, s’épanouit au XVe et s’achève au début du XVIe ; après, les temps ont changé, la guerre
ravage l’Italie, l’Europe est bouleversée par les crises économiques, politiques, religieuses, scientifiques, l’âge « baroque » est proche.
C’est dire que la « Renaissance » n’est pas qu’un « style » artistique, c’est un style de vie, de pensée, de rapports sociaux, où « l’art » est lié au pouvoir,
à la vie économique, politique, religieuse, de façon encore plus étroite et plus visible que n’importe où ailleurs. Que l’Enfer de Dante ait été une œuvre
politique autant que philosophique et religieuse, c’est l’évidence même ; mais la Naissance de Vénus, qu’on peut être tenté de voir comme le fruit d’une
recherche esthétique de « beauté », peut aussi se lire comme œuvre philosophique et politique, illustration du rapport entre le divin, le pouvoir politique, la
richesse, la sexualité, la femme et la beauté. La « Renaissance » est une façon de voir le monde, non seulement intellectuellement mais « sensiblement »,
selon l’optique de la perspective centrale.
Les Florentins ont été pendant deux siècles les inventeurs et les porteurs d’une très haute vision de l’homme et du monde, que l’on résume sous le mot d’
« humanisme ». Ils avaient déjà « inventé » le capitalisme et les techniques bancaires (la comptabilité en partie double..), pratiqué la grève (les « Ciompi
» représentent les premières formes d’organisation ouvrière), ils ont donné son nom à l’Amérique (Amerigo Vespucci, fils d’une grande famille florentine), et
beaucoup d’autres choses. C’est sans doute pour cela qu’ils sont restés si fiers au point d’en paraître hautains, n’ayant pas la familiarité populaire des
Napolitains et n’étant pas extrovertis comme les Vénitiens. À les rencontrer, à pratiquer leur ville, plus austère sans doute mais combien riche de culture, on
gagne toujours en humanité. Et puis, ils savent aussi bien manger, bien boire, faire la fête ; la campagne toscane est magnifique, très « humanisée » elle
aussi, et il fait bon se promener dans les collines, les jardins, les villas.
Ce dossier ne remplace pas votre guide préféré, mais vise à le compléter, à illustrer quelques-uns des sites et monuments que vous visiterez, afin que
chacun soit mieux à même de l’apprécier par lui-même, à son rythme, selon ses goûts et ses rêves.
Jean Guichard, 5 juin 2015
Dossier Florence : histoire, art et politique
1. Les origines historiques et légendaires page 1
2. La période féodale et la formation de la commune
3. L’organisation communale, les “arti”
4. L’art de la commune page 2
5. Vers la fin de la commune et vers le principat
6. Les Médicis au XVe siècle page 3
7. Bref rappel de l’art à Florence sous les Médicis au XVe siècle page 4
8. Les derniers Médicis
Annexe 3 : Basilique Santa Maria Novella
Annexe 4 : Salle Capitulaire du Couvent de Santa Maria Novella (Cappellone degli Spagnoli)
Annexe 5 : Santa Maria Novella - quatre peintres, quatre styles (Giotto, Masaccio, Uccello, Ghirlandaio)
Annexe 6 : Décoration du Campanile
Annexe 7 : Santa Maria del Fiore (Duomo)
Annexe 8 : L’Eglise Santa Trinità et La Place
Annexe 10 : La Chapelle Brancacci, les fresques de Masaccio et Masolino
Annexe 11 : Botticelli, l’Adoration des Mages
Annexe 12 : Le Jardin des “Orti Oricellari”
Annexe 13 : Le Jardin de Castello et La Villa de La Petraia
Annexe 1 : Eglise de San Miniato al Monte
Annexe 2 : Eglise de Santa Croce, “Pantheon” de Florence