4.3. L’histoire des villes italiennes : Firenze - 8
ANNEXE 4 : Salle Capitulaire du Couvent de Santa Maria Novella (Cappellone degli Spagnoli)
1) CRUCIFIXION
Crucifixion Résurrection : thème spirituel nouveau
du Christ “suspendu” en l’air, près du ciel
Montée au calvaire Entrée de la petite chapelle absidiale Descente aux Limbes où les Patriarches
attendent avec dévotion l’arrivée du Christ
Andrea da Firenze peint son grand cycle de la Salle capitulaire du couvent entre 1366 et 1368 ; celle-ci est d’abord consacrée au Très Saint Sacrement, avant de
devenir « Grande Chapelle des Espagnols » lorsque, vers 1540, Eléonore de Tolède, femme de Côme I de Médicis, décida de la destiner à ses sujets espagnols
pour les récompenser d’avoir aidé son mari dans ses entreprises commerciales. L’ensemble a pour but de montrer le rôle central de l’Ordre dominicain dans
l’économie du salut des âmes. Les Dominicains sont représentés comme les chiens du Seigneur, les Domini canes. C’est le Prieur du couvent, Jacopo Passavanti
(1298-1357), auteur d’un Miroir de la vraie pénitence où il reprend ses prédications, qui inspire le programme des fresques.
Mais la société florentine a changé, elle connaît un essor de la petite et moyenne bourgeoisie aux dépens de la grande bourgeoisie qui dominait jusqu’alors la ville
; c’est une période de grande agitation politique et sociale. Les Dominicains s’adaptent au changement, font tout pour conserver la confiance du petit peuple (en
1378, ce sont eux qui seront les conseillers des « Ciompi », les ouvriers textiles révoltés contre la bourgeoisie), et le style
des fresques, s’il reste très ecclésiastique, devient aussi plus « démocratique », plus populaire. La Chapelle fut d’ailleurs construite et décorée grâce au don de
500 florins (et 200 pour son frère) du marchand Buonamico di Lapo dei Guidalotti, en 1343 ; à chaque fête du Corpus Domini, il donnait de plus 5 florins et
nourrissait la
Communauté. Lapo avait été « ministre des finances » du duc d’Athènes qui, quand il fut chassé par les Florentins, se réfugia auprès d’Angelo Acciaioli, évêque de
Florence et dominicain de Santa Maria Novella.
Lapo fut enseveli plus tard dans la Chapelle avec l’habit de l’ordre et une pierre tombale à sa mémoire. On s’explique mieux alors l’importance de la foule populaire
représentée sur les murs, en costumes d’époque, la présence de portraits de contemporains, de scènes profanes. Le symbolisme de la Doctrine thomiste se mêle
ainsi au naturalisme de la représentation : les fresques pourront être lues et comprises par les Frères comme par le petit peuple, touché et séduit par ces
représentations conformes à sa vie quotidienne et à son idéologie.
2) PREDICATION, MARTYRE ET MIRACLES DE S. PIERRE MARTYR
Ascension du Christ
Pèlerins et infirmes vénèrent la tombe du saint ; guérison
de l’infirme qui la touche. Sur le sarcophage, figures de Vertus. Guérison du malade qui prie le saint
S. Pierre Martyr (1205-1252) naît à Vérone dans une famille cathare. Étudiant à Bologne, il est fasciné par les prédications de S Dominique, des mains duquel il
reçoit l’habit en 1221. Son zèle et ses qualités oratoires lui valent d’être nommé prieur de diverses communautés dominicaines puis inquisiteur pour Milan puis
pour tout le Nord de l’Italie en 1232. Il fut un grand persécuteur d’hérétiques cathares et patarins et organisateur de compagnies anti-hérétiques à tendance
cléricale, dont la Compagnia Maggiore della Vergine (del Bigallo) à Florence vers 1250. Les patarins (du nom de la patarìa, marché aux chiffons de Milan, aux «
pattes », comme on dit à Lyon) exprimaient la religiosité des classes les plus humbles en lutte contre le Haut Clergé simoniaque et inféodé à l’Empire ; en Italie, ils
étaient liés aux cathares et aux albigeois. Ce sont eux qui l’attirent dans un piège entre Côme et Milan, le 6 avril 1252, et l’assassinent d’un coup de hache dans la
tête tandis qu’ils décapitent le frère qui l’accompagnait ; son assassin, Carino, abjura ensuite, devint frère dominicain et mourut en odeur de sainteté. S. Pierre
Martyr est invoqué pour les maux de tête ! Premier martyr dominicain, son culte fut popularisé par l’Ordre, d’abord dans de petits tableaux, puis dans les fresques
monumentales de Santa Maria Novella qu’Andrea traite en intensifiant l’usage des costumes contemporains, les personnages populaires (cf. les infirmes, les
malades et les pèlerins qui s’accrochent au sarcophage du saint, la scène de la prédication sur la place, etc.). Ce style démocratique va de pair avec son caractère
ecclésiastique (cf. par exemple les rouleaux avec inscriptions et les figures d’Evangélistes et de Pères de l’Eglise qui ornent les bandes de séparation des
fresques).
3) L’EGLISE TRIOMPHANTE ET MILITANTE
Peuple ecclésiastique et laïque sous la
garde des chiens Dominicains noirs et
blancs. Portraits de contemporains
Christ en Gloire au-dessus de l’autel avec l’Agnus Dei et le
Tétragramme des 4 Evangélistes.
Autour, un choeur d’anges conduit par la Vierge.
Saints dominicains repoussant
les dangers qui menacent
l’Eglise : S. Dominique
prêchant ; S. Thomas tente de
convaincre les hérétiques
(Averroès) ; S. Pierre Martyr
excite les chiens contre les
hérétiques sous forme de
renards (loups) (Inquisition) .
Gouvernement présidé par
le Pape et à sa gauche,
l’Empereur (un peu plus bas
mais assis sur le même
trône, en parfaite harmonie)
S. Dominique conduit
les âmes au Paradis où
les attend S. Pierre.
Au-delà de la porte,
des saints (S. Thomas)
attendent.
Un Dominicain donne
l’absolution à un
pénitent.
Représentation du Dôme encore
incomplet (Andrea faisait partie
de la Commission de
construction), symbole de toute
l’Eglise
Musicienne, chasseur et 2 bourgeois :
plaisirs mondains dont on se rachète
par la confession ; jeunes filles qui
dansent = âmes libérées du péché ;
jeune musicien plus grand fait le lien
entre les 2 niveaux.
ANDREA DI BUONAIUTO (DA FIRENZE),
(1366-68)
4) APOTHEOSE DE S. THOMAS D’AQUIN
Les 7 Vertus volent
autour de sa tête : Foi,
Espérance, Charité,
Courage, Tempérance,
Justice, Prudence
S. Thomas sur son trône, main
ouverte sur la Somme contre les
Gentils. Assis à ses pieds, les trois
hérétiques vaincus par lui, Arius,
Averroès et Sabellius
Personnages de l’Ancien et du Nouveau
Testament à qui a été accordée la
révélation divine et dont les écrits ont été
commentés par S. Thomas : les dix plus
grands Docteurs de l’Ancien et du Nouveau
Testament
7 Planètes :Lune,Mercure,Vénus,
Soleil, Mars, Jupiter, Saturne
7 dons du
Saint-Esprit
Représentant historique de chaque Art et Science (de dr. à g.) : Priscien, Cicéron,
Zénon (Aristote ?), Toubal-Caïn, Ptolémée, Euclide, Pythagore // S. Augustin, S. Jean
Chrysostome, S. Denis l’Aéropagite, Hippocrate, Innocent IV, Justinien.
7 Arts Libéraux : Grammaire,
Rhétorique, Dialectique, // Musique,
Astronomie, Géométrie, Arithmétique.
(Lire de dr. à g.)
7 Sciences : Mystique, Ethique, Dogmatique,
Histoire, Physique, Droit canon, Droit civil.
(Lire de dr. à g.)