4.3. L’histoire des villes italiennes : Firenze - 16
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Annexe 13 - LE JARDIN DE CASTELLO « La villa de Castello se situe non loin de Careggi, au nord-ouest de Florence. Ancien château fort du XIIIe siècle conçu autour d'une cour à portique, il fut acheté et transformé en villa par les Médicis en 1477. Jean des Bandes noires y habita avec sa mère Catherine Sforza. Fort appréciée, elle fut saccagée par leurs opposants, en 1527, lors de leur exil de Florence. C'est en 1538 que le nouveau duc Cosme I, désireux de profiter du calme de Castello après sa nomination mouvementée et la bataille victorieuse de Montemurlo, chargea Niccolò Tribolo de restructurer entièrement la villa et son jardin. Il y passa les dernières années de sa vie avec sa seconde épouse, Cammilla Martelli. Après sa mort en 1574, la propriété demeura dans la famille (Bianca Cappello y habita) jusqu'au milieu du XVI11e siècle, puis passa à la maison de Lorrame, qui lui fit subir quelques transformations, en particulier sous l'égide du grand-duc Pietro Leopoldo qui en fit orner de fresques l’intérieur. L'Etat en hérita en 1924. La grande façade blanche aux lignes simples qui s'allonge sous le soleil de midi devant une pelouse desséchée semble décourager les éventuels visiteurs. La belle porte d'entrée en bossage de Buontalenti reste obstinément close, L’intérieur ne se visite pas (c’est le siège de l’Académie de la Crusca). Pourtant, il faut dépasser cette première impression, franchir le portail d'entrée sur la droite et accéder au pré qui précède la façade arrière. Là, l’œil ébloui embrasse la totalité d'un immense jardin à l'italienne, qui gravit en douceur par terrasses successives, la pente du mont Morello jusqu'au bois. Tribolo (1500-50), un artiste aux multiples facettes, sculpteur, topographe et hydraulicien, composa un quadrillage géométrique, réparti autour d'un axe central qui reliait l'Arno, au sud, au mont Morello, au nord, comme le montre la vue de  Giusto Utens. Sur les côtés est et ouest du bâtiment, il délimite deux petits jardins secrets, aujourd'hui disparus, remplis de fleurs et de plantes aromatiques. Au sud, l'esplanade actuelle était auparavant creusée par deux viviers et prolongée dans l’axe de la porte principale par une allée formant une pergola de mûriers, qui descendait vers l'Amo. Au nord s'étend le jardin principal, clos par un mur d'enceinte et savamment composé de parterres de buis aux formes géométriques, agrémentés de pots de fleurs et de citronniers. Au centre se détache la blanche silhouette de la fontaine octogonale, scuIptée par Tribolo. Tandis que huit pattes de griffons s'accrochent à la partie inférieure du fût, quatre joyeux chérubins serrent le cou à des oies, et l’eau, jalllie de leurs becs, alimente la première vasque. De la deuxième pendent quatre hideuses têtes de boucs, surmontées par quatre autres chérubins, perchés au sommet du fût, qui dominent le Jardin en arborant un air moqueur. Le groupe impressionnant  d' Hercule terrassant Antée complétait l'ensemble (sculpture de B. Ammanati). Plus haut, l'allée centrale mène à une autre partie du jardin, close sur la gauche par la serre à citronniers et sur la droite par l'entrepôt aux agrumes, et découpée en pelouses rectangulaires bordées de pots de citronniers. Au début de cette section s'élevait la fontaine de la Vénus Anadyomène, scuIptée par Giambologna et transférée depuis le XVIIIe siècle à la villa médlcéenne de La Petraia. Elle se trouvait au centre d'un labyrinthe surprenant, "bois sauvage et touffu de hauts cyprès, de lauriers et de myrtes", dans lequel le promeneur errait avant de la découvrir Le jardin se clôt par l'actuel mur d'enceinte, mais on découvre dans l'axe principal l'entrée d'une grotte bien préservée. Dans la pénombre, on distingue peu à peu une remarquable voûte aux dessins de grotesques, entièrement composés de mosaïque, coquillages et éponges, puis trois niches qui abritent un peuple d'animaux étrangement anthropomorphes, sculptés en pierre polychrome et dont les yeux vous fixent avec insistance. .Au sortir de la grotte, le visiteur, ébloui par le soleil, songe à se réfugier à l'ombre du mur. Sur la droite, il découvre une ouverture qui, par quelques marches, le conduit au bois. Se perdant quelque peu dans le dédale des arbres, il parvient finalement à un grand bassin, au centre duquel surgit sur un îlot rocheux, la statue de bronze d'un vieil homme barbu et voûté figurant le mont Apennin (ou l'Hiver selon certains). Les bras croisés, l'air mi~perplexe, mi~courroucé, il semble demander: "Mais comment diable avez~vous fait pour parvenir jusqu'ici ?" L’eau des divers bassins circulait à Castello à travers un réseau complexe de canalisations, mis au point dès 1537 par Piero da San Casciano, un expert en hydraulique, et achevé après sa mort en 1541 par Tribolo : provenant de la colline de la Castellina et de la villa de la Petraia, située plus haut, L’eau cheminait par un aqueduc avant d'être distribuée dans le jardin selon la pente du mont. Sous une apparence trompeuse de liberté le parcours du promeneur était en fait rigoureusement tracé et répondait à un programme élaboré par Cosme I et enrichi par l'écrivain Benedetto Varchi, en 1543 : chaque élément décoratif s'inscrit ainsi dans une affirmation politique du pouvoir par les Médicis, à travers le concept du retour à Florence d'un nouvel âge d'or, grâce au règne de Cosme I. Ce concept se trouve en particulier développé dans la grotte, où la figure purificatrice de la licorne permet, selon la légende, aux autres animaux de s'abreuver en toute sécurité, après qu'elle ait pIongé sa corne dans un cours d'eau empoisonné. Cosme I, symbolisé par la licorne, entend ainsi instaurer un nouveau paradis terrestre qui réunisse les Florentins sous sa protection. Cette idée est également illustrée par le thème prédominant du Printemps, à travers les forces de la nature en présence autour de la Vénus sortant de l'onde, symbole de Florence, inspirée des deux célèbres tableaux de Botticelli, Le Triomphe du Printemps et La Naissance de Vénus, qui sont précisément transférés à cette époque dans la villa. Cependant, Tribolo, accablé par les autres commandes du duc, n'eut pas le temps d'achever son fabuleux projet. Celui-ci fut poursuivi avec quelques modifications, de 1550 à 1574, par Giorgio Vasari, qui relata dans ses Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes une complète description de la villa, puis en 1592, par Buontalenti. Le jardin de Castello, bien que modifié, demeure un exemple original d'imagination scénique au service du pouvoir médicéen, s’exprimant par le biais d'un parcours étonnamment artificiel, semé d'allégories et de mythes. Le premier du genre en Europe, il enthousiasma tous ses contemporains et fut fréquemment copié jusqu'au XVIIIe siècle. (Sophie Bajard et Raffaello Bencini , Villas et jardins de Toscane, Terrail, 1992, pp. 49-52) LA VILLA DE LA PETRAIA Ancienne casa da signore du XIIIe siècle, créée par les Brunelleschi (qui y soutinrent l’assaut de Giovanni Acuto), elle passe aux mains des Strozzi au XIVe  siècle, avant d'être confisquée par les Médicis en 1530. En 1568, Cosme 1 en fait cadeau à son fils Ferdinand et en 1591, celui-ci se décide à y faire quelques travaux et charge, semble-t-il, Buontalenti de la transformer en villa de plaisirs. L’architecte conserve la structure carrée de l’édifice médiéval, creusée par une cour centrale. La façade harmonieuse aux larges fenêtres est dominée par l'ancienne tour de garde du XIVe siècle, posée sur des consoles moulurées, qui conserve encore son aspect fortifié, malgré l'ajout de l'horloge et des fenêtres à meneaux au XVIe siècle. Buontalenti, enfin, restructure le jardin le long de la pente, qui gardera son aspect originel jusqu'au XVIIe siècle.
Derrière la villa, parc à l’anglaise, de l’architecte Joseph Frietsch, commandé par les princes de Lorraine (1836-1850)
Tour de garde du château du XIIIe s.
Verrière qui couvre la cour depuis la fin du XIXe s.
Vivier flanqué de jardins géométriques, installé par Ferdinand de Médicis,passionné d’herboriculture de pharmacologie et d’alchimie : végétaux rares.
Plan du jardin de la Petraia
La fontaine Fiorenza, avec la statue de Vénus (symbole de Florence) de Giambologna. Fût décoré de divinités marines.
Belvedere, lieu de retraite des Médicis
Plan dit « de la Figurina », en référence à la statue de la fontaine.
La cour centrale intérieure est toute décorée de fresques qui représentent d’une part les actions héroïques de Godefroy de Bouillon lors de la prise de Jérusalem (de Cosimo Dati, 1590) et d’autre part les Fastes des Médicis (de Voterrano, 1636-1647). La couverture fer et de verre est de 1872. On peut visiter avec grand intérêt les autres pièces de la villa, salle à manger, studio, salons , chapelle du rez-de-chaussée et du premier étage.
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