4.3. L’histoire des villes italiennes : Milano 7 / 8
10 – Milan après-guerre
a)
La reconstruction de la ville
La première urgence de l’après-guerre fut la reconstruction des 25% de maisons détruites, des installations ferroviaires et des grandes usines. Le
plan régulateur adopté en 1948 mais approuvé définitivement seulement en 1953 définit la nouvelle ville
du boom économique, dessinant un nouveau centre directionnel (entre la Gare centrale et la vieille gare
de Porta Garibaldi), un nouveau système de viabilité (avec deux autoroutes urbaines qui permettent
l’accès des voitures au centre directionnel et au centre historique), la répartition en zones du territoire
communal selon les destinations d’usage (habitation, industrie, vert public, services, quartiers
résidentiels), construction du réseau métropolitain commencé en 1957 et dont la première partie de la
ligne fut inaugurée en octobre 1964. Le métro était devenu une nécessité première : dans le centre, les
bureaux avaient remplacé les habitations, créant la diminution des Milanais résidents et une
augmentation considérable des «pendolari » (les banlieusards qui travaillent en ville et vivent en banlieue)
qui ont conduit à un étranglement du trafic du centre occupé toujours plus par des gratte-ciels et des
grands magasins et depuis toujours moins vert. C’est seulement après les années ‘80 et l’arrivée de
l’informatique qui se transféra hors de l’aire urbaine que les choses commencèrent à s’améliorer. Mais le
choix était clair, commandé par le capital et par la spéculation immobilière, de détruire au maximum la
Milan populaire traditionnelle, sous le prétexte du coût trop élevé de la restauration des édifices touchés par les bombardements mais récupérables
; la victoire de la Démocratie Chrétienne (DC) dans les élections du 18 avril 1948 rendit possible ce choix réactionnaire commandé seulement par
les intérêts patronaux et souvent mafieux (Voir le film de Vittorio De Sica, Miracolo a Milano, de novembre
1951. Image ci-contre).
Avant le plan, le maire socialiste, Antonio Greppi, fit éliminer une énorme quantité de
décombres en périphérie, dans la zone de Lampugnano, en créant, entre légalité et
spéculation, couche après couche, le Mont Stella, d’une hauteur de 170 mètres !
Apparurent aussi des quartiers provisoires de baraques pour les personnes évacuées
qui occupèrent même les zones vertes.
Le plan se réalisa dans un total mépris pour le patrimoine historique de l’architecture
urbaine, éventrations de quartiers historiques (heureusement interrompus par le
changement d’administration et par un fort mouvement d’opposition de la population qui
n’acceptait pas l’éloignement des ouvriers vers la périphérie). L’expansion dans les
zones périphériques fut cependant énorme : 430.000 logements entre 1951 et 1961,
437.000 entre 1962 et 1970, et encore 161.000 entre 1971 et 1977. Les constructions
occupèrent des zones agricoles et industrielles de façon formellement légale et hors du
plan, édifices précaires à démolir en cas de réalisation du plan ; la plus grande partie des édifices ne fut jamais « autosuffisante
», elle resta sans assez de services et dotés de peu de qualité urbaine. Le dialogue entre Adriano Celentano (Il ragazzo della
via Gluck, 1966) et Giorgio Gaber (La risposta al ragazzo della via Gluck, 1966) rend compte des discussions de l’époque sur
ce problème des constructions
L’architecture des années ’50 et ’60 connut donc des réalisations d’édifices développés en hauteur : le gratte-ciel Pirelli
(piazza Duca d’Aosta, par l’ étude de Giò Ponti, Antonio Fornaroli, Alberto Rosselli, Giuseppe Valtolina, Egidio dell’Orto, 1955-
60), siège symbolique de la Région Lombardie, la tour Velasca (sur la place homonyme, par l’étude BBPR, Gianluigi Banfi,
Lodovico Barbiano di Belgioioso, Enrico Peressuti, Rogers, 1956-58), la maison multi étages le long du cours Sempione
(Piero Bottoni, 1955-57), l’édifice de Piazza della Repubblica de Mattioni et des Soncini, la Tour Tirrenia des Soncini sur la
Piazzetta Liberty, la Tour Galfa de Melchiorre Belga, la Tour « Al Parco » de Vico Magistretti, la tour de Luigi Mattioni que le
largo Quinto Alpini, la Tour de l’administration communale Via Pirelli, de Vittorio Gandolfi, Renato Bazzoni, Luigi Fratino et Aldo
Putelli, la Tour de Pietro Lingeri via Melchiorre Gioia. Le style du « Rationalisme » fut dominant. On peut citer l’Hôtel dei
Cavalieri d’Emilio Lancia, la nouvelle Rinascente de Ferdinando Reggiori et Aldo Molteni, le Couvent de Sant’Angelo de
Giovanni Muzio, le Palais des Assurances Générales de Enrico Griffini, l’édifice pour habitations et bureaux de Piazza San
Babila de Giò Ponti, Eugenio Soncini, Giuseppe De Min et Alessandro Rimini, le Palais de l’Arengario (1937-42, de Pietro
Portaluppi).
Dans cette reconstruction de Milan sont donc intervenus de grands architectes comme Piero
Bottoni (1903-1973, maisons, palais), Luigi Moretti (1905-1973, Ensemble d’habitations de
Corso Italia), Luigi Figini (1903-1964) et Gino Poletti (1903-1991), auteurs de maisons
populaires, de villas (Villa Becchi Campiglio via Mozart, de Piero
Portaluppi, 1888-1967), d’édifices religieux (églises de la Madonna dei
Poveri et des Saints Giovanni e Paolo), Ignazio Gardella (1905-1999, la
maison « Al Parco »), Luigi Caccia Dominioni (1913- , édifices
d’habitation) et beaucoup d’autres.
Mais la première réalisation fut la reconstruction de la Scala inaugurée
le 11 mai 1946 par un concert dirigé par Arturo Toscanini à peine
revenu de l’exil auquel l’avait contraint le fascisme. Une nouvelle transformation fut effectuée par Mario
Botta de 2002 à 2004, avec la construction de deux nouveaux volumes.
Une attention plus grande fut accordée à quelques monuments préexistants ; furent remis en ordre les
Musées Civiques du Château des Sforza, et fut restauré le Grand Hôpital, endommagé par la guerren
dans lequel fut installée une partie de l’Université d’État (1953).
b) Quelques grandes innovations milanaises
Dans la période qui va des années ’50 à la moitié des années ’60, deux domaines furent particulièrement importants : le premier fut le
développement des infrastructures, autoroutes, chemins de fer, téléphones, radio et télévision, l’autre fut la création d’un
secteur industriel plus ouvert et plus libéral qui redonne vigueur au système productif italien. Milan fut le centre de grandes
innovations dans ces deux domaines ; d’une part Enrico Mattei (1906-1962), député démocrate-chrétien et ex-partisan, au lieu de
liquider l’AGIP (Azienda Generale Italiana dei Petroli), comme cela le lui avait été demandé, s’en servit pour développer le secteur
du gaz (recherches de méthane dans la plaine du Pô) et du pétrole, avec la création à Milan en 1953 par Enrico Mattei de l’ENI
(Ente Nazionale Idrocarburi), dans une concurrence effrénée avec les grandes compagnies pétrolières internationales (« les 7
sœurs »), proposant aux pays producteurs des accords à 50% / 50% au lieu des 75% / 25% pratiqués. En 1956, il créa aussi à
Milan un nouveau journal, Il Giorno. Il mourut en 1962 dans un accident d’avion, peut-être provoqué par un sabotage du moteur
(Voir le film de Francesco Rosi, Il caso Mattei, 1972) : il fut probablement un de ceux qui créèrent un système de rapports de corruption entre le
secteur public et le secteur privé, qui se développa jusqu’à son explosion en 1992 (« Mani pulite », Mains propres). La nationalisation de l’industrie
électrique en 1962 libéra de nouveaux capitaux (les indemnités données aux industries privées rachetées par l’État) qui furent investis dans une
spéculation immobilière effrénée.
Dans un autre domaine, à partir de 1946, il fut clair que l’on devait procéder à la réalisation d’un réseau de transmetteurs reliés entre eux qui
couvrît tout le territoire national ; ce fut à la RAI de Milan que commencèrent le 12 avril 1953 les transmissions
expérimentales de la télévision publique, d’abord diffusées sur le circuit radiophonique qui relia Milan à Turin,
puis sur tout le territoire national à partir du 3 janvier 1954. Deux ans après, les installations furent transférées à
Rome, mais Milan fut un banc d’essai fondamental pour la naissance du service de la Télévision.
Dans le secteur du téléphone, la diffusion des appareils dans les maisons restait parmi les plus basses d’Italie ;
toutefois Milan fut la troisième ville européenne par densité téléphonique (32 appareils pour 100 habitants). Au-
delà de la TV et du téléphone, Milan eut les premières autoroutes : les travaux de la A1 commencent en 1956
sur le tronçon Milan – Parme, facilitant la mobilité des personnes, des idées et des marchandises.
Dans le domaine industriel, Milan eut un rôle fondamental dans l’industrie électronique, qui produisit les radios,
les téléviseurs, les tourne-disques, etc. ; quelques grandes
entreprises, déjà depuis les années ’20 et ’30, s’étaient affirmées, la
Safar, la Magneti Marelli (Radiomarelli, Allocchio&Bacchini, Fimi,
Phonola). 80% des industries électroniques avaient leur siège à
Milan et employaient des milliers d’ouvriers et de techniciens ; elles
répondaient aux nouveaux « besoins » de consommation nés avec le
boom économique, particulièrement parmi les jeunes, tourne-disques et magnétophones à bandes
magnétiques portables, transistors, téléviseurs.
Se développa aussi le secteur des électroménagers, brosses électriques, machines à laver,
aspirateurs, frigos, lancés par la mode américaine et par un développement très important de la
publicité : les palissades des chantiers de construction se recouvrent d’affiches qui invitent à acheter
les produits de tout genre, de l’habillement au scooter. Dans ce
domaine, Milan fut à l’avant-garde, avec ses véhicules publicitaires,
sa Fiera Campionaria, les réclames lumineuses de Piazza Duomo,
les émissions télévisées comme Il Carosello.
Il ne faut pas oublier l’industrie des transports, automobiles, motocyclettes, bicyclettes. Les industries
mécaniques ont été très détruites, elles doivent se reconstruire et passer de la production de guerre à une
production civile. Alfa Romeo commence par la production de rideaux de fer et de cuisinières à gaz ; mais en
1950, elle produit la belle 6C 2500 Freccia d’Oro, en même temps que des véhicules industriels, avant de
lancer la 1900 et la Giulietta. Des marques comme Isotta Fraschini, Bianchi (la « Bianchina »), Touring,
Zagato, reprennent leurs activités. Innocenti crée un scooter à succès, la Lambretta, Gilera revient à ses
puissantes motos ; San Cristoforo propose le scooter Nibbio et Breda un cyclomoteur…. On est entré dans la
motorisation de masse, dans laquelle cependant Turin dépassera Milan avec
la 600 et la 500 FIAT.
Milan fut aussi la capitale de la mode, à côté de Paris, Londres, New York ;
après la guerre, le premier désir des gens humbles fut de sortir de
la misère de la guerre et de travailler à la maison pour améliorer la
qualité des vêtements : dans chaque maison il y a une machine à
coudre, et des revues comme « Vesta » proposent des patrons
pour aider les couturières à la maison. Mais à partir de 1947, le
plan Marshall envoie pour l’industrie textile italienne du Nord
34.000 tonnes de coton brut, tandis que le gouvernement en
importe 50.000 tonnes pour permettre la réouverture des usines du
secteur. Le foulard noué sous le menton pour cacher des cheveux
peu soignés est remplacé par le chapeau orné de fleurs et de
voiles ; réapparaissent les gants, et les chaussures retrouvent leurs
talons hauts, les parfums et de nombreux produits invitent les femmes à retrouver charme et
élégance. La mode renaît donc avec l’ouverture dans la Salle Blanche du Palais Pitti à Florence du
premier défilé collectif de mode italienne, le 12 février 1951, organisé par le marquis Giorgini, qui
lance une nouvelle façon de s’habiller « à l’italienne ». Les maisons milanaises sont aussitôt en
première ligne, Biki, Iole Veneziani, Germana Marucelli, Novaresco, Wanna ; dans le salon de
Germana Marucelli, les stylistes se retrouvent avec des poètes et des artistes,
Ungaretti, Montale, Savinio, Quasimodo, Getulio Alviani ; et la mode se marie
avec le design dans les années ’60. On crée des habits de soirée
sophistiqués dans leur volume et avec des étoffes précieuses, des dentelles, des paillettes, des manteaux de soirée
somptueux, des fourrures de vison pour les premières de la Scala. Les habits de jour sous le genou mettent le sein en
évidence, soulignent par une ceinture la taille qui se pince aussi dans les tailleurs, et les chevelures bouclées par la
permanente se couvrent de chapeaux à larges bords ou de petites toques. Les femmes recommencent à se farder avec
l’eyer-line noir, le rimmel, le fard à paupières et des rouges qui rendent les lèvres sensuelles. Même la mode masculine se
raffine ; plus tard elle s’inspirera des vêtements de Marlon Brando , de James Dean et d’Elvis Presley. À Milan s’ouvrent
dans les années ’50 les boutiques qui diffusent des produits de bonne qualité à la portée de la moyenne bourgeoisie ; qui
ne peut pas les acheter les imite avec l’aide de couturières à domicile, avec des tissus
moins coûteux.
Plus tard, à partir des années ’70, s’établirent à Milan les plus grands stylistes qui
créèrent une mode plus bourgeoise mais moins arrogante que celle de Paris,
imposant dans le monde le « made in Italy », dans des magasins établis dans les
quartiers les plus beaux de la ville : le classique quadrilatère de la mode (Vie
Montenapoleone, Spiga, Manzoni, Venezia), le magasin de Giorgio Armani dès 1975
via Borgonuovo, le siège de Gianfranco Ferrè via Pontaccio, celui de Gianni et
Donatella Versace via Montenapoleone, la boutique de Dolce et Gabbana via Spiga et
via San Damiano, le quartier général de Nicola Trussardi dans le palais Marino à la
Scala, place de la Scala, tandis que Gucci est via Venezia et via Montenapoleone,
Prada dans la Galerie Victor Emmanuel et via Sant !Andrea, Etro via Spartaco. Milan
se confirme comme siège de la bonne bourgeoisie italienne, dans sa tradition et dans
sa modernité de bourgeoisie d’État.
Le symbole de l’activité commerciale de la ville est la Fiera Campionaria , « la plus
grande structure commerciale et le plus grand ensemble d’exposition d’Italie, en chiffre
d’affaires et en renommée ». Créée en 1920, elle passa bientôt sur l’ex-Place d’Armes.
Détruite par les bombardements, elle est reconstruite dès 1946 et connaît maintenant
une progression illimitée.
Ainsi Milan fut au cœur de nouvelles contradictions qui éclatèrent dès la fin des
années ’60, entre un développement capitaliste effréné qui connut aussitôt la
spéculation immobilière et industrielle et les conséquences sur une population
ouvrière qui subissait les contrecoups du développement et qui luttait pour s’en
libérer, souvent en accord avec les aspirations culturelles des artistes et des
architectes. En architecture, la « beauté » n’est pas seulement celle des formes (des
monuments, des espaces, etc), mais elle est aussi leur rapport avec les personnes qui y
vivent ; or la ville de Milan a été pensée surtout en fonctions des personnes des classes
dominantes, de la nouvelle bourgeoisie italienne contemporaine du boom économique
des années ’50 ‘et ’60. Les conflits qui suivront en seront la conséquence.
c) La rupture des années ’60 et les années suivantes
Une première rupture dans l’histoire moderne de Milan se
produisit dans le mouvement de 1968 et dans ses
conséquences. Milan fut un centre important de la
protestation étudiante qui se joignit au mouvement
syndical dans « l’automne chaud » de 1969. Les Universités
furent occupées, on tenta d’imposer le « 6/10 politique » aux
examens. La D.C. tenta de se maintenir au pouvoir en
encourageant une « stratégie de la tension » entre les
mouvements de l’extrême-gauche et les mouvements
violents de l’extrême-droite néofasciste, grâce à des
interventions ambiguës des Services Secrets, qui durent
être réorganisés de façon radicale. Le premier acte de violence
fasciste fut la bombe déposée à la Banque de l’Agriculture de
Piazza Fontana le 12 décembre 1969, qui provoqua 17 morts et
88 blessés. On accusa d’abord les anarchistes, le danseur de la
Scala Pietro Valpreda ; un témoin anarchiste, le cheminot
Giuseppe Pinelli, pendant son interrogatoire,
tomba d’une
fenêtre du quatrième étage du commissariat et se tua : suicide ou
assassinat ? La gauche considéra qu’était responsable le
commissaire Luigi Calabresi, qui sera tué par un groupe
d’extrême-gauche, dans des conditions peu claires, le 17 mai
1972. Les divers procès qui suivirent conclurent que la bombe du
12 décembre était au contraire d’origine néofasciste, mais
personne ne fut jamais arrêté. Suivirent d’autres homicides de droite et de gauche,
et la ville connut une période très lourde, dite les « années de plomb ».
Les Brigades Rouges(BR) et d’autres groupes furent très actifs à Milan, tuant de nombreuses personnalités, agents de police
dans des conflits armés ; des juges (Emilio Alessandrini, 29 janvier 1979), des journalistes (Walter Tobagi, 26 mai 1980, des
militants de la CGIL, etc.. Pendant 10 ans, Milan devint la capitale du terrorisme, noir et rouge. Les BR constituèrent à Milan le
Collectif Politique Métropolitain dans l’automne 1969, qui donna ensuite vie à la Gauche Prolétarienne. Elles furent actives
jusqu’en 1982.
Dans cette atmosphère se développa à Milan le nouveau Parti Socialiste Italien (PSI), sous la direction du Milanais Bettino Craxi, qui
en fit une force de pouvoir et de gouvernement à partir de 1976, dans une alliance étroite avec la D.C. et avec d’autres forces de
droite, et dans un enchevêtrement permanent avec la mafia. Craxi fut Secrétaire du PSI de 1976 à 1992, et Président du Conseil de
1983 à 1987 ; il fut condamné dans le cadre de l’opération « Mani Pulite » (Mains propres) à 27 ans de prison pour financement illicite
des partis et corruption ; il s’enfuit en Tunisie où il mourut en 2000. Il fut un des premiers protecteurs politiques de Silvio Berlusconi
dans ses opérations immobilières milanaises, parmi lesquelles la construction du quartier Milan 2.
En effet, les magistrats milanais ont commencé en 1992 une série de procès contre le système de corruption et de financement illégal des partis
qui était pratiqué par toute la classe politique italienne, mais avant tout par la D.C. et le P.S.I. On parla de « Tangentopoli » (le pays des dessous-
de-table). Le groupe d’enquête était dirigé par deux magistrats qui devinrent très populaires, Antonio Di Pietro et Gherardo Colombo, qui furent
aussitôt attaqués par les politiques d’abus professionnel et de complot politique « communiste » : c’est Craxi qui commença et continuera ensuite
Berlusconi qui parvint à provoquer la démission de Di Pietro de la magistrature en décembre 1994. Mais cette enquête « Mani Pulite » liquida toute
la classe politique italienne, provoqua le suicide de plusieurs inculpés, dont Raoul Gardini, et mit en accusation plus d’un millier d’hommes
politiques.
Le Milanais Silvio Berlusconi transféra alors son activité de l’immobilier à la télévision, constituant avec ses 6 émetteurs de télévision un réseau
très puissant, la FININVEST, et aux médias : entre autres, il réussit à absorber la maison d’édition Mondadori, une des plus importantes d’Italie.
Grâce aux potentialités de ses télévisions, il arrive à gagner les élections de 1994, dans une alliance de centre-droit avec la Ligue et avec l’ex-parti
néofasciste, Alleanza Nazionale, et à former un premier gouvernement dirigé par lui, qui démissionna au bout de 8 mois à cause de la sécession
de la Ligue qui lui fit perdre la majorité. Il garda ensuite son pouvoir sur Milan : le 18 juillet 2010 il obtient le prix du Grand Milan remis par la
province, par les mains de Guido Podestà, ex-employé d’une société de Berlusconi, avec la mention : « Homme d’État d’une rare capacité, aimé
par tous les Italiens parce que homme parmi les gens et avec les gens, qui conduit avec lucidité et conscience lucide le Pays vers un avenir de
femmes et d’hommes libres qui composent une société solidaire fondée sur l’amour, la tolérance et le respect de la vie (…) Avec une extraordinaire
clairvoyance et lucidité il a rendu Milan, sa ville aimée, grande en Italie et dans le monde » ! On verra qu’il n’a pas totalement perdu ce pouvoir
avec l’arrivée du centre-gauche à la Mairie.
BIBLIOGRAPHIE
Voici quelques uns des ouvrages consultés et que vous pouvez vous procurer. Pour tout complément, vous
pouvez aussi consulter les sites Internet en vous référant d’abord aux noms propres des personnages
évoqués, presque tous commentés, hommes politiques, artistes, savants, ou des institutions évoquées. Vous
pouvez aussi consulter des sites historiques, comme : Storia di Milano, Lombardiabeniculturali, Milano,
etc. où vous trouvez absolument tout ce que vous pouvez chercher sur l’histoire de Milan, ses personnages,
ses saints, ses légendes, ses chansons, ses mythes, ses artistes, son architecture, etc.
Parmi les ouvrages consultés :
* Storia degli Italiani, Fratelli Fabbri Editori, Milano, 1974, 130 fascicules, 2558 pages + XXXVIII pages
d’index. Beaucoup d’illustrations.
* Storia d’Italia, Bompiani, 1989, 168 fascicules, 4032 pages dont 216 pages d’index chronologiques, et
beaucoup d’illustrations thématiques.
* Storia d’Italia, Vol. VI, Atlante, Giulio Einaudi 1976, Milano, pp. 244-261.
* Valentino De Carlo, Breve storia di Milano, dalle origini ai giorni nostri, Tascabili economici Newton,
1995, 66 pages.
* Milano, Touring Club Italiano, La Biblioteca di Repubblica, 2005, 792 pages. Beaucoup de cartes et
plans. Le guide le plus complet de Milan.
* Pietro Verri, Storia di Milano, 1783, Firenze, Sansoni, 1963 (consultable sur Internet et téléchargeable
en tapant : Pietro Verri Storia di Milano.
* Storia di Milano, Fondazione Treccani degli Alfieri per la storia di Milano, 17 vol. Milan, 1953-1966.
* Catalogue de l’exposition « L’après-guerre à Milan, industrie et design, communication, art et mode »,
Lyon, 6-21 mars 2008.
* Piero Bottoni, Antologia di edifici moderni in Milano, Editoriale Domus, Milano 1954, Reprint 1990, 314
pages + Postfazione di Lodovico Meneghetti, 38 pages. Beaucoup de photos en NB.
* Sebastiano Brandolini, Milano, Nuova architettura, Skira, 2005, 216 pages, Préface de Enrico
Regazzoni. Nombreuses photos en couleurs.
* Revue Bell’Italia, nombreux numéros et articles sur Milan, illustrés de photos de qualité, en particulier :
* Milano segreta, I luoghi e le città, dicembre 1992, 116 pages
* Milano, I luoghi, le città, le regioni, n° 42 – ottobre 1999, 72 pages
* Bell’Italia, n° 197, settembre 2002, pp. 148-160 : San Lorenzo Maggiore
* Bell’Italia, n° 248, dicembre 2006, pp. 96-114 : Santa Maria delle Grazie
* Bell’Italia, n° 261, gennaio 2008, pp. 116-122 : La Fiera Campionaria, etc.
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Milan 1945 - Rcupration de matriaux utiles dans les
immondices.
Gratte-ciel Pirelli
Torre Velasca
Quartier Feltre, années ‘60
Enrico Mattei
Le Théâtre de la Scala après la restauration de Mario Botta. En haut,
le volume carr éde la tour de scène et celui, elliptique des services.
C.G.E. Radio Supergioiello 1948
Echangeur entre l’autoroute du Soleil et la Via Emilia vers
Bologne
Cuisinière économique Alfa Romeo, 1946-7
Lambretta Innocenti, et affiche
1948
Alfa Romeo 6C 2500, 1950
Giovanni Armani
Magasin de Gianfranco Ferrè
Donatella Versace
La Fiera Campionaria sur l’ex-Place d’Armes
Milan vers le Nord avec le gratte-ciel Pirelli.
baraques sur les rives du déversoir de l’Olona
près de Bisceglie.
Le salon de la Banque de l’Agriculture, détruit par une bombe le 12
décembre 1969
charge de police à l’Université, en 1969
les étudiants occupent l’Université.
Funérailles des victimes de l’attentat de la Banque de
l’Agriculture.
En haut : Publicité dans une rue de Milan ; Publicité Pirelli ; la Gare Centrale
requalifiée ; en dessous gauche ; Francesco Scaini, Périphérie de Milan ;
à droite : Réunion de la CGIL le 1er mai 1962 avecLuciano Lama ; manifestations
de mtéallurgistes ; Ci dessous : Moretti, ensemble de Corso Italia.
Culture populaire milanaise et chansons
Nous avons évoqué rapidement la littérature et l’art milanais. Il faudrait y ajouter quelques mots sur ce peuple milanais qui a eu aussi ses formes d’expression
littéraire et musicale. Un des auteurs milanais les plus importants en dialecte milanais fut Carlo Maria Maggi (1630-1699), le père de la littérature milanaise ; contre
les puristes florentins de L’Académie de la Crusca, il décida d’écrire en dialecte ses vers et ses comédies. C’est lui qui introduisit au théâtre le personnage de
Meneghino qui est l’expression de Milan comme Gianduia celle de Turin et Guignol celle de Lyon. Meneghino est le diminutif de Domenico en milanais ; sa femme
est la Cecca, diminutif de Francesca. Vous pouvez trouver d’autres personnages populaires milanais sur le site Internet : Catégorie : Maschere / Tradizioni e
costumi di Milano : Barbapedana, Scior Carera et d’autres. Parmi les autres auteurs milanais, Carlo Porta (1775-1821), un des plus grands poètes dialectaux de
son siècle.
La chanson dialectale milanaise est riche depuis le XVIe siècle. Vous pouvez consulter le site Internet : Canzone milanese. Il vous donnera les informations de base
sur la chanson depuis la création de la maison Ricordi en 1857, les auteurs et compositeurs (Alfredo Bracchi, 1897-1976, et Giovanni D’Anzi, 1906-1974,
Vittorio Mascheroni, 1895-1972, Nino Rastelli, 1913-1962…) du début de la première moitié du XXe siècle, et les chanteurs de la deuxième moitié du XXe siècle
: Enzo Jannacci, 1935-2013, Giorgio Gaber, 1939-2003, Maria Monti, 1935- , Ornella Vanoni, 1934- , Dario Fo, 1926- , et Franca Rame, 1929-2013, Walter
Valdi, 1930-2003, ou Nanni Svampa, 1938- , chanteur de chansons traditionnelles milanaises (Antologia della canzone lombarda dans les années ’70), et
traducteur de Brassens en dialecte milanais et en italien. Mais Milan est aussi un grand centre d’édition et de création de la chanson italienne, d’Adriano
Celentano aux Gufi en passant par Ricky Gianco, Lucio Battisti, Roberto Vecchioni, Eugenio Finardi et tant d’autres (Voir notre Histoire de la chanson en
Italie, Vol. II
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