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Histoire de la région Ombrie - 2° partie - suite
10) Norcia Entre Spoleto et Norcia, on peut prendre la Nationale 395 ; belle vue sur la Rocca de Spoleto. Située au-dessus de Spoleto, la plus importante du  système de défense des territoires pontificaux de l’Ombrie institué par le pape Innocent VI, après le retour des papes de l’exil d’Avignon : elle est construite de 1363 à 1367 par le cardinal espagnol Egidio Albornoz, qui la fit organiser de façon à être très solide et défensive en même temps qu’élégante pour y recevoir des hôtes illustres. Elle devient une prison de 1817 à 1982. La route a un tracé un peu différent de l’antique Via Nursina : tracée en 1856, elle est complétée  de 1926 à 1968 par une voie ferrée à traction électrique, projetée par le suisse Erwin Thomann, remarquable réalisation technique conçue dans le respect du paysage ; malgré les protestations elle fut démantelée en 1970. Avec de beaux points de vue sur les vallées du Maroggia et du Topino, on arrive à la Forca del Cerro (= chêne chevelu) (734 m.), dont le nom rappelle les anciennes forêts, et on amorce la descente vers la Valnerina (vue sur les restes de l’ancienne voie ferrée). Après Grotti, la vue s’ouvre sur la vallée de la rivière Nera, avec ses champs et ses rangées de peupliers (les « marcite », prés irrigués grâce à des canalisations qui drainent les nombreuses sources, et installées au moyen âge par les Bénédictins - Photo ci-contre ; elles permettent de faire jusqu’à 6 fauches de foin par an, même l’hiver, grâce à une température constante de 10 à 11°. Il existe un Parc Fluvial Naturel de la Nera, qui met en valeur la végétation de fleurs et d’arbres, chênes verts, pins d’Alep, charmes noirs, ornes). À Piedipaterno sul Nera, on rejoint la rivière Nera. Après Triponzo et le tunnel sous le mont Lo Stiglio, la vallée se resserre dans une gorge grandiose ; l’accès à Norcia était protégé par un ensemble de fortifications encore visibles. À Serravalle, on remonte vers le haut plateau de Norcia. Du fait de sa position géographique, la ville a été un point de référence politique, économique, administratif et un noeud de communication, entre montagne (les monts Sibillini) et plaine, et près de la frontière entre le Duché de Spoleto et celui de Benevento, puis entre les États de l’Église et le Royaume de Naples.  Sa campagne ouverte et la fertilité des terres très irriguées de rivières et de sources expliquent une implantation humaine remontant au Paléolithique Inférieur et bien attestée dès le VIIIe s. av. J.C. La ville elle-même était le chef-lieu septentrional des Sabins (Ve s.) ; en 209 av. J.C., elle est conquise par Rome qui l’entoure de murailles ; elle est sur l’itinéraire de Rome à l’Adriatique. Dévastée par les Goths, elle est conquise par les Longobards qui la reconstruisent. Elle se forme en Commune libre, dans une lutte constante à la fois contre Spoleto et contre les seigneurs féodaux des châteaux environnants. En 1328, un tremblement de terre provoque dans toute la zone de terribles destructions ; les chroniques de l’époque parlent de 5000 morts. D’autres suivront en 1567, 1703 et 1730   (c’est ce dernier qui inspire le règlement pontifical « antisismique » qui interdit de construire des maisons de plus de 2 étages), puis en 1815, 1859 et 1979. Les nécessités de défense de cette ville-frontière poussent Jules III à la construction d’une forteresse dans le centre en 1554, sur projet de Vignola. Norcia et la montagne environnante étaient dites la région « aux mille métiers », tant l’artisanat y était développé et répandait ses produits jusqu’en Toscane à travers les migrations saisonnières : d’abord les  « norcini » qui travaillent la viande de porc, les paysans qui travaillent la laine, les marchands de truffes noires et de safran, mais aussi les joailliers. Norcia est la ville de naissance de Polla, mère de l’empereur Vespasien, et de S. Benoît (480-546), fondateur du monachisme occidental, et de sa soeur, sainte Scholastique, la première religieuse bénédictine. Visite de la ville Piazza S. Benedetto (ci-contre): * Au centre, statue de S. Benoît (Giuseppe Prinzi, 1880) ; * Palais communal, reconstruit après le tremblement de terre de 1876 ; * Église S. Benoît : édifiée dans le haut moyen âge (sur la maison du saint selon la tradition), elle est refaite en 1389. la façade a encore son portail gothique, mais est refaite après 1859. Sur les côtés statues de Benoît et de sa soeur jumelle Scholastique. Sur le côté droit, sur un banc de pierre, 9 mesures locales anciennes pour les céréales. Intérieur : complètement restructuré aux XVIIIe et XIXe siècles. Dans la crypte, sur l’autel, tableau célèbre  : S. Benoît et Totila (Filippo Napoletano, 1621). * Cathédrale, dans l’angle sud de la place, édifiée après 1560, l’église médiévale ayant été démolie en 1554 pour faire place à la forteresse. Les murs extérieurs sont en talus (solution antisismique souvent utilisée aussi dans les palais). * Castellina : forteresse construite par Vignola pour Jules III comme résidence des gouverneurs apostoliques. À l’intérieur, petit musée d’oeuvres locales constitué en 1967. On peut faire un tour de la ville par la via Roma, San Filippo, via Anicia, S. Agostino, via Umberto I, San Giovanni, via Gioberti, via Sertorio. 11) Città di Castello Parmi toutes ces petites villes d’Ombrie, Città di Castello est sans doute l’une des plus représentatives du charme de la région. La ville elle-même,  ses environs comme Umbertide et Montone, sont un des lieux de séjour les plus délicieux qu’on puisse imaginer, y demeurer, y manger, s’y désaltérer, s’y promener d’un château à un musée, s’y arrêter au bar d’une grande place, parcourir la campagne jusqu’au petit village médiéval de Pietralunga, à l’abbaye de San Benedetto Vecchio ou à la « pieve » dei Saddi, tout cela laisse aux voyageurs un de leurs souvenirs les meilleurs et les plus tenaces, après avoir séjourné à Gubbio ou à Spoleto. Ubaldo Mariucci (Baldino) a écrit une BD sur l’histoire de Città di Castello chez Petruzzi, Città di Castello en 1994. La ville, qui a aujourd’hui environ 40.000 habitants fut fondée par les Ombriens sur la rive gauche du Tibre, après plusieurs siècles d’occupation par des peuples qui habitaient des maisons sur pilotis sur les bords de ce qui formait alors un grand lac du Tibre. Les Étrusques s’installèrent parallèlement sur la rive droite. À partir du IIIe siècle  av.J.C., les Romains commencèrent à occuper la région et développèrent la ville, appelée alors «Tifernum Tiberinum » (= le long du fleuve). La ville devint bientôt un municipe romain, Tiferno Tiberina, où s’installèrent des patriciens comme Pline l’Ancien et Pline le Jeune (ci-contre) qui demeure dans une grande villa et fait construire un temple. Città di Castello a encore aujourd’hui un Lycée Pline le Jeune. Le développement des voies romaines avait facilité l’expansion du christianisme qui s’implante dans la Haute Vallée du Tibre à partir d’un martyr, San Crescenziano, vers le début du IVe siècle, soldat romain converti qui aurait tué un dragon qui infestait la région (symbole de l’idolâtrie de la population), tué puis enseveli à Saddi (récit du capucin Alessandro Conti, de 1627). L‘histoire du dragon court encore les campagnes : en 2000, un vieux paysan de Montone nous a raconté qu’il n’était pas content parce que, à la mort du curé de la paroisse, un curé voisin avait volé la côte du dragon qui était une relique de la paroisse. Le premier évêque connu de Tiferno s’appelait Eubonio, en 465. Le culte de san Crescenziano fut remplacé ensuite par celui de san Florido ou Fiorenzo (520-599), qui reconstruit la ville après la destruction par Totila, avec l’aide de son diacre Amanzio, et commence la construction de la cathédrale San Lorenzo. Puis, dans ce qu’on appela le « Castrum Felicitatis » (le Temple de Pline le Jeune était dédié à la déesse du Bonheur), se succédèrent les Longobards, convertis au catholicisme, puis les Francs, et en 715, la ville, fortifié comme un château fort, changea son nom, de Tiferno à Città di Castello, ville forte comme un château. C’est au XIIe siècle qu’apparaît la Commune, menacée pendant deux siècles par l’Empire, par l’Église, par Perugia ou par Florence. La ville est alors prospère, le Tibre est navigable et favorise le commerce, et le transport du bois ; selon le statut de 1261, elle est divisée en 4 quartiers auxquels correspondent les 4 portes principales (Cf. plan de la Visite, extrait du volume du Touring Club), avec leurs deux grandes places Matteotti (n. 8) et Gabriotti (n. 6) (Venanzio Gabriotti, 1883-1944,. lieutenant-colonel résistant fusillé par les Allemands). Comme partout, entre le XIIIe et le XIVe siècles s’installent les Ordres mendiants, les Franciscains (n. 12, San Francesco) et les Dominicains (n. 9, San Domenico). Malgré les révoltes populaires, l’Église cherche dès lors à retirer Città di Castello de l’influence de Perugia, à travers des seigneuries, dont celle de Braccio Fortebracci da Montone (voir 13 - Montone) , entre 1422 et 1440. Après un période de luttes internes entre quelques grandes familles, la ville revient finalement à l’Église grâce à César Borgia qui fait assassiner Vitellozzo Vitelli en 1502, et cette domination dura jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, le pape en confia la régence à la famille Vitelli, qui embellit la ville par des palais et l’appel de grands artistes (Raffaello Sanzio et Luca Signorelli en particulier). En 1798, la ville fut occupée par les Français, puis, en 1799 elle fut remise aux Autrichiens, sous la pression pontificale. Après une courte période de liberté en 1848, la ville est conquise par les armées piémontaises le 11 septembre 1860, et passe sous la domination du Royaume d’Italie. Après la seconde guerre mondiale, où la ville connaît plus de 10 bombardements, et la reconstruction, l’économie se développe dans une belle intégration entre l’agriculture (par exemple le tabac) et l’industrie (mécanique, typographie, meubles, tissus – les ateliers de Tela Umbra, etc.). Cette rencontre entre tradition et modernité est une des qualités de la ville et fait son charme. Les Vitelli, grands chefs de guerre de Città di Castello Les Vitelli ont été les seigneurs de Città di Castello pendant de nombreuses années, mais aussi de Montone. L’histoire de cette dynastie, qui dure jusqu’en 1790, est intéressante parce qu’elle illustre parfaitement ce que furent ces chefs de guerre (condottieri) de la Renaissance, en même temps hommes d’argent prêts à passer d’un camp à l’autre selon le salaire et les titres qu’on leur proposait. Ils illustrent aussi la complication des rapports politiques dans cette époque où papes, cardinaux, princes et guerriers se disputent le pouvoir en Italie, ne reculant, quand il fallait, devant aucun pillage, viol, assassinat, torture, cruauté. Les Vitelli furent les maîtres d’un territoire peu étendu mais ils eurent une grande influence politique pendant trois siècles, malgré la rivalité d’autres familles plus nobiliaires comme les Fucci, Giustini, Tarlantini, Abbocatelli, Albizzini. Mais les Vitelli n’ont jamais oublié leur origine populaire à l’inverse de leurs rivaux qui leur reprochaient de venir « dalla zappa » (de la pioche, de la terre). Ils furent à la fois des guerriers, fournissant de nombreux condottieri, et des mécènes qui construisirent de magnifiques palais et attirèrent de nombreux artistes comme Giorgio Vasari, Luca Signorelli, Raffaello Sanzio, Angelo da Orvieto : ce sont les deux aspects de la classe dominante italienne de l’époque… Voir ci-contre leur blason. L’origine de la famille est mal connue, des agriculteurs ombriens de Selci, marchands de bestiaux, près de Sansepolcro, et à Città di Castello à partir de 1220. On retrouve ensuite, disent les historiens, Domenico Vitelli à partir de 1356 et de 1362 ; on a ensuite trace de donations à l’hôpital. Gerozzo  ( ?-1394) est le premier vraiment connu, il fait des donations pour la construction d’un hôpital en échange d’un droit d’être « patron perpétuel ». Il a 4 fils, Giovanni, Giacomo, Lodovico et Vitellozzo (ci-contre). Vitellozzo I ( ? -1462), son fils, est déjà puissant et assure le pouvoir de la famille, ayant accumulé une très grande fortune. Niccolò (1414-1486), orphelin de père à 2 ans, il fut élevé par son oncle Vitellozzo, qui lui fit faire des études et l’aida à devenir préteur de plusieurs grands villes toscanes, de Gênes et de Spoleto. À Città di Castello, il s’appropria illégalement des terres, fit assassiner deux familles rivales, et prit le contrôle de la ville en 1468, faisant renforcer les murailles pour résister à une riposte éventuelle du pape Sixte IV, et devenant un monarque absolu, déclaré « père de la patrie ». Il fut ensuite condamné, exilé, ses biens confisqués mais payés. Et en 1478, le complot des Pazzi contre les Médicis, appuyé par le pape Sixte IV et les adversaires de Niccolò, échoua, Niccolò fut nommé Commissaire des Florentins et il réussit à reconquérir Città di Castello en 1482. Les retournements d’alliance entre le pape et les États italiens amena la réconciliation à Città di Castello entre les Vitelli et leurs adversaires, sanctionnée par une série de mariages. Niccolò eut 8 enfants de Pantasilea Abicatelli, dont 4 fils, Giovanni, Paolo, Camillo, Vitellozzo, qui deviennent tous condottieri. Son fils Giulio, né hors mariage, devint évêque et condottiero. Vitellozzo (1458-1502 - Ci-contre son portrait) fut le plus connu de tous les frères; il fait sa première expérience sous le ordres de Virgilio Orsini, puis passe en 1494 sous les ordres du roi de France Charles VIII, passe quelques mois en 1495 à défendre Pise contre les Florentins, dont il intègre les rangs contre Pise, est à Lyon en 1496 pour demander à Charles VIII sa descentre contre les Aragon de Naples, débarque à Livourne qu’il défend victorieusement contre les troupes de l’empereur Maximilien de Habsbourg ; il introduit des innovations militaires encore inconnues en Italie comme la disposition en carré pendant les batailles adopté avec succès par les mercenaires suisses. Alexandre VI, vaincu à Soriano, signe la paix avec les Orsini, et Vitellozzo obtient la seigneurie de Città di Castello. Il était le gendre de Paolo Orsini. Il retourne au service des Florentins en 1498 pour 40.000 écus par an et une troupe de 400 hommes, il combat contre Pise, mais arrête les opérations par manque d’artillerie, est accusé de trahison avec son frère Paolo qui est arrêté et exécuté tandis que lui réussit à fuir et se met au service de César Borgia, encourageant Pise dans sa guerre contre Florence qu’il hait pour avoir tué son frère. Il combat aux côtés de Giampaolo Baglioni, seigneur de Perugia, fait des conquêtes pour Alexandre VI et César Borgia, dévaste quelques territoires vénitiens, ravennates et florentins. En 1501, il se rend en Campanie avec César Borgia et Giampaolo Baglioni pour combattre les Aragon au côté des Français, conquiert l’Aquila et Capua, tuant plusieurs membres de familles adverses. Il est nommé comte de Montone par le pape. Mais inquiété par les ambitions de César Borgia et la crainte qu’il s’attaque aux territoires de Città di Castello, il monte un complot contre lui avec Giampaolo Baglioni, Paolo Orsini et d’autres. César Borgia fait semblant de vouloir la paix, et le 31 décembre 1502 invite les conjurés à un banquet à Senigallia où il les fait tous étrangler. Machiavel a écrit en 1503 un Traité sur cette opération. César Borgia mourra lui mêm en 1507. Camillo (1459-1496) se manifeste dès 1474 dans la défense de Città di Castello contre le pape Sixte IV ; en 1483, il est arrêté par les troupes pontificales,  libéré en 1484 par la signature de la paix entre le pape et les Vitelli, et passe au service du pape avec ses deux frères, sous le commandement de Virgilio Orsini ; après diverses interventions en Ombrie, il passe avec ses frères au service du roi de France Charles VIII, qui commence les guerres d’Italie en 1494 ; il combat en Ligurie, où il fait tuer tous les habitants, enfants compris, de la forteresse de Fiore, et il est le premier à utiliser l’arme des arquebusiers à cheval, et la tactique militaire dite du « caracollo ». Il fut tué  en 1496 par une pierre lancée par une femme. Il est le père de Vitello. Paolo (1461-1499 - Cf. son portrait à gauche) combat le pape aux côtés de son père dès l’âge de 14 ans ; devenu condottiero, il passe dans les troupes pontificales en 1484, combat les Colonna sous les ordres de Virginio Orsini, mais il est exilé de Rome en 1487 par le Sénateur de la ville pour avoir assassiné Lorenzo Giustini, adversaire de son père. Avec ses deux frères Camillo et Vitellozzo, il passe au service des Français en 1494, puis de Pise, puis de Florence, avec qui il combat la famille d’Aragon qui réussit à le faire prisonnier jusqu’en 1497. Il reprend ensuite le contrôle des troupes florentines contre Pise où il manifeste une grande cruauté : il fait couper les mains de 5 soldats vénitiens et les renvoie à Pise avec les mains coupées autour du cou. Enfin, pour ne pas avoir suivi la stratégie des Florentins, il est arrêté par eux en 1499 et décapité après avoir été torturé. Il eut deux fils, Niccolò et Chiappino. Machiavel parle de lui dans ses Lettres. Vitello Vitelli (1480-1528) fut un fils de Camillo. Grand condottiero, il fut le familier de 2 papes, Léon X et Clément VII. En 1503, il doit fuir de Città di Castello avec son oncle et son cousin pour échapper à la pression pontificale, et se met au service des troupes vénitiennes, est fait prisonnier en 1509 dans une bataille par les Français, emmené à Milan où il reste jusqu’en 1510, où il retourne à Venise avant de passer dans les rangs des armées pontificales de Jules II qui lui en donne le commandement. Mais il revient bientôt à Venise en 1511, passe quelques mois dans l’armée du duc de Milan, fit diverses opérations contre les Este  avec les partisans du pape Léon X qui le nomme comte de Montone. mais la mort de Léon X en 1522 le ramène au service des Florentins qui l’envoient défendre Perugia, puis Reggio Emilia. Il est alors nommé gouverneur des Florentins et de Piacenza, tout en combattant pour Francesco Sforza, duc de Milan. Il combat ensuite les Colonna pour le pape Clément VII, et il meurt de la peste en 1528. Il avait épousé en 1522 Angela de’ Rossi (1506-1573), de la grande famille des Rossi et nièce de Jean des Bandes Noires de Médicis, dont il eut plusieurs enfants dont Camillo Vitelli (1528-1557), qui poursuit l’histoire des Vitelli. Giulio (1458-1530), fils naturel de Niccolò, d’abord condottiero au service du pape, puis nommé évêque de Città di Castello en 1498 par le pape Alexandre VI Borgia. Ayant comploté contre César Borgia (Conjuration de la Magione), il perd son titre en 1504, et redevenu condottiero, il conquiert le château de Ravenne par une trahison contre les Français, et devient gouverneur d’Urbino pour le compte de Lorenzo il Magnifico. Il finit sa vie à Città di Castello entre 1517 et 1530. Alessandro Vitelli (1500-1554) fut le fils naturel de Paolo Vitelli. Il fut élevé et formé dès l’âge de 14 ans par son parent Gentile Baglioni, le mari de sa  sœur Giulia. Il est chargé en 1972 de la défense de Perugia attaquée par Malatesta IV Baglioni et Orazio Baglioni, Francesco Maria I Della Rovere  et Camillo Orsini. Puis, contraint de fuir, il devient membre des Bandes Noires de Jean de Médicis et chef de la garde personnelle du cardinal Jules de Médicis, futur pape Clément VII, combat contre les troupes espagnoles, passe dans les rangs des troupes impériales, et se retrouve sous les ordres de Pier Luigi Farnese, ayant rejoint les troupes impériales commandées par le Prince d’Orange, contre Napoleone Orsini. En 1530, il assiste au couronnement de Charles Quint dans la basilique de Bologne, San Petronio. Il participe ensuite à de nombreuses petites guerres en Toscane, entre autres celle de Gavignana où mourut le Prince d’Orange et où Francesco Ferrucci  fut assassiné par Fabrizio Maramaldo (d’où vient la chanson Maramao perchè sei morto, de 1939). Il devient ensuite le bras droit d’Alexandre de Médicis, qui devient Duc de Toscane en 1531, et après son assassinat en 1537 par Lorenzaccio, celui de Côme de Médicis ; il s’appropria tous les biens d’Alexandre de Médicis. Il sort plus tard de Florence pour attaquer Filippo Strozzi, fait prisonnier durant la bataille. Il reçoit en récompense, de la part de Charles Quint, le fief d’Amatrice et passe au service du pape Paul III, pour lequel il va se battre contre les Turcs en Hongrie, où il s’empare de la ville de Buda, puis, retourné en Allemagne, contre les Princes protestants, avant de venir faire en Italie la Guerre de Parme contre Ottavio Farnese en 1551, puis la Guerre de Sienne en 1552, entre les Siennois appuyés par les Français et les Florentins. Il meurt en 1554, et il est enseveli à Città di Castello. Après la mort de son cousin Vitello en 1528, il avait épousé sa veuve, Angela de’Rossi ; il en avait eu 10 enfants, dont un Vitello qui devint évêque de  Città di Castello en 1554 et cardinal en 1557. Vitellozzo Vitelli (1531-1568), fut cardinal. D’autres Vitelli sont entrés dans l’histoire, condottieri, cardinaux ... alternant éventuellement l’un et l’autre : Gian Luigi (Chiappino II) Vitelli (1519-1575), comte de Montone, neveu de Paolo Vitelli et lui aussi condottiero au service des Médicis (ambassadeur de Cosme I) et de Philippe II d’Espagne. Paolo II Vitelli (1519- 1574), condottiero, combattant dans diverses guerres dont la bataille de Lépante en 1571, fidèle du pape Paul III et des ducs de arme et Plaisance, fit construire le plus beau palais Vitelli de Città di Castello, le palais Vitelli a Sant’Egidio, à la construction duquel participa Giorgio Vasari. Après d’autres condottieri et mécènes, arriva le dernier des Vitelli, Clemente, mort en 1790, tellement peureux qu’on dit qu’il se cachait dans les souterrains du château quand il y avait un orage. Visite de la ville On peut partir de la place Matteotti (piazza di Sopra), construite au XVIe siècle autour de l’ancien Palais Vitelli in Piazza (n. 8), un des quatre palais de la famille Vitelli, réalisé de la fin du XVe  à la seconde moitié du XVIe siècle pour Vitellozzo, Camillo et Giovanni Vitelli ; leur descendant Alessandro fit ensuite démolir toutes les maisons de la place. Sur le côté occidental de ce palais, le Palazzo del Podestà (n. 7), construit par Angelo da Orvieto ( ? - 1352, architecte de style gothique) pour la famille Tarlati di Pietramala, seigneurs de la ville entre 1324 et 1335, et terminé en 1368, avec une façade de style néoclassique à deux horloges, de 1686, sur la Place Matteotti. Les Vitelli furent pendant deux siècles non seulement de grands guerriers mais de grands mécènes qui voulurent que Città di Castello soit une cour de la Renaissance semblable aux grandes cours toscanes. Par le Corso Cavour on se rend ensuite à la Piazza Gabriotti  (piazza di Sotto) ; on arrive à l’ancienne église de San Paolo al Macello, transformée en local de salaison de la viande, puis en typographie dès 1799. En 1994, la typographie est transformée en Musée des arts graphiques et de l’histoire de la typographie. On trouve d’abord sur la gauche l’ancien Palazzo dei Priori, aujourd’hui Palazzo comunale, construit sur dessin d’Angelo da Orvieto entre 1322 et 1338, dont l’élégant portail ouvre sur un atrium imposant. Noter aussi ses «  bifore  ». En face se dresse la Torre Civica ou Tour de l’Évêque, à côté du Palais de l’Évêque. Un peu plus loin, la cathédrale (n. 5), SS. Florido et Amanzio, construite sur le temple romain au XIe siècle, agrandis en 1356 et remaniée entre 1466 et 1529. Le côté gauche a encore son portail du XIVe sièce avec ses colonnes  torses et ses bas-reliefs de la Justice, la Miséricorde et la Vie de Marie avec des putti. La façade non terminée est de style baroque de Francesco Lazzari (1632). Il ne reste de style roman que le grand clocher cylindrique. L’intérieur est à croix latine avec une nef et des chapelles latérales, dans le style des églises florentines du XVe siècle, avec plafond à caissons du XVIIIe siècle et coupole refaite après le tremblement de terre de 1789 (ci-contre à gauche). Les chapelles latérales sont ornées de fresques baroques du XVIe au XVIIIe siècles. Dans la Chapelle du S. Sacrement, un Christ en Gloire de Rosso Fiorentino (1528-1530), étonnant par la foule  populaire qui se trouve au pied de la Croix. Dans la Cure se trouve un Musée de la Cathédrale agrandi en 2000 contenant des œuvres venues d’églises désaffectées. En face du Dôme, un grand jardin, sur l’ancienne forteresse, d’où part un escalier roulant qui conduit à un grand parking. À droite du Dôme on part ensuite par la via della Pendinella et la via de’ Casceri dans le quartier médiéval et Renaissance du sud de la ville (Rione San Florido).On arrive à l’église San Domenico (n. 9), édifice austère du XIVe siècle, terminé en 1424, avec portail en ogive sur le côté gauche. Les grands tableaux qui s’y trouvaient (Luca Signorelli, Raffaello…) ont été transféré dans d’autres musées. Voir l’intérieur majestueux, la Sacristie  et le cloître. On arrive un peu plus loin au Palais Vitelli alla Cannoniera (n. 10) que fit construire Alessandro Vitelli de 1521 à 1543 sur l’ancienne fonderie de canons, par Antonio Sangallo le Jeune et Pierfrancesco da Viterbo., qui s’inspirent des modèles florentins. La façade principale sur le jardin est ornée  de décoration en graffitis très originales par leur superposition d’enduits noirs et blancs, réalisée par Cristoforo Gherardi de 1532 à 1535, sur dessins de Giorgio Vasari. À l’intérieur a été disposée en 1912 la Pinacothèque Municipale, où on peut voir le Gonfalone (l’Étendard) della Santissima Trinità, le seul des 4 tableaux de Raphaël qui soit resté à Città di Castello (Cf. ci-dessous à droite  les deux panneaux), le Martyre de S. Sébastien de Luca Signorelli (1497-8 - Ci-contre à gauche), des œuvres de peintres locaux,  de peintres maniéristes et futuristes (dont le Ettore e Andromaca de Giorgio De Chirico, de 1917). On remonte ensuite vers le Nord de la ville vers Santa Maria Maggiore, que fit construire Niccolò Vitelli  entre1483 et 1509. On est dans le quartier de la Mattonata, où les Vitelli firent paver la rue avec des briques (mattoni), et, après plusieurs palais (dont le premier palais des Vitelli au n. 11 de via della mattonata), on se dirige vers San Francesco . de 1273, transformée en 1707, avec son intérieur à une nef et ses chapelles latérales. La première à gauche est la chapelle Vitelli, construite sur un dessin de Giorgio Vasari, fermée par une grille en fer forgé de 1566, et ornée de 26 stalles marquetées (Vie de Marie et de saint François). À l’autel de la seconde chapelle, terre cuite de l’école des Della Robbia ; dans la 4e chapelle, une copie du Mariage de la Vierge de Raphaël, l’original a été enlevé par un général napoléonien et se trouve maintenant au Musée Brera de Milan. Près de cette église on peut voir le Palais Vitelli a Sant’Egidio (n. 13), aujourd’hui Caisse d’Épargne, construit à la fin du XVe et dans la première moitié du XVIe siècle, terminé en 1573 pour Paolo I Vitelli, dessiné par Giorgio Vasari, sous l’influence des modèles florentins, ce qui rappelle les rapports étroits entre les Vitelli et les maîtres de Florence. La décoration intérieure est en partie de Cristofano Gherardi (1508- 1556). Une « palazzina », – loggia ornée de peintures –  complète l’ensemble du palais et des jardins. À gauche du Palais Vitelli se trouve le Palazzo Albizzini, du XVe siècle, qui abrite maintenant la donation d’œuvres d’Alberto Burri (1915-1995). Ce musée est complété par les œuvres de Burri exposées dans l’ancien Séchoir à tabac voisin., des hangars longs de 40 et 60 mètres et hauts de 15 mètres, un surface de 15.000 m2 qui abrite 260 œuvres de l’artiste, une bibliothèque, une salle de cinéma, évoquant tout ce qu’il a créé dans le monde entier. Prisonnier au Texas pendant la seconde guerre mondiale, Burri, jeune médecin, se lance dans la peinture sur des sacs de jute. Il a été un des grands novateurs de l’art du XXe siècle. En remontant vers le Nord à partir de San Francesco par la via Angeloni, on arrive au Palais Margherita Graziani, à l’église San Giovanni Decollato et au Théâtre Municipal créé en 1660 par l’Académie des Iluminati, puis au Palais Vitelli a San Giacomo érigé par Vitello Vitelli pour sa femme Angela Paola de’ Rossi, au début du XVIe siècle, ou par son second mari, Alessandro Vitelli. Il est construit sur plan rectangulaire avec des angles (les canti) renforcés par de gros bossages  des corniches marquent le premier et le second étage ; la cour à colonnades suit le modèle florentin de la Renaissance. Il est aujourd’hui le siège des Archives et de la Bibliothèque municipale. On raconte qu’Alessandro y fit installer sa  femm Angela pour pouvoir loger sa jeune maîtresse « Sora Laura » dans le Palais Vitelli alla Cannoniera où elle avait beaucoup d’amants qu’elle tuait après les avoir séduits. Milo Manara a fait un portrait imaginaire de cette Laura (Cf. image ci-contre à droite). On arrive enfin à Santa Maria delle Grazie, au Nord de la ville, commencée en 1306 et consacrée en 1381. En 1456 Giovanni di Piamonte, élève de Piero della Francesca, y peint une table qui devient l’objet d’un tel culte populaire qu’on construisit vers 1480 une chapelle, gérée par une communauté de laïques, et que la Vierge devint patronne de la ville À gauche du Palais Albizzini, la via Mazzini conduit au Palais Borbone del Monte, où se trouve le laboratoire de tissage de la Tela Umbra. Après le Séchoir à Tabac de Burri, on peut continuer vers Garavelle et voir à 2 km, le Centre de Documentation des traditions Populaires, très intéressant pour connaître la tradition paysanne de la région ; à côté visiter la villa Capelletti, où s’installe en 2003 un Musée des modèles ferroviaires qui constitue une belle histoire des chemins de fer en Italie, jusqu’à une reconstitution détaillée du wagon-restaurant entre 1920 et 1960. Il y a beaucoup d’autre lieux à visiter à Città di Castello, tout en se promenant sur les marchés populaires, en contemplant les tissus, à l’intérieur des murs ou en observant à l’extérieur les 4 Portes de la ville, San Giacomo, Sant’Egidio, Santa Maria et San Florido. On n’oubliera pas les nombreux aspects de la vie religieuse de Città di Castello, depuis la condamnation de plusieurs  citoyens pour conversion au protestantisme (la ville fait partie des domaines de l’Église) jusqu’à la sainte toujours honorée aujourd’hui, santa Veronica (nom civil: Orsola) Giuliani (1660-1727), la grande mystique de la Croix, qui entre en 1677 chez les Clarisses dont elle devint l’abbesse ; elle reçut les stigmates. La hiérarchie catholique se méfia de ses extases, la fit surveiller et l’obligea à rédiger son journal quotidien ; finalement on réussit à la récupérer, on la béatifia en 1801 et on la canonisa en 1839, tandis qu’au lendemain de sa mort, le médecin légiste qui l’autopsia trouva gravées dans son cœur toutes les marques de la Passion du Christ, dit-il ; mais sa mystique était peut-être aussi une réaction contre les cruautés de l’Inquisition de son Église : le 26 mai 1569, Bartolomeo Bartocci et plusieurs autres citoyens de Città di Castello convertis au protestantisme furent arrêtés, torturés et condamnés au bûcher, leurs cendres dispersées au vent. Page suivante
Place S. Benoît: la Castellina et la cathédrale. La via Anicia : maisons basses en talus et palais Bucchi-Carazzini. Pancartes de « norcineria » sur le portail du palais Ciancioni. Statua di San Benedetto
Céramique dédiée à la famille Vitelli - Musée du Dôme-Città di Castello. Vitellozzo I Vitelli Niccolò Vitelli, par Luca Signorelli. Vitellozzo Vitelli par Luca Signorelli, 1492-1496
Camillo Vitelli par Luca Signorelli, 1493-1496
Clément VII pape (Julien de Médicis )par Sebastiano del Piombo. Chiappino Vitelli
Vitellozzo Vitelli
Palazzo del Podestà Palazzo dei Priori Palazzo Vitelli in Piazza
Torre civica Petite loggia de la piinacothèque Palazzo Vitelli a Sant’Egidio, façade et vue d’ensemble Alberto Burri-Rosso Plastica, 1962 - Città di Castello
Palazzo Albizzini
Un altro resto delle mura
Cloître du Monastère des Clarisses, où on peut voir le corps de S. Véronique
Porta Santa Maria
Un aspetto delle mura urbiche