9.2.4 La chanson traditionnelle par thème - 1. la grande guerre (début)
Les « cori alpini » vont multiplier les
interprétations de ce type de
chanson d’appel à la guerre et de
louange du courage des soldats
prêts à mourir pour la « patrie »
Le Piave murmurait calme et paisible au passage
des premiers fantassins le vingt-quatre mai ;
l’armée marchait pour rejoindre la frontière
pour faire une barrière contre l’ennemi !
C’est en silence que les fantassins passèrent cette nuit, car
il fallait se taire et aller de l’avant.
On entendait de temps en temps depuis les rives aimées
Tout bas et léger l’exultation des eaux.
C’était un présage doux et flatteur.
Le Piave murmura : « L’étranger ne passe pas ! ».
Mais une nuit triste on parla d’un sombre événement
Et le Piave entendait la colère et l’effroi.
Ah, que de gens il a vu descendre, quitter leur toit,
Parce que l’ennemi fit irruption à Caporetto.
Partout des réfugiés depuis les monts lointains,
Venaient remplir tous ses ponts.
On entendait alors depuis les rives violées
Bas et triste le murmure des eaux.
Comme un sanglot dans cet automne noir
le Piave murmura : « Il revient l’étranger ».
Et l’ennemi revint par orgueil et par faim
il voulait se passer toutes ses convoitises,
il voyait la plaine ensoleillée de là-haut : il voulait
encore
se rassasier et exulter comme alors !
Non, dit le Piave, non, dirent les fantassins,
que jamais plus l’ennemi ne fasse un pas de plus !
On vit le Piave faire gonfler ses rives,
Comme les fantassins les eaux combattaient.
Rouge du sang de l’ennemi hautain,
le Piave murmura : « Recule, oh étranger ! ».
L’étranger recula jusqu’à Trieste, jusqu’à Trente
et la Victoire délia ses ailes au vent !
Il fut sacré le pacte ancien, et dans les troupes on vit
revenir Oberdan, Sauro et Battisti !
La valeur italique brisa enfin
Les fourches et les armes du Bourreau !
Sûres furent les Alpes, libres les rives
Et le Piave se tut, ses eaux s’apaisèrent.
Sur le sol de la Patrie, les torves empires vaincus,
la Paix ne trouva ni opprimés ni étrangers
Vittorio Emanuele III al fronte (Compagnia Minciotti 1916)
1) – In questa tenda ospedale vi è posto ?
– Conducono un ferito. Apprestategli le cure necessarie !
– Con tutto il cuore.
– Eccolo, ebbene ?
– Signor colonnello il prode ufficiale è morto durante il tragitto !
– Morto ?!
– Gloria al suo nome ! Che la bandiera tricolore
ricopra il cadavere dell'eroe.
.
– Subito signor colonnello. Ah ! Mio figlio !
– Suo figlio ?
– Morto! Morto! Mio Dio
– Coraggio! Si faccia animo ! E' morto da per la patria ! Per il nobile riscatto !
– Morto! Morto il mio Guido ! Ah, gli austriaci me l'hanno ucciso ! Maledetti, maledetti !
– Contessa!
– Avete ragione ! E' stato un momento di sconforto, indegno di una madre italiana !
2) – Sua Maestà il Re ! Attenti !
– Maestà !
– Ho tutto ascoltato, coraggio !
– Ne avrò! E' dovere d'ogni madre italiana, in questo momento supremo, di dare con coraggio la vita dei figli per la grandezza dell'Italia !
– Contessa Marcelli a nome di tutta Italia io vi ringrazio.
– Signori, è una madre che perde il proprio figlio e inneggia alla patria !
– Maestà, non ho perduto mio figlio, l'ho dato per la patria e ne vado orgogliosa !
– Contessa v'invidio! In questo momento vorrei che mio figlio stesso si trovasse in prima linea ad affrontare il fuoco del nemico. A cader da eroe per la patria !
Anch'io allora potrei dire con orgoglio : avevo un figlio, tu o Italia,
me l'hai chiesto e io te l'ho dato, e se il sacrificio della mia vita potesse bastare ad
assicurarti la vittoria, o patria mia, io volentieri te la darei !
3)– Un attacco a questa posizione !
– Ma è issata la bandiera della Croce Rossa !
– Gli austriaci non hanno nulla di sacro ! Combattete il nemico da prodi ! Con le armi in pugno, non lo insultate, siate italiani !
– Obbediremo, Maestà ! Ma in questo posto la vostra vita è in pericolo ! Vi preghiamo di recarvi fuori del tiro del fuoco nemico !
– Se in questo posto v'è pericolo di morte per i miei bravi soldati, questo è il mio posto !
– Viva il nostro Re !
– No, non gridate viva il Re, ma insieme a me dite : Viva l'Italia !
– Viva l'Italia !
Di qua di là del Piave
De ce côté du Piave et de l’autre
(Trad. poi Coro degli Alpini, Coro del Monte Cauriol)
1
Di qua, di là dal Piave
Ici, de l’autre côté du Piave
ci sta un'osteria,
il y a une auberge
là c'è da bere e da mangiare
et là il y a à boire et à manger
e un buon letto da riposar.
Et un bon lit pour se reposer.
2.
E dopo aver mangiato,
Et après avoir mangé
mangiato e ben bevuto,
mangé et bien bu
lui disse : « Ohi bella, se vuoi venire
il dit : « Oh la belle, si tu veux venir
questa è l'ora di far l'amor. »
c’est l’heure de faire l’amour ».
3·
« Mi si che vegneria
« je viendrais bien
per una volta sola,
pour une seule fois,
però ti prego lasciarmi sola
pourtant je te prie de me laisser seule
ché son figlia da maritar. »
je suis une fille à marier (je suis fiancée) ».
4·
« Se sei da maritare
« Si tu es à marier
dovevi dirlo prima :
tu devais le dire avant ;
or che sei stata coi veci Alpini
Maintenant que tu as été avec les vieux Alpins,
non sei figlia da maritar. »
tu n’es pas fille à marier ».
4) La dérision et la haine des ennemis autrichiens.
Bambola (Di Napoli e Vincenzo Valente,1916 / Roberto Ciaramella)
Notte d'ottobre, nuvole nel cielo,
Nuit d’octobre, nuages dans le ciel
il tenentino sogna la sua sposa,
le petit lieutenant rêve à son épouse
ti vede o dolce bambola in un velo
il te voit, o douce poupée, dans un voile
nel reggimento stanco che riposa.
dans le régiment fatigué qui se repose.
Quando ad un tratto fischia la mitraglia,
Quand tout à coup siffle la mitraille,
tuona il cannone nell'oscurità.
Tonne le canon dans l’obscurité.
Avanti, avanti ! Ferve la battaglia
En avant, en avant, la bataille bat son plein
ed il tenente ardito innanzi va !
et hardiment, le lieutenant va en avant !
Notte d'ottobre bambola sognava
Nuit d’octobre, la poupée rêvait
e sorrideva d'un sorriso lieve,
et souriait d’un sourire léger,
nel suo lettuccio, bambola sembrava,
dans son petit lit on aurait dit une poupée
un fiorellin che sbuca tra la neve.
Une petite fleur qui éclot dans la neige.
A un tratto mille grida in lontananza
Tour à coup mille cris dans le lointain
si desta e getta un urlo di terrore :
elle se réveille et jette un cri de terreur
un uomo vede lì nella sua stanza
elle voit un homme là dans sa chambre
un uomo armato : il barbaro invasor !
un homme armé : le barbare envahisseur !
Notte d'ottobre, bambola piccina,
Nuit d’octobre, petite poupée
non v'è il tuo amore nella notte oscura
Ton amour n’est pas là dans la nuit obscure
quel soldataccio ride e s'avvicina
ce soldat rit et s’approche
ed il tuo sguardo è pieno di paura.
Et ton regard est plein de peur.
In quella notte tutto fu devastato
Dans cette nuit tout fut dévasté
perché il nemico infame vi passò,
parce que l’ennemi infâme y est passé,
ma l'indomani all'alba quel soldato
mais le lendemain à l’aube ce soldat
in quella stanza ucciso si trovò!
Dans cette chambre fut retrouvé mort !
Guglielmone, Cecco Beppe e Maometto
Gros Guillaume, Fanfan Jojo et Mahomet
(E. Fumi e coro 1915)
– Cameriere
– Garçon
– Pronti !
– Oui ?
– Un altro litro!
– Un autre litre !
– Un altro litro Barbera !
– Un autre litre de Barbera !
– Che noi intanto canteremo la seratina
– Et nous en attendant, nous chanterons cette petite soirée
con le parole di Guglielmone !
avec les mots du Gros Guillaume !
– Lui crede vincere tutti
– Lui, il croit vaincre tout le monde
gli è proprio un cervellone
c’est vraiment une grosse tête
Guglielmone, Guglielmone !
le Gros Guillaume, le Gros Guillaume !
E sa' buscarne
et il sait en prendre, des raclées
farà un bel ruzzolone
il va bien dégringoler
Guglielmone, Guglielmone
le Gros Guillaume, le Gros Guillaume !
non ne può più Guglielmone
Mais il n’en peut plus le Gros Guillaume
non fare il prepotente !
Ne fais pas le despote
Guglielmone tu non riesci a niente !
Gros Guillaume tu n’arrives à rien !
Che tu vinca possibile non è
Que tu gagnes, ce n’est pas possible
Guglielmon prepara l'elmo
Gros Guillaume prépare ton casque
Se no ti sporchi il pie'.
Sinon tu te saliras les pieds.
Gli volle far la scimmia
Il a voulu faire le singe
e ad imitarlo seppe
et il a su l’imiter
Cecco Beppe, Cecco Beppe !
le Fanfan Jojo, le Fanfan Jojo
Buscarne più di lui
Prendre plus de raclées que lui
dagli italiani seppe
par les Italiens, il a su le faire
Cecco Beppe, Cecco Beppe non ne può più !
Fanfan Jojo, Fanfan Jojo n’en peut plus !
Cecco Beppe la pillola è amara,
Fanfan Jojo la pilule est amère
Cecco Beppe per te ci vuol la bara,
Fanfan Jojo pour toi il faut un cercueil,
Cecco Beppe la forza più non va :
Fanfan Jojo ta force ne va plus :
Vogliam Trento e Trieste !
Nous voulons Trente et Trieste !
Vogliamo la libertà !
Nous voulons la liberté !
Con loro c'è il gran turco
Avec eux il y a le Grand Turc
che vuoI fare il galletto
qui veut faire son petit coq
Maometto, Maometto !
Mahomet, Mahomet !
Fra poco gli alleati
D’ici peu les alliés
gliargheran lo stretto !
franchiront le détroit !
Maometto, Maometto non ne può più !
Mahomet, Mahomet n’en peut plus !
Maometto ormai non ci sta il Sahara
Mahomet désormais le Sahara n’est plus d’accord
non ti resta di fartele allargare
tu n’as plus qu’à prendre le large
o che almeno la guerra finirà
ou au moins la guerre finira
con Guglielmo e Cecco Beppe
avec Guillaume et Fanfan Jojo
Maometto trotterà !
Mahomet trottera !
5) Les regrets de la vie civile et du foyer. La peur de mourir.
'O surdato 'nnammurato
(Testo : Aniello Califano - Musica : Enrico Cannio, 1915, Interprete : Giuseppe Godono)
Stai luntano 'a chistu core
Tu es loin de mon coeur
E a te volo c"o pensiero
et je vole vers toi en pensée
niente voglio, niente spero
Je ne veux rien, je n’espère rien
ca tenerte sempre 'mbraccio a mme !
que de te tenir toujours dans mes bras !
Sii sicura 'e chisto ammore
Sois sûre de cet amour
comm'io so' sicuro 'e te!
Comme je suis sûr du tien !
Ohi vita, ohi vita mia,
Oh vie, oh ma vie
ohi core, 'e chisto core,
Oh cœur de mon coeur
si' stata 'o primm'ammore
Tu as été mon premier amour,
e 'o primmo e l'urtemo
le premier et le dernier
sarrai pe' mme !
tu seras pour moi !
Quante notte nun te veco,
Depuis combien de nuits je ne te vois pas
nun te tengo int'a 'sti braccia,
je ne te tiens pas dans mes bras
nun te vaso chesta faccia
je n’embrasse pas ton visage
e nunt'astrigno forte 'mpietto a mme !
et je ne te serre pas fort contre moi !
Ma scetanneme a 'stu suonne
Mais réveille-moi de ce rêve
me fai chiagnere pe' tte !
Tu me fais pleurer pour toi !
Scrivo sempe : sta cuntenta,
J’écris toujours : sois contente
io nun penzo che a te sola
je ne pense rien qu’à toi
stu pensiero me cunsola,
cette pensée me console
ca tu pure piensi sul'a me.
Que tu ne penses qu’à moi.
A cchiù bella 'e tutt'e belle
La plus belle de toutes les belles
nunn'è mai cchiù bella 'e te !
n’est jamais plus belle que toi !
Ta-pum
(Trad. e Alpini 1917)
1.
Venti giorni sull'Ortigara
Vingt jours sur l’Ortigara
senza cambio per dismontà ...
sans changement pour dégager …
Ta-pum, ta-pum, ta-pum
..
Ta-pum, ta-pum, ta-pum
.
2.
Se domani si va all'assalto
Si demain on va à l’assaut
soldatino non farti ammazzar. ..
petit soldat, ne te fais pas tuer …
3·
Quando sei dietro quel muretto
Quand tu es derrière ce petit mur
soldatino non puoi più parIà ...
petit soldat tu ne peux pas parler …
4·
Quando poi si discende a valle
Quand on descend ensuite dans la vallée
battaglione non ha più soldà ...
le bataillon n’a plus de soldats …
5·
Nella valle c'è un cimitero
Dans la vallée il y a un cimetière
cimitero di noi soldà ...
cimetière de nous les soldats …
6.
Cimitero di noi soldati
Cimetière de nous les soldats
forse un giorno ti vengo a trovà ...
peut-être qu’un jour je viendrai te trouver ..
.
6) Les chansons au pays, l’amour (souvent perdu)
Quel mazzolin di fiori
(Trad. Coro degli Alpini)
Quel mazzolin di fiori
Ce petit bouquet de fleurs
che vien dalla montagna
qui vient de la montagne
bada ben che non si bagna
fais attention qu’il ne se mouille pas
chè lo voglio regalar, (bis).
Car je veux en faire un cadeau.
Lo voglio regalare
Je veux en faire un cadeau
perchè l'è un bel mazzetto,
parce que c’est un beau petit bouquet
lo voglio dare al mio moretto
Je veux le donner à mon petit brun
stasera quando vien (bis).
Ce soir quand il viendra.
Stasera quando vien
Ce soir quand il viendra
gli fo una brutta cera (brutta sera) ;
je lui ferai mauvaise mine (une vilaine soirée)
e perchè Sabato di sera
parce que samedi soir
lui non è vegnù da me (bis).
Il n’est pas venu chez moi.
Non l'è vegnù da me,
Il n’est pas venu chez moi
l'è andà dalla Rosina...
il est allé chez la Rosine
Perchè mi son poverina
c’est pourquoi je suis une pauvre petite
mi fa pianger e sospirar (bis).
Il me fait pleurer et soupirer
Mi fa piangere e sospirare
Il me fait pleurer et soupirer
sul letto dei lamenti
sur le lit des lamentations
e che mai diran le genti,
Que vont dire les gens
cosa mai diran di me (bis)
Que vont-ils donc dire de moi ?
Diran che son tradita,
Ils diront que je suis trompée
tradita nell'amore
trahie par l’amour
e a me mi piange il cuore
et mon cœur pleure
e per sempre piangerà (bis).
Et pleurera toujours.
Abbandonato il primo,
Abandonné le premier,
abbandonà il secondo,
abandonné le second
abbandono tutto il mondo
j’abandonne le monde entier
e non mi marito più (bis).
Et je ne me marie plus.
1) Dans la tente d’un hôpital de campagne, on amène un blessé qui
est mort dans le transport. L’infirmière (une comtesse) reconnaît
son fils. Elle commence par le pleurer, puis elle se réjouit d’avoir
donné son fils pour la patrie.
2) Arrive le roi, qui a entendu ce qu’a dit l’infirmière ; il dit combien
il l’envie d’avoir donné son fils à la patrie.
3) Une attaque autrichienne qui ne respecte pas la Croix Rouge ;
les soldats veulent éloigner le roi du danger, mais il veut rester
avec eux et ils crient tous : Vive l’Italie !
Chanson reprise d’une chanson populaire
traditionnelle connue au moins depuis 1870, date de
sa première publication, La ragazza innamorata dei
soldati. Cette auberge existe réellement sur les bords
du Piave, les chasseurs alpins venaient s’y reposer
entre deux batailles, et l’auberge, ignorée jusqu’alors,
devint alors célèbre.
C’est encore l’euphorie des premières
années de guerre, dont on pense qu’elle
sera courte. Elle fera bientôt place à la
mélancolie, au regret de la vie civile et du
foyer où l’ondort à côté de sa « poupée »
(Cf. Bambola et 5).
C’est une des plus belles chansons-marches de
Cannio ; elle est devenue l’hymne officieux des
bersaglieri. Mais elle est surtout une belle
chanson d’amour qu’ont reprise beaucoup de
chanteurs, Anna Magnani, Giuseppe Di Stefano,
Andrea Bocelli…
Le 9 juin 1917, 26 bataillons de
chasseurs alpins attaquèrent le
mont de l’Ortigara, subissant des
pertes énormes. Et ils durent
ensuite le défendre pour le conserver.
L’onomatopée « tapum » évoque le
coup de l’arme à feu et son écho
dans la vallée. À l’origine, la chanson
était un chant de mineurs né pendant
les travaux du tunnel du Saint-Gothard
entre 1872 et 1880, et le « ta-pum »
se référait au bruit des mines. C’est un
des chants les plus répandus durant la
guerre, interdit ensuite par les préfets
fascistes, et repris , réélaboré, par les
groupes de résistants antifascistes
durant la seconde guerre mondiale.
Très ancienne chanson populaire
de montagne (Frioul ? Vénétie ?
Piémont ?), reprise en italien, une
des plus chantées depuis des
dizaines d’années, en particulier
par les chasseurs alpins, par les
résistants … et par le peuple.