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Les châteaux d’Italie (suite)
Les châteaux d’Italie retour à la page 1 . b) L’Italie centrale * Castello dell’Abbadia - Viterbo- Latium Il est construit pour protéger un ancien pont étrusque (Pont de l’Arc-en-ciel ou du Diable, IIIe s. av.J.C.), il fut d’abord une abbaye bénédictine au IXe siècle, fortifiée pour se défendre contre les invasions sarrasines. L’essentiel de ce qu’on voit relève du XIIe siècle. Il appartint entre autres aux Farnese dont le cardinal Alessandro, futur pape Paul III, aimait venir y séjourner. Il est aujourd’hui le siège du Musée Archéologique de Vulci. * Castello del Piagnaro - Pontremoli - Toscane Il est construit à partir du XIe siècle pour contrôler et défendre les voies de communication aussi importantes que la Via Francigena et autres voies commerciales. Son nom de «  Piagnaro  » vient des «  piagne  », les dalles en grès utilisées en Lunigiana pour construire les toits des habitations. Il connut maintes destructions et reconstructions adaptées aux nouvelles techniques d’armement. * Rocca Monaldeschi della Cervara -Bolsena - Latium On en connaît l’existence depuis 1156, quand le pape Adrien IV, en vue des incursions de l’empereur Frédéric Barberousse, fit fortifier les centres de la Via Cassia (les murs d’enceinte de Bolsena), et construire ce château en quadrilatère avec ses 4 tours de défense qui permettaient la disposition des lignes de défense : une des 4 est surmontée de créneaux guelfes, c’était une tour de défense primitive. Les Monaldeschi, puissante famille guelfe descendant de la famille d’Anjou, s‘y installent à partir de 1295 et transforment peu à peu le château en résidence princière, avant qu’il ne devienne une prison puis un dépôt jusqu’à la restauration de 1970. * Rocca Albornoziana di Spoleto - Ombrie. Située au- dessus de Spoleto, c’est la plus importante forteresse du système de défense des territoires pontificaux de l’Ombrie institué par le pape Innocent VI, après le retour des papes de l’exil d’Avignon : elle est construite de 1363 à 1367 par le cardinal espagnol Egidio Albornoz, qui la fit organiser de façon à être très solide et défensive en même temps qu’élégante pour y recevoir des hôtes illustres. Elle devient une prison de 1817 à 1982. * Rocca Calascio - Abruzzes Elle est commencée en 1140 par les Normands  ; c’est la plus haute forteresse des Apennins (1460 m.), destinée à une fonction de surveillance et de cantonnement militaire. Les Abruzzes sont une des régions qui ont plus grand nombre de châteaux : c’était une région de transition entre le Nord et le Sud, souvent attaquée de part et d’autre et où il a donc fallu construire de nombreuses structures de défense (quelques centaines, dont beaucoup ont été abandonnées, ne laissant que quelques ruines), en particulier contre les attaques des Hongrois venus du Nord et des Sarrasins venus du Sud dès le Xe siècle. Celle-ci a un plan carré avec 4 tours d’angle rondes et un donjon carré au centre. Elle dominait et protégeait le village qui était un des grands lieux de passage des troupeaux de moutons en transhumance. Elle est dévastée par un tremblement de terre en 1703. Elle est proche du village de Santo Stefano di Sessanio, doté de sa tour Médicis, avec ses créneaux et ses corbeaux guelfes (Cf. ci-contre à gauche). * Rocca Costanza di Pesaro - Marches Modèle de « forteresse de plaine » à plan carré orienté sur les 4 points cardinaux, avec 4 grosses tours cylindriques angulaires. Construite en 1474 par Costanzo Sforza en remplacement de l’ancienne enceinte des Malatesta et sur l’ancien cimetière israélite. Occupée en 1500 par Cesare Borgia qui en fait faire le dessin par Léonard de Vinci qui inspirera ensuite les architectes français. C’est probablement aussi Léonard qui conseille la construction du grand fossé, devenu maintenant une belle promenade pour les habitants avec leurs chiens. * Castello di Bracciano - Odescalchi / Orsini - Latium Il est d’abord une forteresse médiévale du XIIIe siècle, au bord du lac de Bracciano, et sur celle-ci Napoleone Orsini fait édifier en 1470 le château actuel, pentagonal avec ses 5 tours, sur projet de Francesco di Giorgio Martini  ; c’est un des plus beaux exemples d’architecture militaire de cette époque. Somptueusement décoré de fresques, il passe aux Odescalchi en 1698. Il est un des plus grands châteaux et un des plus représentatifs des châteaux de caractère militaire passant peu à peu au stade de résidence seigneuriale des aristocrates de la cour des papes. En 1560, les frères Zuccari y ont peint des fresques à l’occasion des noces de Paolo Giordano Orsini et Isabelle de Médicis ; la salle d’armes des Odescalchi est très riche. * Torre Astura - Latium Dans l’antiquité romaine il y eut une villa de Cicéron, fréquentée aussi par plusieurs empereurs, aujourd’hui complètement détruite et abandonnée sous la végétation. En 1193, le site fut occupé par les Frangipani qui y construisent une forteresse maritime pour se protéger des Sarrasins, avec une tour pentagonale reliée à la terre par l’ancien pont romain de la villa de Cicéron. La forteresse passe ensuite en possession de diverses familles romaines avant de revenir à la commune voisine de Nettuno dans les années 1970. * Castello di Civitella del Tronto - Abruzzes. Une fortification existe depuis le début du XIe siècle pour défendre cette frontière nord du Royaume de Naples ; c’est une des plus grandes réalisations d'ingénierie militaire, à 600 m. d’altitude au-dessus de l’agglomération.  Après la mort de Frédéric II, c’est Charles d’Anjou qui la fit restaurer et agrandir  ; puis elle passa à la famille d’Aragon qui en fit une forteresse de 25.000 m2. En 1860-61, les soldats de Garibaldi durent l’assiéger pendant plus de 6 mois pour l’obliger à se rendre. * Castello Piccolomini di Celano - Abruzzes (L’Aquila) Sur la base d’un château en bois et en terre battue de Frédéric II, au-dessus du lac de Fucino, fut construite en 1392 la fortification actuelle par le comte de Celano sur la colline de San Flaviano, avec des créneaux gibelins. Ce sont les Piccolomini, neveux du pape Pie II, qui poursuivirent le développement, transformant un château de défense en palais résidentiel, ouvrant par exemple les fenêtres en architrave de style Renaissance) c) L’Italie du sud  Les châteaux de Naples Naples fut presque toujours une ville indépendante jusqu’en 1137, date de l’arrivée de Roger le Normand. Le duc de Naples résida donc non dans un château, mais dans un grand palais. À partir du moment où la ville devient capitale d’un immense royaume, les rois durent faire construire tout un système de défense autour de la ville, qui devient « la ville des 7 châteaux », comme Rome est « la ville des 7 collines ». * Castel dell’Ovo : le plus ancien monument historique de Naples depuis le Ve siècle où, sur cette petite île s’installèrent des moines. Mais il avait été d’abord le premier lieu de débarquement des Grecs de Cumes au VIIIe siècle av.J.C., et c’est le lieu mythique de Naples, où s’est échouée la sirène Parthénopé qui donne son nom à la ville, et plus tard sainte Patricia, patronne de Naples … et c’est là que selon la légende Virgile plaça dans une cage un œuf  magique auquel reste lié le destin de Naples… Mais il fut remplacé au XIVe siècle, ce serait la source des maux de la ville  ! * Castel Capuano, construit en 1154 par les Normands, mais tellement restauré qu’il ne reste pas grand-chose de sa forme d’origine. Il a été jusqu’à une date récente le palais de justice de la ville. * Castel Sant’Elmo (= St Érasme) : construit en 1329  par Robert d’Anjou sur la colline du Vomero, au-dessus de la chartreuse de San Martino, à la fois pour surveiller les routes qui arrivaient à la ville et pour contrôler l’agitation de la population urbaine. Les Espagnols le transformèrent ensuite dans l’étoile à 6 branches existant encore aujourd’hui. * Castel Nuovo (Maschio Angioino) : réalisé en 1279 par Charles d’Anjou, développé en 1442 par Alphonse d’Aragon ; il est au cœur de l’histoire de Naples  avec ses 5 tours, et sa porte principale ornée d’un arc de triomphe célébrant le triomphe des Aragon : un arc de triomphe inférieur entouré de reliefs qui représentent Alphonse d’Aragon entre sa famille et ses capitaines ; sur l’attique, le triomphe d’Alphonse ; et un arc supérieur avec des colonnes ioniques binaires qui devaient contenir la statue du roi, et en haut, 4 statues, des 4 Vertus (Tempérance, Justice, Force et Magnanimité), surmontées de statues de fleuves et de la statue de St Michel (Francesco Laurana, Domenico Gagini, Isaia da Pisa Guillem Sagrera). * Castello del Carmine, de 1382 pour défendre la partie sud-est de la ville, dont il ne reste que 2 tours cylindriques après la démolition de 1906. * Castello di Nisida (Cf. à droite) : construit au contraire sur une petite île pour protéger l’ouest de la ville, sur les ruines d’une villa de Brutus et d’un manoir angevin : au XVIe siècle, les attaques des Arabes devenaient très redoutables (le corsaire Khayr ad-Din Barberousse (1466-1546) dévaste Ischia et Procida en 1544). * Forte di Vigliena, construit au XVIIIe siècle à l’est de Naples. Dans la région, beaucoup d’autres châteaux défensifs ou résidentiels, par exemple : * Castello di Sant’Aniceto - Calabre Château byzantin du XIe siècle au-dessus de Reggio Calabria, un des rares exemplaires conservés de château calabrais, lieu de contrôle  des incursions sarrasines et de refuge de la population. Son nom est dû à celui d’un saint sicilien très honoré par les populations siciliennes qui avaient émigré en Calabre et qui participèrent à l’édification du château. * Castello Pandone di Venafro (Molise) : ancienne fortification mégalithique samnite préromaine, transformée par les Longobards (le donjon carré), puis par les Angevins qui ajoutent les trois tours rondes et l’enceinte crénelée ; en 1443, les Aragonais donnent la forteresse à Francesco Pandone, qui la fait décorer de fresques de ses chevaux (Cf. ci-contre à gauche). * Castello di Bosa - Sardaigne - côte ouest) : édifié au XIIIe siècle par la famille toscane de Malaspina, descendants des Obertenghi, au sommet de la colline de Serravalle. Les Malaspina possédèrent la province de Massa, sur la rive toscane, la Sardaigne et une partie de la Ligurie. Mais un des grands constructeurs de châteaux fut l’empereur Frédéric II (1194-1250), surtout dans le sud de l’Italie. Frédéric II, roi de Sicile à 4 ans en héritage de sa mère, Constance d’Altavilla, empereur à 22 ans, avait pour but de transformer l’empire, à partir d’une grande vision du monde qui devait le conduire à la paix entre les civilisations juive, chrétienne et musulmane. Un de ses soucis fut la protection militaire de l’empire et donc la construction ou la restauration d’environ 200 châteaux ; selon son décret de 1239, chacun de ses châteaux devait être l’ombre du souverain, de sa magnificence, de sa force, de sa protection. La Pouille fut sa région préférée (on le disait Puer Apuliae, fils de la Pouille). Parmi les villes qu’il préférait, d’abord Foggia, mais entre tremblements de terre, bombardements et volonté de destruction pontificale, il ne reste pratiquement rien de son splendide château. Mais il construisit des châteaux dans beaucoup d’autres villes des Pouilles : Castelli de Federico II (1194-1250) : * Castello di Trani - Pouilles, près de Barletta. Il fut édifié en 1233 sur la base d’une tour du Xe siècle, pour la protection du port et complété en 1249. Manfred, le fils et l’héritier de Frédéric II, y séjourna souvent. Le château passa ensuite sous la domination de la famille d’Anjou qui commença à le modifier, puis sous celle de Charles Quint et des Espagnols qui l’adaptent aux nouvelles armes à poudre. Il devient une prison, est restauré et ouvert au public en 1998 * Castello di Bisceglie - Pouilles, près de Barletta. Château construit à partir de 1060, et repris par Frédéric II, puis refait par les Aragon, transformé et dégradé par des particuliers au XVIIIe siècle, restauré récemment. * Castello di Barletta - Pouilles. Édifié peu à peu à partir du XIe siècle, développé par Frédéric II à partir de 1228 ; il en fit non seulement une œuvre défensive mais un palais royal pour sa cour. Il fut ensuite modifié par les Angevins et par les Espagnols. On y conserve une statue de Frédéric II (rare, car les papes firent détruire beaucoup d’œuvres pour faire oublier sa mémoire). * Castello di Bari - Pouilles - Fortification médiévale de 1132, construite sur des forteresses romaines par les Normands, détruite par les habitants et reconstruite par Frédéric II en 1233 ; il en reste le donjon et le château, les Aragon ajoutent le mur d’enceinte actuel. Les nouvelles illuminations à partir de 2017 permettent de distinguer les différentes époques de construction, dont beaucoup ont été détruites  ; il reste surtout l’enceinte de défense aragonaise entourée de son fossé sur trois côtés (ci-dessous à gauche). * Castello di Brindisi - Pouilles : le château de mer par opposition à l’autre château dit château de terre, pour protéger la vie et le port de Bari. Probablement réalisé sur des restes de forteresse romaine. Bari comme Brindisi étaient les ports de départ du commerce avec l’Orient dès l’Antiquité. Les murailles extérieures sont des XVe et XVIe siècles (voir à droite). * Castello di Lucera - Pouilles : il domine le plateau du Tavoliere des Pouilles sur le Colle Albano, occupé depuis le IIIe millénaire av.J.C. En 1223, Frédéric y concentre les Musulmans de son Royaume, et Lucera devient une ville musulmane, où Frédéric fait construire son Palatium. En 1269, Charles d’Anjou édifie une enceinte de plus de 900 mètres de long, fait assassiner la population musulmane et installe des émigrés provençaux. Une immense citerne alimentait le château en eau potable. Ci-contre à droite une reconstitution et à gauche la Tour de la Lionne. * Castello di Melfi - Basilicata, c’est un des plus importants châteaux médiévaux d’Italie, construit à l’époque normande vers 1043 et très utilisé par les papes (il s’y tient 5 conciles et plusieurs synodes) et agrandi en 1231 par Frédéric II qui y attachait une grande importance. C’est là qu’il écrit l’essentiel de sa réforme des constitutions du Royaume.  C’est aussi dans ce château qu’il rencontre son grand amour, Bianca Lancia, d’où naîtra son fils préféré Manfredi. Le château avait une cathédrale détruite par un tremblement de terre en 1851. * Castello di Catania - Sicile : voulu et construit par Frédéric II entre 1239 et 1250, comme base de la défense côtière orientale sicilienne, avec celui de Syracuse. Schéma classique de château en quadrilatère (Cf. ci-contre). Transformé en prison, il comporte des graffitis intéressants de prisonniers. * Castello di Siracusa - Sicile - Construit sur d’importantes forteresses grecques de l’Antiquité, stratégique pour la défense du port. Commencé en 1038 par le commandant byzantin Giorgio Maniace, reconstruit par Frédéric II entre 1232 et 1239 (ci-contre à gauche). Castello di Caccamo - Sicile, vers Palerme - Construction normande à 513 m. au-dessus du niveau de la mer, à partir d’une tour arabe, au-dessus du bourg médiéval (Photo à droite) Dans le Centre, Frédéric II ne construisit qu’un château, à Prato, sur la route stratégique entre l’Allemagne et la Sicile  : * Castello di Prato -Toscane. Il fut construit en 1248 sur une forteresse antérieure par Frédéric II dans le cadre de la lutte avec le pape pour la domination de la Toscane  ; c’était aussi sur la route entre l’Allemagne et le Sud. Comme pour beaucoup d’autres, c’est le grand architecte de Frédéric qui procéda à son élaboration, Riccardo da Lentini, venu exprès des Pouilles. C’est un édifice classique à plan carré, avec 4 tours d’angle et 4 autres tours dont 2 étaient héritées du précédent édifice. Il fut ensuite transformé en prison, et restauré en 1975. Mais la principale réalisation de Frédéric II est le château de Castel del Monte, conçu par Frédéric et réalisé aussi par Riccardo da Lentini. Depuis sa construction vers 1240, jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas cessé de s’interroger sur sa signification, qui reste un mystère. Il est tout entier bâti sur le chiffre 8, unique dans les Pouilles : 8 côtés, 8 tours octogonales, cour octogonale, 8 salles identiques à chaque étage, la vasque octogonale qui  se trouvait probablement dans la cour octogonale ; c’est un des plus anciens symboles de la Rose des vents (et les roses ont souvent 8 pétales), de l’Infini, de l’Incommensurable dans presque toutes les religions (Cf. les 8 pétales du lotus) ; et l’octogone est symbole de résurrection, d’équilibre (la carte VIII des Tarots signifie la Justice), de bonheur parfait, de reconquête du Paradis : voir les 8 Béatitudes de Jésus, la forme octogonale des baptistères … les historiens parlent des années en 8 du XXe siècle, 1948, 1958, 1968, 1978, 1988, 1998 !!. Pour les philosophes grecs pythagoriciens, le carré de 8 (8x8 = 64) était le nombre de la sagesse créative. C’est aussi le symbole du Constructeur, du Souverain, du chef décidé à conquérir pouvoir et autorité, à comprendre la totalité du monde et des lois qui le gouvernent, posséder l’ensemble des savoirs (Frédéric fut un grand scientifique, attaché aux mathématiques, à l’astronomie, une « Stupor Mundi », stupeur du monde, comme on l’appelait …). La semaine n’a que 7 jours parce que le temps continue et  n’est donc pas achevé. La mesure moyenne de l’homme au Moyen-Âge était de 8 à 9 empans (plus ou moins 20 cm). L’autre chiffre significatif est le 3 : la « trifora » de la salle Nord du 1er étage, les 3 fenêtres intérieures, les 3 entrées de la cour, les 3 escaliers en colimaçon, les 3 côtés où il n’y a pas d’écoulement pour l’eau. Castel del Monte ne semble pas adapté à la défense : pas de fossé, pas d’écuries, pas de cuisines … Alors à quoi  ? la dernière hypothèse des architectes de l’Université de Bari est qu’il s’agissait d’une sorte de hammam à l’orientale, autour de la vasque octogonale de la cour, qui a disparu, dont on retrouve aujourd’hui dans les murs les dispositifs de circulation de l’eau. C’était donc à la fois un lieu mystique (dont la structure interne semble souvent inspirée de celle des abbayes cisterciennes) et un lieu de plaisir ordonné selon des symboles numériques et autres. 4. Enfin, à partir du XVe siècle, les Communes évoluent vers des «  seigneuries  ». Elles sont caractérisées par le pouvoir d’une seule grande famille, comme les Savoie qui, eux, continuent à régner au Piémont depuis le IXe siècle, et deviendront ducs puis rois au XVIIIe siècle, après avoir déménagé leur capitale de Chambéry à Turin en 1563, et ils collectionneront les grands châteaux comme lieux de chasse ; les Sforza sont maîtres de Milan, les Este de Ferrare, les Gonzague de Mantoue, les Médicis de Florence, les Espagnols dans le Royaume de Naples et en Lombardie, à partir de la défaite de François 1er, et évidemment le pape à Rome, maintenant monarque  absolu d’un grand État où il gouverne avec quelques grandes familles nobiliaires, ses vassaux (voir par exemple leurs châteaux des lacs qui environnent Rome). C’est seulement quand les «  communes bourgeoises  » se transforment ainsi en «  seigneuries  » que les villes commencent à se construire leurs châteaux, comme postes de défense tournés contre la ville et permettant d’en maîtriser les révoltes populaires. C’est le cas à Florence, Turin, Milan, L’Aquila. Dans le Sud où la situation reste féodale mais sous le contrôle d’un roi ou d’un empereur, on continue à construire des châteaux.   * Castelli dei Savoia - Piémont : Castello di Moncalieri  : contrôlant le passage du Pô depuis le XIe siècle, il est transformé en demeure ducale dans la seconde moitié du XVe siècle  ; Castello di Rivoli  : existant depuis le XIe siècle et devenu résidence ducale après 1559, abandonné après la guerre jusqu’en 1979, et restauré en laissant les ruines en l’état, puis devenu Musée d’Art Pauvre. Castello di Racconigi : devenu résidence royale, puis Musée royal après la déclaration de la République (photo à droite) Castello di Pollenzo  : où s’installe l’Université des Sciences Gastronomiques de Slow Food (photo à gauche)  ; Venaria Reale : bâtie comme résidence de chasse à partir du XVIIe siècle, et intégrant tout le village d’Altesano dans la reconstruction de Filippo Juvarra à partir de 1706 (Cf. à gauche). C’est aujourd’hui un des plus intéressants, avec son grand parc, riche aussi d’œuvres de Pennone, et de ses expositions (Cf. à droite). * Castello Sforzesco - Milan : il est construit au XVe siècle par Francesco Sforza sur les ruines d’une ancienne forteresse des Visconti du XIVe siècle. Il a environ 200 m. de côté, est flanqué de douves (fossés autour du château) et, côté ville (à droite), de deux tours rondes, tandis que du côté campagne d’alors, il avait deux tours carrées qui protégeaient la petite forteresse dans la forteresse, où habitait le duc (au fond à gauche sur l’image). La grande tour côté ville est construite par le Filarète (architecte toscan, 1400-1469)  et servait de dépôt de poudre. À partir de 1893, il fut peu à peu transformé en musée d’art ancien, d’archéologie, d’instruments de musique, etc. * Castello Estense de Ferrare - Emilie-Romagne : Il est construit à partir de 1385, et dès l’origine, les bombardes étaient dirigées vers la ville, alors que les Este ne sont vicaires pontificaux que depuis 1372. En 1917-18, le peintre Giorgio De Chirico a représenté le château sur un tableau pour la seconde fois, dans Le Muse inquietanti. * Castello di Mantova - Lombardia : construit à partir de 1395, mais restauré en 1459, résidence d’Isabelle d’Este, femme de Francesco II di Gonzaga, qui réunit les plus grands artistes de son temps, dont Andrea Mantegna qui peint La Camera degli Sposi en 1459  ; il y représente les membres de la famille de Ludovic Gonzague (Cf. photos 1 et 2). * Castello dell’Aquila - Abruzzes : construit en 1532 par les Vice-Rois espagnols pour défendre la ville contre les révoltes de la population (Voir ci-dessus à droite). * Rocca Pia di Tivoli - Latium : construite en tuf volcanique en 1458 par le pape Pie II pour s’assurer l’allégeance des habitants de la ville qui se révoltaient souvent, en hébergeant à Tivoli les troupes fidèles au Saint-Siège. C’est une grande forteresse carrée dotée de 4 tours d’angle ; elle a des murs de 4 m. d’épaisseur, et le pape la dota d’une fabrique d’armes pour mieux assurer son autonomie. C’est là qu’en 1539, le pape Paul III reçut Ignace de Loyola pour la création de la Compagnie de Jésus. En 1522, le pape Adrien VI avait supprimé la municipalité, soumettant définitivement la ville au pouvoir pontifical. * Castel Sant’Angelo de Rome : Ce fut le Mausolée d’Hadrien construit en 125 apr.J.C., transformé en forteresse pour protéger le Vatican lorsque les papes s’y installent au XIVe siècle ; il sert souvent de refuge, à Alexandre VI en 1494 quand Rome est occupée par Charles VIII, et Clément VII y résiste six mois aux lansquenets de Charles Quint en 1527. Depuis Léon IV en 852, il est relié au Vatican par une muraille, et plus tard, en 1277, on construira un couloir secret (le «  passetto di borgo  ») pour que les papes puissent y accéder sans passer par l’extérieur. * Castello di Miramare - Frioul - Trieste : Un dernier exemple de château de résidence, construit en 1856 pour l’archiduc d’Autriche,  empereur du Mexique, vice-roi de Lombardie-Vénétie,  Maximilien Joseph de Habsbourg, frère de l’empereur d’Autriche, et pour sa femme la princesse Charlotte de Belgique. Le duc Amédée d’Aoste y habita aussi. Il est d’un romantisme néo-médiéval et néogothique. Le parc est une sorte de jardin des merveilles, d’une grande richesse botanique, surtout de plantes non-européennes. Le château est aujourd’hui Musée historique. Page suivante