4.3. L’histoire des villes italiennes : VENEZIA - Le musée Peggy Guggenheim
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Peggy Guggenheim, son musée de Venise Marguerite «  Peggy  » Guggenheim est née en 1898 dans une riche famille juive de New York, sa mère, Fioretta Seligman, est la fille d’un riche banquier. Son père meurt dans le naufrage du Titanic, la nuit du 14 au 15 avril 1912, et on s’aperçoit alors qu’il a dilapidé presque toute sa fortune  avec ses maîtresses ; les oncles de Peggy la reconstituent en partie et à 21 ans, en 1919, Peggy se trouve à la tête de 450.000 dollars, somme importante à l’époque. Au lieu de rester oisive, elle va  travailler dans une librairie de son cousin, et en vivant au milieu des livres, elle découvre l’art, en particulier l’art abstrait et devient le «  vilain petit canard  » ou le «  mouton noir  » de la famille. Anticonformiste, mais pas très jolie, elle tente malgré tout une opération esthétique de son visage  ; l’opération rate et elle se trouve affligée d’un nez peu commun. Nymphomane, dit une de ses connaissances, elle épouse d’abord à Paris un artiste, Laurence Vall, écrivain bohême, avec qui elle a deux enfants, son fils Michael Cedric Sindbad et sa fille Pegeen. C’est alors qu’elle rencontre les milieux artistiques de Montmartre, en même temps que Man Ray, Isadora Duncan, James Joyce, Samuel Beckett, Marcel Duchamp qui devient son mentor en matière d’art. En janvier 1938, elle ouvre à Londres sa première galerie, la «  Guggenheim Jeune  », et elle se brouille avec Hilla de Rebay, la directrice du musée Guggenheim créé par son oncle Solomon à New York, à qui elle reprochera plus tard son caractère trop commercial. À cause de la guerre elle échoue à créer un Musée d’art moderne, malgré les conseils d’Herbert Read, un des principaux critiques d’art de l’époque. Elle vient alors à Paris, et achète quantité d’œuvres d’art à des prix très bas. Lors de l’entrée des Allemands à Paris, elle cherche à sauver sa collection au Louvre qui refuse, considérant qu’il ne s‘agit pas d’œuvres assez importantes et «  trop modernes  »  ; elle la cache dans un château sous des bottes de foin, puis c’est le musée de Grenoble qui les lui conserve. Plus tard elle pourra la récupérer à New York où elle s’était réfugiée, tout en aidant financièrement une filière américaine qui faisait évader par Marseille des Juifs et des artistes menacés par les Allemands, dont André Breton, Victor Brauner, Max Ernst, qu’elle épouse en 1942, et qui la quitte pour une jeune artiste, Dorothes Tanning, exposée dans ce qui fut la première exposition mondiale de femmes peintres dans une galerie que Peggy ouvre à New York en 1942, où elle fut la première à exposer des tableaux de Jackson Pollock, avec des œuvres de Jean Cocteau, Jean Arp, Constantin Brâncusi, Alexander Calder, Vassily Kandinsky, Yves Tanguy. Peggy devient «  ivre d’art moderne  » et elle réunit une des plus grandes collections d’art moderne. Peggy rentre en France en 1945, grâce à l’appui de Claude Lévi-Strauss alors attaché culturel, elle ferme sa galerie de New York en 1946 et en 1948, lors de la Biennale, Venise lui prête le pavillon de la Grèce pour exposer sa collection, qui fut un événement marquant. Elle achète alors, avec l’aide de la secrétaire du Comte Zorzi, le palais Venier dei Leoni, bâtiment original le long du Grand Canal, qui ne comporte qu’un rez-de-chaussée, car, commencé en 1749, il était resté inachevé, et elle s’y installe avec ses chiens, ses amants et toute sa collection, qui constitue un part centrale de l’art du XXe siècle  ; elle dispose dans l’entrée une statue de Marino Marini, dotée d’un énorme phallus amovible, qu’elle enlève quand des religieuses passent sur le Grand Canal  ; le musée n’ouvre qu’en 1952, à cause des tracasseries des douanes  ; elle expose les œuvres modernes avec des pièces d’art africain et océanien  ; elle laisse toute une pièce à sa fille Pegeen, elle-même peintre jusqu’à sa mort en 1967. Peggy reçoit à Venise beaucoup d’amis artistes, comme Pablo Casals  ; elle meurt en décembre 1979, ses cendres sont déposées dans le jardin du palais à côté de celles de ses chiens, et à côté d’un arbre planté par Yoko Ono. En juillet 2017 est sorti sur sa vie un nouveau film de Lisa Immordino Vreeland dont la presse dit grand bien (Cf. Le Monde du 29 juillet 2017), montrant combien sa passion pour l’art était inséparable de sa vie affective et sexuelle  ; mais totalement désintéressée de l’argent, elle fut aussi une mécène importante. D’autres films avaient déjà été tournés sur elle ou avec elle. Elle a publié sa biographie, Ma vie et mes folies, traduite en français (Plon, 1987). La collection Guggenheim du Palais dei Leoni est entre le pont de l’Académie et l’église de la Salute  ; elle est ouverte tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi et pour Noël. On y trouve Picasso, Braque, Duchamp, Léger, Picabia, Dalì, Giacometti, Joan Mirò, Max Ernst, René Magritte, Vassily Kandinsky, Jackson Pollock, beaucoup d’artistes américains modernes  ; de nombreux artistes italiens du XXe siècle, Modigliani (Ci-contre à droite : Ragazza con il bavero alla marinara, 1916), Morandi, Marini, Balla, Boccioni, Carrà, Russolo (Ci-contre à gauche, Solidità della nebbia, 1912), Severini, De Chirico (Ci-dessus  : La torre rosssa, 1913), Sironi, Soffici … C’est un des grands centres mondiaux d’art moderne, à ne pas manquer si vous allez à Venise, un raccourci d’histoire de l’art en une visite séduisante. (Collezioni Peggy Guggenheim, Palazzo Venier dei Leoni, 701 Dorsoduro, 30123 Venezia - E-mail  :  info@guggenheim-venice.it - Site Web  :www.guggenheim-venise.it) J.G. 31 juillet 2017