4.3. L’histoire des villes italiennes : Venezia
Si vous souhaitez plus d’informations sur l’histoire de Venise, lisez le Cahier de Jean Guichard, Pour mieux comprendre Venise, son histoire, son art (ce que vous
ne savez pas toujours quand vous n’allez à Venise qu’en « touriste » …), Éditions de l’INIS, mai 2012.
ÉLÉMENTS D’ HISTOIRE DE VENISE
(Conférence d’Annie Chikhi, à La Tour prend garde, le 9 octobre 2014)
LE SYMBOLE DE VENISE : le lion ailé
Jean d'Ormesson : « Venise, la ville où les lions ont des ailes et où les pigeons marchent »
Venise venait de s'installer définitivement « dans ses murs » en 811, elle avait besoin de légitimité. À cette époque Venise voulait surtout rivaliser avec la papauté
qui avait le corps de St Pierre, il était donc important d'avoir SA relique à elle, presque aussi prestigieuse que Pierre, le 2° évangéliste, l'ami de Pierre, Marc.
Quelle aubaine donc que ce corps volé à Alexandrie en 828 par deux marchands vénitiens qui le ramènent à Venise en le cachant dans une corbeille pleine de
morceaux de porc pour éviter que les musulmans n'y touchent !
Marc était donc tout trouvé puisqu'il était venu au 1° siècle, évangéliser les Vénètes, avait fait naufrage dans l'Adriatique et sa barque avait échoué a l'embouchure
de la Brenta. L'ange lui était apparu et lui avait dit que la paix soit avec toi, Marc mon évangéliste et il avait même ajouté : ton corps reposera ici. « pax tibi Marce
evangelista meus »
C'est cette phrase qui est inscrite sur l'Évangile que le lion tient sous la patte. Venise plantera ce lion partout dans la Méditerranée pour marquer sa domination.
Le symbole de l'évangéliste étant le lion, il est devenu celui de Venise. St Marc, le lion et Venise deviennent indissociables.
Quand Venise était en guerre, le livre était fermé et le lion tenait une épée
Le lion ailé de la place St Marc au sommet de sa colonne, c'est une chimère plus qu'un lion, on pense qu'il a été ramené d'Anatolie, lors de la 1° croisade (1095)
depuis il a toujours été installé sur sa colonne, sauf en 1797 Bonaparte le ramène à Paris avec les 4 chevaux de la cathédrale . Ouvrons ici la parenthèse
Napoléon.
Ces 4 chevaux en cuivre pur et non en bronze forment un quadrige qui ornait l'hippodrome de Constantinople. Ils datent du IV° siècle avant JC (technique de
datation moderne) et auraient été offerts à Néron pour décorer sa statue colossale à Rome, ramenés de Rome par Constantin pour décorer sa nouvelle capitale
de l'empire d'Orient, jusqu'à ce que les croisés en 1204, pillent totalement l'hippodrome qui n'était plus que ruine. Pourtant la ville était chrétienne … !
Mais on était Vénitien d'abord, chrétien ensuite, c'était le cri de guerre. On n'avait pas peur de voler, mais on en avait honte : on a gardé les chevaux cachés
pendant 50 ans car Venise (E. Dandolo- 4° croisade) avait honte d'avoir demandé à des Chrétiens d'agresser des Chrétiens, mais les croisés devaient payer leurs
dettes..... Bien avant les Ottomans en 1453 ce sont les Vénitiens qui ont mis à sac Constantinople. Quand enfin on ose sortir les chevaux, ils sont exposés au-
dessus du portail de S. Marc nouvellement terminé, comme symbolisant les 4 évangélistes, alors que chacun sait que ces symboles sont le lion, l'ange, le boeuf et
l'aigle.
Mais les Vénitiens en veulent toujours à Napoléon de les avoir humiliés en détruisant le symbole de leur puissance, il n'a fait que confirmer une vérité : Venise
vivait sur sa réputation depuis 2 siècles, elle n'avait plus de flotte, elle ne vendait plus rien, ne produisait plus de richesse, elle était minée de l'intérieur par la
corruption et les moeurs ramollies elle s'est écroulée sur elle même sans livrer bataille ( Ludovico Manin : 120° et dernier doge) mais c'est plus flatteur d'accuser
les autres, Napoléon en l'occurrence ! Il reste que c’est Bonaparte qui a détruit à jamais la République de Venise pour s’en emparer … avant de la remettre
« diplomatiquement » aux Autrichiens !
Certes Napoléon a emmené les chevaux à Paris, n'a pas fait que du mal à Venise :
il en fait un port franc pour relancer l'économie – sens des affaires.
il créé les jardins de Castello, et transfère le cimetière sur S. Michele - salubrité.
Il ferme la place S. Marc pour l'harmoniser avec les procuraties – grands travaux.
il créé le musée des beaux arts : l'Accademia dont Venise est si fière - culture.
il ouvre le ghetto en enlevant symboliquement les portes et les chaînes – humanité, liberté.
Mais tout cela les vénitiens ne veulent pas s'en souvenir ! Cela se comprend, c’était fait non pas pour Venise mais pour la mieux adapter à la domination
française. La meilleure preuve a 10 ans, en 2003, une statue en marbre commandée en 1811 par des commerçants pour remercier de la création du port franc est
retrouvée chez Sothbies à New York. Le comité français pour la sauvegarde de Venise l'achète pour la remettre à sa place originale : scandale et menaces - elle
est sous un verre blindé au musée Correr livrée et installée de nuit !
A la chute de Napoléon en 1815, l'empereur d'Autriche exige le retour des chevaux à Venise, le lion et les chevaux reviennent en grande pompe, mais bien sûr,
ce ne serait venu à l'idée d'aucun Vénitien de les rendre à Constantinople qui est leur véritable patrie ! Ils redescendront encore une fois pendant la dernière
guerre (peur des bombes). Mais Constantinople avait pris tout cela ailleurs, et il ne lui viendrait pas à l’idée de les réclamer !
Depuis 1980 le quadrige est protégé de la pollution à l'intérieur de la basilique.
LA LAGUNE PROTECTRICE = la naissance de Venise
Le premier chef d'oeuvre de Venise c'est sa lagune naturelle, protectrice.
La lagune est naturellement le résultat d'une interaction entre les fleuves et la mer. Les sédiments des fleuves durcissent au contact de la mer et forment des
cordons de sable qui délimitent un plan d'eau. En italien, ces cordons se disent « lido » et la nature bien faite laisse des estuaires (« des bouches ») faits par les
fleuves côtiers (3) pour que le flux et reflux des marrés renouvelle l'eau salée tout en emmenant les sédiments trop nombreux qui pourraient combler la lagune.
Les Romains n'occupent pas le site de Venise, il n'y a aucune ruine romaine à Venise, les Romains grand bâtisseurs avaient besoin d'une terre ferme, et à
l'époque romaine le site de Venise n'est qu'un marais salant.
Au V° siècle, sous la poussée des grandes invasions barbares, les îles de la lagune sont occupées par les populations qui venaient se réfugier dans ces îles
inhospitalières recouvertes à marée haute avec l'espoir de retourner sur la terre ferme un jour. Mais la domination lombarde s'intensifiant, elle pousse les
populations à s'installer de façon définitive. D'autant qu'à la fin du VI° siècle les premières îles définitives apparaissent. Torcello - la plus belle à l'époque - est
dotée d'une cathédrale (Santa Maria Assunta) ordonnée en 639, sur ordre de l'exarque de Ravenne.
Les Vénètes ont appris à se servir de ce lieu ingrat. C'est au prix d'un travail colossal que ces îles marécageuses et insalubres se sont transformées en territoires
habitables ; il a fallu lutter constamment contre l'ensablement qui aurait rattaché les îles à la terre ferme, comme ce fut le cas pour Ravenne 100 kms plus bas,
qui était un grand port romain et qui est de nos jours à 5 km de la mer. En cas d'attaque d'une flotte étrangère il suffisait d'abattre les pieux « le bricole » qui
balisaient les passes navigables pour que les cités de la lagune soient à l'abri de tout danger. Les deux fleuves Brenta et Sile qui débouchaient dans la lagune
sont détournés au XIV° directement dans l'Adriatique. Le grand canal (4 km) n'est rien d'autre que l'ancien lit de la Brenta.
Les peuples de la lagune se gouvernaient seuls sous l'autorité d'un « dux » représentant Byzance : le premier dux est élu en 697 mais on ne parlait pas encore de
Venise. C'est en 811 que le dux de l'époque se réfugie dans le groupe d'îlots de Rivo Alto pour échapper à Pépin le Bref, car en 3 siècles, les anciens pêcheurs
de la lagune étaient devenus de hardis navigateurs et d'habiles commerçants qui suscitaient les convoitises. La victoire maritime sur Pépin donna aux habitants
de la lagune le droit du libre commerce dans tout l'empire carolingien comme ils le faisaient déjà dans l'empire byzantin. Cet événement consacra vraiment la
naissance commerciale de Venise. Le dux devenu « doge » et les magistrats décidèrent en 811 de fixer leur centre politique au Rivo Alto (Rialto), Torcello
gardant le centre du commerce jusqu'au X° siècle.
Sure de sa force Venise exploite au maximum les avantages de sa situation géographique au débouché des cols alpins, et de la vallée du Pô, elle est le lien
unique entre les peuples du nord et le monde Arabe. Elle vend tout à tout le monde : les soieries, les épices, les étoffes, les esclaves en provenance d'Orient, le
drap des Flandres, les fourrures de Russie, le sel et le sucre ! Tout, absolument tout ce qui s'échange entre Europe du Nord et pays orientaux passe par Venise
qui encaisse des droits de douane faramineux. Venise bat monnaie dès 1284, elle a son ducat d'or, tout comme Florence a son florin !
En l'an 1000 Pietro Orseolo, un des plus grands doges de l'histoire, fait de l'Adriatique un lac vénitien en étendant sa force sur les côtes de Dalmatie (actuelle
Croatie). Cette victoire est célébrée chaque année le jour de l'Ascension par la cérémonie des épousailles de la mer par le jet d’un anneau d’or (« nous t'épousons
mer en signe de domination »). Voltaire disait que le mariage n'était pas valable car la mariée ne pouvait pas répondre. De nos jours c'est le maire de Venise qui
préside la cérémonie et jette une simple couronne de fleurs.
L'âge d'or de Venise coïncide bizarrement avec le temps des croisades : on allait sauver le tombeau du Christ, et on en profitait pour ramener tous les trésors de
l'Orient ! Venise a bénéficié d'avantages commerciaux exorbitants accordés par Byzance pour le commerce en Méditerranée, ce qui provoquera la jalousie de
nombreux ennemis (Gênes, Florence, Milan et surtout les Turcs)
A l'époque de Catherine de Médicis, Venise à elle seule était 3 fois plus riche que la France (15 millions d'habitants) et comptait 190.000 habitants. La richesse et
la puissance de Venise c'est son commerce et ses bateaux dans les mains d'une aristocratie marchande. Les marchandises étaient si importantes que chaque
bateau de commerce était escorté par une galère armée pour lutter contre la piraterie.
Lors de notre assemblée générale en mars, Jean Micard nous avait parlé longuement de la supériorité de l'arsenal de Venise dans le monde naval. Je n'y
reviendrai donc pas, sa présentation était très complète et précise, mais pour ceux qui n'étaient pas à l'A.G. je veux juste rappeler que l'arsenal de Venise était
capable de sortir 1 galère par jour grâce à la « gestion des flux de production » mise au point ici : préfabrication, pièces de rechange standardisées, montage à la
chaîne : en un jour on passait du stade de tas de planches à une galère toute équipée, avec la nourriture pour l'équipage, prête à prendre la mer. Le quartier de
Castello a été construit pour loger les 15.000 ouvriers de l'arsenal.
Cette supériorité navale a contribué à sauver le monde chrétien de l'invasion turque lors de la bataille de Lépante en 1571.
Les bateaux ramenaient de précieuses marchandises, mais aussi les rats, et les rats à l'époque c'était souvent la peste ! La 1ère épidémie frappa Venise en 1348
et régulièrement jusqu'en 1630. La peste s'arrêta avec le commerce. Venise a payé un très lourd tribu à la peste. On construisit beaucoup d'églises pour lutter
contre la peste ou remercier Dieu ou la Vierge, dont la Salute (100.000 morts en 1630) et le Rédempteur sur la Giudecca. On pourvut aussi Venise de chats pour
protéger la ville des rats.
Les guerres avec ses rivales ont affaibli Venise mais il y a eu surtout en 1492, la découverte de l'Amérique par Christophe Collomb. Vasco de Gamma passe le
cap de Bonne espérance 5 ans plus tard, Magellan fait le tour de la terre. Le commerce ne se fait plus sur l'Adriatique, mais sur l'Atlantique en faveur des
Portugais et des Espagnols, les nouveaux maîtres. Le monde s'agrandit, Venise n'en est plus le centre.
Son déclin commence, mais elle va vivre longtemps encore sur sa lancée grâce à la fortune amassée pendant 7 siècles.
Les dangers de Venise
Pour mieux apprécier ce que l'on voit, il faut parler des dangers qui menacent et qui font que Venise s'enfonce dans les eaux, à cause de cette domination
humaine « nous t'épousons.... en signe de notre domination »
C'est indéniable que depuis sa construction au XII°/XIII° siècle Venise s'est enfoncée , les anciens avaient prévu 1 à 2 cm par siècle à cause de la gravité
naturelle, mais le XX° siècle l'a enfoncée de 35 cm ! La lagune est plus petite que le lac Léman, elle mesure 50 kms sur 10 et elle ne fait que 5 mètres a son
endroit le plus profond. Elle est si peu profonde que pendant l'hiver 1929 elle a complément gelé et on pouvait aller à pied sur le continent ! C'est dire que toutes
les interventions humaines ont un impact immédiat sur cette petite surface. On parle régulièrement du phénomène de l’« Aqua Alta », il est naturel et les anciens
y avaient pensé. L'A.A. C'est la conjonction de 2 vents qui soufflent en même temps (du S. et du S.E.) l'eau est poussée dans le fond de l'Adriatique: la lagune ne
peut pas se vider. Les bases de toutes les maisons sont en pierre d'Istrie inattaquable qui résiste à l'eau, mais là aussi on est passé de 2 A.A. à 30 par an.
Ce que le XX° siècle a ajouté aux marées c'est:
le pompage des nappes phréatiques et du méthane du sous sol qui agissaient comme des ballons gonflés, plus de gaz : le sol s'affaisse ;
Porto Margherra pompe l'eau et rejette les nitrates et autres produits azotés = disparition des algues qui stabilisaient les fonds ;
la pêche illicite des coquillages à « l’aspirateur » qui arrache les fonds ;
et depuis peu les navires de croisière du type « Costa » plus haut que les plus hauts monuments de Venise ! Je suis foncièrement opposée au passage des
« Costa ou autres» qui n'apportent rien à la ville : on mange sur le bateau..., ces croisièristes rapportent de l'argent au port ! Et il paraît qu'une croisière en
Méditerranée vaut plus cher si on passe au raz de la place S. Marc !
LA SPLENDEUR
Venons en maintenant rapidement parce qu’il faudrait trop de temps, à la splendeur de Venise et à un autre de ses symboles, la place Saint Marc.
Régulièrement inondée par « l'aqua alta » (elle est 60 cm au dessus de la mer à l'endroit le plus bas) régulièrement envahie par 23 millions de touristes chaque
année et constamment restaurée, je ne l'ai jamais vue sans échafaudage ! Pourquoi attire-t-elle autant ? Parce que c'est une machine à remonter le temps.
La première église bâtie pour abriter le corps de S. Marc ayant brûlé en 976, le doge de Venise décide de rebâtir sa chapelle privée : une autre église à la hauteur
de sa puissance et de sa prospérité, plus qu'une église, une basilique qui sera consacrée en 1094 : celle que nous avons toujours sous les yeux à la mode
byzantine, forme de croix grecque avec 5 coupoles, une véritable bande dessinée de l'ancien testament, le pavage du sol qu'on oublie souvent de regarder à force
de lever le nez vers les mosaïques, le rétable en or, la loge des magnifiques chevaux.
En passant derrière les chevaux sur la loggia, on a une vue complète de la place construite entre le X° et XII° siècle :
le Campanile abrite les 5 cloches de S. Marc , il s'écroula sur lui même le 14 juillet 1902, sans faire aucune victime et fut reconstruit à l'identique.
Les 3 mats porte étendards des 3 républiques soumises : Chypre, Crète, Dubrovnick.
Les 2 colonnes de la Piazzetta rapportées d'Orient, où avaient lieu les exécutions capitales (ça porte toujours malheur de passer entre elles !), avec le lion
de S. Marc et S. Théodore dessus ( la 3e est toujours au fond de la lagune).
la tour de l'horloge et les 2 Maures – du XVIIIe siècle - qui sonnent les heures. A noter que sous la Vierge, il y a des portes qui à l'époque de la construction
laissaient entrer et sortir les 3 rois mages en bois dorés. De nos jours, ils ne sortent qu'un jour par an, le jour de l'épiphanie.
les procuraties qui étaient ce qu'on appellerait aujourd'hui les ministères : la gestion de la ville était l'affaire de 6 procurateurs. De nos jours elles abritent le
musée Correr, musée de la ville de Venise et au rez-de-chaussée les deux grands cafés historiques, le Florian et le Quadri, je vous en reparlerai.
la Basilique c'était la chapelle privée du Doge, pas celle de la ville de Venise qui était à Castello. En redescendant sur la place, entre les deux colonnes, on
a cette enfilade de St Marc et du palais en marbre rose et blanc fermée par les 2 colonnes : le plus beau salon du monde selon Musset !
Venise n'a qu'une seule « place » (« piazza »), c'est elle, dessinée et régulière depuis le XIII° (comblement du rio Batario). Les autres sont des « campi », parce
que c'étaient des champs avec de l'herbe (comme encore aujourd’hui à Castello) et des vaches, d'où leurs drôles de formes !
Le palais des doges mérite une visite d'une journée à lui seul tant il est riche d'histoire. Ici était concentrée toute l'organisation de la République : le pouvoir
politique du doge, des procurateurs et du Grand Conseil, mais aussi la justice (pont des soupirs) la police, les ambassades. En fait le doge dès le XII° siècle a vu
son pouvoir personnel diminuer au profit des décisions des conseils, il n'avait aucune initiative : c'était la reine d'Angleterre de l'époque. Mais pour les monarchies
européennes, il restait le symbole de Venise, il convenait donc de le faire habiter dans un lieu digne de lui.
Il faut y visiter aussi les itinéraires secrets : la forêt de poutres qui tient suspendu dans le vide le plafond de la salle du grand conseil, 54 mètres de long, chef
d'oeuvre de Véronèse, les salles de torture raffinées, la prison des plombs, la cellule de Casanova, l'enfant célèbre, son évasion certifiée par les factures du
menuisier !
A la fin de son âge d'or (XV° et XVI°) Venise a dominé le monde de la peinture, jamais plus on ne verra une pareille concentration de talents vénitiens, une telle
attirance des peintres pour un lieu : Carpaccio donne l'illusion de la réalité avec ses transparences, il abandonne définitivement les fonds dorés des icônes. Les
Bellini père et fils introduisent la peinture sur toile et à l'huile (invention flamande) et ouvrent l'ère des grands vénitiens : Giorgione, Titien, Tintoret et
Véronèse. Où que l'on se promène à Venise on peut toujours avoir la bonne surprise de tomber sur une église où un de ces grands a peint une oeuvre. Puis le
filon s'épuise, au XVIII° c'est Canaletto et les védutistes qui réalisent les premières « cartes postales » pour les « premiers touristes » et les Tiepolo père et fils
et leurs fresques inimitables dans les maisons de campagne des riches vénitiens sur la Brenta et à Ca’ Rezzonico. Et cela continue en réalité au XIXe siècle, mais
nous y sommes moins attentifs.
Outres les richissimes marchands qui voulaient embellir leurs maisons, les peintres avaient pour clientèle les « scuole » qu'une mauvaise traduction dirait « école
», mais non, cela n'avait rien voir avec une école au sens moderne.
C’étaient des corporations des métiers (plutôt chambre de commerce) à but charitable, où chacun devait participer à soulager les misères de la population. Il n'y a
jamais eu de révolte populaire à Venise, car elle avait « inventé » les restos du coeur : dans chaque paroisse il y avait une distribution presque gratuite de
viandes de basse qualité (saucisses d'abats). Les « scuole » formaient les apprentis, réglaient les horaires de travail, le prix des marchandises... chaque
corporation avait son église, son saint protecteur et sa salle de réunion. Comme les affaires marchaient très bien, les corporations étaient riches et faisaient
décorer leurs locaux par les grands artistes, ce qui explique que vous pouvez tomber sur un chef d'oeuvre n'importe où !
Les plus remarquables de ces « scuole » restées en l'état, sont celles de San Rocco, véritable musée Tintoret, et celle de San Giorgio Schiavoni décorée par
Carpaccio.
Il y avait des corporations pour tous les métiers : barbiers, pharmaciens, rameurs, même celle des personnes qui accompagnaient les condamnés au supplice !
Du côté de l'architecture aussi, Venise s'éloigne du byzantin, sans passer par le style roman (comme partout en Europe) les façades de St Marc et des doges
terminées respectivement en 1340 et 1365 marquent le passage du byzantin vers un style vénitien plus européen avec le trèfle et les arcatures bi ou trilobées : le
gothique fleuri, c'est celui qui marque le plus la ville : la Ca' d’Oro plaquée d’or.
Venise prend son indépendance artistique en décidant de former des mosaïstes sur place - à Murano - à la fin du XIII° siècle. Jusqu’alors ils venaient de Byzance.
Les premiers fours de verriers étaient établis dans Venise, mais le risque d'incendie les fit transférer sur l'île de Murano toute proche. C'est la version officielle et il
y avait un réel risque. Il y avait une 2e raison plus obscure : la fuite du savoir ! il fallait que les ouvriers soient surveillés pour ne pas vendre leur savoir-faire à
l'étranger.
Un maître verrier était tellement considéré qu'il pouvait épouser une aristocrate, mais sa désertion était passible de la peine de mort !
Venise a donc eu le monopole du verre pendant plusieurs siècles ce qui désespérait Colbert, le ministre de Louis XIV qui voyait la balance déficitaire de la France
se creuser à cause du verre.
À Venise, on ne connaît pas le cristal, seulement le verre (Le cristal sera découvert fortuitement par les anglais au début du XVII°).
Colbert réussit à obtenir en 1665 le secret de la fabrication du verre et créa « la manufacture royale des glaces et des miroirs » qui existe toujours : c'est St
Gobain, juste à temps pour que les glaces de Versailles soient une pure fabrication française.
Il a également créé « la manufacture royale de dentelles d'Alençon » pour lutter contre la domination du point de Venise (qui venait de Burano).
Tous ces chefs d'oeuvre de peinture, de verre, de pierre sont les parties visibles de Venise, la partie visible de l'iceberg ! Mais qu'en est il des fondations de ces
superbes maisons, églises, palais dans une lagune par définition mouvante et molle ? C'est évidement un tour de force de construire des bâtiments aussi lourds
que le palais des doges, le pont du Rialto, ou l'église de la Salute sur un sol aussi mou et mouvant. La solution : les pieux de mélèze. Venise est bâtie sur des
forêts de mélèze (de nos jours remplacés par du béton) toutes les maisons de la plus petite à la plus grande ont le même plan.
Les pieux de 5 mètres de long traversent le fond boueux de la lagune jusqu'à la couche argileuse compacte, on pose dessus un plancher - toujours dans l'eau -
qui soutient les pierres d'Istrie très dures et qui elles sont sur la ligne d'eau et par dessus le tout les murs de briques - théoriquement hors de l'eau - recouverts
d'un enduit ou pas, de marbre ou pas ! Il faut 5 à 9 troncs au mètre carré pour que ce soit solide. Et rien que pour le pont du Rialto il a fallu 12.000 troncs et pour
la Salute 1.000.000 de troncs : plusieurs forêts sont enterrées sous Venise. Si ces pieux ne sont jamais en contact avec l'air, ils se calcifient et deviennent de plus
en plus résistants, sinon ils pourrissent !
Beaucoup pensent que Venise est sur pilotis, non ce n'est pas une cité lacustre, si toute l'eau se retirait, on ne verrait pas les pilotis : Venise est construite au ras
de l'eau, mais sur la terre ferme des îles qui la constituent : Venise c'est 40 îles reliées par 400 ponts. Jusqu'au XIII° siècle ces ponts étaient en bois et plats pour
que les chevaux puissent passer, lorsqu'on a commencé les ponts en pierre en dos d'âne pour faire passer les bateaux, les chevaux n'ont plus pu passer. Les
ponts sont restés sans parapets jusqu'au XVIII° (jeu et joutes).
Les palais le long des canaux (le grand canal ou les autres) ont tous la même structure sur 3 niveaux, à la fois entrepôt commercial et résidence du marchand. Au
rez-de-chaussée, un magasin où les marchandises arrivent par bateau bien sûr, le portique est sur le canal, le portail sur la terre.
Toutes les maisons marchandes ont une double entrée côté canal et côté terre. À mi-hauteur de ce magasin, une mezzanine (mezza = moitié) abrite le bureau du
maître et la comptabilité. Au 1er étage : le « piano nobile » la résidence du marchand, mais surtout lieu des réceptions, des bals et d'exposition de
marchandises : sa vitrine en somme. Lieu aussi de tout le luxe : c'est là qu'on montre ses tableaux, ses miroirs, ses étoffes, sa richesse ! Au sol pas de marbre
qui casse, mais le « terrazzo ».
Les hautes fenêtres allègent le poids de la façade. Au deuxième étage, les domestiques et le personnel du magasin font partie intégrante de la maison : modèle
de société patriarcale. Souvent par-dessus le toit : une « altana », petite terrasse légère en bois pour prendre le frais et se blondir les cheveux « blond vénitien »
(le blond vénitien c'est du jus de coing et du suc de troène qu'on met sécher au soleil).
Et puis les cheminées évasées en cornet pour éviter le retour des escarbilles qui pouvaient mettre le feu. Toutes les maisons de Venise sont construites sur ce
type, sauf au Ghetto où ne pouvant s'élargir, les maisons sont montées jusqu'à 7 voire 9 étages.
Les Vénitiens ont toujours eu beaucoup plus peur du feu que de l'eau. On comprend pourquoi quand on voit les dégâts de la Fenice en 1996, qui était un incendie
criminel, reconstruite à l'identique en partie grâce au film de L. Visconti « Senso ».
Venise n'a pas d'eau douce, c'est un comble ! Depuis le milieu du XIX° l'eau vient du continent dans un pipe-line qui passe dans le pont du chemin de fer. Mais
avant c'étaient les Cisterne (les puits)qui alimentaient Venise en eau douce. Elles font partie du paysage vénitien toutes plus jolies les unes que les autres, elles
étaient souvent sur la place d'une église sur un Campo. Ces puits permettaient de récupérer l'eau de pluie par 4 bouches aux 4 coins de la place, l'eau est filtrée
dans des strates de gravier et sable et est stockée dans une grande vasque étanche en argile.
Lors de la 2° guerre mondiale, Porto Margherra était une cible et craignant que des bombardements endommagent le pont du chemin de fer, les cisterne ont été
nettoyées... et elles marchent toujours.
Même sur le déclin Venise est toujours restée le symbole du bon goût et elle a eu des ressources jusqu'au XVIII° siècle avec la banque, le casino, l'imprimerie (les
partitions musicales), ses courtisanes et.... son carnaval.
Venise ne produisait plus de richesses, mais offrait des lieux de plaisir. On consultait un guide des courtisanes tout comme de nos jours on consulte le guide
Michelin pour choisir un bon restaurant !
Un de ces plaisirs est le café qui arrivait de Constantinople et qui était bien évidement du café à la turque avec le marc dedans. Le premier café fut le Florian, sur
la place S. Marc. Ouvert en 1720 il s'appelait « la Venise triomphante », il disparut sous Napoléon puis reprit le nom de son fondateur Floriano Francesconi sous
l'occupation autrichienne (les Autrichiens aiment beaucoup le café « Viennois »). Les magnifiques décors XVIII° ont été restaurés à l'identique après un incendie
au début des années 2000.
En face le Quadri et le Lavena, (moins connu). Chacun a son orchestre qui joue des valses lentes, on se croirait chez Marcel Proust. Au XVIII° il y avait 34 cafés
sous les arcades des Procuraties.
On venait surtout dans les cafés pour entendre les nouvelles du monde entier et lire la Gazetta, premier journal du monde créé au XVI° siècle et qui valait 1
gazette soit 2 sous en cuivre.
Parenthèse
Malgré tous les dangers qui la menacent , on pense que Venise est arrivée jusqu'à nous épargnée par les siècles. Il n'en est rien, la plus belle maison et la
plus représentative, la Ca D'Oro. est là depuis le début du XV° siècle, construite à l'emplacement d'un ancien palais plus petit qu'elle : lors de la construction, on a
voulu récupérer les pieux qui n'étaient pas assez nombreux : résultat elle s'est immédiatement enfoncée de 70 cm, ce qui explique que le rez de chaussée soit
presque toujours dans l'eau. Pourtant on n'avait pas lésiné sur la qualité des architectes ni des matériaux, il la fallait comme le palais des doges (toit pour cacher
les tuiles) et façades en dentelles de pierre réalisées par Matéo Raverti, l'architecte qui venait de terminer le dôme de Milan. Construite de 1421 à 1440 c'est une
façade fondamentale du gothique vénitien et la rupture définitive avec le byzantin. Pour lui donner grand air on avait plaqué 23.000 feuilles d'or sur le marbre
d'où son nom. Cependant la fortune de Venise déclinant, elle n'a pas été entretenue comme elle le méritait, en 1802 elle est vendue comme « ruine », mais le pire
est à venir : en 1840 un prince Russe l'achète pour loger sa danseuse Maria Taglioni, la demoiselle ne trouve rien de mieux à faire que de la mettre au goût du
jour : suppression de la citerne, de l'escalier extérieur, et des loggias pour les remplacer par des balcons en fer forgé.... on était à l'époque Gustave Eiffel, le métal
est à la mode. C'est en 1894 que le baron Franchetti la rachète, retrouve chez les antiquaires, toutes les pièces vendues par la danseuse et rend enfin à la Ca’
d'Oro sa splendeur passée. A sa mort il en fait don à l'État. Après toutes ces vicissitudes elle est redevenue comme avant, l'or en moins....
A l'époque « Dada » le futuriste italien Marinetti trouvait Venise symbole du passé et de l'académisme. Il voulait combler le grand canal pour en faire une
autoroute et faciliter la circulation.
De nos jours, le danger menace toujours : On a beau s'appeler Venise on n'est pas à l'abri de la cupidité des promoteurs immobiliers.
* Il y a quelques années, c'est le marché du Rialto vieux de 1000 ans, qui avait été menacé de devenir un centre commercial, ça ne s'est pas fait, mais...
* Venise toujours à cours de liquidité a vendu à Benetton le Fondaco dei Tedeschi (qui abritait l'ancienne poste de Venise) en pensant qu'il allait lui rendre son
prestige passé. Benetton se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, il veut créer un centre commercial (encore) avec boutiques, cinéma,
librairie genre FNAC etc... mettre un toit en verre, installer des escaliers roulants de toutes les couleurs : une horreur ....
* Et puis sur la terre ferme, sur la ruine de Porto Marghera, le couturier Pierre Cardin veut édifier une tour à sa gloire, à sa réussite, un palais des lumières de plus
de 245 mètres de haut qu'on verrait de Venise bien sûr ! Aux dernières nouvelles, son prêt pour acheter le terrain a été refusé, et il menace d'aller en Chine édifier
son emblème.
LE CARNAVAL DE VENISE
On ne peut pas parler de l'histoire de Venise sans évoquer le carnaval même si celui que nous connaissons de nos jours est loin de l'original.
Les masques existent dans toutes les civilisations, depuis la nuit des temps et la religion catholique qui l'a associé au début du carême n'a fait que reprendre
d'anciens rites saisonniers qui marquaient le passage de l'ancienne année à la nouvelle, de la nuit au jour, de la mort de la nature à sa renaissance. À Venise où il
était difficile de passer inaperçu, on cherche l'anonymat : le masque était la solution pour s'adonner à tous les excès. Les Romains avaient les saturnales, Venise
le carnaval.
Le mot carnaval apparaît vers le X° ou XI° siècle, il vient probablement du bas latin carnem levare : enlever la viande, c'est le début du carême de 40 jours avant
Pâques. Mais à Venise le carnaval durait 6 mois : d'octobre à Noël, de la St Etienne 26 décembre au carême, plus le jour des épousailles de la mer - pour
l'Ascension -, le 25 avril la St Marc, etc.... toutes les occasions sont bonnes pour se déguiser de façon grandiose. Les tout premiers carnavals officiels qui
célébraient la victoire en 1163 du doge Ulrico Dandolo sur le patriarche d'Aquiléa sont vite abandonnés pour devenir des fêtes populaires où tout le monde
participe.
Au XVIII° le masque est le maître de Venise, du plus riche au plus pauvre tout le monde se masque : les servantes sont des grandes dames et les grandes dames
peuvent s'encanailler sans risque pour leur réputation : on joue sans payer ses dettes, on couche avec n'importe qui, il y a même des règlements de compte
sanglants. Mais de fêtes en fêtes Venise est au plus bas en 1797, Bonaparte interdit le carnaval, les Autrichiens feront de même : le coeur n'y est plus.
Pendant 182 ans, on ne parlera presque plus du carnaval de Venise !
Mais il a laissé une telle empreinte dans la mémoire collective, qu'en 1979 à la faveur des mouvances du retour aux racines, de la quête de son identité,
quelques jeunes vénitiens décident de ressusciter le carnaval entre eux, de faire la fête dans leurs quartiers. La vague plait : d'abord les Romains, les Milanais
viennent faire le carnaval à Venise avec eux, puis la vague devient très rapidement un tsunami international : on vient du monde entier au carnaval (américains,
australiens, une armada de japonais et une quantité de Français !)
On estime à 1 million de personnes, les participants au carnaval pendant 10 jours !
Pourquoi se costume-t-on de nos jours ?
De nos jours où plus rien n'est interdit, où l'anonymat et la solitude sont considérés comme des défauts de la société, on ne va plus à Venise pour préserver son
anonymat bien au contraire on va se faire admirer, photographier.
On n'y va que pour ça ! C'est très narcissique d'être un masque vénitien.
Le costume symbolique de Venise c'est le « Tabarro » (longue cape noire) et la « bauta » (capuchon de soie cachant toute la tête) rien ne doit dépasser, un
tricorne et un masque en papier mâché blanc écarté au niveau de la bouche pour pouvoir manger, boire, parler, et le garder toute la journée.
Les personnages de la commedia dell’Arte très populaires (Arlequin, Polichinelle, Pierrot et aussi les médecins de la peste) sont de plus en plus remplacés par
des masques éblouissants et éthérés, avec une grande créativité dans les costumes.
L'admiration de ces milliers de photographes, c'est la récompense, c'est notre salaire, d'un an de travail pour réaliser le costume. On se costume pour avoir le
plaisir une fois dans l'année de se prendre pour Adriana Karembeu ou Angelina Jolie avec une nuée de photographes aux trousses !
Pour finir Je reviens à la gondole, car la gondole est indissociable de Venise et emblématique, tout comme le lion et la place S. Marc !
L'histoire de la gondole remonte à l'an mille. Son aspect actuel : toute noire, laquée, sans toit date de 1663, il a fallu un édit du grand conseil pour mettre fin à
l'escalade de luxe des gondoles et les habits chamarrés des gondoliers trop luxueux pour la République. C'était l'équivalent du carrosse terrestre, la Ferrari de
l'époque ! Les gens dépensaient des fortunes pour agrémenter leur gondole, c'était un signe extérieur de richesse, on possédait évidemment plusieurs gondoles
qu'on attachait aux Paline ces poteaux colorés en spirale qu'on voit encore partout ; les couleurs étaient celles de la famille. Plus il y avait de Paline plus on était
riche !
Chaque gondole avait son gondolier et chaque gondolier avait son chant qui lui servait de guide sonore dans le brouillard : la barcarolle typiquement vénitienne.
Le « chant des gondoliers » n’était que fonctionnel !
Au XVI° siècle il y avait 10.000 gondoliers - de père en fils -. De nos jours la confrérie est de 400 gondoliers promenant les touristes dans des circuits bien
délimités.
La gondole était un cadeau d'apparat qui s'offrait aux souverains étrangers : Louis XIV a reçu 2 gondoles et 4 gondoliers. A Versailles sur le grand canal, il existe
un restaurant qui s'appelle « la petite Venise » : c'est l'ancien bâtiment où étaient abritées gondoles et gondoliers. La gondole était vraiment le symbole de la
richesse, mais aussi le moyen de locomotion le plus pratique.
Tout est très précis dans la gondole : elle est dissymétrique et courbe pour compenser le poids du gondolier qui monte à l'arrière gauche. C'est une barque à fond
plat de 10 mètres de long pour naviguer sans profondeur, aucune quille possible (50 cm par endroit). Une seule rame qui tient sur la « forcola » sculptée d'une
seule pièce dans du noyer. C'est le levier de vitesse de la gondole, chaque échancrure permet de ramer droit, faire marche arrière, tourner à droite, à gauche....
une « forcola » coûte 1300 euros, elle nécessite 3 jours de travail. Le bloc de bois doit sécher pendant 2 ans avant la taille, le gondolier le choisit en fonction de
ses goûts : en cerisier, en noyer, etc...
Le fer de proue en inox - le « fero » - représente, dit-on parfois, les 6 quartiers de Venise plus la Giudecca sous la protection du Doge (on voit la corne ducale,
qui est le bonnet phrygien des byzantins, la corne ducale c'est la couronne du doge en velours, ornée de pierreries). Sous la corne ducale c'est le pont du Rialto,
premier lieu habité de Venise.
On peut encore voir dans le quartier de San Trovaso sur les Zatere, l'un des derniers ateliers de gondole (le plus grand en tout cas).
Une gondole nécessite 2 mois de travail et coûte 35.000 euros (prix octobre 2013) il faut 15 à 20 couches de vernis, elle dure environ 20 ans.
Resteraient encore à détailler :
les grands musées : l'Académie et la Ca’ Rezzonico, Palazzo Guggenheim et Punta Dogana de François Pinaut, et une dizaine d’autres…
les grandes églises : la Salute (les noces de Cana – Tintoret), San Zanipolo et les moins grandes (il y en a 120) et les grands peintres qui les ont décorées peu
ou prou.
la musique – Vivaldi, enfant du pays, les théâtres lyriques (Fenice et Malibran), et Benedetto Marcello, et les chanteurs contemporains,
les îles – S. Michele (le cimetière), Murano, Burano, Torcello, la Giudecca, et toutes les délicieuses petites îles de la lagune,
les courtisanes, Casanova et Goldoni (qui créa un autre théâtre que la Commedia dell’Arte)
le cinéma et les écrivains inspirés par Venise, ils sont légion.
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