La grande crise économique et sociale du XVIIe s. et l’augmentation conséquente de la
paupérisation sont à l’origine de la création de nombreuses autres confréries laïques ou
religieuses qui ouvrent des hôpitaux pour les mendiants, des instituts destinés à accueillir les
enfants abandonnés, les jeunes filles pauvres exposées au risque de la prostitution et à qui on
procure des dots, les prostituées repenties, les veuves, les femmes mariées en situation de
crise conjugale, les incurables, les juifs convertis, les nobles déchus. La solidarité se double
d’une idéologie de l’enfermement : on isole les pauvres, on élimine la mendicité du centre
des villes et on limite les risques de contagion en cas d’épidémie ; il s’agit aussi de réintégrer
dans la main-d’œuvre active des travailleurs temporaires tentés de préférer la mendicité. En
1623, il y a à Naples 180 congrégations laïques qui assistent aussi les prisonniers et enterrent
les morts (cf. le tableau du Caravage, Les sept œuvres de miséricorde) ; les corporations ont
également leurs « Monti » qui aident les femmes en difficulté de la corporation
Le nouveau Palais royal est construit par Domenico Fontana en 1600-1602. Les
murailles s'étendent vers le Nord, incluant Castel S.Elmo ; les demeures patriciennes se
multiplient (Palais Orsini, Marigliano, Corigliano, Donn'Anna à Posillipo) ; les places se
décorent de fontaines et de monuments. L'architecture religieuse est marquée par Francesco
Grimaldi (S.Paolo Maggiore, Ss.Apostoli, S.Maria degli Angeli a Pizzofalcone) et par Cosimo
Fanzago ( Chiesa dell'Ascensione a Chiaia, S.Maria degli Angeli alle Croci, S. Ferdinando,
S. Giorgio Maggiore, S.Giuseppe delle Scalze, S.Teresa a Chiaia, S.Maria Egiziaca, décoration
de la Chartreuse de S.Martino). Domenico Antonio Vaccaro décore le cloître de Santa Chiara.
Ces œuvres témoignent de l'interprétation napolitaine du baroque, dont est retenu surtout
l'aspect extérieur, la virtuosité de la décoration et la préciosité, tandis que l'espace intérieur
reste classique.
Le maniérisme pénètre à Naples avec l'arrivée de Vasari en 1544, du siennois Marco
Pino (1517-1579), d'artistes flamands et de Francesco Curia (1565-1608). Séjour à Naples du
Caravage (1606-1607, puis 1609), qui ne peint à Naples que deux toiles mais dont l’influence
sera décisive sur toute la peinture du XVIIe siècle : les peintres « caravagesques » Battistello
Caracciolo (1578-1635), Carlo Sellito (1581-1614), Filippo Vitale (1585-1650), Jusepe de Ribera
(1591-1652) et son élève, Luca Giordano ((1634-1705). D’autres courants de la peinture baroque
sont représentés par Massimo Stanzione (1585-1658), Micco Spadaro (1609-75), Giovanni
Lanfranco (de 1633 à 1646), Francesco Fracanzano (1612-56), Mattia Preti (à partir de 1656),
Francesco Solimena (1657-1747).
Poésie : G.B. Marino (1569-1625) ,auteur de l'Adone ; Torquato Tasso (1544-1595). Une
des grandes époques de la littérature dialectale napolitaine: F. Sgruttendio, G.B. Basile (1575-
1632), auteur des fables du Pentaméron, G.C. Cortese (1575 - 1627).
La guerre de succession d'Espagne fait tomber Naples aux mains des Habsbourg
(Autriche) de 1707 à 1734 ; puis la guerre de succession de Pologne établit sur le trône
Charles de Bourbon, fils cadet de Philippe V et d’Elisabeth Farnese (duchesse de Parme et
Plaisance) et arrière-petit-fils de Louis XIV : Charles chassa les Autrichiens et fut reconnu Roi
de Naples et de Sicile, tandis que son frère Philippe devenait duc de Parme. Naples
redevenait capitale d'un royaume indépendant, mais la domination espagnole la laissait en
proie à une décadence économique grave et au pouvoir de la hiérarchie ecclésiastique.
C’est sous la domination autrichienne que la ville amorce cependant sa reprise
économique et culturelle. Vienne laisse une large autonomie à l’administration napolitaine et
soutient même la politique de réforme, en particulier dans la lutte contre les privilèges
ecclésiastiques menée par Pietro Giannone (1676-1748), l’historien et juriste auteur de La
Storia civile del Regno di Napoli (1723) censurée par la Curie romaine.
7) Enfin une monarchie autonome ! Le règne des Bourbons (1734-1860). Une
amorce de réforme. Le traumatisme de 1799.
Les Bourbons ouvrent de nouvelles voies de développement de la ville, en direction du
Vésuve où se multiplient les résidences d'été des princes. On leur doit l'agrandissement du
Palais Royal, la construction d'une nouvelle résidence royale à Capodimonte (au milieu d'un
grand parc où le roi Charles pouvait satisfaire sa passion de la chasse), le Théâtre San Carlo
(projeté par Giovanni Antonio Medrano et inauguré en 1737), l'Albergo dei Poveri (Hospice de
vieillards, orphelinat, accueil des vagabonds et éducation au travail. Architecte : Ferdinando
Fuga, 1751), la Caserne de Cavalerie de la Maddalena (Architecte : Luigi Vanvitelli), le Musée
National, la Bibliothèque. Le Roi fait commencer les fouilles d'Herculanum et de Pompéi ; il
fait transférer à Naples les richesses artistiques accumulées pendant deux siècles à Parme
par les Farnese ; Ferdinand fera de même avec les chefs-d’œuvre de la sculpture romaine
antique. Tout cela consolide le prestige des Bourbons déjà établi sur le dynamisme de leur
politique économique. Naples devient, plus que jamais, une capitale de la culture européenne.
Un des premiers actes administratifs de Charles III fut d'étendre les impôts aux biens de
l'Eglise, ce qui lui permit de tripler les ressources du Trésor public. Il encouragea la création
des « manufactures » (porcelaine, biscuit, tapisserie, faïence, pierres dures, soie, armes,
métaux, argent et cuivre doré) et la reprise du commerce. Le développement des routes, la
meilleure viabilité urbaine, les grands travaux publics furent des investissements qui
stimulèrent l'industrie et le commerce.
La peinture napolitaine du XVIIIe siècle s’affirme dans toute l’Europe, de Vienne à
Madrid, tandis que viennent travailler à Naples les peintres français (Vernet, Volaire, Poussin),
anglais (Lord Hamilton, William Parrott, Edward William Cooke, Pietro Fabris, précurseur de
l’Ecole de Posillipo), allemands (JakobPhilip Hackert, l’ami de Goethe). Naples exporte aussi
sa musique : créatrice des « conservatoires » au XVIe siècle, la ville triomphe au XVIIIe
siècle par sa musique théâtrale, ses opéras. Le Théâtre San Carlo, le plus grand d’Europe, fut
un centre de diffusion de la musique napolitaine. Alessandro Scarlatti, Niccolò Porpora,
Leonardo Leo, Leonardo Vinci, Nicolò Jommelli, Nicolò Piccinni sont formés dans les
conservatoires de Naples mais écrivent pour Vienne et pour d’autres villes européennes ; le
poète Pietro Metastasio a travaillé à Naples où sont formés aussi nombre de grands
chanteurs, en particulier les castrats. Les Napolitains inventent « l’opera buffa », produisant
des chefs-d’œuvre comme La serva padrona de Pergolesi (1733), - représentée avec succès
à Paris -, L’idolo cinese de Paisiello (1767).
Par contre, malgré la présence de grands architectes et la réalisation de nombreux
palais et églises, qui donnent à Naples une dimension européenne par la richesse de sa
décoration et la scénographie de ses places, l'absence de tout plan d'urbanisme crée une
situation de désordre et de congestion : la densité de la population a augmenté (Naples a
350.000 habitants en 1750) et le manque de surfaces libres oblige à construire en hauteur,
malgré le « règlement » de 1781 jamais appliqué.
À la mort de Philippe V de Bourbon en 1759, le trône d’Espagne est donné à Charles
qui devient roi d’Espagne sous le nom de Charles III ; le royaume de Naples passe à son fils
qui règne sous le nom de Ferdinand IV ; la régence est assurée jusqu’à sa majorité par
Bernardino Tanucci, promoteur de nombreuses réformes. Mais lorsque, en 1798 se forme la
coalition de l’Angleterre, la Russie, l’Autriche et le Portugal contre la France, Ferdinand y
adhère, sous l’impulsion de sa femme Marie Caroline de Habsbourg, sœur de Marie
Antoinette. Les troupes françaises commandées par le général Championnet envahissent le
royaume de Naples.
En janvier 1799, les libéraux et les représentants de la culture napolitaine aidés par la
France créent l'éphémère République Parthénopéenne. Mais au mois de juin, l'armée des
Bourbons (la « Santa Fede ») conduite par le Cardinal Ruffo reconquiert Naples, avec l'aide
de la flotte anglaise de l'Amiral Nelson et fait massacrer ceux qui représentaient les idées
libérales et auraient pu constituer la base d'une bourgeoisie napolitaine éclairée ( dont la
poétesse Eleonora Pimentel, le médecin du Roi, Domenico Cirillo, le juriste Mario Pagano,
l’amiral Francesco Caracciolo ; Domenico Cimarosa qui avait écrit un hymne pour la
République fut menacé et se sauva en écrivant … un hymne en honneur de la monarchie).
C'est le premier grand traumatisme de l'histoire napolitaine et une des causes de l'involution
ultérieure de la ville.
"Jamais on ne soulignera assez le désastre de cette année 1799. En quelques
années, l'élite de savants, de penseurs, d'écrivains fut pendue ou décapitée ; et
Naples, qui était à l'avant-garde de la culture européenne, fut abandonnée aux
ignorants et aux sots. Génocide d'une culture qu'on ne peut comparer qu'à
l'extermination de la culture aztèque par les Espagnols, ou de la culture
autrichienne par les nazis. La ville ne s'est jamais relevée de cette saignée". (D.
Fernandez, Le Volcan sous la ville, Plon, 1983, p. 165 ; ... et Alexandre Dumas, La Sanfelice,
Quarto Gallimard, 1996, 1736 p.)
Après Austerlitz (2-12-1805), Napoléon déclare déchu le Roi Ferdinand IV et envoie son
frère Joseph et Masséna conquérir Naples, occupée le 14 janvier 1806, tandis que les
Bourbons fuient en Sicile. Joseph est proclamé Roi de Naples, remplacé en 1808 par Joachim
Murat jusqu'en 1815.
Le programme de Murat institue le cadastre et l'Etat civil, réorganise Naples en 12
quartiers, crée le Jardin botanique, des pensionnats de jeunes filles, le Conservatoire de San
Pietro a Maiella, l'Observatoire, la Banque de Naples ; il ouvre des rues nouvelles vers
Posillipo et Capodimonte.
Ferdinand IV, revenu en 1815 sous le nom de Ferdinand I (appelé « Re Bomba » pour
la cruauté de sa répression), construit le Forum Ferdinand (auj. Place du Plébiscite) où il érige
l'Eglise de San Francesco di Paola, inaugure la première ligne de chemin de fer italienne en
1839, ouvre de nouvelles rues (dont la Via di Posillipo où est réalisée la Villa comunale, et le
Corso Vittorio Emanuele), mais cela se fait sans aucun plan d'ensemble ni souci des
problèmes sociaux. La population est décimée par des épidémies de choléra (1817, 1836,
1854). À la fin du règne des Bourbons, la ville atteint cependant 450.000 habitants (contre
200.000 à Milan, 170.000 à Rome et 130.000 à Turin). Ferdinand meurt en 1825 ; lui
succèdent de 1825 à 1830 son fils François I, puis son petit-fils Ferdinand II.
Ferdinand II meurt en 1859. Son successeur François II (« Nasone »), malgré le
soutien d'une plèbe manœuvrée par la police, doit s'enfuir le 7 septembre 1860 devant l'armée
de Garibaldi qui rentre à Naples le jour même, accueilli avec joie par de grandes
manifestations populaires. Le plébiscite du 15 octobre vote le rattachement à l'Italie.
Entre 1734 et 1860, développement culturel important à la Cour et à l'Université , dans
tous les domaines. En sculpture, les personnages de crèches de Lorenzo Vaccaro, Giuseppe
Sammartino, Matteo Bottiglieri. Les Bourbons créent la Fabrique de Capodimonte. La
philosophie est illustrée par G.-B. Vico (1688-1744), auteur de la Scienza Nuova, puis après
1815 par Pasquale Galluppi (1770-1846), Bertrando Spaventa (1817-1883). Naples eut au
XVIIIème siècle une des plus importantes écoles d'économie politique : Antonio Genovese (qui
crée la première chaire d'Economie à l'Université en 1754), Ferdinando Galiani, Giuseppe
Palmieri, Gaetano Filangieri, Domenico Grimaldi, dont plusieurs furent massacrés par les
« Sanfedisti » du Cardinal Ruffo en 1799.
Début des fouilles de Pompéi, Herculanum et Stabia et création de l'Accademia
Ercolanese par Charles I.
Les études historiques et littéraires sont marquées par les noms de
P. Colletta (1775..1831), Vincenzo Cuoco (1770..1823), Carlo Troya (1784..1858), Francesco De
Sanctis (1817..1898), futur Ministre de l'Instruction Publique du Royaume d'Italie, Pasquale
Villari (1827..1917), Vittorio Imbriani (1840..1886).
Cette période est caractérisée aussi par le développement du théâtre (C'est alors que
naît le masque de Pulcinella) et de l'opera buffa : Pergolesi (1710-1736), Paisiello (1740-1816),
Cimarosa (1749-1801). Epanouissement des Conservatoires de Musique, - création napolitaine
du XVIème siècle-, avec Bellini, Donizetti.
8) Naples après 1860. Le traumatisme de l'Unité. Naples aujourd’hui.
L'Unité ne fait qu'aggraver la situation économique et sociale de Naples. Le
recensement de 1881 fait apparaître une population de 450.000 habitants, dont presque un
tiers vit dans les « bassi », entassés à trois personnes par pièce ; les conditions d'hygiène
s'aggravent ; l'épidémie de choléra de 1884 oblige à quelques travaux d'assainissement urbain
qui restent très insuffisants et les expulsions des habitants pauvres du centre ancien n'en
réduisent pas la congestion. La viabilité est cependant améliorée par la construction de
nouvelles artères (Corso Umberto et Via Roma, réalisés selon les critères de Haussmann), de
tunnels sous les collines et de funiculaires. Mais aucun plan d'urbanisme ne commande les
travaux et constructions ; les palais publics de l'époque fasciste (Via Diaz) renforcent la
concentration du centre directionnel dans la zone de Piazza Municipio (Palais des Postes
d’Antonio Vaccaro, banques, administration municipale).
Les bombardements et les combats de 1943-44 provoquent à Naples de très graves
destructions et laissent la ville dans la faim et la misère lors de l'arrivée des troupes alliées le
1er octobre 1943, dans une ville libérée par la violente révolte anti-allemande des « quattro
giornate » (27-30 septembre 43) ( Lire : C. Malaparte, La peau). L’armée d’occupation
allemande commandée par le général Scholl se livre à de nombreuses exécutions de soldats
italiens faits prisonniers après l’armistice du 8 septembre, fait sauter de nombreux édifices
(Université, zone industrielle de Bagnoli), et se livre à une rapine systématique des œuvres
d’art, bijoux, objets précieux. L’insurrection de la population sera déclenchée par le décret
allemand imposant le service du travail obligatoire. Les combats de la fin de la guerre, les
destructions, la faim, la misère, l’inflation accrue par l’édition des AM-lire par l’occupant anglo-
américaine livrent la ville à la corruption et à la prostitution (la « peste » décrite par
Malaparte : on se prostitue aux soldats d’occupation contre une boîte de corned beef ou un
paquet de Chesterfield). C’est le temps des « sciuscià », les enfants cireurs de souliers du
film de De Sica.
L'après-guerre laisse Naples en proie à une faction de spéculateurs et d'affairistes, sous
la direction d'une municipalité monarco-fasciste et de son maire, l'armateur Achille Lauro, lui-
même soutenu par les gouvernements démocrates-chrétiens. C'est le temps de « Main
basse sur la ville » (Mani sulla città, titre du film de Francesco Rosi, 1963) qui provoque la
destruction des zones vertes des collines, entasse la population dans des immeubles peu sûrs
avec une densité de 45.000 à 60.000 habitants au km2 ; des implantations industrielles
anarchiques contribuent à la dégradation du site napolitain. Le 23 novembre 1980,
tremblement de terre dont les traces sont encore visibles (immeubles étayés par des
armatures métalliques).
L'administration de centre gauche de 1962 à 1972 ne fait que continuer les grandes
lignes de la politique monarchiste, et il faut attendre 1972 pour qu'un nouveau plan
d'urbanisme vienne remplacer le plan jamais appliqué de 1939 (plan De Simone), sous la
direction de la nouvelle majorité de gauche dirigée par le communiste Maurizio Valenzi
(1975›1983). Le nouveau Centro direzionale met trente ans pour se réaliser et se révèle
inadapté. La municipalité Valenzi démissionne en juillet 1983 et aux élections municipales qui
suivent, le PCI perd 4 sièges et est éliminé de la majorité municipale au profit des socialistes.
Aux élections municipales partielles de juin 1992, c'est encore la majorité « pentapartiro" (à
direction DC et PSI) qui l'emporte, après une campagne électorale marquée par des
distributions de montres suisses, de licences de gardiens de parkings, de promotions en
masse d’employés municipaux. Et l'histoire de Naples continue à être marquée par une série
de scandales, négligences, corruption, mauvaise gestion, malgré le Programme Extraordinaire
pour la Reconstruction de Naples qui suit le tremblement de terre de 1980. Une partie des
administrateurs de cette période est inculpée ou en prison à partir de 1992 (opération « Mani
pulite »).
Un changement radical intervient aux élections municipales de novembre 1993, qui
donnent une majorité de 56 % à une liste de gauche et centre gauche menée par Antonio
Bassolino (PDS, ex-PCI), élu maire de Naples, contre la candidate du parti néo-fasciste (MSI),
Alessandra Mussolini, petite-fille du Duce (son père était Romano Mussolini, connu comme
musicien de jazz, et fils de Benito et Rachele) et nièce de Sophia Loren. Bassolino a mis en
route un nouveau plan d'urbanisme, une restructuration des transports publics sur rail, un
assainissement du centre historique, une protection et une extension des zones vertes (il ne
restait à Naples qu'un mètre carré de vert par habitant), une transformation des anciennes
aciéries de Bagnoli, fermées depuis plusieurs années, en un immense parc naturel et en
centre culturel et touristique, une destruction des immeubles illégaux qui dégradaient la plage
de Posillipo et gâchaient une des plus beaux panoramas italiens. Le nouveau maire s'est
rendu aux Etats-Unis en février 1995 pour demander aux banques et aux Universités
américaines d'investir à Naples, tandis que la transformation de la ville a été sérieusement
amorcée et accélérée par la préparation de la réunion du G7 qui s'est tenu à Naples en 1994.
M. Bassolino est réélu Maire de Naples au premier tour des élections de 1998.
L’actuel maire de Naples est Rosa Russo Jervolino élue en mai 2001 sur la liste de
centre gauche (« L’Ulivo ») contre le candidat du centre droit Antonio Martusciello. La
Province de Naples est aussi administrée par le centre gauche (Président : Riccardo Di
Palma, Vert, élu en juin 2004 avec plus de 62% des voix). Le Président de la Région
Campanie est Antonio Bassolino, l’ancien maire de Naples. Noter que dans le quartier
périphérique de Secondigliano (dominé par la camorra) est élu en 2004 le Sénateur Salvatore
Marano (Forza Italia, centre droit), avec une forte majorité. Il est soupçonné d’avoir fait
campagne en distribuant des paquets de pâtes et en achetant des voix à 30 euros l’une !
(enquête administrative en cours). Aux élections « administratives » régionales des 3 et 4
avril 2005, la liste de centre gauche menée par M. Bassolino a remporté une large majorité de
61,1% des voix contre 35,7% à M. Bocchino, candidat du centre droit.
La vie napolitaine continue à être marquée par la présence de la « camorra », la
forme napolitaine spécifique de la mafia. On ne connaît pas exactement l’origine du mot utilisé
depuis le XIXe siècle (le mot napolitain « mmorra » = bande, ou le jeu très pratiqué de la
« morra »). Récemment, la presse a abondamment parlé des règlements de compte qui ont
affligé le quartier de Scampìa, centre important des trafics contrôlés par la camorra, qui font
vivre au moins 10/% de la population.
Depuis le début du XXIe s., Naples a un métro. Une fois terminé, il ira jusqu’à la place
Garibaldi, au centre directionnel, à l’aéroport ; pour l’instant, il pénètre la colline du Vomero
qu’il contribue à désenclaver. Il a été conçu par de grands architectes (Alessandro Mendini,
Gae Aulenti …) et les stations abritent des œuvres d’artistes contemporains (Mimmo Paladino,
Jannis Kounellis, Alighiero Boetti, Michelangelo Pistoletto, Ernesto Tatafiore, Michele De
Maria…). Voir au moins la station de piazza Dante.
Deux nouveaux musées d’art contemporain ouvrent à Naples en 2005 : le premier à
Palazzo Donna Regina en mai, qui dépend de la Région, le second à Palazzo Roccella en
mars, le « Pan » (Palazzo delle Arti Napoli), créé par la Commune de Naples destiné à
abriter des expositions d’art contemporain, dont la première (jusqu’au 10 août 2005) est
intitulée « The Giving Person. Le don de l’artiste ». Le directeur en est Lòrànd Hegyi,
directeur du Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne.
Depuis 1860, la culture napolitaine a continué à occuper une grande place dans la vie
italienne, dans le domaine scientifique (Giuseppe Mercalli : travaux sur les phénomènes
volcaniques et la sismologie), juridique, archéologique (Amedeo Maiuri et ses travaux sur la
Campanie ancienne), historique (Giustino Fortunato, le méridionaliste Guido Dorso) et
philosophique : la culture italienne et européenne du XXe siècle est marquée par l'œuvre de
Benedetto Croce (1866-1952) et de ses disciples. La littérature et le théâtre sont marqués par
les noms d’Eduardo De Filippo (Filumena Marturano, Naples Millionaire, Natale in casa
Cupiello …), Matilde Serao, Giuseppe Marotta, Domenico Rea, l’acteur Totò (Antonio De Curtis,
de Somma Vesuviana), Anna Maria Ortese, Raffaele La Capria, Roberto De Simone et une
pléiade de critiques, philosophes, romanciers, poètes…
Cette période est aussi celle où s'épanouit la chanson napolitaine, qui est à la source
de la meilleure chanson italienne. De grands poètes comme Salvatore Di Giacomo collaborent
avec de bons musiciens comme F.P. Tosti, Luigi Denza ou Mario Costa pour créer des
chansons qui sont pour l'Italie l'équivalent poétique et musical de ce que fut en Allemagne le
lied du XIXe siècle. La tradition continue aujourd'hui avec des auteurs compositeurs
interprètes comme Edoardo et Eugenio Bennato, Pino Daniele, Carlo d'Angiò, Enzo
Gragnaniello, James Senese, Daniele Sepe, et des groupes comme Almamegretta ou Bisca 99
Posse qui ont su intégrer le rock puis le rap à la villanelle du XVIème siècle et à la chanson du
XIXème.
Jean Guichard
Quelques lectures utiles et agréables :
Guide bleu, Italie du sud
Guides Voir, Naples, Pompéi et la côte amalfitaine, Hachette, 1999,
le meilleur guide existant actuellement en français, plus vraiment à jour pour
les jours et heures d’ouverture des monuments
Naples, le Vésuve et Pompéi, Collection Terre des Villes, Belin, 2003
(intéressant pour ses reconstitutions de Naples aux différentes époques de
son histoire et par ses illustrations)
* Yves Hersant, Italies, Anthologie des voyageurs français aux XVIIIème et
XIXème siècles, , Bouquins, R.Laffont, 1988,
* Autrement, Naples, le paradis et les diables, série Monde, 1994
* Dominique Fernandez, Porporino ou les mystères de Naples, Grasset, 1974
(réédité en coll. de poche)
* Dominique Fernandez, Le volcan sous la ville, Promenades dans Naples, ,
Plon 1983.
* Dumas Alexandre, Le corricolo, Desjonquières, 1984 ;
La Sanfelice , Quarto Gallimard,1996
* Staël Germaine de, Corinne ou de l'Italie, Folio, Gallimard, 1985
* Goethe, Voyage en Italie, , Coll. bilingue, Aubier, 1982
* Gide André, A Naples, Fata Morgana, 1993
* Gérard de Nerval, Les filles du feu et autres œuvres (Pléiade, 3 vol.)
* Etienne Robert, La vie quotidienne à Pompei, , Hachette, 1977
* Stendhal, Voyages en Italie, Pléiade, Nrf, 1973
*Jean-Noël Schifano, Chroniques napolitaines, Folio,1984
(Six histoires vraies reprises des archives historiques de Naples) ;
* Pompéi, Le rêve sous les ruines, , Coll. Omnibus, Presses de la Cité, 1992
(tous les récits concernant Pompéi et Herculanum).
Musique :
* Dinko Fabris, Naples, Livre + CD, Opus 111, 1999
* Patrick Barbier, Histoire des castrats, Grasset, 1989
Quelques romans napolitains en français
Anna-Maria Ortese, La mer ne baigne pas Naples, Gallimard, 1993 (17,38 E)
Domenico Rea, Spaccanapoli, Verdier, 1989 (11,89 E)
Raffaele La Capria, L'harmonie perdue
Giuseppe Marotta, L'or de Naples, Club des Libraires, 1956 épuisé
Erri De Luca, Montedidio, Gallimard, 2002 (14,73 E)
Tu, mio, Rivages Poche, 2000 (6,51 E)
Matilde Serao, La vertu de Checchina, Alfil Editions, 1998 (8,70 E)
Naples, les légendes et la réalité, P. Juven, 1908 (peut être commandé par
Internet pour 26 E par le site FNAC, Livres épuisés Serao)
G.B. Basile Le conte des contes (en cours d'édition en Livre de poche).
…. Et de nombreux autres ouvrages….
4.3. L’histoire des villes italiennes : NAPOLI
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