10. Voyages en Italie : Torino - suite
7) Les Saints Sociaux de Turin, et quelques églises
Le Risorgimento italien fut incontestablement laïc, dans la ligne de la pensée de Cavour, qui voulait une Église libre dans un État libre. Et les rapports furent
souvent tendus entre l’Église et l’État de Savoie, les lois Siccardi de 1850 en furent le témoignage, qui conduisirent à l’arrestation de l’archevêque de Turin suivi
de son exil à Lyon (voir l’Histoire de Turin). Et il faut rappeler que le nouvel État monarchique italien, dirigé par les Savoie, fut excommunié par le pape qui interdit
la participation des catholiques à la vie de l’État, élections comprises.
Néanmoins,Turin et le Piémont sont la terre d'origine de grands Saints Sociaux, qui compensèrent par leur activité sociale la perte de pouvoir politique que
subissait l’Église. L’industrie s’était développée, et Turin connaissait une intense augmentation de population ouvrière, qui vivait souvent dans des conditions de
pauvreté et de misère extrêmes, et dans une hygiène déplorable. C’est sur ces problèmes qu’intervinrent efficacement de nombreux catholiques. À Turin, nous
trouvons, parmi d’autres, San Giovanni Bosco (1815-1888), San Giuseppe Benedetto Cottolengo (1786-1842), San Giuseppe Cafasso (1811-1860), la marquise
Juliette Colbert di Maulévrier di Barolo (1785-1864), Beato Faà di Bruno, San Leonardo Murialdo (1828, beato Pier Giorgio Frassati, Beato Giuseppe Allamano.
On parle parfois d’une « Turin magique », elle est un autre visage d’une ville marquée par sa tradition laïque et par sa tradition religieuse très particulière.
San Giovanni Bosco (1815-1888)
Né à Castelnuovo d'Asti, il manifesta, dès son enfance une foi authentique associée à un sentiment profond de charité chrétienne, à un rare
sens pratique et à une volonté inébranlable, au service d'une intelligence lucide. Giovanni Bosco fit preuve d'une grande intuition, surtout
pour ce qui concerne les problèmes des jeunes de Turin, marqués par la révolution industrielle et toutes ses implications sociales. Il les
accueillit d’abord dans les locaux du Cimetière San Pietro in Vincoli, puis dut déménager à cause des plaintes des voisins qui se plaignaient
du bruit ; il s’installa enfin de façon stable dans le « Campo dei Sogni » (le champ des rêves) où la tradition situait le martyre des saints
Avventore, Solutore et Ottavio, où on construisit enfin à partir de 1865 l’actuelle basilique de Santa Maria Ausiliatrice, inspirée par l’église
palladienne de Venise, San Giorgio Maggiore. Parallèlement, Don Bosco fut un opposant radical des lois laïques du Ministère Cavour et du
Ministre Urbano Rattazi en 1854-55, « gens vendus et de mauvaise foi », disait-il, en menaçant de roi de punitions divines.
En 1864, Giovanni Bosco en s'inspirant des principes évangélisateurs de Saint François de Sales, fonda à Turin, la Congregazione
Salesiana, si bien que ses disciples furent appelés Salésiens. À la Congrégation masculine, s'ajouta, ensuite l'Institut des Filles de Maria
Ausiliatrice. Grâce à son activité qui ne connaissait pas d'arrêts, au bout de quelques décennies, il
avait créé en Italie et hors de l'Italie un réseau très serré d'hospices, de collèges, d'asiles, de
pensionnats, d'écoles, de laboratoires, de foyers qui ont acquis désormais une grande importance à l'échelon mondial.
La façade de la Basilique présente de nombreuses statues d’anges, à droite l’archange Gabriel offre une couronne à la statue
de Marie au sommet, à gauche l’archange Michel agite un drapeau qui célèbre la victoire sur les
Turcs à Lépante en 1571 ; sur le tympan, les trois statues des martyrs, et dans le tympan, le
symbole de la Société Salésienne soutenu par deux anges ; en dessous les statues de saint
Maxime, premier évêque de Turin et de saint François de Sales ; dans les niches les
statues de saint Louis Gonzague et de saint Joseph, et sous la rosace, la statue de
Jésus qui accueille les petits enfants ; entre les deux colonnes, deux grands bas-
reliefs représentant saint Pie V annonçant la victoire de Lépante et Pie VII couronnant
la Vierge Marie à Savone ; au-dessus, deux anges tiennent une cartouche indiquant
les dates de 1571 et 1814. Visitez l’intérieur très symbolique de l’activité des
Salésiens.
Le centre s’agrandit ensuite considérablement, sous la basilique, un four à pain ; en
1935, on ajoute deux chapelles ; en 1978, in construit le Centre Salésien de
Documentation Historique et Populaire Marial qui possède une riche
documentation sur la piété mariale (voir le site : ) ; dans la cour, l’Édifice Central de Valdocco, où il mourut dans son
bureau en 1888. Devant la Basilique, statue de Gaetano Cellini, de 1920, représentant Don Bosco et les petits enfants
pauvres.
Le succès de cet apôtre de la jeunesse dérive essentiellement du fait que, dans ses intentions, les patronages ou centres
de loisir devaient préparer les jeunes à devenir de bons chrétiens et de bons citoyens. Donc ils devaient être une famille. où non seulement on s'amusait, mais où
on apprenait aussi un métier et ce qui s'avérait utile pour affronter sérieusement la vie.
San Giovanni Benedetto Cottolengo (1776-1842)
Un incident dramatique lui fit découvrir sa véritable vocation. Une pauvre femme malade et enceinte qui
devait rejoindre Lyon était arrivée à Turin : l'hôpital des tuberculeux et la maternité refusaient de l'accueillir,
l'un parce qu'elle était enceinte, l'autre parce qu'elle était malade. Devant la Statue de Notre Dame des
Grâces, située sur le côté droit de l'Eglise du Corpus Domini (et déjà fameuse pour l'épisode du Miracle
eucharistique de Turin, de 1453), le Saint eut une inspiration : créer un asile, ouvert à toutes les personnes
souffrantes, sans distinction de race ou de religion. Il avait été en effet nommé chanoine de l’Église du
Corpus Domini, où il avait passé 10 ans. On peut voir dans la chapelle de droite de l’Église le tableau de la
Vierge des Grâces du Bienheureux Sebastiano Valfrè (1629-1710), un religieux peintre et prédécesseur
des saints « sociaux » (assistance aux enfant et aux militaires) : c’est devant ce tableau que Cottolengo dit
avoir eu l’inspiration de se consacrer aux malades.
Ainsi, il commença son apostolat et le 17 janvier 1827, presque devant son église, dans quelques chambres
d'une maison du 19 de la via Palazzo di Città qu'à cause de la couleur du plafond de l'entrée on appelait la
Casa della volta rossa (maison à la voûte rouge), il plaça quatre lits et inaugura sa première infirmerie pour
les malades indigents.
Le nombre de patients augmenta rapidement, dès 1828 il y avait 17 lits, et, en 1832, Giovanni Cottolengo
dut transférer son infirmerie dans le quartier Valdocco, à cause de quelques cas de choléra qui obligèrent à
fermer la Volta Rossa en plein centre ville. Le quartier du Valdocco avait été créé sous Napoléon qui avait
fait combler cette zone marécageuse de la Bassa Dora par les débris de la muraille détruite alors ; le quartier
était devenu ensuite un centre d’implantation d’entreprises qui utilisaient l’énergie hydraulique du canal de la
Fucina qui le traversait, et donc une zone d’urbanisation pour une population ouvrière et un sous-prolétariat
misérable ; en hiver, on inondait même la rive droite de la Dora pour produire de la glace que l’on transportait
ensuit dans les « Regie Ghiacciaie » situées non loin de là.
C'est ainsi qu'a vu le jour dans ce quartier de Valdocco, le premier noyau de la Piccola Casa della Divina
Provvidenza. Il fut aidé par de nombreux volontaires, dont la veuve Marianna Nasi qui deviendra la première
supérieure des Filles de la Charité de saint Vincent de Paule. L’église se construisit à partir d’une chapelle
commencée en 1832 ; on l’amplifia ensuite peu à peu, et lors de la béatification de Cottolengo en 1912, l’architecte
Giuseppe Gallo construisit en style néo baroque une chapelle qui contient l’urne du saint ; l’église est de style néo
roman lombard.
Les moyens pour réaliser cette oeuvre gigantesque étaient presque entièrement constitués d'une confiance infinie
dans la Divine Providence, de la prière constante et d'un esprit de sacrifice illimité : jamais le Saint (tout comme le
feront ensuite ses successeurs) ne refusa de prêter secours à un être humain en détresse, en dépit des nombreuses
incompréhensions et de l'hostilité dont il était l'objet.
Une petite ville, dans la grande ville
De nos jours, la Piccola Casa, que les Turinois appellent familièrement et tout court, Il Cottolengo, est un ensemble important de bâtiments où tout est travail,
prière, charité. On y trouve en particulier le Ritiro delle figlie pentite, dont fut le premier Directeur Don Bosco, l’Ospedaletto (Ospedale di Santa Filomena). Il
abrite plusieurs milliers de malades, assistés par des religieuses de Saint Joseph, par les Oblates de Sainte Marie Madeleine et par des bénévoles, hommes et
femmes. Sa structure est subdivisée en plusieurs familles dont chacune a une fonction bien précise : certaines d'entre elles assurent les travaux nécessaires,
d'autres prennent en charge l'assistance aux malades. Dans cette citadelle de la charité fonctionnent des systèmes de cuisine cantine et d'assistance parmi les
plus modernes.
De nombreux médecins turinois offrent gratuitement leurs services et appliquent des traitements très avancés.
L'activité d'infirmier est essentiellement assurée par les Familles de la Charité qui se consacrent à l'assistance des malades pour l'amour de Dieu et du prochain,
avec une abnégation digne d'éloge. Près du Cottolengo se trouve le Cimetière de San Pietro in Vincoli (St Pierre aux Liens) où on enterrait les condamnés à
mort ; il est toujours célèbre pour la statue de femme voilée d’Innocenzo Spinazzi (1794, Florence), en mémoire d’une princesse russe, épouse de
l’ambassadeur de Russie auprès des Savoie : on a fermé récemment le cimetière et on y a installé la très riche Bibliothèque Internationale de cinéma et
photographie Mario Grum.
La Piccola Casa a enregistré un développement prodigieux: à l'heure actuelle, elle compte, en Italie et à l'étranger, plus de 100 établissements.
San Giuseppe Cafasso (1811-1860)
Près de l’église du Corpus Domini se trouve l’église de Saint François d’Assise
lieu d’élection des saints sociaux, où opérèrent Don Bosco et son maître et guide
spirituel, Giuseppe Cafasso. Celui-ci avait succédé à Luigi Guala à la direction du
Convitto Ecclesiastico di San Francesco pour le perfectionnement pastoral du jeune
clergé. Dans l’église, on voit encore dans la première chapelle de la nef gauche le
confessionnal où Cafasso recevait de nombreuses personnalités comme la marquise
Juliette de Barolo ou Silvio Pellico ; il prêchait depuis la chaire qui existe encore. Don
Bosco arriva en 1841, et il créa là le premier noyau de son oratoire fréquenté par plus
de 20 garçons, jeunes manœuvres maçons ou ramoneurs, à partir duquel se
développa tout son réseau.
Né à Castelnuovo, Don Cafasso a été l'apôtre des prisons et le consolateur des
condamnés à mort, ce qui lui a valu l'appellation de « prêtre de la potence » (« ‘lpreive
‘dla forca »). Il accompagnait à la potence les condamnés à mort. Un des lieux de son
activité fut l’église de l’Arciconfraternita della Misericordia, 41 via Barbaroux ; la Confrérie avait été fondée par
Emmanuel Philibert en 1578 pour aider les condamnés à mort puis, à partir de 1817, pour administrer les prisons. Durant les
exécutions auxquelles assistait san Cafasso, les confrères endossaient un habit noir avec un capuchon à pointe. Dans
l’église, on voit sur le sol les couvercles des trappes profondes de 12 mètres dans lesquelles on ensevelissait les
condamnés. La dernière exécution eut lieu à Turin le 13 avril 1864, avant l’abolition de la peine de mort.
À la mémoire de San Cafasso, qui est le patron des chapelains des prisons, un monument a été élevé en 1960 (Photo ci-contre) au
croisement de corso Regina Margherita, corso Principe Eugenio et corso Valdocco, au Rondo della Forca (Rond-point de la Potence). On
célébra ses funérailles le 25 juin 1860, dans l’église des Santi Martiri, où est enterré aussi Joseph de Maistre (1753-1821), l’écrivain contre-
révolutionnaire, qui fut ministre du roi Victor Emmanuel I.
Giulia Colbert, Marquise de Barolo (1785-1864)
D'origine française, descendante du ministre Colbert, elle épousa celui qui était, probablement, l'homme le plus riche du Piémont : Tancredi
Falletti di Barolo. Depuis 1807, année où elle s'installa à Turin et pendant cinquante ans, Giulia di Barolo consacra son patrimoine immense,
son temps et ses forces à des oeuvres de charité d'avant-garde, dans le domaine social et des réformes des prisons. Le Palais Faletti di
Barolo se trouve Via delle Orfane, à l’angle de la Via Corte d’Appello, où la marquise habita de 1807 à sa mort. Le palais remonte au début du
XVIIe siècle, la façade (Photo ci-dessous) est de Gian Francesco Baroncelli, de 1692, et il fut restauré en 1743 par Benedetto Alfieri. Il est
maintenant ouvert au public, et il est très intéressant de visiter ces locaux qui abritèrent les activités caritatives de la marquise et de son mari,
leurs appartements, et le salon où la marquise recevait hommes politiques et intellectuels, Alphonse de Lamartine, Silvio Pellico, des libéraux
comme Santorre di Santa Rosa et Cesare Balbo, des réactionnaires comme Joseph De Maistre, ou encore Cavour qui avait pour elle une
profonde estime. Pellico fut bibliothécaire du marquis de 1834 à sa mort en 1854. Le palais est aussi le siège d’une Fondation Tancredi Falletti
di Barolo, fondée en 2003, qui s’occupe de psychologie et de pédagogie ; enfin le palais contient aussi le Musée de l’École et du Livre d’enfant
qui comprend la reproduction d’une salle de classe de l’époque de Cuore d’Edmondo De Amicis.
Le palais est enfin le siège de l’Opera Pia Barolo approuvée en 1864 par Victor Emmanuel II. Voulue par la marquise,
l’Opera s’occupe de charité, de bienfaisance et d’instruction : dans son Testament, la marquise avait destiné tous ses
biens à l’entretien de cette Œuvre. L’Opera Pia est toujours active, régie alternativement par l’Archevêque de Turin et par
le Président de la Cour d’Appel ; elle pratique l’assistance aux jeunes filles étrangères et l’éducation des enfants pauvres
et abandonnés, l’aide aux vieillards et la réinsertion des prisonniers dans le monde du travail ; une convention la lie aux
religieuses de Sant’Anna et à celles du Bon Pasteur, qu’elle avait créées en 1833, et qui gèrent une résidence
universitaire et un centre d’accueil.
Femme exceptionnelle, elle fonda et subventionna plusieurs établissements d'assistance (avec son mari, un homme tout
aussi exceptionnel par sa culture, sa foi et sa sensibilité sociale) parmi lesquels la première école maternelle de Turin.
Amie de Cavour, de Silvio Pellico, de Lamartine, elle fut un témoin privilégié du Risorgimento et une réformatrice ouverte
au dialogue. C’est aussi la marquise qui produisait le Barolo, venu de ses vignes des Langhe.
Pour l'abnégation dont elle fit preuve pendant l'épidémie de choléra de 1835, à Turin, le Gouvernement lui décerna le titre
de mérite de la médaille d'or. Les monuments funéraires de Giulia et de son mari e trouvent dans l’église Santa Giulia, dans le Borgo Vanchiglia, construite par
Antonelli et Giovanni Battista Ferrante, et financée par Giulia di Barolo, qui avait demandé à y être ensevelie.
Beato Francesco Faà di Bruno (1825-1888)
Officier de l'armée du Royaume Sardo-Piémontais, né dans une famille noble de 12 enfants, homme de grande culture (défini par Marco Tosati « le Pic de la
Mirandole catholique du siècle dernier »), compositeur, il fut d’abord mathématicien et physicien. puis bienfaiteur social : il fonda en 1858, dans le quartier San
Donato, l'Opera di Santa Zita, pour l'assistance et la promotion des femmes domestiques, et il organisa une véritable « ville de la femme », avec des écoles,
des ateliers, des pensionnats. On peut voir au 33 de la via San Donato l’église de Nostra Signora del Suffragio e di Santa Zita, édifiée selon les calculs de
Faà di Bruno, en particulier, en 1881, le clocher très mince de 75 m. de haut, pour que les travailleurs ne se trompent pas sur l’heure de travail. Les dimensions
du clocher, posé sur une base étroite, suscitèrent l’étonnement et la peur de beaucoup et l’admiration d’Alessandro Antonelli. Près de l’église, voir chez les
Suore Minime di Nostra Signora de Suffragio un Musée scientifique intéressant d’instruments techniques (le télescope de Foucault, etc.). On peut monter au
clocher.
San Leonardo Murialdo (1828-1900)
D'origine aristocratique, il collabora avec Don Bosco en s'occupant, surtout au cours des dernières décennies du XIXe
siècle, de la jeunesse. Il fut baptisé dans l’église de San Dalmazzo Martire, via Stampatori, où il célébra aussi sa
première messe. Il fut un grand prédicateur.
En 1866, il accepta la direction du Collegio degli Artigianelli fondé en 1849 pour donner une éducation chrétienne et
un métier aux enfants seuls et abandonnés et qui s’installa en 1863 au 24 Corso Palermo où il put enseigner les
métiers de bûcheron, menuisier, typographe et relieur, en 1873, il fonda la Congregazione di San Giuseppe en
devançant, dans son enseignement, la doctrine sociale de l'Église et les méthodes pédagogiques modernes. Non loin
de là, voir l’église Santa Barbara où se déroulèrent ses funérailles devant une foule énorme.
Beato Giuseppe Allamano (1851-1926)
Religieux de grande charité, à la vie austère, neveu de Giuseppe Cafasso, il fut le directeur spirituel du Séminaire de
Turin et, pendant quarante ans, le Recteur du Sanctuaire de la Consolata. En 1901, il fonda la Congregazione dei
Missionari della Consolata, dont les premiers allèrent au Kénya, et qui compte, à l'heure actuelle, plus de 2000
religieux engagés dans beaucoup de Pays du Tiers Monde.
Beato Pier Giorgio Frassati (1901-1925)
Appartenant à une famille de la haute bourgeoisie turinoise, il était le fils du fondateur de La Stampa, qui fut nommé ambassadeur en Allemagne et il s’engagea
très vite dans l’aide des pauvres de la ville, créant avec ses amis la « Compagnie des types louches » avec lesquels il pratiquait aussi l’alpinisme en haute
montagne ; il participa à la création d’un parti Démocrate-Chrétien antifasciste, le parti Populaire de Don Sturzo, et fut toujours radicalement antifasciste.
L’opposition de sa famille l’obligea à renoncer à son grand amour pour une jeune étudiante.
Animé d'une grande foi, il s'engagea dans l'Azione Cattolica et dans plusieurs associations ; il servait les pauvres en qualité de « confratello della San
Vincenzo ». Il mourut jeune, peu après avoir obtenu le diplôme d'ingénieur, de poliomyélite foudroyante qu'il avait probablement contractée au cours de ses
visites aux malades.
Turin, qui a la renommée de ville magique est donc aussi « la ville des Saints » ; de saints « sociaux », c’est-à-dire de constructeurs d’œuvres de charité. Ils ont
vécu au milieu des malheureux et des malades, en répondant à leurs exigences de manière concrète, typiquement subalpine, dans une grande lucidité sur les
nouveaux problèmes dus au développement du capitalisme turinois.
Laura Cafasso et Jean Guichard
8) Quelques résidences royales à Turin et autour de Turin
À partir du traité de Cateau-Cambrésis (1559), le duché de Savoie inventa un modèle de développement urbain, qui
combina la restructuration de la ville de Turin et la construction d’un réseau de palais ou de villas qui contribua à affirmer
le programme dynastique des ducs. Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles fut construite ce que Amedeo di
Castellamonte appela « la couronne de délices », bien intégrée à la capitale à laquelle chaque monument était relié par
des routes droites. La réalisation de ce « système » fut confiée aux plus grands architectes de la cour : Ascanio Vitozzi
(1539-1615), Carlo (1571-1640) et Amedeo (1613-1683) di Castellamonte, Michelangelo Garove (1650-1713), Filippo
Juvarra (1678-1736), Benedetto Alfieri (1700-1767), Giovanni Battista Piacenza (1735-1818).
Emanuele Filiberto (duc de 1553 à 1580) commença à acquérir pour raisons défensives un ensemble de propriétés
autour de Turin, dans le cadre des fleuves qui entourent la ville, qui lui garantissaient le contrôle des plus importantes
voies de communication vers Nice et Milan (Parc royal, Valentino, Mirafiori, Altessano, Lucento, Stupinigi).
Carlo Emanuele I (duc de 1580 à 1630) poursuivit sa tâche en investissant la zone des collines (Villa della Regina, villa di
Madama Reale, Moncalieri, Rivoli) qui furent transformés de façon grandiose quand les ducs devinrent rois en 1713. Les
constructions furent alors moins conçues comme résidences royales que comme sièges de la cour et point de départ des
chasses royales.
Ainsi, tant les palais urbains que les villas et châteaux suburbains sont un des meilleurs symboles de l’histoire de Turin,
et de cette famille de Savoie qui sut construire une monarchie absolue, si importante dans l’histoire d’Italie qu’elle
deviendra au XIXe siècle la source de l’unité italienne ; elle fut une famille italienne qui régna presque sans interruption
pendant mille ans dans sa région avant de prendre la tête de l’État italien unifié en 1861.
1) La Venaria Reale
Le château est construit dans le village d’Altessano, près duquel sera installé le Stade des Alpes pour le mondial de football de 1990. Le bourg fut restructuré à
partir de 1659, autour de la « via Maestra » (aujourd’hui via Mensa) par Amedeo di Castellamonte qui redessina le bourg d’Altessano pour loger tous ceux qui
travaillaient à la cour de Carlo Emanuele II (duc de 1638 à 1675) ou gravitaient autour ; le village compte
aujourd’hui 35.000 habitants (Voir le plan ci-contre).
Au centre du parcours on traverse la place Annunziata (1673-1690), entourée d’édifices à portiques et ornée
de deux colonnes centrales de 1679, La Vierge de l’Annonciation et l’Archange Gabriel ; elle rappelle dans
sa forme le collier de l’Annonciation, emblème du plus prestigieux ordre
chevaleresque de Savoie ; d’un côté subsiste l’église paroissiale
Santa Maria (Benedetto Alfieri, 1753-55) ; en face, la grande façade de
l’Hôpital Civil (1762). Au bout de la rue, on arrive au château.
Depuis 1632 existaient à Altessano des chasses ducales, et le projet de
construire un « délice » fut élaboré en 1658 ; la pratique de la chasse
explique le nom (Venarìa : d’un verbe latin « venari » = chasser à
courre. Cf le français « vénerie » et « veneur »). Tous les grands
architectes cités plus haut y travaillèrent successivement, ajoutant
toujours de nouveaux édifices et agrandissant les jardins. En 1691, les
troupes de Louis XIV firent incendier la Venaria que Vittorio Amedeo II
(1675-1730) fit reconstruire. Le palais, meublé et à nouveau restauré en 1780, fut ensuite gravement dévasté
en 1831, puis utilisé comme caserne et dépôt de cavalerie et en partie loué à des particuliers, vandalisé
pendant la seconde guerre mondiale. La restauration a été réalisée de 1995 à 2007, financée à hauteur de 45 milliards par le Lotto, pour ressusciter ce qui fut
considéré comme le « Versailles italien ».
On entre en (1) = Belvedere alfieriano, donjon de l’Alfieri ; (2) = Galerie de Diane avec son salon orné des statues des rois de Savoie ; (3) = les ducs de Savoie
entre XVIe et XVIIe siècles ; (4) Les anciennes cuisines ; (5) = Salon de Diane qui rappelle la vocation de chasse du château par les 10 Chasses de Jan Miel
(1659-61) et les 7 portraits équestres ; appartements du duc : (6) = partie du XVIIIe siècle ; (7) = Grande Galerie de Juvarra : 15 m. de haut, 11 m. de large, 73 m.
de long ; (8) = Rondò alfieriano et 4 statues des Saisons ; (9) = Église Sant’Uberto. En bas à droite de l’image, le Vieux Palais et au centre la Tour de l’Horloge. À
gauche de S. Uberto se trouvent la petite Galerie de l’Alfieri, les remises, les écuries, la Citronnerie, le Manège couvert : derrière la Galerie de Diane, le Jardin à
fleurs et en face, le Jardin Bas.
L’ensemble forme une belle création baroque, témoignant de la magnificence des Savoie, ducs puis rois.
Statue de Giovanni Bosco
à Taïwan
L’Église du Corpus Domini, 20, Via
Palazzo di Città.
Appelée encore l’église du miracle : la
tradition raconte qu’en 1453 passèrent ici des
voleurs qui avaient pillé les reliques d’une
église d’Exilles ; leur âne s’arrêta et refusa
d’avancer tandis que le reliquaire volé
s’élevait dans le ciel ; l’évêque aussitôt
accouru réussit à remettre l’hostie dans le
calice d’argent et décida de construire un
édifice religieux. L’église actuelle fut construite
en 1671 par Ascanio Vitozzi, et Carlo di
Castellamonte modifia ensuite la façade. On
peut voir la voûte réalisée en 1853 par Luigi
Vacca, qui représente le déroulement du
miracle, dont la descente de l’hostie se trouve
sur le tableau de l’autel, tandis que le lieu où
advint le miracle est marqué par une grille
dans la nef. Une statue de saint Cottolengo a
été réalisée en 1917 par Davide Calandra.
Hôpital Cottolengo à Turin
Église S. Francesco d’Assisi.
Elle aurait été proposée par
Francois d’Assise lui-même
lors de son passage à Turin
en 1213 ; puis elle fut
remaniée à la mode baroque
entre 1602 et 1608 et réduite
à 3 nefs. En 1761, Bernardo
Vittone la restructura,
agrandissant le choeur et
construisant une nouvelle
façade, confiant la décoration
à de grands artistes de la
cour de Turin, dont Claudio
Beaumont et Antonio Molinari.
Église San Dalmazzo.
C’est une des plus anciennes de
Turin, qui remonte à l’an Mille et en
tout cas au XIIIe siècle. Elle est
reconstruite en 1530 par Antonio
Della Rovere, évêque d’Agen, et par
Bernardo Vittone en 1756. Confiée
aux Barnabites qui firent édifier la
chapelle de la Vierge de Loreto, elle
fut encore restructurée à la fin du
XIXe siècle. Jusqu’en 1698, on y
enterra les condamnés à mort, puis
des personnalités comme le peintre
Sebastiano Taricco (1641-1710) ou le
ténor Francesco Tamagno (1850-
1905).
Bourg d’Altessano (de gauche à droite) : en haut, restructurations
de Castellamonte ; au milieu, place de l’Annunziata et via Mensa ;
à droite, place de la République, en haut de laquelle la chapelle S.
Uberto ; en haut à droite, Cour principale.
Venaria Reale : Costume royal ; à côté : le Salon de Diane. Le Salon de
Diane vu de la cour ; l’église S. Uberto.
Le jardin ;
en dessous : Rondò alfieriano ; Galerie de Diane, portraits des Savoie.
2) Palazzo Madama
Au milieu de la place Castello, son nom rappelle l’utilisation du palais comme résidence officielle par les régentes du duché de Savoie (« madame royale »), Marie
Christine de France ( de 1637 à 1663) et Maria Giovanna Battista de Savoie Nemours (de 1675 à 1724).
À l’origine se trouvait la porte romaine Porta Pretoria, dont les deux tours furent englobées au Moyen âge dans une forteresse érigée par Guillaume VII de
Montferrat qui avait conquis Turin sur les Savoie de 1274 à 1280. La « casaforte » fut ensuite agrandie en château en 1337 par Giacomo et Filippo I d’Acaja et, au
début du XIVe siècle par Ludovico d’Acaja, – dont la famille, les Acaja, branche cadette des Savoie, fut possesseur du château jusqu’à l’extinction de la branche –,
un plan carré avec une cour intérieure et deux tours d’angle du côté du Po viennent s’ajouter aux deux tours de la porte romaine.
Au début du XVIIe siècle, Ascanio Vitozzi réalise une nouvelle façade, et Carlo di Castellamonte couvre la cour pour en faire un nouveau salon de réception (1638-
40) après que le château fût devenu résidence de Maria Cristina de France, sœur de Louis XIII de France et régente de son fils mineur Carlo Emanuele II, en 1637
; il commença aussi à prévoir une nouvelle façade. Carlo Emanuele II y résida de 1664 à 1665, et à sa mort en 1675 vint y habiter sa mère Maria Giovanna
Battista di Savoia Nemours. Palazzo Madama était un des éléments de constitution d’un « ville nouvelle » qui soit adaptée à la volonté des Savoie de construire un
État absolu, qui se renforce encore lorsque les ducs deviennent rois en 1713 par l’acquisition de la Sicile, échangée peu après avec la Sardaigne. À partir de
1718, Filippo Juvarra, à Turin depuis 1714, est chargé d’élaborer un vaste projet dont il ne réalisa qu’une partie, la partie antérieure du palais comportant le grand
escalier, avec ses immenses baies vitrées qui permettaient de voir de la place les fêtes et les bals organisés à l’intérieur : il fallait donner l’image d’un pouvoir
central fort et visible. Par la suite, le palais ne fut habité qu’occasionnellement par le général français représentant le gouvernement provisoire en 1799, puis par
les rois de Savoie, et Napoléon avait même prévu de le faire démolir. En 1832, il devint le
siège de la Pinacothèque Royale instituée par Carlo Alberto, puis du Sénat italien de 1860
a 1864, et de la Cour de Cassation de 1869 à 1923. À partir de 1883, Alfredo d’Andrade y
fit des fouilles qui permirent de retrouver l’histoire et la structure de l’édifice et de restaurer
les formes médiévales. Les restaurations faites de 2003 à 2005 ont permis d’ouvrir les
pièces des appartements baroques des Savoie.
À l’intérieur a été installé le Museo Civico d’Arte Antica, ouvert en 1863 pour exposer les
œuvres typiques de l’histoire du Piémont. Fermé de 1988 à 2006, il est restructuré sur 4
niveaux, meubles, tableaux, sculptures, décorations, céramiques, etc. On n’oubliera pas le
Caffé Madama, ouvert dans la Camera della Galleria, dans la Véranda Nord de la façade
de Juvarra, orné des peintures de Vittorio Cignaroli (1730-1800), ni la librairie du Musée
au rez-de-chaussée. Un ascenseur panoramique vitré se trouve dans une des anciennes
tours, il offre de belles vues sur la ville. Dans la Salle du Sénat, exposition des Porcelaines impériales de l’Ermitage.
3) Palazzo Reale, le Palais royal de Turin
Il est lié aussi à l’histoire de la ville et de la famille de Savoie. En 1563, Emanuele Filiberto fait transférer la capitale du
Piémont de Chambéry à Turin, et il commande aussitôt une transformation de la ville de
Turin : il fait construire des fortifications et réaliser sa propre résidence ; celle-ci est
d’abord établie dans le Palais épiscopal, près de la cathédrale San Giovanni, mais il
programme bientôt la construction d’un autre bâtiment, tourné vers le Palais Madame.
C’est Ascanio Vitozzi qui le réalisera pour Carlo Emanuele I à partir de 1584 , selon un
plan inspiré de l’architecture romaine. L’édifice actuel est le résultat des restructurations
opérées à la demande de Madame Maria Cristina de France par Carlo di Castellamonte
et Carlo Morello qui réalise la façade (1658) ; on meuble les pièces, on fait réaliser les plafonds en bois et installer les tableaux
allégoriques qui exaltent les vertus du souverain (créations de peintres étrangers comme Jan Miel, Charles Dauphin et Pierre
Dufour). En 1667-68, Guarino Guarini édifie la chapelle du Saint Suaire reliée symboliquement au palais pour bien marquer la
place que Vittorio Amedeo II entend occuper dans la politique et la culture de l’Europe. On demande aussi au peintre Daniel
Seyter de célébrer le souverain dans la grande fresque de la Galerie « Daniel ». André Le
Notre achève la réalisation des jardins. Après l’acquisition du titre royal en 1713, Juvarra amplifie le palais, modifie l’intérieur :
escalier « delle forbici » (des ciseaux), décoration du salon des laques chinoises ; puis, après le départ de Juvarra à Madrid,
l’architecte en chef est Benedetto Alfieri qui modifie la décoration (miroirs en face des fenêtres dans la Galerie « Daniel »
devenue salle de bal…).
Le palais sera siège du gouvernement français, mais Napoléon n’y change rien ; c’est après la Restauration que les rois
recommencent à amplifier et moderniser les salles du palais, selon le goût classique et néogothique de Pelagio Pelagi, qui est à
Turin à partir de 1832 : il construit la grille métallique qui ferme la place du Palais et y dispose en 1846 les deux statues des
Dioscures, et il installe l’Armurerie Royale dans le bâtiment à droite de la place. En 1862, Vittorio Emanuele II fait modifier le
Grand Escalier et quelques décorations du Palais. Le palais perd de son importance après le
transfert de la capitale à Florence puis à Rome.
La visite se fait obligatoirement avec un guide.
Le Palais Royal est au cœur d’un ensemble de bâtiments où se concentrent les organismes
de pouvoir de Turin : 1) cathédrale, conçue comme chapelle du palais ; 2) palais royal ; 3)
Palazzo Chiablese ; 4) Église San Lorenzo, refaite par Guarino Guarini entre 1666 et 1680
; 5) Préfecture (autrefois Secrétariats d’État) ; 6) Archives de l’État ; 7) Palazzo Madama
au centre de la piazza Castello : 8) Théâtre Royal, reconstruit en 1936, puis en 1973 par
Carlo Mollino et Marcello Zavellani Rossi ; 9) Écuries de la cavalerie royale, aujourd’hui
restaurées et réaffectées : 10) Ancien Hôtel des Monnaies royales ; 11) Ancienne
Université Royale réalisée en 1713-20 par Juvarra.
Le long du flanc gauche de San Lorenzo, passe la rue Palazzo di Città (ancienne Contrada dei Panerai = des boulangers)
ouverte par Ascanio Vitozzi en 1619, qui conduit à la place du Marché sur laquelle se trouve la Palais communal (Mairie de
Turin) ; sur la droite se trouve l’église du Corpus Domini, construite en 1453 mais refaite entre 1671 et 1675, derrière laquelle
fut construite en 1765 l’église dello Spirito Santo.
En face du Palais Royal, la rue Roma conduit à la place San Carlo, puis à la gare Porta Nuova.
9) Lumières d’artiste à Turin (9 novembre 2009-10 janvier 2010)
Douzième édition de Lumières d’artiste, la première expérience italienne capable de mettre en
scène l’interaction entre art et paysage urbain à travers l’emploi de la lumière. La manifestation est
un des rendez-vous principaux à l’intérieur de Contemporary Art Torino Piemonte. Quinze installations, réalisées par autant
d’artistes, sont installées en divers points de la ville, donnant vie à une véritable exposition open-air.
L’événement, qui est reconnu en Italie et à l’étranger comme le symbole d’une Turin en constante fermentation artistique, a démontré
dans le temps qu’il avait la capacité et les potentialités nécessaires pour apporter l’art contemporain au public populaire, en faisant la
promotion d’un dialogue entre les deux.
En cette année 2010, l’installation de Lumières d’artiste prévoit l’exposition de deux nouvelles œuvres : la première intitulée L’énergie
qui unit se répand dans le bleu réalisée par Marco Gastini, et la seconde, arrivée de la ville de Salerne intitulée Mosaïque et
réalisée par Enrica Borghi.
La Galerie Subalpine est le lieu choisi par Marco Gastini pour son œuvre caractérisée par une vision aérienne de signes lumineux,
comme un grandiose ciel étoilé dont l’énergie est la partie déterminante (2 photos en haut).
Le projet Mosaïque, situé rue Lagrange, naît au contraire à Salerne, ville méditerranéenne dont la cathédrale conserve d’anciennes
mosaïques. L’idée des plaques polychromes utilisée dans cette technique a suggéré à Enrica Borghi de réélaborer les
compositions géométriques à travers la réalisation de 150 panneaux constitués d’une structure en aluminium aux côtés de laquelle
sont positionnés des fonds de bouteille percés et unis entre eux par de petites bandes autobloquantes. L’œuvre rappelle les lumières
de la Méditerranée, chromatiquement intenses, et les marqueteries des tapis, qui sont une
évocation
de la mémoire, de l’échange des
marchandises, des parfums et de la
rumeur des gens, mais aussi un
échiquier, le jeu du domino, les
enseignes ponctuelles des années ’60 et
les textures de Giò Ponti (2 photos 2e
ligne).
À côté de ces deux nouvelles œuvres,
celles de Mario Airò avec Cosmmétries
place Carignano (1 photo) ; celle de
Daniel Buren, Tapis volant, place Palazzo di Città (2 photos) ; via Roma revient Vol sur … de
Francesco Casorati, un fil lumineux rouge avec des silhouettes d’oiseaux fabuleux (1 photo) ; Nicola
De Maria place San Carlo avec Royaume des Fleurs, nid cosmique de toutes les âmes (2 photos) ;
Rebecca Horn avec ses cercles de lumière capables de donner un aspect surréel au Monte dei
Cappuccini Petits esprits bleus ; les deux phrases au néon de Joseph Kossuth, Double Passage
(Turin), exposées aux Murazzi du Po ; Qingyun Ma avec Neongraphy à la fondation Sandretto Re
Rebaudengo ; Le vol des nombres de Mario Merz qui caractérise le symbole de Turin, La Mole
Antonelliana, avec la séquence numérique de Fibonacci (2
photos) ; Domenico Luca Pannoli, avec l’installation au
marché de la Crocetta, L’amour ne fait pas de bruit ;
Palomar de Giulio Pratolini, œuvre conçue comme un atlas
astronomique, qui illumine via Po (2 photos) ;
Michelangelo Pistoletto avec Aimer les différences, qui,
sur l’Ancienne Marquise de l’Horloge de Porta Palazzo,
propose cette phrase en 39 langues différentes ; Nous de
Luigi Stoisa dans la rue piétonne Garibaldi (2 photos) ; et
enfin à l’entrée Sud de la ville, Lumière Fontaine Roue de
Gilberto Zorio, étoile tournante qui évoque un moulin (2
photos).
http://www.comune.torino.it/cultura/luci_artista.pdf
(Traduction de la Repubblica 20-11-2009 par Jean Guichard)
TORINO, IL SALOTTO D’ITALIA
Oui, nous sommes têtus ! Les "fidèles" le savent : depuis nos débuts, nous faisons la promotion de Turin, nous vantons les charmes – discrets – de la
capitale du Piémont et organisons des « gite » dans cette ville : chaque week-end constituera une nouvelle expérience en ces lieux.
Comme nous, essayez donc aussi, au moins une fois, de débarquer au Marché de Porta Palazzo et au Balôn , vers 11 heures du matin : une
accumulation de chalands endiablés, d'échafaudages de poivrons rouges, d' artichauts violets – à manger crus absolument – , de fenouils vert tendre ; la
pescheria avec les inévitables espadons dotés de leur très généreuse épée (il pesce spada), le marché de la viande regorgeant du traditionnel capretto
(chevreau) de Pâques, suspendu par demi-carcasse, pour ne pas parler des divers fromages venus de toute la péninsule : mozzarelle de bufflonne, ou bien
fumées, pecorino siciliano truffé de grains de poivre ... j' en passe , et des plus pimentés !
Bien sûr les grissini, fabrication artisanale : lunghissimi, courts, gros, filiformes, nature, au sésame, au fenouil ... Et, pour Noël, les grosses olives du Sud
à frire … Et puis, à travers les arcades (« i portici »), les turinois : sobres, élégants, finement chaussés, chapeautés – du grand-père à la petite-fille –. Et des
peintres partout : pour redonner vie aux palais, aux portici, aux places. Turin, entre les mains de ses nouveaux édiles se pare de demi-teintes : du blanc cassé au
gris bleuté, du vert amande au rose fané.... selon le plan de couleurs.
Oui, ils ont raison ceux qui prétendent que cette ville, ce n'est décidément pas tout à fait l'Italie : moins spectaculaire, moins vistosa, mais combien
raffinée, de cette élégance des vrais aristocrates. Et elle a beaucoup contribué à faire l’Italie, dont elle fut la première capitale.
Pour moi, Turin est toute contenue dans les saveurs de ses vieilles pâtisseries et confetterie, de ses cafés fin de siècle, de leurs stucs et miroirs fanés, de
leurs velours et devantures en noyer ... Et le contenu des tasses et verres est à la hauteur du décor : des chocolats chauds noirs et crémeux, des vermouth servis
en leur cité natale, des aperitivi della casa à base d' Asti Spumante, – agrémentés d' un nuage de kiwi –, tandis que l'on picore, au comptoir de marbre, des
branches de céleri ou des radis brièvement immergés en de petits bols de sauces inconnues.
Oui, nous aimons Turin, pour ses traditions de roi, pour ses secrets, pour ces Garibaldi et ces Cavour qui, ayant pris d'assaut les gelaterie, s' y
retrouvaient pour créer une Italie encore inexistante. Nous aimons Turin parce qu' elle n' est point frénétique ni artificielle. En somme parce qu'elle est de bon goût.
Patricia Rey-Guichard
A Turin, le moment de l' apéritif est un rite : patrie du vermouth , elle exporte les plus célèbres dans le monde entier : Martini, Cinzano, Carpano. Rituels
sont aussi les rendez-vous dans ces bars, cafés ou pâtisseries, tels... Voir la fiche sur les Cafés ! Mais Turin est aussi le lieu du chocolat à la noisette, de la
fameuse crème « Gianduja » : on en trouve d'exquises à la Confetteria Stratta, ou chez Baratti, Piazza San Carlo. La liste n'est pas exhaustive. Qu'elle soit un
apéritif pour une prochaine (re)découverte de la ville!
Glossaire
Il biscotto : un biscuit (et non une biscotte !)
Il caffè peut être : stretto ou lungo (serré ou dilué) / corretto ( "corrigé" ... à l' eau de vie) / macchiato ( avec un nuage de mousse laiteuse et de cacao).
Il cioccolato sera caldo (chaud) ; on vous le proposera con o senza panna (avec ou sans Chantilly). Même si vous n' appréciez pas énormément ladite crème,
pour une fois, essayez !
I cioccolatini : les petits chocolats individuels. Ne manquez pas la spécialité turinoise : i gianduiotti.
La crema Gianduia : chocolat et noisettes du Piémont, elle a inspiré la recette de la célèbre Nutella, que n’apprécie pas une de nos ministres !.
Un panino : une sorte de sandwich, mais en beaucoup plus fin, en particulier les tramezzini (pain de mie coupé en triangle et fourré de mayonnaise et, au choix,
de tas de petites merveilles, légumes , fruits de mer, charcuterie...).
UNA pasta... ce n' est pas LA pasta ! Una « pasta », c'est un gâteau individuel (de pâtissier) , tandis que « la pasta », ce sont « les pâtes » (spaghettis ...).
I sott' olio : vendus en bocaux, ce sont les divers produits alimentaires préparés – et conservés à l' huile –, et que les italiens servent en antipasti (hors
d'oeuvres) accompagnés le plus souvent de charcuterie. Parmi ces petites merveilles: carciofini (artichauts), funghi (champignons), melanzane (aubergines) ...
Bibliographie sommaire :
Angelo Lostia, Storia di Torino, Newton Compton Editori, 1997, 302 p.
Renzo Rossotti, Le strade di Torino, Newton Compton Editori, 1997, 672 p.
Valerio Castronovo, Torino, Editori Laterza, 1987, 686 p. (L’histoire de la ville de 1864 aux années 1980)
Città di Torino, Torino et la littérature, Torino Musei, 2002, 38 p.
Gianni Oliva, I Savoia, novecento anni di una dinastia, Oscar Storia, Mondadori, 1998, 526 p.
Bruno Gambarotta, Livio Bourbon, Enrico Formica, Torino 360°, Priuli e Verlucca Editori, 2004.
Ornella Paletto, Giuseooe Parola, Strade e palazzi del Risorgimento a Torino, Sei itinerari dal 1800 all’Unità,
Edizioni del Capricorno, 2011.
Dominique Escribe, Olivier Monge, Agnès Monges, Torino Nice, Une histoire commune, Territoire /
Gilletta.Nice-Matin / Hapax EditoreTorino Nice, avec le soutien
du Conseil Général des Alpes
Maritimes et de Regione Piemonte, 2007, 208 pages, Ouvrage bilingue français-italien.
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