10. Voyages en Italie : ROME 5
Propositions de visites de Rome (5 et 6)
5) Itinéraire baroque (Place Navone – S. Pietro)
(1/2 journée qui peut se faire à la suite de l’itinéraire 4)
(CARTOVILLE A puis B)
De la place Navone, descendre au sud vers la Piazza Pasquino (statue du Pasquino – Cf ci-
dessus) et prendre la Via del Governo Vecchio. Ce fut une des grandes rues de la Rome
pontificale parcourue par les cortèges du pape allant du Vatican à S. Jean de Latran. Urbain VIII y
fixa le gouvernement de Rome au palais Nardini (n° 39) ; il fut ensuite transféré au Palais Madame
par Benoît XIV (1740-58), d’où le nom donné à la rue (« vieux » gouvernement). Remonter à dr.
vers le Palais Taverna (XVe s. sur les restes de la forteresse des Orsini), et prendre la Via di
Panìco (= le « millet », nom dû à un relief trouvé quand on perça la rue, qui représentait des
oiseaux becquetant du millet) qui conduit jusqu’au Pont S. Angelo. Il fut construit en 133-34 par
Hadrien pour relier son mausolée (Castel S. Angelo) au Champ de Mars ; c’était alors le « Pont du
Soleil », dont il reste les 3 arcades centrales. Au Moyen-Âge, il était garni de petites boutiques qui
provoquèrent un accident en 1450 : les parapets se rompirent et il y eut 172 noyés ; Nicolas V
(1447-55) le fit donc dégager et y construisit 2 chapelles qui pendant le sac de Rome furent
utilisées par les lansquenets pour tirer sur le Château S. Ange où le pape était réfugié ; Clément VII
les fit donc démolir en 1534 et installer à leur place les 2 statues de S. Pierre et S. Paul. Clément
IX (1667-9) le fit décorer par les 10 anges porteurs des instruments de la Passion, dessinés par
Bernini et réalisés par ses élèves, un prodige technique qui en fait un des plus beaux paysages
baroques de Rome : Ange à l’éponge, Ange à la lance, Ange à la cartouche (copie d’un original du
Bernin aujourd’hui à S. Andrea delle Fratte), Ange à la croix, Ange à la robe et aux dés, Ange aux
clous, Ange à la couronne d’épines, Ange au linge
de la Véronique, Ange au fléau, Ange à la colonne.
On traverse le pont et on se trouve en face du
Château S. Ange : Hadrien le fait construire en face du Mausolée d’Auguste, comme mausolée de toute sa
dynastie (tous les successeurs d’Hadrien y sont enterrés jusqu’à Caracalla). C’est un des éléments de la
divinisation de l’empereur : selon une tradition ancienne, depuis Mausole, satrape de Carie de 377 à 353, jusqu’à
Auguste et d’autres personnages (Cf tombeau de Cecilia Metella sur la voie Appienne), le tumulus circulaire planté
de cyprès est la formule de ces tombeaux qu’Hadrien choisit pour concevoir le sien en 130, en soignant
l’orientation, face au midi, selon une orientation Nord – Sud que suit le pont : le fleuve est ainsi une sorte de Styx
que l’on franchit pour aller vers le Nord, lieu de résidence des morts. Il est par ailleurs symétrique au Panthéon, de
l’autre côté du Tibre, lieu solaire par son oculus, repris probablement ici par un édifice cubique surmonté d’un char
solaire qui exprimait la montée de l’empereur vers le soleil et l’immortalité (Hadrien était initié aux cultes d’Eleusis,
religion de salut qui impliquait l’affirmation de la poursuite d’une vie éternelle après la mort). Pour la même raison,
le tombeau n’est pas enterré, mais on y accède en montant une rampe qui oriente vers le haut et vers le quadrige solaire.
Le mausolée est intégré dans sa muraille en 271 par Aurélien qui en fit un avant-poste fortifié ; il servit de forteresse pendant le Moyen-Âge, puis fut remis aux
papes qui en firent le point d’appui de tout le système défensif de leur pouvoir temporel, relié à S. Pierre par un corridor secret. Les papes y habitèrent souvent, ils
y gardaient leurs archives et leur trésor. Il fut donc fortifié et entouré des murailles qui subsistent aujourd’hui.
L’intérieur est très intéressant à visiter : on y retrouve quelques parties de l’ancien mausolée et l’ensemble des appartements des papes qui y habitèrent
(ouvert tous les jours de 9h à 18h).
Sinon, on rejoint la Via della Conciliazione, telle qu’elle apparaît aujourd’hui, froide et monumentale, après les démolitions des années 1936-1950 (Voir ci-dessus
photo avant 1936) : le problème de l’accès à la Basilique se posait depuis le XVe s., mais ne fut résolu qu’après la signature du Concordat en 1929, selon la
proposition faite par Marcello Piacentini et Attilio Spaccarelli ; on ne respecta que le palais Torlonia et l’église de S. Maria in Traspontina, et pour effacer les
irrégularités restantes on installa en 1950 les bizarres obélisques – lampions.
On arrive à la Place S. Pierre et on entre dans la « Ville sainte ». Dès les Étrusques, le lieu eut un caractère sacré : lieu des « vaticinations ». Caligula y édifia un
cirque privé achevé par Néron ; l’apôtre Pierre y fut martyrisé entre 64 et 67. En 320, Constantin fonda une basilique au-dessus de la tombe de Pierre, achevée en
349 ; le nivellement de la colline ensevelit la nécropole, et le lieu de mémoire du premier pape devint le symbole de la légitimation de la foi chrétienne par le
pouvoir impérial. Charlemagne ajouta à ce symbole un sens politique : le fondement du pouvoir temporel des papes : c’est à S. Pierre (et non dans la Cathédrale
d’alors, S. Jean de Latran) qu’il voulut être couronné empereur par le pape Léon III, en 800. Les saccages des Barbares et des Sarrasins (846) poussa les papes
à construire l’enceinte et à faire de ce territoire une forteresse, qui deviendra en 1377 la résidence pontificale, avec un couloir secret qui permettait de se réfugier
au Château S. Angelo en cas de danger. Tout autour de la Basilique se développèrent jardins et palais, dont la Chapelle Sixtine en 1484, construite par un
architecte militaire comme tour fortifiée et selon les dimensions du Temple de Salomon à Jérusalem ; la Cité du Vatican devint la capitale d’un État moderne où
pouvoir temporel et pouvoir spirituel sont confondus. En 1506, Bramante commence la construction d’une nouvelle basilique qui sacrifie les formes de l’ancienne,
sur un plan en croix grecque ; les deux modèles furent le Panthéon et la Basilique de Maxence sur le Forum, avec des références aux palais impériaux du Palatin,
à la Jérusalem céleste telle qu’on se la représentait, en somme synthèse entre le ciel (la coupole) et la terre (la base cubique, pierre angulaire, - comme Pierre -,
de l’Église), à la fois mausolée, théâtre, jardin intégré, musée. Raphaël et les Sangallo poursuivirent les travaux sur un plan en croix latine. Michel-Ange reprit en
1546 sur au plan différent, et la construction fut terminée par Vignola, Pirro Ligorio et pour la coupole, Giacomo Della Porta (1572) et Domenico Fontana (1585).
Pour des raisons liturgiques et pour occuper tout l’espace de la basilique primitive, Paul V (1605-21) imposa finalement la croix latine et Carlo Maderna ajouta 3
chapelles ; on termina en 1614 et l’inauguration fut faite par Urbain VIII le 18 novembre 1626, pour le 1300ème anniversaire de la première basilique. L’église
occupe 22.067 m2, longue de 186 m. (194 avec les murs et 218,7 avec le portique) ; le transept mesure 154,8 m. ; la coupole a un diamètre de 42,56 m. et une
hauteur de 136,67 m. jusqu’au sommet de la croix. Les deux petites coupoles latérales sont purement décoratives sans correspondance avec l’intérieur.
Au fond, pour manifester la grandeur de la vérité chrétienne, le pape choisit la puissance et la gloire plutôt que l’humilité, la pauvreté et le sacrifice. Souverain
temporel, économiquement riche, et spirituel, il affirme par la grandeur et le luxe de S.-Pierre qu’il est l’héritier de l’empereur romain et qu’il faut lui être soumis,
sinon on n’échappera pas à l’Inquisition, à l’Index, à la condamnation. C’est un choix qui continue à être discuté dans beaucoup de communautés chrétiennes, à
commencer par celles de Rome. On y a entendu proposer de détruire la Basilique S.-Pierre, comme symbole opposé à celui de l’Évangile...
Sur la place : les 2 fontaines de Carlo Maderno (1613) et Carlo Fontana (1677), la grande place à portiques de Bernini (1656-67), le dernier des « forums
impériaux », symbole de refuge dans le sein de l’Église mère et « théâtre » de la ville et du monde, avec en son centre l’obélisque, symbole solaire...
Nef centrale : 1) Bas-relief (Filarete) ; 2) Statue en bronze de Saint-Pierre, probablement d'Arnolfo di Cambio ; 3) Statue de Saint - Longin, du Bernin (1639).
À la base du pilier, accès aux Grottes vaticanes ; 4) Statue de l'Impératrice Sainte-Hélène, d'Andrea Bolgi (1646) ; 5) Sainte Véronique, de Francesco Mochi
(1632) ; 6) Saint André, de François Duquesnoy (1640) ; 7) Sous le Baldaquin en bronze (Bernin, 1633), autel pontifical et Confession (Maderna), avec ses
lampes qui éclairent la tombe de S. Pierre.
Nef droite : 8) Pietà (Michel-Ange, 1498-9). Voûte: Triomphe de la Croix (Giovanni Lanfranco) ; 9) Statue de Léon XII, de Giuseppe De Fabris (1836) ; 10)
Monument de Christine de Suède (Carlo Fontana) ; 11) Monument de Pie XI (Francesco Nagni) ; 12) Tombeau d'Innocent XII : le pape entre la Justice et la
Charité (F. Della Valle) 1746) ; 13) Monument de la Comtesse Mathilde de Canossa (sur dessin du Bernin) ; bas-relief de Stefano Speranza représentant
l’empereur Henri IV à Canossa (1635) ; 14) Chapelle du Saint-Sacrement : grille de Francesco Borromini ; Ciboire en bronze doré de Gian Lorenzo Bernini, (1674)
; 15) Monument de Grégoire XIII avec la Religion et la Force de Camille Rusconi (1720) ; bas-relief sur le sarcophage : réforme du calendrier de Jules César par
Grégoire XIII (1582) ; 16) Tombe de Grégoire XIV avec la Religion et la Justice de Prospero Antichi ; 17) Chapelle grégorienne (Giacomo Della Porta, 1583) ; sur
l'autel (18), petite image de la Vierge du Secours (XIe s.) ; 19) Tombe de Grégoire XVI, de Luigi Amici (1854) ; 20) Tombe de Benoît XIV, de Pietro Bracci (1759).
Transept droit : 21) Monument de Clément XIII, d'Antonio Canova (1784-1792) ; 22) Chapelle de Saint-Michel: 23) Tombe de Clément X, de Mattia De Rossi
(1684).
Abside : 24) Chaire de Saint-Pierre, de Gian Lorenzo Bernini (1656-65) renfermant l'ancienne chaire en bois. Soutenue par 4 statues de Docteurs de l'Eglise
(Augustin, Ambroise, Athanase et Jean Chrysostome) ; 2 anges, 2 putti ; Gloire en stuc doré ; 25) Monument d'Urbain VIII, de G.L. Bernini (1627-1647), avec la
Charité et la Justice ; 26) Monument de Paul III, de Guglielmo Della Porta (1551-75), avec la Justice et la Prudence ; 27) Sépulcre d'Alexandre VIII de C.A. di
San Martino; la Religion, la Prudence et canonisation de 5 saints, de Angelo De Rossi (1706-15). 28) Chapelle de la Colonne: autel (29) avec reliques de St Léon
le Grand; Tableau en marbre d'Alessandro Algardi : Léon le Grand rencontrant Attila (1646-50) ; 30) image de la Vierge (XVe s.?) ; (31) Tombe d'Alexandre VII,
de G.L. Bernini (1672-78) ; 32) Monument de Pie VIII, de P. Tenerani (1853-66). Entrée de la Sacristie; érigée par Carlo Marchionni (1776-84). De là, on accède
au Musée Historique- Trésor de Saint-Pierre, reconstitué après le saccage par les Sarrasins en 846, à nouveau dépouillé lors du sac de Rome en 1527 puis par
Napoléon (Traité de Tolentino, 1797). Voir le Monument de Sixte IV, en bronze, de Pollaiuolo (1493), catafalque portant les figures féminines de la Rhétorique,
la Grammaire, la Perspective, la Musique, la Géométrie, la Théologie, la Philosophie, l'Arithmétique, l'Astrologie, la Dialectique (Salle III) ; le sarcophage de
Giunius Bassus, Préfet de Rome en 359, converti au christianisme (Salle IX).
Transept et nef gauche: 33) Chapelle clémentine, de Giacomo Della Porta. Sous l'autel, restes de Saint Grégoire le Grand (34) ; en face, Tombe de Pie VII (35),
oeuvre néoclassique de Bertel Thorvaldsen (1823), seul artiste protestant qui ait travaillé à Saint-Pierre, au grand scandale de quelques bonnes âmes. 36) Copie
en mosaïque de la Transfiguration de Raphaël ; 37) Monument de Léon XI, d'Alessandro Algardi (1634-52) avec les allégories de la Majesté et de la Libéralité ;
38) Monument d'Innocent XI, sur dessin de Carlo Maratta (1697-1704), avec les allégories de la Religion et de la Justice ; 39) Chapelle du Choeur sur dessin de
Carlo Maderna, stucs dorés de Carlo Maratta ; 40) Monument de Saint Pie X, sculptures de Pier Enrico Astorri (1923) ; 41) Tombe d'Innocent VIII, de Pollaiolo
(1498), transférée de l'ancienne basilique ; 42) Chapelle de la Présentation : Monument de Jean XXIII (Enterré dans les Grottes vaticanes), d'Emilio Greco ; à g.
Monument de Benoît XV, de Pietro Canonica ; 43) Monument de Marie Clémentine Sobieski, épouse de Jacques III Stuart. En dessous, passage pour la visite
de la coupole. 44) Monument des derniers Stuart (ensevelis dans les Grottes vaticanes), d'Antonio Canova (1817-19) ; 45) Baptistère: vasque formée par le
couvercle d'un sarcophage ancien en porphyre, ayant appartenu au sépulcre de l'Empereur Hadrien; couverture en bronze de Carlo Fontana.
Pour revenir à l’hôtel, selon l’heure et la fatigue : 1) ou bien rejoindre le pont Victor Emmanuel II et prendre le Corso Vittorio Emanuele II et la Via
Nazionale, 2) ou prendre le bus jusqu’à la Gare.
6) Itinéraire Champ de Mars, Trastevere + courses
(Cf. CARTOVILLE, plans E puis C)
(Peut être fait le jeudi, du fait du rendez-vous pour un groupe de 20 personnes au Palais Farnese à 15h. Partir au maximum à 9h pour tout faire !)
Descendre la Via Nazionale. À partir de la Via Quattro Fontane (pour le début de la rue, cf. Itinéraire I), la rue est
poursuivie après 1871 par Alessandro Viviani. Remarquer à g. l’église américaine épiscopale (anglicane) de St.
Paul’s within-the-Walls, premier temple non catholique de la ville (1872-76). Après la Via Genova, à dr. l’église
S. Vitale, en contrebas de la rue, « titre » consacré par Innocent I en 412, reconstruite par Léon III (795-816),
réduite à ses dimensions actuelles par Sixte IV en 1476, remise en l’état primitif en 1937-38. À côté, le Palais des
Expositions, érigé en 1883 par Pio Piacentini, couronné sur les ailes de 12 statues d’artistes célèbres ; sur les
côtés de l’arcade, l’Art industriel et l’Architecture, la Peinture et la sculpture, deux hauts reliefs (Fêtes pour la Vierge
de Cimabue et Découverte du Laocoon), groupe en marbre (l’Art entre la Paix et l’Étude). Un peu plus loin, tunnel
Humbert I sous le Quirinal ouvert par Alessandro Viviani en 1902-1903. Avant le Largo Magnanapoli, siège de la
Banque d’Italie (1887-1902, forme néoclassique de Gaetano Koch). En face, un des édifices « Art Nouveau » de
Rome, le Théâtre Eliseo (1914)
Sur le Largo, on voit sur la dr. la via XXIV Maggio et en haut le Palais du Quirinal ; au centre du Largo, quelques
reste des murs de Servius Tullius ; à g. S. Caterina a Magnanapoli (Couvent des Dominicaines, 1575). On descend
vers la Place de Venise par les rues IV Novembre et Cesare Battisti (homme politique italien, 1875-1916, pendu
par les Autrichiens, héros de l’histoire italienne)
À g., on entre dans les Marchés de Trajan (début IIe s. apr. J.C.) où est en
cours d’installation un grand Musée des Forums impériaux. Une grande façade
soutenait le terrain du Quirinal coupé pour l’ouverture du Forum de Trajan sur la
hauteur de la colonne Trajane. L’ensemble est dominé par la Tour des Milices et
par l’ancien château médiéval des Caetani (XIIIe s.). On entre dans la grande
Salle à plan rectangulaire sur 2 étages (n° 5), chacun avec 6 boutiques sur les côtés longs, peut-être salle de bourse et de
commerce. Vers le fond à g., un escalier monte au 1er et au 2ème étage (belle vue sur le Forum romain et le Capitole) ; on passe
devant les boutiques et, tournant à dr. on rejoint le jardin et la Tour des Milices ; à dr. salles qui étaient peut-être des bureaux (n°
6) à côté desquels sont les restes du château des Caetani. Du fond de la première salle, on descend vers la Via Biberatica (n°
4), probablement longée par des marchands de boissons, qui monte bordée de tavernes à dr. et de murs romains à g. Par un
escalier ancien à l’intérieur de la boutique d’angle, on descend à un couloir (n° 3) sur lequel donnent une série de boutiques, puis
à la rue qui longe le grand Hémicycle (n° 1) qui englobe celui du Forum (n° 7), avec ses 10 boutiques (n° 2). Les 2 grandes
salles aux extrémités de la façade ont pu servir d’écoles ou de salles de conférence (proximité des bibliothèques du Forum). Des
Marchés, un passage permet de passer dans le Forum de Trajan.
Ce grand ensemble a probablement servi de magasin de gros administré par l’État pour les denrées alimentaires et en partie
pour la vente au détail : les activités commerciales se sont peu à peu éloignées du Forum romain dans la restructuration
impériale de la ville. L’architecte fut sans doute le même que celui du Forum de Trajan, Apollodore de Damas, qui adapte
génialement sa construction à l’espace asymétrique de cette coupe de la colline du Quirinal (la coupe et la reconstitution sont
tirées de : Filippo Coarelli, op. cit. pp. 87-8).
Dans le second coude de la rue IV Novembre, vue de la via della Pilotta avec ses 4 passages reliant le palais Colonna à g.
avec la Villa Colonna sur le Quirinal ; à g. l’église Vaudoise (1883) et plus loin, le palais Valentini (1583-85), maintenant siège
du Conseil Provincial. On arrive piazza Venezia, avec à g. le Palais des Assurances Générales de Venise (1902-06), construit en
rapport avec la restructuration de la place ; il reprend des formes du XVe s. vénitien avec un lion de S. Marc, en référence au Palais de Venise construit en face
comme résidence du cardinal vénitien Pietro Barbo en 1455-64, puis comme siège de l’ambassade de Venise à Rome de 1564 à 1797. Le gouvernement italien le
confisqua en 1916, et il abrita Mussolini et le Grand Conseil du Fascisme de 1929 à 1943. Aujourd’hui, important musée de peinture vénitienne et italienne, de
porcelaines européennes et orientales, de bronzes, de terres cuites.
Derrière, Basilique S. Marco, construite en 336 en l’honneur de l’évangéliste, reconstruite en 883, rénovée de 1465 à 1470 et « baroquisée » de 1654 à 1657. À
l’angle avec le petit Palais Venezia, statue parlante de Madama Lucrezia (Cf. plus haut), et fontaine de la Pigna (1926).
Contre les pentes du Capitole, Monument à Victor Emmanuel II (le « Vittoriano » ou « Autel de la Patrie »), dont le style
violemment néo classique et grandiose finit par s’intégrer dans le paysage romain. Prévu dès la mort du roi en 1878, il fit l’objet
de plusieurs concours gagnés finalement par Giuseppe Sacconi en 1885 ; suite aux difficultés techniques (terrain peu solide du
Capitole) et économiques, le monument ne fut inauguré qu’en 1911. Dans l’anticléricalisme régnant alors, on voulut aussi
cacher la grande église de S. Maria in Aracoeli ... mais il fallait également consolider la pente du Capitole.
Description : 1) Grille en fer forgé ; 2) La Pensée ; 3) L’Action ; 4) Fontaine de l’Adriatique ; 5) La Force ; 6) La Concorde ; 7)
Fontaine de la Mer Tyrrhénienne ; 8) Le Sacrifice ; 9) Le Droit ; 10) Grand escalier ; 11) et 12) Victoires sur Rostres ; 13)
Tombeau du Soldat Inconnu ; 14) La Déesse Rome, vers laquelle converge la frise du Triomphe du Travail et du Triomphe de
l’Amour de la Patrie ; 15) dans la base, les 14 villes d’Italie ; 16) Statue équestre de Victor Emmanuel II ; 17) et 18) Victoires sur
colonnes, avec dans la lunette les mosaïques de Foi, Force, Travail, Sagesse : 19) Quadrige en bronze de l’Unité ; 20) et 21)
Victoires sur colonnes, avec les mosaïques de Loi, Valeur, Paix, Union ; 22) Quadrige de la Liberté ; 23-38) Au-dessus des 16
colonnes, autant de statues des Régions d’Italie.
Du portique supérieur, vue splendide sur Rome.
Autour du monument, à g. restes du sépulcre de Gaius Poplicius Bibulus (1er s. av. J.C.), alors juste en-dehors de la muraille
de Servius Tullius. Au fond de la place de Venise, le palais Bonaparte à l’angle de Via del Corso (1658-65) où habita Laetitia
Bonaparte, la mère de Napoléon (mais le Musée Napoléon est Palazzo Primoli, sur le Lungotevere Tor di Nona, près du pont
Umberto I).
Suivre la carte A du Cartoville : Prendre au Nord - Ouest de la place la Via
del Plebiscito (du plébiscite du 20 octobre 1870 qui confirma le
rattachement de Rome à l’Italie). À g. façade du Palais de Venise (1468-91)
; en face, à dr. le Palais Doria Pamphilj (palais cardinalice commencé au
XVe s.), puis, à dr.. le palais Altieri (commencé en 1650-55 par le cardinal
Altieri, devenu pape sous le nom de Clément X). On arrive place du Gesù,
occupée par l’église du SS. Nom de Jésus. Les 2 petites églises
existantes furent données en 1551 à Ignace de Loyola qui y fit construire
son église à partir de 1568, financée par le cardinal Farnese et selon le
projet de Vignola, dirigé par 2 jésuites ; la façade fut réalisée par Giacomo
Della Porta. l’édifice fut consacré en 1584, il constitua le modèle de
l’architecture religieuse romaine pendant plus d’un siècle et fut exporté
dans toute l’Europe : sa conception correspondait aux exigences liturgiques
du Concile de Trente qui prescrivait des espaces amples où l’attention soit
concentrée sur le grand autel et sur la chaire ; l’intérieur est donc constitué
d’un rectangle (le transept est très peu prononcé) flanqué de 8 chapelles
latérales. La décoration, plus tardive (1672-85), triomphale et précieuse,
contraste avec le caractère rigoriste de l’édifice : dans la voûte, Triomphe
du Nom de Jésus, de Baciccia en 1679 ; celui-ci exécuta aussi les fresques
de la coupole et du choeur. Voir les chapelles latérales, en particulier à g.
du grand autel, les restes du tombeau du cardinal Robert Bellarmin (buste
de Bernini, 1621-24) et dans le transept g. la chapelle de S. Ignace de
Loyola, d’Andrea Pozzo (1696-1700).
L’édifice est un des plus caractéristiques de l’art baroque romain : rôle
politique et artistique des Farnese, importance des Jésuites, dimension
théâtrale des édifices, nature de l’architecture adaptée à la nécessité de
prêcher pour regagner les esprits gagnés par la Réforme et les nouvelles
visions du monde, nature d’une peinture destinée à montrer le mouvement
des saints vers le ciel, l’aspiration parfois mystique à cette ascension, mais
aussi le triomphe de la religion que représente l’Église catholique romaine.