10. Voyages en Italie : ROME 1
Propositions de visites de Rome
(Les monuments soulignés font l’objet d’un descriptif au cours de chaque itinéraire. Les jours ne sont pas indiqués, sauf pour l’itinéraire 1
recommandé le lundi, jour de fermeture des musées.
Essayez d’avoir un hôtel aux environs de la Gare, il y en a beaucoup et certains peu chers).
1) À la découverte de quelques collines (de la gare à l’Aventin) (2 demi-journées)
a) De votre hôtel, descendre par Piazza dei Cinquecento jusqu’à Piazza della Repubblica. Voir au passage le reste de la muraille de Servius Tullius devant
la gare, le long de la via Marsala. Voir la place et l’église Santa Maria degli angeli. (Cartoville, plan E)
La place « dei Cinquecento » est ainsi nommée pour honorer les soldats italiens morts à la bataille de Dògali,
en Érythrée (26 janvier 1887. Dans le jardin, monument orné d’un des XIII obélisques égyptiens). L’ancienne
gare est démolie en 1948 ; elle avait été construite entre 1864 et 1874 ; l’actuelle, projetée en 1938 pour
l’Exposition Universelle de 1942, est inaugurée en 1950 pour l’Année Sainte. Remarquer la façade (232 m.)
recouverte de travertin et la verrière en ciment armé (le « Dinosaure ») dont les sinuosités font écho au profil de
la muraille de Servius, reste d’un mur de 11 kms de long, 4 m. d’épaisseur et 10 m. de haut ; ce morceau est
long de 94 m.et composé de 17 rangées de blocs en opus quadratum de tuf. Au Sud de la place, le Palazzo
Massimo, ancien collège construit en 1883-7 sur le modèle des anciens palais baroques (ancienne Villa
Peretti), aujourd’hui Musée National Romain consacré à l’art romain de Sylla à la fin de l’Empire ; il est articulé
avec le Musée National Romain des Thermes de Dioclétien (i « Termini », d’où le nom de la gare) (épigraphie,
préhistoire et protohistoire de Rome, la naissance du latin) et avec le Palais Altemps (sculptures anciennes
des grandes familles romaines). À l’angle avec la Via Viminale, Casa del Passeggero (1920), bon exemple d’art
déco romain.
Continuer jusqu(à la place de la République. On longe sur la droite les anciens Thermes de Dioclétien, les plus
importants de Rome (ils pouvaient contenir 3000 personnes) achevés en 306. À l’intérieur, outre le Musée,
l’église de Santa Maria degli Angeli.
La place de la République (autrefois Esedra), comporte une exèdre avec deux palais à portiques qui suit la
courbe de l’ancienne exèdre des Thermes ; ils sont de Gaetano Koch (1887-98), en style néoclassique et
baroque. Au centre la Fontaine des Naïades : la vasque de 1888 est surmontée depuis 1912 de groupes de
nymphes sur des monstres marins de Marino Rutelli.
On rentre dans l’église de Santa Maria degli angeli par le fond de l’ancien « calidarium » des Thermes. En
1561, la décision est prise de consacrer ici une église aux anges et aux martyrs employés, selon la légende, à
la construction des Thermes. C’est à Michel-Ange que fut confiée la réalisation conduite par Jacopo Del Duca
jusqu’en 1566, et aux Chartreux la gestion ; ils construisent le « Grand Cloître ». Luigi Vanvitelli en refit la
structure et la décoration pour l’Année Sainte de 1750. Entre 1901 et 1911, la façade fut démolie pour laisser
place à la muraille ancienne. L’église est un bon exemple de réutilisation chrétienne d’un édifice ancien.
Le vestibule occupe l’ancien passage du « calidarium » au « tepidarium » ; dans les niches 4 monuments funèbres, dont celui de Salvator Rosa à g. Dans la
chapelle de dr. du passage suivant, statue de S. Bruno de Cologne, fondateur des Chartreux (Houdon,1766-8). La nef transversale inclut l’ancien
« tepidarium », avec 3 voûtes en berceau « croisées » reposant sur 8 colonnes monolithiques de granit. Dans le bras dr., sur le sol, méridienne construite pour
Clément XI en 1702, avec les constellations du zodiaque et les variations millénaires de l’étoile polaire. Sur les parois, à dr. Crucifixion de S. Pierre et Chute
de Simon le Magicien ; à g. S. Pierre ressuscite Tabita et Prédication de S. Jérôme ; au fond, le Bienheureux Niccolò Albergati (1746-1750). Monument
funèbre de 3 artisans de la victoire de 1918 : Orlando, Thaon de Revel et Armando Diaz. Dans le bras g., sur la paroi dr, Immaculée et Saints et Résurrection
de Tabita, sur la g., Chute de Simon le Magicien (Batoni, 1755) et Messe de S. Basile. Dans la chapelle de S. Bruno, au fond : Vierge et saints Bruno et Pierre.
Dans le passage au presbyterium (on entre dans le « frigidarium »), Vision de l’Enfer (Mazzoni, XVIe s.). Dans le presbyterium à dr. : Présentation de Marie au
Temple (1640), Martyre de S. Sébastien (1629) ; à g. : Baptême de Jésus (Maratta, 1697). Dans l’abside, monument funèbre de Pie IV (1565) et du Cardinal
Serbelloni (1583) ; sur la g. la Chapelle de l’Épiphanie, ancienne sacristie de l’église de Michel-Ange transformée en choeur en 1727, Histoires de S. Bruno. Le
nouvel orgue monumental a été offert par la ville pour le jubilé de 2000.
,
b) En face de l’église, prendre la Via Nazionale, puis la Via Depretis (4e croisement à g.), suivre cette rue jusqu’à Piazza Esquilino, derrière l’abside de S.
Maria Maggiore : on monte sur le Viminal (à dr. Palais du Viminal, Ministère de l’Intérieur), on redescend et on remonte sur l’Esquilin. Visiter Santa Maria
Maggiore. Prendre la Via S. Maria Maggiore jusqu’à S. Lorenzo in Panisperna, puis continuer Via Panisperna, tracée au XVIe s. par Sixte V, une rue
intéressante, populaire qui passe de l’Esquilin au Viminal puis au Quirinal. Avant l’église S. Caterina a Magnanopoli, prendre à g. la Salita del Grillo puis la Via
Tor dei Conti. Vous pourrez déjeuner sur la petite place qui est au bout, à l’angle de la Via Cavour, où vous trouverez des distributeurs de pizza ou petits
restaurants.
La via Nazionale est la première rue moderne de Rome, suivant le tracé de l’ancien « Vicus Longus » romain ; cette
partie a été ouverte par Mgr Francesco Saverio De Merode en 1864-66 pour célébrer l’unité de l’Italie ; la qualité
architectonique en est médiocre, elle est meilleure après la Via Depretis.
Celle-ci est bordée par la Place du Viminal, au fond de laquelle se trouve le Palais du Viminal construit en 1912-21 par
Manfredo Manfredi, à l’imitation des palais du XVIe s. En face, une maison d’habitation de Marcello Piacentini (1914-
19) qui annonce l’art déco. Plus loin, à l’angle de Via Balbo, le palais de l’Institut National de la Statistique (1929-31),
qui a une des plus importantes bibliothèques spécialisées d’Europe. Au bout de la rue, on croise la Via Urbana et la Via
Cavour et on se trouve face à l’abside de la basilique Santa Maria Maggiore. Contourner l’église et entrer par la
façade.
La basilique occupe le sommet du « Cispio », une des parties de l’Esquilin. Au centre de Piazza S. Maria Maggiore,
colonne corinthienne prise en 1614 à la basilique de Maxence dans le Forum et située en pendant de l’obélisque. C’est
la première et la plus grande (86 m. de long, 32 de large et 16 de haut) basilique consacrée à la Vierge Marie. Selon la
légende, elle a été fondée par le pape S. Libère, suite à une vision qu’il eut une nuit en même temps que Giovanni
Patrizio : le matin suivant, un 5 août 356, une grande chute de neige devait signaler les limites de l’église à construire ;
le lendemain, on constata que la vision disait vrai, et le miracle est commémoré par une pluie de jasmins blancs le 5
août dans la basilique. Elle contient aussi une urne donnée par Philippe II d’Espagne, qui contient des restes de
planches de la mangeoire de la crèche où naquit Jésus, rapportées de Bethléem sous le pontificat de Théodore I (642-
9).
La construction actuelle semble dater de Sixte III (432-440) pour célébrer la maternité divine de Marie proclamée par le
Concile d’Éphèse en 431. Les fouilles de 1966 ont révélé qu’elle se trouvait sur un ensemble de constructions de
l’époque d’Auguste et refaites sous Constantin (on y voit encore un calendrier mural de la fin du IVe s. et des scènes
relatives aux travaux des mois). Nicolas IV (1288-1292) recula l’abside et fit construire un transept (de là viennent les
mosaïques de l’abside et de la façade) ; les voûtes sur les nefs latérales sont ajoutées au XVe s., et les chapelles
latérales sont faites au XVIe s. Clément X (1670-1676) fit installer la partie extérieure de l’abside, et Clément XI (1700-
1721) fit refaire une nouvelle façade harmonisée avec la précédente par Ferdinando Fuga (1699-1781) en 1741-43. Le
clocher, érigé en 1375-6 est complété sous Jules II jusqu’à ses 75 m. actuels.
L’intérieur est le seul des basiliques patriarcales à avoir conservé un aspect proche de celui d’origine. Plafond à caissons de G. de Sangallo ; 3 nefs
soutenues par 36 colonnes de marbre et 4 de granit.
1) Monument de Clément IX (Rainaldi, 1671)
2) Monument de Nicola IV (Fontana 1574)
Tout le long de la nef centrale, mosaïques (à dr. Histoires de Moïse et Josué ; à g. Histoires d’Abraham, Isaac et Jacob) de l’époque de Sixte III, document
précieux de l’art du Bas-Empire, ainsi que la mosaïque de l’arc (Scènes de la vie de Jésus). Au-dessus des mosaïques, entre les fenêtres, Scènes de la vie de
la Vierge de 1593.
3) Confession refaite en 1862 pour abriter l’urne d’argent contenant les reliques de la crèche, et statue de Pie IX (1883).
4) Baldaquin de F. Fuga, reprenant les 4 colonnes de porphyre du précédent et décoré de feuillage de bronze doré par Valadier (1823).
5) Abside à fenêtres gothiques, mosaïque de Jacopo Torriti (1295) : Couronnement de Marie entre le cardinal Colonna et Nicolas V entre 2 troupes d’anges et
les saints Pierre, Paul et François, au-dessus du fleuve Jourdain. En dessous, épisodes de l’Apocalypse de Torriti En 1931, on démolit la voûte du XVIe s. et
on retrouve le transept de Nicolas IV avec les fresques de Prophètes de Cavallini, Cimabue et
Giotto.
6) Baptistère, de Ponzio (1605) ; vasque de porphyre de Valadier (1825).
7) Sacristie et 8) et 9) fresques de Passignano (1559-1638).
10) Chapelle des saints Michel et Pierre aux Liens.
11) Cour avec la colonne qui commémore l’abjuration de Henri IV de France (1596).
12) Chapelle des Reliques, restructurée par Fuga avec 12 colonnes de porphyre rouge (1750).
13) 4e autel avec Annonciation de Pompeo Batoni (1750).
14) Chapelle Sixtine érigée pour Sixte V par Fontana(1584-7), en croix grecque, ornée de marbres
romains du Palatin. On descend à l’Oratoire de la Crèche, petite chapelle rénovée par Arnolfo di
Cambio, avec le monument de Sixte V (1588-1590).
15) Sacristie et 16) tombe gothique du cardinal Consalvo Rodriguez (1299).
17) Chapelle Pauline ou Borghese : sépulcres de Clément VIII (1592-1605) et de Paul V (1605-
1621).
18) Sacristie et 19) Salle du Chapitre.
20) Chapelle Sforza, restaurée en 2004, à plan elliptique et absides latérales sur dessin de Michel-
Ange.
21) Autel de S. François, 22) statue de Guido Galli (1918), 23) Autel de S. Léon le Grand.
24) Chapelle Cesi (1550) ; sépulcres de 1565.
25) Monument d’Agostino Favoriti (1685)
26) Sépulcres des cardinaux Philippe et Eustache De Levis (1489).
À gauche de l’abside, prendre la via Santa Maria Maggiore qui se continue par la via Panisperna. On est incertain sur l’origine du nom : soit il vient d’un
préfet romain appelé « Perpenna » (selon une inscription retrouvée là) ; soit en ce lieu fut le temple de Jupiter Fagutal auquel on sacrifiait un porc (la « perna »
= le jambon en latin) ; la tradition s’est maintenue au Moyen-Âge, où les Clarisses distribuaient du pain et du jambon aux pauvres pour la fête de S. Laurent ;
mais l’église s’appela aussi « Palisterno », de « palis » (barre de fer) et « sterno » (sternere, stravi, stratum = étendre), qui ferait allusion au supplice de S.
Laurent qui aurait été brûlé ici sur une grille de fer. La rue fut tracée par Sixte V pour joindre Santa Maria Maggiore à la Place de Venise. L’église S. Lorenzo in
Panisperna aurait été édifiée par Constantin sur le lieu du martyre ; elle fut reconstruite en 1300 et en 1574 ; le portail extérieur, qui donne accès à une des
rares maisons médiévales de Rome à escalier extérieur,. fut restauré par Léon XIII qui fit construire les escaliers d’accès.
Derrière l’église s’étendait une vigne qui fut expropriée en 1873 pour construire le palais du Viminal et l’édifice où se trouve l’Institut de Physique de
l’Université de Rome où travaillèrent Enrico Fermi et Ettore Majorana.
Puis la via Panisperna remonte les pentes du Quirinal ; on passe les églises de S. Bernardino da Siena (1625) et S. Agata dei Goti, fondée au Ve s., d’abord
église des Goths ariens puis consacrée au catholicisme romain par S. Grégoire le Grand en 593. L’intérieur garde en partie la structure du Ve s. La rue se
termine après avoir obliqué sur la droite selon un tracé préexistant à Sixte V, ayant à dr. le mur du jardin de la Villa Aldobrandini et à g. les églises des SS.
Domenico e Sisto (1569-1636) à côté du cloître dominicain, et de S. Caterina a Magnanopoli, fondée avec le couvent des Dominicaines en 1575, refaite en
1628-1641. Voir la structure (salle unique avec 3 chapelles latérales de chaque côté) et le tabernacle en agate, lapis lazzuli et bronze doré (1787).
En perspective sur la droite, on voit le sommet du Quirinal et le Palais présidentiel.
Derrière S. Caterina, la Tour des Milices, témoignage de l’architecture civile du XIIIe s. : fondée par les Conti, acquise par Boniface VIII pour se fortifier
contre les Colonna, puis intégrée en 1619 dans le couvent des religieuses de S. Caterina.
Prendre à g. la pittoresque Salita del Grillo, du nom du palais del Grillo (XVIIIe s.) relié par un passage supérieur à la tour Del Grillo (XIIIe s.). On continue la
Via Tor de’ Conti le long du grand mur en pépérin qui séparait le Forum d’Auguste du quartier populaire de la Suburra ; à l’angle dr. du mur, Maison des
Chevaliers de Rhodes, dont on voit, des Forums, le balcon entre deux fenêtres et la loggia. On arrive au Largo di Romolo e Remo, sur les bancs duquel on
peut déjeuner (Pensez à acheter de la nourriture en vous promenant le matin , ou remontez un peu la via Cavour!).
c) APRÈS-MIDI (1- CAPITOLE ET VÉLABRE) : Traversez la via dei Fori Imperiali e montez au
Capitole, en passant à la Prison Mamertine, l’ancienne prison romaine « Tullianum » (à cause de
la présence d’une source = « tullus »). La légende (après avoir baptisé ses gardiens avec l’eau de la
source, S. Pierre s’y serait tapé la tête contre le mur de l’escalier, y laissant sa marque...) n’a aucun
fondement. Par contre Vercingétorix y est passé avant d’être exécuté.
Vous arrivez sur le Capitole par la via di San Pietro in Carcere (voir photo p. 23). C’est la place
trapézoïdale dessinée par Michel-Ange et exécutée en 1568 et 1655 ; il dessine aussi la montée
d’escalier, au bas de laquelle sont les 2 lions égyptiens transformés en fontaines en 1588 et qui, à
certaines occasions, faisaient couler du vin ! À g. en montant, monument à Cola di Rienzo (1887) qui
fut tué ici en 1354. En haut de l’escalier, balustrade conçue par Michel-Ange : les Dioscures avec
leurs chevaux, les Trophées de Marius (armes barbares de l’époque de Domitien), les statues de
Constantin et de son fils Constant II, deux colonnes miliaires. Le pavement est réalisé en 1940 par
Antonio Munoz à partir des dessins de Michel-Ange. Au centre, copie de la statue de Marc-Aurèle.
Le Capitole a été habité dès l’âge de
Bronze, du fait de sa structure facile
à défendre (il n’était accessible que
par une seule route qui montait du
Forum et par deux escaliers dont
celui des « Gémonies » que vous
avez vu en montant) et de sa
position au-dessus du Tibre, ainsi
facile à contrôler. C’est là que les
Romain construisirent d’un côté le
Temple de Jupiter Capitolin et de la
Triade (avec Junon et Minerve), de
l’autre côté le Temple de Giunone Moneta vers la fabrique de monnaie (« Moneta ») et la
Forteresse (« arx ») ; le « Tabularium » (archives) fut construit dans l’ « asylum », la petite
vallée entre les deux sommets. Le Capitole est abandonné dès la fin du monde romain (c’est le
« monte Caprino », des chèvres), et n’est restructuré qu’à partir de Paul III qui demande les
dessins à Michel-Ange, changeant l’orientation, du Forum vers le Champ de Mars ; il y fait
construire sa tour forteresse et des maisons, églises et couvents, jusqu’à la démolition pour la
construction du Monument à Victor Emmanuel et par Mussolini jusqu’en 1940.
D’un côté de la place, le Palais des Conservateurs, existant depuis le XIIe s., siège de la magistrature élective de la ville, puis refait entre 1563 et 1720. Dans
la cour, la tête et d’autres éléments de la statue colossale de Constantin.
De l’autre côté, le Palais Neuf (1655). Dans les 2, les Musées Capitolins que vous pourrez visiter dans une autre visite.
Au centre, copie contestée de la statue équestre de Marc-Aurèle.
Traverser le Capitole en prenant la via del Tempio di Giove, continuer jusqu’au bout et redescendre à dr sur la Via
del Teatro di Marcello (Voir Cartoville Plan F, en haut à g. et carte ci-dessous). Le Théâtre de Marcellus fut
commencé par César et inauguré par Auguste pour son neveu en 13 av. J.C. (15.000 spectateurs). Abandonné
ensuite, il fut transformé en forteresse, en palais, en magasins, puis récupéré entre 1926 et 1932. Nous sommes
dans le Forum Holitorium, marché aux fruits et légumes. À côté, l’église de S. Nicola in Carcere, du VIIe s.,
reconstruite en 1128 et restaurée en 1733. S. Nicolas de Bari était le protecteur des prisonniers. On passe
ensuite devant la Maison des Crescenzi, un des très rares édifices civils conservés (1040-1065). Suit la
construction fasciste de l’Etat Civil (1936-7). On prend à g. le Vicolo Jugario, et on entre dans le Vélabre,
ancienne zone marécageuse traversée par le fleuve Vélabre qui rejoignait le Capitole encore inoccupé sinon par
quelques nécropoles. Ce sont les rois qui assainirent la zone par la construction de la « Cloaca Maxima », le
grand égout collecteur qui débouche encore dans le Tibre, visible en aval du Pont Palatino.
Remonter à g. la Via della Consolazione, longer le Forum et prendre la Via San Teodoro (l’ancien Vicus Tuscus).
Remarquer sur la g. l’église San Teodoro construite au VIe s. On se trouve près du Germalus, le lieu où s’arrêta
le panier dans lequel avaient été déposés Romulus et Remus et où la louve les avait allaités : c’est pourquoi au
Moyen-Âge, les nourrices venaient ici fêter le Saint le 20 avril ; on y apportait aussi les enfants atteints d’infirmités
pour qu’ils soient guéris par le Saint. L’église est construite sur les « Horrea Agrippiana », les entrepôts de blé
construits par Agrippa, le gendre d’Auguste, dans une zone alors pleine de boutiques et d’entreprises. Ce fut
aussi dans la Rome ancienne un lieu de rendez-vous des élégants, des souteneurs et des putains, on y vendait
des fleurs, des parfums, des fards, et il y avait un simulacre du dieu Vertumnus (verto = changer), une sorte de
dieu de la mode ! Il y eut aussi dans la rue le marché des poissons. Théodore était un soldat romain, peut-être
membre de la Légion de S. Maurice qui refusa en 307 de sacrifier aux dieux, et fut massacrée par l’empereur
Maximien.
Rejoindre l’église S. Maria della Consolazione (1470) par la via dei Fienili qui évoque l’atmosphère du quartier avant les démolitions de 1933. Toute cette
zone est marquée par la présence des condamnés à mort et de leur exécution et sépulture. La seule prison romaine était la prison Mamertine : la peine de
prison n’existait pas, ce n’était qu’un lieu d’attente du jugement ; les accusés étaient ensuite condamnés ou à mort ou à travailler dans les mines ; il est
possible qu’au VIIe s. la prison ait été transférée au Forum Olitorium. Il y avait près de là un hôpital pour pestiférés où mourut Louis de Gonzague. On dit que
le nom est dû au miracle d’une veuve qui demanda à une image de la Vierge que soit reconnue l’innocence de son fils condamné à mort ; d’autres l’expliquent
par la proximité du Portique des « Consentibus Diis » construit au pied du Capitole. De la Via della Consolazione, on a une belle vue de la « Roche
Tarpéienne ».
On prend la Via di San Giovanni Decollato, autre lieu qui a survécu aux démolitions fascistes. On
y trouve à g. l’église de S. Eligio dei Ferrari (S. Eloi des Ferrailleurs, reconstruite en 1453 sur une
précédente église de S. Martin), consacrée à S. Eloi, trésorier orfèvre de Dagobert et évêque, sans
doute à cause de la proximité du Temple de Saturne, sous lequel se trouvait « l’erario » (le Trésor
Public de Rome, de « aes-aeris » = le cuivre, la monnaie de cuivre, la seule utilisée à Rome
jusqu’en – 485). Plus loin à dr. se trouve l’église de S. Giovanni Decollato, édifiée par les Florentins
résidant à Rome ; ils y créèrent la Confrérie de la Miséricorde qui avait le curieux privilège de
retirer les cordes des pendus et de les brûler le 29 août pour la fête de la S. Jean, c’est le jour où
l’on retrouvé la tête de ce saint en Syrie ; ils avaient aussi le droit de libérer un condamné à mort
par an et de le porter en procession, couronné de laurier pour marquer le triomphe de la
Miséricorde. On était proche du Marché aux Poissons, et le lieu comportait de nombreux bars et
boutiques dont on retrouve des traces à S. Omobono.
Au bout de la Via S. Giovanni Decollato, voir à g. deux monuments qui témoignent de l’importance
de l’endroit autrefois : L’Arc de Janus et S. Giorgio in Velabro. Ces deux Forums (Holitorium et
Boarium) ont été les premiers lieux habités, et les légendes rappellent la présence grecque ou
asiatique avant la fondation de Rome (Évandre, Énée, Hercule, Saturne...) ; le marché, sur les
bords du fleuve, et près du gué de l’Île du Tibre près du Pont Sublicius, le premier de Rome, est
sans doute ce qui amène par la suite l’idée d’y construire une ville. Cette plaine le long du Tibre
communiqua ensuite avec le Forum par le Vélabre, entre Capitole et Palatin, et avec le Circus Maximus le long du Palatin. Comme signifiait le mot « foris » (=
extérieur), ces forums, se trouvaient hors des murailles de la ville et plusieurs portes permettaient de franchir la muraille. L’Arc de Janus (ou Arc de
Constantin) est un arc honorifique construit au milieu de ce passage important, en blocage revêtu de plaques de marbre ; les niches devaient abriter des
statues ; les figures des clés d’archivoltes représentent Rome et Junon (assises), Minerve et Cérès (debout). Une inscription se trouve dans l’église voisine,
scellée en partie sous le portique. Près de l’arc, par une porte moderne (ouverte ?) on peut voir la Cloaca Maxima.
À côté de l’église, se trouve un autre arc, dont la pile droite est incorporée à l’église, l’Arc des Argentiers et des Commerçants de boeufs (204),
probablement un des accès au Forum Boarium. Cet arc des banquiers, activité essentielle en ce lieu de marché, est richement décoré, avec des reliefs
consacrés à Caracalla et Septime Sévère. L’église de S. Giorgio in Velabro est une des plus anciennes de Rome (Ve et VIe s.). En 1926, Munoz enlève les
restaurations baroques pour retrouver l’aspect médiéval. Le clocher est des XIe et XIIe s. Vois l’intérieur, des VIIe au XIe s. avec presbyterium surélevé.
On va sur la Place Bocca della Verità, on est sur l’ancien Forum Boarium. Deux temples se trouvent sur le grand pré : le premier est rectangulaire ; on
l’appelait le Temple de la Fortune Virile, c’est en réalité le Temple de Portunus (1er s. av.J.C.), protecteur du port fluvial (Cf plan page suivant, n. 5), le Portus
Tiberinus. Il fut transformé en église donnée aux Arméniens, – ce pourquoi il a été si bien conservé –, S. Marie l’Égyptienne. Le second temple, circulaire a
souvent été appelé temple de Vesta parce qu’il est circulaire comme celui du Forum, il est en réalité le Temple à Hercule Vainqueur (dit « Olivarius », car il
était protecteur des marchands d’huile et c’est un marchand enrichi qui l’aurait fait construire), consacré à la fin du IIe s. av. J.C. C’est le rappel des légendes
concernant le passage d’Hercule dans la Rome primitive. Le lieu conserve aussi un autel consacré à Hercule (Cf n. 7 du plan), dont des restes sont visibles
dans la sacristie et dans la crypte de S. Maria in Cosmedin qui serait construite par dessus et que rien ne justifie donc de considérer comme le siège de
l’Annone. Une statue d’Hercule Jeune, trouvée ici se trouve au Museo dei Conservatori. La fontaine des Tritons est construite en 1715 par Carlo Francesco
Bizzaccheri.
La tradition d’une présence grecque est poursuivie par l’église Santa Maria in Cosmedin. ce fut une des
premières « diaconies » installée au IIIe s., appelée ainsi pour sa splendeur (« cosmeo » en grec = orné) ; elle fut restaurée en 782 par Adrien I qui en fit don
aux grecs qui avaient fui à Rome les persécutions iconoclastes. Après une réfection baroque, les formes anciennes ont été rétablies à la fin du XIXe s. Le
clocher (1123) est un des plus anciens et des plus beaux de Rome.
Sous le portique, la Bocca della Verità, le disque de marbre de 5,86 m. de circonférence mis ici en 1632, probablement un masque de divinité fluviale antique
; il était à l’extérieur au Moyen-Âge et, selon la tradition, la bouche se refermait sur la main d’un marchand qui avait dit des mensonges pendant son
commerce, ou sur celle d’un enfant menteur ; on dit aussi que Virgile, qui était magicien, l’avait créée pour vérifier la fidélité des femmes ! Alors attention !
L’intérieur à 3 nefs est soutenu par des piliers et par 18 colonnes romaines antiques. Voir les restes de fresques du VIIIe au XIIe s. sur les murs de la nef
centrale, la « Schola cantorum » au centre avec ambon et iconostase (cloison qui sépare la nef du choeur dans les églises orthodoxes ou grecques), le
baldaquin gothique (1294), le sol en opus sextile du VIIIe s., la chaire épiscopale au fond du choeur, l’autel en granit rouge (1123). Dans les nefs centrale et g.
et dans la sacristie restent les 7 colonnes cannelées de l’ancien temple.
d) APRES-MIDI (2 : L’AVENTIN). On entre dans la zone la plus tranquille de Rome : prendre à g. en sortant de l’église la via della Greca, puis à dr. le Clivo
dei Publicii, première rue pavée de Rome qu’on continue par la via S. Sabina, sur le tracé de l’ancien Vicus Armilustri, où les soldats romains venaient purifier
leurs armes au retour d’une guerre. Lorsque Sixte V fit restaurer la basilique par Domenico Fontana, celui-ci trouva que la rue était trop raide pour les chevaux,
la fit creuser de plusieurs mètres, ce qui explique pourquoi les fondations et la porte du château des Savelli sont à découvert sur 3 mètres. En haut de la
montée, à dr. on rentre dans le parco Savello (remarquer à dr. la fontaine composée d’une vasque ancienne surmontée d’un macaron de Giacomo della Porta
(1533-1602). Splendide panorama sur le Nord et l’Ouest de Rome.
S. Sabina était une dame romaine qui vécut dans sa maison de l’Aventin, dont elle fit un « titre », avec s. Serapia qui la convertit au christianisme ; elles furent
tuées par le préfet Elpidius un 29 août (IIIe s.). En 425, Pierre d’Illyrie fit construire une basilique sur le site de sa maison dont on a trouvé des restes sous la
partie antérieure de l’église. Celle-ci a subi de nombreuses restaurations et n’a été ramenée à ses formes primitives par A. Munoz qu’à partir de 1919.
L’intérieur à 3 nefs est un bel exemple des basiliques chrétiennes ; elle est soutenue par 24 colonnes corinthiennes empruntées au Temple proche de Junon
Reine. S. Dominique y a vécu et on voit dans le jardin un oranger qu’il aurait planté lui-même.
Le grand portail, de la seconde moitié du Ve s. a des battants en cyprès qu’un cadre gravé sépare
en 28 scènes (10 sont perdues) illustrant le parallélisme entre l’Ancien (Moïse) et le Nouveau
Testament (Jésus). Du haut en bas et de g. à dr. : 1ère file : Crucifixion aux yeux ouverts,
Multiplication des pains et des poissons, Guérison de l’aveugle de naissance, Le Christ fait des
reproches à Thomas, Vie de Moïse (3 épisodes), Le Christ condamné par Pilate ; 2e file : l’Ange et
les femmes au Sépulcre, Moïse et les Hébreux dans le désert (4 épisodes), Le Christ ressuscité
apparaît aux deux Maries, Scène d’acclamation, Épiphanie ; 3e file : Ascension, le Christ annonce le
reniement de Pierre, Moïse et l’exode de l’Égypte (3 épisodes) ; 4e file : Le Christ sur la route
d’Emmaüs, Triomphe du Christ et de l’Église, Abacuc vole vers Daniel, Ascension d’Élie, Le Christ
devant Caîfe.
L’intérieur de l’église rappelle les basiliques de Ravenne. Les restaurations de 1936 refont le
plafond en bois et la Schola cantorum avec des éléments anciens. Dans la nef dr., une colonne
encaissée dans le mur supportant un ancien poids de balance dont la légende dit que le diable
l’aurait jeté sur S. Dominique en prière ! Puis chapelle de S. Jacinthe (XVIe s.). Au fond monument
funèbre de cardinal Auxia (1484). Un escalier permet de descendre aux édifices romains. Dans la
nef g., Chapelle de S. Catherine (1671).
En continuant dans la rue, on trouve l’église de S. Alessio, un saint qui n’a probablement jamais
existé, on n’a en tout cas trouvé aucune trace à aucune époque. Sa légende fut inventée par la
communauté grecque de Serge de Damas, réfugiée à S. Boniface (ancien nom de l’église) lors
d’une invasion sarrasine, en s’inspirant de Vies de saints composées en Orient. Le paradoxe est qu’il devint un des saints les plus populaires du Moyen-Âge,
presque un mythe que l’on compare à celui de Bouddha, car, comme lui, Alessio naît de parents stériles de façon miraculeuse. La légende dit qu’il quitta sa
femme lors de sa nuit de noces, après l’avoir convaincue de la supériorité de la chasteté et qu’il
partit pour un très long pèlerinage ; revenu dans la maison de son père, il y vécut pendant 17 ans
comme mendiant sous l’escalier sans être reconnu par personne. Ce n’est qu’après sa mort que
des signes révélèrent son identité. Voir le récit de sa « vie » dans la Légende Dorée de Jacques
de Voragine.
Dans la crypte, unique à Rome, un baldaquin recueille les restes de S. Thomas de Canterbury
(1115-1170) ; la colonne serait celle du martyr de S. Sébastien. Au fond de la nef g., voir la grande
machine scénographique baroque qui représente la « Scala Santa » et S. Alessio, en stuc et bois
(Andrea Bergondi, XVIIe s.). Voir aussi les peintures de l’église inférieure de S. Clemente qui
l’évoquent (XIe s.).
Continuer jusqu’à la place des Chevaliers de Malte, restructurée par G.B. Piranesi de 1764
à1766, entourée d’un mur orné d’obélisques, stèles avec emblèmes de navires et emblèmes
religieux de l’Ordre et de la famille des Rezzonico qui chargea Piranesi du travail. Et puis, si vous
voulez, regardez le profil de la coupole de S. Pierre à travers le trou qui domine la serrure du
portail de la Maison de l’Ordre.
Descendez ensuite par la via S. Sabina jusqu’au Piazzale Ugo La Malfa, d’où vous vous plongerez
dans la contemplation des ruines du Palatin, de l’autre côté du Grand Cirque, et rentrez à pied ou
prenez le métro à « Circo Massimo », à
dr. du plan.
S’il vous reste du temps, prenez la Via
S. Alessio, et tournez à g. jusqu’à Santa
Prisca, sur l’ancienne maison d’Aquila e
Priscilla, parents de la martyre Prisca,
décapitée sous l’empereur Claude. C’est
le site d’une des plus anciennes
communautés chrétiennes de Rome où auraient vécu aussi Pierre et Paul.
Intérieur basilical scandé par 7 colonnes ioniques en partie prise dans les pilastres du XVIIe s. Au
début de la nef dr., accès au Temple de Mithra, partie d’un ensemble fouillé en 1934 constitué
d’une maison di 1er s., d’une nymphée, du « titulus » d’origine du IIe s. et du temple de Mithra de la
fin du IIe s. C’est un des plus complets de Rome. Dans la crypte, reliques de S. Prisca. Selon ses
Actes, elle était représentée entre deux lions qui avaient refusé de la déchirer.
Rejoindre le Piazzale Ugo La Malfa.
Santa Maria Maggiore (nef centrale)
Ettore Roesler Franz, La tour de Paul III et les maisons du Capitole avant les
démolitions.
Plan du Capitole ancien et supervision de la colline actuelle (Filippo Coarelli, Guide Archologique de Rome, p. 28).
Le Forum est en haut, les escaliers en bas.
La Piazza Montanara, aujourd’hui détruite, montre l’état du Forum Holitorium et du
Théâtre de Marcellus avant les démolitions fascistes de 1931. Le théâtre (au fond) était
occupé par des boutiques et c’était un des grands centres commerciaux de Rome.
Piranesi, Vue du Campo
Vaccino.
Le Forum romain, peu à peu
abandonné, eut un niveau remonté
de plusieurs mètres qui ensevelit
les monuments. D’autres servirent
de carrière et on installa de
nombreux fours à chaux. L’herbe
haute attira les animaux, d’où son
nom. Seuls ont été démolis les
édifices qui figurent au centre, la
façade de l’église de droite et les
maisons qui longent le Colisée.