Sardegna : La Sardaigne - 3
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En 1395, Eleonora d'Arborea promulgue un statut, la « Carta de Logu » qui devient la loi nationale de la
Sardaigne, reconnue même en 1421 par Alphonse V d'Aragon. Mais avec la mort d'Eleonora en 1404 tombe le
dernier Judicat et s'efface l'indépendance de l'île, minée par les rivalités entre les 4
Judicats. Un des faits qui contribuent à l'affaiblissement des « Judicats » fut
l'infiltration progressive des marchands venus de Toscane ou d'autres régions d'Italie,
et les mariages qui les font pénétrer dans le système familial fermé de la Sardaigne :
les Doria, les Malaspina, les Visconti... qui introduisent aussi leurs rivalités entre
princes italiens, étrangères aux intérêts des Sardes.
La période des Judicats est marquée par la construction de très nombreuses églises
de style roman qui restent une des richesses de l'île (Cf la Basilique de Saccargia); la
Sardaigne ne connaît pas de grands édifices civils, inadaptés au régime social et
politique de l'île : lorsque ces édifices apparaissent dans les grandes communes
italiennes, le régime du Judicat est déjà en voie de disparition. Par contre, entre le
XIe et le XIIIe siècles, la Sardaigne se couvre de châteaux, au sommet de collines isolées, et de bourgs fortifiés
qui défendaient les côtes et l'accès des villes. De la peinture de cette époque, il ne reste rien : peut-être effacée
par les Aragonais soucieux de faire oublier la mémoire de l'épopée arboréenne (Cf. carte de la Sardaigne romane).
9. - L'occupation aragonaise et espagnole
Dès 1267, le Pape commence en effet à intervenir dans l'histoire de la Sardaigne, en s'appuyant sur un faux comparable à la « Donation
de Constantin » selon lequel Ludovic le Pieux aurait fait don de la Sardaigne au pape. S'appuyant sur les divisions entre les Juges,
Clément IV se propose d'abolir les Judicats et d'unir la Sardaigne en un seul royaume entre les mains d'un prince étranger ; en 1297,
Boniface VIII nomme Jacques II d'Aragon Gonfalonier, Amiral et Capitaine Général de la Sainte Eglise avec le titre de Roi de Sardaigne
et de Corse. L'occupation aragonaise commence à partir de 1322, avec l'aide de Gênes (ennemie de Pise), de la Ligue Guelfe et du Roi
de Naples ; mais la conquête de l'île ne s'acheva qu'en 1478, après la longue guerre contre Pise ; la Sardaigne devient partie intégrante
de la monarchie espagnole. La langue officielle devient le catalan puis l'espagnol. La Sardaigne est alors mise en pièces et répartie entre
un grand nombre de petits barons espagnols ; elle entre dans un moyen-âge féodal au moment où le reste de l'Europe entre dans l'ère
moderne. C'est ce qui explique l'arriération du pays. Sous la domination espagnole, la Sardaigne sort de l'histoire tout en étant devenue
un « Royaume ». Elle est dépouillée de ses richesses au profit de l'Espagne, les campagnes se paupérisent, le chômage se développe ;
seuls prospèrent les grands barons féodaux et le haut clergé ; même les vassaux sont pauvres, les prêtres de paroisse vivent comme des
paysans, et on ne trouve pas en Sardaigne les grandes demeures aristocratiques qui couvrent
l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles. La description que fait Salvatore Satta de la ville de Nuoro
au début du XXe siècle dans Il giorno del giudizio donne une idée de l'atmosphère qui régnait
encore en Sardaigne.
Les incursion navales de la France, rivale de l'Espagne, et surtout des pirates barbaresques
qui venaient se fournir en esclaves, aggravèrent encore la situation désastreuse du Royaume.
Les flottes impériales de Charles Quint qui partaient en croisade contre les pirates de Tunis et
d'Alger faisaient une halte en Sardaigne pour s'y approvisionner aux dépens des Sardes qui
manifestent cependant leur valeur militaire en participant activement à la bataille de Lépante
qui arrête l'expansion turque en 1571.
Devenue à partir de l'occupation aragonaise et espagnole une colonie d'exploitation, la
Sardaigne ne connut pas alors une grande productivité artistique. l'instruction était la dernière préoccupation des gouvernements et se
limitait à quelques rudiments de catéchisme ; les Universités de Sassari et Cagliari recevaient peu de subsides, et le reste de l'île est loin
de tout centre intellectuel et artistique dynamique. La littérature est inexistante : les Sardes parlent dans une langue (les deux dialectes
dominants le « logudorese » au nord et le « campidano » au sud) et écrivent dans une autre, l'italien, peu connu ; de même, on écrivait en
espagnol (castillan) mais la langue parlée dans les villes par l'occupant était le catalan (encore parlé à Alghero). Les rares intellectuels
peuvent avoir recours à la seule langue internationale, le latin. Quant à l'art, la Sardaigne est trop pauvre pour attirer des peintres,
sculpteurs et architectes connus : en comparaison de la richesse de l'architecture romane de la période des Judicats, l'architecture néo-
gothique et baroque reste médiocre et peu abondante. Quelques peintres d'origine catalane (Mathes, Figuera, Thomas, Barcelo) et
quelques sardes (Maîtres de Castelsardo, d'Ozieri, d'Olzai) laissent des oeuvres sacrées qui ornent les intérieurs nus de quelques
églises.
Ainsi, le bilan de presque 4 siècles d'occupation espagnole est dans l'ensemble négatif, aggravant la régression commencée sous les
Romains. Terre riche en blé, en troupeaux, ayant des villes florissantes en 238 av. J.C., la Sardaigne est devenue une terre ingrate,
pestilentielle, dont la population est épuisée et arriérée ; à nouveau prospère, égalitaire, elle avait retrouvé sous les Juges une prospérité
matérielle et un niveau moral et culturel marqué par un esprit unitaire, une conscience de former une « nation sarde ». Assujettie aux
exigences financières et impérialistes de la cour aragonaise et espagnole, soumise à des gouvernements et à des féodaux étrangers qui
étaient propriétaires de tout, administraient tout et exerçaient seuls la justice, en proie aux épidémies de peste à partir de 1348 pendant
près de 200 ans, la Sardaigne se dépeuple, les villages sont abandonnés (environ 500 villages et 58 châteaux et bourgs fortifiés entre le
XVIe et le XVIIe siècle), l'isolement est complet : l'île n'a même pas de rapports directs avec Madrid, tous les courriers passant par
Naples, Palerme ou Rome. La Sardaigne s'est hispanisée, repliée sur le peu de richesses que lui laissaient son passé, sa langue, sa
tradition culturelle nuragique, sa musique et sa poésie populaires :
« En 1720, l'Espagne ne laissait pas les mains vides la Sardaigne qui sortait de sa domination : elle y laissait une
aristocratie terrienne oisive et ignorante, une petite bourgeoisie boutiquière et campagnarde, à Cagliari une plèbe
urbaine indolente, ailleurs une paysannerie arriérée. C'est un héritage de l'hispanisation, et ce n'en est qu'une petite
partie : l'ignorance, la médiocrité, l'indolence, qui n'ont pas disparu, sont aussi un fardeau laissé aux Sardes par les
Espagnols. De même que le peu d'aptitudes aux lettres, aux arts, à la musique que les Sardes n'ont pas encore
dépassée, doit être attribuée à l'obscurantisme de la longue sujétion qui fut mortelle aussi pour la classe dominante
espagnole elle-même, apathique et inculte » (R. Carta Raspi, p. 765) : jugement de l'historien qui date de 1974 et qui, malgré
sa dureté, contribue à éclairer la situation historique de la Sardaigne.
10. - La Sardaigne piémontaise (1720-1861)
Au XVIIe siècle, l'Empire espagnol se désagrège peu à peu, sous la conduite de descendants de Charles Quint et de Philippe II souvent
dégénérés. La mort de Charles II d'Espagne en 1700 à l'âge de 39 ans et la désignation pour lui succéder du neveu de Louis XIV,
Philippe duc D'Anjou, ouvre la guerre de succession d'Espagne entre l'Autriche et la France. La guerre se termine par les Traités de paix
d'Utrecht (1713) et de Rastadt (1714) : l'Espagne doit céder à l'Autriche toutes ses possessions italiennes. Victor Amédée II de Savoie,
qui est passé de l'alliance avec la France à l'alliance avec l'Autriche, reçoit la Sicile qu'il échange en 1720 contre la Sardaigne, obtenant
ainsi le titre de roi. Réduite à un état misérable, la Sardaigne n'en gardait pas moins son intérêt stratégique et avait l'avantage d'être plus
proche du Piémont que la Sicile.
Le passage d'une dynastie à l'autre ne changea pas grand-chose à la situation de la Sardaigne, ni pour les classes privilégiées, féodaux
espagnols et clergé, auxquelles Victor-Amédée conserve les privilèges acquis, ni pour la paysannerie peu concernée par la guerre et les
accords internationaux qui l'avaient achevée. Le nouveau roi ne participe même pas aux cérémonies d'inauguration du nouveau royaume,
et confie la gestion de la Sardaigne à un vice-roi, le baron de Saint Rémy.
Dès son arrivée dans l'île, celui-ci en trace un portrait sans illusions : « Le plus grand mal que je vois dans ce pays c'est que la
noblesse est pauvre, le pays misérable et dépeuplé, les gens paresseux et sans aucun commerce, et l'air mauvais sans qu'on
puisse y remédier ». Un féodalisme parasitaire vivotait sans contribuer à un développement moderne de l'agriculture, le clergé pesait
sur l'économie par le paiement de la dîme : c'étaient pourtant, avec la délégation royale, les deux seules catégories sociales représentées
au Parlement, et le comte de Roubion écrivait au roi : « Votre Majesté sait que les lois et les privilèges semblent faits exprès pour
détruire le pauvre : telle est la loi qui donne aux féodaux la propriété des territoires et le droit de commandement personnel ;
tel est l'usage de payer la dîme à l'Eglise sur tous les produits, naturels ou industriels ; tel est le privilège ou l'habitude
d'exempter les nobles et les ecclésiastiques des droits de douane... ; telle est la taxe sur les comestibles adoptée dans tout
le Royaume, qui favorise le citoyen qui peut dépenser aux dépens du pauvre qui vend et telles doivent être d'autres lois,
privilèges ou coutumes que je n'ai pas présents à l'esprit ».
Le banditisme sévit, révolte contre les abus de pouvoir des féodaux ; les hommes prennent le maquis et terrorisent les campagnes et les
petites villes. Il est réprimé durement par le marquis de Rivarolo, qui interdit même aux Sardes de porter la barbe, « coutume
abominable qui a valu à ces régions le nom de 'Barbagie' et à leurs habitants celui de 'Barbaricini' »! Les voies de
communication sont déficientes, et rendent difficile aussi bien l'arrivée des produits importés que l'exportation. La famille de Savoie ne
prend connaissance de la Sardaigne qu'en 1799 lorsque, chassée du Piémont par la Révolution et l'occupation française, elle s'y réfugie
jusqu'en 1814 sous la protection de la flotte anglaise, et elle cherche à plusieurs reprises mais en vain à s'en débarrasser en échange de
possessions en Lombardie. Pour compenser la perte de ses Etats continentaux, Charles-Emmanuel accable d'impôts ses sujets
insulaires, suscitant de nombreuses reprises aussitôt réprimées des mouvements antiféodaux et antipiémontais qui avaient marqué la
période 1792-1798 (révolution antiféodale et nationale de Giovanni Maria Angioy (1751-1808), avril 1794). C’est durant la révolte de 1795
antiféodale et anti espagnole de Sassari que fut chantée l’hymne Su patriottu sardu a sos feurdatarios (Le patriote sarde à ses
feudataires) de Francesco Ignazio Mannu.
Ce n'est qu'en 1812 que le prince héritier Charles Albert fait une longue visite en Sardaigne, parcourant villes et villages, prenant
conscience de la situation malheureuse de la population. Devenu roi en 1831, il propose un programme de réformes et un édit
d'interdiction de la féodalité qu'il confirme en 1835, malgré l'intervention de l'Autriche qui rappelle à Turin l'art. 10 de la convention de
Vienne (1718) qui établissait que devaient être maintenus tous les privilèges acquis sous la domination de l'Espagne et de l'Autriche. Mais
pour ne pas mécontenter les féodaux, le roi assortit cette mesure de compensations financières : les terres appartiennent à l'Etat qui les
loue aux anciens vassaux moyennant une rente versée aux anciens propriétaires. Même le sel, abondant en Sardaigne, devient un
monopole de l'Etat qui le vend aux Sardes à un prix très élevé ! Les impôts payés à l'Etat remplacent les anciennes taxes féodales.
11. - La Sardaigne dans le Royaume d'Italie (1861- 1945)
Comme toutes les autres régions du sud, la Sardaigne ne gagna rien à l'unification de l'Italie : toute la politique du nouvel Etat est tournée
vers l'expansion coloniale et favorisait les régions du nord dont l'industrie pouvait fournir l'armement nécessaire plus que les régions à
dominante agricole. Or la Sardaigne reste une région à vocation agro-pastorale pratiquement dépourvue d'industries.
Les conditions de l'agriculture restent mauvaises : propriétés trop fractionnées, instruments de travail archaïques, terres peu fertiles,
calamités fréquentes (inondations, invasions de sauterelles, sécheresse, plus tard péronospora (parasite qui provoquait une sorte de
mildiou dans plusieurs plantes) et phylloxéra) ; les lois de déboisement faites pour les Alpes se révèlent un désastre appliquées à la
Sardaigne dont le riche patrimoine forestier est détruit pour la fabrication de charbon végétal et pour l'exportation vers la France et
l'Espagne. Les voies de communication nécessaires au développement des échanges ne sont construites que lentement ; la première
voie de chemin de fer est inaugurée en 1874. L'impôt foncier est alourdi pour indemniser le clergé de l'abolition de la dîme ; l'impôt sur la
farine n'est aboli que tardivement. L'obligation scolaire est instituée en 1877, mais les écoles n'existent pas, même Cagliari manque
d'écoles supérieures, et les familles ne peuvent pas se priver du travail des enfants qui assuraient la surveillance des troupeaux (Cf.
encore l'histoire du petit Gavino Ledda retiré de l'école par son père à l'âge de 8 ans en 1944 : Padre padrone et le film homonyme des
frères Taviani). Les paysans et bergers sardes continuent à vivre pauvrement en autosubsistance, produisant eux-mêmes ce dont ils ont
besoin, important peu et exportant peu (bétail, peau, laine, fromage) et à des prix très bas, se nourrissant de pain et de légumes, de
viande de mouton. Le cheptel bovin est saccagé par les deux guerres mondiales : 400.000 bovins en 1929, 180.000 en 1946. Les Sardes
commencent à émigrer dès la fin du XIXe siècle.
Il faut rattacher à cette misère le développement du banditisme dans les campagnes. Les bandits suscitaient dans les villages un
mélange de peur et d’admiration ; car il devint vite un système où se mêlaient la lutte contre la faim et la misère et une criminalité souvent
soutenue par la bourgeoisie locale. La répression souvent féroce pratiquée par l’État sépara radicalement la classe paysanne
(agriculteurs et éleveurs) et les institutions de l’État italien. Seules les mines sardes connurent un développement appréciable, surtout
dans l’Iglesiente ; c’est à partir de là que se constitua un mouvement ouvrier sarde, à partir de la fin du XIXe siècle, avec des dirigeants
comme Giuseppe Cavallera et Alcibiade Battelli. Le meurtre de trois mineurs syndicalistes à Buggerru fut la source de la première grève
générale d’Italie.
Les arts sont peu développés, et le XIXe siècle connaît peu d'artistes sardes en-dehors du peintre Giovanni Marghinotti (1798-1865) et de
l'architecte Gaetano Cima (1805-1878). Par contre, le XIXe siècle commence à redécouvrir la Sardaigne : enquêtes parlementaires
(Salaris en 1877), récits de voyageurs étrangers ou italiens, travaux d'histoire (Domenico Alberto Azuni : 1749-1827-, Giuseppe Manno –
1786-1868 –, Francesco Sulis – 1797-1862 –, Vittorio Angius –1797-1862 –, Pietro Martini –1800-1866 –, Ettore Pais, etc.). Giulio Bechi
(1870-1917) publie en 1892 sa Psicologia della Sardegna qui, selon la mode du temps, interprète encore le banditisme sarde comme une
forme de délinquance héréditaire ; Alfredo Niceforo (1876-1960) reprend la thèse entre 1897 et 1901, présentant les Sardes comme une
race méditerranéenne inférieure (les Sardes sont des dolichocéphales au crâne plus petit !) qu'il oppose aux Aryens du Nord. La
littérature sarde est illustrée par les grands noms du poète Sebastiano Satta (1867-1914), de la romancière Grazia Deledda (1871-1936),
prix Nobel de littérature en 1926, et d'autres écrivains comme Pietro Casu (1878-1954), les linguistes G.A. Mura, Filiberto Farci. Un grand
linguiste, M.L. Wagner, reprend une étude approfondie de l'histoire de la langue sarde (La lingua sarda, storia, spirito e forma , Verlag,
1951).
Pendant la première guerre mondiale, la Sardaigne fournit la Brigade « Sassari », célèbre pour son héroïsme et ses nombreux faits
d'armes (La Brigade « Sassari » était indisciplinée et se mutina 2 fois entre 1915 et 1918, commandants en tête ; mais retrouvait une
grande discipline au moment du combat). Elle était composée des 151e et 152e régiments d’infanterie auquel vint s’ajouter le 12e
régiment d’infanterie en1926 ; elle est reconstituée en 1988 comme brigade motorisée, souvent présente dans les troupes italiennes qui
interviennent pour l’ONU. Dans les tranchées on commence à parler d' « autonomie » : « La guerre a mis en contact avec le reste de
la population les paysans des terres arriérées qui ignoraient tout de l'univers extra-insulaire ; elle a réveillé leur conscience
de classe, leur a fait réaliser l'identité de leurs problèmes... M. Lussu est là, qui sert de leader. Tout naturellement on
débouche dans le domaine politique » (Claude Palazzoli, Sicile et Sardaigne, le milieu insulaire et ses problèmes, Notes et Etudes
documentaires, 29 mars 1963). En mai 1918 paraît à Cagliari un opuscule de J.K. (l'avocat Umberto Cao) intitulé Per l'autonomia qui
souhaite la formation d'un Parti Autonomiste Sarde dont l'idée se développe parmi les anciens combattants de la Brigade « Sassari »,
avec le concours de fractions de la bourgeoisie urbaine. Aux élections de 1919, trois candidats « régionalistes » sont élus au Parlement,
et le Parti Sarde d'Action se constitue au congrès des Combattants en 1921, parti profondément démocratique et laïque, opposé au
fascisme comme au communisme (avec Camillo Bellieni et Emilio Lussu) ; aux élections de 1922, il conquiert plus de 150 communes. Se
développe aussi le Parti Socialiste ; la scission communiste de 1921, dont un leader important est pourtant un Sarde, Antonio Gramsci, a
peu d'écho dans l'île.
Un développement économique est amorcé entre 1919 et 1922 : construction du barrage du Tirso, le plus grand lac artificiel d'Europe, et
bonification de Terralba-Arborea qui fait de cette zone aride et marécageuse un modèle d'agriculture. Pietro Casu intitule Aurora sarda
son roman qui se déroule dans la région du Tirso.
Le fascisme s'implante en Sardaigne à partir de 1922 et tente en vain un compromis avec les « Sardisti » conduits par Emilio Lussu
(1890-1975), devenu socialiste et qui sera plus tard victime d'un attentat fasciste et emprisonné.. (Voir son grand livre Marcia su Roma e
dintorni de 1931, publié à Paris en 1933. Réédité en Italie par Einaudi en 2002. Il est traduit en français en 2002. C’est un des meilleurs témoignages sur la
façon dont les fascistes continentaux introduisirent le fascisme dans une Sardaigne très hostile.) Les seules créations fascistes furent le complexe
de Carbonia pour l'extraction du charbon qui coûta des milliards qui auraient pu être investis plus utilement en Sardaigne, et la
bonification de la zone de Sulcis sur le modèle d'Arborea. Pendant la guerre, la Sardaigne n'est pas envahie et n'est atteinte que par le
bombardement de Cagliari en 1943, mais elle connut aussi toutes les conséquences économiques de la guerre, avec le départ de
nombreux hommes envoyés combattre, mourir et connaître la prison.
A SUIVRE : la Sardaigne depuis 1945
Basilique de Saccargia, 1116
Carta du Royaume d’Aragon dont fait partie le
Royaume de Sardaigne
(Cartes extraites de : Renato Serra et Roberto Coroneo,
Sardaigne romane Zodiaque, La nuit des temps, 1989)