Accueil Actualités italiennes Nature Histoire Sructures Langue Création de formes artistiques Creation de culture materielle Chanson Voyages Contacts
Histoire de la région Ombrie - 7° partie - Terni - Narni
Histoire de l’Ombrie - Septième partie I) Terni - Narni.  II) Richesses de l’Ombrie I) Terni et Narni Terni est une réalité à double face, le centre historique qui se développe sur la rive droite de la rivière Nera, affluent du Tibre dans lequel elle se jette à Orte, et la ville industrielle qui se développe à partir du XIXe siècle sur la rive gauche de la rivière et qui efface un peu la vieille ville jusqu’à une date récente. On appela en effet Terni la « Manchester italienne ». 1) Histoire de la ville historique   La ville se situe dans un lieu stratégique, au croisement de plusieurs voies de communication et zone de rencontre entre les Piceni et les Étrusques, elle fut donc habitée dès le néolithique, l’âge du cuivre et l’âge du bronze (activités pastorales et habitat dans des cabanes trouvée le long de la Via dell’Ospedale ou des grottes), mais surtout l’âge du fer : on a trouvé des nécropoles datant du Xe siècle av.J.C., dont celle des Naharti fut la plus importante, déjà attestée sur les Tavole eugubine (Voir le dossier sur Gubbio) des IIIe et IIe siècles av.J.C. et utilisée jusqu’au VIe siècle av.J.C.  Les Naharki furent le résultat d’un mélange entre des peuples migrants de la Grèce et du Moyen-Orient avec la population locale, de Sabins et d’Ombriens. Les tombes les plus anciennes révèlent la pratique de l’incinération remplacée plus tard par celle de l’inhumation. Selon une tradition vraisemblable, l’origine de la ville d’Interamna Nahars remonterait à 672 av.J.C., le nom de « nahar » qui signifiait « fleuve » (d’où le latin = la rivière Nera) laissant entendre que cette ville (= la ville entre deux rivières) était entourée et protégée par le fleuve. À la différence de beaucoup de villes ombriennes où les hommes se réfugiaient en haut d’une colline, Terni s’est construite dans la plaine, à une altitude de 130 mètres, dans la cuvette de la Nera et de la Serra, dont ils bonifièrent les terrains. L’emblème de Terni resta cependant le dragon porteur de peste (Thyrus) qui rappelait le danger des marais non travaillés, tandis que le travail humain avait fait de la zone un « jardin charmant », comme l’écrivit un auteur du Ve siècle (Cipriano Piccolpasso), où on cultivait entre autres l’olivier. On n’a vraiment de trace de la ville romaine qu’à partir de 290 av.J.C., époque de construction d’une route disparue, la Via Curia et d’une première muraille. Les Romains conquièrent d’abord Narni puis le site d’Interamna, mais la ville ne se structure apparemment qu’à partir du début de l’Empire, où on édifie le théâtre, les thermes et l’amphithéâtre. Les murailles en travertin et opus quadratum irrégulier, qui semblent dater des débuts de l’occupation et de la guerre punique, délimitaient une aire urbaine d’environ 1500 mètres de côté, dotée de 4 portes et traversée par la Via Flaminia (aujourd’hui Via Roma-Corso Vecchio) qui formait le « cardo maximus » (rue nord-sud) et croisait le « decumanus  maximus » (est-ouest, via Garibaldi-via Cavour) à la hauteur de l’actuelle Piazza della Repubblica. En 271 av.J.C., le consul romain modifia le cours de la rivière Velino, créant l’actuelle Cascade delle Marmore (Voir plus haut le chapitre sur les lacs). Puis pendant les guerres entre Romains et Carthaginois, Terni ne put fournir les deux légions demandées contre Hannibal, ce fut considéré comme une trahison  et la ville dut payer de lourds tributs aux Romains. Sous l’empire, Interamna fut  intégrée dans la VIe Région. À Terni se forme bientôt une communauté chrétienne dont un évêque aurait été saint Valentin (176-273), nommé quand il avait 21 ans et martyrisé à plus de 90 ans. Une de ses légendes en fait le patron des amoureux : il avait l’habitude d’offrir une fleur aux couples d’amoureux qui passaient devant chez lui, et il rendit un couple tellement heureux que beaucoup d’autres vinrent se faire bénir par lui. On dit aussi qu’il fut décapité pour avoir marié une chrétienne avec un légionnaire païen romain (Cf. ci-contre une image de Léonhard Beck, 1480- 1542). Parmi les premiers évêques attestés à partir du IVe siècle seraient Praetextatus en 465 et Felix en 501. Plus tard elle fut dévastée par les Goths de Totila en 546, puis occupée par les Byzantins de Narsès en 551 et par les Longobards du Duc de Spoleto à l’époque d’Autari à la fin du VIe siècle, tandis que Narni restait byzantine. On dispose d’un certain nombre de restes de la ville romaine  : l’église San Giovannino fut construite sur un temple romain, San Salvatore sur une domus de l’époque d’Auguste dont on a quelques traces (autel, colonnes…), mais on a cru longtemps qu’elle était construite sur un temple romain dédié au dieu Soleil (cf. ci- contre à droite) ; au palazzo Gazzoli, on trouve les restes de thermes publics, de l’amphithéâtre (Cf en haut de la page) ; l’église Sant’Alò (Sant’Eligio Aloysius) a réutilisé des fragments de décorations romaines. On dispose aussi de restes d’un pont romain, d’une citerne, de monuments funéraires. Sous l’ancienne église San Giovanni Decollato (Ci-contre à gauche), construite en 1566 et abattue en 1921, remplacée par le palais de la Poste, on a trouvé en 2000, en creusant des parkings souterrains, les restes d’une ancienne basilique romaine. À quelques km  de Terni, on peut visiter aussi la ville romaine de Carsulae sur la via Flaminia (Ci-contre à droite). Au Moyen-Âge, Terni fut une commune libre à partir de 1100, qui perdit sa puissance quand l’empereur Frédéric Barberousse imposa ses fidèles à la tête de l’évêché, et quand elle fut détruite en 1174 par le Légat impérial de Frédéric Barberousse, Christian de Mayence, pour ne pas avoir payé sa gabelle. C’est seulement le pape Innocent III qui réussit à reprendre ce territoire en 1198 et qui reconstitua un Chapitre de la Cathédrale, au pouvoir peu étendu parce que convoité par Narni et Spoleto appuyée par la famille romaine des Crescenzi. Le XIIIe siècle fut enfin l’époque où la Commune s’affirma sur la campagne environnante (il contado), comme dans les autres villes, par la construction de son Palais Communal et de sa cathédrale, et la nomination de deux Consuls, d’un Parlement, d’un Podestà (équivalent du Maire, mais nommé et non élu) et d’un Capitaine du Peuple. Elle refait peu à peu une enceinte plus ample (Cf. ci-contre, fragment de muraille Via Saffi-Piazza Tacito), ouvre les portes (Ci- contre à droite Porta Sant’Angelo), et installe en ville les ordres mendiants : François d’Assise y prêche dès 1218. En 1241, Terni se soumet de nouveau à l’empereur, Frédéric II, qui en fit la base de son installation en Italie centrale, mais avec la mort de l’empereur en 1250, la ville revint peu à peu à un état de soumission à l’État pontifical, tout en gardant une relative indépendance, en élisant en 1294 ses « Défenseurs du Peuple » et en 1307 ses Prieurs, grâce à l’importance prise par les corporations de lainiers, teinturiers, forgerons, commerçants, et jusqu’en 1354, Terni combattit à plusieurs reprises les armées pontificales. Finalement soumise par le cardinal Egidio Albornoz (1310-1367) en 1353, elle développe pendant deux siècles ses nouvelles murailles sur trois côtés, la rivière Nera étant suffisante pour défendre le quatrième. À partir du XVe siècle, elle restructure ses canalisations qui remontaient à l’époque romaine. Pendant ce temps, Terni fut soumise à diverses seigneuries, d’Andrea Tomacelli, un frère du pape Boniface IX, Andrea di Gioanuccio Castelli, condottiero gibelin, de Braccio da Montone (1368-1424), avant de tomber directement sous la domination pontificale. Ce fut une période de luttes permanentes entre Terni et les communes voisines de Narni et Spoleto qui étaient guelfes alors que Terni prenait parti pour l’empereur dès qu’elle en avait la possibilité, comme en 1527 au profit des lansquenets de Charles Quint, si bien qu’en 1510, elle avait déjà été déclarée « ville rebelle » au pape. Avec ses 3000 ou 7000 habitants Terni est alors une ville riche, grâce à ses activités manufacturières et à ses commerçants dont l’activité est facilitée par ses eaux fluviales (elle a par exemple plus de 500 moulins). Les six Prieurs qui gouvernaient la ville avaient une charge mensuelle et beaucoup de pouvoirs politiques et administratifs, faisant de Terni le centre manufacturier de l’Ombrie. Outre les six Prieurs, la ville était dirigée par le Consiglio di Credenza de 24 personnes représentant les 6 quartiers dotés chacun d’un drapeau, et les papes du XVe siècle ne parvinrent jamais à les remplacer par un Gouverneur pontifical. Jusqu’en 1564 où éclata une révolte dite des « Banderari » (on appelait ainsi les représentants des quartiers dotés d’un drapeau) contre les nobles de la ville, ce qui provoqua une violente répression du pape Pie IV, après laquelle la Municipalité renonça à son autonomie, ce fut la fin de la Commune. La ville ayant alors perdu son identité propre fut dominée par les familles Aldobrandini et Barberini ; c’est alors que Rome décide d’attribuer à Terni un nouveau patron, saint Valentin, et fait venir à Terni de grands artistes comme Antonio da Sangallo le Jeune (1484-1546), concepteur du Palazzo Spada (ci-contre à droite), Jacopo Barozzi da Vignola (1507- 1573), Carlo Fontana (1638-1714) et Carlo Maderno (1556-1629). La ville de cette époque compte une famille de grands condottieri, les Tomassoni, tous responsables d’armées pontificales, d’abord Alessandro (1508-1556), dont les deux fils furent aussi condottieri, Raimondo (1540-1598) et Enea (1545-1571, à la bataille de Lépante). Le frère d’Alessandro fut Lucantonio Tomassoni (1511-1592), qui lutta contre les Huguenots français, en Provence et à Sisteron, puis contre les Turcs auxquels la France s’était alliée pour combattre l’Espagne de Charles Quint ; il fut déclaré le « héros italien anti-hérétiques ». Un membre de sa famille, Ranuccio Tomassoni, fut assassiné par Caravaggio en 1606. Terni fut affligée par la peste de 1657, et par le passage continuel d’armées étrangères durant les Guerres de succession d’Espagne, de Pologne et d’Autriche jusqu’en 1748, et la ville ne compta alors qu’un peu plus de 8000 habitants, dont 40% habitaient les campagnes, et dont une bonne partie était composée de membres d’un clergé très contre-réformiste. Ce fut pourtant le début d’une petite industrialisation. Terni connut une brève période jacobine début 1799, vite réprimée par une révolte populaire et l’arrivée des troupes austro-russes. Elle fut ensuite intégrée dans l’empire napoléonien, accablée de nombreux impôts ; en mai 1814, elle retourna sous le pouvoir de Pie VII. Au XIXe siècle, Terni connut une poursuite de son industrialisation, dans le travail du coton, de la laine, dans le développement des forges, puis en 1846, l’arrivée du chemin de fer Terni-Roma (qui met aujourd’hui 47 minutes). En 1848, les sentiments républicains et mazziniens devinrent plus forts et après le retour de Pie IX, la ville connut de nombreuses manifestations contre la politique pontificale jusqu’à l’occupation par l’armée piémontaise en septembre 1860. Le plébiscite pour l’annexion au Royaume d’Italie fut voté par 3461 votants contre une voix hostile. La  ville fut en 1870 un des points de départ des troupes italiennes qui occupèrent Rome le XX septembre. C’est alors que se développa l’industrialisation de Terni, en particulier par l’installation d’usines d’armement en 1875, à l’initiative de Vincenzo Stefano Breda (1825-1903 - Ci-contre à gauche), ingénieur, entrepreneur  et homme politique de droite italien, qui créa aussi les Aciéries de Terni, dont il était propriétaire. Un industriel belge, Cassian Bon (1842-1921 - Ci-contre à droite), fonda en 1881 les Hauts Fourneaux et les Fonderies de Terni. En 1898 se créent la Société Italienne du Carbure de Calcium, Acétylène et autres gaz et des centrales électriques, qui permirent à Terni d’être la 4e ville d’Italie à avoir l’éclairage public électrique. L’arrivée de main-d’œuvre du nord multiplia par quatre la force de travail de la ville, ce qui posa de grands problèmes de logistique, logements, services sociaux, instruction, doublés d’une hostilité de la population pour ces nouveaux « immigrés ». On créa pourtant un Lycée Scientifique et un Institut Technique Royal. La première Guerre Mondiale permit de développer les industries d’armement et les aciéries, cuirasses de bateaux, canons de marine, le fusil Carcano Mod. 91 qui équipa l’armée italienne (2000 fusils par jour fabriqués) et dont l’un équipa l’assassin présumé de John Kennedy en 1963. On vit aussi se développer des activités comme la production de  cartes postales (30% de toute la production italienne). Cette présence massive d’ouvriers suscita aussi la création d’une Chambre du Travail très active (grandes grèves de 1907) et l’organisation de la main-d’œuvre féminine : Carlotta Orientale  (1893-1980 - Cf. portrait ci-contre à droite), ouvrière dans la fabrique de Jute Centurini, fut Secrétaire Nationale de l’Union Syndicale italienne durant la première Guerre Mondiale. Elle a une rue à son nom à Terni. En 1919, les socialistes obtinrent 71% des voix aux élections politiques, malgré la présence dans la ville de 500 militants fascistes. Sous le fascisme, les aciéries de Terni devinrent le principal centre industriel italien, et d’autres sociétés furent créées dont la Società Anonima Industria Gomma Sintetica (SAIGS) et des industries chimiques. Les fascistes étaient divisés sur la politique industrielle à suivre, mais Mussolini  imposa le développement de l’industrie. En 1934, on construisit la « Grande Pressa » de 12.000 tonnes pour permettre la réalisation de nouvelles coques de navire ; en 1994, comme elle était usée, on en fit un monument devant la gare (Cf. ci-contre à droite). En même temps, le Parti Communiste italien créait des sections clandestines dans les usines, malgré les nombreuses arrestations, condamnations et déportations, et en 1943 se constitua la Brigade de partisans antifascistes Antonio Gramsci, qui engagea la lutte dans l’Apennin d’Ombrie et des Marches. L’importance industrielle  de Terni lui valut aussi 108 bombardements des Alliés, et à la fin de la guerre, on compta plus de 2000 morts et seulement 17% des constructions restées intactes. Les Anglais entrèrent à Terni le 13 juin 1944. Terni dut donc se reconstruire, la crise des industries provoqua le licenciement de milliers d’ouvriers. La création de l’ENEL en 1962 eut pour conséquence la nationalisation de toutes les entreprises électriques, les entreprises métallurgiques passèrent à l’ENI et à la Finsider. Beaucoup d’autres usines fermèrent dans les années 1980, et d’autres furent peu à peu privatisées (la SAIGS cédée à la Montecatini … ). Quelques-unes se modernisèrent, dans la chimie et la production d’armements pour l’Italie et pour l’OTAN. Dans les années 1990, la ville fut restructurée en trois quartiers historiques, les quartiers périphériques se sont développés, on a modernisé toutes les voies de communication. Terni a aujourd’hui plus de 110.000 habitants. 2) Visite de Terni Terni est la deuxième ville d’Ombrie en nombre d’habitants, mais elle est culturellement moins riche qu’Orvieto ou  Perugia. Sa visite peut se faire en un jour ou deux, mais elle vaut la peine d’être faite. Laissez votre voiture près de la gare et partez de la Piazza Dante Alighieri devant la Gare, inaugurée en 1866. Descendez à pied le viale della Stazione puis la via Tacito, au nord (voir plan ci-dessous), c’est à peu près l’ancien tracé de la via Flaminia. après avoir passé la Préfecture sur la gauche, qui occupe une partie du Palais du Gouverneur construit en 1930 sur projet de Cesare Bazzani (1873-1939), un des plus grands architectes de la première moitié du XXe siècle, auteur de plusieurs grands édifices entre 1903 et 1939 (Voir le palais de la préfecture ci-contre à droite). Le Palais de la Préfecture donne sur la Place Tacito, sur laquelle se trouve  aussi le siège de la Banque d’Italie. La place et sa fontaine centrale sont l’œuvre des architectes Mario Ridolfi (1904-1984), qui construisit d’autres édifices de Terni jusqu’en 1970, et Mario Fagiolo Dell’Arco (1901996), architecte et poète,  à partir de 1932 ; regardez la fontaine et son ornementation de signes du zodiaque, avec des mosaïques de Corrado Cagli (1910-1976) (Voir ci-contre à droite et ci-dessous à gauche). On continue par le Corso Cornelio Tacito. Il doit son nom à Gaius Cornelius Tacitus (55-120 apr.  J.C.), l’historien, orateur et sénateur romain Tacite, peut-être originaire de Terni par sa mère. À l’angle avec la via Goldoni, voir le Palais Paglia, du XVIe siècle, doté d’une belle cour de la Renaissance, malheureusement non-visitable. De là, on peut descendre jusqu’à la Piazza della Repubblica, la grande place de la ville romaine puis  médiévale, qui forme aujourd’hui avec d’autres places un ensemble urbain de grande ampleur. Sur son côté sud, on peut voir le Palais communal, autrefois Palazzo del Podestà ou du représentant du Pape ; il date de la fin du XIIIe siècle, il est reconstruit à plusieurs reprises, et à partir de 1862 par l’architecte Benedetto Faustini (1836-1895) en style Renaissance ; il faut encore le restaurer après les bombardements de 1943. Notez sur la façade à gauche de l’entrée la niche contenant deux anges porteurs de lance et d’éponge avec une croix : c’est là qu’on exécutait les condamnations capitales (cf. ci-contre à droite). Derrière le Palais, se trouve une autre place, la Piazza Solferino, qui est bordée par la Poste. Au sud, vous trouvez la Piazza Europa, à laquelle on arrive après avoir dépassé le Palazzo Montani-Falerna, et l’église San Giovannino, construite sur un édifice romain puis refaite en 1642. La Place Europa a été dégagée après la seconde guerre mondiale en abattant des immeubles entre le Palais Montani, le Palais Morandi -Rossi et le Palazzo Spada. Celui-ci, maintenant communal, est l’ancien palais de la grande famille Spada, construit en 1555, élaboré par Antonio da Sangallo le Jeune (1484-1546) pour le comte de Collescipoli, Michelangelo Spada, chancelier secret du pape Jules III. L’intérieur est orné de fresques représentant la Bataille de Lépante (Cf. image ci-contre) et la Nuit de la Saint- Barthélemy de Karel van Mander (1548-1606), un peintre maniériste flamand.   Au fond de la place, voyez l’église San Salvatore. C’est une des plus anciennes de la ville, elle aurait été déjà existante à l’époque des Longobards. Elle se compose de deux parties, un corps longitudinal et une rotonde cylindrique dotée d’une abside rectangulaire qui est peut-être la partie du VIe siècle, et dans laquelle s’ouvrent huit grandes fenêtres plein cintre. Sur le flanc gauche ont été ajoutées plus tard deux chapelles. L’intérieur comprend des fresques intéressantes. De ces places on peut suivre la via Cavour, qui reprend le tracé de l’ancien decumanus. Elle est bordée de résidences nobiliaires comme le Palazzo Mastrozzi, le Palazzo Mazzancolli au n° 14 de la rue, réalisé pour Giovanni Mazzancolli, évêque du XVe siècle et ami de Pie II Piccolomini. C’est un bel exemple de l’architecture ancienne, édifié à partir de deux anciennes maisons-tours. Voir près du balcon du premier étage le blason de la famille, un bras armé plié qui tient une masse d’armes. Remarquer aussi le porche à trois ordres qui ouvre sur une petite cour, avec un escalier extérieur qui permet d’accéder aux étages, où se trouvent maintenant les Archives d’État. Au début du XVIIe siècle, la famille abandonne le palais, où en 1826, un Juif d’Ancône, Abramo Ascoli, installa une usine de filature ; il fut repris en 1876 par une Congrégation de Charité, après restauration par l’architecte  Benedetto Faustini. Le palais passe enfin au Domaine de l’État, après avoir été le siège de la Fédération Fasciste. À l’angle de la Via Fratini, voir l’élégant Palazzo Fabrizi, refait au  XVIIIe siècle. En descendant ensuite par la Via  XI Febbraio, on trouve à gauche la Via del Teatro Romano et au n° 19 le Palazzo Gazzoli (Cf. ci-contre), siège de la Pinacothèque communale, aujourd’hui fermée avant transfert. Il a été érigé en 1795 pour le cardinal Luigi Gazzoli, membre d’une grande famille de commerçants et propriétaires de forges, sur un projet d’Andrea Vici (1744-1817), avec des décorations en grotesques représentant des scènes de l’Aurore et du Char du Soleil. On y a aussi trouvé les restes d’un édifice thermal romain. La Pinacothèque représente des travaux locaux du XIVe (dont des peintures franciscaines) au XXe siècles. Il y reste maintenant une petite collection archéologique transférée du Palazzo Carrara. Le Palais est aussi depuis 2015 le siège du Parquet de Terni. En continuant la Via XI Febbraio, on arrive à Piazza Duomo, où on visite d’abord la Cathédrale de Santa Maria Assunta édifiée sur une première construction du VIe siècle (qui correspondrait à la crypte, sur les restes d’un temple païen romain), restructurée au XIe siècle puis au XVe siècle, enfin rénovée et reconsacrée en 1653 (nef rehaussée, clocher, fonts baptismaux, chapelles latérales), sur ordre de l’évêque, le cardinal Francesco Angelo Rapaccioli. Gian Lorenzo Bernini (1598-1680) participa à la réalisation de la construction et de la place baroques. La façade est précédée d’un portique dans lequel s’ouvrent trois portes de style roman, la partie supérieure est moderne avec sa balustrade et ses statues. L’intérieur en croix latine est divisé en trois nefs séparées par des piliers, avec des chapelles latérales dont celles du baptistère et du Très Saint Sacrement. Remarquez le Chœur de 1559, la fresque de la contre-façade avec les saints protecteurs de la ville, les fonts baptismaux avec les emblèmes de Terni de 1585, le tabernacle de Carlo Murena (1712-1764) réputé renfermer du sang du Christ donné à  l’évêque en 1650, l’orgue de 1647 de Luca Neri. En 2007, le peintre argentin Riccardo Cinalli a réalisé sur la contre- façade une fresque représentant la Résurrection des corps avec des portraits de personnages contemporains, des prostituées, des homosexuels et des transsexuels (Cf. image ci-dessus). On peut descendre dans la crypte, dont l’autel repose sur un ancien sarcophage romain.                                                    Sur la place, en face de la cathédrale, voir le Palazzo Rosci-Bianchini-Riccardi, édifié au XVIe siècle sur le modèle romain, attribué à Antonio da Sangallo le Jeune, à Vignola ou à Bramante avec un portail en bossage rustique, une rangée de lys angevins et une corniche. À l’intérieur une belle décoration représentant entre autres les Allégories des arts et des sciences avec des scènes mythologiques et tirées de la Jérusalem délivrée du Tasse, et une image de la Madonna del Cassero. À côté se trouve une fontaine de 1935.                                                                                                                         Voir encore le Palazzo Manassei, sur le Corso Vecchio, du XVe siècle mais refait au XVIIe siècle et dont la famille Manassei disait qu’il avait été construit sur le palais des Empereurs Marcus ClaudiusTacitus et Annius Florianus Tacitus. On y voit une statue de l’historien Tacite. Remontez ensuite le Corso Vecchio, avec le Théâtre communal Giuseppe Verdi terminé en 1849, puis l’église San Lorenzo e Cristoforo, construite vers le XIIe siècle sur un ancien édifice romain (un temple de Mars ?), puis agrandie au XVIIe siècle (ajout de la nef gauche), dotée d’un portail de 1492. François d’Assise y aurait prêché sur un fut de colonne qui porte aujourd’hui sa statue. À l’intérieur sur le premier autel de gauche, Martyre de saint Blaise, de Vincenzo Manenti (1600-1674). Après Piazza Buozzi, on arrive au Complexe Polyfonctionnel Fontana , qui ouvre sur la ville industrielle. Les alentours de Terni fournissent d’agréables occasions de promenade dans la cuvette de Terni (la conca ternana), qui fut toujours, depuis l’Antiquité un centre de peuplement important de l’Italie centrale, entre l’Étrurie, le Latium, le pays des Sabins, etc. Vers le sud-est, la Valnerina, on arrive à la cascade delle Marmore et au Lac de Piediluco (Voir dossier sur les lacs d’Ombrie).                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          Vers le nord-ouest, on va vers Cesi, intéressante petite ville sur les pentes du Mont Eolo et du Mont Torre Maggiore, d’où on a une belle vue sur toute la conca ternana. Elle vaut la peine d’être visitée. Au sud-ouest, en suivant la via Flaminia, on va vers  Collescìpoli et Narni. De Collescìpoli, on a aussi une belle vue jusqu’à Cesi. C’est une ancienne ville romaine déjà connue et citée par Pline, et jusqu’au Moyen-Âge nommée Turritulum, pour ses tours. Un peu plus loin, on arrive à Narni.                                                                                                                                                                   3) Narni Aujourd’hui ville d’environ 20.000 habitants, Narni est très ancienne, occupée par les osco-ombriens dès le début du   premier millénaire, perchée sur son éperon de 240 mètres de haut, qui domine toute la vallée de la Nera et la « conca  ternana », entre Ombrie et Latium, stratégique pour contrôler la route entre Rome et l’Adriatique. La ville a une forme  allongée, suivant la forme de la colline, du Nord (première zone occupée par les populations ombriennes et romaines) au  Sud développé au Moyen-Âge, avec la Rocca construite par le cardinal Albornoz pour renforcer le pouvoir pontifical.  Saccagée en 1527 (sac de Rome) par les lansquenets de Charles Quint et reconstruite après, elle se développe aujourd’hui  dans la plaine. Elle occuperait le centre géographique de l’Italie (précisément sur le pont Cardona, construit par Rome au  1er siècle). Son emblème est un griffon rouge, créé à partir de la légende médiévale qui raconte que Terni et Narni durent  combattre et tuer cet animal, Terni gardant les os (d’où le griffon blanc de son emblème) et Narni garda la peau (d’où le  griffon rouge). Voir la carte ci-dessus tirée du Guide Rouge sur l’Ombrie.  La ville ombrienne s’appelait Nequinum, que les Romains changèrent en Narnia (du nom ancien de la Nera, Nar) pour éviter ce nom de mauvais augure (« Nequeo » signifiait « Je ne peux pas ») ; elle fut occupée en 299 av.J.C. par les Romains qui y font passer leur via Flaminia, restructurée sous l’empereur Auguste. Il semble qu’elle ait eu un port sur la Nera et un chantier naval découvert récemment. Elle se développe à partir du XIe siècle, construisant peu à peu ses monuments publics et sa cathédrale ; soucieuse de son indépendance elle se révolte à plusieurs  reprises contre le pouvoir pontifical ou impérial. Elle décline ensuite à partir du XVIe siècle, quand Terni prend de l’importance, et ne reprend vie qu’à partir du XIXe siècle quand se développe l’industrie. On peut entrer par la Porta Ternana, à l’est, point d’arrivée de la via Flaminia, et par laquelle on pénétrait dans la ville intérieure aux murailles, et on arrive Piazza Garibaldi, ancienne Piazza del Lago, parce qu’elle recouvre l’ancienne citerne de la ville, point d‘arrivée de l’aqueduc romain de la Formina (au sud-est de la ville), qui alimente encore la fontaine de la place. Sur la gauche, on voit une des tours qui reste du Moyen- Âge. Sur la droite se trouve l’ex-Palais de l’évêque, du XVIIe siècle, qui contient aujourd’hui la Pinacothèque communale, organisée pour illustrer l’histoire de la ville. Elle présentait en particulier un tableau de Domenico Ghirlandaio, de 1486, le Couronnement de la Vierge avec des anges, réalisé à l’origine pour l’église San Girolamo. Les 11 chérubins sont peints dans l’arc supérieur ; la partie supérieure a un fond d’or et représente la Vierge couronnée par le Christ ; une mince couche de nuages la sépare de la partie inférieure où un groupe de saints, surtout des saints franciscains (François d’Assise est au centre) contemple la scène ; sur la  prédelle, les Stigmates de François d’Assise, le Christ entre la Vierge et saint Jean l’Évangéliste, saint Jérôme dans le désert. Sur la gauche, voyez la Cathédrale San Giovenale, premier évêque de la ville, on passe vers sa façade sur la Piazza Cavour sous une console de 1832. Sous la place se trouve encore la nécropole où fut enseveli Giovenale en 376. l’édifice actuel est construit à partir de 1047, consacré en 1145 par le pape Eugène III, mais la partie absidale est refaite en 1322 ; la façade, simple est précédée d’un portique dont les arcs sont surmontés d’une frise de style Renaissance de 1497, mais en dessous, le portail est toujours celui du XIIe siècle. L’intérieur est basilical à trois nefs. On entre à droite dans la Chapelle du Baptistère, puis dans la nef droite on voit à droite deux sacellas (le « sacellum » est une petite abside des chapelles latérales) ; au-dessus du portail du second on voit la plaque de la sépulture de saint Cassius et de sa femme, de 558, et à l’intérieur les sépultures de plusieurs évêques de la ville. Le chœur est de style gothique, un baldaquin surmonte le grand autel, et de là on a accès à la vaste crypte. Visitez aussi la nef gauche en vous aidant de la brochure disponible à l’entrée. Le clocher comprend encore à sa base des restes des fortifications romaines. Par la via Garibaldi, début de l’axe principal de Narni, on remonte vers Piazza dei Priori, ancienne place centrale et forum romain, en passant sous  un arc des anciennes murailles romaines, avec à droite le palazzo dei Priori dont vous pouvez remarquer le portail et la loggia d’où étaient annoncés au public les édits de la commune ; en face, l’ancien palazzo del Podestà (Ci-contre à droite), aujourd’hui palais municipal, symbole imposant de la grandeur de la ville à l’époque communale. Il date de 1273, construit à partir de trois maisons-tours antérieures où les  fenêtres géminées sont remplacée par les actuelles fenêtres à croix guelfe, une imitation du Palazzo Venezia de Rome. Dans l’atrium, on voit encore la « mensa ponderaria », un bloc de travertin creusé de six vasques destinées à mesure le volume des céréales, et, en montant le grand escalier, le Mont de Piété fondé en 1400, le premier d’Italie. En prenant à droite par la via del Campanile, on arrive à l’église Sant’Agostino, fondée au XIVe siècle près des murs par  les Frères augostiniens, rénovée en 1728, avec un intérieur à trois nefs ; au plafond, une immense Gloire de saint Augustin. On peut descendre ensuite par la via Gattamelata  (le grand condottiere de ce nom, Érasme de Narni (1370-1443) était originaire de cette rue où se trouve encore sa maison), on arrive à la Porta Nuova, du XVIe siècle (de Vignola ?) puis à la Porta della Fiera, de l’enceinte médiévale (Cf. image ci-contre à droite). Au contraire, si on prend à gauche, on trouve bientôt l’église San Francesco, construite en 1226 après la mort du saint qui habita et prêcha ici (Cf. ci-contre à gauche). Elle est riche de fresques sur la vie de François d’Assise. Intérieur à trois nefs, dévasté par un incendie en 1998.                                                                 En continuant la via Mazzini, on arrive d’abord à l’église Santa Maria Impensole, lieu de culte bénédictin édifié vers 1175,  qui doit son nom au fait qu’elle se trouve sur une pente, édifiée sur un ancien temple de Bacchus ; elle a deux citernes romaines dans son souterrain. Puis on trouve l’église San Domenico (Voir ci-contre à droite), un grand ensemble construit au XIIe siècle sur un ancien temple romain dédié à Minerve. Ce fut la première cathédrale de Narni, confiée ensuite aux Dominicains en 1304. La façade a été refaite à plusieurs reprises, le portail est celui de l’époque romane, tandis que la grande fenêtre du dessus est du XIIIe siècle. L’intérieur est à trois nefs avec des chapelles latérales, il est provisoirement occupé par des bureaux municipaux ; il est décoré de nombreuses fresques. En prenant la rue à gauche de l’église, on arrive dans le Jardin de saint Bernard, d’où on accède aux souterrains avec leur petite église romane à nef unique, du XIIe siècle, dont les parois sont creusées directement dans la roche et sont recouvertes de fresques ; on y trouve aussi un ancien puits romain et une salle où se tenait le tribunal de l’Inquisition, avec une petite salle où les détenus ont laissé d’intéressants graffitis. On peut continuer la via Mazzini, bordée d’édifices anciens, puis redescendre, prendre la via Saffi, où on peut visiter le Palazzo Eroli, construit pour le cardinal Berardo Eroli, et son Musée archéologique et un Musée d’art où se trouve maintenant la fresque de Ghirlandaio citée plus haut, et une Annonciation de Benozzo Gozzoli (1449 - Cf. ci-contà gauche). Au sud de la ville a été construite la Rocca, forteresse voulue par le cardinal Egidio Albornoz en 1367 pour la défense de l’État pontifical après l’exil d’Avignon, sur une précédente construction de Frédéric Barberousse ; dotée de 4 tours d’angle, entourée d’une enceinte et d’un fossé, elle domine toute la vallée et tout l’habitat de la ville. La forteresse fut renforcée par le pape Sixte IV en 1484, un avant-poste fut construit dans un bourg de Narni, formé de 5 tours rondes reliées à la Rocca par un souterrain. La forteresse mesurait environ 36 mètres de côté, et son donjon 12 mètres. En 1527, elle résista même aux lansquenets allemands, qui allèrent piller la ville. En-dehors de rares périodes (comme celle de la domination de Braccio Fortebraccio qui la conquiert en 1417), elle appartint toujours au pape jusqu’à la conquête par 14.000 soldats français en 1798, puis par l’armée italienne en 1860.                                                                                                                                                                                On peut faire de nombreuses excursions autour de Narni, vers le sud-est par la via Flaminia, vers l’ancien couvent franciscain de San Girolamo, transformé en château après 1866 (Cf. ci-contre à gauche), puis, revendu par la Commune à un Institut Diocésain de soutien au clergé, il fut transformé en hôtel 4 étoiles à vocation religieuse et culturelle. On trouve ensuite le Ponte Cardona à côté de l’aqueduc romain della Formina, utilisé jusqu’en 1924, que l’on peut visiter sur demande. À 13 km de Narni, on arrive au Speco (= la caverne) di San Francesco, fondé par François d’Assise en 1213. C’est un des lieux les plus significatifs du franciscanisme primitif, construit près de plusieurs grottes sur un ancien ermitage bénédictin. François s’y retirait volontiers pour prier. Dans les siècles suivants, on fit construire un sanctuaire, d’où on peut pourtant accéder par un sentier à l’ancienne grotte. Selon la tradition rapportée par Tommaso da Celano dans son Traité des miracles  (lisible sur Internet), François  y aurait fait plusieurs miracles, transformer en vin de l’eau qui le guérit alors d’une maladie, et un châtaignier poussé à partir de sa  canne plantée dans le sol.    Un peu plus à l’ouest on peut visiter un village comme Otrìcoli, qui se souvient de son ancien évêque du VIe siècle, Fulgence, qui s’opposa à l’arianisme de Totila. Sur une fraction du village, Poggio, voir le château. On y raconte aussi l’histoire du « serpente regolo » (lu regulu en dialecte), un grand serpent mythique qui habiterait une grotte de la zone archéologique d’Ocriculum et hypnotiserait (abbafare en dialecte) les visiteurs. L’ancien site romain d’Ocriculum sur la via Flaminia est important et conserve de nombreux monuments de l’époque, et d’objets transportés aux Musées du Vatican, comme cette tête de Jupiter. Au nord de Narni,  voir Amelia (Amèria romain), ville de 11.000 habitants très ancienne, de la fin du 2e millénaire (on voit encore une partie des  murs mégalithiques, voir ci-contre), puis romaine. Une ville très intéressante à visiter, pour ses nombreux témoignages, archéologiques, médiévaux, Renaissance (palais, etc.), églises. On peut en profiter pour visiter la Teverina, la zone située entre Amelia et Orvieto au nord. 4) Richesses particulières de l’Ombrie
Insegna di Terni alla battaglia di Montaperti - 1260
Statue de dragon en travertin - 1300/1400
San Salvatore di Terni
Frédéric II à Terni Caravaggio-Ritratto di Gian Francesco Tomassoni, in Flagellazione di Cristo.
Fabrique Royale d’Armements - 1895
La Grande Aciérie-1895 Bannière de Terni aujourd’hui