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Histoire de la région Ombrie - 4° partie - suite
Les îles du lac Trasimène L’Isola Minore est privée. L’Isola Maggiore (ci-dessous à gauche) peut être visitée en prenant le bateau de Passignano, et elle en vaut la peine. Ce n’est pas la plus grande, l’Isola Polvese est plus étendue, mais son petit bourg et sa nature sont très intéressants, et elle est encore habitée par quelques familles de pêcheurs. Au Moyen-Âge, des nobles et des moines s’y seraient réfugié pour fuir la peste de Perugia. On en a connaissance depuis 817 quand le lac fut concédé au pape par l’empereur Ludovic le Pieux. En 1211, François d’Assise vint s’y retirer pour le Carême, et les Franciscains s’y installèrent. En 1578, elle avait 600 habitants. En 1887, le marquis Guglielmi fit transformer les édifices franciscains en château, qu’il occupe jusqu’en 1975, puis laisse à l’abandon ; aujourd’hui, les restaurations commencées en 2005 n’ont pas été terminées. En 1944, les SS nazis vinrent faire un ratissage des Juifs réfugiés dans l’île et des partisans, un agent de la préfecture et le prêtre de la paroisse les firent fuir dans les bois et transporter par les pêcheurs sur la rive libérée. Une des activités de l’île est le travail de la dentelle d’Irlande : en 1904, la marquise Elena Guglielmi avait fait venir de Dublin une irlandaise qui avait enseigné aux fille à pratiquer une technique spéciale de travail au crochet qui reste une particularité de l’île, rappelée par un Musée de la Dentelle. Vous pouvez voir au sommet de l’île le château (ci-contre à droite), de 1891, en style néogothique, et l’église San Michele Arcangelo (Ci-contre à gauche) du XIIIe siècle, qui contient un Crucifix de Bartolomeo Caporali (1420-1505), très intéressant en particulier pour les décorations du bout des bras, de la tête et du pied de la Croix (Cf. ci-dessous à gauche, avec François d’Assise à g et le crâne d’Adam dont one ne sait pas ‘il crie ou s’il rit). Au-dessus de la tête du Christ, se trouve saint Michel Archange entre saint Jérôme et saint Léonard ; au pied de la Croix, saint François (est-ce une commande franciscaine ?) et la Madeleine en prière et le crâne d’Adam ruisselant du sang du Christ. Le Crucifix a été restauré en 1933, prêté au Musée de Cleveland en 2012 et revenu à l’Isola Maggiore en juin 2013. Voyez quelques autres monuments, comme la Maison du Capitaine du Peuple, du XIVe siècle.          San Michele Arcangelo-Facciata L’Isola Polvese est la plus grande des trois (Voir le plan ci-contre, tiré de Bell’Italia, Umbria, 2008). Son nom vient probablement du mot polvento = zone sous le vent. Elle était déjà connue des Romains, et au Moyen-Âge occupée par environ 500 personnes, avec un monastère olivétain de 1482 ; elle dépend de Perugia. Au XVIIe siècle, les moines l’abandonnent et c’est le déclin. Puis elle et rachetée en 1959 âr le comte Citterio et enfin devient propriété de l’administration de Perugia en 1973 qui y installe à partir de 1995 un parc scientifique et didactique et un Centro di Esperienza Ambientale (de l’environnement) pour les écoles et les touristes. On y étudie les plantes et les animaux, on y fait des cultures biologiques. On peut y voir : 1) la Villa qui abrite le Centre (Voir ci-dessous à gauche) ; 2) Le jardin des plantes aquatiques réalisé par l’architecte Pietro Porcinai ; 3) Le château du XIVe siècle (Voir ci-contre à droite) et l’église de San Giuliano, du XIe siècle, ornée de fresques et qui a encore des restes d’opus reticulatum romain (Ci-contre  à droite; 4) parcours de cannaies et d’oliveraies ; 5) Ruines du monastère olivétain (Voir ci-dessous au centre) ; 6) Panorama. L’île n’est ouverte aux touristes que de Pâques à septembre. On peut y séjourner. Passer une semaine autour du Trasimène serait un beau projet. Stendhal écrivait (Promenades dans Rome, 25 mars 1828 , Voyages en Italie, Pléiade, p.786) : « Les abords du lac de Trasimène sont de première beauté ». Isola Polvese, Isola Maggiore et le lac Le lac de Piediluco  . Il se trouve au sud de l’Ombrie, au sud-est  de Terni, le second lac de l’Ombrie après le Trasimène. Le petit bourg au pied du lac était appelé  Castello di Luco, qui vient de lucus = bois sacré. Le lac était le lacus Velinus des Romains (le Velino est la rivière affluente). Il est d’une profondeur maximum de 19 mètres. C’est une grand bassin naturel. Il faisait partie du Grand Tour à partir du XVIIe siècle, et il a été peint par de nombreux artistes dont Jean-Baptiste Corot. Sa faune est nombreuse et variée, l’anguille, la carpe, la tanche, le brochet, la perche, la truite, etc. C’est aussi un lieu central du canotage italien. Les fouilles archéologiques à Piediluco ont révélé un habitat datant de l’âge du Bronze, abandonné au début de l’âge du Fer lorsqu’est fondé le bourg de Terni. Après l’occupation des Sabins et des Romains dont on n’a aucun témoignage. Pour avoir une documentation sûre, il faut  arriver à 1028, date d’une remise des lieux par un feudataire à l’Abbaye de Farfa ; on sait aussi qu’il y avait une forteresse en-haut de la colline, avec un village de pêcheurs au bord du lac. Entre le XIe et le XIIe siècle est édifiée l’église de Santa Maria del Colle, à l’époque où Frédéric II remit le bourg aux Brancaleoni, en 1244. On édifia aussi le couvent et l’église de saint François en souvenir de la visite du saint en 1208. Le lieu fut ensuite disputé entre seigneurs guelfes et seigneurs gibelins, et en 1353, c’est le cardinal Albornoz qui fit renforcer une forteresse de contrôle du territoire, comme il le fit dans les autres villes de l’Ombrie et des Marches, désormais possessions pontificales. C’est à partir de ce moment que le village se développa sous le nom de Piediluco (aux pieds de Luco), passant d’un feudataire du pape à un autre (les Trinci, les Poiani, les Ancajani, les Pianciani, enfin après l’Unité italienne les Franchetti). La proximité des cascades delle Marmore fut ce qui permit le développement du Grand Tour, et la visite de nombreux voyageurs, comme Montaigne, Byron, Goethe, Gregorovius, Andersen  ; Wagner, Freud Ce sont les Franchetti  qui firent construire à la fin du XIXe siècle la Villa de Villalago . Sur la rive opposée à Piediluco, en haut du mont Caperno, d’une esplanade on  écoute un écho qui renvoie en 4 secondes jusqu’à deux hendécasyllabes. Un lac qu’on oublie trop                                                                                                    Le lac de Corbara Ce lac s’est formé après la construction d’un barrage sur le Tibre entre Orvieto et Todi, construit en 1962 pour augmenter la production hydroélectrique ; ce barrage a 641 mètres de long, 416 en ciment et 225 en terre. Le lac a une superficie d’un peu plus de 10 km2 et une profondeur de 51 mètres. On y pratique de nombreux sports nautiques et la pêche, dans les environs on fait de la spéléologie. Corbara est une fraction de la commune d’Orvieto, ancien site étrusque puis romain, dominé au Moyen-Âge par les Montemarte, et disputé entre Perugia et l’Église. On peut encore voir son château (Cf à droite, et au centre le barrage) Autres lacs d’Ombrie et Cascade delle Marmore * Le lac de Recentino, résultat d’un petit barrage sur le torrent L’Aia, dérivation de la  rivière Nera. On l’appelle aussi le Lac de Narni. *Oasis naturelle du lac d’Alviano, dans la province de Terni, d’une surface de 900 hectares, réalisée en 1963 à partir d’un barrage sur le Tibre, d’une profondeur d’une trentaine de centimètres, mais qui attire de nombreux oiseaux migratoires et autres, canards de diverses races, cormorans, hérons, hirondelles, grèbes, etc. (Cf à gauche le lac ;  à dr. des foulques qui se poursuivent au fil de l’eau). * le lac de San Liberato se trouve aussi dans la province de Terni, bassin artificiel d’un volume de 6 millions de m3, issu d’un barrage sur la rivière Nera. Ecosystème d’un grand intérêt pour sa faune aquatique, dans le parc fluvial de la Nera. * Enfin, dans la même région, à l’est de Terni, l’immense Cascade delle Marmore. C’est une des plus grandes d’Europe, sur une hauteur de 165 mètres en trois sauts ; on peut la visiter soit d’en haut soit d’en-bas et parcourir un sentier entre les deux. La cascade est une partie de la rivière Velina, proche de la commune de Marmore, dont environ seulement un tiers est dévié, provenant du lac de Piediluco (Voir plus haut). À l’origine, le Velino formait un marécage nocif pour la santé des habitants de la région (il y en a des restes dans les petits lacs Lungo et Ripa Sottile). Aussi en 271 av.J.C., le consul romain Curius Dentatus ordonna la construction d’un canal (le Cavo curiano) qui faisait dévier les eaux stagnantes en direction du saut naturel de Marmore et de là le fleuve coulait directement dans la Nera, affluent du Tibre. Mais ce créa un énorme flux d’eau qui menaçait la ville de Terni et il y eut en 54 av.J.C  un procès entre Rieti et Terni, où Cicéron représentait Rieti et Quintus Hortensius Ortalus Terni, mais cela ne donna rien. Après la chute de l’empire romain, le canal ne fut plus entretenu et le flux diminua ; en 1422, on construisit un autre canal à l’initiative du pape Grégoire XII (Il Cavo gregoriano) , et en 1545, le pape Paul III fit encore ouvrir un nouveau canal par Antonio da Sangallo le Jeune, qui ne dura qu’une cinquantaine d’années (il Cavo Paolino). Le pape Clément VIII décida alors en 1598 de faire élargir le canal romain initial et de construire un pont régulateur, valve qui permettrait de réguler le flux, réalisée par Giovanni Fontana, frère du célèbre architecte Domenico Fontana, et Carlo Maderno  : on l’appela la Cava Clementina. Cela provoqua tellement d’inondations des campagnes que le pape Pie VI demanda à l’architecte  Andrea Vici (1743-1817) de travailler directement la cascade, ce qui régla à peu près le problème. Et à partir de 1896, on commença à exploiter la cascade pour produire de l’énergie hydroélectrique. Une légende attribue à la Nera et au Velino, la nature d’une Nymphe et  d’un berger, amoureux l’un de l’autre, punis par Junon pour leur amour irrégulier, et sauvés par Jupiter qui les transforma en rivières pour qu’ils puissent se rejoindre. La légende est racontée par un follet légendaire de l’Ombrie, le Gnefro. Les cascades eurent de nombreux visiteurs illustres parmi les écrivains et les peintres, de Pline et Cicéron, à Galilée, Alfieri, Corot, Turner, Byron … Léonard de Vinci aurait représenté la cascade en 1473 dans son dessin Paesaggio ci-contre (Florence, Uffizi).                           Jean Guichard, 28 septembre 201                                                                                           5° partie
Ci-dessus, le lac de Piediluco. Ci-dessous : Jean-Baptiste Corot, Le lac de Piediluco, 1826.