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Nouvelles de ces derniers temps : édition du 24 février 2016
Nouvelles de ces derniers temps - Édition du 24 février 2016
Eco, Festival de Sanremo, Turin, les hommes et les loups, la démographie en baisse… (24 février) * Trois nouvelles bonnes adresses à Turin Une de nos lectrices a expérimenté ces adresses et nous les recommande  :  - Un restaurant  : La gallina scannata, Largo Saluzzo, 25f. Tel.  : +39 011 65 05 72 3. C’est à l’origine le  marchand de poissons le plus chic de Turin, Beppe Gallino (d’où le calembour du nom). On dispose soit du service  de poissons sous forme de tapas, friture et autres propositions (env. 20€), soit du restaurant «  tout poisson  » (env.  50€). C’est excellent. 
     - La chocolaterie Guido Gobino, Via Lagrange, 1. Tel.  : + 39 011 56 60 70 7. Site : www.guidogobino.it. C’est un  des maîtres chocolatiers les plus fameux d’Italie, installé dans l’ancienne boutique d’un graveur. Ses propositions sont  un triomphe de petits chocolats, de “gianduiotti” et de “tourinot” tout petits, de 5 grammes, spectaculaires.          - Un hôtel, Hôtel Chelsea, via Cappel Verde 1D (angle via XX Settembre), Centre historique, 10122, Torino. Tel.   : +39 011 436 0100. Un parking public est disponible tout proche.  Et si vous allez à Turin, profitez du développement de la ville toujours plus propre et plus agréable, de ses nouveautés (le Musée Égyptien totalement restructuré de façon très esthétique et très pédagogique, une promenade en montgolfière au-dessus de la ville, pour moins de 10€, etc.). Allez passer un WE à Turin, vous en serez ravis. * Et profitez-en pour acheter le petit livre de Rosalba Graglia, Torino al femminile, Morellini Editore, 2015, 11,90€, une mine d’adresses, de restaurants, cafés, chocolatiers, magasins de mode et de shopping, de marchés, d’hôtels, de «  piole  » (spécificité du Piémont, du français «  piaule  », où on peut grignoter pour pas cher des spécialités locales), de jeux pour enfants, et aussi de livres à lire sur Turin, Turin ville des polars, Turin ville des femmes, … * Umberto Eco et la chanson. Toute la presse internationale a abondamment commenté la mort d’Umberto Eco le 19 février dernier et a rappelé sa grande œuvre aussi bien de sémiologue, de philosophe, d’essayiste, de romancier. Mais personne n’a rappelé qu’il s’était aussi intéressé à la chanson, en particulier dans un texte qui constituait l’introduction du livre de M.L. Straniero, Sergio Liberovici, Emilio Jona et Giorgio De Maria, Le canzoni della cattiva coscienza, publié par Bompiani en 1964, texte reproduit dans le livre d’Umberto Eco, Apocalittici e Integrati, Bompiani, 1964 (pp. 275-294). Ce livre des 4 auteurs qui jouèrent un rôle important dans l’histoire du renouveau de la chanson à partir de la fin des années ’50, avait proposé une des premières analyses critiques de la chanson qu’ils appelèrent «  gastronomique  », ou «  de consommation  » produite par l’industrie du disque dans la société contemporaine, essayant d’analyser les raisons historiques et structurelles de cette production d’une musique médiocre  et répétitive, où on ne cesse de plagier des «  formules  » qui l’emportent sur la recherche autonome de la «  forme  » : Straniero examinait l’histoire de la chanson depuis le début du XXe siècle et mettait en évidence le lien entre cette chanson et la société néocapitaliste qui se développait  ; Liberovici faisait la même analyse dans le domaine musical  ; Jona tentait une «  psychanalyse  » du parolier et De Maria mettait tout cela dans un horizon culturel plus vaste. Un livre marquant  ! Mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’introduction qu’en fait Eco. Partant des analyses des 4 auteurs, il théorise un peu plus et montre que «  la chanson de consommation apparaît comme un des instruments les plus efficaces pour la coercition idéologique du citoyen dans une société de masse  » (p. 276)  ; c’est elle qui détermine le mieux le marché, prédominant dans la consommation de la musique comme dans d’autres consommations. Il décrit un mécanisme d’influence sur le citoyens qui nous concerne tous aujourd’hui encore  ; il décrit ensuite les «  autres  » chansons tentées par le groupe turinois de Cantacronache auquel il participa avec les 4 auteurs du livre, puis analyse longuement la chanson de Rita Pavone et les raisons de son succès auprès des adolescents d’alors (mais l’analyse peut être reprise pour les chanteurs qui marquent les adolescents d’aujourd’hui  !). Lisez ce texte très important dans l’histoire de la chanson, et voyez l’ouvrage de Jean Guichard, La chanson dans l’histoire de la culture italienne, des origines populaires aux débuts du rock, Champion, 1999). Sur un autre plan, on n’a pas beaucoup parlé de son dernier livre de 2013, Storia delle terre e dei luoghi leggendari, Bompiani, 35,00 €. Dommage, c’est un bel ouvrage, excitant pour la connaissance de notre imaginaire, par la description de tous les lieux qui ont créé des illusions, des chimères, des utopies, de l’Atlantide à l’Eldorado, du pays des Espérides à la forteresses des Assassins du Vieillard de la Montagne, du pays de Cocagne au lieu où l’on conserve le Saint Graal… Stimulant  ! (Voir l’interview d’Umberto Eco dans La Stampa du 22 octobre 2013). * Festival de Sanremo. Le 66e Festival de la Chanson Italienne s’est déroulé au Théâtre de l’Ariston du 9 au 16 février. La presse française, comme d’habitude, n’en a pas dit un mot à notre connaissance. Certes, ce Festival de la chanson est aussi celui de la médiocrité musicale, mais il reste qu’il rassemble chaque année une dizaine de millions de téléspectateurs italiens pendant 5 soirées  : c’est donc pour l’Italie une manifestation importante et significative. Mais la chanson, vous savez, ce n’est rien du tout, surtout  pas de la culture et surtout en Italie … on ne va pas gaspiller du papier pour en parler  ! Ils n’ont pas lu Umberto Eco  ! Le Festival de Sanremo est un spectacle idéologiquement et politiquement important  ; c’était autrefois un appareil idéologique de la Démocratie Chrétienne  ; celle-ci n’est plus, mais Sanremo reste l’expression des idéologies dominantes en Italie, par ses animateurs (cette année, le très limité Carlo Conti), par ses «  vallette  », les jeunes femmes qui assistent le présentateur, dont les cuisses et les tétons sont sans doute le principal critère de recrutement, par les comiques qui racontent entre les chansons des histoires «  drôles  » de niveau généralement très bas et ennuyeux, et par sa volonté d’être toujours «  à la mode  », dans des chansons dont le contenu musical et textuel est dans l’ensemble  très médiocre. Sans parler des fréquents scandales qui frappent la manifestation, dans la sélection, la spéculation sur les gagnants, etc. Cette année, on a parlé de «  festival des Unions civiles  », car ce thème politique actuellement discuté au Parlement a suggéré d’inviter Elton John, la bannière des droit des gays grâce à sa vie privée (il est d’ailleurs venu avec son mari, David Furnish), mais on lui avait intimé l’ordre de ne pas parler d’homosexualité  ; cela a néanmoins provoqué les protestations vigoureuses de la droite italienne, comme celle de Massimo Gandolfini, président du «  Comité Défendons nos enfants  », ou de Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord. Il y a eu aussi évidemment quelques pauses publicitaires … une intervention de Giovanni Toti, le gouverneur berlusconien de la Ligurie … Et on a invité des noms connus de la chanson de Laura Pausini à Eros Ramazzotti, de Patty Pravo à Rocco Hunt (un peu de rap, ça fait moderne  !), de Dear Jack à Elisa  ; on a fait chanter des «  covers  » (reprises de chansons connues, par d’autres que leur auteur) de Cocciante, Nada, De Andrè, de la Cinquième de Beethoven dans la version de Murphy (par Elio e le Storie Tese), de Lucio Battisti, de Carosone, de De Gregori, de Gianna Nannini, et pour finir de Lucio Dalla. Et on est parfois ému de retrouver une grande voix comme celle de Patty Pravo. Le gagnant de ce Festival a été le groupe des Stadio, les anciens accompagnateurs de Lucio Dalla (Voir notre Histoire de la chanson en Italie, vol. III). Leur chanson de 2015, Un giorno mi dirai, est bien faite plutôt riche musicalement. C’est une lettre d’un père à sa fille, où il lui dit qu’autrefois il a abandonné l’amour de sa compagne (qui n’est sans doute pas la mère de la fille) pour s’occuper d’elle  ; il en a souffert, mais un jour sa fille, quand elle connaîtra elle aussi les chagrins de l’amour, viendra lui demander sa protection et pleurer sur son épaule. Toujours la même vision de la nature de l’homme et de la femme  : l’homme est fort, il choisit qui il protège, la femme est faible, dépendante, elle a besoin de la protection de l’homme. On peut faire une bonne chanson avec une idée réactionnaire, mais l’idée passe quand même (Voir Umberto Eco  : le Festival de Sanremo est une belle illustration de ses développements sur la chanson «  gastronomique  ») .   * Hommes et loups en Italie et en France - Un article de Maui sur Médiapart du 23 janvier 2016 souligne que les éleveurs italiens en général ne se plaignent pas des loups, car ils protègent leurs troupeaux, à la différence des éleveurs français qui hurlent leur haine des loups dont ils ne se protègent que par d’inefficaces clôtures. D’où beaucoup de dégâts  : en 2015 dans le Var et les Alpes Maritimes, 16 meutes de loups et 3789 moutons tués par des loups (ce qui ne représente que 1% de la population ovine, par ailleurs bien indemnisée). De l’autre côté des Alpes dans la province de Cuneo, 10 meutes de loups  et 80 moutons tués en 2015 sur un total de 16.000 moutons. On nous dit aussi qu’en France on fait parfois «  garder  » plusieurs centaines de moutons seulement par deux bergers, souvent mal rétribués et soumis à des horaires de travail impossibles et harassants… Alors comment «  garder  » ces immenses troupeaux, de plus avec des chiens moins efficaces que les chiens bergers des Abruzzes par exemple  ? Nice-Matin interroge un berger du Piémont, qui n’a pas eu une seule perte en 5 ans, souligne que le pic de pertes a été de 360 brebis en 2001-2002, et que depuis les bergers ont appris à se protéger, par une présence humaine permanente (plusieurs bergers, plus qu’en France), par l’élevage de chiens bergers de Maremme, par des barrières électrifiées plus hautes (1,50 m.) que les loups franchissent plus difficilement, et par un espace plus grand en alpage qui a pour effet que les moutons sont peu tentés de repousser les barrières. Alors, que mangent les loups  ? La nourriture principale des loups est donc faite d’ongulés (cerfs, biches, chevreuils), et surtout des animaux faibles et malades, jouant ainsi leur rôle de régulateurs de la vie sauvage. Rappelons qu’après les 9.190 moutons tués en 2014 en France, les ministres de l’Agriculture et de l’Écologie, Stéphane Le Foll et Ségolène Royal ont augmenté pour 2015-2016 le quota de loups qui pourraient être abattus (24 autorisés dans les deux années précédentes).  Cela encouragera certains chasseurs acharnés. Pratiquement disparus dans les années 1930, les loups ont fait leur réapparition dans les Alpes en 1992, se développant jusqu’en Alsace et  jusqu’aux Pyrénées, estimés à environ 300 exemplaires qui ont multiplié les dégâts, dont les remboursements auraient coûté environ 2,6 millions d’euros à l’État français, dont les citoyens ne sont formés ni à comprendre l’utilité du loup ni à s’en protéger. Cela relève aussi d’un jugement erroné de beaucoup de Français sur la nature des animaux, considérés souvent comme inférieurs, méprisables, même comme instruments de travail, et dont n’a pas à respecter l’existence et les conditions naturelles de vie. Mais que serions-nous, nous, animaux humains, sans l’existence des animaux «  sauvages  »  ? Nous avons même trouvé un Vocabulaire de mots italiens qui ne parle des animaux que dans le chapitre des aliments et de la restauration  ! On sait pourtant que le dernier des petits chiens de compagnie descend aussi du loup sauvage, que l’homme aurait commencé à domestiquer il y a très longtemps (entre 10.000 et 32.000 ans) peut-être à partir du loup d’Asie et du Sud-Est asiatique pour se poursuivre dans le monde entier. On sait aussi que le lien entre l’homme et le chien (et par lui entre l’homme et le loup) est ancien et profond, et même codifié dans nos gènes  : nous avons évolué parallèlement, partageant les mêmes milieux naturels dans une époque d’augmentation des populations, et facilitant ainsi la domestication des animaux les moins agressifs. Les scientifiques qui ont analysé nos génomes disent que nous avons beaucoup de points communs avec les chiens et les loups (dont le transport de neurotransmetteurs comme la sérotonine, la conversion du cholestérol … et la prédisposition au cancer). Mais on ne sait pas trop qui a domestiqué qui, l’homme le loup ou le loup l’homme  ? (Voir l’article de Brian Hare et Vanessa Woods sur National Geografic Italia du 4 mars 2013). L’Italie a été plus sensible au côté positif du loup et plus portée à intégrer sa présence. Peut-être aussi parce qu’on a fait de François d’Assise le saint protecteur des loups, à partir de l’histoire du loup de Gubbio (Voir notre dossier sur François d’Assise), oubliant que ce «  loup  » était aussi une représentation du «  seigneur  » qui opprimait les paysans, et que François convainc de les respecter à condition qu’ils le nourrissent. Et les paysans sont invités à entretenir le seigneur à condition qu’il ne les opprime plus. Nous sommes au XIIIe siècle …  ! * Un autre blog de Médiapart, de Mathilde Auvillain, le 1er février, rapporte l’indignation de Giusi Nicolini, maire de l’île de Lampedusa, face aux propos de Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, sur les migrants de  Lampedusa  : «  Et ils sont à 350 kilomètres de Lampedusa.  Lorsque le beau temps va arriver en Méditerranée, il y a des risques de passage de combattants  » (Émission Le Grand Jury RTL/LCI Le Figaro). Elle souligne que ce que dit le ministre «  est privé de fondement  », car sur 150.000 migrants arrivés en 2015 par la mer en Italie, seuls 20.000 réfugiés ont été amenés à Lampedusa, tous les autres vers la Sicile  : «  Ce n’est pas la découverte de l’eau chaude que Lampedusa est proche de la Libye. Nous avons toujours été proches de la Libye, y compris quand nous est arrivé un missile libyen en 1986… Je voudrais par ailleurs rappeler au ministre français, que les auteurs des récents attentats de Paris sont des citoyens français et pas des migrants arrivés de Lampedusa. Depuis plus de vingt ans nous les accueillons et je peux assurer que sur les barques, n’arrivent que des gens désespérés… Les réfugiés arrivés ici n’ont jamais fait de tort à personne. Selon moi, les déclarations du ministre français servent seulement un objectif de propagande au niveau international. J’y vois une volonté d’aller bombarder la Libye et d’accuser l’Italie d’être responsable du danger de l'EI  ». Et Giusi Nicolini invite le ministre à venir visiter son île. * Le dimanche 7 février 2016, France 5 a diffusé une émission sur «  Venise, récit d’un naufrage annoncé  », de Linda Bendali. Le Monde avait annoncé l’émission par un article conséquent dans son édition du 6 février, qui soulignait combien cette arrivée de 30 paquebots hebdomadaires (de 300 m. de long, 32 m. de large et 60 m. de haut) contribuait à la dégradation de la ville, «  dégradations irrémédiables  », titre l’article qui rend compte de l’émission. * Démographie  : alarme en Italie. En Italie, il naît toujours moins d’enfants, c’est ce que révèlent les statistiques de l’ISTAT  : en 2015, sont nés 488.000 enfants, soit 8 pour mille résidents et 15.000 de moins qu’en 2014  ; c’est le minimum historique depuis 1861. Depuis 5 ans, cela représente une moyenne de 1,35 enfant par femme en condition d’engendrer. L’âge moyen du premier accouchement est de 31,6 ans. Dans le même temps, le nombre de morts augmente  : 653.000 en 2015, soit 54.000 de plus qu’en 2014 (+ 9%). Le taux de mortalité, égal à 10,7 pour mille, est le plus élevé depuis la seconde guerre mondiale. L’espérance de vie pour les hommes passe de 80,3 ans en 2014 à 80,1 en 2015 et pour les femmes de 85 ans en 2014 à 84,7 en 2015. La population italienne se réduit donc de 139.000 unités (– 2,3 pour mille) en 2015 et se trouve réduite à 60 millions 656.000 résidents. Au 1er janvier 2016, les étrangers résidant en Italie sont 5 millions 54.000 (8,3%) augmentant de 39.000 par rapport à 2014  ; la population de citoyenneté italienne descend donc à 55,6 millions , ce qui représente une perte de 179.000 résidents, étant donné qu’en 2015, 100.000 citoyens italiens se sont transférés à l’étranger, en augmentation de 12,4% par rapport à 2014. En 2015, les inscriptions d’étrangers à l’État civil italien ont été de 245.000, et 28.000 italiens sont rentrés de l’étranger dans leur patrie. L’Italie aura donc probablement de plus en plus besoin de main-d’œuvre immigrée. Et pourtant le racisme anti- immigrés se manifeste de façon de plus en plus violente. Le 31 janvier dernier, à Magenta, les femmes qui participaient à une exposition de l’ANPI (Association Nationale des Partisans Italiens) ont été insultées par des manifestants anti-immigrés d’extrême-droite qui leur ont crié  : «  Vous méritez d’être violées par des nègres comme à Cologne  ». Le machisme reste toujours très fort dans le peuple italien.
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