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Nouvelles de ces derniers temps : édition du 8 septembre 2016
Nouvelles de ces derniers temps – 8 septembre 2016 * S’il n’y avait pas eu un tremblement de terre, les médias français auraient peu parlé de l’Italie  ces dernières semaines. Et passé le scoop, silence des médias  ! Nous en reparlerons plus loin. Maintenant la vie politique italienne va être centrée sur la préparation du referendum d’octobre sur les réformes de la constitution. Tout le travail de M. Renzi se concentre sur ce sujet difficile. D’abord il a renoncé à dire que si le «  non  » l’emportait il renoncerait à la vie politique.Trop risqué, et il dit maintenant qu’il regrette d’avoir tant «  personnalisé  » ce referendum en disant qu’il quitterait la politique si le «  non  » l’emportait, tant il a peur de perdre. Il essaie de donner la parole à des groupes plutôt favorables au «  non  » comme l’Association Nationale des Partisans Italiens (ANPI), dont un responsable est invité à en discuter à une fête de l’Unità, le quotidien du Parti Démocrate. Il veut donner l’impression que la discussion est ouverte et démocratique. Car l’opposition est forte, dans des rangs très divers. Marco Travaglio vient de rassembler les raisons d’un vote négatif dans son livre Perchè No ? (PaperFirst/Ilfattoquotidiano, 2016) dont nous vous rendrons compte dans les prochaines Nouvelles. * Tremblement de terre (terremoto). La presse française a largement rendu compte pendant quelques jours du tremblement de terre qui a secoué l’Italie centrale dans la nuit du 24 août 2016, faisant au moins 300 morts et de nombreux blessés.L’épicentre du tremblement s’est trouvé à 4 km de profondeur près de la commune d’Accumoli, et la commune d’Amatrice n’existe pratiquement plus. Situation dramatique qui va mobiliser les 234 millions d’euros disponibles sur le fonds d’urgence de l’État italien. Bien peu de choses, et il n’est pas dit que les secousses, qui on été ressenties en Abruzzes, Latium (jusqu’à Rome), Ombrie et Émilie-Romagne, ne se produisent pas encore. On a souligné que les bâtiments (écoles ou hôpitaux) qui avaient été ménagés selon la loi antisismique ont bien résisté au tremblement, même des édifices anciens. Par contre, les dégâts signifient aussi que la loi n’a souvent pas été appliquée par les communes et par l’État  ; il y a encore à faire dans ce domaine, en une zone à très fort risque sismique comme celle-ci, c’est ce que soulignent les experts de sismologie. C’est l’occasion de rappeler que l’Italie est une zone dangereuse parce que située à la rencontre de deux plaques tectoniques, et qu’elle a encore souffert de nombreux tremblements de terre depuis le début du XXe siècle. Voici les principaux  : 1908, 28 décembre : tremblement de force 7,2, qui rase Reggio Calabria et Messina et provoque au minimum 100.000 (cent mille) morts. 1915, 13 janvier  : tremblement de force 6,8 qui détruit Avezzano et de nombreux villages de La Marsica (environ 30.000, trente mille morts). 1917, 26 avril  : tremblement de force 5,8 à Perugia et Arezzo qui détruit les villes de Santerchi, Citerna e Sansepolcro et endommage tous les villages de la haute vallée du Tibre (30 à 40 morts). 1920, 4-7 septembre  : tremblement de force 5,8 en Garfagnana et Lunigiana (Toscane)  : 300 morts. (Voir image ci-dessus). 1930, 23 juillet  : tremblement de force 6,7 en Irpinia (Campanie)  : 1425 morts. 1968,15 janvier  : tremblement de force 6,1 dans la vallée du Belice (Sicile), dans la province d’Agrigento  : au moins 231 morts. 1971, 6 février  : tremblement de force 4,5, la petite ville de Tuscania (Latium) est à moitié détruite  : 31 morts. 1976, 6 mai  : tremblement de force 6,1 dans le Frioul (Udine), plus de 1000 morts, et les secousses reprennent du 11 au 15 septembre. 1979, 19 septembre  : tremblement de force 5,9 en Valnerina, graves dommages à Norcia, Cascia, et zones limitrophes d’Ombrie et des Marches. Ressenti jusqu’à Rieti et Rome où le Colisée et d’autres monuments subissent des lésions. 5 morts. 1980, 23 novembre  : tremblement  de force 6,5 en Irpinia (Campanie et Basilicata). 2.914 morts. 1984, 7 et 11 mai  : tremblement de force 5,2 en Molise, Latium et Campanie (épicentre à San Donato Val di Comino. 7 morts (image ci-dessous) 1990, 13 décembre  : tremblement de force 5,1 au Sud-Est de la Sicile  (Augusta et Val di Noto). 16 morts. 1997, 26 septembre  : tremblement de force 5,6 et d’autres fortes secousses en Ombrie et Marches, qui endommage Assise, Colfiorito, Verchiano, Foligno, Sellano, Nocera Umbra, Camerino. 11 morts 2002, 31 octobre et 2 novembre  : tremblement de force 5,4 en Molise et dans les Pouilles où une école s’écroule à San Giuliano di Puglia, tuant 27 enfants. 2009, 6 avril  : tremblement de force 6,3 à 3h32 du matin, à l’Aquila et dans les communes environnantes  : 309 morts, 23.000 édifices détruits. 2012, 20 et 29 mai, 3 juin  : tremblement de force 5,9 à Modène et Ferrare (Émilie). 7 morts seulement, mais d’autres secousses se produisent en mai (7 tremblements en tout de force supérieure à 5, provoquant 27 morts et d’énormes dégâts). On pourrait en citer beaucoup d’autres. * L’inno di Mameli, l’hymne national italien va-t-il devenir officiel  ? Fratelli d’Italia a donc été écrit par le jeune Goffredo Mameli (portrait ci-contre) en 1847 et mis en musique par Michele Novaro, un musicien génois. Il plaisait peu à Giuseppe Mazzini qui trouvait le texte trop rhétorique et la musique trop peu solennelle  ; c’était pourtant lui qui l’avait commandé à Mameli. Il a été chanté pendant tout le Risorgimento comme le chant qui représentait le mieux la nation italienne reconstituée. Et le 12 octobre 1946, le premier gouvernement de la République (nouvellement décidée par les Italiens dans le Referendum constitutionnel du 2 juin 1946), dirigée par le premier Ministre Alcide De Gasperi, décrète que ce chant représentera désormais l’Italie dans ses vers et dans sa musique. Mais le décret ne sera jamais écrit, tandis que la Marseillaise est confirmée comme hymne national français dans la Constitution de 1958  (alinéa 3 de l’article 2) ; elle avait été adoptée comme « chant national » le 14 juillet 1795, abandonnée par l’Empire en 1804 au profit du Chant du départ, puis reprise en 1830, orchestrée par Berlioz, et elle devient officiellement Hymne national en 1879 et 1887, un peu abandonnée sous Pétain au profit de Maréchal nous voilà. Et,  définitivement confirmée dans les Constitutions de 1946 et de 1958, dans la version officielle de 1887. Depuis, de nombreuses tentatives ont tenté de confirmer la décision italienne du 12 octobre 1946  ; l’une d’entre elles date de 2005, mais la chute du gouvernement Berlusconi interrompt les débats et les choses en restent là. Dans la législature suivante, 9 projets de loi sont encore présentés, mais en vain. Enfin dans la législature actuelle, trois projets sont déposés, mais il y a l’opposition de la Ligue du Nord, qui préfèrerait comme hymne national le Va pensiero du Nabucco de Giuseppe Verdi, très populaire dans toute l’Italie. Le régime fasciste préféra les chants fascistes et la Leggenda del Piave, de E.A. Mario, de 1917  ; et ce n’est qu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale que, dans un concert donné à Londres, Arturo Toscanini exécuta Fratelli d’Italia à côté de la Marseillaise et de God Save the Queen, … et de l’Inno delle Nazioni composé par Verdi en 1862  ! Plus tard , pour les Jeux Olympiques de 1994, on accusa les Bleus italiens de ne pas avoir chanté l’hymne national, et cela se renouvela en 1998 au Japon, malgré les demandes réitérées du président de la République, Carlo Azeglio Ciampi. En 2000, Gianni Baget Bozzo proposa de remplacer Fratelli d’Italia par un Hymne à Berlusconi  ! Et les discussions ont continué sans interruption  avec les représentants de la Ligue, dont Umberto Bossi. Mais aux Jeux Olympiques de 2016, l’Inno di Mameli a été repris avec enthousiasme. Peut-être que maintenant, l’hymne de Mameli va enfin être reconnu dans la Constitution, à côté du drapeau tricolore, comme l’hymne national officiel de la République italienne ! Il demande certes des explications historiques, mais il est toujours resté l’hymne des républicains et des militants antifascistes en Italie, préféré à toutes les autres propositions. (Écoutez-le en lisant le texte et les explications dans notre rubrique «  chanson  » à partir du 5 septembre 2016). * Et maintenant quelques lectures  : –D’abord une nouvelle BD française sur l’Italie, NÉGIB,  Stupor Mundi, Gallimard, 2016. «  Stupor mundi  », la stupeur du monde, c’était ainsi que l’on appelait l’empereur Frédéric II, mort en 1250. L’histoire se déroule dans un de ses grands châteaux des Pouilles, Castel del Monte, «  dédié aux esprits les plus éminents de notre temps  », «  refuge contre la bêtise et l’ignorance  ». Un des plus grands savants arabes arrive, fuyant Bagdad, avec sa fille surdouée et son esclave dévoué qui la protège, pour rencontrer Frédéric II, à qui il apporte une invention scientifique extraordinaire. On ne vous raconte pas l’histoire des réussites du savant et des conflits internes au château, entre le savant et les moines Hospitaliers  ; et la nature de cette invention aura des conséquences inattendues sur ce que l’on considère encore aujourd’hui comme l’une des reliques chrétiennes les plus mystérieuses. Une belle évocation de ce château merveilleux et de la cour de l’empereur. Un beau dessin. Vous lirez cette BD avec plaisir et intérêt, et cela vous ramènera à quelques grandes discussions contemporaines. * Dans des  genres différents, deux beaux romans  : – le premier  se passe à Rome  : Elisabetta Rasy, Un hiver à Rome, Éditions du Seuil, mars 2014, 113 pages (traduction de Molta luce in pieno inverno, La Biblioteca della Repubblica-L’Espresso, 2011 par  Nathalie Bauer), qui nous avait échappé. Histoire d’une femme d’un cinquantaine d’années, Costanza, qui, un hiver, se promène dans les rues de Rome ensoleillées, et surtout autour du Mausolée de sainte Costanza, près de la basilique de sainte Agnès, ce si beau monument de Rome que malheureusement peu de touristes vont visiter, et sur lequel on apprend beaucoup de choses dans le roman, comme l’héroïne qui vit l’hiver passionnant d’une femme dans la maturité, avant de retourner dans la campagne de Rieti où elle vit avec son mari. Elisabetta Rasy est née à Rome en 1947 et elle vit à Rome. Elle est romancière et journaliste et se spécialise dans les problèmes des femmes et du féminisme. Presque  tous ses romans ont été traduits en français par Nathalie Bauer, historienne, elle-même romancière et traductrice. – un second roman est sorti en 2015  : Alessandro Baricco, La sposa giovane, Feltrinelli, 184 pages (traduction française  : La jeune épouse, Gallimard, 2016 ), livre étrange à la fois fascinant et déconcertant au départ, où les lieux et les personnages n’ont pas de nom, comme autrefois chez Vittorini, il y a «  la Madre  », «  il Padre  », «  la Figlia  », «  lo Zio  », «  il Figlio maschio  », «  la Sposa  », «  il Monsignore  »  ; ils vivent dans  «  la Casa  », il y aussi «  l’Isola  »  ; seul le majordome a un nom, «  Modesto  ». le Fils doit épouser la Jeune épouse, mais il est à l’étranger, dans la lointaine Angleterre pour les affaires de cette vieille et mourante «  Famille  » aristocratique, et on l’attend. Et en attendant son arrivée (mais reviendra-t-il  ?), toute la Famille participe à l’initiation sexuelle de la jeune Épouse. C’est un beau livre, remarquablement écrit, une réflexion à la fois philosophique et érotique sur le désir, sur l’amour, sur l’art d’écrire, où les petits déjeuners matinaux tiennent une grande place. En voici un exemple  : «  Un mare apparecchiato è infatti la tavola. delle colazioni - termine che nessuno ha mai pensato di usare al singolare, dove solo un plurale può restituire la ricchezza, l'abbondanza e l'irragionevole durata. Evidente è il senso pagano di ringraziamento - la calamità a cui si è scampati, il sonno. Su tutto veglia l'impercettibile scivolare di Modesto e di due camerieri. In un giorno normale, né di quaresima né di festa, l'ordinario apparato offre pane tostato bianco e bruno, riccioli di burrò appoggiati sull' argento, confettura di nove frutti, miele e castagnata, otto tipi di pasticceria culminanti in un croissant inimitato, quattro torte in tinte diverse, coppa' di panna montata, frutta di stagione sempre tagliata con geometrica simmetria, esposizione di rari frutti esotici, uova di giornata esibite in tre differenti tempi di cottura, formaggi freschi più un formaggio inglese detto Stilton, prosciutto del fattore a fette sottili, cubetti di mortadella, consommé di manzo, frutta cotta nel vino rosso, biscotti di meliga, pastiglie digestive all' anice, ciliegie di marzapane, gelato di nocciola, un bricco di cioccolata calda, praline svizzere, liquirizie, arachidi, latte, caffè. Il tè è detestato, la camomilla riservata ai malati  » (p. 13). Amusez-vous à traduire, mais surtout lisez ce beau roman. * Autres nouvelles. – Il y aurait beaucoup d’autres nouvelles à commenter, par exemple ce jeune Italien qui a tenté de tuer sa petite sœur parce qu’elle portait une minijupe, se maquillait et sortait avec ses copains. Il a fait cela « pour défendre sa dignité et son honneur ». S’il avait été musulman on aurait dit tout le mal possible sur sa religion qui opprime les femmes. Mais ici c’est un bon petit Italien, probablement bon catholique, et doté de l’esprit machiste dominant  : ce sont les hommes qui doivent décider comment les femmes doivent s’habiller et comment elles doivent se servir de leur corps, et  ils ont le droit de tuer, de violer  etc. les femmes qui les provoquent en portant une minijupe … ou en portant un burkini. C’est le même problème, et il faut en finir avec cette mentalité qui veut que l’homme se comporte en maître du corps des femmes et en dispose à son gré. Mais ce n’est sans doute pas fini. Basta  ! (Information et photo de Il fatto Quotidiano du 23 août 2016). Récemment Angelino Alfano, vice-président du Conseil, de centre-droit, s’est vanté d’avoir évité le terrorisme en Italie en n’interdisant pas les tuniques de bain sur ses plages  ! Bien, mais cela ne sous rend pas Alfano plus sympathique. – L’Espresso a récemment attaqué vivement Dario Fo (Fatto Qotidiano 23 août sur un article de l’Espresso du 21 août), en montrant que ce n’était qu’un «  conformiste  » du «  populisme  », parce qu’il a soutenu récemment le Mouvement 5 Étoiles. Et Marco Belpoliti accumule les mensonges sur la biographie de Dario Fo ; on peut admirer ou non les options politiques de Dario Fo, mais on ne peut pas en dire n’importe quoi  ! Les comparaisons avec Sartre, Sciascia, Pasolini ou Umberto Eco ne valent rien. Marco Belpoliti est certes parfois un bon écrivain et journaliste, mais là il règle des comptes peu avouables. – On a eu maintenant la confirmation que le Mosè qui devait régler les problèmes vénitiens de hautes eaux ne fonctionne pas bien, c’est une « passoire » (un  « colabrodo ») dit la presse. La Nuova Venezia vient seulement de révéler qu’en mai deux des paravents qui doivent bloquer les eaux n’ont pas fonctionné. Le coût a été de 5 milliards d’euros, et maintenant le consortium qui a  réalisé les travaux est depuis avril en procès pour corruption et dessous de table. Les deux vannes (le «  paratoie  ») en panne n’avaient pas été vérifiées depuis 2013. Beaucoup d’experts avaient déjà dit que ce Mosè ne protégerait jamais Venise de façon efficace. N’avaient-ils pas raison  ? – Le deuxième Palio de Sienne 2016, le 15 août, a été gagné par le même cheval et le même cavalier qui avaient déjà gagné le premier Palio du 2 juillet pour le quartier de la Lupa (la louve). Le cheval s’appelle «  Preziosa Penelope  » et le cavalier Jonathan Bartoletti. C’est la première fois que cela arrive depuis 1933 où le quartier de la Tartuca avait gagné les deux courses grâce au cheval «  Folco  » et au cavalier Fernando Leoni. – Et le 8 août dernier, vous avez sûrement pensé à la catastrophe de Marcinelle le 8 août 1956, où plus de 260 mineurs, dont plus de la moitié d’italiens, étaient tués dans une explosion de grisou dans la mine de charbon. Personne n’a jamais payé pour ce massacre, dont les causes résidaient pourtant dans l’organisation du travail, les rythmes de travail, la surexploitation des mineurs, surtout de ces «  paresseux  » d’italiens qui n’hésitaient pas à risquer leur vie en travaillant un peu plus pour envoyer chez eux une lire de plus, dans une mine où ils n’avaient aucun droit syndical ou politique. … Comme les Africains qui ramassent aujourd’hui les tomates en Campanie et qui subissent le même racisme et la même marginalisation  ! J.G. 8 septembre 2016
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