4.1.9. Depuis la seconde guerre mondiale : 2. Où va l’Italie ? (1992-20132) - fin
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Les réalisations du gouvernement Letta resteront donc peu abouties  ; par exemple il doit accepter la  proposition de Berlusconi de ne pas faire payer l’IMU, impôt institué par Monti  : cela flatte les Italiens qui n’ont pas encore compris qu’il était normal de payer un impôt sur les immeubles qu’ils possèdent. Le 13 février 2014, la direction nationale du PD, sur proposition de Matteo Renzi, vote la défiance). Enrico  Letta qui doit donner sa démission de Président du Conseil. Le 22 février 2014, Matteo Renzi prend ses  fonctions de Président du Conseil (Voir le détail des décisions du gouvernement Letta en tapant  : Governo  Letta-Wikipedia). Le second gouvernement de la législature sera donc gouverné par Matteo Renzi.  Né en 1975 à Florence, il est le fils d’une élu démocrate-chrétien de la ville  ; il est formé par le scoutisme catholique. Il fait des études de droit à l’Université de Florence, et travaille un temps comme journaliste. En 1996, il adhère au Parti  Populaire Italien, devient coordinateur puis secrétaire de La Margherita de Florence. En 2004, il est tête de  liste de l’alliance de centre-gauche de L’Olivier aux élections provinciales, et élu au premier tour. En 2009, il est élu conseiller municipal, puis maire de Florence. En 2012, il se présente comme candidat aux primaires du centre-gauche, mais il n’arrive que second derrière Pier Luigi Bersani, avec 39,1% des voix. En 2013, après la démission de Bersani, il devient secrétaire du PD, rassemble autour de lui une équipe plus jeune et plus féminine. Il se fait finalement élire, contre son camarade Enrico Letta, Président du Conseil, faisant un discours volontariste qui promet une réforme de fond par mois à partir d’avril 2014, et il est surnommé le «  Rottamatore  » (= le démolisseur), et par certains «  Renzusconi  », tant  il partage les méthodes de Silvio Berlusconi, en particulier dans les médias. Il est le plus jeune Président de toute l’histoire italienne. Mais en août 2014, ses projets de réforme n’ont toujours pas abouti (réforme du  Sénat et de la loi électorale, réforme de l’administration, protection du territoire, sécurité des écoles, coût de  l’énergie, réforme des provinces, etc.) d) La fracture de la droite et la fin politique de Berlusconi. Le 16 novembre 2013  ; Berlusconi décide de dissoudre le Pdl pour refonder l’ancien parti de Forza Italia. Une tendance du parti, guidée par Angelino Alfano, décide alors de faire scission et de fonder le NCD, Nuovo  Centrodestra, le Nouveau Centre droit, qui maintiendra son alliance avec Letta puis avec Renzi  ; il comprend une trentaine de députés, autant de sénateurs et 2 députés européens. Quant à Silvio Berlusconi, après sa condamnation d’août 2013 dans l’affaire Mediaset, il est déchu par le  Sénat de son mandat de sénateur le 27 novembre 2013. Il est désormais inéligible à une fonction publique. Il reste néanmoins un des hommes les plus riches d’Italie, propriétaire de chaînes de télévision et de radio, et  patron (extérieur) d’un groupe important de parlementaires. 8) Quelques grands problèmes de l’Italie. Qui les réglera ? a) La dette publique : selon la Banca d’Italia, la dette se monte maintenant à 2020,7 milliards d’euros et a  augmenté de 113 milliards en 2012, dont 73 milliards dus aux besoins de l’Administration Publique. Par contre les rentrées d’impôts ont augmenté de 3% dans les 11 premiers mois de 2012. La dette aurait légèrement  diminué en décembre 2012, à mettre au compte de la politique de Monti. Cette dette coûte environ 90 milliards d’intérêt par an. b) L’évasion fiscale : l’Italie est au premier rang en Europe. 270 milliards de sommes imposables « s’évadent » chaque année, ce qui représente une perte de rentrée d’impôts d’environ 120 milliards chaque année, dont seulement 10 milliards ont été récupérés en 2010, ce qui représente une perte de 3000 euros par an pour  chaque contribuable honnête ! Et les lois votées par le gouvernement de Berlusconi ont encore diminué les  possibilités de récupération (par exemple la Mondadori, dont Berlusconi est propriétaire), poursuivie depuis  plus de 10 ans pour une évasion fiscale dont les 5% prévus par la nouvelle loi aurait dû représenter 174  millions d’euros, elle n’a finalement payé que 8,6 millions ! Une autre loi a été votée réduisant à 2,5% des  sommes dues l’amende à payer en cas de rapatriement de sommes illégalement placées à l’étranger. Or on  calcule que les sommes évadées représentent de 500 à 700 milliards d’euros, mais les divers « boucliers  fiscaux » votés par Berlusconi ont fait qu’en 2010, l’État n’a encaissé que 640 millions, etc. L’évasion  représente aussi bien les factures gonflées que la dissimulation de factures et l’envoi d’argent à l’étranger. c) La corruption de l’Administration et des politiques : c’est un produit typique de l’Italie, qui aurait  augmenté de 229% en 2010 par rapport à 2009. C’est une tare mondiale, certes, mais l’Italie est en tête ; les « mazzette » (les dessous-de-table) remis à l’administration ou aux politiques pour obtenir une « faveur »  représentent 60 milliards par an, dont par exemple 600 millions dans le domaine de la santé en 2010. d) L’économie souterraine, le travail au noir. Elle représente 154 milliards d’euros = richesse produite par le travail au noir (7% du PIL, Produit Intérieur Brut). Le résultat est : 52,5 milliards de sommes imposables  soustraites au fisc, soit une perte de 10,8 milliards. Environ 3 millions de personnes travaillent ainsi au noir  (ISTAT), mais les syndicats l’estiment à au moins 3,5 millions, ce qui représente 12,2% des travailleurs italiens. Ce travail au noir est le fils légitime de l’évasion fiscale : on cache une partie de ses factures pour payer moins d’impôts, et on doit donc déclarer un nombre moins important de personnel = perte d’impôts due à la fois aux employeurs et aux travailleurs. L’économie souterraine représente environ 20% du PIL, soit 300 milliards  d’euros. Cela regarde évidemment le Sud (travailleurs agricoles étrangers), mais aussi le Piémont, la  Lombardie, l’Ombrie, l’Émilie-Romagne, etc. ; la moitié des travailleurs au noir sont des femmes. En cela, les  travailleurs ne sont pas seulement victimes, mais ainsi ils ne payent pas d’impôts sur leur salaire. e) La mort par accident du travail. La conséquence est un travail moins sûr! en 2009, presque 2000 morts par accident du travail, en 2010 un peu plus de 10.000 victimes en 5 ans. Le coût des accidents pour la société est de 43 milliards par an = 3,21% du PIL + 6 milliards d’indemnités versés aux victimes. Alors que le coût  moyen d’investissement pour éviter les accidents ne serait que de 50.000 euros par entreprise. Chaque jour, 27 personnes restent invalides à vie à cause d’un accident du travail. f) La contrefaçon = 7,1 milliards de facturation au noir, 130.000 postes de travail non déclarés, 5,3 milliards de pertes d’impôts. Sur le plan mondial, la contrefaçon représente 10% des échanges, soit un total de 433  milliards d’euros. Dans ce marché parallèle, l’Italie occupe la première place en Europe et la troisième dans le monde, après la Corée du Sud et Taiwan. Elle se pratique dans l’habillement, les CD et DVD, les produits  alimentaires et boissons, le matériel électrique, informatique, la parfumerie, les bijoux, parfums, cosmétiques, produits pharmaceutiques... g) Les mafias = 100 à 135 milliards de facturation annuelle = 10% du PIL + 9 milliards d’extorsions + 27  milliards de trafic de cocaïne et 20 milliards d‘usure. Les mafias ont désormais conquis le Nord (Cf. rapport  Pinotti pour la Banque d’Italie). La mafia est une sorte de holding organisée en une chaîne de sociétés à  gestion généralement familiale ; elle a d’une part sa main d’œuvre criminelle et d’autre part sa masse  d’avocats, de managers, d’experts financiers ; elle donne donc du travail à beaucoup de gens, ce qui est  apprécié dans une période de chômage : un administrateur délégué gagne de 10.000 à 40.000 euros par mois, un vendeur de drogue mineur (souvent moins de 16 ans : voir Gomorra de Roberto Saviano) gagne 1000  euros par mois, un guetteur de quartier mafieux à Naples un peu plus, un « percepteur » de « tangente »  auprès des « clients » gagne 2000 euros par mois, un bon killer peut gagner 25.000 euros par mois. Les fonds viennent des « pizzi » (taxes illégales) payées par les commerçants, industriels, etc. (un supermarché de  Palerme paie environ 5.000 euros par mois, de Naples 3.000 euros), des prêts usuraires, des extorsions. La  mafia gère environ 1/3 du marché de l’usure, s’emparant de commerces honnêtes qui ne peuvent plus  fonctionner, et qui sont rachetés par la mafia. Les grands marchés publics, la construction d’immeubles, de  bâtiments publics sont une source de fonds importante grâce à la corruption, de Milan à Palerme ; un accident comme le tremblement de terre des Abruzzes est un bonheur pour cette spéculation. Par ailleurs la  ‘Ndrangheta s’infiltre de plus en plus dans les banques (celle du Vatican...), dans la société mondaine du Nord comme du Sud, dans les administrations, etc. h) Il faudrait citer encore les « écomafias » et d’autres problèmes. Les crimes contre l’environnement coûtent des milliards d’euros : constructions abusives, pollutions chimiques (7.000 morts prématurées par an dans la plaine du Pô), etc. (17 villes italiennes sont parmi les 30 villes d’Europe les plus polluées. Cette pollution coûte 28 milliards à l’Italie chaque année. Les écomafias encaissent plus de 20 milliards : ciment de mauvaise qualité avec trop de sable, béton d’une résistance de 40 kgs par centimètre alors que la loi impose 250 kgs, d’où  l’écroulement rapide des édifices construits ; la gestion mafieuse des décharges et du ramassage des ordures et des déchets industriels dangereux est un autre business juteux (décharges abusives, etc. : on en compte  5.000 en Italie), ainsi que le nettoyage des cimetières (Cf. Saviano). Les remises de peine (il « condono ») par l’État sont légion, dues à la corruption, etc. On n’en finirait pas d’énumérer ces problèmes qui ruinent l’Italie, où la corruption et l’illégalité sont devenues  un système global auquel adhèrent nombre de citoyens (qui risquent de voter à nouveau pour Berlusconi pour pouvoir continuer). Comment faire pour changer ce système et redonner à l’Italie une vie digne ? Voir pour  beaucoup de chiffres : Nunzia Penelope, Soldi rubati, Ponte Alle Grazie, 2011, 336 pages, 14,60€. Jean Guichard,  5 août 2014
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