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La chanson du Piémont
La chanson du Piémont Le Nord-Ouest de l’Italie est riche de traditions musicales, traditions populaires et musique de cour : la cour des Savoie à Turin a une grande histoire musicale que l’on connaît souvent mal (1). Plusieurs « cantautori » piémontais sont bien connus en France, en particulier Paolo Conte et Gianmaria Testa. Mais il faut d’abord se souvenir que, depuis la naissance du Festival de Sanremo en 1951 (nous en parlerons à propos de la Ligurie), il y a eu dans l’industrie de la chanson plusieurs innovations technologiques. Ce fut d’abord l’arrivée du disque 45 tours qui domine les ventes à partir de 1954 aux Etats-Unis, puis l’invention du 33 tours qui décolle en Italie à partir de 1954 ; arrivent presque en même temps les cassettes audio. Et la télévision commence le 3 janvier 1954 ; aussitôt, elle donne une grande place à la chanson, avec des émissions comme « Lascia o raddoppia », « Il musichiere », « Le canzoni della fortuna », « Canzonissima », etc. Il y a déjà un million d’abonnés en 1956, malgré le prix des appareils, et plus de 2 millions en 1960. La seconde chaîne est créée en 1961. La revue « Sorrisi e  canzoni » apparaît en 1952. Le juke-box facilite la diffusion des disques dont on vend 16 millions en 1958. Tout cela fut la suite de la révolution radiophonique antérieure. De plus en plus, le critère de fabrication d’une chanson sera la quantité de disques qu’elle a des chances de vendre ; de plus en plus, la chanson est commercialisée et sa réussite dépend de l’industrie du disque et des médias. Certes, les industriels du disque aimeront parfois une chanson de qualité qui vend moins mais plus longtemps, dira un directeur de la Fonit Cetra ; mais la majorité des maisons de disques fabriquent pour vendre vite et le succès de beaucoup de chansons ne dure souvent que quelques mois. 1 - La chanson traditionnelle piémontaise Il y a une ancienne tradition de musique populaire au Piémont. Elle est vivante et inspire de nombreux groupes et chanteurs. Michele Straniero a rendu compte des chants des XVIIIe et XIX siècles (Cf. bibliographie de la note 1) ; Ettore Galvani a rapporté les chants populaires de soldats, de la campagne, de Noël, et ils en citent beaucoup d’autres. Ces chants avaient une fonction éducative, de transmission des traditions culturelles d’une génération à l’autre, dans le cadre de fêtes profanes ou de rituels religieux ; les chants de travail, par exemple les chants de mondines dans les rizières, exprimaient aussi la mémoire collective des communautés dans leurs souffrances et l’exploitation qu’elles subissaient. Les lieux de communication étaient donc les étables, les fermes, les « osterie » (les auberges), les places du village ; la langue était le plus souvent le dialecte, incluant les argots des métiers. La forme dominante est la ballade, récit épico-lyrique de la vie d’un personnage historique, mythique ou religieux (les saints protecteurs), et des grands moments de la vie quotidienne, l’amour, la naissance, la mort, le roi, la reine, la bergère, le loup, la sorcière, tout ce qui frappait l’imaginaire individuel et collectif. De par sa position géographique, le Piémont hérite de toute la tradition occitane des régions de langue d’oc et des vielles chansons héritées des troubadours et des trouvères, qui gardent aussi souvent une forme monos-trophique ou les chœurs qui accompagnent les danses des différentes fêtes, Carnaval, moissons, vendanges, etc. ; la danse est aussi le grand moment de rencontre entre les garçons et les filles, du début d’une relation amoureuse. Les groupes reprennent aujourd’hui les instruments traditionnels comme le bouzouki, apparenté au luth oriental à manche long, et probablement héritier du « calascione » (le « calachon », sorte de mandoline à long manche et à trois cordes) de Naples à la Renaissance, le dulcimer, joué comme l’ancienne viole de gambe, la vielle (la «  ghironda ») qui accompagnent les instruments à cordes plus récents, le violon, le violoncelle, la guitare, la contrebasse, ou les instruments à vent, comme l’ancienne flûte, et bien sûr l’accordéon et les petites percussions. Commençons par plusieurs groupes de folk revival, Ciapa Rusa, Tendachënt, Lou Dalfin, Cantovivo de Alberto Cesa, La Lionetta, La Sornette, Roberto Balocco. Ciapa Rusa (en dialecte = le chiffon rouge. C’était le nom d’une famille d’ouvriers agricoles qui pratiquaient le chant) se forme à Casale Monferrato en 1977, créé par Maurizio Martinotti et Beppe Greppi. Ils commencent par un travail de récupération du patrimoine de la tradition paysanne de chansons (les strambotti, les berceuses, les ballades, les chants rituels, etc.) et de danses (la gigue, la  « monferrina », etc.) de quatre provinces, Alessandria, Piacenza, Genova, Pavia., et ce sont eux qui redécouvrent un instrument populaire oublié, la « ghironda » (la vielle) ; ils réutilisent des instruments anciens comme le « piffero » (le fifre, mais dans le nord de l’Italie l’équivalent du hautbois populaire), la « piva » (la cornemuse). pendant 15 ans de recherche, ils accumulent une grande quantité d’enregistrements, films, textes de chanteurs et musiciens paysans. Ils mettent en valeur les chants de travail, par exemple des mondines dans les rizières, l’importance du chant féminin et le rôle des femmes dans toute cette tradition. Puis ils commencent à composer de nouvelles chansons dans cette tradition, utilisant même les claviers et les instruments électroniques, afin de ne pas faire de la tradition un simple « musée vivant », mais de l’intégrer comme forme musicale de notre temps. Ils sont alors considérés comme un des meilleurs groupes folk européens et américains. Ils publient six albums et se dissolvent en 1997, après vingt ans d’activité, fondant ensuite le groupe Tendachënt. Écoute 1 : La Torinese (Ai & Safran, Ciapa Rusa, 1986) Maurizio Martinotti, chercheur, chanteur, enseignant de vielle, passe ensuite dans le groupe Tendachënt, qui travaille à partir de 1997, reprend le travail réalisé par la Ciapa Rusa, par exemple dans Ori Pari, en 2000, publié ausssi en Espagne. Ils continuent à écrire et à publier en dialecte piémontais. En 2003 sort Al long de la riviera ; La Valle dei Saraceni est gravé en 2005, avec la participation d’autres musiciens comme Enzo Avitabile, Sergio Caputo. Ils publient un nouveau disque en 2009, Arneis, marquant leur goût « d’inventer une musique nouvelle sur des racines anciennes », dont le symbole est sans doute Maurizio jouant de la vielle électrifiée. Écoute 2 : Re Gilardin (Ori pari, Tendachënt, 2000) C’est un morceau traditionnel du haut Moyen-Âge déjà relevé par Costantino Nigra dans ses Canti popolari del Piemonte, recueilli par Maurizio Martinotti dans la Val Borbera, l’histoire d’un jeune roi qui revient de la guerre blessé à mort ; il meurt dans les bras de sa mère, qui cache son décès à sa belle-fille pour ne pas la faire souffrir, mais celle-ci comprend ce qui est arrivé. Connu aussi sous le nome de Mort occulte, mais rappelle aussi Le Testament du Marquis de Saluzzo, écrit à partir de la mort du Marquis en 1528 et conservé aux Archives de Grenoble. Un troisième groupe, Lou Dalfin (= le dauphin), naît en 1982,  créé par Sergio Berardo dans les vallées occitanes du Piémont, à Caraglio (Cuneo) comme groupe de folk destiné à reprendre la musique traditionnelle et la culture occitanes ; il utilise des instruments traditionnels, comme la vielle, l’accordéon, le violon, la clarinette ; il publie deux albums, En Franso i ero de grando guero en 1982 et L’Aze d’alegre en 1984. Le groupe se dissout ensuite, et en 1990, toujours à Caraglio, Sergio Berardo le reconstitue avec d’autres musiciens d’extractions différentes, jazz, folk, rock, Riccardo Serra et Dino Tron, et d’autres instruments : aux instruments anciens (vielle, accordéon, cornemuse, harmonica), il ajoute les instruments du rock (guitare électrique, basse électrique, batterie, claviers), toujours avec l’idée de réintégrer la musique traditionnelle à la musique plus moderne, le rock. Le groupe participe aussitôt à des manifestations internationales, dont le Printemps de Bourges, et publie en 1992 son premier album W Jan d’l’Eiretto, suivi en 1995 de Gibous, Bagase  e Bandi. En 1997, sort leur album live, Radio Ousitania Libra, avec un groupe basque. D’autres disques suivent, Lo viatge en 1998, La flor de Lo Dalfin en 2001, L’Oste del Diau en 2004, qui reçoit le Prix Tenco pour le meilleur album en dialecte, et se rapproche plus de la chanson d’auteur. De 2005 est leur DVD Al temps de Fèsta en Occitania, enregistrement d’un concert et documentaires sur la culture occitane, et le groupe participe à un hommage à Virgilio Savona avec le Quartetto Cetra. Leurs albums les plus récents sont de 2007, Virasolelhs, de 2009, Remescla, de 2011, Cavalier Faidit, qui alternent chansons et récits accompagnés de musique, de 2016, Musica endemica. Les Lou Dalfin sont donc  plus qu’un simple groupe musical, mais il veut rendre moderne la culture occitane traditionnelle, ressuscitant les chansons, les danses, souvent supplantées par le « liscio », les danses plus modernes, la valse, le tango, etc. Ils donnent de façon caractéristique une « leçon-concert » d’occitan à Bolbeno, dans le Trentin, en 2013 ; ils organisent des cours de musique, de lutherie et de danse, une exposition d’instruments traditionnels, des réunions de tous les groupes de l’Occitanie. Écoute 3 : Bandits (Gibous, bagase e bandì, Lou Dalfin, 1995) Un quatrième groupe est Cantovivo, formé en 1974 par Alberto Cesa (  ? -2010) et Donata Pinti. Leur premier album en 1975 est un recueil de chants antifascistes espagnols, puis ils se consacrent à la recherche et à la publication de chants traditionnels piémontais, reprenant aussi des instruments anciens comme la vielle (la « ghironda »), l’accordéon, le dulcimer, le violon, etc. : Musica contro en 1977, anthologie du chant social traditionnel, Leva la gamba en 1979, La luna e ’l sul en 1982, etc. jusqu’à Fogli volanti, un livre d’Alberto Cesa accompagné d’un CD, auquel participe Fabrizio De André. Les deux créateurs se retrouvent en 2007 pour publier Partono gli emigranti, chants d’émigrants, soutenus par la Région Piémont. Après la mort d’Alberto Cesa, le conservatoire Giuseppe Verdi de Trin a réalisé un concert en son hommage avec Fausto Amodei, Rudi Assuntino et Gualtiero Bertelli. Et, parmi encore d’autres groupes, La Lionetta, dont Roberto Aversa et à l’origine. Celui-ci collabore d’abord avec Dario Fo et Franca Rame entre 1975 et 1976, dans le collectif de « La Comune de Milan » ; puis il fonde avec Maurizio Bertani un duo de chanson d’auteur, « Caffé Italia  », et en 1976 il fonde le « Roberto Aversa Folkstudio » qui devient en 1977 le  groupe « La  Lionetta », qu’il quitte au début des années ’80 pour faire de la recherche de musique populaire ; il y revient en 1996 et il y est toujours en qualité d’auteur de textes et compositeur. D’autres musiciens viennent s’ajouter au groupe, Michele Saliturp en 1997, qui participe aussi au groupe klezmer « Miskhalè » (tradition musicale de juifs ashkénazes) et fait du théâtre, Lucio Molinari en 1998, percussionniste, et Fabio Mattea en 2000, clarinettiste et flûtiste. Entre 1978 et 2006, La Lionetta publie une douzaine de disques (que l’on peut se procurer par e-mail), dont Danze e ballate dell’area celtica italiana en 1978, Il gioco del diavolo en 1981, Sarazin en 1999, Ottoni e settimini en 2000 (Voir le site : digilander.libero.it). Parmi leurs chansons les plus connues, La bergera, Papà demi la bela, Prinsi Raimund. Le groupe La Sornette est né en 1980 pour récupérer les traditions populaires des régions de Novare et de Vercelli, mais ils ont bientôt élargi leur recherche à tout le Piémont. Ils jouent régulièrement dans les fêtes, sur les places, dans les églises, dans les théâtres, dans les lieux ou avaient lieu les rencontres populaires traditionnelles. Ils ont publié plusieurs disques que vous écouterez avec plaisir, et une belle anthologie de chant populaire piémontais. Écoute 4 : La bionda di Voghera, Antologia della musica popolare italiana - Piemonte, Red Edizioni, 2002 Signalons encore la Compania dij musicanti d’Alba, le trio musical féminin Ariondela, dont le dernier disque, Beica, est malheureusement de 1999, Ariondassa, groupe de musiciens qui chante la musique traditionnelle du Piémont avec des instruments anciens, et fait une recherche ethnologique intéressante, le groupe Abnoba, qui veut faire une musique « sans lieu » où les traditions locales se mêlent au jazz, au rock ou à la musique électronique. Et puis on ne peut pas oublier Roberto Balocco (Turin, 1941 - ). Depuis son enfance il s’est intéressé à la musique populaire piémontaise, en particulier par l’intermédiaire de ses grands-parents et de ses oncles, et informé par toutes celles qu’il entend dans les « piole » (les bistrots turinois) ; il écrit bientôt ses premières chansons avec l’aide de Pietro Novelli, un journaliste turinois. Il commence sa carrière au Théâtre Gobetti de Turin, avec le pianiste Luciano Sangiorgi et la chanteuse Silvana Lombardo, et il fera à partir de ce moment des centaines de spectacles et de tournées en Italie et en Europe, souvent avec son frère Piergiorgio. Il est un des grands spécialistes de la culture et de la musique piémontaises  ; il fera connaître en particulier les chansons populaires à partir du XVIIe siècle, et celles d’Angelo Brofferio (1802-1866, le grand avocat, homme politique de la gauche turinoise et homme de lettres), en particulier dans son disque de 2010. Il est l’auteur d’une œuvre importante, généralement dialectale, Le cansòn dla piòla, etc., et un de ceux qui ont beaucoup contribué à la connaissance de la tradition populaire italienne. Écoute 5 : La bërgera, Canson & tradission dal 1600 a le canson dla piòla,  Piemont Pais ëd la Musica, 1981 2 - Fred Buscaglione Plusieurs chanteurs, à part les hurleurs, tentèrent une autre voie. Les « hurleurs » (gli urlatori) jouèrent la voie officielle et tentèrent de s’affirmer au Festival de Sanremo, souvent en acceptant de moins «hurler» ! Parallèlement à eux, dans un tout autre style, on pourrait évoquer Fred (Ferdinando) Buscaglione (1921-1960), formé en musique au Conservatoire de Turin, qui va travailler avec un parolier de talent, Leo Chiosso (1920-2006). Ils vont créer ensemble des personnages de durs au cœur tendre, qui renversent l’image dominante de la femme cruelle, adultère, tentatrice, etc. Ils écrivent des chansons comme Teresa non sparare (1957), où l’homme adultère se fait tirer dessus par sa femme, Che bambola (1956, qui vend 960.000 disques) où l’homme se fait boxer et jeter à terre par la femme qu’il a draguée, et qui l’embrasse pour se faire pardonner, Il dritto di Chicago, Noi duri, Sei donna, Porfirio Villarosa, Guarda che luna, etc. avec beaucoup d’ironie sous sa moustache à la Clark Gable, sa cigarette au bec et sa voix « de papier de verre ». Il se tue en 1960 au volant de sa Thunderbird rose bonbon en percutant un camion. C’était un grand de la chanson. Et il se vendait bien ! (2) Écoute 6 : Fred Buscaglione, Che bambola, Eri piccola così, Teresa, Guarda che luna, et autres chansons sur Youtube. 3 - Le groupe Cantacronache (3) Mais antérieurement, il y avait eu une grande tentative de créer une autre chanson, avec le groupe turinois Cantacronache, puis le Nuovo Canzoniere Italiano. Cantacronache avait été fondée en 1957 par un groupe d’intellectuels, musiciens, poètes, écrivains, Fausto Amodei (Turin, 1934 - ), Margot (Margherita Galante Garrone), Sergio Liberovici (Turin, 1930-1991), Michele Straniero (1936-2000), Franco Fortini (1917-1994), Italo Calvino (1923-1985), Emilio Jona (Biella, 1927 - ), Giorgio De Maria (Turin, 1924-2009), Mario Pogliotti (Valle d’Aosta, 1927-2006). Leur objectif principal fut d’inventer une chanson qui s’écarte totalement des canons de la chanson célébrée à Sanremo. Il faut « s’évader de l’évasion », comme le faisaient les chansonniers français, les allemands Bertold Brecht (1898-1956) et Kurt Weil (1900-1950), et les « cantastorie » italiens. Ils voulaient raconter les histoires que vivaient les Italiens contemporains, les faits de la vie quotidienne, dénoncer ses injustices. Parmi les auteurs des dizaines de chansons qu’ils publièrent, il y eut aussi Franco Antonicelli (1902-1974), Giustino Durano (1923-2002), Gianni Rodari (1920-1980), Umberto Eco (1932-2016), Duilio Del Prete (1938-1998) ; parmi les musiciens, Fiorenzo Carpi (1918-1997), Giacomo Manzoni (1932 - ), Valentino Bucchi (1916-1976), Piero Santi ; parmi les interprètes, Franca Di Rienzo (1938 - ), Pietro Buttarelli, Edmonda Aldini (1934 - ), Silverio Pisu (1937-2004), Glauco Mauri (1930 - )... Leurs chansons ont été reprises dans 4 LP 33 tours de 1971. Elles étaient les premières compositions de « cantautori » engagés dans la vie sociopolitique de leur temps, de façon plus marquée que ne l’avaient été Armando Gill (1877-1945) et Rodolfo De Angelis (1893-1965). Plusieurs sont encore interprétées aujourd’hui. Cantacronache se livra d’une part à une réinterprétation de chants populaires de la tradition anarchiste et socialiste (Canti di protesta del popolo italiano – Canti della Resistenza, Vedette, 1971 : chansons de Pietro Gori (1865-1911), Luigi Molinari (1866-1918), Ulisse Barbieri (1842-1899 - Il crack delle banche),  Trilussa (1871-1950 - Ninna nanna della guerra, de 1914), chansons de cantastorie sur Giacomo Matteotti (1885-1924), le général Pietro Badoglio (1871-1956), la mort de Benito Mussolini (1883-1945) à Dongo, et chansons de Résistance). D’autre part, les chansons écrites par Cantacronache vont de l’évocation de la vie ouvrière et populaire (La Zolfara, de Straniero et Amodei, Polesine, de Gigi Fossati et Sergio Liberovici, Canzone triste, de Calvino) à la lutte contre la guerre (La ballata del soldato Adeodato, de Straniero et Liberovici, Girotondo di tutto il mondo, de Rodari et Liberovici), de la situation de la femme (Cantata della donna nubile, de Jona et Liberovici, Valzer della credulità, de Jona et Liberovici), de chants de critique des mœurs bourgeoises turinoises (Una carriera, Il gallo, de Amodei, sur les mœurs sexuelles fascistes) à la critique de la bureaucratie capitaliste (Questa democrazia, de Pogliotti, Le cose vietate, Una vita di carta, de Amodei). Amodei écrit des chansons plus directement politiques, La canzone della classe dirigente, La canzone della Michelin, au moment des dures grèves de Turin en 1962, Il censore), souvent contre le caractère réactionnaire de l’Église catholique (La crociata) ; il raconte avec ironie comment on fait une carrière de « diva » (La diva, La strip-teaseuse), comment fonctionne la société de consommation capitaliste (Ero un consumatore, Il tarlo), ses rapports amoureux avec sa guitare (Il ratto della chitarra). Et il est l’auteur de la chanson qui célèbre les manifestations de juillet 1960 contre le soutien fasciste accepté par le gouvernement Tambroni, réprimées durement par le pouvoir qui fit tirer sur la foule, faisant plusieurs morts, Per i morti di Reggio Emilia. Une seule femme participa à Cantacronache, Margot (Margherita Galante Garrone, 1941- 2017), descendante de grands intellectuels turinois et fille de Carlo Galante Garrone (1910-1997), un des pères de la République Italienne, Sénateur du Parti d’Action ; elle chante Le déserteur de Boris Vian, des chansons de Georges Brassens, des Canti della Resistenza spagnola et Canti della Resistenza europea ; elle écrit des chansons, Canti della coppia, etc. Italo Calvino est l’auteur de 7 textes de chansons, dont Dove vola l’avvoltoio, contre la guerre, et Oltre il ponte, sur la déception d’un ancien résistant qui s’aperçoit que l’on oublie peu à peu toutes ces luttes, avec musique de Sergio Liberovici. Sul verde fiume Po est une comptine de 1960 qui se souvient de La complainte du progrès de Boris Vian de 1955 : « Eravamo in due felici, / gli altri cinque non lo so : Senza auto, senza moto, / senza radio, senza foto, / senza frigo, senza termo, / senza video nè schermo, / senza luce, senza gasse, / senza debiti nè tasse, / senza ville nè piscine, / senza zie nè cugine, / senza mogli, senza piatti, / senza rate, senza gatti, / senza scarpe, senza calze, / senza perle vere o false » (Nous étions tous les deux heureux, les cinq autres je ne sais pas : sans auto, sans moto, / sans radio, sans photo, / sans frigo sans thermos, / sans vidéo, sans écran, / sans lumière ni gaz, / sans dettes,sans impôts, / sans villas ni piscines, / sans tantes ni cousines, / sans femmes, sans assiettes, / sans crédits, sans chats, / sans souliers, sans bas, / sans perles vraies ou fausses) (4). Quant à leur musique, elle est simple et raffinée, aussi éloignée du style mélodramatique grandiloquent des hymnes socialistes hérités de l’opéra que des mélodies sirupeuses de la radio et de Sanremo, ou du style des hurleurs qui s’inspirent du rock’n’roll anglo-américain qui commence à envahir le marché à partir de 1958. Le groupe publia aussi des chansons pour enfants (Cantafavole, sur des textes de fables d’Antonio Gramsci, Franco Fortini, Emilio Jona, Italo Calvino) et des chants révolutionnaires inspirés par la situation de 1958 : c’est l’année où le général De Gaulle prend le pouvoir en France et où la guerre d’Algérie se développe (Canti della rivoluzione algerina), où le pape Pie XII meurt et laisse la place à Jean XXIII, où Fidel Castro achève sa révolution à Cuba (Canti della rivoluzione cubana), où en Italie la DC gagne encore les élections législatives. Sur un autre plan, 1958 est aussi l’année où explose le disque 45 tours (10 millions de disques vendus) grâce à l’invention du « mange-disques » portable et du juke-box. La télévision commençait à se répandre, tendant à éliminer la vieille garde de la chanson au profit de chanteurs plus « télégéniques ». C’était le moment de tenter une révolution dans la chanson. L’expérience de Cantacronache est exceptionnelle, l’ensemble de ses chansons reste encore aujourd’hui une des grandes productions de l’histoire de la chanson italienne. Les intellectuels de Cantacronache étaient certes « engagés » politiquement, aspirant à une société plus juste et humaine, mais ils n’étaient pas des militants de parti, et ils avaient compris qu’il n’y aurait pas de révolution politique sans critique idéologique, sans changement des idées et des visions du monde de la masse du peuple, pour eux, il fallait chanter pour résister, pour protester ; ils étaient en cela différents des intellectuels communistes pour qui, de plus en plus, la stratégie politique et électorale commandera la critique idéologique, et qui n’hésiteront pas à soutenir dans l’immédiat des chanteurs conservateurs mais plus « populaires » (même parfois Claudio Villa, Luciano Tajoli, Toni Dallara, Adriano Celentano, Gianni Morandi, etc. dont quelques-uns chantaient même dans les fêtes de l’Unità, le quotidien communiste, ou allaient chanter en URSS). Le groupe, publié par une maison de disques contrôlée par le PCI, Italia canta, décida de se dissoudre en 1962, après une rupture, qui s’était accentuée peu à peu, avec son éditeur communiste qui s’intéressait trop peu à ce que faisait Cantacronache, et qui n’avait pas de politique culturelle claire. Écoute 7 : le maximum de chansons de Cantacronache, presque toutes accessibles sur Youtube. 4 - Les « cantautori » piémontais 4.1 - Paolo Conte (1937- ) et Giorgio Conte (1941- ) Paolo Conte est né en 1937 à Asti, dans une famille très aisée (son père est notaire et sa mère fille de propriétaires terriens) et cultivée, passionnée de musique, et avec son jeune frère Giorgio, né en 1941, ils se forment sur le piano familial, en écoutant aussi bien les chansons françaises que le jazz américain, dont Paolo devient un grand spécialiste et qui sera toujours sa principale source d’inspiration ; Paolo apprend aussi à jouer du trombone et du vibraphone. Dès la fin des années ’50, ils participent à des  groupes de jazz locaux comme le « Paul Conte Quartet », où Giorgio joue de la batterie et Paolo du vibraphone  (voir image ci-contre) et du piano, et ils font connaître à leurs camarades les classiques de la musique américaine, Gershwin, Cole Porter ; ils publient un LP de musique de jazz, The Italian Way to Swing ; ils participent même au Festival National de jazz de Saint-Vincent et au Quiz International de Jazz d’Oslo. C’est cela qui différencie au départ Paolo Conte des premiers « cantautori » de Ligurie, plus influencés par les seules chansons françaises et séduits par les histoires de vie quotidienne et de délinquants de la « malavita » ou de    prostituées : Paolo Conte au contraire se réfère à la musique afro-américaine dans un milieu cultivé de la bonne bourgeoisie piémontaise. Ses premières chansons, il les écrit pour d’autres chanteurs, persuadé qu’il n’a pas de don de chanteur, et soucieux de se consacrer à son métier d’avocat : La coppia più bella del mondo (1967) et Azzurro (1968) sont chantés par Adriano Celentano et la seconde par au moins huit autres chanteurs, Genova per noi (1975) et Onda su onda (1974) sont écrits pour Bruno Lauzi, Messico e Nuvole (1970) pour Enzo Jannacci, Avanti bionda (1977) est chantée par Nada, Tripoli ’69 (1969) par Patty Pravo (5), etc. la liste est longue. Il collabore beaucoup avec le grand parolier Vito Pallavicini (1924-2007), pour qui il écrit la musique. Écoute 8 : Azzurro (Paolo Conte Concerti, Paolo Conte, 1985)           Avanti bionda (Paolo Conte, Paolo Conte, 1975) On pourra comparer l’Azzurro de Celentano avec celui de Paolo Conte : ce qui n’était qu’un simple rêve d’adolescent solitaire prend une profondeur inattendue, expression des angoisses humaines dans la solitude. Il va changer et devenir interprète de ses chansons lorsqu’il rencontre Renzo Fantini (1941-2010), le manager de Guccini, puis Amilcare Rambaldi (1911- 1995), le créateur du Club Tenco qui le persuadent, avec le producteur Lilli Greco (1934-2012),  qu’il doit chanter. Il publie alors son premier disque, Paolo Conte, en 1974, et en 1976, il est invité à la Rassegna della Canzone d’Autore du Club Tenco qui lui fait un triomphe pour des chansons alors totalement nouvelles, surréalistes mais très provinciales et italiennes, la première apparition du bar mythique et imaginaire, le Mocambo, et le syndic de faillite qui lui offre un café (Sono qui con te sempre più solo), des histoires d’un retour nocturne en voiture en passant à Stradella (La fisarmonica di Stradella), il la regarde dormir à côté de lui et au son des accordéons de Stradella elle lui paraît encore plus belle, c’est encore le récit triste d’un journée à la mer  (Una giornata al mare), où on fait une photo de Venise pour la montrer à la cousine qui se vante d’être allée à Rome (Tua cugina prima (tutti a Venezia)), il marche dans la rue, et devant lui, le vent soulève la robe d’un femme et il voit sa jarretelle rose, et cela le fait rêver (La giarrettiera rosa) , ou bien c’est une aventure rocambolesque : il est tombé du bateau pendant le bal où Sara dansait avec un autre, il est perdu, mais il se retrouve finalement dans un île merveilleuse, « des rythmes de chansons, des femmes de rêve, des bananes, des framboises », le naufrage lui a donné le bonheur que Sara ne savait pas lui donner, mais « peu importe, vague sur vague », le temps emporte tout (Onda su onda). C’est étourdissant de fantaisie, d’émotion, d’ironie, de tristesse aussi, et la musique est à l’unisson. Écoute 9 : La fisarmonica di Stradella (Paolo Conte, Paolo Conte, 1974)                   La Topolino amaranto (Paolo Conte, Paolo Conte, 1974                   Onda su onda (Poalo Conte, ibid, 1974) Son deuxième disque, Paolo Conte (1975), est  aussi séduisant, toujours la même atmosphère du petit provincial qui découvre la ville (Genova per noi), lui qui vient de la campagne et que la mer fait rêver à l’Afrique, lui qui promène sa petite amie dans la Topolino amarante, et lui conseille de regarder le ciel et pas le paysage détruit par la guerre (La Topolino amaranto), c’est l’évocation du bar Mocambo, où il va boire le café que lui offre le patron, avant d’aller rejoindre chez lui l’Autrichienne avec laquelle il vit mais ne parle pas, car il ne connaît pas l’allemand (La ricostruzione del Mocambo), ce sont les « peintres du dimanche » qui vont peindre la campagne (Pittori della domenica), c’est la tristesse du petit provincial devant la beauté de cette femme que tous admirent et qui est une putain (Tango), c’est la fête ennuyeuse où tous les anciens (seuls les hommes) de 50 ans fêtent solennellement leur anniversaire, sans comprendre pourquoi l’un d’entre eux s’en est allé (Per ogni cinquantennio), c’est la triste arrivée dans un hôtel, où mari et femme sont partis de chez eux pour vivre l’illusion d’un dernier amour (Luna di marmellata). Mais ces scènes de vie de province sont aussi pénétrées de mélancolie et de réflexions sur la vie : qui sommes-nous, nous les  petits êtres perdus entre Alexandrie, Milan et le vent de Turin et qui rêvons de Bastian Caboto (1474-1557) et de Vasco de Gama (1469-1524), nos compatriotes qui autrefois allaient découvrir le monde (Chi siamo noi) ; les peintres du dimanche essaient de comprendre le monde (« les yeux attentifs à rassembler d’eux-mêmes mille fragments dispersés à l’entour pour l’éternité », ceux qui ont toujours en eux une « balançoire d’amour et de mort »), et l’immigré napolitain raconte en dialecte son désespoir d’être là sans barque et sans mer (Naufragio a Milano). Il y a plus de profondeur dans ce second disque, qui prend une valeur humaine universelle. Paolo Conte publie en 1979 son troisième disque, Gelato al limon. Lucio Dalla et Francesco De Gregori en intègrent deux chansons dans leur tour Banana Republic, Un gelato al limon et Bartali, qui deviennent alors très populaires. La première chanson, La donna d’inverno, raconte que l’hiver, la femme est supérieure, « plus secrète et plus seule / tout entière plus délicate et plus pelucheuse / et blanche, afghane, algébrique et pensive / douce et exquise, c’est tout autre chose », et puis, après avoir « trafiqué sous un frou-frou de taffetas », on peut aller se reposer avec un livre de Lucrèce entre les mains. Il chante ensuite Bartali, le grand héros populaire (Bartali) et revient à «  l’art  », qui est l’art d’aimer, c’est-à-dire l’art qu’a la femme de rendre le mâle heureux, en même temps que lui reste incertain entre réalité et fiction  : n’est-ce pas que du    théâtre ? (Arte). Il chante Angiolino, peut-être le barman du Mocambo, qui a une femme «  toute blonde et toute belle  » dans les cheveux de laquelle vont se perdre les musiques (Angiolino). Écoute 10 : I pittori della domenica (Paolo Conte, 1975)             Gelato al limon (Gelato al limon, Paolo Conte, 1979)                      La donna d’inverno (ibid.)     1981 est l’année de son quatrième disque, Paris Milonga, qui sera à la base de l’hommage que lui rend le Club Tenco en lui consacrant toute une soirée de son Festival, au cours de laquelle Roberto Benigni interprète sa chanson Mi piace la moglie di Paolo Conte. Une chanson comme Via con me deviendra célèbre et servira à accompagner de nombreuses publicités. Paolo Conte va alors jouer avec de très grands instrumentistes comme Antonio Marangolo, Ares Tavolazzi, Ellade Bandini, Jimmy Villotti, à qui Conte consacrera plus tard une chanson, Jimmy ballando. On pourrait analyser toutes les chansons de ce disque et celles des disques suivants (6) .On trouverait la même richesse et les mêmes limites, avec une évolution sensible vers le seul usage de la musique : la femme et l’amour sont de plus en plus assimilés à la musique, et les paroles intéressent de moins en moins Paolo Conte, elles se réduisent toujours plus, alors que la musique est de plus en plus raffinée et travaillée. Les paroles sont prises de plus en plus pour leurs sons, peu importe la langue et les textes seront toujours plus en anglais ou quelques autres langues, tandis que la répétition des sons devient une caractéristique des chansons de Paolo Conte, « da-da-da… », « du- du-du… », etc. accompagnés par son kazoo. À la fin, Paolo Conte n’a plus rien de nouveau à dire, il n’est plus que musicien de jazz, un grand que l’on invitera de plus en plus dans les Festivals de jazz, et hors d’Italie à partir de son triomphe à Paris en 1985, dont il dira qu’il se demandait pourquoi il avait eu un tel triomphe, alors que les organisateurs de la manifestation avaient édité un livret comportant les textes italiens des chansons et une traduction française pleine de maladresses et de contre-sens ; les auditeurs français comprenaient peu les textes, peu importa, ce qui comptait était la qualité de la musique, dont les textes n’étaient que des notes parmi d’autres. Ses chansons sont très séduisantes, mais sont-elles autre chose que de la « distraction » par une très bonne musique, sur des paroles qui n’expriment avec beaucoup d’ironie que la légèreté d’un bourgeois piémontais, ses doutes, ses désirs, sa « métaphysique » de riche qui a du mal à l’âme sur l’amour et sur le sens de la vie, dans une presque totale indifférence pour les problèmes des autres (« L’actualité ne m’intéresse pas », dit-il), sinon ceux des femmes qu’il a séduites, ou du moins les problèmes qu’il a dans son incertitude : ne l’ont-elles pas pris au jeu, l’aiment-elles  vraiment, sont-elles vraiment « séduites » ?. Écoute 11 : Alle prese con una verde milonga (Paris milonga, Paolo Conte, 1981)             Via con me (Ibid.)                      Boogie (ibid.)             Sotto le stelle del jazz (Paolo Conte, Paolo Conte, 1984) Paolo Conte est, en fin de compte, la plus belle expression d’une classe moyenne qui a pris du poids, est sûre d’elle-même, éventuellement arrogante, avec le brin de non-conformisme et d’anarchie de tout intellectuel de cette classe, et peut se complaire égoïstement dans un confort matériel et moral, qui laisse juste place à quelque crainte et perplexité psychologique (l’amour est difficile), mais surtout prête à jouir de sa situation, dans une musique qui la fait rêver d’Afrique, d’Argentine, d’Orient, des pays qui au fond ont fait sa richesse, mais qu’elle ne connaît pas (elle rêve aussi de Paris), parce qu’elle n’est qu’une petite bourgeoisie provinciale, riche et provinciale, comme Paolo Conte est un riche avocat d’affaires d’Asti, qui gagne maintenant sans doute plus d’argent par sa musique qu’il n’en a gagné par son métier. Une situation qui augmente la jouissance et la puissance. Un super-Sanremo : on est séduit par la qualité musicale, mais on ne peut ignorer le contenu de l’idéologie. Ou plutôt un Sanremo individuel, parce que Paolo Conte n’ira jamais à Sanremo auquel il est  infiniment supérieur. Mais ne sommes-nous pas tous un peu des petits-bourgeois de classe moyenne ? et ne nous reconnaissons-nous pas tous dans les chansons de Paolo Conte, avec leurs incertitudes, leurs doutes, leurs angoisses, leurs craintes de perdre ce qu’ils ont acquis, de perdre leur amour, que le jazz exprime de façon totale en même temps qu’il chante l’énergie, la vie, l’espoir en d’autres choses, de façon autre que le    rock ? Ne sommes-nous pas tous ces « crocodiles » ou ces « singes », ces « macaques », qu’il chante souvent ? Et  il a écrit parmi les plus belles chansons d’amour, « So chi tu sei / so neanche chi sei / ma so che tu sei / Sì, so che tu sei tanto amata / amata e desiderata » (« Je sais qui tu es / Je ne sais même pas qui tu es / Mais je sais que tu es / Oui je sais que tu es tant aimée / aimée et désirée »). Paolo Conte publie encore Razmataz en 2000 (d’un anglais parlé signifiant « confusion bavarde et pittoresque »), histoire d’une danseuse africaine, et métaphore d’une rencontre entre l’Europe et la musique africaine. Puis en 2004 sort Elegia, un disque de nostalgie, et en 2005 une chanson écrite pour Adriano Celentano, L’indiano ; en 2008, il publie Psiche et en 2010 Nelson, dédié au chien de la famille décédé en 2008. En 2014, Paolo Conte présente encore un nouvel album, Snob, et en 2016 un album instrumental, Amazing Game. De plus en plus, ce chanteur s’est surtout intéressé à la musique, dont il est un grand créateur. Écoute 12 : Bella di giorno (Psiche, Paolo Conte, 2008) Signalons que Paolo Conte est aussi peintre et dessinateur, qu’il a reçu de nombreux prix, dont plusieurs Targhe Tenco, ainsi que deux licences Honoris Causa des Universités de Macerata (Lettres modernes) et de Catanzaro (Peinture) et un Prix Grinzane Cavour de poésie et la Grande médaille de Vermeil de Paris en 2011. Il a été aussi écrivain (voir le livre Prima la musica écrit à quatre mains avec Manuela Furnari en 2009), il s’est attaché au cinéma où ses chansons apparaissent dans divers films, et il a souvent rencontré la bande dessinée. Écoute 13 : Dans cette diversité de travaux, Paolo Conte est génial, écoutez toutes ses chansons, elles le méritent, vous serez émus, car c’est vous qu’elles expriment. La personnalité de Paolo Conte ne doit pas faire oublier celle de son frère cadet, Giorgio Conte (1941 - ), lui aussi « cantautore ». Passionné de jazz, il chante et joue d’abord avec son frère, et compose aussi des chansons pour d’autres chanteurs (Rosanna Fratello, Fausto Leali, Gipo Farassino, Mina, Milva, Ornella Vanoni…), en même temps qu’il participe à l’écriture de quelques-unes des premières chansons de Paolo. Il est aussi avocat jusqu’en 1993. Il débute comme compositeur et chanteur, publiant Zona Cesarini en 1983 et L’erba di San Pietro  en 1987. En 1993, il enregistre Giorgio Conte, qui comporte 12 chansons dont il est l’auteur et dont il interprète quelques- unes avec Ornella Vanoni, Elio et Faso (de « Elio e le Storie tese ») et Rossana Casale. En 1997, après avoir participé à la Rassegna del Club Tenco, il abandonne complètement son métier d’avocat pour se consacrer à la musique et publier Eccomi qua en 1999, L’ambasciatore dei sogni en 2000 et Il Contestorie en 2003. En 2011, après plusieurs tournées réussies en Europe et deux disques Live, il crée C.Q.F.P., les quatre couleurs des cartes, Cuore, Quadri, Fiori (Trèfle), Picche, ou bien : « Come  Quando Fuori Piove » (Comme Quand Dehors il Pleut). Ce sont des chansons élégantes, où il chante la vie quotidienne, ses joies, ses émotions. Il est aussi écrivain, poète et homme de théâtre. Écoute 14 : Marina Vlady (Giorgio Conte, Giorgio Conte, 1993) 4.2 - Gianmaria Testa (1958-2016 )  Il est d’origine paysanne, de la province de Cuneo où il est né en 1958, dans une famille passionnée de musique et de chansons. Il étudie la musique en autodidacte, il apprend la guitare. Professionnellement il est cheminot et devient chef de gare à Cuneo ; il voulait être magistrat, « pour changer le monde », dit- il. Il est d’abord instrumentiste dans un groupe rock, puis devient soliste et gagne le Prix du Festival de Recanati en 1993 et 1994 ; il y rencontre Nicole Courtois, la productrice française, femme de Jacques Higelin, elle lui fait publier à Amiens son premier disque, Montgolfières, en 1995. Il réalise alors une série de concerts dans une salle parisienne avec de grands instrumentistes comme David Lewis à la trompette, Jon Handelsman au saxophone et à la clarinette, les frères François et Louis Moutin (contrebasse et batterie), Leonardo Sanchez (guitare) et  René Michel (accordéon et piano). Son second disque sort en 1996, Extra Muros. Il chante à l’Olympia et fait une longue tournée en France, au Portugal, au Canada. Son troisième disque, Lampo, sort en 1999, inaugurant une nouvelle série de concerts en France et en Italie, entre autres sur invitation de la chanteuse israelienne Noa, grande admiratrice de chansons napolitaines (Voir son disque Noapolis). Il valzer di un giorno sort en 2000 en Italie, il comprend plusieurs poésies lues par Pier Mario Giovannone, et est diffusé dans le monde entier par Harmonia Mundi - Le Chant du Monde (80.000 copies vendues) ; il est pourtant difficile, joué seulement par la voix accompagnée souvent par deux simples guitares, mais « togliere » (dépouiller) est un maître-mot de Gianmaria Testa, et il y réussit admirablement. C’est la même maison d’éditions qui publiera son cinquième album, Altre latitudini, en 2003, après que Gianmaria Testa ait ouvert le grand Festival de Jazz de l’Ombrie. Son sixième album, Da questa parte del mare, est consacré au problème des migrations dans le monde, une réflexion complexe sur les raisons de ces mouvements mondiaux des peuples, les souffrances qu’ils provoquent ; il reçoit la Targa Tenco de 2007 pour le meilleur album, et il est présenté dans de nombreux pays européens et à New York. En 2007, il participe au Festival « Time in jazz » organisé en Sardaigne par Paolo Fresu, comprenant un concert en train, convenant tout à fait à cet ancien chef de gare, qui vient seulement de démissionner de son métier pour se consacrer à ses spectacles. Il participe à un disque d’hommage à Léo Ferré Sa voix, ses rythmes, ses textes rappellent parfois Paolo Conte, parfois Fabrizio De André, parfois Ivano Fossati, mais il a su trouver sa voie propre. Il fait aussi du théâtre avec Erri De Luca et Marco Paolini. C’est un grand de la nouvelle chanson d’auteur. Il n’aime pas beaucoup la télévision et préfère le contact direct avec le public. Il est très attaché à sa famille, et c’est sa  femme qui organise ses concerts.Vitamia, «  un    bilan de vie personnelle », est son dernier disque de 2011, écrit à partir d’un spectacle théâtral d’Andrea Bajani, 18.000 giorni - Il pitone, dont il écrit les chansons, histoire d’un homme de cinquante ans qui perd son travail, sa famille et son état social, un des drames d’aujourd’hui. En 2012, il publie Ninna nanna dei sogni (version française Berceuse des rêves), une chanson-fable pour grands et petits illustrée par Altan, suivie en 2013 par une autre livre, 20 mila Leghe (in fondo al mare), toujours édité par Gallucci à Turin, et en 2014  Biancaluna illustré à nouveau par Altan. Il commence en 2013-2014 un spectacle, Chisciottimisti. Il meurt le 30 mars 2016 d’un cancer en laissant le jour de sa mort sur son site Facebook cette phrase : « Gianmaria se n'è andato senza fare rumore. Restano le sue canzoni, le sue parole. Resta il suo essere stato uomo dritto, padre, figlio, marito, fratello, amico » (Gianmaria est parti sans faire de bruit. Restent ses chansons, ses paroles. Reste le fait qu’il a été un homme droit, père, fils, mari, frère, ami). Écoute 15 : Come le onde del mare (Il valzer di un giorno, Gianmaria Testa, 2000)                                                       Avrei voluto baciarti (Ibid.) Poesia                                                                Il valzer di un giorno (Ibid.) Voir sur Gianmaria Testa l’ouvrage d’Isabella Zoppi, Il giorno che passa e consuma, Storia, musica e parole di Gianmaria Testa, Zona, 2007. 4.3 - Autres «  cantautori  » piémontais. Commençons par Gipo (Giuseppe) Farassino (1934-2013), dit Gipo. Il est né à Turin en 1934, dans le quartier ouvrier pauvre de  Porta Pila, à la « barrière » (la banlieue) de Turin. Son père était saxophoniste. Très tôt, il s’initie à la guitare et à la contrebasse, et il commence à jouer et chanter dans les « balere » (salles de bal) de Turin, et à composer ses premières chansons dialectales, en même temps qu’il passe son diplôme de comptable. Il publie plusieurs 45T de chansons dialectales de sa composition, qui seront reprises dans ses trois premiers 33T de 1962-63, publiés quand il aura passé un contrat avec la Fonit Cetra, qui a encore son siège à Turin, Le canssôn d’Porta Pila, où il chante Turin, la ville qu’il aime, malgré ses défauts et sa dégradation par l’industrialisation. Il passe quelques années au Moyen-Orient, où il travaille comme instrumentiste, il revient en Italie, s’exhibe à Milan au Derby Club, et publie ses premiers 33T en italien, Auguri (1966-7), Avere un amico (1967) et Due soldi di coraggio (1969), chansons en italien ou en dialecte comme Porta Pila, qu’il écrit sur la musique de La Bohême de Charles Aznavour et dont on trouve le texte sur le site Il cinzanino.org avec quelques autres chansons classiques de Farassino, Ël 6 ëd via Coni (l’adresse de sa maison d’enfance à Turin), La mia città de 1967 (en italien, « Une mer de froides cheminées / un fleuve de petits soldats bleus / un ciel oublié par les fables / un soleil qui ne te réchauffe jamais. / C’est ma ville / elle te fait sentir que tu n’es personne / elle t’étouffe le chant dans la gorge / elle te pousse à partir. / C’est ma ville / qui éteint les rires / qui échappe à tant de gens  / elle reste ma ville »), Guera d’Abissinia, Serenada a Mama, Veuj compreme na casin-a, Sangon blues, « Maria Catlina », Il barone di Leutrun, Ël dehors dël marghè, Montagne del mè Piemont, Per Valentina, Avere un amico, Campagna (une belle évocation dialectale de la campagne turinoise), Corso Savona. Due soldi di coraggio comprend aussi des chansons comme Remo la barca, histoire d’un suicidé qui n’est pas sans rappeler De André, de même que la chanson antimilitariste Ballata per un eroe, texte qui lui valut des interpellations au Parlement, tant il fut jugé « défaitiste ». Elle commence par la citation de la vieille chanson populaire Partire partirò partir bisogna, évoque la bénédiction de l’aumônier, la peur quand sonne le clairon de l’attaque, le risque d’être fusillé pour désertion, puis : « J’irai grossir la troupe importante / de ceux qui agrippés à un drapeau / sont morts en jurant de peur / les yeux fermés dans une nuit sombre ». En 1970, sa chanson Senza frontiere est refusée au Festival de Sanremo parce que critique vis-à-vis des guerres du Vietnam et du Biafra. La même année, il publie deux nouveaux albums en dialecte, Gipo a sò Turin et Gipo a sò Piemont. Il va ainsi publier de nombreux autres albums de chansons, soit en dialecte soit en italien : Uomini, bestie e ragionieri (1973), Guarda che bianca luna (1974), où il reprend des chansons d’Angelo Brofferio (1802-1866), poète et homme politique de gauche durant le Risorgimento, Turin bel cheur (1978). Il collabore avec Giorgio et  Paolo Conte, qui écrit pour lui Monticone, où les Piémontais sont décrits à travers leurs noms de famille les plus typiques (7) , Piemontèis (1996), Ridatemi Amapola (1998), etc. En 1987, il se lance dans l’action politique, créant un mouvement autonomiste piémontais, Piemont Autonomista, à partir de l’Union Piemontèisa de Roberto Grammo ; ce mouvement s’intègre dans la Lega Nord d’Umberto Bossi, dont il est élu député européen et conseiller régional du Piémont en 1994. Il ne revient au spectacle et à la chanson qu’en 2005, suite à la mort par accident de voiture de sa fille, la photographe Caterina Farassino (Cf. La Repubblica, 05 ottobre 2005), en collaboration avec Franco Lucà. En 2007, il publie un roman, Viaggiatori paganti (Piemme), histoire d’un jeune garçon qui, dans les années ’50, décide de vivre en faisant de la musique : quelque souvenir autobiographique ! Il fait quatre soirées de spectacle après l’accident de la ThyssenKrupp de Turin qui avait coûté la vie à 7 travailleurs de l’usine, dont le Directeur Général pour l’Italie sera condamné en 2011 pour homicide volontaire (16 ans et demi de prison) ; à ce propos, Farassino déclare  : «  Il a fallu un massacre pour rappeler l’importance de la culture ouvrière dans le tissu de notre société. Quand j’étais petit, le frère d’un de mes amis était aux fours des fonderies, et son travail était si risqué que, déjà alors dans l’équipe il devait faire 20 minutes de travail et 40 minutes de repos chaque heure. Au lieu de progresser, les conditions ont empiré, et cela n’est pas admissible. J’ai écrit une chanson, Mani nere (mains noires), sur les ouvriers chez qui la poudre de fer avait pénétré dans la peau au point que se laver ne servait plus à rien, elles restaiens sombres pendant toute leur vie. Le travail des bras est la richesse d’un peuple, et doit être protégé de toutes les façons  ». Cela donne le ton de son œuvre. Il est invité au Prix Tenco en 2008 (voir l’article de Enrico De Angelis sur Il cantautore 2008 L’Yves Montand ‘d via Cuni, où il évoque « un fils fidèle de la « périphérie sociale » de Turin, un monde lié à la comédie et au mythe quotidien du travail, des conversations, des amis, du café, de la cour, de l’attachement à la terre, aux lieux, aux rues, aux fleuves d’eau et de personnes. Un monde un peu pavésien (de Cesare Pavese. NDLR) par sa nature intime. Le poète que l’on a tellement rapproché de Luigi Tenco, le nom le plus cité quand on parle de Farassino »). En 2012, il publie un livre sur son quartier de naissance de Turin Frammenti di Barriera, puis un autre libre, Viagiatori paganti. Il écrivait sur Torinosette, le supplément  culturel de La Stampa, le quotidien turinois. C’était un « tifoso » (un supporter) de la Juve, l’équipe de football de Turin. Il meurt chez lui à presque 80 ans. Nul mieux que lui n’a su représenter et chanter Turin et le Piémont. Écoute 16 : Turin bel cheur (Turin bel cheur, Gipo Farassino, 1979)     Ballata per un eroe (Due soldi di coraggio, Gipo Farassino, 1969) Vincenzo (Enzo) Maolucci est né à Turin en 1946. Il étudie au Lycée classique, passe une Licence de Lettres Modernes avec une thèse sur le rock et les Beatles, la première en Italie, sous la direction de Massimo Mila, et qui est publiée en 1972 sous le titre Pop under rock. Après un temps de conférences et d’articles sur la chanson, et après avoir fondé la première radio libre turinoise Radio Torino Alternativa en 1975, il publie son premier album, L’industria dell’obbligo pour les Disques du Zodiaque, inspiré par son expérience d’enseignant de collège (dans Baradel, l’histoire d’un garçon qui ne tient pas en place en classe), le malaise des jeunes de la ville (« dans une école qui produit des chaînes de gens obéissants »), les lieux communs du langage de la gauche d’après ’68 (Al limite cioè), le problème de l’avortement (encore illégal jusqu’en 1978). Il participe au Prix Tenco en 1978, et publie l’album Barbari e bar, sur les problèmes de la réalité métropolitaine de Turin, sur les bars qui sont le refuge de ceux qui ont été déçus par la vie politique, qui ont des cheveux longs et une boucle d’oreille, et les « barbares », les déçus du compromis historique, ou « les employés de ’68, morts à la vie à partir de ’69, qui ont survécu de nos jours à partir de ’70, avec un eskimo en souvenir et un poing fermé dans la poche pour le premier Mai, pleins de souvenirs de politique, de rock, de mauvais whisky dans les salles de bal de la périphérie », dit la couverture du disque. En 1983, il publie son troisième album, Immaginata, chansons d’amour sur la nécessité des sentiments et des passions, dont une histoire d’amour entre deux terroristes (Ad amarti ora) ; en 1986 sort Tropico del toro, après que Maolucci ait fondé l’association « International Survival Association », qui organise entre autres un concours de survivance en milieu alpin, « Antichi passi » ; il devient un passionné du Kénya où il a maintenant une maison ; le disque comporte une belle chanson sur Turin, Torino, fascino divino. En 1991, il abandonne l’enseignement, et fait quelques concerts, dont certains avec sa fille Béatrice Maolucci, elle aussi cantautrice ; en 2007, il reprend la publication avec le disque De liberata mente, tandis qu’en 2009 l’Art Rock Torino réédite ses 4 CD. (Ci-contre sa photo en 2016). Il écrit en 2013 une chanson à thème écologique, Gaia. Un «  cantautore  » trop négligé et trop peu diffusé. Écoutez-le sur Youtube en tapant son nom. Écoute 17 : Baradel (L’industria dell’obbligo, Enzo Maolucci, 1976)
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Vielle = ghironda Roberto Balocco dans une piola turinoise avec Sergio Endrigo en 1967 Sergio Liberovic, Fausto Amodei, Michele Straniero et Margot Fausto Amodei
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Notes 1 Sur la tradition populaire piémontaise, lire en particulier : Costantino Nigra, Canti popolari del Piemonte, 1888, puis Einaudi, 1974 (1957), 2 vol, la référence fondamentale sur la question ; Michele Straniero, Antologia della canzone popolare piemontese tra Settecento e Novecento, Paravia, 1998, et Ettore Galvani, Canti popolari piemontesi, 2 Vol., Daniela Piazza Editore, 2004, avec CD, et écouter : Istituto per i Beni marionettistici e il Teatro popolare, Canzoniere piemontese, présenté par Giovanni Moretti, 1964. Sur la tradition musicale de la cour de Turin, lire en particulier les Cahiers de l’Institut de Recherche et d’Histoire musicale des États de Savoie, Éditions Slatkine, Genève, à partir du n° 2, 1994. La Sornette, Antologia della musica popolare italiana - Piemonte, Red Edizioni, 2002. Sur la chansons turinoise voir  : Isabella Maria Zoppi, Torino - Canzoni al Valentino - Guida alla città e alle sue canzoni, Zona, 2008, 160 pages, et Dalla città, le montagne - Torino e Piemonte attraverso le canzoni, Nota, 2009, 302 pages avec CD. Pour une liste complète des groupes et chanteurs, voir :  it.wikipedia.org/wiki/Categoria:Gruppi_e_musicisti_del_Piemonte 2 Sur Buscaglione, voir en particulier : Claudio Castellacci et Vincenzo Mollica, Fred Buscaglione forever, Il Candelaio Edizioni, Firenze 1981 ;  Francesco Di Pace, Fred Buscaglione, Multiplo Edizioni, 1990 ; P.L. Bassignana, Torino settant'anni, San, Torino 1997 ; Gino Fortunato, A qualcuno piace Fred ?, Edizioni Joker, Novi Ligure 2000 ; Maurizio Ternavasio, Il Grande Fred - Fred Buscaglione, una vita in musica, Lindau, Torino 2000 ; Gioacchino Lanotte, Fred Buscaglione, cronache swing degli  anni cinquanta, Editori Riuniti, 2007, 206 pages, et Leo Chiosso, I giorni di Fred, livre et DVD, Mondadori, 2007, 124 pages. 3 Sur Cantacronache voir le livre de Emilio Jona et Michele Straniero, Cantacronache, un’avventura politico-musicale degli anni Cinquanta, Scriptorium Paravia, 1990 (1996), auquel est joint un CD de 23 chansons du groupe, soit une bonne partie des disques de 1971. Sur Fausto Amodei, voir : Jean Guichard, Fausto Amodei, cantautore turinois, La musique de la révolution, in Franco-Italica, n° 12, 1999, pp. 83-120 ; dans ce même n° sont aussi publiées les 7 chansons de Calvino. Voir aussi le chapitre de : Jean Guichard, La chanson dans la culture italienne, Champion, 1999, pp. 303-342. Sur le Nuovo Canzoniere Italiano, lire : Cesare Bermani, Una storia cantata. 1962-1997 : trentacinque anni di Nuovo Canzoniere Italiano / Istituto Ernesto De Martino, Jaca Book, 1997, ouvrage fondamental pour la connaissance de la vraie culture populaire traditionnelle. Voir aussi l’ouvrage d’Umberto Eco, Apocalittici e integrati, Milano, Bompiani, 1964 (ed. modificata, 1977) et le texte récent de Chiara Ferrari, Politica e protesta in musica. Da Cantacronache a Ivan Fossati, Miano, Unicopli, 2014, 230 pages et recension dans Il mestiere di storico, 2015, 2, p. 195. 4 Sur les chansons de Calvino, voir : Enrico De Angelis, Italo Calvino e gli anni della canzone, avec des contributions de Paolo Azzolini et d’Annalisa Piubello, Betelgeuse Editore, 2015, 268 pages, qui contient le texte des chansons, avec un CD, ces textes figurent aussi dans le numéro de Franco-Italica cité à la note 3. 5 On trouvera dans le Paolo Conte a cura di Enrico De Angelis, Coll. Radici, Franco Muzzio Editore, 1989, pp. 235-7, la liste des chansons écrites par Paolo Conte pour d’autres chanteurs ou chantées par lui et par d’autres. 6 Nous l’avons fait pour les premières chansons dans notre article du livre collectif Paolo Conte, a cura di De Angelis, Radici, Franco Muzzio Editore, 1989,  pp. 113- 134, écrit avec Élisabeth Renault et Jean-Christophe Rosaz pour les analyses musicales, L’amore in sol minore ; et dans notre Thèse d’État, Volume II, pp. 180-237, jusqu’au disque Paolo Conte de 1988. Voir aussi l’ouvrage d’Isabella Zoppi, Paolo Conte, elegia di una canzone, Zona, 2006, avec deux interviews d’Enrico De Angelis et d’Antonio Marangolo, un des ouvrages les plus intéressants sur Paolo Conte, avec la discographie probablement la plus complète et récente jusqu’à la date de publication. 7 Voir l’interprétation d’Isa, dans le CD joint à son livre : Isabella Zoppi ,