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Nouvelles de ces derniers temps : édition du 26 novembre 2017
Nouvelles de ces derniers temps, 26 novembre 2017 1. Les diplomaties et le Vatican              * Donald Trump vient de nommer sa nouvelle ambassadrice auprès du Saint-Siège, qui a débarqué à Rome le 3 novembre dernier  : c’est Callista Bisek Louise (Cally Lou) Gingrich (voir ses portraits ci-contre et ci-dessous). Elle va présenter ses lettres de créance au pape François et prendre possession de son bureau au 49 rue Sallustiana. Elle sera aux côtés de son mari, dont elle est depuis 2000 la troisième épouse, Newt Gingrich, ancien président républicain de la Chambre des Représentants à l’époque de Bill Clinton, candidat aux primaires républicaines des élections présidentielles de 2012 et de 2016, et un de ceux qui ont soutenu l’élection de Donald Trump. Elle était l’assistante parlementaire de Newt Gingrich et a vécu avec lui pendant six ans, alors qu’il était encore marié. L’ambassadrice a 51 ans, c’est une femme d’affaires, présidente d’une société de multimédias, pour laquelle elle a publié des ouvrages d’initiation politique pour enfants avec pour personnage principal l’éléphant Ellis et des documentaires sur le pape Jean-Paul  II, pour lequel elle a une grande vénération ; elle n’a aucune expérience d’ambassadrice, ce qui a fait douter de sa compétence au Sénat qui n’a voté pour elle que par 70 voix contre 23  ; les démocrates américains pensent souvent que c’est une récompense «  politique  » de l’appui apporté par Newt Gingrich à l’élection de Trump  ; elle réplique qu’au sein du chœur de la grande Basilique de Washington, elle a rencontré beaucoup d’hommes d’Église, et c’est elle qui a converti son mari au catholicisme  ! Elle aura beaucoup à faire, car les contradictions sont fortes entre le pape François et le président Trump dans ses positions sur la pauvreté, les réfugiés et le climat, et dans un premier temps on s’attend à ce que les Américains se fassent tirer les oreilles par le pape. Mais même les cardinaux les plus proches du pape tiennent à garder de bonnes relations avec les USA, rétablies depuis 1984.  La semaine dernière, le cardinal Pietro Parolin a rencontré à Washington le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence et ils ont publié un communiqué sur la défense des droits humains et la protection de la liberté religieuse, menacée sous la présidence de Barack Obama, ont déclaré les évêques américains. Callista Gingrich succède à Kenneth F. Hackett, président de la grande ONG humanitaire Catholic Relief Services. Il est probable qu’elle ne fera que renforcer les positions des évêques américains , souvent déjà hostiles aux propositions du pape François. La Conférence Épiscopale des USA vient par exemple de refuser d’élire à sa présidence le cardinal de Chicago Blase Cupich, favorable au pape, pour élire l’archevêque de Kansas City, Joseph Naumann, beaucoup plus hostile et traditionaliste. La lutte est dure entre les deux politiques qui s’affrontent dans l’Église, à l’intérieur de sa classe dominante ecclésiastique  : tous sont d’accord sur le soutien à la vie et la condamnation de l’avortement, mais les «  libéraux  » ajoutent qu’il faudrait aussi condamner la peine de mort  ! Ne sous-estimons pas l’importance politique du Vatican, qui intervient par exemple actuellement pour trouver une solution aux problèmes du Venezuela. La nomination de Macron à Rome en est une autre preuve. * Nomination d’Emmanuel Macron «  proto-chanoine de la Basilique de Saint-Jean de Latran  ». Notre président de la République vient d’accepter le titre de premier et unique proto-chanoine honoraire de la basilique de Saint-Jean de Latran à Rome, où il se rendra prochainement pour s’installer dans cette fonction et avoir une première rencontre avec le pape François. Sous la Ve République, trois présidents de la République avaient refusé de recevoir ce titre, Georges Pompidou (1969-1974), François Mitterrand (1981-1995) et François Hollande (2012-2017)  : ils estimaient cette nomination incompatible avec la République et à la laïcité. Le titre est un privilège royal qui revient de loin  : en 1482, le roi Louis XI avait fait don à Saint-Jean de Latran de la riche abbaye de Clairac (Lot-et-Garonne) et de ses rentes  ; en 1604, Henri IV (qui a d’ailleurs sa statue à Saint-Jean-de-Latran) confirma le don et le rendit effectif  ; en contrepartie, le Saint-Siège accorda ce titre aux rois de France … dont ont hérité les présidents de la République. Pourtant l’abbaye de Clairac est saisie comme bien national lors de la Révolution, Napoléon I accorde en compensation à Saint-Jean-de-Latran une somme de 12.000 écus, qu’il ne paya jamais, et finalement Aristide Briand fit le don d’un petit capital en 1927 pour donner une solution définitive au problème. Aujourd’hui, l’abbaye appartient à un particulier et a été inscrite sur la liste des monuments historiques en 1996. Et chaque année, le 13 décembre, anniversaire de la naissance d’Henri IV et fête de sainte Lucie, est célébrée à Rome une messe «  pour le bien et la prospérité de la France  » (Pro felici ac prospera statu Galliae), où l’ambassadeur de la France auprès du Saint-Siège est encensé au cours d’une cérémonie liturgique. La tradition s’est maintenue malgré la Révolution française, le passage à la République … et le vote du Mariage pour tous. Mais Macron est soucieux d’être soutenu par les catholiques français et de marquer sa différence avec François Hollande, cela vaut bien une messe  ! Et la France reste bien «  la fille aînée de l’Église  », comme l’avait rappelé Jacques Chirac lors de son intronisation. Sarkozy avait fait encore mieux  : faisant une entrée solennelle dans la basilique, il avait affirmé dans son discours que «  dans la transmission des valeurs et l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le prêtre ou le pasteur  ». Maintenant, pourrons-nous saluer notre président du titre de «  Monsieur le chanoine du Latran  »  ? 2. La crise des partis politiques italiens et les récentes élections Presque toute la vie politique italienne est déterminée par la préparation des prochaines élections législatives (en janvier 2018  ?, février 2018  ? printemps de toute façon ...), en même temps que le gouvernement Gentiloni tente de trouver la solution de quelques problèmes urgents, l’immigration, l’emploi … Les deux récentes élections locales ont été comme des préludes des prochaines législatives. * Les élections siciliennes du 5 novembre 2017  : c’étaient des élections régionales qui avaient pour objectif la désignation du président de la région et des 70 députés de l’Assemblée régionale. Les votants ont été 46,76% du corps électoral, plus de 53% d’abstentions. Dans la nouvelle loi, 62 sièges sont pourvus au système proportionnel, 7 sièges (dont le Président élu) sont accordés à la liste du candidat élu Président, et 1 siège est donné au meilleur candidat président non élu (ici Cancelleri). Le M5S, qui se présentait seul,  a été le premier parti  de l’île avec 34,65% des voix exprimées et 20 sièges, gagnant 16,48% des voix par rapport aux précédentes  élections, mais il a été dépassé par la coalition du centre droit qui a obtenu 39,85% des voix et 36 sièges, donc la majorité absolue, augmentant ses voix de 14,12%. Le PD s’et écroulé, n’obtenant que 18,65% des voix et 13 sièges, perdant 11,82% des voix (Voir ci-contre les quatre candidats tête de liste, de gauche à droite Nello Musumeci, Centre droit, Giancarlo Cancelleri, M5S, Fabrizio Micari, PD, et en-dessous, Claudio Fava). Un quatrième candidat, Claudio Fava, présentait une liste «  Cento passi per la Sicilia  », regroupant les candidats de gauche (MDP, Verts, Rifondazione Comunista, PCI, Possibile, Gauche Italienne et Socialiste) qui obtient 5,23% des voix et 1 siège. Un cinquième candidat, l’indépendantiste Roberto La Rosa n’a obtenu que 0,66% et aucun siège. Dans la coalition de droite, Forza Italia, le parti de Berlusconi représente 16,37% et 12 sièges, l’extrême droite (Fratelli d’Italia et Ligue du Nord) ont 5,65% et 3 sièges, l’Union du Centre 6,97% et 5 sièges, la liste  «  Popolari e Autonomisti  » 7,09% et 5 sièges, enfin la liste de Musumeci, «  Diventerà Bellissima  » 5,96% et 4 sièges. Dans la coalition de centre gauche, le parti Démocrate (PD) obtient 13,02% et 11 sièges, le «  Pacte des Démocrates et PSI  » 6,01% et 2 sièges, la liste du Nouveau Centre Droit (Alternativa Popolare) 4,18% et aucun siège. Ce résultat laisse présager une défaite pour la gauche aux prochaines élections  ; la seule condition d’une reprise éventuelle serait l’unité entre la gauche ((MDP, Verts…) et le centre-gauche, Renzi a déjà fait des propositions vagues en ce sens, mais le MDP et l’opposition interne au PD ne discuteraient de cette perspective que si Renzi était éliminé de la direction du Parti et en tout cas de la candidature au poste de premier ministre. Or ce que veut Renzi, c’est la réussite de Renzi en priorité par rapport à celle du PD. Sur le Corriere della Sera, Massimo D’Alema, un des responsables du MPD, appelle à en finir avec ces appels opportunistes à l’unité que font Renzi ou Piero Fassino  ; il rappelle aussi le «  non  » que le PD avait répondu aux propositions de sa minorité d’alors, en votant l’abominable loi électorale du Rosatellum, et dont les élections siciliennes ont confirmé qu’elle conduisait à la défaite de la gauche. Il confirme la contradiction entre Renzi et le MDP et qu’il n’y aura pas d’unité. Le problème est le même pour la droite  : si elle a gagné en Sicile c’est grâce à l’unité entre Berlusconi, le néofascisme et Ligue du Nord. Et voilà que Berlusconi est à nouveau présenté par l’establishment de droite et du centre comme le seul qui puisse «  sauver l’Italie du M5S  », le sauveur de la patrie contre ces «  barbares  » de M5S. Comme dit l’historien Giovanni Orsina, «  c’est le symptôme d’un changement d’époque  ; de la crise d’un système politique qui n’arrive à produire rien de nouveau ni à se stabiliser, et qui consomme des solutions, comme le «  renzisme  » désintégré en trois ans  ». Et voilà que beaucoup sont à nouveau prêts à faire alliance (il a des voix après tout  !) avec Berlusconi, celui qui encore hier représentait, dans le public et en justice, le sommet de l’incompétence politique qui a ruiné l’Italie quand il était au gouvernement et le sommet de l’immoralité éthique et de l’obsession sexuelle maladive  ; même la Cour d’Appel de Milan vient d’annuler le versement mensuel de 1,4 millions d’euros par mois qu’il devait verser à son ex-femme Veronica après son divorce  ; et Eugenio Scalfari, ce grand journaliste de gauche (le fondateur de La Repubblica) déclare qu’il préférerait l’alliance avec Berlusconi (sous réserve d’une rupture avec la Ligue et les néofascistes) à l’élection de Di Maio, le leader du M5S. Terrifiante perte de mémoire des Italiens  : même s’il était condamné à 5 ans d'inéligibilité dans son procès actuel, il semble avoir cette aura et ne plus être «  noir  ». Crise profonde de nos systèmes politiques  ! Mais tout cela est illusoire, et n’ouvre aucune perspective réelle  : le peuple italien s’en rend compte … et il ne va plus voter  ! * Les élections d’Ostie du 5 novembre 2017. Ostie, avec ses 250.000 habitants, est actuellement une des mairies locales de la commune de Rome  ; depuis deux ans elle n’avait plus de maire, elle avait été mise sous gestion d’un commissaire du gouvernement, puisque condamnée pour activité mafieuse, après de nombreuses enquêtes judiciaires, de drogue, prostitution, jeux de hasard, dessous de table. Le maire précédent, Andrea Tassone, du PD, avait été condamné à 5 ans et demi de prison dans le procès «  Mafia Capitale  » On devait donc dimanche 5 novembre élire un nouveau «  président de la mairie  », une sorte de mini-maire de cette dixième Mairie de Rome. Le PD avait choisi de présenter un ancien sénateur des Verts, Athos De Luca, âgé de 71 ans  ; la candidate du M5S était Giuliana De Pillo (sa photo ci-dessous), 55 ans, une enseignante spécialisée dans les problèmes d’activité motrice des enfants, parce que joueuse de basket, amie fidèle de Virginia Raggi  ; elle a toujours habité et travaillé à Ostie. Contre elle se présentait la candidate berlusconienne et de Fratelli d’Italia, Monica Picca,  : un autre candidat de droite était Luca Marsella, du groupe Casa Pound, les «  fascistes du troisième millénaire  »  ; le candidat d’Alternativa popolare (le nouveau centre droit, allié cependant du PD), était le journaliste Andrea Bozzi. La gauche, comme en Sicile, était divisée  : une liste de gauche avec Eugenio Bellomo, ex-militant CGIL  ; une liste civique soutenue par le MDP et la Gauche Italienne était conduite par un ancien prêtre d’Ostie, auto-suspendu a-divinis, très connu et apprécié dans la ville, Franco De Donno. Au premier tour, 36,15 des inscrits sont venus voter, presque 64% d’abstentions, une perte de 13% par rapport aux administratives de 2016 ; c’est le M5S qui arrive en tête avec 30,25% des suffrages exprimés  ; derrière elle, Monica Picca avec 26,68%, Athos De Luca avec 13,62% , Luca Marsella avec 9, 04%, Franco De Donno avec 8,57% et Andrea Bozzi avec 5,53%. Outre l’abstention, c’est le progrès de la liste néofasciste qui a été remarqué. Dans le ballottage du second tour, le 19 novembre, s’affrontaient la candidate du M5S et celle de la droite. Seuls 33,6% des inscrits se sont présentés, encore moins qu’au premier tour. C’est Giuliana De Pillo qui l’a emporté avec 59,6 des voix, contre les 40,4 obtenus par Monica Picca. Reste maintenant l’essentiel après ces jeux électoraux qui ont été parfois de bas étage, régler les problèmes d’Ostie, dans le scepticisme des habitants d’Ostie, après deux ans de gestion par un commissaire, et d’abord la criminalité organisée jusque dans la gestion des établissements balnéaires, avec l’appui des entrepreneurs du secteurs, qui parlent de «  complot médiatique  » quand la presse rend compte des condamnations déjà prononcées contre la mafia par la justice italienne. Peut-être qu’une autonomie d’Ostie par rapport à Rome rendrait cela plus facile  ? En attendant Virginia Raggi a déclaré que cette victoire du M5S était la reconnaissance «  du grand travail que nous faisons  ». Certes, mais n’oublions pas cette majorité d’abstentionnistes qu’il faut maintenant convaincre. * Plusieurs personnalités viennent d’ailleurs de quitter le PD, Antonio Bassolino, l’ancien Maire de Naples, Pietro Grasso, président du Sénat, Laura Boldrini (image ci-contre), Présidente de la Chambre des Députés  ; ils ont rejoint le Camp Progressiste et ils y joueront probablement un rôle central. Ils souhaiteraient une unité de la gauche, mais elle sera impossible pour eux tant que Renzi et ses hommes seront à la tête du parti. Par contre Romano Prodi, inorganisé depuis longtemps, répond aux appels de Renzi, et il a rencontré quelques-uns de ses amis, hésitant entre le PD et le Camp Progressiste, parallèlement à d’autres comme Giuliano Pisapìa, l’ancien maire de Milan. 3. Du nouveau sur la mort de Pasolini. * À propos d’Ostie, souvenons-nous que c’est là qu’a été assassiné Pier Paolo Pasolini le 02 novembre 1975, il y a 42 ans. Pino Pelosi, mort en juillet dernier, avait été condamné comme auteur de son assassinat, mais comme lui-même l’avait finalement avoué après sa sortie de prison, les magistrats étaient persuadés qu’il n’était pas seul présent sur la plage d’Ostie lors du massacre de Pasolini et que l’on ignorait toujours les mandataires du crime. Or un livre vient d’apporter de nouvelles présomptions qui pourraient permettre de rouvrir le procès, Pasolini, un homicide politique, sorti le 2 novembre 2017 chez Castelvecchi, avec une préface de Carlo Lucarelli, 14,88 euros  ; il est écrit par Paolo Bolognesi, président de l’association de familles des victimes du massacre de Bologne en 1980, et par l’avocat Andrea Speranzoni. C’est la numérisation des archives du procès de Catanzaro (par une coopérative de détenus de Crémone) sur l’attentat de Piazza Fontana en 1969, qui a permis de découvrir ces éléments nouveaux. D’une part, il se révèle que Pasolini était espionné par le SID (Service d’Information et de Défense, le service secret du Ministère de la Défense, créé en 1965 et dissous en 1977, celui qui pollua et dépista les enquêtes sur Piazza Fontana)  : un dossier de ces archives jusqu’alors ignoré apparaît sous le numéro 2942 au nom de Pasolini, sur sa vie privée et professionnelle, pour découvrir ce qu’il savait vraiment sur les auteurs de ces attentats, après son documentaire Douze décembre  (1972), qui affirmait que c’étaient des crimes d’État alors que le SID continuait à poursuivre la «  piste rouge  » des anarchistes ; une autre pièce révèle que le chef des services secrets, au lieu d’aider la justice, faisait disparaître les preuves de la culpabilité des néofascistes Freda et Ventura (condamnés par la suite) pour permettre leur fuite en Espagne. D’autre part, on découvre que Pasolini avait échangé une longue correspondance avec Giovanni Ventura, le terroriste d’extrême droite en liaison avec le SID, pour le persuader de dire tout ce qu’il savait sur les bombes placées dans les trains de 1969 et sur les autres attentas d’extrême droite, couverts par l’État italien pour justifier la stratégie de la tension et permettre à la Démocratie Chrétienne de conserver son pouvoir. Ventura est alors en crise, prêt à collaborer avec la justice, il avait déjà reconnu sa responsabilité dans16 attentats  ; et déjà le 14 novembre 1974, Pasolini déclarait dans un article du Corriere della Sera  :  «  Je sais. Je sais les noms des responsables de ce qu’on appelle le ‘golpe’ (et qui en réalité est une série de ‘golpe’ instituée en système de protection du pouvoir). Je sais les noms des responsables du massacre de Milan le 12 décembre 1969. Je sais les noms des responsables des massacres de Brescia et de Bologne des premiers mois de 1974. Je sais les noms du «  sommet  » qui a manœuvré…  » (reproduit dans Scritti corsari, Garzanti, 1975, pp 111-117. Traduction française, Flammarion, 2009). On retrouve aussi des témoignages d’habitants de l’Idroscalo d’Ostie faisant état en 2010 de la présence d’une seconde voiture sur les lieux du crime. Un nouveau procès permettrait peut-être maintenant de découvrir non seulement la vérité sur l’assassinat de Pasolini mais aussi celle des crimes couverts par l’État italien de cette époque. * Le site formiche.net publie le 02 novembre une série de photos d’Umberto Pizzi sur la passion de Pasolini pour le football  : «  Après la littérature et l’éros, pour moi le football est un des grands plaisirs  ». 4. Nouvelles culturelles. * le Gouvernement a annoncé que le problèmes des paquebots dans la lagune de Venise était réglé, mais pour les militants du Comité contre les Grands Navires à Venise («  NoGrandiNavi  »), ce ne sont que des discours. En réalité, le grand Comité qui devait prendre une décision le 6 novembre dernier n’a eu aucune valeur juridique, disent-ils  : la Loi prévoit que pour prendre des décisions valables, il fallait la présence de 4 ministres et du Président du Conseil, or ce dernier était absent ainsi que trois des 4 Ministres prévus, seul Graziano Delrio était à la réunion, ce qu’ils ont décidé est donc sans valeur. Une fois de plus, on retarde la décision  sur ce problème qui dérange ! * Les restaurations d’Ostie vont pouvoir avancer encore plus vite. Déjà le decumanus est revenu à sa grandeur initiale, avec les 187 boutiques et bâtiments de son côté droit, lieux moteurs de sa renommée antique à partir de Porta Romana sur 670 mètres le Monument Républicain, le Temple Collégial, le siège des Augustales, le Temple de Mithra (Temple des Serpents, et ses grandes fresques), les Thermes de «  l’Invidioso  » (l’Envieux) et ses mosaïques de figures marines. Dans votre prochain voyage à Rome, ne manquez jamais la visite d’Ostie. Ci-dessous quelques photos de la ville ancienne restaurée. ` * Nouvelles du passé de l’histoire. Le «  cheval de Troie  » n’aurait pas été un cheval, mais un navire  : c’est ce qu’affirme un chercheur italien de l’Université d’Aix-Marseille, Francesco Tiboni, qui montre que la légende viendrait d’une fausse traduction du grec. Le mot grec «  hippos  » désignait le cheval mais aussi un type de navire phénicien dont la figure de proue (la  «  polena  ») représentait une tête de cheval, d’où l’erreur. Le cheval n’avait jamais été une machine militaire pour assiéger une ville, et les Troyens auraient été stupides de se tromper comme ils l’ont fait sur cet objet abandonné sur la plage par les Grecs. Virgile rappelle dans l’Énéide (Livre II, vers 14-20) cet épisode emprunté à Homère, mais sa description du «  cheval  » fait plutôt penser aux flancs d’un navire dans lequel on comprend mieux que se seraient cachés des guerriers  : Par l’art divin de Pallas, ils construisent un cheval De la hauteur d’une montagne et ils en tissent les flancs de sapin  : Ils simulent un vœu pour leur retour, le bruit se répand. Là dans son flanc obscur, ils enferment en cachette Les corps de héros choisis à l’avance et tirés au sort, et les vastes Et profondes cavernes du ventre, ils les remplissent d’hommes en armes. Ces flancs tissés de sapin font bien penser à la courbe d’un flanc de navire, mais l’image du cheval est tellement plus poétique  ! Et Virgile n’était pas un historien mais un grand poète, il a donc opté pour le cheval, et on continuera toujours à parler du «  cheval de Troie  ». Si vous souhaitez relire l’Énéide, prenez la nouvelle traduction en prose de Paul Veyne (Albin Michel - Les belles lettres, 2012) qui en fait un magnifique et passionnant roman (430 pages, 24€). Halloween rapporte-t-il plus que la fête des saints  ? Cette fête du 31 octobre est d’origine païenne très ancienne  : c’est une fête folklorique anglo-celte célébrée à la veille de la Toussaint chrétienne  ; son nom vient de l’anglais  All Hallows-Even (La veille de tous les saints), héritage d’une ancienne fête celte (Samain) célébrée à l’automne comme fête du nouvel an  ; elle est encore populaire en Écosse, en Irlande et au Pays de Galles. Par la suite, c’est le pape Grégoire III (731-741) qui déplaça la fête des saints de Pâques ou mai au 1er novembre pour christianiser la fête celte. Ce sont ensuite les Irlandais et les Écossais émigrés qui l’introduisent aux États-Unis à partir de 1845. Ses célébrations ont souvent un rapport avec l’évocation de la mort. La fête est aussi popularisée par l’écrivain américain Washington Irving  (1783-1859) dans une nouvelle de 1819, influencée par la littérature allemande, La légende de Sleepy Hollow. Halloween a eu un succès foudroyant et des retours en arrière, en France comme en Italie, où on se demande parfois pourquoi elle l’emporte sur les fêtes des saints  ? Simplement, répond-on généralement, parce qu’on en a fait un business  : en Italie en 2016, la fête aurait rapporté 300 millions d’euros aux commerçants, un million rien qu’à Milan. C’est sans doute plus que le coût des fleurs que l’on porte au cimetière le 1er novembre. Et puis c’est une fête  ! Culturellement, il faut bien reconnaître que Noël, fête de la naissance du Christ à l’origine, est devenue pour une majorité la fête du Père Noël (venu aussi des Etats-Unis et popularisé aussi par Washington Irving), qui devient essentiellement commerciale. Halloween est un autre aspect de cette évolution de nos sociétés capitalistes où la rentabilité financière l’emporte sur toute autre valeur humaine. Réfléchissons-y et trouvons d’autres traditions à valoriser  ? Et après tout, l’Église chrétienne n’a-t-elle pas repris la fête de Noël de fêtes romaines païennes  ? Allons-nous vers de nouvelles traditions religieuses  ? – L’Auteur-compositeur-interprète Franco Battiato vient d’être victime d’un grave accident domestique (une chute dans sa maison) qui lui a provoqué la rupture du bassin et du fémur. Il a dû annuler tous ses concerts prévus en novembre, et il devra assumer un longue période de convalescence qui ne lui permet de programmer actuellement aucune date. – Nous avons déjà parlé des difficultés de la grande journaliste de la TV Milena Gabanelli. Aujourd’hui, elle a réglé ses comptes avec la RAI, elle a envoyé sa démission à la direction de la chaîne, Via Mazzini, en communiquant qu’elle arrêtait son activité à partir du 15 novembre et qu’elle refusait l’offre qui lui avait été faite de développer un portail Web et de reprendre son émission historique Report. La proposition qu’elle avait faite au directeur général d’une émission de 4 minutes sur un fait donné a été refusée. C’est un échec pour le nouveau directeur de RaiNews, Mario Orfeo, ami de Renzi et nommé par lui. Milena Gabanelli voulait développer un portail Web ouvert à tous les 1600 journalistes de la RAI, alors qu’Orfeo le limitait à une vingtaine de journalistes. Plus de 190.000 Italiens avaient signé une pétition pour demander que Milena Gabanelli soit reprise à la RAI. 5. Pourquoi seulement l’armée le 4 novembre  ? Qu’est-ce que la fête du 4 novembre  ? La célébration de la fin de la guerre de 1915-1918 en Italie, l’armistice de Villa Giusti, à Padoue entre l’Empire Austro-Hongrois et l’Italie. L’armistice qui marquait la victoire de l’armée italienne après la bataille de Vittorio Veneto, sous la direction du général Armando Diaz, ne fut pourtant pas un succès pour l’Italie  : on lui avait promis l’annexion du Trentin, le Tyrol méridional, de la Venezia Giulia (le Frioul), de toute la péninsule de l’Istrie (sauf Fiume), une partie de la Dalmatie, quelques îles de l’Adriatique, une ville albanaise (Valona), le bassin carbonifère d’Adalia en Turquie et la confirmation de sa souveraineté sur la Libye et le Dodécanèse. Mais les nations de la Triple Alliance ne lui accordèrent finalement que le Trentin, le Haut-Adige, l’Istrie et Trieste. En tout cas c’est pour cela qu’on célèbre le 4 novembre la journée de l’Unité Nationale, que l’on ne doit pas confondre avec l’anniversaire de l’Unité d’Italie, le 17 mars, célébration du 17 mars 1861 où fut proclamé le Royaume d’Italie et qui a  été fêté solennellement en 1911 (50 ans), 1961 (100 ans) et 2011 (150 ans). En 2012, le Parlement a décidé qu’elle serait fêtée maintenant toutes les années. Ce n’est pas un jour de fête férié, mais le jour de grandes manifestations, car c’est la Fête de l’Unité Nationale et des Forces Armées, dont aujourd’hui on se souvient moins. Le 4 novembre 2017 a été célébré par beaucoup de manifestations, dépôt de fleurs sur la tombe du soldat inconnu de l’Autel de la patrie à Rome par le président de la République et les plus hautes personnalités de l’État, cérémonies militaires dans 28 villes italiennes, passage des Flèches Tricolores dans le ciel de Rome, etc. Mais beaucoup d’Italiens se demandent pourquoi cette journée est surtout  célébrée par des manifestations militaires, alors que ce jour est aussi et d’abord un deuil et une fête de la paix  ? Beaucoup d’associations et de villes se désolidarisent de manifestations organisées en honneur de l’armée et finalement de la guerre, contre une Constitution qui proclame sa recherche de la paix  ; les Verts ont parfois, comme, par exemple en Campanie organisé des défilés pour une autre politique de l’environnement. On en parle moins que des grands défilés militaires, mais c’est sans doute aussi important, si on tient compte des pressions de l’administration pour célébrer le «  Forces armées  ». Notre société est structurée selon une logique de violence et de guerre, elle dépense des sommes folles en production militaire, elle en tire aussi des bénéfices énormes. Le mode de célébration militaire du 4 novembre en Italie est une occasion d’y réfléchir.                                                    Jean Guichard, 26 novembre 2017
Renzi et Eugenio Scalfari, en novembre 2017