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              Nouvelles de ces derniers temps : édition du 18 mars 2018
Nouvelles de ces derniers temps - 18 mars 2018 * Après les élections législatives, l’incertitude Nous n’avons pas parlé de la campagne électorale des élections du 04 mars : d’une part la presse française en a beaucoup parlé et vous étiez informés, d’autre part elle était sans intérêt réel, pas de rencontres de fond entre les candidats, pas de débats, une somme de promesses éclatantes (baisse d’impôts pour 200 milliards, réforme des retraites, suppression de la vignette automobile et de la taxe sur l’habitation principale, etc.), beaucoup d’insultes et de fausses nouvelles, mais peu de choses et sur les bilans, et sur les programmes d’avenir. L’avenir semble uniquement marqué par l’absence de classe dirigeante politique digne de ce nom. Et après les bouleversements politiques de 1992-1994 (Tangentopoli  et l’arrivée de Berlusconi), l’Italie semble entrer encore dans une nouvelle ère, est-ce une « troisième République » ? Et il ne suffit de qualifier tous les partis de « populistes », « populistes d’en haut » pour Renzi et Berlusconi, et « populistes d’en-bas » pour la Ligue et le M5S, cela n’explique rien. Les résultats ? D’abord une abstention de 27,1% de votants, le pourcentage le plus haut depuis1948 et qui a touché en premier lieu la gauche, déçue et parfois écœurée par les comportements des partisans de Matteo Renzi. On a vu à plusieurs reprises des électeurs, surtout de gauche,  brûler leur carte d’électeur sur la place publique. Ensuite aucune majorité parlementaire ne s’est dessinée  : le M5S, premier parti d’Italie dorénavant, obtient 32,68% des voix à la Chambre (32,22% au Sénat), mais il est dépassé par la coalition de centre-droit qui obtient 37% à la Chambre, 37,49% des voix au Sénat (la Ligue 17,37% et 17,63, Forza Italia 14,01% et 14,43% au Sénat, e I Fratelli d’Italia 4,35% à la Chambre et 4,26 au Sénat). L’UDC alliée au centre droit obtient 1,30% et 1,19% au Sénat. La coalition de centre droit n’a que 265 sièges. À gauche, le PD obtient le pourcentage le plus bas de son histoire, 18,72% à la Chambre et 19% au Sénat, Liberi e Uguali (3,39% à la Chambre) dépasse le seuil de barrage de 3%. + Europa d’Emma Bonino n’a que 2,55% et 2,36% au Sénat. L‘extrême-gauche de Potere al Popolo n’a que 1,13% des voix à la Chambre et 1,06 0% au Sénat, les Radicaux un peu plus de 2%, l’extrême-droite (Casa Pound, 0,95% à la Chambre et 0,85% au Sénat, Forza Nuova, 0,37%, moins de 1%), ils sont tous éliminés. Le 23 mars prochain, quels présidents de chambres pourra-t-on élire ? Et après, quel gouvernement, avec quelle majorité ? Le centre droit a à peu près 265 sièges (il en faut 310 + 1 pour avoir une majorité), le centre gauche 136, M5S 227 (premier groupe parlementaire à la Chambre) Les femmes parlementaires n’étaient que 31% aux élections de 2013 (198 à la Chambre, 86 au Sénat), moins qu’en Allemagne (36%), en Belgique (38%) ou en Espagne (43%). Elles sont maintenant 185 sur 630 députés et 86 sénatrices sur 315, bel exemple d’une «  parité » légale qui prévoit 60% d’hommes et 40% de femmes. Elles ont été désavantagées parce que les collèges uninominaux sûrs ont été réservés à des hommes, favorisés aussi par le choix des pluricandidatures, par exemple Maria Elena Boschi, a été élue à l’uninominal mais éliminée par les 4 hommes candidats à la proportionnelle. La Ligue a gagné surtout au Nord, mais aussi dans plusieurs centres du centre et du sud, même à Macerata où un de ses militants a agressé et blessé plusieurs Africains, la Ligue a obtenu 21% des voix : son thème dominant de la lutte contre l’immigration a été payant, même auprès d’électeurs traditionnellement proches du PD : 41% de ses électeurs auraient placé l’immigration en tête de leurs préoccupations, contre 21% pour le M5S, 14% pour le PD, 11% pour Forza Italia, 6% pour Fratelli d’Italia. le chômage et la pauvreté passent au second plan, alors qu’en 2016, le taux de chômage était de 11,8%, mais de 22,1% en Sicile, de 20,4 en Campanie, de 19,4 dans les Pouilles, de 17,3 en Sardaigne, régions où le M5S a avancé. À la Chambre, le centre droit détient à peu près 262 sièges + 3 de l’étranger, la Ligue 124, Forza Italia 106, Fratelli d’Italia 31, UDC 4. Le M5S en a 225 + 2 de l’étranger. Le centre gauche obtient 131 sièges + 5 de l’étranger : le PD 112, Liberi e Uguali 14, +Europa 2 + 1 de l’étranger, Civica Popolare 2, Insieme 1, et le SVP du Trentin 4. Les candidats d’extrême droite et d’extrême gauche n’ont aucun élu. Au Sénat, le centre droit a 135 sénateurs, la Ligue 58, Forza Italia 56, Fratelli d’Italia 16, l’UDC 5. Le M5S en a 112. Le centre gauche  a 62 sièges  : le PD 51, +Europa 1, Insieme 1, Civica popolare 1, Liberi e uguali 4, +Europa 1, Insieme 1, SVP 3. Les candidats d’extrême droite et d’extrême gauche n’ont aucun élu. I leader di centro destra : Silvio Berlusconi (Forza Italia), Matteo Salvini (Ligue), Georgia Meloni (Fratelli d’Italia), Raffaele Fitto (Unione Centro Democratico - Noi con l’Italia). I leader di centro Sinistra : Matteo Renzi (Partito Democratico), Beatrice Lorenzin (Civica Popolare), Emma Bonino (+Europa), Giulio Santagata (Insieme)  Il leader del Movimento Cinque Stelle : Luigi Di Maio ; Il ne reste plus qu’à attendre le résultat des compromis, des consultations présidentielles et des discussions … sans trop d’optimisme. Quelles alliances ? Ou retour à de nouvelles élections ? Mais rappelons que, vue la complication de la loi électorale Rosatellum, le 16 mars au matin, douze jour après les élections, il manquait encore les résultats de 10 sièges uninominaux et de 24 sections plurinominales ! On attend maintenant les procédures judiciaires qui suivront cet enregistrement incroyablement tardif. * Quarantième anniversaire de l’enlèvement d’Aldo Moro par les Brigades Rouges : le 16 mars 1978, Aldo Moro était enlevé par un commando des Brigades Rouges, et ses cinq gardes du  corps assassinés. Il sera assassiné 56 jours plus tard. Et on est loin de savoir encore tout  sur ses ravisseurs, son procès, ses lieux d’internement et son assassinat le 9 mai 1978. Il était peut-être, lui aussi, aussi corrompu que beaucoup d’autres dirigeants démocrates-chrétiens (comme a osé le dire Giorgio Gaber dans sa chanson Io se fossi Dio, de 1980), mais il avait le sens de l’importance des partis, DC comprise d’abord, pour la sauvegarde de la démocratie italienne. On peut en ce sens rappeler sa qualité d’homme d’État, dans un pays où la République se décompose au gré d’élections où chacun ne cherche que sa réussite personnelle et la poursuite de son pouvoir personnel, à la mode de Renzi à la suite de Berlusconi. C’est pour maintenir cette solidité de l’État qu’il s’était battu pour la réalisation du «  compromis historique » avec le Parti Communiste d’Enrico Berlinguer (1922-1984), qu’il allait sceller au Parlement quand il a été enlevé. C’est aussi ce qui fait encore la valeur de la Constitution italienne votée par une Assemblée Constituante à laquelle Aldo Moro avait participé, et que Renzi voulait liquider. On peut discuter de l’intérêt du « compromis historique », mais à un moment où le Parti Communiste était encore un grand parti de masse, son alliance avec la Démocratie Chrétienne aurait pu sceller une autre forme d’union entre deux grandes forces de résistance antifasciste, rééquilibrer l’Europe, et éviter la dégradation qui les conduit à Tangentopoli en 1992, et qui permet l’arrivée au pouvoir de Berlusconi en 1994. Que serait l’Italie d’aujourd’hui si existaient encore ces deux grands partis politiques ? Et il faut s’interroger sur le rôle des États-Unis dans la force secrète qui s’opposa au compromis historique et fit assassiner son promoteur, Aldo Moro (1916- 1978). Rappelons aussi que c’est en partie en réponse à l’enlèvement d’Aldo Moro que l’État italien renforça le développement de ses services d’antiterrorisme : c’est le 24 octobre 1977 qu’avaient été créés le SISMI (Servizio per le informazionie la Sicurezza Militare) au Ministère de la Défense et le SISDE (Servizi per le informazioni e la Sicurezza Democratica) au Ministère de l’Intérieur, et en 1978 le NOCS (Nucleo operativo centrale di sicurezza) et le GIS (Gruppo di intervento speciale) ; à la fin des années ’80, le NOCS rentre dans l’actuelle Direzione centrale delle polizia di prevenzione. L’efficacité de ces services fut parfois grande comme en janvier 1982 pour la libération du général américain James Lee Dozier. Voir ci-contre la découverte du cadavre d’Aldo Moro dans le coffre d’une 4L Aujourd’hui, après l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, les services italiens se sont adaptés, les carabiniers ont créé l’API (Aliquote di pronto intervento), et la police les UOPI (Unità operative di pronto soccorso) plus décentralisés en de nombreux centres, qui doivent servir à la défense des citoyens tout en se gardant de toute intervention contre les opposants politiques au régime actuel… Pour en savoir plus sur l’enlèvement d’Aldo Moro, on pourra se reporter, à partir de sa sortie le 12 avril 2018, au livre de Paolo Cucchiarelli, L’ultima notte di Aldo Moro, qui fait suite à son ouvrage précédent de 2016, Morte di un presidente. Ce livre révèle sans doute en Italie ce qu’on ne savait pas encore avec précision, mais que la magistrature et les institutions américaines connaissaient parfaitement. C’est aussi l’occasion de relire le beau livre de Leonardo Sciascia, L’affare Moro, Automne 1978, Sellerio, et traduction française, L’Affaire Moro, Grasset, les Cahiers Rouges, 1978 : « ‘Si ce crime était perpétré, une spirale effrayante s'ouvrirait, que vous pourriez affronter. Ce serait votre déroute’, écrivait la direction du parti démocrate-chrétien italien, le 21 avril 1978, Aldo Moro, enlevé par les Brigades rouges, et détenu depuis plus d'un mois dans une "prison du peuple". Par l'analyse des lettres de captivité de Moro et des communiqués des Brigades rouges, Leonardo Sciascia montre qu'une issue était possible. L'offre d'échange émise par les B.R. devait être prise au sérieux. Mieux, ils se seraient contentés, parmi les treize prisonniers qu'ils réclamaient, de quelques-uns ou même un seul. Car Aldo Moro, éminent politicien, avait su semer chez ses geôliers le doute et l'incertitude. Le gouvernement italien, les partis politiques (à l'exception des socialistes), le pape Paul VI, partagent donc une écrasante responsabilité. Il faut suivre pas à pas la démonstration de Sciascia : s'il défend aujourd'hui le président de la Démocratie chrétienne qu'il a toujours combattu politiquement, c'est que dans cette ténébreuse affaire, seul Aldo Moro a fait preuve de lucidité. Et seul aussi il a fait preuve, simplement, d'humanité, défendant moins sa propre vie que la valeur de la vie humaine face à tous les appareils de pouvoir ». Un grand livre prophétique sur la réalité de l’Italie, en un sens très « pasolinien », encore actuel et à lire avec grand intérêt. * La chanson italienne est toujours la grande oubliée Le festival de Sanremo s’est déroulé comme d’habitude pendant cinq jours. Comme d’habitude il a été presque ignoré par la presse et par les médias français, bien que les spectateurs de la télévision italienne  aient été presque 11 millions. Le Monde du 22 février 2018, qui n’en avait pas parlé, sauf  erreur, depuis l’année où Celentano était intervenu (mais n’avait pas chanté) rémunéré par une somme pharaonique pour ¾ d’heure de monologue (mais cela n’avait rien à voir avec la chanson), consacre deux paragraphes au Festival dans un article, qui ne parle que de deux chansons : de celle de Fabrizio Moro et Ermal Meta, classée première, Non mi avete fatto niente, il écrit qu’elle est « récitée  sur un mode aussi épouvanté qu’épouvantable » : or elle n’est que médiocre, se contentant de faire au début une liste des attentats islamistes pour conclure en refrain qu’ils ne leur ont rien fait, sans autre réflexion réelle sur ces événements. De l’autre chanson, classée seconde, Una vita in vacanza, du groupe Lo Stato Sociale (cf. image ci-contre), accompagné d’une danseuse célèbre de 83 ans, il ne dit pratiquement rien, alors qu’elle a suscité une quantité de commentaires. Il est vrai que le décolleté de la présentatrice Michelle Hunzinger (ci-dessous) était un des attraits peu musicaux du festival. Il faut cependant signaler la tentative peu réussie du Festival de se requalifier en invitant d’anciens grands chanteurs, Claudio Baglioni (67 ans) comme présentateur, Ornella Vanoni (84 ans), Ron (65 ans), Enzo Avitabile (63 ans), Luca Barbarossa (57 ans), etc. Par contre, Aureliano Tonet fait ensuite un commentaire intéressant des groupes actuellement dominants dans ce qu’il appelle le « chaos » de la chanson italienne, distinguant les cantautori dont le nom est en      « co » et ceux dont le nom est en « ca » : Cosmo (Ivrea), le duo Coma_Cose  (Milan), Colapesce (Catania - Sicile), Colombre (Marches), Jacopo Incani - Iosonouncane  (Sardaigne), Carl Brave (Carlo Coraggio) e Franco 126 (Rome), et puis Liberato (Naples), Andrea Laszlo de Simone e Andrea Poggio (Lombardie). Ce n’est pas exhaustif mais c’est un bon résumé de la chanson actuelle. Au contraire, dans un numéro récent de Télérama (N°3551 du 31 janvier 2018) paraît un article de deux page sur Sanremo, quelques descriptions de monuments, mais l’auteur ne semble pas savoir que Sanremo est un des centres de la chanson italienne, avec ses deux Festivals, celui de février sur la chanson de variétés, celui d’octobre/novembre sur la chanson d’auteur, organisé par le Club Tenco, aucune allusion au Théâtre de l’Ariston et au Casino comme hauts lieux de la chanson. Étrange oubli ! Il est vrai que l’article est consacré au Sanremo d’Italo Calvino ; mais celui-ci n’a-t-il pas écrit aussi pour Cantacronache sept chansons que le Club Tenco de Sanremo avait tenu à reprendre dans son Festival de 1985 pour célébrer la mort de l’auteur ? Mais l’auteur de l’article le savait-il ? Ce ne sont que des chansonnettes … * Petites nouvelles culturelles :  Parme sera en Italie la capitale de la culture en 2020 (Voir le site : comune.parma.it).  – La Galleria Civica d’Arte Moderna (GAM) de Turin présente une exposition de 60 œuvres de Renato Guttuso (1911-1987), jusqu’au 24 juin 2018, L’arte rivoluzionaria nel cinquantenario del ’68, une occasion de connaître ce grand peintre du XXe siècle., de Bagheria (Sicile), qui fut un résistant antifasciste actif, et un des principaux intellectuels communistes italiens de l’après-guerre. – Au Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Paris, une grande exposition sur le Tintoret (1518-1594) pour célébrer le 500e anniversaire de la naissance du peintre, du 7 mars au 1er juillet 2018. Tintoret : Naissance d'un génie A l’occasion du 500e anniversaire de la naissance du Tintoret, le Musée du Luxembourg célèbre l’un des plus fascinants peintres de la Renaissance vénitienne. L’exposition se concentre sur les quinze premières années de sa carrière, période décisive et déterminante pour comprendre comment il se construit. Elle propose ainsi de suivre les débuts d’un jeune homme ambitieux, pétri de tradition vénitienne mais ouvert aux multiples nouveautés venues du reste de l’Italie, décidé à renouveler la peinture dans une Venise cosmopolite. Peinture religieuse ou profane, décor de plafond ou petit tableau rapidement exécuté, portrait de personnalité en vue ou d’ami proche, dessin ou esquisse… les œuvres rassemblées rendent compte de la diversité du travail de Tintoret et de sa volonté de frapper l’œil et l’esprit par son audace. L’exposition retrace en définitive l’ascension sociale d’un homme d’extraction modeste, fils de teinturier, qui, grâce à son talent, parvient à s’élever dans la société, à s’imposer et à se faire un nom sans rien oublier de ses propres origines.                                           Jean Guichard, 18 mars 2018  
Bureau de vote en 2018
Réunion électorale du M5S à Rimini
A droite, Collegi uninominali Chambre des Députés : Bleu = centre droit ; Rouge = centre gauche ; Jaune = M5S. A gauche  le Sénat.
Tintoret, Caïn et Abel, vers 1538- 1539, Budapest