Nouvelles de ces derniers temps : édition du 17 avril 2017
Nouvelles de ces derniers temps du 17 avril 2017
1) Deux affaires au Vatican : pédophilie ecclésiastique, Ordre de Malte.
Voir dans “Actualités religieuses” notre dossier “Deux affaires au Vatican, la pédophilie ecclésiastique, l’Ordre de Malte”.
On nous demande parfois pourquoi, dans un site sur l’Italie, nous parlons aussi souvent du Vatican. Tout simplement parce qu’on ne comprend
pas exactement ce qui se passe en Italie si on ne voit pas le pouvoir religieux et politique que le Vatican y exerce encore, directement ou par le biais de
la CEI (Conférence Épiscopale Italienne). Il arrive encore souvent que le Vatican (État souverain mais situé sur le territoire italien, à Rome, centre
traditionnel de l’Église Catholique) intervienne directement dans la vie politique italienne, mais c’est le plus souvent par une Démocratie Chrétienne liée
aux paroisses locales que la religion intervient ; la DC n’existe plus en tant que parti depuis 1992, éliminée par le scandale de “Tangentopoli”, mais la
tendance centriste démocrate-chrétienne est toujours là, puissante jusque dans le Parti Démocrate (PD), ex-Parti Communiste Italien, maintenant sous la
coupe d’un homme formé par la DC, Matteo Renzi
2) Livres sur la chanson italienne.
Dans le chapitre “Chansons”, voir le compte-rendu de plusieurs livres récents sur la chanson italienne et française (Brassens, de mère italienne).
3) L’usine FIAT avait aidé la Résistance antifasciste.
Signalons un autre ouvrage intéressant sur l’histoire de la FIAT : Sergio Favretto, Una trama sottile. Fiat : fabbrica, missioni alleate e Resistenza,
Seb27 Editore, 2017, 224 pages, 18€. L’historien a repris des témoignages d’acteurs de l’époque, de la FIAT, de la
Résistance antifasciste et des Services de Renseignement américains, pour montrer quels furent les rapports de la FIAT avec
les résistants antifascistes, entre 1943 et 1945. Il montre qu’il y eut une collaboration silencieuse, prudente et permanente des
dirigeants de la FIAT avec les forces alliées et la Résistance ; il détaille les aides techniques et financières importantes
apportées par les dirigeants (par exemple fourniture d’argent et d’essence), les informations qu’ils donnaient aux services alliés
sur le matériel fourni aux Allemands et sur les bombardements à effectuer, les aides apportées par eux à toute la population de
Turin, et d‘abord aux familles des ouvriers de l’usine, et comment ils participèrent aux recherches sur la société à reconstruire
après la Libération.
Vittorio Valletta, alors Administrateur Délégué de la FIAT, fut menacé après la guerre d’un procès d’épuration et il dut se
cacher quelques semaines hors de Turin en mai 1945 pour préparer un dossier d’information sur l’aide apportée à la
Résistance, destiné aux autorités judiciaries. Et le procès n’eut pas de suite.
Favretto se demande si les dirigeants de la FIAT ne firent que préparer leur survie après la chute du fascisme, ou s’ils ne furent
pas aussi inspirés par une volonté plus noble de lutter contre le fascisme et d’instaurer une société démocratique. En tout cas,
un moment d’histoire de Turin et de la FIAT apparaît maintenant de façon plus précise.
Sergio Favretto (Casale Monferrato, 1952) est avocat et historien, auteur de plusieurs ouvrages sur la Résistance antifasciste.
4) TURIN : Puisque nous sommes à Turin, signalons que le clocher du Dôme est en cours d’analyses destinées
à savoir à quelle force de tremblement de terre il pourrait résister. Le clocher, haut de 62 mètres, a été construit
à des périodes différentes, du XVe siècle à l’époque baroque, et avec des matériaux composites. Dès la fin des
analyses, cet été, les experts provoqueront sur ordinateur un tremblement de terre fictif qui permettra de connaître
les capacités de résistance de l’édifice.
Et sur un autre plan, la presse nous informe que le gouvernement Monti avait commis une erreur dans le calcul des
fonds destinés à la commune de Turin et la Maire de Turin
a réclamé à l’État 61 millions d’euros, dette reconnue
par le gouvernement Gentiloni, sur le principe sinon sur le
montant de la dette. Cela provoque un conflit dans le PD
entre Piero Fassino, l’ancien Maire PD qui avait déjà
réclamé cet argent et qui soutient donc la demande de
Chiara Appendino, et la ministre PD Maria Elena Boschi qui
nie la dette. La Maire a appelé la population à la soutenir dans sa réclamation et elle a entre
autres le soutien des associations culturelles, du Musée du Cinéma et de tous les musées qui
espèrent ainsi récupérer les 5,8 millions d’euros de subventions qui ont été supprimés du budget
prévisionnel 2017 de la ville par manque d’argent.
Un autre point d’accrochage entre le M5S et le PD, occasion de conflit interne au PD.
5) Marine Le Pen et la Ligue du Nord contre le Pape sur le problème des immigrés.
Marine Le Pen a déclaré à La Croix qu’elle était “très croyante”, mais très en colère contre les interventions ”politiques” du Pape quand il dit que les
États ont le devoir d’accueillir plus d’immigrés, c’est une “ingérence” dans la vie politique qui est inacceptable, “contraire à la laïcité”. Elle dit aussi qu’elle
organisera un référendum contre le mariage pour tous … et probablement, si le Pape l’approuve, ne sera-ce pas une ingérence politique … ? Il s’agit
surtout aujourd’hui de séduire les Catholiques de droite, partagés entre elle et François Fillon.
Quant à Matteo Bianchi, Secrétaire de la Ligue du Nord de Varese, qui représente la Ligue au Comité européen des régions de Bruxelles, il s’attaque à la
position du Pape quand il demande une extension des permis humanitaires en faveur des immigrés, “position honteuse et pleine de démagogie”. Et il
appelle les catholiques à faire la grève du 8 pour mille (la somme que les citoyens peuvent déduire de leurs impôts en faveur d’une Église), et de
frapper ainsi l’Église catholique au portefeuille. C’est curieux, au moment où la Ligue se met à valoriser les “valeurs chrétiennes”, là aussi pour gagner
des voix catholiques, qu’elle porte une telle attaque contre l’Église. Le journaliste de Il Fatto Quotidiano demande : “ Et si à la grève du 8 pour mille les
églises répondaient par une grève des sacrements ? “.
6) La thèse d’une Ministre en partie copiée. Autres exemples français et allemands.
Il Fatto Quotidiano du 28 mars indique qu’une enquête fait apparaître que la Thèse de Marianna Madia (photo ci-contre), Ministre
de la Simplification et de l’Administration Publique, comporte sur 94 pages 35 pages copiées d’autres publications sans
guillemets et sans références. La Thèse en anglais sur la flexibilité du marché du travail a été présentée en 2008 à l’École Imt des
Hautes Études de Lucca. Quelquefois, l’auteur de la thèse a seulement changé un mot dans les passages plagiés (Voir aussi la
discussion entre le Professeur Perotti, de la Bocconi, et Stefano Feltri, sur Il Fatto Qotidiano du 13 avril 2017).
Cette pratique est sévèrement jugée dans les milieux universitaires : en 2011 le ministre de la Défense allemand, Karl-Theodor zu
Guttenberg , avait été obligé de démissionner et d’interrompre sa carrière politique pourtant prometteuse, parce qu’il avait été
convaincu de plagiat dans sa thèse de Droit (Cf. le Figaro du 01/03/2011, qui rappelle que plus de 50.000 universitaires avaient
signé une lettre de protestation adressée à Angela Merkel qui cherchait à le protéger) ; le titre de “docteur” lui avait été retiré par
l’Université. C’est un groupe d’internautes qui a décidé d’examiner la validité des thèses présentées par des personnages politiques.
Récemment en France, l’Express du 29 novembre 2016 (voir aussi Le Monde du 5 décembre 2016) a révélé que de nombreux cas
de plagiat avaient été relevés dans le dernier livre du philosophe et physicien Étienne Klein, accusé d’avoir repris de nombreux
passages d’autres publications sans guillemets ni référence, en changeant simplement ou en ajoutant un mot par-ci par-là ; il serait
coupable de plusieurs autres plagiats. Un décret serait en cours de signature, lui retirant la présidence de l’IHEST (Institut des
Hautes Études pour la Science et la Technologie) à laquelle il venait d’être nommé. Étienne Klein est une grande personnalité de la
science française, et il arrive un moment où l’on a atteint un tel niveau et livré un tel nombre de publications que l’on se croit permis
de faire n’importe quoi, sans même plus s’en rendre compte ! Qui s’en apercevra et osera en parler ? Mais alors quelle confiance
peuvent faire encore les citoyens, les auditeurs de la TV, les étudiants, à ces “maîtres” pervertis ?
7) Un numéro special du Monde Magazine sur “Milan, temple du goût”.
Le Magazine du Monde du 1er avril 2017 consacre dans son numéro environ 80 pages au design milanais.
Beaucoup d’informations (et de
publicités) sur la question, mais aussi
sur les changements intervenus à
Milan depuis 10 ans.
Intéressant à consulter.
8) L’Italie n’a toujours pas de loi électorale.
L’Italie n’a pas encore la possibilité d’organiser des élections parce qu’elle n’a plus de loi électorale pour le Sénat : souvenez-vous que le référendum du
4 décembre 2016 a vu la victoire du Non, et comme Renzi avait prévu la victoire du Oui, il n’avait fait voter une loi que pour la Chambre des Députés, le
Sénat devant être supprimé. Il faut donc maintenant voter une nouvelle loi.
Si vous voulez être bien informés sur la loi votée pour les 630 députés, reportez-vous au site
.http://www.camera.it/application/xmanager/projects/leg17/attachments/infografica/pdfs/000/000/003/NSE_DEFINITIVA.pdf.
Le choix d’une loi ne sera possible que lorsque le PD aura choisi son nouveau secrétaire national lors de son prochain Congrès du 30 avril 2017. En
attendant on discute et on polémique, entre les diverses tendances du PD, le parti de Silvio Berlusconi, La Lega Nord de Matteo Salvini et le Mouvement
5 Étoiles (M5S). Un des points en discussion est celui du blocage des têtes de listes : si on peut exprimer des préférences sauf pour les têtes de listes
qui sont alors automatiquement élues si la liste gagne le siège, cela veut dire qu’un nombre important de sièges sera choisi par le parti auquel appartient
la tête de liste, en somme nommée et non élue. Il semble que Matteo Renzi serait prêt à céder sur ce point et à renoncer au blocage. Le gouvernement
Gentiloni n’intervient pas, se donnant seulement pour but de “faciliter” le dialogue entre les parties en présence. Attendons et observons.
Jean Guichard, 17 avril 2017