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              Nouvelles de ces derniers temps : édition du 2 août 2018
Nouvelles de ces derniers temps - 02 Août 2018 1) * Avec les « hurlements » de Salvini, le racisme progresse en Italie. On parle trop peu des agressions raciales qui se multiplient en Italie et dont beaucoup considèrent que les hurlements de  Salvini contre les migrants ne font que les encourager. L’opposition de l’Église catholique à Salvini est forte à cause de ses positions sur les migrants et Famiglia Cristiana sort avec en couverture l’inscription « Vade Retro Salvini ». Sur Salvini, voir Il fatto Quotidiano du 1er août 2018 et retenir sa déclaration sur la nécessité de « nettoyer l’Italie » de ses immigrés par tous les moyens y-compris la force. Dans la nuit du 29 au 30 juillet une jeune nigériane a été agressée par une voiture d’où on lui a jeté un œuf  à la tempe. On n’en a parlé que parce qu’il s’agissait de Daisy Osakue, née à Turin de parents nigérians, un des grands espoirs de l’athlétisme italien (lancer de disque) qui doit représenter l’Italie aux prochains championnats d’Europe. Cet attentat suit celui de février à Macerata, le meurtre du militant syndicaliste malien Soumaïla Sacko à Vibo Valentia le 3 juin, et la dizaine d’attentats contre des immigrés qui ont eu lieu depuis, et le meurtre d’un Marocain à Latina dans la nuit du 28 au 29 juillet. À l’Asl (Azienda Sanitaria Locale, ancienne USL, Unità  …) de Giulianova, un italo-sénégalais s’est entendu accueillir par ces mots : « Ici ce n’est pas le bureau du vétérinaire », un noir est comme une bête pour certains italiens. Récemment Matteo Salvini s’est fait publiquement photographier avec  la publicité d’un T-shirt portant le mot d’ordre des SS nazis « L’offense est la meilleure défense ». Roberto Saviano, l’auteur de Gomorra,  a publié un long texte sur Salvini, traduit dans le Monde, très fort et très juste. Salvini a porté plainte contre lui pour diffamation. Le Monde des 10-11-12 juillet a écrit 3 pages sur ce personnage, en expliquant son évolution En quatre ans, les actes racistes se sont multipliés par onze en Italie. Le fascisme n’est pas mort dans cette Italie qui avait et a encore une tradition d’antifascisme et d’antiracisme, et dont beaucoup de citoyens ont protégé des Juifs ou des Roms contre les lois raciales de Mussolini. Le 31 juillet dernier, le Corriere della Sera a publié une page de publicité de l’entreprise Astoria Wines avec un visage noir sur le drapeau tricolore italien et l’appel à être intolérants avec l’intolérance. Une belle initiative.l L’Italie comme la France est intoxiquée par le problème de l’immigration lié à celui de la sécurité. Non, l’immigration n’est pas un « problème », elle est simplement une « réalité » à laquelle il faudrait faire face intelligemment, ce dont Trump, L’Europe, Macron et Conte semblent actuellement incapables. Non l’immigration n’est pas la principale source d’insécurité : un rapport de l’Association Antigone publié le 31 juillet en présence de la direction des services pénitentiaires confirme qu’il y a à présent en prison un nombre inférieur d’étrangers condamnés, 0,33% contre 0,71% il y a dix ans. Alors cessons de parler de l’urgence de la criminalité immigrée, abandonnons ce lieu commun dangereux car persistant (Voir Il Fatto Quotidiano du 31 juillet 2018, blog de Susanna Marietti). 2) * Composition du gouvernement Conte - Nous vous donnons la composition complète du gouvernement annoncée le 31 mai 2018, soit presque trois mois après le 04 mars, date des élections du nouveau Parlement. Vous ne l’avez pas trouvée sur votre quotidien habituel, vous connaîtrez maintenant le nom des ministres,18 ministres dont 5 femmes + 6 Vice-ministres et 39 Sous-Secrétaires d’État (en tout sur 63 personnes, 11 femmes, c’est la parité). Pour d’autres précision biographique voir sur Internet : Governo Conte - Il fatto quotidiano 01/06/2018. Président du Conseil (Palais Chigi): Giuseppe Conte, 54 ans, de Foggia, enseignant de Droit privé à Florence et à La LUISS (Libre Université Internationale d’Études Sociales), université privée de Rome, créée en 1974 par Giovanni Agnelli, avec l’aide de la Confindustria (le Medef d’alors) ; il est aussi titulaire d’une grande étude d’avocat ; il votait pour Renzi. Indépendant mais proche du M5S. Sous-Secrétaire à la Présidence du Conseil : Giancarlo Giorgetti (ancien Secrétaire de la Ligue Lombarde), 51 ans, cousin d’un banquier et en contact avec Gianpiero Fiorani de la Banque Populaire de Lodi. Nommé par Giorgio Napolitano dans le « groupe des Sages pour les réformes institutionnelles » en 2013. Serait chargé des Services Secrets et du Sport. et 10 Sous-Secrétaires : Guido Guidesi, Vincenzo Sant’angelo, Simone Valente (Rapports avec le Parlement et Démocratie directe), Mattia Fantinati ( Administration Publique), Stefano Buffagni (Affaires régionales et autonomie), Giuseppina Castiello (Sud), Vincenzo Zoccano (Famille et Handicap), Luciano Barra Caracciolo (Affaires européennes), Vito Claudio Crimi (Édition), Vincenzo Spadafora (Égalité des chances et Jeunes). Ministère des Affaires Étrangères : Enzo Moavero Milanesi, juriste, avocat, 64 ans, de Lodi, proche de Mario Monti, dont il fut Ministre  des Affaires Européennes, ex-commissaire eropéen, proeuropéen. Qualifié « d’eurocrate le plus puissant d’Italie ». Vice-Ministre : Riccardo Antonio Merlo. 3 Sous-Secrétaires : Emanuela Claudia Del Re, Manlio Di Stefano, Guglielmo Picchi. Ministère de l’Intérieur et Vice-Président du Conseil : Matteo Salvini, 45 ans, Secrétaire National de la Ligue depuis 2013. Souverainiste, il fait supprimer « Nord » du nom de la Ligue, et concentre l’activité de son parti sur la sécurité et l’immigration. Il veut « nettoyer les villes des immigrants » en laissant la main libre aux carabiniers et à la police. Souvent violent, verbalement agressif. 4  Sous-Secrétaires : Nicola Molteni et Stefano Candiani de la Ligue, Luigi Gaetti et Carlo Sibilla du M5S. Ministère de l’Économie et des Finances (Mef) : Giovanni Tria, de Rome, 69 ans, Indépendant  de centre-droit, juriste et enseignant d’économie, ex-Président de l’École Nationale de l’administration du Palais Chigi, ex-membre de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) de l’ONU.  2 Vice-Ministres : Laura Castelli (M5S), Massimo Garavaglia (Ligue), 2 Sous-Secrétaires : Massimo Bitonci (Ligue), Alessio Villarosa  (M5S). Ministère du Travail, des Politiques Sociales et du Développement économique et Vice-Président du Conseil : Luigi Di Maio, 32  ans, d’Avellino en Campanie, chef politique du M5S. 6 Vice-Ministres ou Sous-Secrétaires ? : Andrea Cioffi, Davide Crippa (M5S), Michele Geraci, Dario Galli (Ligue), Claudio Cominardi (M5S), Claudio Durigon (Ligue). Ministère de la Justice : Alfonso Bonafede, du M5S, 42 ans, avocat, de Sicile, transféré à Florence où il fut candidat contre Renzi. C’est lui qui a rapproché Giuseppe Conte du M5S. 2 Sous-Secrétaires :Vittorio Ferraresi, Jacopo Morrone.  Ministère de l’Administration Publique : Giulia Bongiorno, 52 ans, de Palerme, (Ligue, ex-membre d’Alleanza Nazionale, le parti néo- fasciste, puis soutien de Mario Monti), avocate pénaliste, ex-avocat de Giulio Andreotti et de quelques sportifs. Ministère de la Défense : Elisabetta Trenta, romaine (de Velletri), 51 ans, Indépendante mais proche du M5S, enseignante à l’Université Link Campus, spécialiste des problèmes militaires. Devra réévaluer les missions italiennes à l’étranger. 2 Sous-Secrétaires : Angelo Tofalo (M5S), Raffaele Volpi (Ligue). Ministère de l’Environnement et protection du territoire et de la mer : Sergio Costa, 59 ans, Indépendant proche du M5S, général de brigade des Carabiniers en Campanie, spécialiste de la lutte contre les écomafias et contre les déchets toxiques dangereux, ex-collaborateur de la Direction Nationale Antimafia sur les problèmes environnementaux 2 Sous-Secrétaires : Vannia Gava, Salvatore Micillo. Ministère de la santé : Giulia Grillo, 42 ans, de Catania, M5S, diplômée en médecine et chirurgie, spécialiste de médecine légale. (à droite ci-contre 2 Sous-Secrétaires : Armando Bartolazzi, Maurizio Fugatti. Ministère des Affaires Régionales : Erika Stefani, de la Ligue, 47 ans, de Vicenza,  Avocate, membre de la Liga Veneta. (à gauche ci- contre) Ministère de l’Agriculture, des Politiques alimentaires et forestières : Gianmarco Centinaio, 46 ans, de Pavia, de la Ligue, Directeur d’une agence touristique, fidèle à la ligne de Salvini, souvent verbalement violent : il lance à Pietro Grasso l’insulte de « cul-terreux de merde ». Vice-Ministre : Alessandra Pesce (M5S); Sous-Secrétaire : Franco Mazato (Ligue). Ministère des Biens Culturels et du Tourisme : Alberto Bonisoli, de Mantoue, grandi à Crémone, 57 ans, Directeur de l’Académie des  beaux-Arts de Milan, M5S, ex-conseiller du Ministère des Biens Culturels. Le Ministère n’a rien dit de son programme culturel. 2 Sous-Secrétaires : Lucia Borgonzoni (Ligue), Gianluca Vacca (M5S). Ministère des Affaires Européennes  : Paolo Savona, 81 ans, de Cagliari, Professeur d’Université, ex-Directeur de la Banque de Rome et d’autres institutions économiques. Eurosceptique, partisan d’une sortie de l’Italie de la zone euro, mais favorable à « une Europe plus forte et plus égale ». C’est à cause de sa nomination au Ministère de l’Économie que le président Mattarella avait dit non au précédent projet de gouvernement de la Ligue et du M5S. Indépendant mais proche de la Ligue. Ministère de l’Instruction, des Universités et de la Recherche : Marco Bussetti, 56 ans, de Milano (Ligue), enseignant d’éducation physique, ex-entraîneur d’équipes sportives, grand fidèle de Giorgetti. 2 Sous-Secrétaires : Lorenzo Fioravanti (Ligue), Salvatore Giuliano (M5S). Ministère des Infrastructures et des Transports : Danilo Toninelli, 44 ans, de Soresina (Cremona), M5S, diplômé en Jurisprudence, soutien de Di Maio, favorable à l’abolition des provinces. 3 Sous-Secrétaires : Michele Dell’Orco, Edoardo Rixi, Armando Siri, ces deux derniers contestés parce que inculpés de plusieurs délits dans leur  gestion régionale (détournement de fonds). Ministère de la Famille et du Handicap : Lorenzo Fontana, 38 ans, de Verona, Ligue, diplômé de Sciences Politiques et spécialiste  d’histoire de la civilisation chrétienne, favorable à  la famille traditionnelle, hostile à l’avortement et au mariage pour tous. Représente le catholicisme de droite. Ministre du Sud : Barbara Lezzi, 46 ans, de Lecce (Puglia), M5S, proche de Beppe Grillo et de Davide Casaleggio, influente dans le M5S, diplômée d’expertise d’entreprise et de correspondance en langues étrangères. Rapports avec le Parlement et Démocratie Directe : Riccardo Fraccaro, 37 ans, du Veneto, M5S, député du Trentin, ex-questeur de la Chambre des Députés, ancien « pizzaiolo », diplômé en jurisprudence. Il a déjà proposé l’abolition des primes (i vitalizi) des députés. Dans un sondage récent de SWG, la Ligue est encore en tête des partis avec 30,3 d’opinions favorables, suivie du M5S avec 29,7, du Parti Démocrate avec 17,4, de Forza Italia avec 8,6, de Fratelli d’Italia avec 3,7, Potere al Popolo 2,5, Liberi e Uguali 2,4, Europa di Emma Bonino 2,1, autres partis 3,3. 3) * Où en est ce nouveau gouvernement ? Depuis les élections législatives du 04 mars, la presse française a beaucoup parlé de la vie italienne  : il y avait enfin un scoop, un gouvernement inattendu entre le M5S et la Ligue (ex-du Nord), qui inquiétait les États de l‘Union Européenne, allait-on vers un « Brexit » italien ? Et au centre de tous ces textes, l’obsession de l’immigration. Comme si l’Italie (et l’Europe) n’avaient pas d’autres problèmes plus graves. Mais la médiatisation de la vie politique a préféré que l’on parle de ce sujet sur lequel la Ligue fait son beurre électoral. M. Salvini, maintenant Ministre de l’Intérieur a pu hurler sa haine raciale des immigrés, des « nègres », des musulmans, ces êtres inférieurs qui feraient tout le malheur de l’Italie. Souvenons- nous de l’histoire de la chanson : dans les années 1960, il y eut un courant dit des « hurleurs ». Ils ont très vite cessé de hurler, après avoir lancé leur carrière, parfois très réussie, comme celles de Mina ou de Celentano. Salvini a déjà modéré ses hurlements, il faut bien finir par s’occuper des véritables problèmes sociaux, économiques, culturels du pays, et il semble que sans faire autant de bruit, Di Maio, autre vice-premier ministre, tente de s’y employer. Vous avez sans doute lu tout ça  dans vos journaux, inutile d’y revenir. Observons maintenant avec attention ce que va faire ce nouveau gouvernement qui veut créer une Italie nouvelle. La minorité nouvelle (PD, Liberi e Uguali  et Forza Italia de Berlusconi) continue à se manifester : le dernier épisode est le refus de la personne proposée par la majorité Ligue/M5S/Fratelli d’Italia à la direction de la RAI, Marcello Foa n’a eu que 22 voix à la Commission de Surveillance (Commissione di Vigilanza) sur les 27 nécessaires, les conseillers de la minorité ayant refusé de siéger. Un autre exemple : au Conseil Municipal de Bologne, la Sous- Secrétaire de la Ligue aux Biens Culturels, Lucia Borgonzoni, s’oppose à la proposition du maire PD, Virginio Merola, d’accepter la construction d’une mosquée dans l’actuel Centre de Culture Islamique. La réunion du Conseil de l’Europe à Bruxelles de fin juin a dû écouter la ligne dure de Giuseppe Conte sur le contrôle de l’immigration et voter une déclaration qui lui donne satisfaction ; la déclaration finale propose de créer des « plateformes régionales de débarquement » des migrants recueillis en mer par des missions de sauvetage et elle promet d’organiser des centres de contrôle pour opérer le tri entre migrants irréguliers et migrants qui ont réellement besoin d’asile et de protection ; mais elle insiste aussi beaucoup sur le retour des migrants dans leur pays « sur base de volontariat » ; le conseil s’engage aussi à travailler à la réforme de l’accord de Dublin. En somme un accord formel avec l’Italie, qui montre combien l’Europe avait peur d’une sortie de l’Italie. Mais Salvini a pourtant été mécontent, l’Italie a obtenu des textes et des promesses, mais maintenant que feront les pays européens pour aider l’Italie ? Et puis Conte est allé chercher l’appui de Trump, sans tout céder sur l’Europe ou la Russie mais en revenant avec un accord sur le rôle de l’Italie par rapport à la Libye. Et puis que nous importe que quelques migrants se noient en Méditerranée ou soient soumis aux pressions et souvent aux tortures des mafias libyennes ? Gardons notre identité ! Contre cette idéologie de Salvini, de nombreux ports italiens ont déclaré qu’ils resteraient ouverts à l’arrivée de navires de sauvetage de migrants, malgré l’interdiction de Salvini ; parmi eux, Leoluca Orlando, maire de Palerme, Luigi De Magistris, maire de Naples, Giuseppe Falcomatà, maire de Reggio Calabria, Renato Accorinti, maire de Messina, Rinaldo Melucci, maire de Tarante, et beaucoup d’autres, on donne parfois le chiffre de 52 ports rebelles. Même Roberto Fico, Président de la Chambre des Députés, du M5S, s’est opposé à la décision du Ministre de l’Intérieur de fermer les ports italiens aux ONG ayant recueilli des migrants. 4) * Mais que font donc l’Église catholique et le pape ? Le plus stupéfiant dans cette situation est l’absence de réaction du pape et des évêques, qui sont restés très silencieux pendant toute la période préélectorale de 2016-17, pendant la campagne électorale de 2017-18, et qui maintenant ne réagissent pas face aux discours violents de Salvini, face à la violence xénophobe et raciste de son site Twitter. Le pape François, qui est le primat de l’église italienne, a choisi de rompre avec un interventionnisme de type ancien, démocrate-chrétien, du temps où existait un catholicisme politique dominant. Le catholicisme politique continue bien à exister mais comme mouvement d’extrême-droite sur les problèmes de la famille, de la sexualité, de l’avortement, du mariage pour tous, etc. Et ce catholicisme est présent dans le nouveau gouvernement, dans la personne d’un homme comme Lorenzo Fontana, le Ministre de la Famille, qui est un des plus proches soutiens de Salvini. Ce dernier a par ailleurs pris le pouvoir dans la Ligue, avec la mise à l’écart d’un dirigeant comme Roberto Calderoli (celui qui avait comparé une ministre noire à un orang-outang), en marginalisant des responsables régionaux comme Zaia en Vénétie, et Roberto Maroni en Lombardie, pour mettre en avant des ligueurs catholiques de droite ou d’extrême droite, courants minoritaires dans l’Église catholique et radicalement hostiles au pape actuel. Non seulement Salvini soutient un catholicisme politique réactionnaire, mais il se présente lui-même comme catholique fervent, il dit qu’il a toujours un rosaire dans sa poche, et qu’il pardonne à ceux qui disent du mal de lui (mais il porte plainte contre un article de Roberto Saviano). Il a exhibé rosaire et Bible sur la place du Dôme de Milan  ; et cela n’a provoqué qu’une faible réaction de l’évêque de Milan, Mgr Delpini, qui s’est contenté de dire  : Que les hommes politiques s’occupent donc de politique ! Le cardinal Bassestti s’est ensuite contenté de dire qu’on ne peut pas agiter des symboles chrétiens en public comme si c’étaient des amulettes religieuses. C’est tout. Seul Mgr Lorefice, de Palerme, a réagi plus clairement dans son homélie pour sainte Rosalie, condamnant le grand marché de la guerre et les ventes d’armes qui provoque les flux d’immigration de personnes qui n’ont d’autre solution que de fuir pour échapper à la guerre. Giuseppe Conte a probablement aussi une forme de dévotion religieuse sur laquelle joue Salvini. Il vient d’un milieu particulier de la classe dirigeante comme Villa Nazareth, collège universitaire géré par une Fondation que préside le cardinal Silvestrini, et qui contribue à la formation d’élites parfois venues de milieux pauvres. C’est dans ce qu’on appelle le « temple du catholicisme démocratique » que s’est formé Giuseppe Conte, comme avant lui Aldo Moro, Romano Prodi, Oscar Luigi Scalfaro et Sergio Mattarella. Lorsqu’il était étudiant, le directeur était Pietro Parolin, l’actuel Secrétaire d’État du Vatican. Cela crée des liens. Cette formation l’a porté ensuite à soutenir Matteo Renzi, et à être dans un rapport d’amitié avec Maria Elena Boschi, l’ancienne ministre de Renzi, fille d’un banquier particulier. Par le biais d’Alfonso Bonafede, le nouveau ministre de la Justice, il s’est finalement rapproché du M5S. Cela devrait le tenir loin des perspectives  peu « démocratiques » de Salvini, qui pour le rapprocher de lui essaie de jouer sur la fibre religieuse. Le pape sait que les catholiques italiens sont donc profondément divisés entre ceux qui aident les migrants (ils sont nombreux) et ceux qui vitupèrent contre eux avec Salvini. Sans doute espérait-il que les évêques italiens allaient réagir, et apparemment il peut toujours attendre. On est maintenant à un tournant, il est clair que Salvini veut non seulement gagner les voix des électeurs catholiques mais aussi gagner leur « âme », les convertir à son idéologie raciste et xénophobe, les retirer de l’influence d’un pape qui condamne explicitement cette idéologie. Salvini a donc engagé la bataille aussi à l’intérieur de l’Église, si celle-ci ne réagit pas clairement et fortement, quel sera son avenir que le pape tient d’abord à conserver ? Elle doit choisir son camp dans cette situation contradictoire qui fait, pour prendre une autre référence évoquée récemment par le pape, qu’un homme honnête, mais qui ne s’est pas marié à l’Église n’a pas le droit d’être parrain d’un enfant, mais qu’un chef mafieux coupable d’homicides, de trafics d’enfants et de drogue, s’il est un bon catholique, peut être parrain d’un enfant. Où sont alors les valeurs chrétiennes ? 5) * Mario De Luigi Jr, né à Turin en 1944, est décédé en mai 2018. Personne n’en a parlé en France. C’était pourtant un personnage important de l’histoire de la chanson italienne, propriétaire et gestionnaire de l’importante revue Musica e Dischi, qui a fermé en 2014, après une très longue période d’information sur la chanson, de grande qualité. Elle avait été créée en 1945 : 70 ans d’activité et 783 numéros. De Luigi gérait aussi la maison de disques Divergo (fermée en 1980 et dont le catalogue est repris par Ala Bianca, de Modena) qui avait publié un grand nombre de cantautori, dont par exemple Gianni Siviero, Giorgio Lo Cascio, Margot, Michele Straniero, Franco Trincale ou la chanteuse Milly. Il avait hérité la revue de son père, Aldo Mario De Luigi  qui les avait créées. Il fut aussi Vice-Président du Club Tenco à partir de 1975, et cantautore auteur de plusieurs chansons.  Il avait publié plusieurs ouvrages, Musica e parole (sur l’histoire du Club Tenco, Gammalibri, 1978), Cultura e canzonette (Gammalibri, 1980), L’industria discografica in Italia (Lato Side, 1982).Avec lui il faut rappeler le nom de Sergio Lodi, co-créateur. Mais Mario ne faisait pas de bruit, ne recherchait pas la publicité médiatique sur sa personne, on ne trouve même pas sur lui de site Internet, ni de photo. Une perte pour l’histoire de la chanson italienne Pour plus de détails, vous pouvez consulter l’important site sur la chanson : rockol.it. 6) * Cette année le Conseil Régional du Val d’Aoste était élu selon la nouvelle loi de 2017 qui prévoit l’élection des 35 conseillers au système proportionnel à un seul tour, tandis que le président de la région sera élu ensuite par le Conseil à la majorité absolue (50% des voix + 1, soit 19 voix). Les listes de centre gauche (Alpe, Partito Democratico, Union Valdotaine progressiste) ont obtenu environ 25% des voix, obtenant 7 sièges ; le centre droit (Centre droit Val d’Aoste, 3%, Lega Salvini 17,1%, Stella Alpina, 10,7%) obtient environ 30% et 11 sièges (+6) ; le  Centre (Union Valdotaine) arrive en tête avec 19,25% et obtient 7 sièges (-6) ; le M5S obtient 10,5% et 4 sièges (+ 2); autres listes, 14% et 6 sièges (+6). Le PD (5,6%) et le Centre Droit n’obtiennent aucun siège. L’extrême gauche (Partito al Popolo) et l’extrême droite fasciste (CasaPound) n’avaient pas réussi à présenter une liste. Sur 103.117 électeurs, environ 65% sont venus voter. La Giunta regionale a finalement élu comme présidente Nicoletta Spelgatti, de la Ligue (photo ci-contre), avec une majorité de droite. Le groupe Alpe obtient une adjointe à la santé, Chantal Certan. 7) * Le Maire de la petite ville d’Amatrice (Latium) sinistrée par le tremblement de terre de 2016, Sergio Pirozzi,  élu depuis 2009, a décidé d’abandonner ce mandat, incompatible avec sa nouvelle charge de Conseiller Régional. C’est son adjoint, Filippo Palombini qui va le remplacer. Sa démission a été rendue publique par une lettre publiée par Il Messaggero. Il rappelle qu’il avait obtenu pour Amatrice ce qui avait été refusé pour L’Aquila, l’indemnisation à 100% des dégâts provoqués par les tremblements de terre, pour les résidences secondaires comme pour les résidences principales. Ses opposants informent aussi que comme Conseiller Régional, il recevra une indemnité de presque 8.000 (huit mille) euros, et que ce n’est pas seulement « par amour pour sa terre » qu’il a posé sa candidature au Conseil Régional pour le Centre Droit.                                   Jean Guichard, 02 août 2018
Matteo Salvini et Marine le Pen