9.2.4 La chanson traditionnelle par thème - 2. l’émigration italienne (deuxième partie)
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Les chants des émigrants italiens à partir du XIXe siècle
(Deuxième partie)
9) Riturnella
« Tu rìnnina chi vai
Toi hirondelle qui vas
Tu rìnnina chi vai
Toi hirondelle qui vas
Lu maru maru`
par les mers par les mers
Oi riturnella
Oh hirondelle
Tu rìnnina chi vai lu maru maru
Toi hirondelle qui vas par les mers par les mers
(dimmel' a me, dimmel' a me,
Dis-le moi à moi dis-le moi à moi
* ces deux vers sont ajoutés par
dimmel' a me ci uè' dderè)
*
dis-le moi à moi ce que tu veux voir Bennato après chaque strophe.
Ferma quannu ti dicu
Arrête-toi quand je te dis
Ferma quannu ti dicu
Arrête-toi quand je te dis
Dui paroli
deux mots
Oi riturnella
oh hirondelle
Ferma quannu ti dicu dui paroli
Arrête-toi quand je te dis deux mots.
Corri a jettari lu
Cours jeter mon soupir
Corri a jettari lu
Cours jeter mon soupir
Suspiru a mari
mon soupir à la mer
Oi riturnella
Oh hirondelle
Corri a jettari lu suspiru a mari
Cours jeter mon soupir à la mer
Pe’ vìdiri se mi rišpunna
Pour voir s’il me répond
Pe’ vìdiri se mi rišpunna
Pour voir s’il me répond
Lu mio beni
mon amour
Oi riturnella
Oh hirondelle
Pe’ vìdiri se mi rišpunna lu mio beni
pour voir si mon amour me répond.
Non mi rišpunna, annò
Il ne me répond pas, oh non
Non mi rišpunna, annò
Il ne me répond pas, oh non
È troppu luntanu,
Il est trop loin
Oi riturnella
Oh hirondelle
Non mi rišpunna, annò, è troppu luntanu.
Il ne me répond pas, oh non, il est trop loin.
È sutt' a na frišcura
Il est sous une tonnelle
È sutt'a na frišcura
Il est sous une tonnelle
Chi sta durmennu,
en train de dormir
Oi riturnella
Oh hirondelle
È sutt'a na frišcura chi sta durmennu
il est sous une tonnelle en train de dormir
Poi si rivigghja cu
Puis il se réveille avec
Poi si rivigghja cu
Puis il se réveille avec
lu chjantu all'occhi
les larmes aux yeux
Oi riturnella
Oh hirondelle
Poi si rivigghja cu lu chjantu all'occhi
puis il se réveille avec les larmes aux yeux.
Si stuja l'occhi e li
Il s’essuie les yeux et lui
Si stuja l'occhi e li
Il s’essuie les yeux et lui
Passa lu chjantu
les pleurs lui passent
Oi riturnella
oh hirondelle
Si stuja l'occhi e li passa lu chjantu
il s’essuie les yeux et les pleurs lui passent
Piglia lu muccaturu
Toi prends son mouchoir
Piglia lu muccaturu
Toi prends son mouchoir
Lu vaju a llavu
je vais le laver
Oi riturnella
Oh hirondelle
Piglia lu muccaturu, lu vaju a llavu
Toi prends son mouchoir, je vais le laver.
Poi ti lu špannu a nu
Puis je l’étends sur un
Poi ti lu špannu a nu
Puis je l’étends sur un
Peru de rosa
buisson de roses
Oi riturnella
Oh hirondelle
Poi ti lu špannu a nu peru de rosa
puis je l’étends sur un buisson de roses
Poi ti lu mannu a Na
Puis je te l’envoie à Na-
Poi ti lu mannu a Na
Puis je te l’envoie à Na-
puli a stirari
ples pour le repasser
Oi riturnella
Oh hirondelle
Poi ti lu mannu a Napuli a stirari
puis je te l’envoie à Naples pour le repasser
Poi ti lu cogliu a la
Puis je te le ramasse à la
Poi ti lu cogliu a la
Puis je te le ramasse à la
Napulitana
Napolitaine
Oi riturnella
Oh hirondelle
Poi ti lu cogliu a la napulitana
puis je te le ramasse à la Napolitaine.
[ Poi ti lu mannu cu
Puis je te l’envoie avec
* Les 2 strophes entre parenthèses
Poi ti lu mannu cu
Puis je te l’envoie avec
ne sont pas reprises par Bennato.
Ventu a purtari
le vent pour te l’apporter
Oi riturnella
Oh hirondelle
Poi ti lu mannu cu ventu a purtari
puis je te l’envoie avec le vent pour te l’apporter.
Ventu và portacellu
Vent, va, porte-le
Ventu và portacellu
Vent, va, porte-le
A lu mio beni
à mon bien-aimé
Oi riturnella
Oh hirondelle
Ventu và portacellu a lu mio beni ] *
vent, va porte-le à mon bien-aimé).
Mera pe' nun ti cada
Attention qu’il ne tombe pas
Mera pe' nun ti cada
Attention qu’il ne tombe pas
Pe' supra mari
là dans la mer
Oi riturnella
Oh hirondelle
Mera pe' nun ti cada pe' supra mari
attention qu’il ne tombe pas là dans la mer.
Ca perda li sigilli
Qu’il ne perde pas les sceaux
Ca perda li sigilli
Qu’il ne perde pas les sceaux
De chistu cori
de mon cœur,
Oi riturnella
Oh hirondelle
Ca perda li sigilli de chistu cori.
Qu’il ne perde pas les sceaux de mon cœur.
Oi riturnella
Ca perda li sigilli de chistu cori ».
C’est une chanson populaire calabraise de 16 strophes dont seules les 5 premières sont parfois interprétées ; on en trouve une interprétation presque complète
dans le disque d’Eugenio Bennato, Musicanova, de 1979, à l’exception de 2 strophes que nous avons mises entre parenthèses, et par le groupe calabrais
Kalamu (= Descendons) ; plus récemment on connaît l’interprétation du groupe napolitain Neapolis dans son CD Palombella. C’est probablement un des plus
anciens chants populaires calabrais, chant de séparation et d’éloignement. L’émigration, c’est ce qui sépare ceux qui s’aiment, pour pouvoir travailler (ou
aujourd’hui, pour survivre à la faim ou à la guerre), on doit se séparer de ceux qu’on aime. Et l’hirondelle est une allégorie de la migration. Le style rappelle celui
des cantastorie, simple et obsessionnellement répétitif.
Le chant a été découvert par le musicologue Antonello Ricci, qui l’apprend de Mariangela Pirito (Za Manciulina) en 1976, à Cirò (province de Crotone en
Calabre).
Voir la vidéo avec l’interprétation d’Eugenio Bennato sur Internet : https://www.youtube.com/watch?v=T8dbMwsqJLA ,
puis celle de Kalamu :
10) 30 giorni di nave a vapore
Trenta giorni di nave a vapore
Trente jours de navire à vapeur
che nell'America noi siamo arrivati
pour que nous soyons arrivés en Amérique
e nell'America che siamo arrivati
et en Amérique nous sommes arrivés
abbiam trovato né paglia e né fieno
nous n’avons trouvé ni paille ni foin
abbiam dormito sul piano terreno
nous avons dormi sur la terre
e come bestie abbiamo riposà
et nous nous sommes reposés comme des bêtes
abbiam dormito sul piano terreno
e come bestie abbiamo riposà.
America allegra e bella
Amérique joyeuse et belle
tutti la chiamano l'America sorella
tout le monde l’appelle notre soeur l’Amérique
tutti la chiamano l'America sorella
la la la la lallalal lalalalallalala.
Ci andaremo coi carri dei zingari
Nous y irons avec les charrettes des tziganes
ci andaremo coi carri dei zingari
ci andaremo coi carri dei zingari
in America voglio andar.
Je veux aller en Amérique
America allegra e bella
tutti la chiamano l'America sorella
tutti la chiamano l'America sorella
la la la la lallalal lalalalallalala.
E l'America l'è longa e l'è larga
Et l’Amérique est longue et belle
l'è circondata di monti e di piani
elle est entourée de monts et de plaines
ma con l'industria dei nostri italiani
mais avec l’habileté de nos italiens
abbiam fondato paesi e città
nous avons fondé des villages et des villes
ma con l'industria dei nostri italiani
abbiam fondato paesi e città.
America allegra e bella
tutti la chiamano l'America sorella
tutti la chiamano l'America sorella
la la la la lallalal lalalalallalala.
La chanson remonte à la période de la première grande émigration de masse, de 1876 à 1900, qui part surtout du Nord-Est de l’Italie, Vénétie, Frioul et
Lombardie. Les paysans ne trouvaient plus de travail, à la campagne et partaient pour l’Amérique du Sud, Argentine et Brésil, où ils pensaient être embauchés
comme saisonniers pour la récolte du café et pour la moisson, avant de revenir au pays. Mais beaucoup restaient en exil, formant des communautés de langue
(de dialecte) et de culture italiennes. La chanson exprime à la fois les difficultés de l’émigration (voyage, installation) et l’orgueil de contribuer à développer un
pays, et d’enrichir sa culture (voir le rôle des Italiens, instrumentistes et chanteurs, dans l’invention du tango argentin).
La chanson est recueillie au Piémont en 1963 ; mais elle avait déjà été utilisée dans le film de Guido Brignone de1935, Passaporto rosso (information « Vox
populi »).
L’interprétation est celle de Gualtiero Bertelli, dans Povera gente (Cf discographie 1ère partie).
11) La Mèrica
(Popolare. Abies
Musiche e canti del Trentino
2006)
E dal Tirolo noi siamo partiti
Et du Tyrol nous sommes partis
siamo partiti con tanti dolori
nous sommes partis avec tant de douleurs
trentasei giorni di macchina a vapore
trente six jours de machine à vapeur
e in América siamo arrivà.
Et en Amérique nous sommes arrivés.
E nella Mèrica che siamo arrivati
Et dans l’Amérique où nous sommes arrivés,
no abbiam trovato nè paglia nè fieno
nous n’avons trouvé ni paille ni foin
abbiam dormito sul nudo terreno
nous avons dormi sur la terre nue
come le bestie al campo d'està.
Comme les bêtes au champ en été.
E la Mèrica, l’à lunga l’è larga
Et l’Amérique est longue et large
Circondata di fiumi e montagne...
entourée de fleuves et de montagnes
E con l’’industria dei nostri italiani
et par l’habileté de nos italiens
Abbiam formato paesi e città.
Nous avons formé des villages et des villes
Mèrica, Mèrica, Mèrica,
Amérique, Amérique, Amérique
Cossa savala sta Mèrica,
que sera cette Amérique
Mèrica, Mèrica, Mèrica,
L’è un mazzolino di fior.
Elle est un petit bouquet de fleurs.*
Cette chanson est vraiment un hymne de l’émigration italienne vers l’Amérique ; encore aujourd’hui, plus de 130 ans après, il est chanté et suscite des émotions
très fortes,comme le rappellent les mots d’Ampère Maximino Giordani, descendant d’émigrés du Trentin, né à Encantado (commune brésilienne du Rio Grande
del Sud), et prononcés lors d’une visite du Groupe Abies dans le pays en 2005.
Le groupe Abies Alba est né dans le Trentin en1978 ; le nom du groupe vient de l’arbre caractéristique de leur région, « l’abete bianco », le sapin blanc.
* Voir la vieille chanson traditionnelle « Quel mazzolin di fiori », citée dans les Chants de la guerre de 1915-18, au n° 6.
12) Io parto per l’America
(Anonimo
Chant des émigrants
Le Chant du Monde
s.d.)
Io parto per l'America,
parto sul bastimento,
io parto e son contento
di non vederti più.
Quando sarai partito
ti troverai pentito,
ti troverai pentito
d’avermi abbandonata
Quando sarò in Amarica
sposo un’ americana,
la bella italiana
la lascio in abbandon.
L'anel che tu m'hai dato
l 'ho messo sotto i piedi,
o bello, se non credi
te lo farò veder !
O donna, sei volubile,
donna senza cuore,
tu mi giurasti amore
con grande falsità.
O dammi le mie lettere,
o dammi il mio ritratto
l'amore con te, vigliacco
non lo farò mai più.
lo parto per l'America,
parto sul bastimento,
arrivederci un giorno
a far l’amor con te.
Chant originaire de la Brianza en Lombardie, fusion d’une chanson de fileuses et d’une chanson d’émigration recueillie par A.-V. Savona à Asolo, Treviso
(Vénétie).
13) Il treno che viene dal Sud
(Sergio Endrigo, 1967
Int. Sergio Endrigo,
L’arca di Noé, 1970
Reprise par Gualtiero Bertelli
Quando emigranti 1
2003)
Il treno che viene dal sud
Non porta soltanto Marie
Con le labbra di corallo
E gli occhi grandi così
Porta gente gente nata tra gli ulivi
Porta gente che va a scordare il sole
Ma è caldo il pane
Lassù nel nord
Nel treno che viene dal sud
Sudore e mille valigie
Occhi neri di gelosia
Arrivederci Maria !
Senza amore è più dura la fatica
Ma la notte è un sogno sempre uguale
Avrò una casa
Per te per me
Dal treno che viene dal sud
Discendono uomini cupi
Che hanno in tasca la speranza
Ma in cuore sentono che
Questa nuova questa bella società
Questa nuova grande società
Non si farà
Non si farà
Sergio Endrigo écrit cette chanson d’émigration en réponse à une chanson récente de Bruno Lauzi, La donna del Sud, qui ne parlait que d’amour pour une Maria
arrivée par le « train du soleil » ; il rappelle que ce train portait aussi des « émigrés intérieurs » qu’évoquait Luchino Visconti dans Rocco et ses frères (1960),
venus du Sud à Milan pour survivre. Mais ce monde meilleur apparaîtra-t-il ? Endrigo, comme Visconti, parlent de ce qu’on appela « l’émigration interne » qui
poussa des centaines de milliers d’Italiens du Sud à émigrer vers le Nord qui était en manque de main-d’œuvre. Entre 1955 et 1971, on compta environ 9 millions
d’Italiens qui émigrèrent ainsi. La population de Turin augmenta de 46%, celle de Milan de 24%. Quant à l’espoir d’une société nouvelle … !
LA DONNA DEL SUD - Bruno Lauzi, 1966
(Interprétée ici par Maler
Bruno Lauzi e il Club Tenco,
2008, Ala Bianca)
Una donna di nome Maria
Une femme du nom de Marie
È arrivata stanotte dal Sud
est arrivée cette nuit du Sud
È arrivata col treno del sole
Elle est arrivée avec le train du soleil
Ma ha portato qualcosa di più.
Mais elle a apporté quelque chose de plus.
Ha portato due labbra di corallo
Elle a apporté deux lèvres de corail
E i suoi occhi son grandi così,
et ses yeux sont grands comme ça,
Mai nessuno che l'abbia baciata
personne ne l’a jamais embrassée
A nessuno ha mai detto di sì.
Elle n’a jamais dit oui à personne.
Maria, Maria, Maria …
Marie, Marie, Marie …
Ha posato le cesta d'arance
Elle a posé son panier d’oranges
E mi ha dato la mano perché
et elle m’a donné la main pour que
La portassi lontano per sempre,
je l’emmène loin pour toujours,
La tenessi per sempre con me.
Que je la garde toujours avec moi.
Io le ho dato la mano ridendo
Moi je lui ai donné la main en riant
E non gliel'ho lasciata mai più,
et je ne l’ai plus jamais laissée,
Poi siam corsi veloci nel vento
puis nous avons vite couru dans le vent
Per non farci trovare quaggiù.
Pour ne pas nous laisser trouver ici-bas.
Maria, Maria, Maria
Marie, Marie, Marie …
Una donna di nome Maria
Une femme du nom de Marie
È arrivata stanotte dal Sud
est arrivée cette nuit du Sud
È arrivata col treno del sole
Elle est arrivée avec le train du soleil
Ma ha portato qualcosa di più.
Elle m’a apporté quelque chose de plus.
14) IL TRAGICO AFFONDAMENTO DEL BASTIMENTO « SIRIO »
(Tradizionale cantastorie)
Reg. :1) Gualtiero Bertelli
Quando emigranti 1, 2003
2) Francesco De Gregori/Giovanna Marini,
Il fischio del vapore, 2001)
E da Genova in "Sirio" partivano
Et de Gênes ils partaient sur le « Sirio »
per l'America varcare ...
pour franchir la frontière de l’Amérique
varcare il confin.
Franchir la frontière
Ed a bordo cantar si sentivano
Et à bord on les entendait chanter
tutti allegri del suo ...
tous joyeux de leur
del suo destin.
De leur destin.
Urtò il `Sirio" un orribile scoglio
Le « Sirio » heurta un horrible écueil
di tanta gente la mise ...
pour tant de gens ce fut la misé
la misera fine.
La misérable fin.
Padri e madri bracciava i suoi figli
Pères et mères embrassaient leurs enfants
e si sparivano fra le onde ...
et disparaissaient dans les vagues
fra le onde del mar.
Dans les vagues de la mer.
E fra loro un vescovo c'era
Et parmi eux il y avait un évêque
dando a tutti la sua be ...
donnant à tous sa béné-
la sua benedizione.
Sa bénédiction.
E fra loro - leri
Et parmi eux - leri
un vescovo c'era - lerà
il y avait un évêque - lerà
dando a tutti - lerì
donnant à tous - lerì
La sua benedizion.
Sa bénédiction.
Le « Sirio » était parti de Gênes le 2 août 1906 en direction de Rio della Plata ; il emportait officiellement 822 personnes. Il fit escale à Barcelone et longea
ensuite les côtes espagnoles, conduit par un capitaine de grande qualité et 128 membres d’équipage expérimentés, mais au niveau des îles Hormigas, avant
Carthagène, la côte était dangereuse, l’équipage la connaissait bien, et tout à coup le navire heurta pourtant deux îlots rocheux immergés ; la proue du navire
s’éleva rapidement, la poupe s’enfonça et de nombreux passagers furent soit catapultés en mer, soit emprisonnés dans les cabines de la poupe et noyés. Le
résultat fut officiellement d’un peu plus de 200 morts, mais la presse parla sans être démentie de 500 morts, dont l’évêque de San Paolo du Brésil, José
Camargo Barros.
Pourquoi le bateau avait-il longé ainsi les côtes espagnoles ? probablement sur ordre de la Compagnie qui voulait qu’il récupère après Barcelone les émigrants
espagnols clandestins qui rejoignaient le paquebot au moyen de petites barques. Et puis on avait peu pensé aux passagers en cas de problèmes : peu de canots
de sauvetage, le fond du navire ne semble pas avoir eu de double fond, etc. Un naufrage dans des conditions qui se renouvellent aujourd’hui,
avec d’autres
types de bateaux ! Et il y en eut beaucoup d’autres, dont celui du paquebot Principessa Mafalda (du nom d’une des filles de la famille de Savoie, tuée plus tard
par les nazis) en 1929, qui fit entre 314 et 657 victimes, et fut chanté aussitôt par un « cantastorie » anonyme (L’affondamento del Mafalda, enregistré
récemment par Gualtiero Bertelli).
15) L’altro giorno andando in Francia
(anonyme. XIXe siècle ; Latium ?)
Reprise et interprétée par Gualtiero Bertelli,
Quando emigranti … 2)
L’altro giorno andando in Francia
L’autre jour en allant en France
In po’r’abiti borghesi
en pauvres vêtements bourgeois
Pochi soldi e tante spese
Peu d’argent et tant de dépenses
Per cercare di campà.
Pour chercher à survivre.
Ringraziamo ‘sta nazione
Nous remercions cette nation
Che ci caccia tutti quanti
qui nous chasse tous
Siamo poveri emigranti
Nous sommes de pauvres émigrants
Che andiamo a lavorà.
Qui allons travailler.
Maledetto ‘sto governo
Maudit soit ce gouvernement
Maledetti sti signori
Maudits soient ces messieurs
Che non pensano ai dolori
qui ne pensent pas aux souffrances
Di chi campa di lavor.
De ceux qui vivent de leur travail.
O compagni che restate
Oh camarades qui restez
Combattete anche per noi
combattez aussi pour nous
Anche lontani siamo con voi
même loin nous sommes avec vous
Pronti a batterci e a lottar.
Prêts à nous battre et à lutter
O compagni che restate
Oh camarades qui restez
Combattete anche per noi
combattez aussi pour nous
Ma la casa che ci aspetta
Mais la maison qui nous attend
Un bel dì ci rivedrà.
un beau jour nous reverra.
Tout commentaire est inutile sur l’actualité de cette chanson qui a plus d’un siècle : une continuité dans l’histoire de la France ! Pendant longtemps, les Italiens
ont été persécutés en France, quelquefois massacrés (voir Aiguesmortes), méprisés comme “macaronis” ; aujourd’hui ils ont réussi et sont bien “intégrés”, mais
ce sont d’autres nationalités et religions qui sont refusées par une part des Français. Au moins les Italiens étaient “catholiques”, il y avait quelque espoir ! C’est ce
qu’on disait à l’époque, et les communautés d’émigrés italiens étaient souvent confiées au clergé catholique (voir les paroisses italiennes de Lyon et
Villeurbanne, par exemple. Lire le numéro de février-juin 1968 de la revue Studi Emigrazione, La società italiana di fronte alle migrazioni di massa, Morcelliana,
1968, 512 pages. C’est le compte-rendu du travail de Monseigneur Scalabrini et de ses premiers collaborateurs pour la protection des émigrants.
Page suivante : troisième partie
Je pars pour l'Amérique,
je pars sur le paquebot,
je pars et je suis content
de ne plus te voir.
Quand tu seras parti
tu te repentiras
tu te repentiras
de m'avoir abandonnée
Quand je serai en Amérique
j'épouserai une Américaine,
la belle ltalienne
je l'abandonne à son sort.
La bague que tu m'as donnée
je l'ai piétinée,
parfait, si tu ne me crois pas
je te la montrerai !
O femme, tu es changeante,
o femme sans coeur,
tu m'as juré amour
avec grande perfidie.
O donne-moi mes lettres,
donne-moi mon portrait
l'amour avec toi, brute
jamais plus je ne le ferai.
Je pars pour l'Amérique,
je pars sur le paquebot,
Au revoir jusqu’à la prochaine fois
Que je ferai l’amour avec toi.
DANS LE TRAIN QUI VIENT DU SUD
Le train qui vient du Sud,
n’emporte pas que des Maries,
Avec des lèvres de corail
Et des yeux grands comme ça.
Il emporte des gens nés parmi les oliviers
Il emporte des gens qui vont oublier le soleil.
Mais le pain est chaud,
Là haut dans le Nord.
Dans le train qui vient du Sud,
Il y a de la sueur et mille valises,
Des yeux noirs de jalousie,
Au revoir Marie !
Sans amour, la fatigue est plus pesante,
Mais toutes les nuits revient le même rêve :
J'aurai une maison,
pour toi, pour moi.
Du train qui vient du Sud
Descendent des hommes sombres,
Qui ont dans leurs poches l'espérance,
Mais qui dans leur coeur sentent bien
Que cette société belle et nouvelle,
Cette neuve et grande société,
Elle ne se fera pas
Elle ne se fera pas
Corps de noyés sur la plage de
Carthagène
Rocco et ses frères, de Luchino Visconti