Ciel d’étoiles, ciel couleur de mer,
tu es le même ciel que celui de ma cabane
porte-moi en rêve vers ma patrie
porte-lui un cœur qui meurt de nostalgie.
Dans la mine c’est toute une lueur de flammes
ils pleurent, les enfants, les épouses, les sœurs et les mamans
mais tout à coup le mineur au visage brun
dit à ceux qui sont accourus : si chacun est hésitant
moi seul j’irai là-bas car je n’ai personne.
Et dans la nuit un cri soulève les cœurs :
Mamans, ils sont saufs », ils reviennent les mineurs
il ne manque que celui au visage brun
mais pour le sauver lui, il n’y a personne.
« Ciel d’étoiles, ciel couleur de mer,
tu es le même ciel que celui de ma cabane
porte-moi en rêve vers ma patrie
porte-lui un cœur qui meurt de nostalgie ».
L’émigrant va toujours avec sa chimère
il quitte sa vieille terre, sa maison
et souvent sa vie dans une mine.
La mine
Alors que dans chaque taverne mexicaine
ils dansent tous au son de l’Hawaïenne
vient de loin un chant tout plein de tristesse
c’est le mineur brun émigré là-bas
sa chanson est le chant d’un exilé.
Ah non, non …
Mais si je me sépare de toi
je reste ici par mon âme,
toi, ma joie, toi mon calme
tu n’es que pour moi
Ah non, non …
Tu es belle, et en errant
sur des rives étrangères
je serai par ma pensée
pour toujours avec toi
Ah non, non …
Toi pense que ma fidélité
je te donne en ce jour,
que si je ne reviens pas
je suis mort pour toi
Ah non, non…
Tu es belle dans tes yeux
tu es belle dans ton cœur
tu es tout mon amour
tu es née pour moi.
Ah non, non, ne pleure pas
courage, mon trésor,
tu reçois de moi
ce dernier adieu
Je te vois si je veille
si je dors je te vois
et je ne crois pas vivre,
si je suis séparé de toi,
Ah non, non …
Tu es belle dans ton visage
dans tes larmes tu es belle
ah, une étoile barbare,
me sépare de toi.
9.2.4 La chanson traditionnelle par thème - 2. l’émigration italienne (première partie)
Les chants des émigrants italiens à partir du XIXe siècle
Les chansons italiennes d’émigration datent souvent de plus d’un siècle, mais l’actualité internationale d’aujourd’hui leur a redonné une grande actualité. Les
Italiens se souviennent d’avoir été un peuple d’émigrés, et aucun autre pays n’a connu un flux d’émigration constant et à long terme aussi important. L’Italie est
aujourd’hui un peuple d’immigration et reçoit des centaines de milliers de syriens, de libyens, d’africains, etc. bien que l’émigration italienne ait repris depuis le
début du XXIe siècle : au début, de 2000 à 2008, le pays a connu une « fuite de cerveaux » (cadres, diplômés d’Université, chercheurs, etc. qui cherchaient dans
les pays riches un poste de travail), mais une émigration économique a repris depuis la crise de 2008, même si elle est de type nouveau par rapport à celle du
XXe siècle : elle est souvent temporaire et se dirige vers l’Europe, en particulier l’Allemagne. La collectivité italienne dans le monde est en 2012 de 4.115.000
personnes, elle était de 9.200.000 personnes entre 1900 et 1920. En 2008 environ 60.000 Italiens ont changé de nationalité de résidence. Il y a environ 80
millions d’« oriundi » italiens dans le monde (originaires de l’Italie) en Amérique, Australie et Europe occidentale. Il faudrait ajouter les phénomènes d’émigration
interne, du Sud vers le Nord, surtout à partir des années 1950-60.
Et tous les gestionnaires des nombreux musées de l’émigration en Italie diront aux visiteurs qu’un de leurs objectifs est aussi de mieux comprendre les
problèmes actuels de migration internationale.
Aujourd’hui, les Italiens résidant en France (environ 375.000 personnes) sont très bien intégrés ; ce ne fut pas toujours le cas, il y eut le temps des « macaronis »
!
Et les émigrés étaient alors gens du « peuple », des pauvres de communautés paysannes. Et ces gens du peuple avaient l’habitude de chanter. C’est là un fait
fondamental : la culture populaire italienne a le chant comme moyen principal d’expression. Chant, masques et gastronomie sont trois aspects essentiels des
cultures populaires de gens qui ont une culture « matérielle », comme disait Gianni Bosio, différente de celle des classes riches parce que ce sont des gens qui
travaillent avec leurs mains et qui ont un mode de vie différent qu’ils expriment par le chant dans leurs fêtes, civiles ou religieuses, personnelles ou collectives.
C’est pourquoi, à partir de l’Unité italienne en 1861, beaucoup d’intellectuels s’efforcèrent de recueillir le maximum de témoignages de ces chansons, de peur
qu’elles ne se perdent.
L’émigration fut un phénomène important dans la vie du peuple italien, et elle va donc être chantée. La plus grande partie de ces chants sont anonymes. Écrits
par quelqu’un bien sûr, il y a toujours un « auteur ». Mais son texte et sa musique devenaient le bien commun de toute une communauté, qui les reprenait, les
transformait à son gré, selon l’évolution des situations, ou selon que des « cantastorie » (chanteurs ambulants), l’ayant apprise dans un village, les faisaient
connaître dans un autre dont la réalité était différente ; et pour ceux qui partaient à l’étranger, ces chansons du village restaient une référence fondamentale, un
lien avec leur pays natal, un élément de leur identité ; par là, ils conservaient aussi leur langue maternelle, leur dialecte qui restait le même, alors que dans leur
village il évoluait souvent avec l’histoire. On trouve ainsi chez les émigrés les traces de formes anciennes, aujourd’hui
disparues en Italie, des dialectes locaux.
L’émigration inspirait évidemment aussi souvent des auteurs de chansons professionnels qui voulaient évoquer la réalité
contemporaine. Nous en verrons des exemples comme Miniera, de Bixio e Cherubini, Addio mia bella Napoli, de Nicola
Valente, chantée par Enrico Caruso, Il treno che viene dal Sud de Sergio Endrigo, ou des chansons plus politiques contre
la misère des émigrés, Con la lettera del prete, d’Ivan della Mea, Emigrazione d’Alberto d’Amico, Partono gli emigranti
d’Alfredo Bandelli, Noi de Gualtiero Bertelli et Isabella Zoppi, La canzone di Sacco e Vanzetti de Marino Piazza, ou La
canzone dell’emigrante de Tony Santagata.
De quoi parlaient ces chansons d’émigrants ? D’abord de leur pays d’origine, maintenant perdu et regretté, de sa beauté.
Ensuite des difficultés de la séparation vécue avec leur famille, leur femme, leurs enfants, leur mère, leurs amis ; une
seule, dans celles que nous avons trouvées, parle de la séparation sexuelle des époux. Souvent, la difficulté du voyage était évoquée, à pied dans la neige pour
passer en France clandestinement, ou en bateau pour l’Amérique, avec les risques de mourir dans un naufrage : deux de ces grands naufrages seront cités,
dans des conditions qui ont quelques points communs avec les naufrages actuels en Méditerranée. Enfin les difficultés d’accueil, la visite médicale sélective à
l’arrivée, la recherche d’un travail, la chute dans les griffes de la mafia américaine, etc.
Rappelons enfin que la musique est souvent traditionnelle, reprise d’un air connu sur lequel on chante des paroles nouvelles, une mélodie que l’on aimait et qui
était facile à chanter ensemble, parfois même un air d’opéra devenu populaire, de Verdi surtout.
Sur ces chansons, on peut voir de nombreux textes et des informations dans les livres de :
* A. Virgilio Savona et Michele L. Straniero , Canti dell’emigrazione, Garzanti, 1976, 442 pages.
* Gian Antonio Stella, L’orda -Quando gli albanesi eravamo noi, Biblioteca Univerale Rizzoli (BUR), 2003, 313 pages (Réédité en livre de poche).
* Gérard Noiriel, Le massacre des Italiens, Aigues-Mortes, 17août 1893, Fayard, 2010
Enregistrements : Voir à la fin du texte.
1) Vuoi tu venir Giulietta ?
Vuoi tu venir, Giulietta ?
Veux-tu venir Juliette ?
Vuoi tu venir con me ?
Veux-tu venir avec moi ?
Vuoi tu venir in Merica ?
Veux-tu venir en Amérique ?
Vuoi tu venir in Merica ?
Vuoi tu venir, Giulietta ?
Vuoi tu venir con me
Vuoi tu venir in Merica
a travagliare con me ?
pour travailler avec moi.
Mi sì che vegnirìa
Moi bien sûr que je viendrais
se 'l fus da chi a Milan,
si c’était d’ici à Milan
ma per andare in Merica...
mais pour aller en Amérique …
ma per andare in Merica...
Mi sì che vegnirìa
Moi bien sûr que je viendrais
se 'l fus da chi a Milan,
si c’était d’ici à Milan,
ma per andare in Merica...
mais pour aller en Amérique
l'è massa via lontan !
c’est beaucoup trop loin !
Vuoi tu venir Giulietta ?
Veux-tu venir Juliette
Là mi ti sposerò
là nous nous marierons
Sarà una vita bella
ce sera une belle vie
Sarà una vita bella
Vuoi tu venir Giulietta ?
Veux-tu venir Juliette ?
Là mi ti sposerò
là nous nous marierons
Sarà una vita bella,
ce sera une belle vie
Felice te farò.
Je te rendrai heureuse.
L’o’ compagnà a Genova,
Je l’ai accompagné à Gênes
A li’ che stavo a spetar,
c’est là que je l’attendais
L’endà sul bastimento
Il est allé sur le bâtiment
L’endà sul bastimento.
L’o’ compagnà a Genova,
A li che stavo a spetar,
L’endà sul bastimento
Col fasoletto bagnà
avec son mouchoir mouillé.
Col fasoletto bagnà.
C’est un chant de montagne, du Trentin ou de Vénétie (Asolo, Treviso), publié en 1948. Il existe un chant suédois presque identique, et il existe
d’autres versions et d’autres strophes, comme celle qui fait l’éloge de Christophe Colomb pour avoir découvert ce pays où les habitants du Tessin
vont travailler. Ou bien celle qui rappelle Trenta giorni di nave a vapore.
2) Mamma mia dammi cento lire
Mamma mia dammi cento lire
Maman donne-moi cent lires
che in America voglio andar ...!
car je veux aller en Amérique
Mamma mia dammi cento lire
Che in America vo-o
che in America voglio andar ...!
Cento lire io te li dò,
Cent lires je te les donne
ma in America no, no, no.
Mais en Amérique non, non, non
Cento lire io te li dò,
Ma in America, no-o
ma in America no, no, no.
I suoi fratelli alla finestra,
Ses frères à la fenêtre
mamma mia lassela andar.
Maman laisse-la aller
I suoi fratelli alla finestra,
Mamma mia lassela-a
mamma mia lassela andar.
Vai, vai pure o figlia ingrata
Va donc,ô fille ingrate
in mezzo al mare potrai restar
au milieu de la mer tu pourras rester
Vai, vai pure o figlia ingrata
In mezzo al mare potra-ai
in mezzo al mare potrai restar
Pena giunti in alto mare
À peine arrivés en haute mer
bastimento si sprofondò.
Le bâtiment coula
Pena giunti in alto mare
Bastimento si spro-o
bastimento si sprofondò.
Le parole della mamma
Des paroles de maman
son venute la verità.
Est venue la vérité
Le parole della mamma
Son venute la-a
son venute la verità.
Mentre quelle dei miei fratelli
Tandis que celles de mes frères
l'è stà quelle che m'ha ingannà.
Sont celles qui m’ont trompée
Mentre quelle dei miei fratelli
L’è stà quelle che m’ha-a
l'è stà quelle che m'ha ingannà.
Ancienne chanson de la deuxième moitié du XIXe siècle. La première version était différente, non pas une chanson d’émigration, mais une
chanson qui racontait la désobéissance d’une jeune fille : par amour pour le roi de France, elle s’enfuyait de chez sa mère qui lui interdisait de
partir, elle est maudite et elle a un accident mortel en traversant un cours d’eau où son cheval la renverse et où elle se noie. À la fin du siècle, la
grande crise économique en fait une chanson de protestation contre l’émigration : la crise provoque la misère populaire, d’où la volonté de la fille
de s’enfuir en Amérique, mais la malédiction de la mère attachée à sa terre conduit à la mort de la fille, malgré le soutien de ses frères comme elle
sensibles à ce nouveau moyen de tenter d’échapper à la misère et à la répression qui avait suivi les manifestations.
Cette chanson connut de nombreuses versions chantées par plusieurs chanteurs ou groupes. Ici, la version de Sandra Mantovani et celle de
Gualtiero Bertelli.
3) Italia bella mostrati gentile
Italia bella, mostrati gentile
Belle italie, montre-toi gentille
e i figli tuoi non li abbandonare,
et n’abandonne pas tes enfants
sennò ne vanno tutti ni' Brasile
sinon ils s’en vont tous au Brésil
e 'un si rìcordon più di ritornare
et ils ne se souviennent plus de revenir
Ancor qua ci sarebbe da lavorà,
ici aussi il y aurait du travail
senza stà in America a emigrà.
Sans aller émigrer en Amérique
Il secolo presente qui ci lascia,
Le siècle présent nous quitte ici
i' millenovecento s'avvicina ;
et mille neuf cents s’approche ;
la fame ci han dipinto sulla faccia
on nous a peint la faim sur le visage
e per guarilla 'un c'è la medicina
et pour la guérir il n’y a pas de médicament
Ogni po' noi si sente dire : E vo
De temps en temps on entend dire : je m’en vais
là dov'è la raccolta del caffè.
Là où il y a la récolte du café.
Recitato
Récité
L'operaio non lavora
l’ouvrier ne travaille pas
e la fame io divora
et la faim le dévore
e qui' braccianti
et là les ouvriers agricoles
'un san come si fare a andare avanti.
Ne savent plus comment faire pour continuer.
Spererem ni' novecento,
Nous espérerons dans le XXe siècle
finirà questo tormento,
ce tourment finira
ma questo è il guaio :
mais là est le malheur :
il peggio tocca sempre all'operaio. C’est sur l’ouvrier que tombe le pire.
Nun ci rimane più che preti e frati,
Il ne nous reste plus que les prêtres eet les frères
monìcche di convento e cappuccini,
nonnes de couvent et moines capucins
e certi commercianti disperati
et certains commerçants désespérés
di tasse non conoscono i confini.
Ne connaissent plus les limites des impôts.
Verrà un dì che anche loro dovran partì
Il viendra un jour où ils devront partir
là dov'è la raccolta del caffè.
Là où il y a la récolte du café.
Ragazze che cercavano marito
Des filles qui cherchaient un mari
vedan partire il loro fidanzato,
voient partir leur fiancé,
vedan partire il loro fidanzato
elles voient partir leur fiancé
e loro restan qui co'i sor curato.
Et elles restent là avec monsieur le curé.
Verrà un dì che anche loro dovran partì
Le jour viendra où eux aussi devront partir
là dov'è la raccolta del caffè.
Là où il y a la récolte du café.
Le case restan tutte spigionate,
Les maisons restent toutes vides
l'affittuari perdano l'affitto,
les loueurs perdent leur loyer,
e i topi fanno lunghe passeggiate,
et les rats font de longues promenades,
vivan tranquilli con tutti i diritti.
Qu’ils vivent tranquilles, ils ont tous les droits.
Verrà un dì che anche loro dovran partì
Il viendra un jour où eux aussi devront partir
là dov'è la raccolta del caffè.
Là où il y a la récolte du café.
Un des chants d’émigration les plus connus et chantés. C’est un chant toscan, composé en 1899 dans la région d’Arezzo, à Porciano où il a été
recueilli en 1965 par Caterina Bueno et Roberto Leydi ; de là il y eut en effet une forte émigration vers le Brésil à la fin du XIXe siècle et au début
du XXe. Le chant est plein d’ironie à la manière toscane et aussi d’un anticléricalisme très fort dan cette région : l’Italie est dite “belle” et
“gentille”, alors qu’elle a bel et bien “abandonné” ses enfants, les livrant à la misère ou à une émigration tout aussi pénible, avant de les relancer
vers des guerres coloniales sans issue, en leur promettant en Afrique des terres qu’ils n’auront jamais. Alors ils espèrent que tout changera avec
l’arrivée du XXe siècle, puis ils espèreront en l’an 1950, puis en l’an 2000 et ainsi de suite. Il ne nous reste que les prêtres et les nonnes qui nous
ruinent par leurs quêtes, et les filles ne trouvent plus de maris … hors les curés du village.
4) Sei bella negli occhi
Sei bella negli occhi,
sei bella nel cuore,
sei tutto un amore,
sei nata per me.
Ah no, no, non pianger,
coraggio, ben mio,
quest'ultimo addio
ricevi da me.
Ti vedo se sveglio
se dormo ti vedo
e viver non credo
diviso da te.
Ah no, no, non pianger,
coraggio, ben mio,
quest'ultimo addio
ricevi da me.
Sei bella nel viso,
nel pianto sei bella,
ah barbara stella
mi parte da te.
Ah no, no, non pianger,
coraggio, ben mio,
quest'ultimo addio
ricevi da me.
Ma s'io da te parto
qui resto con l'alma,
tu gioia, tu calma
sei solo per me.
Ah no, no, non pianger,
coraggio, ben mio,
quest'ultimo addio
ricevi da me.
Sei bella, e vagando
su rive straniere
sarò col pensiere
per sempre con te.
Ah no, no, non pianger,
coraggio, ben mio,
quest'ultimo addio
ricevi da me.
Tu pensa che fede
ti do in questo giorno,
che s'io non ritorno
son morto per te.
Ah no, no, non pianger,
coraggio, ben mio,
quest'ultimo addio
ricevi da me.
Chanson d’un auteur inconnu, de la fin du XIXe siècle, du Latium ou des Marches, qui exprime la douleur de la séparation par l’émigration ou par
la guerre.
5) Miniera
Testo : Bixio Cherubini (1899-1987)
Musica : Cesare Andrea Bixio (1896-1978)
Allor che in ogni bettola messicana
Danzano tutti al suono dell'avaiana,
Vien da lontan un canto cosi' accorato :
È un minatore bruno laggiù emigrato
La sua canzone sembra d'un esiliato :
« Cielo di stelle, cielo color del mare
Tu sei lo stesso cielo del mio casolare ;
Portami in sogno verso la Patria mia
Portale un cuor che muore di nostalgia ».
Nella miniera è tutto un baglior di fiamme,
Piangono bimbi, spose, sorelle e mamme,
Ma a un tratto il minatore dal volto bruno
Dice aglj accorsi: « Se titubante è ognuno
lo solo andro' laggiù che non ho nessuno. »
E nella notte un grido solleva i cuori :
« Mamme, son salvi ! » Tornano i minatoti
Manca soltanto quello dal volto bruno ;
Ma per salvare lui, non c'è nessuno .
« Cielo di stelle, cielo color del mare
Tu sei lo stesso cielo del mio casolare ;
Portami in sogno verso la Patria mia
Portale un cuor che muore di nostalgia ».
Va l’emigrante ognor con la sua chimera
lascia la vecchia terra, il suo casolare
e spesso la sua vita in una miniera.
Le 6 décembre 1907, à Monongah, dans le West Virginia, se produisit un des plus grave accidents miniers de toute l’histoire des USA : il tua
officiellement 362 mineurs dont 171 italiens presque tous venus de Calabre, du Molise et des Abruzzes, en tout cas tous du Sud, c’et pourquoi la
chanson parle de mineur « brun » ; mais les recherches ultérieures parlent de 956 mineurs tués ; déjà en 1886, 38 mineurs étaient morts à
Newhurgh, et plus tard en 1968, 78 moururent à Fairmont ; le désastre le plus récent est de 2006 dans le West Virginia, avec 12 morts. C’est de
cette histoire que se sont inspirés Bixio et Cherubini quand ils écrivirent leur chanson au début des années ’30.
version de Sandra Mantovani version de Gualtiero Bertelli
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Récemment, la ville de Castelnuovo, près de La Spezia en Ligurie, a adopté cette chanson comme hymne local en souvenir des mineurs morts
dans les mines de lignite de la plaine de Luni.
En 1998, le groupe des New Trolls publié un disque « Una miniera » qui comporte une chanson homonyme, sur le même thème. Déjà au début des
années ’60, Enzo Jannacci avait gravé sur ce thème de la mort par la guerre et la mine sa chanson Sfiorisci bel fiore.
6) La valigia
(Leo Valeriano)
Una bottiglia di vino per il compaesano,
nella valigia.
Un pugno di terra,
nella valigia
ed un cielo azzurro,
nella valigia
e tanto coraggio,
nella valigia.
E tutti i campi che tu hai potuto vedere,
nella valigia
e le parole che non hai saputo mai dire,
nella valigia
ed un grappolo di sogni
lontano, lontano, lontano, lontano, lontano ...
Ed ora corri col treno verso il domani.
C'è la tua terra perduta con le speranza
dei sogni che nascono all'alba,
e che non tramontano mai.
Una bottiglia di vino per il compaesano
nella valigia.
E tutti i campi che ancora ti puoi ricordare,
nella valigia,
gli arrivederci a chi non puoi più rivedere,
nella valigia
e gli occhi di tua madre
lontano, lontano, lontano, lontano, lontano,
nella valigia,
nella valigia ...
Leo Valeriano (Leo di Giannantonio) est un écrivain, acteur, chanteur, cabarettiste. Originaire de Basilicata, où il et né en 1938, il a émigré en
Allemagne, d’où il revient en 1965. La chanson est de 1970. Le thème de la valise n’est pas gratuit : les émigrés italiens racontent souvent qu’ils
sont partis en exil simplement avec une valise de carton fragile, qu’ils devaient attacher avec une ficelle. C’était le meilleur symbole de la réalité
des émigrants, qui restent attachés à leur terre, comme le montre la poignée de terre natale que chacun porte dans sa valise avec quelques
pauvres produits de son village, et avec le souvenir de sa mère que peut-être il ne reverra plus.
7) E tutti va in Francia
E tutti va in Francia
in Francia per lavorare …
E tutti va in Francia,
in Francia per lavorà …
Ma come debbo fare
se tutti vanno via,
oh che malinconia,
da sola resterò !
La la la la ....
Torneremo sulla neve ,
coi marenghi nel taschino,
torneremo a San Martino
per venirti a ritrovar.
Torneremo, torneremo,
suonerà la banda in testa,
sarà proprio un gran festa
ed andremo a fare l’amor !
E tutti va in Francia
in Francia per lavorare …
E tutti va in Francia,
in Francia per lavorà …
Si va a girare il mondo
in cerca di fortuna,
ma non ho più nessuna,
a te io penserò !
La la la la ....
Torneremo sulla neve ,
coi marenghi nel taschino,
torneremo a San Martino
per venirti a ritrovar.
Torneremo, torneremo,
suonerà la banda in testa,
sarà proprio un gran festa
ed andremo a fare l’amor !
E tutti va in Francia,
in Francia per lavorar.
Chant du Frioul , qui traduit la volonté de beaucoup d’Italiens du Nord d’émigrer en France, plus proche que l’Amérique et qui permettait donc de
pratiquer une émigration temporaire et saisonnière.
C’est par ailleurs un bon exemple de reprise d’un air avec de nouvelles paroles : c’est l’air d’une chanson populaire très connue, Addio padre e
madre addio.
8) Cara moglie di nuovo ti scrivo
Cara moglie di nuovo ti scrivo
che mi trovo al confin dela Francia
anche quest'ano c'è poca speransa
di poterti mandar dei danè.
La cucina l'è molto asai cara
e di paga si piglia asai poco
e i bresiani se ne vano al galopo
questa vita la poso più far.
Cara moglie di nuovo ti scrivo
di non darla ne a preti ne a frati
e dalla pure ai più disperati
che nel mondo la pace non han.
C’est une chanson de la Valtrompia en Lombardie, recueillie dans la région de Brescia et qui fait partie du répertoire de la famille des cinq frères
Bregoli, anciens mineurs de la région : beaucoup de mines, qui existaient depuis des siècles, étaient entrées en crise après l’Unité italienne et
l’industrialisation, et avaient dû fermer par appauvrissement des filons et par l’arrivée de matières premières moins chères de l’étranger. Les
industries qui dépendaient de la production des mines (armureries de Gardone et fabriques de couverts de table à Lumezzano) fermèrent aussi.
Les mineurs partent donc, souvent en France, où ils deviennent ouvriers. Les dernières mines ont fermé après la seconde guerre mondiale.
C’est la seule chanson connue dans laquelle on affronte le thème de la séparation sexuelle, avec une rage profonde : l’émigré demande à sa
femme de ne jamais coucher avec un prêtre ou avec un moine, mais seulement avec un homme des plus désespérés. Il faut rappeler que le travail
dans les mines était source de mort précoce des hommes par accident ou par silicose ; le statut social de veuves, souvent jeunes, donnait donc
aux femmes une très grande liberté de mœurs, rappelée ici. Par ailleurs, la région était alors fortement marquée par la présence du Parti
Communiste Italien, très opposé à la Démocratie Chrétienne soutenue par l’Église.
La chanson insiste aussi sur les difficiles conditions de vie des émigrés, ce qui ne leur permet pas d’envoyer de l’argent à leurs familles restées en
Italie, ce pourquoi ils étaient souvent partis.
Écouter l’enregistrement des frères Bregoli sur le disque 33T de Bruno Pianta, Regione Lombardia 5, I minatori della Valtrompia - La famiglia
Bregoli di Pezzaze (Albatros VPA 8237 RL).
Fin de la première partie, qui a fait l’objet d’un enregistrement sur Couleurs FM, dans l’émission de Jean Guichard, Françoise Gibaja et Angelo Sollima de
décembre 2015, Sono solo canzonette.
Voir la seconde partie, qui sera aussi enregistrée sur Couleurs FM en janvier 2016.
Enregistrements : * Chants des émigrants italiens 1, Le Chant du Monde LDX 74477, par A.-Virgilio Savona, avec textes en italien et en français.
* Le canzoni degli emigranti 2, Dischi dello Zodiaco, par A. -Virgilio Savona, 1971, textes en italien.
* Gualtiero Bertelli, Quando emigranti… Canti dell’emigrazione italiana, con la Compagnia delle Acque, Nota, 2003. Textes et commentaires.
* Gualtier Bertelli, Quando gli emigranti 2…Povera gente. Canti dell’emigrazione italiana, con la Compagnia delle Acque, Nota, 2003. Textes et
commentaires
Ma chère femme, je t’écris de nouveau
Car je me trouve à la frontière de la France,
Cette année encore il y a peu d’espoir
Que je puisse t’envoyer de l’argent.
La cuisine est très chère
Et pour la paye on prend très peu
Et les gens de Brescia s’en vont au galop
Ils ne peuvent plus mener cette vie.
Chère femme, je t’écris de nouveau
De ne te donner ni à des prêtres ni à des frères,
Donne-toi aux plus désespérés
qui dans le monde n’ont pas de paix.
La valise
Une bouteille de vin du pays,
Dans la valise ;
Une poignée de terre,
Dans la valise ;
Et un ciel bleu,
Dans la valise ;
Et tout notre courage,
Dans la valise.
Et tous les champs qu'on a pu voir,
Dans la valise ;
Et les mots qu'on n'a jamais su dire,
Dans la valise ;
Et une grappe de rêves,
Loin, loin, loin, loin, loin…
Et maintenant, le train nous tire vers demain.
Il y a la terre perdue avec l'espérance,
Les rêves qui naissent à l'aube,
Et ne se couchent jamais.
Une bouteille de vin du pays,
Dans la valise ;
Et tous les champs qu'on retient,
Dans la valise ;
Les au revoir à ceux qu'on ne reverra plus,
Dans la valise ;
Et les yeux de la mère,
Loin, loin, loin, loin
Et tous on va en France
en France pour travailler
Et tous on va en France
en France pour travailler
Mais comment dois-je faire
si tous partent
Oh quelle mélancolie
Je resterai toute seule !
La la la la ….
Nous reviendrons sur la neige
avec des napoléons en poche
nous reviendrons à San Martino
pour venir te retrouver.
Nous reviendrons, nous reviendrons
en tête jouera la fanfare
ce sera vraiment une grande fête
et nous irons faire l’amour
Et tous on va en France …
En France pour travailler
On va parcourir le monde
à la recherche de la fortune
mais je n’ai plus personne (aucune femme)
c’est à toi que je penserai !
La la la la …
Nous reviendrons sur la neige ...
avec des napoléons en poche
nous reviendrons à San Martino
pour venir te retrouver.
Nous reviendrons, nous reviendrons
en tête jouera la fanfare
ce sera vraiment une grande fête
et nous irons faire l’amour !
Et tous on va en France …
version 1931 de
Gabrè (1890-1946)
version de Gianmaria Testa (1958-)
dans l'album "Da questa parte del mondo" (2006)
Mineurs (1931)