Histoire de la région Ombrie - 5° partie - Perugia - suite
Itinéraire 4 : de Piazza IV novembre à Porta Sole
On part du palazzetto dei Notari par la via Calderini (n° 1 du plan - Guglielmo Calderini, grand architecte,
1837-1916), on trouve peu après la piazza Matteotti et l’église del Gesù (n° 2 du plan), que fait construire
Fulvio della Corgna de 1562 à 1571, pour la nouvelle compagnie des Jésuites ; la façade est refaite en 1934
sur un modèle ancien par l’architecte Eduardo Vignaroli.
L’église a trois nefs, réalisées en partie par Bartolomeo
Tronchi (1529-1604), jésuite architecte florentin. Sur les
nefs latérales, des frises invoquent le coeur de Jésus. La
voûte du croisillon a été peinte par Giovanni Andrea
Carlone (1639-1697), Histoires de Josuè. Sur l’autel sont
deux belles colonnes noires de marbre africain. De
nombreuses autres figures de Jésus et de saints jésuites
ornent l’église, souvent peints par des peintres jésuites dont
le romain Andrea Pozzi (1642-1709).
Sous l’abside se trouvent trois oratoires superposés en
forme de tour selon la hiérarchie sociale, l’oratoire de la
Congrégation des Nobles (1596), celui de la Congrégation
des Artistes (1603), celui de la Congrégation des Paysans (dei Coloni, XVIIIe siècle), où les Jésuites
assurent encore des conférences.
À côté de l’église, les Logge dei Lanari (n° 3 du plan. Ci-contre à droite), édifiées au XIVe siècle par
l’Art de la Laine, d’où l’on accède à la Terrasse du Marché couvert (1932), qui offre une belle vue sur le
Monte Subasio et sur Assise.
Au fond de la place Matteotti s’ouvre la Via Volte della Pace (n° 4 du plan et ci-contre à gauche), qui reprend le tracé de
l’ancienne voie étrusque, long portique ogival du XIVe siècle où, selon la tradition, étaient signés les Traités de Paix entre Perugia
et les villes voisines. C’est une rue très représentative des quartiers anciens de la ville.
Du nord de la place, on prend la via Alessi puis la via Cartolari (les papetiers, c’est un des quartiers d’artisanat les plus prestigieux
et les plus fragiles de Perugia, que l’administration communale se propose de réanimer)
pour arriver à l’église San Fiorenzo et à son couvent annexe (n° 5 du plan). C’est une
église du XIIIe siècle, édifiée au VIIIe siècle sur les bords extérieurs des murs étrusques
; elle est restructurée en 1444 et entièrement refaite en 1768-1770 sur dessins de Pietro
Carattoli (1703-1766) ; elle possède encore des toiles de Francesco Appiani (1704-
1792 - San Pellegrino et un ange, Prodige de l’ostie de santa Giuliana Confalonieri), et
une bannière de Benedetto Bonfigli (1418-1496) de 1476. Après l’Unité italienne, le
couvent devient le siège de l’école normale masculine et il est aujourd’hui celui de l’Université du Troisième
Âge.
Un peu plus loin, on arrive à la Porta Santa Margherita (n° 6 du plan)
qui a été construite dans l’enceinte médiévale ; elle doit son nom au monastère de Bénédictines qui se trouvait alors hors les murs, transformé
en hôpital psychiatrique en 1816. C’est aujourd’hui une zone occupée par des édifices universitaires et sanitaires. On voit à sa droite un
bastion de briques, reste d’une fortification du XVIe siècle, avec une niche contenant une image de la Vierge. Fermée en 1821, elle est
rouverte en 1934.
On reprend la via della Viola (réanimée par une association de jeunes du quartier, Fiorivano le viole, voir
ci-dessous) puis la via del Duca et on tourne à gauche vers l’Arco dei Gigli, nom donné à partir de 1535
(ou Porta Sole ou Arco dei Montesperelli, du nom de l’ancienne famille qui habitait dans les environs),
ainsi nommée à cause des lys des Farnese peints en honneur du pape Paul III. Ce fut une des 5 portes
de l’enceinte étrusque qui conserve ses montants en travertin d’origine sous la voûte ogivale qui est
réalisée au XIIIe siècle. C’était l’aboutissement de l’ancien decumanus étrusco-romain qui rejoignait à l’Ouest la Porta Trasimena. Dans le
blason d’origine de la porte figurait le soleil associé à la lumière (y avait-il un ancien temple étrusque du soleil ?) et à la blancheur de la farine
qui arrivait par là des moulins à roue du Tibre.
En continuant la via del Duca (nom dû à Diomede della Corgna constructeur d’un palais de la rue), puis la via del
Carmine, on arrive à l’église San Simone del Carmine (n° 8 du plan), érigée en 1285 sur un édifice plus ancien du début
du siècle, reconstruite en 1377 en utilisant les matériaux de la démolition de l’ancienne forteresse de Porta Sole, remaniée
au XIXe siècle ; à l’intérieur, quelques tableaux et bannières, et un orgue monumental de 1602. Elle était liée au couvent des Carmélites, laïcisé en
1861.
Plus loin sur la via dell’Asilo, l’ex église de San Crispino (n° 6 du plan) et l’ancien hôpital du même nom, géré par
les cordonniers de l’arte dei Calzolai. On peut faire un détour par la via Enrico Dal Pozzo jusqu’à l’église San
Bevignate (n° 10 du plan) construite entre 1256 et 1262, à la demande de Bonvicino, Chevalier de l’Ordre militaire
des Templiers ; quand celui-ci fut dissous en 1312, le monastère passa aux Chevaliers de l’Ordre de Saint Jean de
Jérusalem, puis en 1324, un riche marchand de Perugia la racheta pour installer à sa femme et à ses filles un
monastère féminin placé sous la règle de l’Ordre de Saint Jean. En 1517, pour des raisons financières, le
monastère retourna à l’Ordre et en 1860, avec la suppression de plusieurs ordres religieux, il revint à la
Commune et fut désacralisé. Saint Bevignate fut un ermite local mal identifié et très populaire de la moitié du
XIIIe siècle, qui fut l’objet d’une canonisation « laïque » en 1453 par le peuple de Perugia ; il était protagoniste
du frère Ranieri Fasani dont on a parlé plus haut, créateur des processions de flagellants. L’église a toutes les
caractéristiques des édifices de l’Ordre des Templiers, intérieur à nef unique, abside carrée, parois ornées de
fresques rappelant l’histoire de l’Ordre (Cf. ci-dessus à gauche la fresque représentant le lion et les moines templiers). L’église a été restaurée de
2003 à 2009, et on a retrouvé à cette occasion sous le pavement de l’église la mosaïque d’une domus romaine et 5 vasques d’une laverie romaine,
que l’on peut voir à travers une vitre de sol. Un peu après l’église se trouve le Cimetière Monumental de la ville (n° 11 du plan), qui occupe une
partie de la colline de Monterone.
On remonte jusqu’à la via del Carmine et on prend la via del Roscetto et la via Pinturicchio, à travers l’Arco dei Tei (ou Porta Pesa di Santa Maria
Nuova, n° 14 du plan), Porte du XIIe siècle, appelé Porta Pesa parce que ce fut la porte de la douane avant
l’expansion de la ville vers le quartier Sant’Antonio au XIV e siècle. Le nom d’Arco dei Tei provient du voisinage
de la famille Tei. On découvre bientôt l’église de Santa Maria Nuova (n° 12 du plan), construite au XIIIe siècle
sur un ancien édifice bénédictin. En 1372, l’architecte Matteo di Giovannello Gattapone (1300-1383) construit la
Forteresse de Porta Sole qui endommage l’église, restaurée lors de la démolition de la forteresse en 1375, après
quoi les moines de saint Sylvestre s’y installent en 1404 et la modifient, changeant l’orientation, ajoutant trois nefs
et une abside heptagonale avec deux chapelles latérales. Plus tard, Braccio da Montone y fit encore des
restaurations. En 1540, les moines de saint Sylvestre déménagent à San Fortunato, et ce sont les Servites qui s’y
installent, chassés de leur siège par la construction de la Rocca Paolina. Le clocher fut ajouté au XVIIe siècle, et
l’occupation française de 1797 puis l’Unité Italienne privèrent l’église de beaucoup de ses œuvres d’art, mais il en
reste quelques-unes, outre le grand orgue de 1584. Ce fut toujours un lieu important de rencontres sociales, lié à la vie de 7 confréries, siège d’hôpitaux,
et pôle de référence de nombreux étudiants et étrangers qui laissent leur marque dans l’église.
Ayant franchi l’arc, on prend le corso Bersaglieri qui longe la crête de la colline du Borgo Sant’Antonio. On y trouve de nombreux édifices religieux,
l’oratoire de San Giovanni Battista, de 1536 mais refait en 1705 et très dégradé, puis celui de la
Confraternità Disciplinata di Sant’Antonio Abate et l’église du même nom (n° 15 du plan et cf. ci-contre à
gauche) du XIIIe siècle, remaniée en 1669, appartenant aux religieux Olivétains ; dans la rue, un petit cochon
en pierre sur une base de colonne romaine, symbole de Saint Antoine Abbé, le protecteur des animaux et
des paysans qui entraient par là dans la ville. Puis on atteint la Porta (cassero) Sant’Antonio (n° 16 du plan
et ci-contre à droite) ouverte en 1374 à l’extrémité de la forteresse pontificale de Porta Sole. C’est par là qu’en
1859 les Bersaglieri entrèrent dans la ville, d’où le nom de la rue.
On prend ensuite la via Enrico Cialdini qu’on peut suivre jusqu’à Santa Maria di Monteluce. C’était autrefois
une zone populaire isolée (on voit encore quelques ateliers et commerces médiévaux le long de la rue. Cf.
n° 17 du plan), hors des murs, maintenant transformée par les constuctions d’immeubles du XIXe siècle. Un
escalier permet d’accéder à la Piazza et à l’église S. Maria di Monteluce (n° 18 du plan). Construite au XIIe siècle sur un terrain donné au cardinal
Ugolino, futur pape Grégoire IX, elle est refaite au XVIe siècle ; elle faisait partie d’un ancien monastère de religieuses bénédictines fondé en 1219
puis de Clarisses Damianites, à partir de 1248, à la demande d’une dame d’Assise, Benvenuta di Cilino. Elle est restructurée en 1448 par les Observants franciscains, et il y a 68
religieuses en 1468.
La façade de l’église, en marbre blanc et rose est de 1451, les deux portes en bois sont ornées de
reliefs représentant la Madonne et les saints Claire, François et Bernardin. Le clocher massif a été
complété à ses pieds par une chapelle de la Renaissance. L’intérieur rectangulaire à une seule nef
est décoré de fresques (de 1602 à 1697) de Giovanni Maria Bisconti, ou Matteuccio Salvucci
(1576-1627), l’autel est orné de fresques de Giulio Romano (1492-1546), Giovan Francesco Penni
(1488-1428) et Fiorenzo di Lorenzo (1440-1525) ; c’est une belle expression du maniérisme de
Perugia, sur des thèmes franciscains. L’église est fermée en mars 2017 pour des raisons de sécurité
après le tremblement de terre de 2016, et les habitants de Perugia demandent avec insistance au
maire sa réouverture, pour laquelle plusieurs centaines de milliers d’euros ont été votés. En 1927, on
avait installé dans le couvent une Polyclinique (Ci-dessous à droite).
Par la via Cialdini on revient jusqu’à la via del Cane (n° 19 du plan) d’où on a une vue panoramique. On descend à
gauche le viale Sant’Antonio jusqu’au couvent San Tommaso (n° 20 du plan), dans la via Pinturicchio, fondé vers
1274 pour les religieuses cisterciennes et passé aux Dominicaines vers 1550, et aujourd’hui déconsacré et devenu lieu
d’exposition. On arrive à l’église Sant’Angelo della Pace (n° 21 du plan et photo de la façade ci-contre à gauche),
aujourd’hui déconsacrée et devenue la Sala Binni de la Bibliothèque Augusta (n° 23 du plan). Elle fut fondée en 1548
pour le compte du pape Paul III par Galeazzo Alessi (1512-1572), et devient propriété de la famille Connestabile
della Staffa de 1946 à 1964, puis est cédée à la Commune (Voir l’intérieur ci-dessous à droite). C’est à la même famille
qu’appartient le palais situé en face de l’église, créé en 1629, construit par l’architecte jésuite Rutilio Clementi et centre de la
Bibliothèque Augusta, née en 1582 de la donation de sa bibliothèque par l’humaniste Prospero Podiani (1535 ?-1615); elle
contient environ 300.000 volumes, dont des manuscrits de miniatures sur l’Enfer de Dante et sur François d’Assise.
Si on continue la via Pinturicchio puis la via Scoscesa, on arrive aux restes de l’ancienne fortification pontificale (n° 22 du plan -
Ci-contre un plan ancien). En 1371, l’abbé et cardinal Gerardo Du Puy Monmaggiore ( ? -1389) choisit l’endroit le plus haut de la
ville (493 m.), autrefois siège de l’acropole étrusque, pour construire une citadelle pontificale qui aurait le pouvoir de contrôler la
ville, sur un projet de Matteo Gattapone : à l’intérieur d’une double enceinte un grand palais avec un puits et des cours de
résidence des troupes, des magasins, des moulins à vent et tout ce qui était nécessaire pour maintenir l’indépendance de la
forteresse. Mais les citoyens de Perugia la prirent d’assaut en1375 et la détruisirent. Il n’en reste que les grands arcs qui
soutiennent la Piazzetta delle Prome, le mur qui rejoignait la Porta di Sant’Antonio et quelques tours. On jouit peut-être de là du
plus beau panorama de la ville.
On passe Piazza Fortebraccio, créée en 1536 par le cardinal Marino Grimani (1488-1546), qui fit combler la dépression qui
séparait alors la ville intérieure aux murs du Borgo Sant’Angelo (d’où son premier nom de Piazza Grimana) ; sur la place, l’Arco
Etrusco et le Palazzo Gallenga Stuart (Voir plus haut, Itinéraire 1).
Par Piazza Michelotti, le point le plus haut de la ville, et via Aquila, on rejoint Piazza Raffaello, et on peut visiter la Cappella
San Severo (n° 24 du plan) construite par les moines camaldules à l’époque où était encore vivant saint Romuald, leur fondateur, mort entre 1023 et
1027. Elle contient la seule des nombreuses œuvres de Raffaello restées à Perugia, une Trinité avec les saints
Maure, Placide, Benoît abbé à gauche et Romuald, Benoît le Martyr et le moine Jean à droite, commandée en
1505 par l’évêque Troilo Baglioni ( ? -1506) et terminée par Perugino, à qui l’on doit les saints Scholastique,
Jérôme, Jean l’Évangéliste, Grégoire le Grand, Boniface et Marthe peints dans la partie inférieure de la fresque.
Dans la niche du centre, Vierge à l’enfant en terre cuite polychrome du XVe siècle.
On arrive enfin à Piazza Piccinino (de Nicola Piccinino, le grand capitaine d’aventure, 1368-1444) qui permet
de voir l’église Santa Maria della Misericordia, construite au début du XVIIe siècle et l’église de la
Compagnia della Morte (n° 25 du plan), chargée à partir de 1570 de donner une sépulture aux morts pauvres.
Elle a été restaurée entre 1997 et 1998.
On revient Piazza Danti, où on voit l’emplacement du Puits étrusque (ou Pozzo Sorbello, du nom de la famille
qui possède encore le palais qui se trouve au-dessus. N° 26 du plan)). Le puits se trouve en effet dans les
souterrains du Palais Bourbon-Sorbello construit au XVIe siècle à l’extrémité orientale de la place Danti,
appuyé contre le mur étrusque. Puits et citerne de l’époque étrusque, il témoigne du développement atteint par
Perugia à cette époque ; construit en travertin comme les murs étrusques, il est profond de plus de 30 mètres,
et d’un diamètre maximum de 5,60 mètres, et il était probablement alimenté par l’eau des nappes phréatiques. Il a été exploré pour la
première fois en 1965. Quant au palais, il a été construit par la famille puissante des Montimelini, une des plus anciennes de la ville, et
acheté en 1780 par Uguccione III di Sorbello. Il possède une riche galerie de tableaux dont un Perugino. Il est le siège du Gran Orient d’Italie depuis 1970.
Il ne nous reste que deux itinéraires à proposer, vers le sud-ouest et le sud de la ville. Cela vous permettra de compléter votre semaine à Perugia !
Itinéraire 5 : de la via Bonazzi à Santa Giuliana et au Jardin del Campaccio
Commençons par la via Bonazzi, qui part sur la droite de Piazza della Repubblica ; la rue est une de ces rues très
intéressantes du centre ville, portant le nom de Luigi Bonazzi (1811-1879), une historien et acteur de théâtre de
Perugia, auteur d’une Histoire de Perugia, des origines à 1860 ; bordée de maisons des XIIIe et XIV siècles, elle permet
de voir dans le passage surmonté de voûtes gothiques l’ancienne Confrérie de Santa Maria del Suffragio (1639 - n° 4
du plan), maintenant galerie d’art, et l’oratoire de la Confrérie des saints Crispino et Crispiniano (Crépin et
Crépinien, 1621-1625), avec une entrée surmontée d’un couteau, emblème des cordonniers qui ont fondé l’église en
1533. On tourne à droite dans la via Caporali, où l’on a trouvé au n° 4 une citerne étrusque couverte comme celle du
Palais Sorbello (voir itinéraire précédent). Une centaine de mètres plus loin, on trouve l’église de Sant’Angelo di Porta
Eburnea (n° 5 du plan) et, en prenant la via Bruschi, on arrive à la Porta Eburnea (Arco della Mandorla - N° 6 du plan
- voir plus haut).
On trouve sur la via Parione l’église et le couvent de Santo Spirito (n° 9 du plan, près de la Porta Crucia -Voir plus
haut). On trouve au bout de la via Parione l’escalier roulant (n° 10 du plan). On peut ensuite descendre jusqu’à l’église et le couvent de Santa Giuliana
(n° 11 du plan), fondés en 1253, comme monastère de religieuses cisterciennes, remaniés à plusieurs reprises et négligés jusqu’à devenir grenier à blé
après la suppression des communautés religieuses par Napoléson Bonaparte, aujourd’hui École de Langues
Étrangères de l’Armée. La façade de l’église (ci-contre à droite) est du XIVe siècle, recouverte de marbres polychromes
à dessins géométriques, selon un motif commun dans l’architecture religieuse de Perugia, l’intérieur est décoré de
fresques (voir ci-dessous à drite un détail du Couronnement de la Vierge, du XIIIe siècle) ; le clocher est un des rares à
conserver sa pointe gothique ; le cloître (ci-dessous à gauche) est d’environ 1376 ; au XIXe siècle, il est
transformé en hôpital militaire. Il en reste le portail du XIIIe siècle de la première cour. Il est attribué à
Matteo Gattapone (1300-1383), d’environ 1376, et il vaut la peine d’être visité (salle capitulaire en
particulier).
De là on peut remonter jusqu’à Piazza del Circo où on voit l’église des saints Biagio et Savino (n° 12 du
plan) de 1832, puis le Collegio Bartolino et l’Hôpital Saint-Jean de Dieu (n° 13 du plan). Continuez
jusqu’à Piazza Mariotti avec son Couvent delle Mantellate et l’église dell’Annunziata (n° 14 du plan),
d’origine médiévale et restructurée en 1641, avec une façade du XIXe siècle, à côté du Conservatoire
de musique Francesco Morlacchi, construit au XIIIe siècle comme monastère des religieuses Servites
le long de la muraille étrusque. Plus haut sur la via Cupa, voir le Collegio della Sapienza Vecchia (Cf.
itinéraires précédents). On découvre un des plus beaux panoramas sur la ville, et, en-dessous sur le
jardin public Campaccio (n° 17 du plan). Ensuite apparaît la petite église de Santa Maria della Valle
(n° 16 du plan) avec son abside semi-circulaire du XIIIe siècle. Un peu plus loin, presque encastrée dans
les murs étrusques l’église San Benedetto (n°18 du plan et ci-contre à gauche) en pierre claire, édifiée
aux Xe et XIe siècles par l’ordre bénédictin, sans que l’on sache pourquoi l’ordre s’installa aussi près de
la ville, les ordres préférant d’ordinaire s’installer hors de la ville le long des voies de communication pour
avoir à la fois plus de tranquillité et plus de possibilités d’exploiter leurs terres. Au XIIe siècle les
Bénédictins cèdent l’église à l’ordre chevaleresque de Jérusalem (Chevaliers de Malte), elle est alors
transformée en style gothique, puis à nouveau en 1297 suite à l’écroulement partiel de la muraille
étrusque, elle est divisée en deux églises, une pour les paysans de l’extérieur et une pour les habitants
de la ville supérieure sur le modèle des deux basiliques d’Assise, avec la construction d’une passerelle qui permettait de passer de la ville à
l’église. Celle-ci fut malheureusement abandonnée au XVIIIe siècle, et devient propriété de l’État après l’Unité. On peut cependant apprécier
encore ses formes et sa petite absidiole gothique contre la muraille étrusque (Cf. ci-contre à droite).
Itinéraire 6 : de Piazza Matteotti à Porta San Pietro.
Un dernier itinéraire nous permettra de visiter la partie méridionale de la ville. On peut partir de Piazza
Matteotti, chef-d’œuvre de l’urbanisme médiéval qui sait adapter les
structures naturelles à ses exigences : sur les constructions réalisées pour
contenir la colline, on creuse en 1247 cette longue place autrefois appelée
pour cela Sopramuro (au-dessus du mur). C’est là que se déroulait le
marché et de nombreuses activités de service, abattoir, pêcherie (abattue en
1911 pour installer le Palais des Postes), les greniers publics, le travail du
saindoux, les magasins de selles, tanneries, et aujourd’hui la seule
pharmacie ouverte 24 heures sur 24, toutes les activités humbles et
populaires, qui utilisaient les niches couvertes qui abritent aujourd’hui l’accès
aux ascenseurs du parking. La place dominait ce qu’on appelle « le champ de bataille » où se tenaient les jeux publics,
dont la tauromachie et la « bataille des cailloux », où les équipes des quartiers de la ville se battaient à coups de cailloux
; pour cela, à partir du XVe siècle et de la construction des édifices du côté oriental, on construisit un parapet qui permettait
d’assister aux jeux.
Parmi les monuments le Palais del Capitano del Popolo (ou del Bargello, n° 1 du plan - Ci-contre à gauche), édifice
gothique de la Renaissance érigé de 1473 à 1481 par Gasparino di Antonio (architecte lombard du XVe siècle) et Leone
Di Matteo (connu de 1472 à 1481), doté d’un portail portant deux griffons et une statue de la Justice. Notez au premier
étage les fenêtres géminées et la loggia dei banditori d’où on lisait au peuple les édits et les ordonnances des magistrats.
C’est Luigi Vanvitelli (1700-1773) qui restaura le deuxième étage suite à un écroulement causé par un tremblement de
terre.
À gauche du Palais s’ouvrent les arcs ogivaux qui conduisent à la Loggia dei Lanari et au
Marché couvert de 1932, d’où l’on voit les arcades de soutènement hautes de 15 mètres (Cf
ci-contre à gauche les grands arcs de Via della Rupe, n° 3 du plan). À droite la Vieille
Université (Università Vecchia. N° 2 du plan) construite au rez-de-chaussée en 1453 pour
installer des magasins, l’étage fut ajouté de 1483 à 1515 à la demande du pape Sixte IV qui y
installe l’université, deuxième d’Italie créée en 1266 après celle de Bologne ; elle y reste
jusqu’en 1811, c’est maintenant le siège de bureaux du Palais de Justice.
Au Moyen-Âge, une commune brillait non seulement par ses corporations et la force de ses
institutions politiques et militaires, mais aussi par sa capacité à transmettre la culture la plus
avancée, de façon à faire progresser la société dominante, sous le contrôle du pape ou de
l’empereur, et à faire obtenir un diplôme reconnu universellement. Deux activités arrivaient en tête, la Faculté de Droit et celle des
Corporations en général, où la Médecine, la Philosophie et la Théologie tendaient à se distinguer des autres les ; les étudiants se
réunissaient en une « Universitas » qui fonctionnait comme une corporation et participait donc au fonctionnement de la ville. De grands
intellectuels vinrent y enseigner, Jacopo da Belviso (1270-1335), Cino dei Sinibuldi da Pistoia (1270-1336), Bartolo da
Sassoferrato (1313-1356), Baldo degli Ubaldi (1327-1400), Gentile da Foligno (1280-1348), dans une époque de grande autonomie
par rapport au pape, qui disparut largement à partir de 1467 jusqu’au renouvellement du XVIIIe siècle et de Napoléon, condamnée par le
retour du pouvoir pontifical jusqu’à l’Unité Italienne, à partir de laquelle elle se développa à nouveau, créant des enseignements destinés
par exemple à faire progresser l’agriculture. On nota alors de grands scientifiques qui donnèrent souvent leur nom à une rue, Antonio
Brizi, Silvestro Bruschi, Pietro Vermiglioli, Annibale Mariotti, Giuseppe Severini, Annibale Vecchi, Domenico Bruschi, Bernardo
Dessau, Ariodante Fabretti et le comte Giancarlo Conestabile della Staffa (Voir toute l’histoire de cette grande Université dans
www.unipg.it/ateneo/storia).
Dans la via Oberdan, on passe l’ancien Hôpital de la Miséricorde (n° 4 plan), et, par les escaliers de Sant’Ercolano, à l’arc
étrusque de Sant’Ercolano (n° 5 du plan), ancienne Porta Cornea, une des 7 portes de l’enceinte étrusque dont on voit encore les
pierres à la base tandis que l’arc ogival est du Moyen-Âge. Au-dessus de la porte, un lion du XIIIe siècle, symbole du quartier de San
Pietro et du parti guelfe, en même temps que de protection et de vigilance.
L’église sant’Ercolano (n° 6 du plan) se trouve ensuite au croisement entre la via Sant’Ercolano e
le viale Indipendenza. Elle a été édifiée par la Commune sur le lieu présumé du martyre du saint
protecteur de la ville (tué en 540 par Totila), à partir de 1297, peut-être sur dessin de Fra
Bevignate (1250-1305) e Giovanni Pisano (1245-1318), et achevée en 1326 par Ambrogio
Maitani (XIVe siècle) sous forme d’un édifice hexagonal. On accède à la
porte supérieure par deux rampes d’escalier. Elle est confiée en 1381 aux
moines du Corps du Christ et aux Pères de saint Dominique. En 1542, suite
à l’édification de la Rocca Paolina, on décida d’abattre l’église supérieure,
que l’on restaura en 1591, sous le contrôle des Frères Barnabites qui y font
transférer les reliques du saint en 1609. Ils y restent jusqu’en 1777, laissant
ensuite la place à la Compagnie de Saint Martin. Une nouvelle restauration a été réalisée de 2003 à 2006.
Le grand autel repose sur un sarcophage romain destiné à recevoir les reliques du saint. L’église est
aujourd’hui Monument des Morts de la guerre.
Au bas de la via Cavour, l’ouverture du carrefour des Tre Archi en 1857 (barrière douanière au XIXe siècle, dont il reste la bascule où on pesait les
marchandises. Cf. ci-contre à droite) oblige à modifier l’église de San Giuseppe et Santa Croce (n° 7 du plan et ci-contre à gauche), déjà enregistrée
au cadastre de 1107. Elle a appartenu à l’Ordre des Chevaliers de Malte, puis à celui des Chevaliers du Saint-Sépulcre. Au XIXe siècle, elle devient
siège de la Compagnie de Saint-Joseph, corporation des menuisiers. Elle est encore décorée de quelques fresques anciennes.
On arrive sur la place Giordano Bruno où sont les édifices de Saint Dominique, Couvent (n°
10 du plan), Basilique (n° 8 du plan), clocher (n° 9 du plan). C’est la plus grande église de
l’Ombrie, élevée au rang de Basilique mineure en 1961. Les Dominicains arrivent à Perugia
vers 1230 ; ils édifient leur église entre 1231 et 1260 dans un des lieux centraux pour la classe
dirigeante de l’époque à côté de l’ancienne cathédrale de Santo Stefano del Castellare : c’est
là qu’étaient prises les grandes décisions, comme celle de construire la nouvelle cathédrale, le
Palais des prieurs, Sant’Ercolano et les murs. C’était aux dépens des Franciscains dont le siège était plus éloigné, à San
Francesco del Prato : les Dominicains étaient l’ordre mendiant officiel, plus apprécié de la classe dirigeante, dont ils étaient
souvent les conseillers politiques. L’édifice fut agrandi en 1304, selon la mode de l’époque de trois
nefs de hauteur égale, soutenues par 10 piliers de brique octogonaux ; les voûtes s’écroulent en
1614, et l’église est restructurée de 1629 à 1632 par Carlo Maderno (1556-1629), selon le modèle de Saint-Pierre de Rome, avec des piliers ioniques et une
voûte en berceau. La façade est encore de style gothique avec un portail de 1596 auquel on accède par un double escalier en travertin doté d’une rampe de
1640 de Girolamo Ciofi. Le clocher est édifié entre 1464 et 1500, haut de 126 mètres à l’origine et réduit à 60 mètres pour des raisons de sécurité. Le cloître
est construit de 11455 à 1579. Dans la crypte sont ensevelies de nombreuses personnalités de perugia, dont les membres de la
famille Baglioni.
L’église est en croix latine à trois nefs, l’abside est celle du XVe siècle avec une grande fenêtre qui illumine l’espace ; les chapelles
latérales sont des XIVe et XVe siècles. Dans le transept de droite, Monument funéraire du pape Benoît XI, (Cf. ci-dessus à gauche)
mort à Perugia en 1304. L’abside a un très grand vitrail de 1411 (23 mètres sur 8,50 mètres) du Frère Bartolomeo di Pietro (fin
XIVe-début XVe siècles) et Mariotto Di Nardo (connu de 1389 à 1434), consacré à la glorification de l’Ordre dominicain : Histoires de
saint Jacques en bas, puis 6 saintes dominicaines (Lucia, Dorotea, Caterina d’Alessandria, Maddalena, Marie de Hongrie, Agnès),
puis les Docteurs Thomas d’Aquin, Augustin, Ambroise, Grégoire le Grand, Jérôme, Innocent V, puis les 2 fondateurs, Dominique et
Pierre martyr avec d’autres saints dont les 3 protecteurs de Perugia, puis au 4e rang, l’Archange Michel et l’Annonciation flanqués de
saint Paul, Jacques le Majeur, Jean l’Évangéliste et Pierre, puis les 4 Évangélistes, puis des Archanges, des Prophètes, des anges
musiciens, etc., tous sous des baldaquins (voir la description complète sur le site :
www.icvbc.cnr.it/bivi/schede/umbria/perugia/1sandomenico.htm) ; c’est une des plus grandes fenêtres gothiques d’Italie.
L’orgue est de 1638-1641, de Luca Neri da Leonessa (organiste du XVIIe siècle), restauré par Nicola Morettini (1836-1924) en
1870. Toute l’église est décorée de tableaux du XIVe au XIXe siècles.
En longeant l’église via del Castellano, on voit l’ancien Palais de l’Inquisition (n° 11 du plan), commencé en 1632 par Domenico Grotti
(1604-1679) et on arrive à l’ancien couvent où est installé en 1964 le Musée Archéologique National (entrée ci-contre à gauche),
organisé en deux sections, étrusco -romaine, préhistorique. Créé en 1790 par la donation du noble de Perugia Francesco Filippo
Friggeri, puis amplifié par l’archéologue Giovan Battista Vermiglioli (1769-1848), puis par Ariodante Fabretti (1816-1894), et,
après d’autres, par Giuseppe Bellucci (1844-1921), il est finalement transféré à San Domenico en 1964. Pour qui s’intéresse à
l’histoire et à l’Antiquité, il est passionnant à visiter.
On passe ensuite plusieurs autres ex-monastères, d’abord l’ancien Hôpital dei Pellegrini (des Pèlerins - N° 12 du plan), édifié vers
1333 par une Confrérie dominicaine, refait au XVIIe siècle. Il abrite encore aujourd’hui un menuisier, rappelant qu’ils étaient autrefois
nombreux dans ce quartier. Puis on trouve l’ancien Monastère de la Beata Colomba (n° 13 du plan - Voir itinéraires précédents),
aujourd’hui caserne de pompiers. Il est suivi de l’ancien Couvent de Sainte Maria Maddalena (n° 14 du plan) construit en 1382 par les religieuses
bénédictines, aujourd’hui siège du Commandement des carabiniers. Le n° 15 du plan est l’église Santa Maria del Colle, commencée en 1959 sous la
direction de Sisto Maestrodicasa et sur projet de l’architecte Vincenzo Tutarini, qui lui donne une forme
trapézoïdale, inaugurée en 1964 dans ce nouveau quartier de résidences populaires (Cf. façade ci-contre à
gauche).
Au bout de la via Cavour, on arrive à la Porta San Pietro (ou Romana - N° 16 du plan). C’est une des portes
de l’enceinte médiévale des XIIIe et XIVe siècles. La façade extérieure, de style Renaissance, est construite de
1475 à1480 par Agostino di Duccio (1418-1481) et Polidoro Di Stefano (connu à partir de 1527) qui
s’inspirent de la façade du Temple de Malatesta de Rimini : une grande arcade s’ouvre dans le corps central,
encadrée de deux piliers cannelés, tandis que les grandes niches latérales sont inachevées. La façade interne
a gardé son aspect médiéval ; la profondeur de la porte a permis d’installer à l’intérieur l’Oratoire de Saint
Jacques.
À l’intérieur de la Porte sur la via Benedetto Bonfigli, se trouvent le Couvent et la Porte de San Girolamo (n°17 du plan). La Porte a été construite
vers 1483, en même temps que le couvent franciscain (aujourd’hui Cinéma Zénith). En 1582, elle fut reconstruite en briques par Valentino Martelli
(1550-1530) pour le cardinal Alessandro Riario (1543-1585). Le côté extérieur à l’Est a deux niches qui portaient la statue de Pierre et de Paul,
maintenant à l’Université. Chaque année depuis 1961 part de cette porte la Marche pour la paix et la Fraternité entre les peuples de Perugia à Assise créée par Aldo Capitini (1899-
1968 - Important philosophe antifasciste de Perugia, promoteur de l’action non-violente). Elle porte ce nom parce qu’elle est annexée au couvent des Pères Amadeiti (Congrégation
de Franciscains réformés fondée en 1964 par Amadeo Da Silva (1420-1482) et fermée par le pape Pie V en 1568) qui assistaient les pestiférés ; on l’appelle aussi Porta Romana
parce que c’était le passage obligé pour prendre la via Flaminia et la route de Rome.
On entre alors dans le grand ensemble de San Pietro, Couvent, Basilique, Clocher, Jardin Botanique. C’est la plus importante collection d’œuvres d’art
de Perugia après la Galerie Nationale. L’ensemble abbatial se dresse hors les murs, dans un lieu sacré où, selon la tradition fut martyrisé vers 170 le
protecteur de la ville, Costanzo et où se trouvait la première cathédrale, près du cimetière des martyrs (dont le moine Ercolano, autre protecteur de la
ville, en 547-49) sur le Mont Calvario (le Calvaire, nom de la colline voisine de Jérusalem). La cathédrale fut transférée à San Lorenzo au Xe siècle,
mais le lieu resta sacré et un premier monastère est fondé en 966 par le moine de Clunis Pietro Vincioli ( ?-1022) jusqu’à aujourd’hui, après être passé
à l’ordre cistercien. Les abbés de San Pietro restèrent toujours indépendants de l’évêque et seuls maîtres de leur immense domaine de 3200 hectares le
long de la vallée du Tibre jusqu’à Todi, abritant de nombreux papes jusqu’à Pie IX en 1857. À partir du XVIe siècle, l’abbaye fut enrichie par de
nombreux artistes, Benedetto Bonfigli (1418-1496), Perugino (1448-1523), Eusebio da San Giorgio (1470-1539), Sassoferrato (1609-1685), les
miniaturistes Giapeco Caporali ( ? -1478) et Boccardino (1460-1529). L’abbaye devient aussi un centre culturel important comme siège d’activités
scientifiques et d’érudition dans le Studium des moines où l’on enseignait la Rhétorique, la Philosophie et la
Théologie. En 1859-1860, les moines protégèrent les insurgés de Perugia contre les troupes pontificales Puis
les moines bénédictins s’intéressèrent à l’activité agricole et artisanale, et aujourd’hui c’est la Faculté d’Études
Agraires (Facoltà di Agraria) qui occupe les locaux du couvent ; depuis 1970, ils y ajoutent la sismologie.
Le Monastère est un ensemble de trois cloîtres, l’un du XIVe siècle, celui de Galeazzo Alessi de 1571
(chiostro delle Stelle) et celui de Valentino Martelli et Lorenzo Petrozzi de 1614 (Chiostro Maggiore),
dominé par le grand clocher construit sur un sépulcre étrusco-romain, dodécagonal jusqu’aux corbeaux, puis
hexagonal ouvert de fenêtres géminées gothiques, surmonté d’un entablement qui porte une haute flèche
pyramidale de diverses époques. À gauche on entre dans l’église.
C’est un édifice de plan basilical à trois nefs séparées par 9 colonnes par nef surmontées
de chapiteaux ioniques de l’époque impériale, le plafond est à caissons dorés et décorés
de 1556. L’abside et le presbyterium sont de 1446. Le portail de l’église (Ci-dessus à
droite) du XVIe siècle est surmonté d’une lunette de Giannicolo di Paolo (1484-1544),
Vierge entourée de deux anges ; sur la gauche du portail restes de fresques de la première
façade du Maestro Ironico (1ère moitié du XIVe siècle), Trinité tricéphale, Annonciation,
Saint Georges et le dragon, Saint Pierre et Paul (ci-dessus à droite). Au-dessus de l’autel
se trouvait l’Ascension de Perugino de 1496, volée par Napoléon en 1797 et maintenant à
Lyon et à Paris. Remarquez le chœur en bois du presbyterium, de 1526 à 1535, un des
plus beaux d’Italie (Ci-dessous à gauche) ; la contre-façade est décorée de fresques de
l’Aliense (1556-1629), Triomphe de l’ordre bénédictin (ci-dessous à droite). Une spécialiste
y a découvert un visage diabolique qui pourrait représenter la corruption dans l’Église ou la présence
du mal dans le monde, on ne sait pas. Toute l’église est décorée de fresques de nombreux peintres,
représentant La vie du Christ et des Scènes de l’Ancien testament dans la nef centrale, Vies de
saints dans la nef droite, Histoires de l’Ancien Testament dans la Sacristie de 1451, avec Sainte
Françoise Romaine et l’ange de Caravaggio, Jésus et saint Jean de Raffaello, Sainte Famille de
Parmigianino et Histoires de saint Pierre de Girolamo Danti, Scènes de l’Ancien et du Nouveau
Testament dans la nef gauche.
Une crypte de l’époque de Pietro Vincioli a été redécouverte en 1980.
Le Chiostro delle Stelle ouvre sur un jardin botanique médiéval (n° 20 du plan), qui était celui qu’utilisaient les
Bénédictins, et il a retrouvé sa forme médiévale en 1996 (Hortus ccnclusus), entourée de murs, conservant une
ancienne voie étrusco-romaine et riche d’environ 200 plantes médicinales. (Pour plus de détails voir entre autres le
site www.fondazioneagraria.it). Ci-dessous l’ensemble de S.Pietro.
La Porta di Braccio (n° 20 du plan), construite en 1250 dans l’enceinte médiévale, est restée incluse dans le
jardin du Monastère quand on a ouvert en 1257 la Porta di san Costanzo. Elle a
été reconstruite avec un arc surbaissé, mais l’arc ogival d’origine est bien visible
du côté intérieur. Elle était entourée de deux tours quadrangulaires, dont l’une est
maintenant englobée dans l’agrandissement du monastère au XVIe siècle. Le nom de Braccio
vient de ce que c’est lui qui a fait reconstruire la porte et cette partie du monastère.
De l’autre côté du Borgo XX Giugno se trouvent les
Jardins del Frontone dont on fait déjà mention en
1275 comme « place des champs de bataille » où se
jouaient les batailles de cailloux entre les quartiers ;
sous Braccio da Montone, de 1414 à 1420, on érigea
des murs autour du site qui devint alors lieu d’exercice
militaire ; puis les batailles de cailloux furent
remplacées par des jeux moins belliqueux, courses,
tournois, fêtes, et la place devint « place d’amour »
avant d’être abandonnée à la nature jusqu’au XVIIIe siècle où l’Académie des Arcadiens,
arrivée à Perugia, créa la Colonie Auguste où elle tenait ses réunions sous les chênes verts
des trois allées qui s’achevaient par un petit amphithéâtre et un arc de triomphe (il Frontone) qui donna son
nom au jardin. Aujourd’hui, les soirs d’été, le jardin se transforme en cinéma à ciel ouvert.
Si on continue un peu, on arrive à la Porta San Costanzo (n° 22 du plan) qui tient son nom de
l’église voisine de San Costanzo ; elle a été
réalisée par les moines bénédictins sur un projet de
Valentino Martelli (1550-1630). C’est
l’agrandissement de l’Abbaye de San Pietro qui obligea à transporter la Porta di Braccio un peu plus loin. On l’appela « la portaccia » (la
mauvaise porte) probablement parce que c’est par là qu’entrèrent à Perugia en 1799 les troupes autrichiennes qui chassaient les partisans
des Français, et le 20 juin 1859 les mercenaires pontificaux qui firent un massacre d’habitants pour maintenir le pouvoir du pape, qui ne dut
l’abandonner qu’en 1861… Et c’est le 20 juin 1944 que les troupes anglo-américaines entrèrent pour libérer Perugia du fascisme. Actuellement
elle vient d’être restaurée après le tremblement de terre de 1997.
Après la porte, l’église San Costanzo (n° 23 du plan), construite en 1027 en l’honneur d’un des trois
protecteurs de la ville, saint Constant ( ?-170) dont on a retrouvé les reliques sous le grand autel en 1781
(c’était alors un lieu de sépulture hors les murs) ; elle a été refaite en 1889 en style néoroman par
Guglielmo Calderini (1837-1916). On retrouve quelques éléments de l’ancienne église, l’abside, les
sculptures du portail, etc. Le 28 janvier, veille du jour de la fête du saint, on fabrique un gâteau
particulier, le torcolo di san Costanzo, produit de pauvres fait à base de pâte à pain, dont le trou central
représenterait la tête du saint décapité et la forme en couronne le collier du saint riche en pierres
précieuses qui serait tombé au moment de la décapitation, d’où l’emploi de cédrat confit.
On peut alors remonter vers le centre ville par le viale Roma, jusqu’à la Porta dei Ghezzi (n° 24 du plan), elle fait partie
de la muraille édifiée par Braccio da Montone dès son arrivée au pouvoir en 1416. Les murailles étrusques avaient
suffi à la ville jusqu’au XIIe siècle, si l’on tient compte de la baisse démographique qui caractérise la fin du Moyen-Âge ;
mais à partir du XIIe siècle, la reprise économique, les meilleures conditions de vie et le départ en ville de nombreux
paysans qui veulent échapper à la domination des seigneurs féodaux, de nombreuses maisons en bois se construisirent
hors les murs, base des futurs bourgs de la ville le long des grandes voies de communication. Pour les défendre on
construisit donc une seconde enceinte qui déborda de l’enceinte étrusque, et à laquelle Braccio ajouta d’autres murs
dont celui qui allait de Santa Giuliana à la Porta dei Ghezzi. Braccio trouvait une ville encore médiévale, où les rues
étroites sont souvent couvertes de voûtes pour augmenter ls surface habitable sans réduire la largeur des rues, et où
augmenta la hauteur des constructions. Braccio changea peu de choses mais fit renforcer les murailles pour éviter
qu’elles s’écroulent et en construisit de nouvelles dans un but de défense, de San Giuliana à Porta dei Ghezzi, une
zone plus facilement accessible aux assaillants (Voir ci-contre un dessin du XVe siècle de la ville de Braccio, et l’étude
des portes en langue anglaise sur le site www.keytoumbria.com).
Plus loin on trouve l’ancien Collège de Sant’Anna, autrefois Monastère de Sainte Marie des Anges, transformé
au XVIIIe siècle en orphelinat de filles très réputé, qui contient encore un cloître de 1495 (Cf. Ci-contre à droite).
Au bout de la via Roma on arrive d’abord à la Gare Sant’Anna (Cf. ci-contre à gauche), construite en 1920, petit
palais de style Liberty où arrivent les trains de Terni et d’Umbertide ; elle est restaurée à partir de 2017. On se
rend ensuite à l’Arco dei Funari (n° 26 du plan), une des portes des murailles du XIIIe siècle, qui doit son nom à la proximité de la corporation des Funari,
les fabricants de cordes. La partie droite de l’arc est maintenant inclus dans le mur du Palazzo della Penna (n° 27 du plan. Cf. ci-joint à gauche), par
lequel se terminera l’itinéraire : on remonte ensuite vers la Rocca Paolina (Voir l’itinéraire 1). Le Palazzo della Penna, construit du XVIe au XIXe siècle sur
les restes d’un amphithéâtre romain, est le siège du Museo
Civico di
Palazzo della Penna et d’une riche bibliothèque. Le Musée
contient
entre autres les œuvres de Gerardo Dottori (1884-1977),
le grand
peintre futuriste.
Cet itinéraire constitue un guide complet de Perugia. Il permet de s’apercevoir de l’importance de cette ville : c’est une des villes
d’Italie dont l’histoire est la plus longue, sans interruption des Étrusques à nos jours, avec des traces de l’Antiquité parmi les plus clairement visibles. Le nombre
d’églises, de couvents, d’ordres religieux dit aussi qu’elle a été soumise au pouvoir pontifical jusqu’à l’Unité Italienne, mais qu’elle a su souvent lui résister
activement. Elle a été une ville riche en particulier grâce à son industrie agro-alimentaire (les Baci Perugina), maintenant souvent dépendante de capitaux
étrangers, et elle connaît une crise comme tout le reste de l’Italie. Elle reste aussi une capitale culturelle et universitaire, en particulier par son Université pour
étudiants étrangers. Perugia vaut la peine qu’on la parcoure attentivement du nord au sud, une petite semaine n’est pas de trop. Pensez-y pour vos séjours en
Italie.
Jean Guichard, 25 octobre 2018
Page suivante (annexe)