Accueil Actualités italiennes Nature Histoire Sructures Langue Création de formes artistiques Creation de culture materielle Chanson Voyages Contacts
Histoire de la région Ombrie - 5° partie - Perugia - suite
Itinéraire 2 : de Piazza IV novembre verso Porta Sant’Angelo De la place IV Novembre, on descend par la Via Maestà delle Volte (n° 7 du plan ci-joint). C’était à l’origine un passage couvert sous le palais du Podestat (voulu par Martin IV en 1284, qui s’écroule en  1534), où se réunissait le Grand Conseil de la ville, il pouvait accueillir plus de 400 personnes. La rue doit son nom à la fresque d’une Maestà peinte en 1297 sous une voûte du palais du Podestat, protégée maintenant par  un petit Oratoire. À côté, voir la fontaine de Pietro Angelini (1892-1985) de 1927, ornée de son griffon. Cette rue donne une belle idée de ce qu’était la ville médiévale. On continue à descendre jusqu’à la Piazza Cavallotti (n° 8), en remarquant la maison-tour  dont les trois arcades donnent sur la via Fratti. La place est l’ancienne Piazza degli Aratri, où on vendait les charrues au Moyen-Âge, et sous le pavement de laquelle se trouve une zone archéologique romaine accessible depuis le Musée Capitulaire. Elle porte aujourd’hui le nom de Felice Carlo Emanuele Cavallotti (1842-1898), homme politique garibaldien, poète, dramaturge, mort suite à un duel avec un journaliste conservateur. On peut voir un peu plus loin la Piazza Morlacchi, bordée d’édifices du XVIIIe siècle dont le Palais Aureli, aujourd’hui siège de la Gypsothèque Grecque, Étrusque et Romaine, riche de nombreuses pièces, et le Théâtre Municipal Morlacchi construit en 1780. On reprend ensuite la Via dell’Acquedotto qui descend le long de l’ancien aqueduc qui apporta l’eau du Monte Pacciano à la Fontaine de la place IV Novembre (Ci-dessous à gauche). On peut faire un détour par la via Sant’Elisabetta, du nom de la sainte de Hongrie canonisée à Perugia en 1235 par le pape Grégoire IX, où on peut voir une mosaïque romaine (n° 10) du IIe siècle apr.J.C. représentant Orphée et les bêtes sauvages, qui ornait probablement des thermes (Ci-dessous au centre). Ce fut le quartier des teinturiers. Un peu plus bas, l’église de saint Sébastien et saint Roch (n° 11), du XVe siècle, décorée en 1655 de fresques de Pietro Montanini (1603-1679) (Ci-desous à gauche). Il y eut aussi dans le quartier de célèbres maisons closes (dont celle della Bianca), fermées en 1958 par la loi Merlin, c’était une des zones les plus populaires et les plus pauvres de Perugia. Notons aussi la via e Piazza Lupattelli (vers le n° 27), patriote de Perugia, fusillé en 1844. Promenez-vous librement dans toutes les ruelles du quartier. On peut faire un détour  jusqu’à la place dell’Università (n° 12) où on édifia en 1740 le grand ensemble du Monastère de Montemorcino Nuovo, à côté de l’église des Olivetan (Ci-dessous à droite) construite aussi en 1740 par Luigi Vanvitelli (1700-1773) et Carlo Murena (1713-1764), qui est depuis Napoléon le siège du Rectorat de l’Université. De là, on peut remonter jusqu’à l’église de San Francesco delle Donne (n° 13 et ci-contre à gauche), une des plus anciennes implantations de Franciscains en Italie, installée en 1212 par François d’Assise sous forme d’un petit ermitage où il se réfugiait quand il venait à Perugia ; adossée aux murailles, elle est bien protégée à partir de 1327, et profitait des cultures de vignes  et d’oliviers opérées hors des murs dans la zone de la Conca, près de la Porta Pàstina (du verbe latin pastinare = bêcher pour planter des vignes). C’est un des sites  où eut lieu la rencontre entre François d’Assise et saint Dominique. Elle est à nef unique, en croix latine. Elle est aujourd’hui déconsacrée et occupée par le Musée Laboratoire du tissage à la main des tissus ombriens avec des métiers à tisser anciens et selon les dessins du Moyen-Âge, en particulier ceux qu’avaient inventés les religieuses bénédictines qui remplacèrent dès 1250 les Franciscains désormais désireux de lieux plus grands et plus confortables. Abandonnée en 1810, l’église, transformée en monastère des religieuses de Santa Giuliana, devint un lieu d’accueil pour les jeunes filles pauvres de la région ; et le Comte Zeffirino y crée ensuite une filature où vinrent travailler de nombreuses femmes. En 1994, l’édifice devient le siège du Laboratoire de tissage de Giuditta Brozzetti qui développe à nouveau une activité traditionnelle de l’Ombrie. On peut revenir ensuite par la via Zefferino Faina jusqu’à la via Fabretti . on est dans le quartier de Sant’Angelo, caractérisé par  son abondance de monastères, d’abord l’ex Monastère de San Benedetto (n° 14), aujourd’hui occupé par un service de l’Université, puis celui de Santa Caterina d’Alessandria (n° 15), édifié par Galeazzo Alessi en 1547, aujourd’hui occupé par les religieuses bénédictines (on peut voir dans l’église des fresques de 1718 de Mattia Batini, 1666-1727 : Martyre de sainte Catherine sur une roue), suivi de l’ex-monastère de Sant’Antonio (n° 16), aujourd’hui Maison des Étudiantes : c’est là que se trouvait le Polyptique de saint Antoine de Piero della Francesca, aujourd’hui à la Galerie Nationale de l’Ombrie. On voit aussi le Monastère della Beata Colomba (n° 17, voir ci-contre à gauche), du XVe siècle, restauré en 1760, où a été reconstituée la cellule de la Bienheureuse Colomba de Rieti (Angelella Colomba Guadagnoli, 1467-1501), mystique du tiers ordre dominicain, orné d’un Christ portant sa croix de Giovanni di Pietro (connu de 1504 à 1528). Colomba fut ainsi appelée parce qu’on dit que le jour de son baptême une colombe s’était approchée des fonts baptismaux ; ce fut une des femmes influentes en politique, conseillère d’Astorre et d‘Atalanta Baglioni.et reçue par le pape Alexandre VI pour la famille duquel elle prédit beaucoup d’adversité, et par son fils César Borgia. L’ancien monastère est aujourd’hui une caserne de pompiers. Vers la droite on trouve l’Arco dello Sperandio (n° 18 -  Ci-contre à gauche), restauré en 1329, porte médiévale secondaire, près  de laquelle se trouvait le monastère bénédictin de Sperandio. Hors de l’enceinte murale, on a retrouvé en 1900 le sarcophage étrusque d’une femme de la fin du IVe siècle et une nécropole étrusque du VIe siècle av.J.C. Jusqu’au Moyen-Âge, c’était encore la zone où on incinérait les cadavres. Sur le corso Garibaldi, on trouve ensuite le monastère de Santa Lucia (n° 19 - Ci-contre à droite), ancien monastère des religieuses agostiniennes ; il devint ensuite Conservatoire Antinori, qui, de 1815 à 1870, offrit refuge aux filles pauvres et marginalisées, et il est aujourd’hui le siège d’une école primaire. Par la via del Tempio, on arrive à l’église paléochrétienne de Sant’Angelo (San Michele Arcangelo, n° 21), probablement du Ve siècle, de forme circulaire, édifiée sur un temple à Mithra ; le nom indique que c’était un lieu de culte byzantin ou longobard (ces derniers ont construit le Sanctuaire de Saint Michel sur le Gargano) ; les restes de pierres tombales indiquent que c’était aussi un lieu de cimetière. Remaniée en 900, puis en 1487 par les Baglioni qui en font une forteresse militaire, elle est restaurée au XVIe siècle, puis en 1948. On peut la comparer à Santo Stefano Rotondo de Rome sur le Monte Celio, et ce sont de rares exemples de cette architecture prébyzantine qui apparaît au Ve siècle grâce à des influences orientales. L’intérieur présente deux parties concentriques séparées par 16 colonnes romaines de granit gris, marbre de Carrare, cipolin et marbre noir veiné, ornées de chapiteaux corinthiens et ioniques ; 12 fenêtres de plein cintre sont ouvertes sur le tambour. L’ensemble forme un espace mixte entre le plan central et la croix grecque, grâce aux 4 chapelles qui entourent l’édifice. Remarquer aussi à gauche de l’entrée le bénitier du XVIe siècle, et à droite la fresque du  XIVe siècle représentant Véronique avec les saints Laurent et Agathe. Les prés qui l’entourent sont bordée de cyprès.  Près de Sant’Angelo , on trouve le Monastère de Sainte Agnès (n° 20), construit vers 1318 et occupé jusqu’en 1911 par des Clarisses ou des religieuses tertiaires de l’Ordre franciscain, où allaient surtout les jeunes filles de la noblesse de Perugia. Reconstruite en 1602 la petite église  a un plan quadrangulaire, elle est ornée de 3 autels en faux marbre de 1816 et contient plusieurs fresques, dont celle de Perugino (1523) qui représente la Vierge des Grâces entre Antoine Abbé et Antoine de Padoue ; aux pieds de la Vierge sont agenouillées deux religieuses franciscaines, peut-être Éléonore du Portugal et Élisabeth de Hongrie  ou deux cousines de Perugino. Au centre du couvent se dresse un cloître, doté d’un puits de 1477, qui recueille l’eau de pluie et a encore pu fournir de l’eau à la population de Perugia en 1944. En revenant sur le corso Garibaldi, on trouve la Porte (Cassero) Sant’Angelo ou Porte des Arméniens (n° 22), une des plus grandes portes médiévales des murs de Perugia commencés en 1321, réalisée en 1325 par Lorenzo (Ambrogio ?) Maitani (avant 1270-1330). Elle servait en fait de tour de guet. Elle est transformée en caserne en 1416, puis en fortin. On y avait installé en 1930 un Musée des Instruments de Musique, dans les années 1950 elle a abrité un Cercle récréatif du Parti Socialiste, et maintenant c’est un Musée des Portes et des Fortifications de Perugia depuis les Étrusques. En remontant la via Monteripido, on arrive à l’église de San Matteo degli Armeni (n° 23) construite sur la colline de la Pàstina entre 1273 et 1277 sur un lieu donné aux moines arméniens de la règle de Saint Basile, et jointe à un hospice destiné à recevoir les moines de saint Basile  arrivés en Italie pour fuir les persécutions des Sarrasins. Elle fut cédée en 1632 à la famille Oddi qui réalise un somptueux jardin de plantes ornementales et de 4 fontaines ; le tout, très négligé, est restauré à partir de 2009. En 1523, on y enterrait les personnes mortes de la peste, et l’édifice devient un lazaret lors de la grande peste de 1528, parce qu’il était hors des murs. L’intérieur contient de nombreuses fresques d’artistes ombriens, dont un saint Serge, symbole des désirs d’indépendance de l’Arménie. C’est un des rares exemples d’église à nef unique de la fin du XIIIe siècle, d’inspiration franciscaine. En reprenant le corso Garibaldi en direction de la place IV Novembre, on s’arrête à l’Hôpital du Collegio della Mercanzia (n° 25), qui mêle des structures du XIIIe siècle et d’autres de 1507, auberge des pauvres jusqu’à une date récente, puis à l’ensemble de Sant’Agostino (n° 26 et 27). La présence des moines Agostiniens est attestée à partir du XIIe siècle quand on transporte les dépouilles du saint de Sardaigne à Pavie, les constructions sont du XIIIe siècle, refaites en 1450 puis en 1795-1803. Dans les luttes civiles du Moyen-Âge, ce fut toujours un point de référence du « popolo minuto » (le petit peuple des corporations mineures), en opposition à San Francesco al Prato, qui était celui de la noblesse. La façade de l’église est en deux parties (Cf. ci-contre à droite), la partie inférieure du XIIIe siècle en style gothique, un motif géométrique de marbre blanc et rose et la partie supérieure en briques du XVIe siècle de Bino Sozi (connu de 1573 à 1602). L’intérieur est à une nef, en croix latine, décoré à toutes les époques ; on note en particulier dans la 2e chapelle à droite un Martyre de Sainte Catherine (1560) d’Arringo Van Den Broek il Fiammingo (1519-1597) ; dans la chapelle Danzetta de gauche, dédiée à sainte Rita di Cascia, des décorations de Bissietta de 1974, dans la seconde chapelle de gauche une Crucifixion (1377) de Pellino di Vannuccio (connu de 1377 à 1402), et dans l’abside un Baptême du Christ  (1502) de Perugino et Baccio d’Agnolo (1462-1543), aujourd’hui à la Galerie Nationale de l’Ombrie ainsi que plusieurs autres tableaux. À droite de l’église on trouve les Oratoires de Sant’Agostino, de 1405, rénovés de 1529 à 1586 : le premier se compose de deux églises superposées, qui servirent autrefois d’hôpital de la confrérie : le second a été rénové au XVIIe siècle ; On arrive enfin au Palais Gallenga Stuart (n° 28), construit à l’initiative du marquis Antinori entre 1740 et 1758 par Pietro Carattoli (1703-1766) sur dessin de Francesco Bianchi (1ère moitie XVIIIe siècle), qui occupe un côté de la place Braccio Fortebraccio. Il est terminé entre 1931 et 1937 grâce à la donation d’un riche étudiant américain. L’intérieur est somptueusement décoré. C’est le siège de l’Université Italienne pour Étrangers, dont l’histoire commence en 1921 par les cours de l’avocat Astorre Lupattelli, et depuis 1992 est devenue Université d’État. En face du palais, remarquez l’église de San Fortunato (n° 30), construite du XIIe au XVIIe siècle, dont la forme actuelle remonte à 1634, quand elle fut reconstruite par les moines de saint Sylvestre, mais sa façade garde encore des traces médiévales, dont son portail. On termine l’itinéraire par l’Arco Etrusco (n° 30), construit autour de la seconde moitié du IIe siècle av.J.C., porte septentrionale de la muraille étrusque. il est monumental, flanqué de 2 tours trapézoïdales ; au-dessus de l’arc, on voit des boucliers ronds. La loggia supérieure a été ajoutée au XVIe siècle, ainsi que la petite fontaine de la base. On redescend de là à la Piazza Danti, ancienne Piazza della Paglia, où on vendait le blé et le pain depuis l’époque romaine (les magasins  de blé étaient dans les souterrains de la Rocca del Monmaggiore), et aujourd’hui les céramiques de Deruta. Giovan Battista Danti (1478- 1517) fut un enfant génial de Perugia : mathématicien et physicien, il était déjà une gloire  de l’Université à 20 ans. Il fit un des premiers essais de vol au-dessus du lac Trasimène et rencontra pour cela Léonard de Vinci en 1502 à Castiglione del Lago, après avoir étudié les tentatives anciennes du grec Archita, de l’espagnol Armen Forman (852) à Cordoue et du moine bénédictin Eilmer de Malmesbury (XIe siècle). Il recommença son expérience sur la Piazza Grande de Perugia en 1498 à l’occasion du mariage de Pantasilea Baglioni, il se cassa une jambe, mais avait suscité l’admiration générale pour avoir volé un moment. Les descendants de sa famille connurent plusieurs artistes célèbres, Vincenzo Danti, sculpteur de la statue de Jules III devant la cathédrale, dont on doit voir comment la main gauche serre férocement le bec du griffon pour manifester la domination pontificale sur la ville. Mais le nom lui-même de Danti est dû au frère aîné de Giovan Battista, Pier Vincenzo, qui aimait tant Dante Alighieri qu’il changea son nom de Ranaldi pour celui de   Danti ; il eut deux enfants, Giulio qui fut architecte et Teodora qui fut poétesse, peintre et passionnée de mathématique. Vincenzo fut un grand sculpteur sous l’influence de Michelange, auteur d’œuvres conservées à Florence ; son frère Ignazio, devenu moine, était mathématicien, géographe et astronome, il dessina des cartes géographiques pour Côme I de Médicis, puis  pour le pape Grégoire XIII au Vatican, et c’est lui qui mit au point le nouveau calendrier grégorien en 1482 ; c’est encore lui qui organisa le déplacement de l’obélisque de la place saint Pierre pour le pape Sixte V. Une grande famille d’artistes, méconnus, dont les tombes sont toutes à S.Domenico de Perugia. Sur la place, le teatro Turreno, inauguré en 1891, accueillit les Frères Lumière en 1897. De la piazza Danti, on accède à via Ulisse Rocchi (ancien maire de Perugia de 1879 à 1885) et à via  Della Nespola qui pénètre dans l’ancien ghetto. Itinerario 3 : de Piazza IV Novembre à Piazza San Francesco De l’arc qui s’ouvre sous le Palazzo dei Priori, on prend la via dei Priori, qui descend rapidement vers la Porte Santa Susanna, ancienne voie étrusque  qui conduisait à la route du Trasimène, et à cette zone importante qui était la source de blé de la ville de Perugia. C’est un quartier de petites rues médiévales souvent en escalier et couvertes de voûtes. Quelques mètres plus loin on trouve à gauche l’église des Saints Sévère et Agathe (n° 4 du plan ci-dessous)). Elle est construite sur une ancienne chapelle de 1163 entre 1290 et 1314, en style gothique franciscain, dédiée à Agathe, une martyre sicilienne de 251, patronne des mères qui allaitent, des nourrices et des malades du sein (on la martyrisa en lui coupant les seins) et protectrice contre les incendies, les éruptions et des constructeurs de cloches, et à Sévère, ancien évêque de Ravenne, honoré jusqu’à Perugia qui était sur le corridor  byzantin qui reliait Byzance et Rome. On lui ajouta saint Sévère après la destruction de son église sur la place IV Novembre pour l’agrandissement du Palais des Prieurs. L’église est ornée de fresques du XIVe siècle de style ombrien influencé par les Siennois Simone Martini (1584-1344)et Pietro Lorenzetti (1280-1348). Plus loin sur la droite, après la via Ritorta aux maisons populaires médiévales, on voit l’église San Filippo Neri (n 5 du plan, avec sa grande façade dans le style de  Vignola, construite de 1627 à 1635 par Paolo Maruscelli (1594-1649), selon le modèle romain des églises de la Contre Réforme. Pour l’édifier à l’époque baroque, on dut abattre une dizaine de maisons et boutiques et un baptistère paléo-chrétien du XIe siècle. Dans la première pierre de travertin, on inséra 12 médailles de bronze et une d’argent en hommage au Christ et à ses apôtres. L’église est à nef unique avec des chapelles latérales. En 1687-1690, on annexa à l’église l’Oratoire de Santa Cecilia, petit édifice en croix grecque destinée à être la salle de musique des Philippins. De là on peut descendre à gauche par la via della Cupa qui s’appuie sur l’escarpement qui fut déjà la limite de la ville étrusque. Au n° 17 de la rue, se trouve selon la tradition la maison de  Perugino. En longeant les murailles, on a une belle vue de la plaine et des quartiers modernes. Tout le long de la rue, sont de nombreuses églises, d’abord Santa Maria della Valle, puis le Collegio della Sapienza Vecchia, autrefois Collège des étudiants de saint Grégoire en théologie et droit(1362-1825), maintenant internat féminin. On aperçoit plus loin à gauche (n° 6) l’escalier roulant qui permet de rejoindre la partie basse de la ville. En continuant la via Cupa, on arrive à la Piazza Annibale Mariotti où s’élève l’église della Confraternità dell’Annunziata, connue depuis 1334, mais il y avait déjà une église en 1163  ; sa façade est de 1860. Entre 1878 et 1901, Domenico Bruschi (1840-1910) la décore de figures féminines de la Bible (Ci-contre, Figure d’Anne, 1901). À côté, contre la muraille étrusque, le Conservatoire de Musique Francesco Morlacchi, créé par le compositeur Luigi Caruso (1754-1823), à son arrivée à Perugia en 1788 ; c’est le compositeur Francesco Morlacchi (1784-1841), auteur d’une vingtaine d’opéras qui lui succéda. Ce conservatoire est un des plus grands d’Italie. De la Piazza Mariotti, on descend jusqu’à l’arco della Mandorla (Porta Eburnea = Porte d’ivoire) d’origine étrusque. Son nom primitif vient des défenses d’éléphant dont elle était ornée, et c’est son arc en ogive médiéval qui lui a fait donner le nom de Mandorla. Serait-ce le signe qu’on aurait trouvé des défenses d’éléphant dans les environs de Perugia,  souvenir de la bataille du Trasimène ? C’était la porte qui ouvrait la route menant à Orvieto. En continuant à descendre par la via San Giacomo puis la via Eburnea, on atteint la Porta Crucia (du nom du constructeur, le gouverneur Antonio Santacroce) construite en 1576 sur une ancienne porte commandée par Braccio Fortebraccio. La rue était appelée   «  rue des poissons », parce que c’est par là qu‘entraient les pêcheurs qui apportaient le poisson du lac Trasimène à la place Matteotti (autrefois place du Sopramuro). De la porte, on peut monter les escaliers de l’église Santo Spirito, édifiée par le frère Giovanni Francesco Vezzosi (XVIIe siècle) pour les Frères Minimes de Saint François de Paule sur un ancien monastère de Bénédictines entre 1579 et 1689 et édifiée par Pietro Carattoli (1703-1766). En sortant par la Porta Crucia et la via San Prospero, on arrive à l’ancienne église de San Prospero édifiée à partir du VIIe siècle et reconstruite en 1285, abandonnée et utilisée comme grange jusqu’au tremblement de terre  de 1997, après lequel elle fut restaurée ; c’était probablement le lieu de sépulture des Étrusques et des Romains. Outre un ciboire d’époque longobarde, elle possède un reste de fresques les plus anciennes de Perugia (de Bonamico, 1225). Saint Prosper était un noble soldat romain converti et décapité en 304, symbole de prospérité et de santé. De là on remonte via dei Priori qui continue droite entre des palais dont celui des Oddi, au n°84, appartenu ensuite aux Marelli Clarelli Santi. Les Degli Oddi furent une des grandes familles de Perugia, venue de Hongrie avec l’empereur Frédéric Barberousse, et ils étaient devenus les plus grands rivaux des Baglioni, jusqu’au triomphe de ces derniers en 1488. Ils ne retrouvèrent leur pouvoir à Perugia qu’à l’arrivée du pape Paul III. C’est aujourd’hui un Musée d’œuvres du XVIIIe siècle. La rue devient alors tortueuse et permet de voir la petite église dei Santi Stefano e Valentino (n° 5 du plan), construite au XIIe siècle et restructurée au XVe. Dédiée d’abord à saint Étienne, on ajouta à son nom celui de Valentin quand l’église de ce dernier fut détruite en 1819. Il ne reste de l’édifice que l’abside et le clocher. Vers l’église a été installé un escalier roulant qui conduit aux parkings de via Pellini. Un peu plus loin à gauche, l’église de Santa Teresa degli Scalzi, construite de 1622 à 1718, restaurée après l’écroulement d’une de ses 5 coupoles. On arrive dans le quartier de la grande famille des Sciri, puissante à partir du XVIe siècle sur la maison desquels se dresse la haute tour des Sciri (46 mètres. N° 7 du plan), construction de défense du XIIIe siècle, la seule qui reste des nombreuses tours de l’époque, parce qu’elle fut utilisée comme grenier à blé. Elle est faite de blocs de calcaire blancs homogènes. Avant d’appartenir aux Sciri, elle avait été construite par les Degli Oddi pour compenser la perte de leur château de Pierle. La famille des Sciri s’éteint au XVIIe siècle et la tour passe à Caterina Della Penna qui en fit don à Suor Lucia Tartaglini, qui y fonda en 1680 un Conservatoire pour jeunes filles pauvres et orphelines qu’elle faisait adhérer au Tiers Ordre franciscain. En 2015, la Région a terminé des travaux de transformation en édifice résidentiel. La tour domine le panorama de la ville (Cf. image ci-contre à gauche). À côté de la tour, se trouve l’oratoire de la Confrérie des Disciplinati de saint François, installé en 1319 (N° 6 de la via degli Sciri. N° 8 du plan). En 1472, la confrérie s’unit à celles des Augustins et des Dominicains pour former le Pio sodalizio Braccio Fortebracci, société de secours mutuel pour les nobles, encore existante aujourd’hui. La confrérie fut fondée en 1259 par le frère Ranieri Fasani, vieil ermite qui vint prêcher à Perugia en se flagellant publiquement ; de nombreux laïcs l’imitèrent et la confrérie fut bientôt fondée, suscitant dans toute l’Ombrie, la Romagne et la Toscane un mouvement de flagellants d’une intense piété. Le  local est encore décoré de nombreuses fresques. C’est un bel exemple du premier baroque de Perugia, avec son portail de marbre du XVIe siècle, le plafond à caisson doré de l’oratoire de 1570, les sièges de Mario Pace et de Gianpietro Zuccari de 1584, et les fresques sur la vie du Christ de Giovanni Antonio Scaramuccia (1611), de Benedetto  De Giovanni (1558) ; dans la sacristie, une fresque plus ancienne (1480) de Flagellation de Pietro di Benedetto (1480). La via dei Priori se termine dans une courbe sur la piazza della Madonna della Luce qui offre une belle vue sur la ville ancienne, et sur laquelle se trouve la petite église de la Madonna della Luce (n° 10 du plan), alignée avec la piazza Trasimeno, construite de 1513 à 1519 pour accueillir une image miraculeuse de dévotion populaire, espace carré appuyé sur les murs étrusques. La coupole a été décorée de fresques par Giovanni Battista Caporali  en1532. Sur sa gauche, on voit la Porta Trasimena (ou Arco di San Luca. N° 10 du plan), porte étrusque qui donnait accès  au lac Trasimène, remanié au Moyen-Âge avec un arc à ogive. Sur la droite de l’église s’en trouve une autre, San Luca, érigée en 1586 par Bino Sozi pour l’Ordre des Chevaliers de Malte. Un peu plus loin, l’ancienne maison des Chevaliers de l’ordre de Malte avec ses deux fenêtres croisées du XVe siècle. Si on descend la via della Sposa on arrive à la Porta Santa Susanna (ou Sant’Andrea. N° 11 du plan), qui prend son nom de l’ancienne église de Santa Susanna et connue aussi comme Porte de Saint André ou Della Colombata, ouverte dans l’enceinte des XIII-XIV siècles, avec un arc ogival. La décoration supérieure en briques et ornée de corneaux est postérieure, avec son griffon de pierre rose. Elle ouvrait sur une route ancienne (della Colombata) qui reliait Perugia au lac Trasimène et à la Toscane. De l’autre côté s’étend ce qui fut un site préhistorique et maintenant un quartier moderne qui dispose d’installations sportives de la ville. Le  nom de la via della Sposa est lié à une belle tradition (Cf. percorsi.diocesi.perugia.it) On prend ensuite la via San Francesco jusqu’à la place homonyme où l’on voit d’abord l’église San Francesco al Prato (n° 14 du plan), une des premières construites après la mort de François d’Assise, qui devient siège des  Franciscains conventuels alors que les Spirituels sont à San Francesco a Monteripido. Plusieurs fois écroulée à cause de l’affaissement de la colline, devenue aujourd’hui auditorium ouvert seulement pour un spectacle. Plusieurs membres importants des grandes familles de Perugia y furent ensevelis dans les sept chapelles de l’église, un véritable Panthéon local. Plusieurs grands tableaux de Raffaello et Perugino y furent créés, maintenant déposés dans des musées de Perugia ou du Vatican. Dans le couvent rattaché à l’église se trouve aujourd’hui l’Accademia di Belle Arti (n° 13 du plan). C’est de la petite via del Poggio qu’on a la meilleure vue de l’église. Sur la gauche de la piazza San Francesco, il y a l’Oratoire de San Bernardino  (n° 12 du plan). Il est achevé en 1452 pour saint Bernardin (1380-1444) qui venait souvent prêcher à Perugia sur le pré qui est devant l’église. La façade est réalisée de 1457 à 1461, ouvrant l’édifice par un double portail surmonté d’une grande lunette où est représentée l’Ascension de saint Bernardin dans une mandorle ; les tabernacles latéraux contiennent des statues de Saint Ercolano et saint Costanzo en bas (patrons de Perugia), de l’Archange Gabriel et de l’Annonciation de Marie en haut. Dans le tympan, Jésus bénissant entre des anges et des séraphins. Dans les montants des portes et dans la frise, Histoires de la vie de Bernardin et 6 vertus franciscaines avec 6 groupes d’anges musiciens (Cf. image ci-dontre  à droite). l’ensemble de la décoration est d’Agostino di Duccio (1418-1481), un magnifique exemple d’art de la Renaissance. À l’intérieur voir l’autel, fait d’un sarcophage paléo-chrétien du IVe siècle, où fut enseveli le frère Egidio en 1262 (Cf. ci-contre à gauche), qui représente au centre Jésus sur le trône entouré d’apôtres. On peut remonter la via Alessandro Pascoli (1669-1757), un écrivain, philosophe et médecin de Perugia, disciple de Descartes et de Malebranche. On est dans le quartier de la Conca, celui des artisans teinturiers au  Moyen-Âge qui profitaient de son abondance en eau, encaissé au pied des murs étrusques, puis intégré dans les murs  médiévaux, avec la Porta  Conca (Cf. ci-contre à droite), sur laquelle on peut lire le volume 3 de Quaderni Regione dell’Umbria / serie ricerche sul territorio, 1983, Guerra, 448 pages. Le quartier fut occupé initialement par des jardins remplacés aujourd’hui par des bâtiments universitaires ; on a trouvé dans l’un d’entre eux (Faculté des Sciences) une belle mosaïque romaine du IIe siècle représentant Orphée et les bêtes sauvages, fond d’une piscine romaine, visible de la rue (Voir aussi plus haut). Si on prend la via dell’Eremita, on voit l’église Santi Sebastiano e Rocco (Madonna della Pace), qui contient une image miraculeuse, et décorée en 1655 par Pietro Montanini (1608-1679), joyau du baroque de Perugia. Encore en 2009, la presse locale se plaignait de l’abandon d’un quartier où se développent en conséquence la vente de drogues, pourtant dans une zone proche des Universités. L’église Santa Elisabetta, démolie  et intégrée dans l’Université fut la première dédiée en Italie à la princesse Élisabeth de Hongrie (1207-1231) après sa canonisation par le pape Grégoire IX (1145-1227-1241). On peut remonter ensuite par la via del Poggio et la via Armonica, voir le Mur étrusque (n° 15 du plan), le Palais Florenzi (Voir ci-contre à gauche. n° 16 du plan) où Marianna Bacinetti Florenzi (1802-1870) tint un grand salon littéraire, aujourd’hui Faculté des Sciences de la Formation fondée par Giuseppe Ermini  (1900-1981), homme politique démocrate-chrétien, ministre et Recteur de l’Université de Perugia de 1945 à 1976. Sur la Place Morlacchi, on trouve plus loin le Théâtre Morlacchi (n° 17 du plan), inauguré en 1781 et refait entre 1951 et 1953, et plus loin l’église San Martino al Verzaro (N° 18 du plan - Verzaro vient de « viridiarum » = lieu de verdure), existante depuis 1163, qui contient des fresques de Giannicola di Paolo (1460-1544), élève du Pérugin. Enfin, en redescendant par la via Fratti, on aperçoit l’Oratoire Santa Cecilia (n° 19 du plan), la salle de musique des frères Philippins, réalisée de 1687 à 1690, en croix grecque, aujourd’hui salle de concert (Cf. ci- dessous, façade et intérieur). Page suivante
Chiesa San Fortunato Piazza Danti, derrière la cathédrale      Au milieu Agathe qui présente ses seins sur un plateau
Ci-dessus, Madonna della Luce et Porta Trasimena ; à droite, San Luca.
Muro etrusco (Via del Poggio) - Photo de Fabio Tiberi