Histoire de la région Ombrie - 5° partie - Perugia
L’Ombrie - Cinquième partie
La capitale de l’Ombrie : Perugia, une ville exceptionnelle.
Perugia, capitale régionale de l’Ombrie
Perugia est la plus grande ville d’Ombrie, elle a plus de 160.000 habitants, et elle est connue internationalement pour
son Université, une des plus anciennes d’Italie, et son Université pour étrangers, qui attire chaque année des milliers
d’étudiants du monde entier. Elle possède aussi la seconde Académie des Beaux-Arts la plus ancienne d’Italie, créée
en 1573, l’Académie Pietro Vannucci. La ville haute ancienne est située sur des collines d’environ 450 mètres
d’altitude (la plus haute a 494 mètres) ; elle est amplifiée aujourd’hui d’une importante ville basse dans la plaine, dont
les quartiers sont épars sur une vaste étendue. On ne sait pas exactement quelle est l’origine du nom de la ville,
ombrienne ou étrusque ?
On a connaissance d’habitat humain dès la fin de l’âge du Bronze et les débuts de l’âge du Fer, avec des cabanes
d’époque villanovienne retrouvées sur la colline. Puis les Ombriens doivent céder la place aux Étrusques à partir du
VIe siècle av.J.C.. Perugia (en étrusque, Perusna) devient une des 12 cités (les lucumonies) de la fédération
étrusque, et elle édifie sa muraille de protection, encore en partie visible, entre le IVe et le IIIe siècle av.J.C. : une
construction de gros blocs de travertin de trois km qui couvre les deux collines Landone et del Sole. Elle laisse aussi
à l’extérieur des murs de nombreuses nécropoles.
La ville passe ensuite sous la domination romaine après la bataille perdue de Sentino en 295 av.J.C., mais conserve
sa langue étrusque et une partie de son autonomie jusqu’à la fin de la période républicaine ; en 217 av.J.C., après la
bataille du Trasimène, elle donne refuge aux fuyards de la légion romaine, et obtient la citoyenneté romaine en 89
av.J.C..
La ville est incendiée en 41 av.J.C., reconstruite selon une autre structure sous
Auguste, et elle devient Augusta Perusia, s’étendant bien au-delà des murs (voir
l’amphithéâtre hors de la Porta Marzia, les Thermes et un temple de Mars). Elle
continue cependant à pratiquer des jeux étrusques jusqu’au IVe siècle ap.J.C.
Dès la période paléochrétienne, les lieux de culte se multiplient : Sant’Angelo, San
Pietro, San Costanzo, et la ville connaît une période florissante. Sa situation
stratégique au croisement de la Via Flaminia et de la Via Amerina fait que les Goths
s’en emparent en 548, Totila fait écorcher vif (selon Grégoire le Grand) et tuer
l’évêque Ercolano ( ? -549) coupable d’avoir organisé la résistance, et celui-ci
deviendra un des saints patrons de la ville. Après cela, jusqu’au VIIIe siècle, Perugia
restera liée à l’empire byzantin, pour tomber ensuite sous la domination pontificale et
carolingienne, c’est l’évêque qui dirige la ville, et en 936 est construite la cathédrale San Lorenzo.
La Commune et le gouvernement des Consuls se constituent en 1139 (la Civitas Perusina), soumise à l’Île Polvese du lac Trasimène ; en
1186, elle obtient du futur empereur Henri VI son indépendance par rapport à l’empire, confirmée par le pape Innocent III en 1198. Perugia
fut à plusieurs reprises un lieu de refuge pour les papes quand ils devaient quitter Rome, et cinq conclaves s’y
déroulèrent, elle resta toujours guelfe, mais ne se soumit jamais totalement à l’autorité pontificale. Au XIIIe siècle, elle
étend son territoire sur Assise, Gualdo Tadino et Montone, sa population compte alors 45.000 habitants dont 28.000
dans la ville ; elle est dotée d’environ 70 tours (il reste la Torre degli Sciri). La Fontana Maggiore est construite entre
1275 et 1277 par Arnolfo di Cambio (1245-1302/1310 ?), la bourgeoisie s’est développée, la ville compte 41
corporations (Arti), parmi lesquelles sont élus les Prieurs qui siègent au Palais des Prieurs commencé en 1293 (Cf. ci-
contre à gauche). L’Université est instituée en 1308 ; la ville trouve dans la dynastie angevine une alternative au
pouvoir pontifical et élit le saint angevin Ludovic de Toulouse (1274-1297) comme son Avocat (Cf. le portail du
Palais des Prieurs). Le juriste de Perugia Bartolo da Sassoferrato (1314-1357) déclare alors que Perugia ne dépend
ni de l’Église ni de l’Empire. Malheureusement la peste noire de 1348 affaiblit considérablement la ville qui retourne en
1370 sous la domination de l’Église.
Dans toute cette période communale, du XIe à la fin du XIVe siècle, la ville s’étend, conquiert de nouvelles campagnes, dont le lac Trasimène, et c’est à partir de
ce moment qu’elle commence à dominer la campagne, soumettant les paysans et les obligeant souvent à venir habiter en ville. Par ailleurs s’installent les grands
ordres mendiants, Franciscains, Dominicains, Agostiniens, qui évangélisent les populations et en même temps les aident et les contrôlent : ils ont à Perugia,
comme dans toutes les Communes une importance déterminante. Enfin, la ville se développe et se modernise, construit entre autres de 1254 à 1276 le grand
aqueduc qui part du Monte Pacciano, à 4 km de la ville et vient alimenter la grande Fontana Maggiore de la Place centrale où se retrouvent le pouvoir
ecclésiastique et le pouvoir politique.
Pour diverses raisons, la ville perd son autonomie en 1370, après sa défaite contre le pape Urbain V (1310-1362-1370), et tombe sous l’autorité pontificale (les
papes commencent à rentrer d‘Avignon en 1377). Dans cette période de luttes contre l’Église, Perugia se trouve sous la
domination de diverses familles seigneuriales, les Visconti, Michelotti, Fortebracci, en particulier de cette famille Braccio
Fortebracci (Braccio da Montone) qui réalise de nombreuses constructions. Retombée sous domination pontificale,
Perugia achève la cathédrale dont le grand mur latéral ferme le côté nord de la place (Cf. ci-contre à gauche). En 1393,
c’est Biordo Michelotti (1352-1398 - Image ci-contre à droite) qui s’empare du pouvoir, est élu Capitaine Général des
Milices et fait bannir 150 Gentilshommes, dont Braccio da Montone : il devient ainsi le premier « Seigneur » de Perugia de
1393 à 1398. Michelotti est assassiné en 1398 par une conjuration dirigée par l’abbé de San Pietro, et c’est Gian
Galeazzo Visconti (1351-1402), duc de Milan, qui devient Signore de Perugia en 1400, avec le projet d’un grand État
unitaire entre le nord et le centre de l’Italie, mais il meurt en 1402. C’est l’Église qui revient au pouvoir avec Boniface VII ( ?
-974-983), jusqu’à ce que les armées de Braccio reviennent au pouvoir en 1416, jusqu’en 1424, et c’est alors la fin de la
Commune.
Les Baglioni arrivent ensuite avec Braccio I, qui est un neveu de Braccio da Montone, et suivi de ses
frères Guido et Rodolfo. Ils développent la ville, construisent des routes, des églises (le clocher de San Pietro sur un dessin de Bernardo
Rossellino, 1409-1464) et des palais (palais du Capitaine, 1473-1481), dont le Palais des Prieurs entre 1429 et 1433, et leur mécénat fait de
Perugia une grande ville artistique avec des artistes comme Piero della Francesca (1416-1492), Pinturicchio (1452-1513), Raffaello (1483-
1520), Perugino (Pietro Vannucci, 1448-1523), Piermatteo d’Amelia (1445-1508). De Perugia viennent aussi les
peintres Benedetto Bonfigli (1418-1496), Bartolomeo Caporali (avant 1442-1505) et son fils Giovan Battista
Caporali (1497-1555), Fiorenzo di Lorenzo ( ? 1462-1522), Domenico Alfani ( ? 1506-1553) et son fils Orazio Alfani
(1510-1583), l’architecte Galeazzo Alessi (1512-1572).
Enfin, après des luttes entre les Oddi et les Baglioni, la ville est à nouveau acquise par le gouvernement pontifical à
partir de 1540, après la défaite subie dans la Guerre du Sel : l’État pontifical avait imposé en 1531 une taxe sur le sel (le
sel des salines pontificales est déjà deux fois plus cher que celui des salines siennoises), que le pape Paul III (né
Alessandro Farnese, 1468-1534-1549) déclara vouloir augmenter en 1539. Cela provoqua un refus de la population et une révolte
que le pape décida de réprimer par les armes, dévastant d’abord toutes les campagnes environnantes. Perugia fut assiégée et
conquise, et pour marquer sa domination, le pape fit construire la Rocca Paolina sur la maison des Baglioni, de 1540 à 1543. Une
légende, sans doute inexacte, disait qu’à partir de ce moment, les habitants de Perugia firent la grève du sel et n’en mirent plus dans
leur pain. C’était la rupture définitive avec l’époque médiévale et communale et l’entrée dans une autre économie et un autre
urbanisme.
De la fin du XVIe au XVIIIe siècle, Perugia garde ses monuments médiévaux et ne construit que des palais de style Renaissance ou baroque, une grande
église baroque, San Filippo Neri (Cf. Ci-contre à gauche), de 1627 à 1665, de Paolo Maruscelli (1594-1649), deux
théâtres, ne faisant qu’augmenter l’empreinte patricienne (les palais Donini, Della Penna, Gallenga Stuart, Conestabile
della Staffa), dans une lente stagnation économique et démographique. Perugia donne naissance au compositeur
Francesco Morlacchi (1784-1841), aux peintres Domenico Bruschi (1840-1910) et Annibale Brugnoli (1843-1915).
Au XIXe siècle, Perugia n’aura de cesse de se libérer du pouvoir pontifical, durant la révolution de 1848 (où la Rocca est détruite), et
en 1859, après une période où les artistes et les intellectuels, ralliés à l’idée de la monarchie piémontaise, se retrouvent dans les
salons de la princesse Maria Alessandrina Bonaparte (1818-1874), nièce de Napoléon Bonaparte et favorable à la politique
italienne de Napoléon III, les révolutionnaires de Perugia subissent une dure répression militaire de la part des armées pontificales
(gardes suisses). Le 14 septembre 1860, les troupes piémontaises prirent la ville et Perugia fut intégrée au Royaume d’Italie.
Le premier Plan régulateur fut adopté en 1931, et la ville s’accrut encore de nouveaux quartiers (San Sisto, Ponte San Giovanni en
particulier). La Marche sur Rome organisée par les fascistes part de Perugia en 1922. Le 24 septembre 1961, l’intellectuel antifasciste
Aldo Capitini (1899-1968) organise au contraire la première Marche pour la Paix de Perugia à Assise.
Les animaux symboliques de Perugia restent le griffon (Cf. ci-contre le blason de Perugia) et le lion. De Perugia, viennent le poète
Sandro Penna (1906-1977) et le critique littéraire Walter Binni (1913-1997). La ville est encore aujourd’hui le siège de plusieurs
grands festivals de musique, dont Umbria Jazz, qui se déroule dans plusieurs villes d’Ombrie.
Visite de la ville
Itinéraire 1 : de Porta Marzia à Piazza IV Novembre
Perugia est intéressante à visiter, il y faut plusieurs jours, et on peut suivre plusieurs itinéraires, car comme le
montre le petit plan de droite, elle s’étend en longueur suivant l’arête des collines pour la ville ancienne et dans
la plaine pour l’extension plus moderne.
On entre par l’ancienne Porta Marzia (en bas au centre de la carte). Construite dans la seconde moitié du IIIe
siècle av.J.C, elle fut démontée en 1540 et replacée 4 mètres en avant, dans les bases de la Rocca Paolina (Cf.
ci-dessous à droite). Son nom vient soit de la proximité d’un Temple de Mars, soit de la famille Vibio Marso qui
avait fait restaurer et embellir l’ancienne porte étrusque au Ier siècle apr.J.C. et l’amphithéâtre encore visible
sous le Palais della Penna (ancien palais Vibi). On voit en haut la terrasse des Jardins Carducci.
La Rocca est maintenant détruite, mais entre 1932 et 1965, les architectes aménagèrent les anciennes maisons
médiévales des Baglioni et les souterrains de la Rocca en une rampe qui permet d’accéder à la ville haute. En
1983, on ajouta à la rampe un escalator mécanique moins séduisant. Cette montée est une visite étonnante de
la Perugia médiévale (voir ci-dessous à gauche) l’entrée dans la Rocca par la Porta Marzia et au centre le
quartier médiéval que l’on traverse).
On débouche sur les jardins Carducci et sur le Palais de la Province (ancien Palais Pontifical), seul reste de l’ensemble de la Rocca Paolina. Les jardins doivent
leur nom à Giosuè Carducci (1835-1907) qui fut séduit par ses visites de Perugia en 1877, et écrivit un long poème de 30 quatrains à la ville, Il canto dell’amore. En voici le début :
« Oh bella a' suoi be' dí Rocca Paolina
Oh belle dans ses beaux jours Rocca Paolina
Co' baluardi lunghi e i sproni a sghembo !
avec ses longs bastions et ses éperons en oblique !
La pensò Paol terzo una mattina
C’est Paul Trois qui la pensa un matin
Tra il latin del messale e quel del Bembo.
entre le latin de son missel et celui de Bembo.
— Quel gregge perugino in tra i burroni
– Ce troupeau de Pérouse entre ses ravins
Troppo volentier— disse — mi si svia.
trop volontiers – dit-il – se détourne de moi.
Per ammonire, il padre eterno ha i tuoni
Pour admonester, le père éternel a sa foudre,
Io suo vicario avrò l'artiglieria.
Moi son vicaire j’aurai l’artillerie.
Coelo tonantem canta Orazio, e Dio
Coelo tonantem, chante Horace, et Dieu
parla tra i nembi sovra l’aquilon.
parle dans les nuages en haut de l’aquilon
Io dirò co’ cannoni : O gregge mio
Je dirai avec mes canons : Oh mon troupeau
torna a i paschi d’Engaddi e di Saron.
reviens aux pâturages d’En-Gaddi et de Saron.
Ma poi che noi rinovelliamo Augusto,
Mais nous renouvelons Auguste,
odi, Sangallo : fammi tu un lavoro
écoute, Sangallo ; fais-moi toi un travail
degno di Roma, degno del tuo gusto,
digne de Rome, digne de ton goût,
e del pontificato nostro d’oro.
et de notre pontificat d’or.
Disse : e Sangallo a la fortezza i fianchi
Ainsi dit-il : et Sangallo arrondit les flancs
arrotondò qual di fiorente sposa :
de la forteresse comme ceux d’une florissante épouse :
Gittolle attorno un vel di marmi bianchi,
autour d’elle il jeta un voile de marbres blancs
cinse di torri un serto a l’orgogliosa ».
il ceignit l’orgueilleuse d’une guirlande de tours
Le Carducci garibaldien et anticlérical de sa jeunesse est maintenant un poète royaliste rallié à la monarchie de Savoie (et à la reine Marguerite), et plein de pitié pour le pape Pie IX
(1792-1846-1878) enfermé dans le Vatican par l’Unité italienne, depuis 1870. Il dit clairement que la Rocca Paolina fut demandée à Sangallo par
Paul III pour réprimer les révoltes de Perugia contre son pouvoir, et il décrit ce pape guerrier et népotiste
comme un humaniste qui compense la médiocrité du latin religieux de son missel par la beauté de celui
de Pietro Bembo, l’humaniste de la Renaissance (1470-1547) et par celui d’Horace, et qui appelle par
ses canons le peuple (le « troupeau ») à se soumettre à lui et à chanter comme le Cantique des
Cantiques (I-14 et II-1) les roses de Saron et les vignes d’En-Gaddi. Étonnant cléricalisme aveugle où
Carducci transfigure une forteresse de tyran en un monument de beauté (la Rocca n’a jamais eu ni
tours ni marbres blancs), mais belle louange de Perugia ! Et on a depuis les jardins une vue magnifique
sur l’Ombrie.
C’est dans les Jardins Carducci que se trouve le monument à Perugino (voir plus haut), à côté d’autres bustes d’auteurs, entre autres Carducci
(Cf. image ci-dessus, les jardins) et l’explorateur Orazio Antinori (1811-1882).
Beaucoup d’autres écrivains ont parlé de Perugia, Giorgio Bassani qui l’appelait « la reine de l’été », ou Alberto
Moravia qui y a écrit son premier roman, Gli indifferenti, en 1927, et qui disait qu’on y revenait toujours parce qu’elle
changeait toujours de perspective. La ville a été nommée Capitale Italienne de la Culture en 2015 (Voir en annexe le
texte d’Hippolyte Taine).
On entre dans le centre historique, désormais piétonnier, et on arrive sur la Place d’Italie, restructurée entre 1883 et
1896 par Alessandro Arienti (1833-1896). Autour de la place décorée par un Monument à Victor-Emmanuel II de
1890 (Giulio Tadolini, 1849-1918) se dressent le Palazzo Antinori du XVIIe siècle (Hôtel La Rosetta), au Nord, le
Palazzo Cesaroni, de 1897 (Guglielmo Calderini, 1837-1916), siège du Conseil Régional, dont une salle est
décorée de fresques d’Annibale Brugnoli (1843-1915) et de Domenico Bruschi (1840-1910), et en face le Palazzo
della Provincia, d’Alessandro Arienti (1870), avec ses fresques allégoriques de Domenico Bruschi ; à l’ouest, le
Palazzo della Banca d’italia, de 1871 (Guglielmo Rossi, 1857-1918), et l’Hôtel de luxe Brufani d’Alessandro Arienti
(1882-83) ; à l’est, l’immeuble Calderini, de 1873, construit par Guglielmo Calderini. À l’angle avec le corso
Vannucci, la Présidence du Conseil Régional a son siège dans le Palazzo Donini, construit de 1716 à 1724, qui
s’inspire du style toscan du XVIe siècle, et qui est décoré par Francesco Appiani (1704-1792).
C’est la partie de la ville qui symbolise la nouvelle bourgeoisie arrivée au pouvoir avec l’Unité italienne de 1861 (Voir
www.keytoumbria.com/perugia).
De là part le Corso Vannucci, axe central de la ville depuis les Étrusques, qui relie les deux collines, Landone
(côté Rocca Paolina) et Del Sole au Nord, et d’où partent des rues latérales qui permettent de rejoindre toutes les
anciennes portes de la ville. En dialecte « fare una vasca » signifie : faire une promenade Corso Vannucci. On
arrive bientôt à l’élargissement de la Piazza della Repubblica, avec à gauche le Théâtre del Pavone (du Paon),
réalisé en 1717-1723 sur le site de l’ancienne Locanda degli Ebrei (Auberge des Juifs). Il est d’abord construit en
bois, puis refait en maçonnerie en 1765 sur le modèle du Teatro Argentina de Rome. En 1772, Francesco
Appiani (1704-1792) décore le rideau de scène en représentant une déesse symbolisée par un paon : c’était
l’Accademia del Pavone qui avait commandé la construction. Plusieurs grands opéras eurent leur première
représentation dans ce théâtre.
De la droite de la place part la Via Baldo, où l’on voit encore la maison de Baldo degli Ubaldi (1327-1400), le
grand juriste et frère mineur, élève de Bartolo da Sassoferrato, conseiller du pape Urbain VI. Noter ses fenêtres cintrées. On voit ensuite la façade de
l’ex-église de Sant’Isidoro, recomposée par Valentino Martelli (1556-1630).
Plus loin, se trouve le Palais Graziani (ci-contre à gauche), siège de la Banca Commerciale depuis 1905 et de la
Fondation Cassa di Risparmio depuis 1995 ; il est de 1585, attribué parfois à Vignola (1507-1573). Son premier
étage a été décoré de 1889 à 1895 par Annibale Brugnoli de fresques qui racontent des épisodes de l’histoire de
l’Ombrie (victoire d’Hannibal et lutte d’Ascanio della Corgna) et de Perugia au IXe siècle. Et on croise la Via
Mazzini, ouverte en 1547 pour faciliter le passage vers la place Matteotti (Voir plus loin).
En continuant, on voit à droite le Palazzo del Collegio dei Notari, construit en 1440, mais mutilé en 1591 à cause de
l’ouverture de la via Calderini (autrefois via Pinella) par le légat pontifical cardinal Domenico Pinelli, qui devait faciliter
l’accès à la place Matteotti, alors appelée place du Sopramuro. Il fut construit pour remplacer la salle d’audience des
Notaires, près de la cathédrale. La façade est en pur style gothique, en travertin d’Assise, percée de deux fenêtres
trilobées au-dessus du portail d’entrée, entre lesquelles on voit encore l’emblème du Collège des Notaires ; la fenêtre
de gauche est coupée par la rue Calderini (Cf. photo de droite).
On arrive enfin au centre civil et religieux de la ville, la place IV Novembre (ancienne Piazza Grande). Là était déjà
l’ancien forum romain, là est structuré le centre urbain dès le Xe siècle, quand la cathédrale est transférée dans la
nouvelle église de San Lorenzo, puis quand est construit le Palais des Prieurs et installée la Fontana Maggiore.
La Fontana Maggiore est l’œuvre de Nicola Pisano (1220-1284) et de son fils Giovanni Pisano (1248-1315), avec
l’aide de Fra Bevignate da Cingoli (1250-1305) et de Boninsegna Veneziano (2e moitié du XIIIe siècle) pour
l’installation hydraulique. Elle est construite entre 1275 et 1278 pour célébrer l’arrivée de l’eau à Perugia par le nouvel
aqueduc venu du Mont Pacciano. Elle est endommagée par le tremblement de terre de 1348, restaurée de 1995 à
1999. Elle est constituée de deux vasques polygonales en marbre, surmontées d’un bassin en bronze orné d’un groupe de nymphes d’où jaillit
l’eau. La décoration des vasques est constituée de 50 bas-reliefs et 24 statues : la vasque inférieure représente les mois de l’année, les
signes du zodiaque, les scènes de vie agraire, les arts libéraux. Regardez-les avec attention, c’est une belle représentation de la vision du
monde du XIIIe siècle dans une organisation communale.
Janvier et le Verseau Février et les Poissons Aoùt, la récolte des fruits et la Vierge Septembre, foulage du raisin et
vendange,avec la Balance
Janvier est représenté par une figure masculine et une figure féminine qui se réchauffent au feu, Février par deux pêcheurs et le signe des Poissons sculpté à gauche, Mars le
« spinario » (le tireur d’épine ou d’arête), le bélier et la taille de la vigne, Avril le Printemps (féminin en Italien : la primavera) et le Taureau, Mai deux jeunes nobles à cheval qui
pratiquent la chasse au faucon et les Gémeaux, Juin la moisson et le battage avec le Cancer, Juillet le sarclage et la séparation du blé et de la balle avec le Lion, Août et Septembre
(Cf. supra), Octobre la préparation des tonneaux avec le Scorpion, Novembre et Décembre (Cf. supra).
Parmi les autres bas-reliefs, Le lion guelfe et le griffon de Perugia, La géométrie et la Musique, l’astronomie et la Philosophie, La Rhétorique et l’Arithmétique, La Grammaire et la
Dialectique, et des scènes bibliques, Le Péché originel et l’expulsion du Paradis terrestre, Samson , David et Goliath, puis Romulus et Remus, La louve allaite les jumeaux, Deux fables
d’Ésope (la grue et le loup, Le loup et l’Agneau) Deux aigles, des personnages mythologiques (Vestale portant une cage, symbole de la virginité …).
Le début (Janvier) se trouve face au Palais des Prieurs. Entre chacune des 24 représentations se trouve un groupe de trois colonnettes torsadées.
Les statues de la vasque supérieure, entre des plaques lisses ou portant des inscriptions, représentent des saints (Pierre, Paul, Laurent, Ercolano, Jean-Baptiste, Benoît et Maure …),
des personnages bibliques (Salomon, Moïse, David, Melchisédech, Salomè, l’Archange Michel…) et des personnages historiques de Perugia (Matteo da Correggio, podestat de
Perugia, Eulisle, le fondateur mythique de la ville, le Clerc qui avait trahi S. Ercolano, Ermanno da Sassoferrato capitaine du Peuple …), des personnages allégoriques (L’Église
romaine, Rome caput Mundi, la Nymphe du Trasimène, une autre Nymphe, la Théologie, la Victoire…), On commence par le côté qui fait face à l’Archevêché.
Le bassin de bronze et les trois nymphes du sommet sont du fondeur pérugin, Rosso Padellaio (1277). À côté de la fontaine, on a découvert un puits étrusque de 47 mètres de
profondeur, marqué par une plaque et une inscription.
Cette fontaine est une des plus belles illustrations de la nouvelle idéologie de la bourgeoisie communale, avec le campanile de la cathédrale de Florence.
(Pour plus d’images, voir : https://it.wikipedia.org/wiki/fontana ou le même intitulé avec fr au lieu de it.
Tous les mois sont reproduits sur www.medioevo.org/artemedievale/pages/umbria/FontanaMaggioreaperugia.htm).
Derrière la Fontaine se trouve la Cathédrale San Lorenzo. Un premier édifice avait été construit en 969 par
l’évêque Rugerio, reconstruit en 1300 sous la direction du frère Bevignate. Un autre chantier dura de 1437 à 1490,
l’église fut consacrée en 1560 et surélevée au XVIIe siècle. À part le portail de Pietro Carattoli (1703-1766) de
1729, la façade n’a jamais été achevée. Le côté gauche est orné à sa base d’un revêtement de pierre blanc et rose
inachevé, et des fenêtres gothiques éclairent l’intérieur ; un portail en travertin de 1568, d’Ippolito Scalza (1532-
1617) et Galeazzo Alessi (1512-1572) est surmonté d’un Crucifix réalisé en 1540 par Polidoro Ciburri ( ? -1567)
pour symboliser la résistance de Perugia à Paul III dans la Guerre du Sel. À côté, la statue en bronze de Jules III
(1555), qui restitua à Perugia les magistratures supprimées par Paul III, de Vincenzo Danti (1530-1576). Elle a été
peinte de croix gammées en 2017 par des néo-nazis.
À droite du portail, est placée une chaire d’où prêcha saint Bernardin de Sienne (1380-1444) en 1425 ; elle est
composée de fragment de mosaïques cosmatesques. À la suite on voit la Loggia di Braccio Fortebraccio (Cf. à droite), construite en 1443 par celui
qui était alors seigneur de Perugia, terrasse destinée aux promenades de la noblesse de la ville. Elle est attribuée à Fioravante Fioravanti (1390-
1447). Elle fit partie au début du palais du Podestat brûlé en 1534 ; on peut voir dessous un reste de mur romain, les fondations du vieux clocher et
une inscription de 1264 qui rappelle que toute la dette publique est effacée.
L’intérieur de San Lorenzo est à trois nefs d’égale hauteur séparées par de grands piliers
octogonaux qui soutiennent des arcs et des voûtes ogivales, peintes de fresques par Francesco
Appiani (1704-1792), Vincenzo Monotti (1734-1792), Pietro Carattoli (1703-1766), Carlo Spiridione
Mariotti (1726-1790), Marcello Leopardi (1720-1795), Domenico Sergardi. La nef centrale, deux fois plus
large que les latérales se termine par une abside polygonale. Pour une visite détaillée suivez les indications
du livret disponible à l’entrée.
De la chapelle à droite du presbyterium, on passe à la Sacristie, construite en 1438 par l’évêque Antonio
Baglioni et refaite en 1472 par l’évêque Fulvio Della Corgna, ornée de fresques et de belles armoires marquetées. De là on accède aux petits Cloîtres de la
Cure. Puis on sort sur la Place Cavallotti et on visite l’aire archéologique souterraine, qui permet de parcourir sur un km les
fouilles de l’époque étrusque, romaine et médiévale, et le Musée Capitulaire de l’œuvre du Dôme (ci-joint à gauche), accessible
sous l’aile méridionale du premier cloître, qui présente de nombreuses parures ecclésiastiques, sculptures et tableaux, dont la
Vierge sur le trône avec l’enfant entourée des saints Jean-Baptiste, Onofrio, Laurent et Ercolano, de Luca Signorelli, de
1484 (Pala di Sant’Onofrio, 221 sur 189 cm). La Vierge en majesté lit et l’enfant tient un lys, dominant un ange musicien qui
joue du luth, deux autres petits anges volent dans les coins supérieurs, à droite de la Vierge, Jean-Baptiste vêtu de peau de
chameau et portant un phylactère, petite banderole couverte d’une inscription, à la gauche de la Vierge saint Laurent, et en-
dessous, les saints patrons de la ville Onuphre l’anachorète et Herculan de Pérouse dont la coiffe est posée sur le rebord de
pierre. Outre le lys du Christ, remarquez les autres fleurs, des plantes sèches coupées qui évoquent la mort dans un vase
transparent au premier plan, le feuillage qui couvre la nudité d’Onuphre, des fleurs vivaces sur les côtés de l’arc qui entoure
la tête de la Vierge. Les trois têtes du haut sont alignées, l’ange musicien est un rappel de la peinture vénitienne du XVe
siècle, les anges volants remplissent l’espace vide du haut (on a « horreur du vide ») ; les saints de gauche sont pauvrement
vêtus ou nus, ceux de droite richement habillés, et Laurent porte sur la poitrine une représentation de la Résurrection et sur
le bras gauche un Noli me tangere. Peinture très intéressante qui précède l’œuvre de Signorelli à Orvieto.
Après la Loggia de Braccio et l’ex-Palais du Séminaire, on passe devant le Palais de l’Archevêque, qui remplace en 1534
l’ancien Palais du Podestat, brûlé dans un incendie allumé probablement par Rodolfo Baglioni. Ce palais contient en
particulier un Musée d’Histoire Naturelle.
On se trouve alors devant le Palais des Prieurs, expression de la fierté et de la
puissance de Perugia, une des plus belles réalisations de la civilisation médiévale des
communes, dont la construction se poursuit de 1293 à 1443. La première construction de
1293 correspond aux trois premières fenêtres sur la place et aux dix premières fenêtres
sur le Corso Vannucci (1 sur le plan ci-dessous, extrait du Guide du Touring Club Italien,
p. 119). Puis en 1300, on détruit l’église San Severo, malgré l’opposition des chanoines,
et on construit un nouveau bloc en 1333.
Le portail gothique est
surmonté d’un griffon et
d’un lion, symboles de
Perugia et des Guelfes ;
les chaînes qui pendent
autour des deux animaux
et qui supportent une barre
sont celles que Perugia
prit aux portes de Sienne
après la bataille de Torrita
de 1358 ; l’escalier,
double à l’origine devient
en 1902 l’escalier en
éventail qu’on voit encore
aujourd’hui. Le portail donne accès à la Sala dei Notari. Les 2 trifore (fenêtres trilobées) de droite sont plus
distantes des trois premières, et cette asymétrie montre la différence des dates de construction. Sur la droite
de l’escalier on installe un portique de 3 arcs sous lesquels on lisait les décrets des prieurs depuis une petite
chaire.
Puis le Palais s’agrandit par acquisition des édifices de la Via della Gabbia (derrière le Palais, parallèle au Corso Vannucci) et de la Via dei
Priori (qui descend vers la Porta Trasimeno, perpendiculaire à Via della Gabbia, ainsi nommée parce qu’il y avait une cage en fer dans
laquelle on suspendait les malfaiteurs). Les habitations des Prieurs sont encore agrandies par l’achat de la maison et de la tour de Messire
Limosino Benedictioli, et la chapelle de San Giovanni devient le Collegio del Cambio (n° 6 du plan) à partir de 1429. En 1443, les
créneaux guelfes sont mis en place.
Du grand portail de la place on accède à la Salle du Peuple, devenue en 1553 celle de l’Art des Notaires,
construite entre 1293 et 1297 pour servir aux réunions populaires et aux séances de tribunal du Capitaine du Peuple. C’est une grande salle rectangulaire dont
la voûte est supportée par 8 grands arcs transversaux. Les retombées et les murs latéraux sont ornés de fresques de la fin du XIIIe siècle, représentant des
légendes, des scènes bibliques et des portraits des Capitaines du Peuple et des podestats jusqu’en 1499. Elles ont été restaurées entre 1880 et 1885. Les
stalles et les sièges sont du XVI siècle.
Il est intéressant de faire le tour du Palais par la Via della Gabbia, qui permet de mieux voir la structure d’ensemble et la maison-tour de Madame Dialdana,
intégrée en 1255. On revient sur le Corso Vannucci, et après avoir observé le jeu des fenêtres trilobées et deux fenêtres bigéminées (quadrifore), on arrive à
l’Arc des Prieurs qui donne accès à la Via dei Priori, datant de l’expansion du Palais au-delà de cette rue et qui englobe la tour de Benvenuto di Cola avec
son horloge. Puis on trouve le Portale Maggiore (Grand portail) de 1346, flanqué de deux pilastres reposant sur des lions ; celui de gauche porte les allégories
de la Magnanimité, de la Fertilité et de l’Orgueil, celui de droite celles de l’Avarice, de l’Abondance et de l’Humilité ; au-dessus des pilastres, deux griffons qui
ont les pattes sur des veaux, symbole de la Corporation des bouchers qui avaient financé la construction ; dans la lunette les saints Laurent, Ercolano et
Constant (ou saint Ludovic de Toulouse ?), patrons de la ville.
Rappelons que le nom du palais dérive des dix magistrats (les décemvirs ou prieurs) qui assurèrent le gouvernement du Moyen-Âge au début du XVIIIe siècle.
Deux d’entre eux appartenaient à la Corporation des Marchands.
Intérieur du Palais des Prieurs : on entre par le Grand Portail dans un grand atrium gothique couvert de voûtes en croisée
d’ogives ; sur les parois, des blasons de pierre, dont celui de Braccio da Montone, avec un mouton ; un coffre-fort du XVe siècle
était celui de la Commune.
Au premier étage se trouve la Salle du Conseil Municipal, avec une fresque de Pinturicchio, Vierge à l’enfant entre deux anges ;
sur le fond, le griffon et le lion.
Au deuxième étage, on voit la Salle Rouge de Jules III, ornée de fresques de Giovanni Schepers ( ? -1579-1593) et un tableau
de Dono Doni (1500-1576) représentant les décemvirs de Perugia remerciant le pape Jules III. À côté une Salle Jaune, ancienne
chapelle.
Au troisième étage, visitez la Galerie Nationale de l’Ombrie, le plus grand musée de la région pour la peinture, la sculpture, les
bijoux et les tissus d’Ombrie, du XIIIe au XIX siècles, et un des plus riches d’Italie. Elle est constituée à partir du XVIe siècle par
l’Académie du Dessin, amplifiée à partir du XVIIIe siècle et devient Musée d’État en 1861, installée en 1879 au Palais des prieurs,
peu à peu restructuré à partir de 1890 ; la modernisation de 2002 rend sa visite très pédagogique et agréable.
Vous trouverez facilement un catalogue et il n’est pas question de le reproduire ici, d’une statue de 1272, de peintres ombriens du
XIIIe siècle, d’art siennois et gothique, de grands peintres du XVe siècle et de la Renaissance (dont Perugino et Pinturicchio)
jusqu’aux peintres de l’époque pontificale et du XVIIIe siècle et aux sections spéciales d’orfèvrerie et d’objets religieux.
À l’angle avec la via Boncambi (n° 6 du plan), on arrive d’abord au Collegio del Cambio, siège de la corporation des banquiers (L’Arte del
Cambio), la puissante corporation de ceux qui changeaient les monnaies. Ils furent hébergés à l’extrémité du Palais, à l’angle de la via Boncambi, à
partir de 1442. On rencontre d’abord le vestibule ou Salle des Légistes de la corporation, avec ses comptoirs marquetés par Giampietro Zuccari
de 1615 à 1621.
À droite, se trouve la Salle des Audiences, centre de l’activité commerciale de la corporation, dont les lunettes sont peintes de fresques de
Perugino ; dans une niche une statuette de la Justice assise, attribuée à Benedetto da Maiano (1442-1497), et un grand comptoir marqueté
(1492-3) de Domenico del Tasso (1440-1508), tandis que l’ensemble des sièges est de Antonio da
Mercatello (1476-1530). Les fresques de Perugino sont considérées comme une des grandes œuvres de
la Renaissance ; pour ce travail il fut payé 350 ducats d’or. Il y travaille de 1496 à 1500, illustrant le thème
de la concordance entre la sagesse païenne et la sagesse chrétienne, élaboré par un humaniste de
Perugia, Francesco Maturanzio (1443-1518), grand poète, spécialiste du grec qu’il enseigne dans
plusieurs universités italiennes, chercheur, typique intellectuel au service des lettres et de sa ville.
Perugino peint sur la voûte une série de divinités et de planètes sur des chars tirés par divers animaux
(Cf. ci-contre, Jupiter et Apollon), sur les lunettes les 4 Vertus cardinales et les 3 Vertus théologales avec
3 épisodes de la Vie du Christ, La Prudence et la Justice au-dessus de 6 Sages de l’Antiquité (Cf plus
haut dans l’histoire de Perugia), La force et la Tempérance au-dessus de 6 héros de l’Antiquité. Sur les
lunettes du fond, la Transfiguration (Cf ci-dessus à gauche) sur le Mont Thabor, symbole de la Foi, la
Nativité, allégorie de la Charité, et sur la paroi de droite Dieu le Père en gloire entre des anges et des chérubins sur un
groupe de prophètes (Isaïe,Moïse, Daniel, David, Jérémie, Salomon) et de sibylles (Érythrée, Persique, de Cumes, Libyque,
Tiburtine, Delphique), allégorie de l’Espérance (Voir l’Annexe). Sur un pilier de la paroi gauche, on peut voir l’Autoportrait de
Perugino, avec une inscription qui fait allusion au débat sur la supériorité des Anciens ou des Modernes (Ci-contre à gauche).
C’est un des grands ensembles picturaux qui exposent de façon cohérente les concepts littéraires de l’humanisme de la
Renaissance à partir des classiques, montrés dans des images harmonieuses qui mêlent savamment les couleurs, orange et
vert, jaune et bleu, rose et vert, une œuvre qui fit l’admiration de tous ses contemporains.
Au fond à droite de la Salle des Audiences, on passe à la Chapelle de Saint Jean-Baptiste réalisée de 1506 à 1509 par
Gasperino di Pietro et ornée de fresques de Giannicola di Paolo (1484-1544).
Après le Collegio del Cambio, on va au Collegio della Mercanzia (n° 4 du plan), construit en 1390 pour la
corporation des marchands, présidée par 4 consuls et 44 recteurs. C’était la plus importante de la ville, qui
contrôlait aussi le marché des Draps de lin et les « Merciari » (les merciers). C’est la Commune qui paya la
construction pour rembourser un prêt fait par la Corporation. C’est là qu’on jugeait les conflits commerciaux,
qu’on surveillait les poids et mesures, qu’on contrôlait l’administration de la ville et qu’on protégeait les libertés
publiques.
On entrait directement par un grand arc ogival (Cf à gauche) dans la Salle des Audiences, rectangulaire, assez
sombre, revêtue de bois (pin ou peuplier et noyer). Sur la lunette au-dessus du tribunal, le symbole de la
corporation, un griffon sur une balle de tissu ; au milieu de la paroi de gauche, une niche est ornée de 4 figures
en bas-relief, la Prudence (sagesse), la Force (courage), la Justice et la Tempérance (modération), les 4 vertus
cardinales (Cf. ci-dessous à droite).
Ci-dessous à gauche une plaque apposée sur le mur du Collège.
À côté de la Salle d’Audience, se trouve la Salle des Archives.
Si vous n’avez qu’un jour à passer à Perugia, vous pouvez suivre l’itinéraire synthétique
proposé par Bell’Italia (Supplément Umbria au n° 265 de mai 2008). Si vous avez plus de
temps suivez les itinéraires plus détaillés proposés par l’Azienda di Promozione Turistica di
Perugia dont nous reprenons les plans ci-dessous.
Pour la visite de la ville on pourra suivre aussi en italien les itinéraires très précis du site
Perugia_nascosta_completo.pdf.
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Fontana Maggiore :
Église, Rome caput mundi, Saint Benoît.