Histoire de la région Ombrie
HISTOIRE DE L’OMBRIE (Première partie)
Table des matières :
I. - Histoire générale ;
II. - Quelques villes d’Ombrie : Campello et les Fonti del Clitunno, Nocera Umbra, Gualdo Tadino, Gubbio, Todi, Montefalco
I. - Histoire générale
Il est plus difficile d’écrire une histoire de l’Ombrie qu’une histoire de la Toscane ou de la République de Venise. Car, à la différence d’autres régions d’Italie qui ont constitué des États
depuis le moyen âge, l’Ombrie n’a jamais correspondu à une unité politique réelle jusqu’à une date récente. Les slogans
anciens (« Ombrie verte et sainte », « Ombrie guerrière », avait ajouté le fascisme) ou récents (« Ombrie, cœur vert de
l’Italie », « Ombrie, région des villes ») expriment tous une partie de l’identité ombrienne, mais font apparaître aussi qu’il
faut chercher cette identité à un niveau plus profond que celui de l’histoire administrative et politique.
L’histoire de l’Ombrie est plutôt la somme de l’histoire particulière de chaque territoire urbain, dont chacun avait des
rapports différents avec les régions voisines. Dès son apparition dans l’histoire, l’Ombrie est déjà divisée en deux parties
bien distinctes, le pôle étrusque à l’ouest du Tibre (Perugia, Orvieto) ouvert aux influences extérieures de la Grèce et de
l’Orient, grâce à son commerce méditerranéen, et le pôle italique (Gubbio, Todi, Assise, Spello,
Gualdo, Bevagna, Foligno) peuplé par les Ombriens (« Umbri ») plus fermés sur eux-mêmes.
C’est la conquête romaine, à partir de la bataille de Sentino en 295 av. J.C., qui donne à la région une
relative unité, selon les formes et les valeurs romaines. Les Romains colonisent et bonifient de vastes
zones marécageuses qui feront la fortune des petites villes de plaine ou de collines basses. Le nom
de « Ombrie » apparaît avec eux, il correspond à la « Sixième Région » de l’empire d’Auguste, dont la
délimitation ne correspond pas à la région actuelle : Perugia fait partie de l’« Étrurie » tandis que
Norcia est insérée dans la région des Samnites. L’axe unificateur est la via Flaminia (carte ci-contre).
Dioclétien supprime le nom d’« Umbria » et fait éclater la région en aire orientale
englobée dans la « Flaminia », et l’aire occidentale dans la « Tuscia ».
L’éclatement s’accentue avec les invasions barbares, les oppositions entre Goths
et Byzantins, entre Byzantins et Longobards et entre Longobards et papes, pour
le contrôle des voies de communication entre Rome et le Nord de l’Italie. Jusqu’au
XIe s., l’espace se fragmente en petites unités dominées par de petits pouvoirs
féodaux civils ou religieux, enfermés dans leurs châteaux et vivant de chasse,
d’élevage et d’une agriculture pauvre. La seule structure un peu importante est
constituée par le Duché de Spoleto qui s’affirme peu à peu avec les Longobards à
partir de 575. Le principal élément d’unité face à ces particularismes est constitué
par le réseau des monastères et des ermitages.Sortie de cette crise du haut
moyen âge, l’Ombrie connaît une période de changement entre le XIe et le milieu
du XIVe siècle. L’accroissement démographique amène un développement de
nouvelles agglomérations, villages (« castrum ») ou « villas » entourés de murs
sur les collines, églises, couvents, monastères, centres de pèlerinages épars dans
toute la campagne et reliés par un système capillaire de routes. Les anciennes villes romaines sont abandonnées et reconstruites sur les hauteurs
(Gubbio, Gualdo Tadino, Trevi), et ne subsistent dans la plaine que les sites stratégiques (Terni, Foligno, Bevagna, Città di Castello). L’économie
agricole se modernise, récupère les zones marécageuses et montagneuses, comme l’indique la multiplication des toponymes formés à partir de
noms d’arbres (Arboreto, Bosco, Canneto, Cardeto, Carpineto, Cerqueto, Cerreto, Cerro, Faggeto, Noceto, Olmo, Salceto, etc.). Ces
implantations se sont affranchies des liens féodaux et assurent elles-mêmes leur défense, dans le cadre des nouvelles structures de la Commune
libre ; les enceintes défensives s’élargissent, le réseau routier permet le développement des marchés et du commerce.
Ce renforcement des Communes est marqué par la mise en oeuvre de constructions publiques laïques et religieuses : palais de l’administration
communale, cathédrales et surtout églises des Ordres mendiants. Après la mort de François d’Assise, l’Ordre franciscain est à l’origine d’un
nouveau style architectural et décoratif qui conjugue la tradition romane avec le gothique international et dont les basiliques de S. François et de S. Claire à Assise sont le prototype. Ce
style sera ensuite exporté dans toute l’Europe.
La légende franciscaine telle qu’elle est racontée dans les biographies et dans les peintures, à commencer par celles d’Assise, va donner dans toute l’Italie l’image d’une Ombrie lieu de
paix, de prière et de sérénité, qui sera véhiculée par les artistes. La réalité de la vie ombrienne est toute différente : la seconde moitié du XIVe s. est marquée par les épidémies de
peste, et entre 1345 et 1604, plus de 12 tremblements de terre, de degré 8 ou 9, détruisent tous les centres habités de la région. De plus, étant lieu de passage, l’Ombrie est en proie
aux guerres perpétuelles pour s’assurer le pouvoir sur ce territoire stratégique, entre les Communes et la noblesse féodale, entre les chefs de guerre (les « condottieri ») à la recherche
de terres, entre les pouvoirs communaux et une papauté avide d’agrandir son État. L’arrivée dans de nombreuses villes du légat pontifical, le cardinal Egidio Albornoz (1310-1367, le
cardinal espagnol, archevêque de Tolède, qui reconquiert l’État de l’Église pour les papes exilés en Avignon) se traduit par des restructurations urbaines et la construction, au-dessus
des villes, de forteresses destinées à défendre le pouvoir pontifical contre les populations rebelles.
Entre la fin du XIVe s. et tout le XVe s., le nouveau pouvoir pontifical favorise la création de seigneuries qui se substituent à l’organisation populaire
communale basée sur les artisans, commerçants, banquiers. Mais les rivalités entre les familles, surtout dans une période de crise économique et
démographique aggravée par la peste noire, interdit la création d’un groupe dominant et unificateur, malgré les tentatives d’affirmer la suprématie de Perugia
de Braccio Fortebraccio da Montone (1368-1424 - Cf. portrait) et des Baglioni, ou celles des Trinci d’étendre les territoires de Foligno. On ne parle pas d’État
ombrien, mais de « Perugino », « Tuderte », « Orvietano », « Assisano », « Ducato di Spoleto », etc.
À partir de 1540, l’histoire de l’Ombrie devient un chapitre de l’histoire de l’État pontifical, et le terme d’« Ombrie » est à nouveau utilisé dès 1474, mais ne
recouvre pas pour autant les frontières actuelles de la région. L’Ombrie est en fait assimilée au Duché de Spoleto, considéré comme un peu marginal
économiquement et politiquement. Les villes s’affaiblissent, se dépeuplent et le centre de l’économie devient la campagne où se réinvestissent les capitaux
dans une structure dominée par le métayage, qui s’étend de la plaine aux zones de collines et de montagnes, et qui se maintiendra jusque vers le milieu du
XXe siècle. L’Ombrie n’intéresse Rome que comme source de produits agricoles qui de plus transitent surtout par voie fluviale et maritime plus que par voie
de terre. Cette ruralisation et marginalisation de la région provoquent un repli sur elle-même de la région, que n’arrive pas à compenser l’abondance des
foires et des marchés périodiques, à l’exception de ceux de Foligno, placée sur la via Flaminia.
Parallèlement, les villes abandonnées seront peu à peu réoccupées par la noblesse et par les propriétaires fonciers, absents de leurs domaines, et qui tentent
de se redonner un prestige en construisant palais, oratoires, chapelles, théâtres et monastères (destinés à une partie importante des enfants qui ne peuvent
profiter de l’héritage de terres impossibles à partager). C’est pourquoi les villes d’Ombrie donnent l’impression d’avoir gardé leur aspect médiéval, alors qu’en
réalité les édifices visibles aujourd’hui sont souvent le fruit des reconstructions ou restructurations réalisées entre le XVIe s. et le XIXe s. : les façades sont embellies par des portails
surmontés du blason familial, les fenêtres sont entourées de pierres travaillées et de marbres , les crépis sont refaits selon la mode de l’époque (et laissent réapparaître ceux du moyen
âge lorsqu’ils sont mal entretenus). Le romantisme a redécouvert le moyen âge ! En 1818 et en 1850, l’exhumation des corps de François et de Claire relance l’intérêt pour l’Ombrie
sacrée. L’Ombrie, et surtout Assise, redevient à la mode !
Les récits de voyage du XVIIIe s., eux, faisaient mention surtout des restes romains et n’avaient que mépris pour le « triste » moyen âge (Voir en annexe le texte de Goethe sur Assise).
C’est Napoléon qui commence à unifier le département du « Trasimène ». L’Ombrie trouve peu à peu ses limites actuelles avec la création du Royaume d’Italie en 1860. Elle suit alors
les vicissitudes de l’histoire italienne : la création d’un marché national met en crise les régions agricoles du centre et du sud, les paysans ombriens commencent à émigrer vers la
Toscane ou à l’étranger, le développement des villes induit un transfert de capitaux des campagnes vers les investissements fonciers e industriels (création du grand pôle métallurgique
de Terni).
Dans les années 30 du XXe s., le manque de capitaux permet à l’Ombrie d’échapper aux grands plans régulateurs du fascisme qui éventrent les anciennes villes au profit d’une
architecture rationaliste ; les grands panoramas urbains subsistent donc. Seules les agglomérations les plus importantes, surtout Perugia, subissent une dégradation de leurs banlieues
par des cités dortoirs destinées à recevoir les immigrés des campagnes. L’activité agricole fait place aux résidences secondaires d’été et à « l’agriturismo ».
« Malgré ces dommages, - conclut l’étude du Touring Club italien, - les petites villes ombriennes et leurs territoires continuent à montrer aux visiteurs et à leurs propres habitants un
milieu d’un raffinement rare, où les signes de l’homme superposés au cours d’une histoire millénaire s’harmonisent de façon heureuse avec le milieu naturel » (Touring Club Italien,
Umbria, 2004, p. 58).
II. - Quelques villes d’Ombrie
De Spoleto à Gualdo Tadino, on suit le tracé de la Via Flaminia Nova, ouverte par les Romains, de Rome à Fano et Rimini, à partir entre 223 et 220 av.J.C. Jusqu’à Foligno, on se
trouve dans la « Valle Umbra » qui se prolonge jusqu’à Assise ; à partir de Foligno, on suit le sillon de la rivière Topino, affluent du Tibre. La Valle Umbra est le résidu d’un immense lac
formé à l’ère quaternaire, le lac Tiberino, qui allait de Sansepolcro à Terni (125 Kms de long, 1800 km2 de superficie), qui a laissé des traces marécageuses (Fonti del Clitunno). Ces
deux phénomènes (voies de communication et sédiments laissés de l’ancien lac) ont fait de cette région une zone fertile et peuplée dès l’Antiquité.
1) Campello et les Fonti del Clitunno
À partir de Spoleto, la N.3 longe le village de San Giacomo, rassemblé autour du château du cardinal Albornoz, l’organisateur politique et militaire de l’État pontifical. Plus loin sur la
droite, le château de Campello Alto (qui aurait été construit au Xe s. par Rovero de Champeause, venu de Reims à la suite du duc de Spoleto) et le village de Campello sul Clitunno. On
arrive sur la gauche aux
Fonti del Clitunno, bel exemple de résurgence qui alimente la petite rivière du Clitunno.
Le nom « Clitumnus », transmis par les écrivains latins, était celui du dieu qu’adoraient les Ombriens, appelé
aussi Jupiter, dont le culte se confondait avec celui du fleuve. On y adorait aussi Janus (Cf. à quelques km, le
village de Pissignano = Piscina Jani). Toute cette zone au Nord de Spoleto était riche de sources d’une grande
fraîcheur et pureté. Le petit lac a un périmètre de 405 m. (env. 115 m. sur 100 m.) ; la température est constante
(12°). La flore est très riche : peuplier d’Italie = pioppo cipressino, chênes verts = leccio, frênes = frassino,
mûriers = gelso (on éleva des vers à soie), saules pleureurs (implantés en 1865, à partir de boutures prises sur
les saules de la tombe de Napoléon à Sainte-Hélène, par le comte Paolo di Campello (1829-1917), qui avait
épousé Marie Bonaparte (1835-1890), une nièce de Napoléon III), plantes aquatiques (mousses,
phanérogames, plantain d’eau = mestolaccia, myosotis = nontiscordardimé, capucine = nasturzio, vallisnérie,
joncs, planctons, et d’autres que les connaisseurs se feront un plaisir de nous signaler). Quelques couples de
cygnes royaux ont été introduits sur le lac.
C’était dans l’Antiquité une zone très fertile et renommée pour ses élevages ovins et bovins que la pureté des eaux rendait blancs, rappelés par Virgile et Pline, si beaux qu’on les
utilisait pour les sacrifices et les triomphes à Rome. Le site comprenait une aire sacrée dédiée au dieu Clitumne, célèbre pour ses oracles que consultaient même les empereurs
(Caligula). On croyait que le dieu résidait au fond des eaux. Déjà dans l’Antiquité, le site était équipé pour le « tourisme » : un hôtel, des bains publics, des villas entouraient la source.
Un tremblement de terre du Ve siècle fit diminuer la quantité des eaux ; au Moyen âge, les communes environnantes s’en disputaient l’usage. C’est le comte Paolo di Campello qui
réinstalla le site dans sa forme actuelle en 1852. La source est une des plus importantes d’Italie, elle a un débit de 1300 à 1500 litres d’eau par seconde.
« Hinc bellator equos campo sese arduos infert ;
Hinc albi, Clitumne, greges et maxima taurus
victima saepe tuo perfusi flumine sacro
Romanos ad templa deum duxere triumphos »
(D’un côté le cheval de bataille s’élance, tête haute dans la plaine ;
de l’autre, ô Clitumne, les blancs troupeaux et le taureau,
grande victime, ont été souvent baignés dans ton fleuve sacré
avant de conduire aux temples des dieux les triomphes romains).
(Virgile, Géorgiques, II, 145-8).
Rassurez-vous, Virgile précise ensuite qu’il n’y a dans ces régions ni tigres féroces, ni lions, ni aconits trompeurs, ni serpents couverts d’écailles ! Par
contre, « Ici règne un printemps perpétuel, et l’été en des mois qui ne sont pas les siens ; deux fois les brebis y sont pleines, deux fois l’arbre y donne des
fruits ».
Parmi les poètes et écrivains qui ont chanté le Clitunno, Pline le Jeune, Properce, Byron (dans Le pèlerinage du jeune Harold) et Giosuè Carducci (Alle
fonti del Clitunno, 1876). Parmi les peintres inspirés par les Fonti, Nicolas Poussin, Claude-Gallée Lorrain, Camille Corot ... mais il n’y a pas encore de
saules dans leurs tableaux.
Près des Fonti del Clitunno se trouve le Tempietto del Clitunno, petit temple devenu église del San Salvatore, mais la présence
d’une croix d’origine laisse penser que ce fut, dès la construction, un édifice chrétien inséré aujourd’hui dans le Patrimoine de
l’Humanité parmi les lieux de pouvoir des Longobards.
On suit la vallée du Topino, rivière de 77 Kms qui se jette dans le Chiascio, affluent du Tibre. Le Topino prend sa source sur le mont Pennino, au nord-est de
Foligno, et reçoit les eaux du Menotre.
Après avoir franchi le Topino au ponte Nuovo, on continue vers Pontecentèsimo (à droite, de l’autre côté du chemin de fer, restes d’un pont romain de l’ancien
tracé de la Flaminia ; un peu plus loin, restes d’un viaduc romain, et du ponte marmoreo sur le Topino). Avant Nocera, sur la gauche, forteresse de Postignano
(Xe siècle -Image ci-contre).
2) Nocera Umbra (520 m.)
Centre ombrien (« Nuokria » = ville nouvelle), puis municipe romain (de « Nuceria Camellaria » partait la via Prolaquense pour Ancona), Nocera devient un important centre des
Longobards au VIe siècle, point stratégique de contrôle de la route, à la frontière du duché de Spoleto. Détruite en 1248 par Frédéric II, la ville passe sous la juridiction des Trinci, puis
de l’Église qui y renforce le pouvoir de l’évêque. Du XVIe au XIXe s., Nocera est célèbre pour son économie agricole et pour ses sources thermales. Le tremblement de terre de 1997 a
dévasté la ville, restaurée depuis.
La porta Nuova ou Garibaldi, du XVIe s., a été élargie en 1929 pour laisser passer la course automobile des « Mille Miglia ». Par le
boulevard Matteotti, on atteint la porta Vecchia (ou de s. François, à cause d’un miracle supposé du saint), principale ouverture de
l’enceinte du XIIIe s. Sur les côtés, 2 fontaines qui rappellent les vertus des eaux de Nocera. Le cours Vittorio Emanuele monte dans la
partie haute de la ville, le long d’édifices rénovés aux XVIe et XVIIe siècles ; les rues latérales sont au contraire médiévales. Sur la
droite, une petite rue descend vers le portique de s. Philippe, voie couverte à portiques réalisée au XVIIe s. sur les murailles
médiévales. Au bout, petite place avec l’église S. Philippe (1864-8). De la place, on remonte à gauche vers le cours V.E., entre des
palais des XVIe-XVIIe siècles.
Place principale, la piazza Caprera regroupait les palais du pouvoir communal et de l’évêque. Église San Francesco restructurée en
1494-7, belle façade en pierre avec portail gothique tardif ; l’intérieur accueille le Museo civico qui rassemble des œuvres de peintres
locaux, dont Niccolò di Liberatore (1430-1502, Polyptique), Matteo da Gualdo (1430-1507, Incontro di S. Anna con S. Gioacchino).
De la place Caprera descend la rue Pontani vers la place Torre Vecchia, de forme semi-circulaire, où se réunissait le conseil du peuple
au moyen âge. Revenir à la place et prendre la rue Rinaldo qui monte à la cathédrale (Duomo) de l’Assunta, en haut de la colline, de
fondation romane (voir la porte latérale), reconstruite en 1448 et remaniée aux XVIIIe et XIXe siècles. À côté de la cathédrale, Torre
civica, détruite en 1997 et en cours de restauration. Beau panorama sur la vallée.
Rinaldo (1157-1217), fils d’un seigneur local, fut d’abord moine et ermite dès l’âge de 20 ans et le resta après avoir été élu évêque de
Nocera en 1209, contrastant avec les modes de vie féodaux de beaucoup d’évêques de l’époque. Aussitôt après sa mort, il est proclamé Saint et patron de la ville en même temps que
saint Felicissimo. Le dernier voyage de François d’Assise, eut lieu de Nocera à Assise en 1225.
De Nocera, on laisse à dr. la strada Clementina (réalisée par le pape Clément XII) qui rejoint l’ancienne Via Prolaquense.
3) Gualdo Tadino (altitude : 536 m.)
Gualdo Tadino doit son nom à sa double identité germanique et romaine. Ancienne cité ombrienne (Tarsina), centre d’une population locale, les «
Tadinates », au pied du mont Penna, vers le XIIe s. av.J.C. ; on y a retrouvé deux disques d’or qui sont le plus ancien témoignage d’orfèvrerie
italique.
Les Romains construisent « Tadinum » dans la plaine ; la ville, déjà connue pour ses eaux thérapeutiques et ses bains, était une halte pour les
armées en transit sur la Via Flaminia. Disputée par les Goths et les Byzantins, Tadinum est détruite par le Goth Totila qui fut tué ici par le
général byzantin Narsès (552) à la bataille de Tagina, elle est reconstruite à partir d’une implantation bénédictine, sous le nom de Gualdo (du
longobard « Wald » qui indiquait les forêts et broussailles qui l’entouraient) ; elle est définitivement détruite par l’empereur Othon III en 996.
La ville actuelle se dresse sur la colline S. Angelo où les Bénédictins transférèrent leur abbaye au début du XIIIe s. Devenue commune libre en
1237 sous la protection de Frédéric II, elle fut entourée d’une enceinte et dotée d’une forteresse, la Rocca Flea, aujourd’hui Musée. Les
tremblements de terre de 1751 et 1832 détruisirent une grande partie de la ville médiévale ; de nouveaux dommages ont été provoqués par le
tremblement de terre de 1997.
La ville est célèbre pour sa production de céramique depuis la préhistoire. Au XVIIe s., elle invente une technique jamais employée jusqu’alors
d’application de l’or à la céramique. Relancée en 1873 par Paolo Rubboli (1838-1890), elle s’est spécialisée dans la céramique à reflets
métalliques. La céramique est travaillée dans 60 ateliers qui occupent 1300 personnes. Voir : le Centre de la céramique ombrienne et la Galerie
d’art moderne de la céramique.
Autre spécialité de Gualdo : l’eau oligominérale, source importante de revenus pour la ville.
On entre par la Porta S. Benedetto (enceinte du XIIIe s.), prendre le corso Piave (Italia), axe nord-sud (en bas du plan).
Piazza XX Settembre : chiesa S. Maria dei Raccomandati (confrérie du XIVe s.) : triptyque de Matteo da Gualdo.
Piazza Martiri della Libertà : dessinée au XVIe s. puis après le tremblement de terre de 1751 qui
détruisit les édifices médiévaux. Seul reste : Torre civica (XIIIe s.). Palais communal (1768-69). Cathédrale S. Benedetto à l’Est :
construite en 1256 (reste la façade, rosace), restructurée aux XVIIIe et XIXe
s. (intérieur de 1875). En face, église S. Francesco, consacrée en 1315 :
façade à double pente (= a capanna) sur le corso Italia, portail gothique à
lunette trilobée. Intérieur gothique (XIVe s.). Peintures de Matteo da Gualdo
(Crucifixion dans l’abside, Vierge à l’enfant sur un pilier à droite).
On continue le corso Italia, puis la via della Rocca pour arriver à la Rocca
Flea, reconstruite par Frédéric II et restaurée en 1394 ; transformée en
résidence cardinalice puis en prison de femmes ; depuis 1990, siège de la
Pinacothèque communale (Œuvres de Matteo da Gualdo et de Nicolò di
Liberatore ; Musée de la Céramique, du XVe s. à aujourd’hui). Piazza
Soprammuro : intéressant Musée de l’émigration.
On remonte au nord-Ouest vers Gubbio. Après la traversée de la rivière
Chiascio, on remarque la ligne fortifiée qui défendait la conque de Gubbio :
châteaux de Branca (XIIe s.), de Torre Calzolari (transformation néogothique XIXe s. de constructions féodales), de Castel
d’Alfiolo (construit au XIe s. par les comtes d’Alfiolo, transformé en monastère bénédictin aux XIIe-XIIIe s., restructuré au
XVIe s. par le cardinal Cervini, futur pape Marcel II, qui en fit sa résidence)
4) Gubbio (altitude : 522 m.)
La ville se détache au pied du mont Ingino, comme sculptée dans des blocs de calcaire gris avec quelques ajouts de grès à
partir de la Renaissance.
Gubbio et la disparition des dinosaures
Le site de Gubbio a confirmé la théorie de la disparition des dinosaures suite à la chute d’un énorme météorite. En 1978, dans la localité proche appelée « Il Bottaccione » (= la digue),
des scientifiques américains, le groupe de Berkeley, relèvent dans une mince couche de roches une présence massive d’iridium, de trente fois supérieure à celle des couches
voisines ; or ce métal est rare sur la terre mais présent dans les météorites, et la couche a été datée d’il y a environ 65 millions d’années, soit l’époque de la disparition des dinosaures.
C’était le témoignage de l’impact d’un gros astéroïde de 10 Kms de diamètre. La théorie est confirmée à partir des années 1980 par l’étude de la grande dépression du Yucatan au
Mexique qui révèle un cratère de 150 Kms de diamètre. Une météorite avait dégagé dans l’atmosphère une énorme quantité d’iridium qui avait provoqué la disparition de toute forme de
vie sur la terre.
L’époque ombrienne et romaine
Les Ombriens occupent la zone de Gubbio (« Ikuvium ») au début du premier millénaire av. J.C., mais le peuplement de la vallée remonte à
l’âge du bronze et au début de l’âge du fer. Des restes de murs cyclopéens près de Gubbio attestent la première implantation préhistorique,
confirmée par des céramiques, des haches, des armes, et des cavernes creusées dans la montagne par les mouvements telluriques.
L’ancienne Tota (= ville) Ikuvina nous est connue grâce aux Tavole eugubine (dans le Palazzo dei Consoli), monument épigraphique en
langue ombrienne du IIe et du Ier s. av. J.C., qui décrit aussi bien les cérémonies rituelles que l’organisation de la ville-état.
Dans la lutte qui oppose les Romains à l’alliance des Étrusques, Gaulois et Samnites (295 av. J.C.), Gubbio est une des premières villes de la
région qui reste fidèle à Rome, et elle devient municipe romain en 82 av. J.C. Les nobles et les chevaliers habitaient la plaine ((Cf. les restes
du Théâtre, des thermes et du Mausolée), tandis que le quartier des artisans et paysans s’étendait vers la montagne. À partir de la
construction de la via Flaminia, Gubbio devient une étape sur la voie qui unit Rome à l’Adriatique.
Les invasions barbares et l’institution de la Commune
Les invasions barbares (Wisigoths) détruisent la ville (552) ; pendant l’invasion longobarde, Gubbio reste assujettie aux Exarques de Ravenne qui aident beaucoup à sa reconstruction.
Le traité de paix de 605 entre le duché longobard de Spoleto et le duché byzantin de Perugia, dans lequel Gubbio était intégrée, lui donna une nouvelle impulsion confirmée pendant la
période de paix du VIIIe au Xe siècle. Après les donations de Pépin le Bref et Charlemagne, Gubbio est donnée à l’Église. Ce n’est qu’en 917 que Gubbio fut rasée par les Hongrois.
La « Commune » commence à se développer dès le XIe s., soumet la plupart des châteaux environnants, entrant en conflit avec Perugia ; en 1163, l’empereur Frédéric I de Souabe
signe la reconnaissance juridique de la Commune, qui sera confirmée en 1211 par Othon IV. Gubbio est alors du parti gibelin. Après la bataille de Montaperti (1260), Gubbio subit une
forte pression du pouvoir pontifical et passe au parti guelfe ; le pape confirme et étend les possessions de la ville.
À partir de la régence de l’évêque Ubaldo Baldassini (1130-60), la ville s’étend sur les pentes du mont Ingino (le corps de saint Ubaldo sera transféré au
sommet de la montagne en 1194, « miraculeusement conservé ») ; le rythme des célébrations rituelles de la communauté se fixe jusqu’à nos jours (Corsa dei
Ceri, qui se déroule sans interruption depuis huit siècles en l’honneur de saint Ubaldo) ; l’aqueduc est construit qui apporte l’eau à l’ensemble de la ville ; les
églises se multiplient, l’enceinte entoure la totalité de l’aire urbaine.
Les Bénédictins bonifient et cultivent les terres abandonnées lors des invasions barbares et pourvoient à l’alimentation de la ville et des villages environnants.
Les Ordres mendiants, Franciscains, Dominicains, Augustiniens, jouent un rôle important dans le développement de la Commune, ils construisent leurs
églises sur le pourtour de la ville, San Francesco, San Domenico et Sant’Agostino. . Le « Poverello » fait son premier voyage d’Assise à Gubbio, chez son ami
Spadalunga, en 1207.
Dans la seconde moitié du XIIIe s., la Commune affirme ses prérogatives et son autonomie, développant des
institutions démocratiques qui assurent une participation active des citoyens à l’élaboration des décisions et à la
gestion de la ville. Tous les citoyens peuvent être élus aux plus hautes charges municipales pourvu qu’ils aient un
revenu de 20 lires. Les Corporations et les Confréries religieuses laïques contribuent à ouvrir un dialogue démocratique
entre la noblesse, la bourgeoisie et le prolétariat ; ce dernier est intégré dans les institutions, acculturé, et aidé
économiquement en cas de maladie, de malheurs familiaux et de chômage. Les « Compagnie » assurent la promotion
d ‘activités culturelles, sportives et festives.
Les manufactures et le commerce se développent considérablement, écartant du pouvoir la noblesse féodale au profit de l’autorité communale
qui édifie un nouveau centre politique (décision du 14 décembre 1321) : palais du Peuple (des Consuls) et palais du Podestat (palazzo Pretorio,
mairie) autour de la Piazza Grande ; palais du Capitaine du Peuple.
La Seigneurie des Montefeltro et la domination pontificale
Au XIVe s., cet équilibre démocratique est peu à peu détruit, malgré les efforts du cardinal Albornoz. La ville est soumise à la tyrannie de l’évêque
Gabriello di Necciolo et entre dans une longue période de crise économique, de famines, de peste (1348), de guerres menées par des mercenaires
qui se paient souvent aux dépens des populations civiles. En 1384, Gubbio passe pour 248 ans aux Montefeltro d’Urbino qui édifient en face de la
cathédrale le Palais ducal (1471-74), dont la cour dessine le seul espace Renaissance de la ville. où la pierre calcaire est remplacée par la brique (=
laterizio) et le grès (= arenaria ou pietra serena). De cette époque datent aussi la Loggia dei Tiratori ((1603) et l’église Santa Maria della Piaggiola
(1625).
La décadence de Gubbio commence en 1508 avec la domination des Della Rovere, héritiers des Montefeltro, et de l’État pontifical en 1624. Cette
période est marquée par un important développement architectural : palais des familles patriciennes et des évêques, Hôpital, Séminaire, palais des
Orfanelle (Orphelines), églises, Théâtre communal.
La vitalité contemporaine
Gubbio est occupée par les troupes françaises du général Berthier le 31 janvier 1798, intégrée dans le Royaume d’Italie de 1808 à 1814.
L’expérience révolutionnaire ravive l’ancienne tradition communale démocratique. Lors de la révolution de 1831, un gouvernement révolutionnaire
s’instaure à Gubbio pour 40 jours. Le 14 septembre 1860, les troupes italiennes du général Cadorna trouvent le drapeau italien déjà installé sur la
tour du palais du Capitaine du Peuple.
La restauration du tissu médiéval ne reprend qu’en 1807 ; les murailles sont détruites ; en 1885, les rues secondaires sont pavées. Le plan régulateur
(Carta di Gubbio, 1960) ouvre une nouvelle période de restauration et de développement artisanal (fer battu, restauration de meubles anciens,
lutherie, céramique noire, le « bucchero »), où se manifeste le lien avec le passé et le fort esprit communautaire de la population.
Gubbio reste une commune dont la vie civile est active ; elle s’est déclarée « antitransgénique ».
Aujourd’hui encore, les activités artisanales sont nombreuses :
* La céramique : on en trouve des traces à partir du IVe s. av. J.C. : production de « buccheri » et de vases couleur corail. Pendant la période
communale, on fabrique aussi bien de la poterie vernissée à usage domestique que des produits élégants pour les classes riches (céramiques
décorées de diverses nuances de vert).
La renommée de la céramique de Gubbio est liée au nom du maître Giorgio, de ses frères et de son fils Cencio, arrivés en 1498 du Lac Majeur qui
produisent une faïence très demandée par la bourgeoisie. Au XVIIIe s., le maître Andreoli commença à travailler l’argile blanche vernissée, dont le
secret n’a jamais été retrouvé, non plus que celui des couleurs de maître Giorgio. En 1928, le prof. Benveduti présenta au Ier Congrès d’Études
étrusques la technique du « bucchero ». Aujourd’hui un groupe important d’artisans poursuit la fabrication traditionnelle et celle de formes plus
modernes.
* Le travail du fer forgé est attesté depuis l’Antiquité par les Tavole eugubine ; la Corporation des forgerons regroupait les argentiers, joailliers,
batteurs d’or, horlogers, graveurs sur métaux et monnayeurs ; son statu est approuvé en 1338. Les forgerons fournissaient les grilles, torchères,
chenets, chaînes, monnaies, ferrures de portes, de coffres-forts et de coffres nuptiaux, reliquaires, ostensoirs, croix et pastorales. Ils sont regroupés
encore aujourd’hui dans une Université des forgerons.
* Le bois est travaillé par les artisans d’une Corporation reconnue en 1334, comprenant les tonneliers, menuisiers, charpentiers, charrons,
bâtiers, tourneurs, sculpteurs sur bois, marqueteurs, graveurs sur bois. Ils produisaient les tonneaux, meubles domestiques et sacrés, coffres, buffets,
chaises, tabourets, tables, écrins, pétrins, prie-Dieu, stalles de choeurs, etc. Un témoignage en est le Tonneau des Chanoines (environ 200
hectolitres), haut de 4 m., d’un diamètre minimum de 2,90 m., fait de douves de 12 cm. d’épaisseur et sans aucun cercle métallique ; le vin y était
versé par un trou percé dans le plancher de l’étage supérieur. Il existe encore aujourd’hui une Université des menuisiers et deux écoles qui s’occupent l’une de lutherie, l’autre de
restauration de meubles anciens.
Gubbio est le lieu de très grandes festivités traditionnelles :
* la Corsa dei Ceri le 15 mai en l’honneur de saint Ubaldo, patron de la ville, de saint Antoine abbé, patron des paysans et des étudiants, et de saint Georges, patron des artisans et
merciers.
* le palio della Balestra, dernier dimanche de mai, compétition de tir à l’arbalète entre Gubbio et Sansepolcro, en hommage à Saint Ubaldo,
Patron de la ville. La tradition est ininterrompue depuis la fin du XVe s.
* les représentations d’oeuvres classiques au Théâtre romain en juillet-août.
* la Biennale d’Art de la céramique et du métal (août-septembre).
* le Prix Bosone da Gubbio (poète du XIVe s.), concours littéraire international.
* la procession solennelle du Christ mort (Vendredi Saint).
* Spectacle des « sbandieratori » (lanceurs de drapeaux) : Le 25 avril à 11h 30 sur la Piazza Grande, est donné en l’honneur de la Fête de la
Libération un spectacle du groupe de «sbandieratori » du prof. Giuseppe Sebastiani, habiles dans « l’art de faire voler et d’agiter les
drapeaux » (« nello svolazzare e nel bugliar bandiere »).
Visite de la ville
Départ : place Quaranta Martiri (victimes des troupes allemandes en 1944) = ancienne aire des marchés au moyen âge (En-bas du plan à
gauche bers N.1).
San Francesco (n.1), édifiée en 1255 près des magasins des Spadalonga qui accueillent et habillent François d’Assise après son départ
de la maison paternelle. Construction ogivale, façade inachevée, portail gothique ; clocher polygonal (XVe s.).
Intérieur : seule église à trois nefs de Gubbio ; voûte à croisillons de 1720 qui remplace le toit d’origine à poutres apparentes encore
visibles vers l’abside ; autels baroques du XVIIe s.
Voir : * dans l’abside droite la Chapelle de S. François : sur le mur de droite, traces du mur de l’ancienne maison des Spadalonga ; fresques illustrant la vie de S. François.
* dans l’abside gauche, fresques d’Ottaviano Nelli (1408-1413) : 17 Scènes de la vie de Marie.
Par la sacristie, passer dans le cloître.
De l’autre côté de la place :
Loggia dei Tiratori dell’Arte della Lana (1603) (N.2), sur le portique du marché et devant le bâtiment de l’« Ospedale Grande » (XIVe s.) et de l’église
Santa Maria dei Laici (1313). La Loggia était utilisée par les tisseurs de laine pour sécher les étoffes et les étirer jusqu’à une longueur et une largeur
déterminées.
Prendre la via della Repubblica à dr. de l’Ospedale. Aussitôt à g.,
San Giovanni Battista (XIIIe s.) (N.15), façade gothique en pierre calcaire et clocher roman. Intérieur à nef unique ; toit
soutenu par de grands arcs en pierre sur des consoles soutenues par des colonnes géminées (Cf. ci-contre).
Plus haut à g. rue Baldassini, rue des antiquaires ; sur la gauche de la rue, édifices des XIIIe et XIV e s. avec la
caractéristique « porte du mort », à gauche de l’image ci-contre ; parmi ceux-ci, Casa Baldassini, maison où, selon la
tradition, est né l’évêque Ubaldo (1084).
En face prendre la via Gattapone, on arrive à :
Piazza Grande, une des plus remarquables réalisations urbaines du moyen âge. L’espace artificiel, dont la construction est décidée en 1321, est réalisé
dans le centre de la ville grâce à un travail imposant d’installation de structures de soutènement (visibles de la rue Baldassini). Seul le Palais des Consuls
est terminé : la fin de l’autonomie communale en 1350 commande l’interruption des travaux, dont les substructures ne seront complétées qu’en 1482.
* Palazzo dei Consoli (1332-1349) (N. 7), réalisé par Angelo da Orvieto et Matteo Gattapone. À l’intérieur, Museo Civico : restes romains, Tavole
eugubine, céramiques du XIVe au XIXe siècle, Pinacothèque communale (5 salles de peintres de Gubbio).
* En face du précédent, Palazzo Pretorio (1349), autrefois Palazzo del Podestà, le maire de la ville au moyen âge,
siège de la Municipalité aujourd’hui.
* La place est fermée par le Palais Ranghiasci Brancaleoni (photo à gauche), derrière lequel se trouve le parc à
l’anglaise, créé au XIXe s. par la marquise Mathilde Hobhouse, épouse du marquis Francesco Ranghiasci
Brancaleoni (entrée via Gabrielli, vers l’église Santa Croce, ou via della Cattedrale, derrière le Palais ducal).
Prendre la via dei Consoli sur la gauche, puis rejoindre à droite la via Galeotti puis, au-dessus la via Federico da
Montefeltro, dominée par :
* Palazzo del Capitolo dei Canonici (XIIIe s.), où se trouve le Tonneau des Chanoines ; de là on atteint l’ancienne Platea Communis, centre
politique et religieux de la ville au temps de l’évêque Ubaldo, maintenant occupée par :
* le Palais ducal (N. 9) (achevé en 1480), érigé en 1480 par l’architecte Francesco di Giorgio ou par Laurana sur commande de Frédéric de Montefeltro, qui englobe et transforme les
anciens édifices communaux. Il comprend deux corps de bâtiment raccordés par une cour centrale. En 1482, le fils de Federico,
Guidobaldo, fait ajouter la « Foresteria » et au XVIe s. est réalisé le jardin suspendu. Le palais est dépouillé de ses
meubles au XIXe s., le « studiolo » du duc d’Urbin est vendu au Metropolitan Museum de New York. Voir au moins la
cour très élégante, où alternent la brique et le grès. À l’intérieur, Musée.
* La cathédrale (Duomo, N.10), dédiée aux saints martyrs Jacques et Mariano (morts en 299), dont la cathédrale
revendique la possession des reliques ; achevée en 1229, elle est agrandie en 1336 puis au XVIe s. Intérieur à nef
unique, toit soutenu par de grands arcs ogivaux transversaux typiques de Gubbio (Cf. San Francesco).
* Les fouilles effectuées dans la zone voisine du Palais, à partir de 1977, ont permis de retrouver de nombreux restes
des constructions médiévales.
Promenade : De Piazza Grande, on peut suivre la via XX Settembre, sur le tracé probable des murailles de l’époque ombrienne. Presque tout de suite à
dr., descendre su la via Savelli della Porta : église San Francesco della Pace (où le loup apprivoisé par François se réfugiait. Cf. Fioretti XXI) ; à l’intérieur,
la pierre sur laquelle prêchait S. François, et les trois statues de S. Ubaldo, S. Georges et S. Antoine qui défilent pour la Course des Cierges. Au N. 16,
Palais Della Porta, de Francesco di Giorgio, avec beau portail Renaissance. Presque au bout de la rue, église Santa Maria Nuova (1270-1280, fresques de
la contre-façade). Au N. 79, palais Falcucci, où aurait résidé Dante. De là, par la via Dante, on descend à la Porta Romana, au-delà de laquelle se trouve
l’église Sant’Agostino, achevée en 1294 (abside décorée de fresques retraçant la vie de S. Augustin en 26 tableaux).
De là, on peut redescendre vers l’église S. Pietro (Au début de la via Garibaldi, édicule de S. Ubaldo de
1761), commencée au XIIIe s. Par le corso Garibaldi (voir au passage l’église Santa Maria dei Servi, où on
a trouvé en 2004 un dessin qui attesterait la présence de Raphaël à Gubbio), rejoindre San Giovanni
Battista et remonter vers le Palais du Bargello (1302) et, sur la petite place, la Fontaine des Fous (XVIe s.)
: il fallait en faire trois fois le tour pour obtenir le diplôme de « fou » !
Continuer vers le Palazzo del Capitano del Popolo (fin XIIIe s. - Photo ci-contre), et redescendre vers
San Domenico (ex-San Martino), et revenir à la Place Quaranta Martiri, en notant au passage le Palazzo
Beni, exemple de palais nobiliaire reconstruit sous la domination des Montefeltro.
Autre possibilité : par le funiculaire qui part de Porta Romana, monter à la basilique Sant’Ubaldo (Ci-
dessous, panorama), à 827 m. Vue magnifique. Les marcheurs pourraient suivre la voie de la Corsa dei
Ceri, indiquée sur le plan à partir de la Porta S. Ubaldo, mais elle est très rude !
Retour à Spoleto par la via Flaminia :
Scheggia, près de l’un des plus grands sanctuaires ombriens consacré à Jupiter Apennin, Costacciaro au sommet d’une colline. On franchit le torrent Scirca (à côté du pont moderne,
restes de l’ancien pont romain, détruit en 1944 par les Allemands en retraite), Scirca, Sigillo, sur un ancien site romain. On longe sur la gauche le Parc naturel de Monte Cucco qui
culmine à 1566 m. (À l’intérieur, grotte de Monte Cucco, de 922 m. de profondeur, un des plus intéressants phénomènes karstiques de l’Italie centrale). Fossato di Vico, sur les pentes
de la Cima di Mutali, sur un ancien site ombrien, fortifié par les Romains pour contrôler le croisement de la via Flaminia avec la route qui menait vers les Marches.
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