Valle d’Aosta : La Vallée d’Aoste - début
Histoire du Val d’Aoste (Voir dans « Voyages » des itinéraires en Val d’Aoste) Le Val d’Aoste (l’ancienne Vallis Augustana) est la région d’Italie la plus au nord- ouest et la plus petite (3262 km2) ; elle est bordée au nord par le Valais, à l’ouest par la Savoie et au nord par le mont Rose et le Cervin, ouverte seulement sur le sud (le Canavese piémontais) par le passage étroit de la Doire Baltée à Pont- Saint-Martin. Le Val d’Aoste est d’une part la vallée de la Doire Baltée, affluent de gauche du Pô et d’autre part de ses affluents de droite et de gauche constituant un éventail de part et d’autre de la Doire Baltée : à droite, la vallée de La Thuile qui conduit au col du Petit-Saint-Bernard, le Valsavaranche dont les sources sont proches de celles de l’Isère, le Val de Cogne et la vallée de Champorcher. À gauche, les vallons de Vertosan et de Saint-Barthélemy  ne conduisent à aucun passage ; par contre les suivants sont importants : le trident (Valpelline, Ollomont, Grand- Saint-Bernard) du Buthier (Bautegium qui donne son nom à la Doire « Baltée ») qui débouche à Aoste ; ensuite, le Valtournanche, le Val d’Ayas, le Val de Gressoney (vers le Valais). Le Val d’Aoste est donc enserré par les plus hautes montagnes d’Europe, de plus de 4000 mètres, culminant au Mont Blanc (4807 mètres), il est ouvert par des cols généralement hauts, dont les deux plus bas, carrossables toute l’année, sont à l’ouest le Petit-Saint-Bernard (2188 m.) et au nord le Grand-Saint-Bernard (2472 m.). Il est donc à la fois un monde fermé, – unité intérieure du monde alpin protégée par un écran montagneux, au climat très sec –  et un lieu de passage par ses cols entre le sud et le nord, et entre l’est et l’ouest, dont la maîtrise fut essentielle dès l’antiquité, pour les Romains, pour l’Empire carolingien, et dont la possession fit la fortune de la Maison de Savoie à partir du XIe siècle jusqu’au moment où s’ouvrent d’autres voies, le Simplon, le Saint-Gothard et surtout le Mont-Cenis. Le Val d’Aoste perd alors de son importance, se referme sur lui-même et évolue en vase clos jusqu’à l’époque contemporaine. Depuis les Salasses, les habitants du Val d’Aoste ont  à la fois eu conscience d’appartenir à une collectivité originale et d’être en osmose avec la Savoie et le Valais ; avec la Savoie, elle avait en commun la langue et la culture françaises, même si le franco-provençal s’efface à mesure que l’on descend vers le Piémont. Le rattachement de la Savoie à la France en 1860 mettra fin à cette solidarité alpine et provoquera un mouvement d’émigration considérable vers la France et la Suisse romande, tandis qu’une population italienne s’installait dans les villes et les villages. Aujourd’hui la région a changé, s’est modernisée (potentiel hydro-électrique, richesses minières), s’est ouverte par le creusement des deux tunnels routiers du Grand-Saint-Bernard et du Mont Blanc, par lesquels elle retrouve son rôle central de passage. Aoste est redevenue la capitale alpine qu’elle fut sous l’Empire romain, et la région peut à nouveau faire connaître sa richesse par un développement brillant du tourisme qui en apprécie le patrimoine. 1– La préhistoire Il y a eu probablement un peuplement très ancien, antérieur aux glaciations de Würm, les dernières du Pléistocène dans les Alpes (la fin du Pléistocène se situe vers 9600 ans av. J.C.), mais toute trace de ces hommes semble avoir disparu. L’homme réapparaît dans la période suivante, le Néolithique (9.000–3.300 av.J.C.). Les premières traces visibles sont de la fin du néolithique, à la fin du IVe millénaire et au début du IIIe millénaire, où apparaissent des cultures de type nouveau, porteuses de la métallurgie et d’autres innovations technologiques ; ce sont surtout des  nécropoles, de tombes à cistes (sépulture individuelle de petite dimension et ayant la forme d’un coffre) souvent ramenées maintenant au IIe millénaire, à Saint-Nicolas, Villeneuve, Montjovet. Un des grands sites de l’époque mégalithique est celui de Saint-Martin-de-Corléans (Cf plus bas). De l’âge du Bronze (de 1800 à 700 av. J.C., entre l’âge du Cuivre et l’âge du Fer), on trouve aussi quelques sépultures et quelques ornements (bracelets) et instruments ; ces sites occupent en général l’adret (versant exposé au soleil). Le peuplement se multiplie à l’âge du Fer. On sait que le Petit-Saint-Bernard n’est pas utilisé avant l’âge du Bronze. Par contre le Grand-Saint-Bernard est pratiqué depuis le néolithique. Les Salasses (Ve s. av. J.C.) étaient un peuple gaulois, des celto-ligures, probablement apparentés aux Allobroges, leurs voisins de Savoie ; ils occupent la vallée d’Aoste du VIIIe siècle av. J.C. jusqu’à l’arrivée des Romains au Ier siècle av. J.C. Il reste des traces de ce peuple et de sa langue orale dans les noms de la région et dans le vocabulaire du « patois » valdotain « bletsé » = traire les vaches, « modze » = génisse, « brèn  » = le son de la farine, « barma » = abri sous un rocher, « brènva » = mélèze, « daille » = pin sylvestre, « bard » = le sommet, « ussel » = la hauteur... Le géographe grec Strabon (58 av.J.C.- 25 ap.J.C.) rappelait dans les Livres V et VI de sa Géographie que la vallée contenait des mines d’or et de divers métaux. Dion Cassius, historien romain (155-235) évoque les conflits des Salasses avec Rome à propos de l’eau nécessaire à l’exploitation de l’or : ils nettoyaient à l’eau le sable pour en extraire l’or, et les paysans de la plaine se plaignaient de n’avoir plus d’eau pour leurs récoltes. Ils défont les légions romaines à la bataille de Verolengo en 143 av. J.C. (le consul perdit 10.000 hommes, dit Dion Cassius) et sont vaincus en 141 av. J.C. à la bataille de Mazzè, après laquelle ils abandonnent le Canavese où les Romains fondent Eporedia (Ivrea). Ils vivent ensuite avec les Romains dans une alternance de conflits et de trêves, mais ils contrôlaient toujours les cols des Alpes, où ils exigeaient de lourds  péages. Ce n’est qu’en 25 av. J.C. que le consul romain Aulus Terentius Varron Murena vainquit les Salasses, faisant 36.000 prisonniers qu’il vendit comme esclaves sur le marché d’Eporedia et enrôlant de force dans l’armée 8000 jeunes hommes ; ce fut un véritable génocide. En 25 av. .J.C., Auguste fonda alors Augusta Praetoria Salassorum peuplée de 3000 vétérans de la légion sur le lieu de l’ancienne capitale des Salasses, Cordelia (du nom du compagnon d’Hercule, Cordelius, descendant de Saturne). Un des vins rouges du Val d’Aoste s’appelle le « sang des Salasses » (13,5% vol.) ! Un des témoignages de cette époque est le cromlech du col du Petit-Saint-Bernard : le cromlech est, en breton (de « croum » = rond et « lech » = pierre sacrée), un ensemble mégalithique ; situé à 2188 m. d’altitude à la frontière avec la France, sur la ligne de partage des eaux de la Doire Baltée et de l’Isère, c’était un lieu de culte des Celtes de l’époque, les Salasses, comparable au monument mégalithique de Stonehenge. Il se compose de 43 pierres allongées et pointues, disposées à une distance de 2 à 4 mètres et formant deux circonférences concentriques de 75,20 et 70,80 mètres de diamètre ; le centre commun est au niveau de la borne de frontière attenante au sud-est de la route qui traverse le cromlech. Les pierres ont été déplacées et remplacées, et on ne peut pas connaître actuellement la date précise de construction. À proximité, on trouve un petit temple gallo-romain (« fanum ») peut-être dédié à une divinité locale (Hercule Graius ?), et des traces de « mansio », bâtiment d’accueil des passagers, de 18 mètres sur 8. Le cromlech a une position significative d’un point de vue astronomique : tous les 21 juin, à 19h 30, le soleil se couche derrière le Lancebranlette (2916 m.)  et projette deux zones d’ombre qui ne laissent qu’un cercle de lumière au centre du mégalithe Le site mégalithique de Saint-Martin-de-Corléans (un quartier d’Aoste) est aussi un gisement important, lieu de culte allant du Néolithique (âge de la pierre polie, du IXe millénaire à 2100 av.J.C.) et de tombes du Troisième Millénaire à une église romane et à des restes romains. Il aurait été « Cordelia », la capitale des Salasses. On y trouve une quarantaine de stèles funéraires anthropomorphes. Il est l’objet d’un grand projet régional dont les travaux ont commencé en 2006 ; les travaux devaient se terminer en 2011, mais ils n’étaient pas encore terminés en 2014, et beaucoup ont critiqué le grand bâtiment en ciment armé qui marginalise les restes archéologiques qui sont en dessous.  Il existe alors un circuit routier constitué de sentiers qui permettaient le commerce et les relations culturelles. Au-dessus d’Aoste, on voit encore la « route des Salasses », un peu plus haut que le tracé romain. 2– La romanisation La vallée est importante d’un point de vue militaire, parce que stratégique : deux routes essentielles se croisent à Aoste, celle du Petit-Saint-Bernard vers la Gaule (col de l’Alpis Graia) et celle du Grand-Saint-Bernard vers l’Allemagne (Col de l’Alpis Poenina). Le long de la route se trouvaient les « mutationes » (pour le chargement des bêtes de somme) et les « mansiones » (pour le séjour prolongé et le repos des hommes et des bêtes de somme) : villages indiquant la distance en milles de la ville d’Aoste, Quart (ad quartum lapidem), Chétoz (ad sextum lapidem), Nus (ad nonum lapidem), Diémoz (ad decimum lapidem). Les principaux centres se trouvent donc au bord de ces voies stratégiques ; il en subsiste aussi les ponts de Châtillon, les restes de la route à Montjolivet et des portions de route à Arvier, Mécosse, Liverogne et Runaz. Pour les Romains, les Salasses étaient un peuple rustre (leur culture était orale !) et peu docile, fermé sur les bénéfices de l’élevage des moutons et de l’exploitation des minerais, dont l’or des sables aurifères. Ils furent poussés à la  conquête du Val d’Aoste par l’attrait de cet or, mais surtout par la nécessité de contrôler les cols alpins pour rejoindre la Gaule (passage de la Doire Baltée à l’Isère et au Rhône) et le Rhin (par la bretelle qui part d’Albertville en venant du Petit- Saint-Bernard). Ils envahissent donc la vallée et l’organisent ; il construisent en particulier très vite la route qui va de Eporedia à Augusta Praetoria (100 av. J.C.). La Vallée d’Aoste devient une partie vitale de l’Empire romain, incorporée à la XIe Région, la Transpadanie (Cf Pline, Histoires Naturelles, III, 123). Les routes sont bien aménagées, pavées, et on passe les deux cols même en hiver. Le trafic commercial par les cols était encore peu abondant, les marchandises lourdes étaient plutôt transportées par bateau, mais les Romains faisaient payer un droit de douane de 2,5% (la quadragesima galliarum) sur toute marchandise arrivant de Gaule. Les Romains fondent de nombreux villages (une cinquantaine, reconnaissables à leur nom terminé par –an, du –anum latin : Jovençan, Neran, Septumian, Sirignan, Vetan... ), presque tous le long d’une route ; on en a conclu que, pour eux, le Val d’Aoste était « une  terre de transit plus que d’exploitation », sauf lorsqu’il s’agissait de rejoindre une mine de fer (Cogne) ou d’or (Arbaz et Courmayeur). De l’an 3 après J.C. date le pont-aqueduc de Pondel, qui traverse le torrent Grand’Eyvia dans la vallée  de Cogne ; une inscription rappelle le nom de ses fondateurs privés, Caius Aimus et Caius Aimus Patavinus ; un passage fermé éclairé par des fenêtres permet le passage des hommes. Il est surmonté d’un couloir découvert pour le passage des eaux des sources de la rive gauche ; il était peut-être lié à l’exploitation des métaux ferreux de Cogne, mais il servait aussi à l’alimentation en eau des habitants du village. Il est large de 2,30 m, long de 50 m., à 56,20 m. au-dessus de l’eau, il a un arc de 14,24 m. et c’est une des plus importantes constructions civiles des Romains dans les Alpes (Cf photo ci-dessus). Une autre construction importante, plus tardive (25 ou 120 apr. J.C.?) est le pont romain de Pont-Saint-Martin. Selon la légende, il aurait été construit par le diable : Saint Martin, évêque de Tours, rentrant dans son diocèse, aurait été bloqué par la Lys dont les eaux avaient emporté la passerelle ; le diable lui aurait proposé de construire un pont en une nuit à condition qu’il s’emparerait de l’âme du premier être vivant qui traverserait le pont ; saint Martin laissa  donc un morceau de pain de l’autre côté du pont et fit traverser un chien affamé ; le diable furieux se jeta dans la Lys ; le carnaval de Pont-Saint-Martin utilise toujours cette légende traditionnelle  vivante (Cf photo à gauche). La voie romaine passait à Donnas entre Bard et Pont-Saint-Martin , il reste un arc taillé dans la roche vive, de 4 m. d’épaisseur et 4 m. de hauteur ; un peu plus loin reste la borne miliaire XXXVI qui indique le nombre de milles entre Donnas et Aoste (environ 50 kms d’Aoste) (Cf photo à droite).. La ville d’Aoste est riche de monuments romains. Le premier, quand on arrive à Aoste par l’est est l’Arc de triomphe d’Auguste, construit pour célébrer la victoire sur les Salasses en 25 av. J.C. ; il se trouve à la sortie de la Porta Praetoria, a un seul arc de 11,40 mètres de haut et 9 m. de large. Il est construit en bloc de poudingue (roche pudding, constituée de cailloux de rivière roulés et liés par du ciment). Au Moyen-âge, l’Arc était dénommé « Saint-Vout » parce qu’il était orné d’une image du Sauveur qui sera remplacée plus  tard par un crucifix. À 150 m. de l’Arc se trouve le Pont Buthier, à une seule arche surbaissée, d’environ 17 mètres de diamètre ; sa largeur est de 5,95 mètres. Il est visible, quand on vient de l’est, au milieu des habitations, peu avant le pont actuel sur le Buthier (Cf photo à droite). Les portes d’Aoste existent encore dans les remparts, qui formaient un rectangle de 727,50 mètres sur 574, construit de pierres de rivière recouvertes de blocs externes de travertin (Cf photo ci-dessous). L’enceinte était haute de 8 m., renforcée par un contrefort tous les 14 ou 16 mètres et de 20 tours, dont il reste la Tour des Baillis (dei Balivi, les baillis qui étaient les représentants du duc de Savoie, angle nord-est), la Tour Tourneuve (angle nord-ouest), la  Tour du Pailleron (portion sud, restaurée par A. d’Andrade en 1894), la Tour des Lépreux (portion ouest) et la Tour Bramafam portion sud), la Tour Fromage (Tour Casei, autrefois lieu de grandes fêtes et aujourd’hui lieu d’expositions), la casa Tollen. Les portes étaient au nombre de 4, deux aux bouts du « decumanus  maximus» (voie est- ouest, aujourd’hui via Sant’Anselmo), la Porta Praetoria à l’est, construite en gros blocs de poudingue, à trois arches, une centrale pour les véhicules (8,40 m.), deux latérales pour les piétons (2,64 m.) ; elle était en deux parties séparées par une place d’armes. Au- dessus des arches se trouvait une galerie de défense ouverte de vastes fenêtres arquées. Il faut penser que le niveau de l’époque romaine était à 2,60 mètres en dessous du niveau actuel pour apprécier la monumentalité de la porte. À la façade orientale, on voit encore une partie du revêtement primitif en marbre gris vert (« bardiglio » d’Aymavilles). Elle était  flanquée de 2 tours rectangulaires. À l’autre bout du « decumanus » se trouvait la Porta Decumana, d’où partait la route du Petit-Saint-Bernard, à double courtine et trois passages, démolie en 1812 sur ordre du Préfet pour l’assainissement du quartier. Le « cardo » (voie nord-sud) allait de la Porta Principalis Dextera au sud, à une seule arche, jusqu’à la Porta Principalis Sinistra au nord, d’où partait la route du Grand-Saint-Bernard. L’Aoste romaine avait aussi un Théâtre, dont il reste la façade méridionale de 22 mètres de haut, les gradins en hémicycle de la « cavea » (3 à 4000 spectateurs) et l’orchestre d’un rayon de 10 mètres, autrefois orné de statues et de marbres. Au sud-ouest, restes d’habitation des IIIe et IVe siècles (À g. Façade méridionale ; à dr. ensemble du Théâtre). L’Amphithéâtre se dressait à l’angle nord-est des remparts ; c’était une arène de 86 mètres sur 73 qui pouvait contenir 10.000 personnes. Le christianisme ayant fait interdire les spectacles, il fut abandonné et ses matériaux servirent à construire d’autres édifices : en 1247, le vicomte d’Aoste y fait édifier le couvent des chanoinesses de Sainte Catherine ; en 1831, l’évêque y installe les soeurs de Saint-Joseph qui y sont encore. On peut visiter les restes en sonnant à la porte du couvent, 4 rue de l’amphithéâtre, tél 0039-(0- 165-262149). Du Forum, il reste le cryptoportique, semi-enterré, en fer à cheval, double corridor avec des voûtes en berceau soutenues par des piliers de travertin; il servait à la fois de soutènement et de grenier militaire (Cf. Photo ci-dessus). Il était sur le côté nord du Forum. Sur le côté ouest passait le cardus maximus (rue Croix de Ville), le decumanus était rue de Tillier. Le Forum mesurait 88,90 m. par 130 m. Un temple se trouvait sur le site de l’actuelle Maison de l’archidiaconat. La ville romaine avait aussi des Termes, dotées d’un « frigidarium », de 2 « tepidarium » et d’un « calidarium » (de 20,20 m. sur 7,50 m.). En complément de la ville romaine, on peut visiter le nouveau Musée Archéologique Régional de la place Roncas, inauguré en 1993, où se trouve tout le matériel ancien retrouvé à Aoste des Salasses au Moyen-Âge, et une importante collection numismatique. En 2002, a été ouverte une villa latine suburbaine de 36 m. par 41 m., la Villa della Consolata, du Ier siècle et remaniée jusqu’au Ve siècle, organisme complexe d’habitation et de magasins (ouverte le matin et le dimanche a.m. fermée le lundi. Entrée gratuite) (Voir le site Internet officiel Valle d’Aosta, puis chercher Villa della Consolata). C’est une des villas construites par les Romains. Aoste fut donc une importante construction romaine surtout à partir de l’empereur Claude (41-54 apr. J.C.), qui fonde aussi le « Forum Claudi Vallensium » (Martigny en Valais) et le « Forum Claudi Ceutronum » (Aime en Tarentaise française). Aoste devint un centre aussi bien pour la circulation routière (au croisement des deux routes de cols) que pour l’exploitation agricole et minérale. Elle est un noeud routier sur la « route des Gaules », sur le parcours de laquelle se construisent la plupart des villes et villages. De Pont-Saint-Martin à Villeneuve, il reste la trace de 17 ponts, et des éléments de pavements conservés à Pont-Saint-Martin et à Donnas ; la route était large de 4,6 m. à 3,5 mètres. Les « mansiones » et « mutationes » n’ont pas toujours laissé de traces, à part « Vitricium » (Verrès), « Eudracinum » (St Rhémy- en-Bosses), « Arebrigium » (Arvier), « Ariolica » (La Thuile), etc. Les bornes miliaires sont dans la crypte de S. Orso à Aoste. Dans chaque village, on trouvera une trace de cette grande voie romaine entre Eporedia (Ivrea), Lugdunum (Lyon) et la Germanie (Cologne, Trèves, le Rhin). Les Romains avaient donc transformé le Val d’Aoste par la réalisation d’un important réseau de routes et la construction de villes et de villages. le réseau routier fut modernisé au IVe siècle, en même temps que la région se christianisait et vit apparaître un important ensemble d’édifices funéraires et de culte sur les anciennes nécropoles, d’églises paléochrétiennes dans les lieux les plus habités (Donnas, Villeneuve, Saint-Vincent), de la cathédrale d’Aoste. La tradition veut que le premier évangélisateur fût le soldat de la légion de Thèbes, Besson, compagnon de saint Maurice mais échappé au massacre d’Agaune, près de Martigny, en Valais, en 302. 3 - Le Moyen-âge Après la chute de l’Empire en 476, la vallée passe, comme la Savoie voisine, sous le contrôle des Burgondes (mais ceux-ci ne semblent pas avoir vraiment colonisé le Val d’Aoste), et s’oriente vers l’ouest gaulois, dont elle partagera l’histoire jusqu’en 1860, lorsqu’elle est rattachée au Royaume d’Italie. Elle est brièvement occupée par les Ostrogoths, puis par les Longobards qui ne réussissent pas à dépasser le Fort de Bard. Mais ils inspirent une telle terreur aux pèlerins que ceux-ci préfèrent pour aller à Rome la voie fluviale plus sûre par la Saône, le Rhône et la Méditerranée. Au VIe siècle, elle est incorporée au royaume franc : en 575, par un traité, les Longobards reconnaissent la souveraineté des Francs sur le Val d’Aoste. C’est la reconnaissance définitive de l’appartenance de la Vallée d’Aoste à l’économie et à la culture franco- bourguignonnes, orientant la région vers l’aire linguistique franco-provençale. Elle fait ensuite  partie de l’empire carolingien, et son église passe de l’archevêché de Milan à celui de Tarentaise ; elle est sous le contrôle du royaume de Provence en 879, puis du royaume de Bourgogne en 904. La région subit alors l’invasion des bandes de Sarrasins descendus du Grand-Saint-Bernard, que seule une coalition des feudataires réussit à chasser. La mort du roi de Bourgogne Rodolphe III laissa le comté en 1032  sous le pouvoir d’Humbert Ier « aux Blanches Mains », comte de Savoie  et plus puissant feudataire du roi de Bourgogne ; une autonomie est accordée en 1191 par le comte Thomas Ier (« Charte des Franchises ») : la population sera fidèle au comte de Savoie qui, en échange, n’exigera aucun tribut sans l’autorisation des autorités locales. À partir de Charlemagne, le Petit-Saint-Bernard est négligé au profit du Mont-Cenis où Charlemagne fait construire le monastère de la Novalaise. Par contre, le Grand-Saint-Bernard devient la route obligée pour aller à Aix-la-Chapelle ; un monastère est installé à la fin du VIIIe siècle à Bourg-Saint- Pierre, remplacé vers 1050 par l’hospice actuellement en fonction au col même. La Maison de Savoie préférera aussi le Mont-Cenis qui était plus bas et plus accessible (2083 m.) et qui raccourcissait la distance entre Chambéry et Turin. Quant aux Lombards, ils préféreront bientôt le Simplon (2008 m.) pour rejoindre le Valais, le Jura et la Champagne, et le Saint-Gothard (2112 m.) pour les pays germaniques. À partir du XIVe siècle, cela provoque donc une décadence du Val d’Aoste par le progressif affaiblissement de ses cols. En 1780, 62 tonnes de marchandises passent par le Grand-Saint-Bernard, 24 tonnes par le Petit-Saint-Bernard et 1570 tonnes par le Mont-Cenis. De plus, les Savoie perdent le Valais au XVe siècle et se gardent donc bien de favoriser le Grand-Saint- Bernard. En mai 1800, Napoléon passera par le Grand-Saint-Bernard uniquement pour tromper les Autrichiens qui l’attendent ailleurs. Le duché d’Aoste est devenu un cul-de-sac, une impasse. Dans le Haut Moyen-Âge, les noms de villages en « Saint » apparaissent peu à peu, témoignant de la christianisation, mais les Chartreux et les Bénédictins se maintinrent peu, et l’expansion monastique se fit seulement le long des routes. Les premiers évêques furent saint Gratus et saint Joconde, au Ve siècle, puis saint Ours au VIIe siècle, prêtre d’Aoste. Au XIIIe siècle, il y eut une pénétration alémanique venue du Valais qui laissa des îlots germaniques autour de Gressoney, qui garde encore aujourd’hui un dialecte germanique, au milieu d’une région francophone (à l’exception de Gaby qui reste d’expression française). La région est dominée par une féodalité dont témoignent les nombreux châteaux, et sur laquelle les Savoie doivent peu à peu conquérir la domination, tout en respectant les traditions d’indépendance de la région : ce n’est qu’en 1191 que les comtes de Savoie obtinrent le contrôle de la ville d’Aoste, en signant la « Charte des Franchises » qui détermine les devoirs des citoyens envers le pouvoir central et libèrent les habitants d’Aoste de la soumission aux vassaux valdotains et du paiement des gabelles ordinaires. Cette charte est un document fondamental dans l’histoire valdotaine, qui reconnaît son autonomie. La charte fut renouvelée en 1253 « pour l’utilité, l’honneur et la liberté de la ville d’Aoste et de la vallée d’Aoste ».. Ce sont ces grandes familles féodales qui firent la fortune du Val d’Aoste et l’enrichirent de châteaux et d’oeuvres d’art : les Vallaise, les d’Avise, les Bard ; les enseignes des 22 familles nobles du Val d’Aosta sont peintes dans le salon de la Tour de la Villa de Gressan ; la principale famille est la Maison de Challant qui renonce à son titre en 1295 au profit de la Maison de Savoie qui dominera dès lors sans interruption, et dont les dirigeants s’arrogent le titre de « duc d’Aoste » à partir du comte Édouard le libéral (1284-1323-1329) qui transforme le fief d’Aoste en duché et lui accorde une large autonomie ; les « baillis » représentent le comte de Savoie. Mais les nobles d’Aoste, privés de leur pouvoir local, émigrent dans leurs terres qu’ils transforment en domaines agricoles rentables, construisant des terrasses, déboisant, canalisant les eaux ; ils érigent un grand nombre de châteaux, de places fortes, de tours de défense (châteaux d’Ussel, Fénis, Aymaviles, Verrès, Issogne ...).
Le relief du Val d’Aoste (extrait de Bernard Janin, p. 12. En-dessous : Val d’Aosta (Nuovo Libro Garzanti della Geografia, p..124)
Le col du Petit-Saint-Bernard et les restes du cromlech et de la mansio
"Les Salasses occupent un vaste territoire dans une vallée profonde que ferment de part et d'autre des montagnes ; mais une partie de ce territoire s'élève jusqu'aux sommets qui la dominent. Ceux qui, partant de l'Italie, franchissent les montagnes, prennent la route de cette même vallée : ensuite, il y a une bifurcation ; des deux routes l'une passe par le mont dit Poeninus; mais elle est inaccessible aux attelages dans les hautes régions alpestres ; l'autre, qui traverse le pays des Centrons, est plus au couchant. - Le territoire des Salasses renferme des mines d'or : jadis, au temps de leur puissance, les Salasses en avaient la propriété, de même qu'ils étaient les maîtres des passages. Le fleuve Durias leur était d'un grand secours dans le travail des mines, pour le lavage de l'or. Aussi, distribuant les eaux en plusieurs canaux sur différents points, épuisaient-ils le courant commun. Mais si ce procédé leur était utile pour la recherche de l'or, il était bien sûr incommode pour ceux qui cultivaient les plaines situées au-dessous, qu'il privait de tous moyens d'arrosage ; car la rivière, ayant son cours plus haut, pouvait abreuver tout le pays. De là une cause de guerres continuelles entre les deux populations. Quand les Romains furent devenus les maîtres, les Salasses furent privés et de cette exploitation de l'or et même de leur territoire. Mais, comme ils occupaient encore les montagnes, ils se mirent tout de suite à vendre de l'eau aux publicains, qui avaient pris à ferme les mines d'or, et ils eurent avec ces publicains avares de perpétuels démêlés. Il en résultait que des Romains toujours avides de commandements militaires, envoyés en ces lieux, ne manquaient jamais de prétextes pour faire la guerre. Jusqu'à ces derniers temps donc les Salasses, tantôt en guerre avec les Romains, tantôt suspendant les hostilités, conservaient néanmoins assez de forces pour causer, en faisant du brigandage, des dommages considérables à ceux qui passaient par leurs montagnes. Ainsi exigèrent-ils de Décimus Brutus, s'enfuyant, de Mutinè, une drachme par homme, et Messala, en quartiers d'hiver dans leur voisinage, leur versa le prix du bois qu'il brûlait, et du bois d'orme dont on fait les hampes des javelots et les armes pour les exercices. Bien mieux, ces gens-là pillèrent un jour la caisse de César, et poussèrent d'énormes rochers sur ses troupes, en ayant l'air de travailler à leurs routes et de jeter des ponts sur leurs rivières. Ensuite pourtant Auguste les soumit complètement et les vendit tous comme butin, après les avoir transportés à Eporédie, colonie fondée par les Romains pour en faire un poste de défense contre ces Salasses. Mais les habitants ne purent guère leur tenir tête jusqu'à ce que la nation eût été anéantie. Elle s'élevait alors au nombre de trente-six mille personnes avec huit mille hommes en état de combattre. Ils furent tous vendus sous la haste par Térentius Varron, le général qui les avait vaincus. - Avec trois mille Romains qu'il envoya dans ce pays, César fonda la ville d'Augusta au lieu même où avait été le camp de Varron. Maintenant la paix règne dans toute la contrée voisine, jusqu'aux cols les plus élevés de la montagne." (Strabon, Géographie, IV, VI, 7)
Plan de la ville romaine
De g. à dr. et de haut en bas : *Porta Praetoria et place   ’armes,* *Porta Praetoria ; *Tour de Bramafam,  remparts ,contrefort,* Tour  Tourneuve ; *Tour des Baillis.
De g. à dr. et de haut en bas :; * Maquette du Forum ; * Sommet de Porta Praetoria ; * Aoste vue du ciel ; * Plan de la villa Consolata et du Forum.
Les routes transalpines au XIIIe siècle
Château de Verrès
Château d’Aymavilles
Charte des Franchises (1191) « Moi, Thomas, comte de Maurienne et Marquis d’Italie, voyant et reconnaissant les calamités survenues, comme l’oppression et les autres outrages commis, je restitue la liberté à la ville d’Aoste avec ses faubourgs, j’agis ainsi  sur le conseil de l’évêque Valbert et de mes barons ... de sorte que jamais plus à l’avenir ni moi ni mes successeurs ne toucherons nous mêmes ni nos officiers les tailles et contributions qui ne seraient pas librement consenties ».
Les communes du val d’Aoste
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