Valle d’Aosta : La Vallée d’Aoste - suite
4 - La période moderne : décadence et renaissance
En 1416, la Vallée devient un duché qui instaure ses propres organes de gouvernement, accentuant ainsi son individualité : la « Curia ambulatoria », tribunal
itinérant, et la « Cour des connaissances », tribunal permanent autonome qui faisait appliquer le « Coutumier », recueil des 4262 articles de loi de la Vallée
imprimé en 1588 à Chambéry, et « l’Assemblée Générale des Trois-États » (noblesse, clergé et peuple) qui fut un organisme efficace.
La dignité de « Gouverneur et Lieutenant du duché d’Aoste » est instituée en 1496, et Pierre Du Bois commence à écrire la « Chronique de la maison de Challant
». De 1536 à 1559, François Ier occupe les États de Savoie, sauf la Vallée d’Aoste et le comté de Nice ; la Réforme avait triomphé à Genève et les Suisses avaient
conquis le Valais : les Valdotains avaient donc le choix de devenir protestants ou de rester catholiques. Le 28 février 1536, l’Assemblée générale des Trois États
confirme alors la « Charte des Franchises », décidant de rester catholique et de respecter le pacte de fidélité aux Savoie ; elle institue aussi le Conseil des
Commis, exécutif de 24 membres plus le Secrétaire, qui assume tous les pouvoirs dans la Vallée d’Aoste, organise une armée, s’occupe de la défense du
territoire, de l’entretien des routes et des châteaux, punit la contrebande, etc. Il construit un Hôtel des Monnaies (1549), et signe en 1537 un Traité de Paix avec le
roi de France, ce qui lui évite l’invasion.
Le 22 septembre 1561, le duc Emmanuel-Philibert signe l’édit de Rivoli qui déclare le français langue officielle de la Vallée en remplacement du latin : « … savoir
faisons que ayant toujours et de tout temps été la langue française en notre pays d’Aoste plus commune et générale que point d’autre ; et ayant le peuple, et sujets
dudit Pays averti et accoutumé de parler la dite langue plus aisément que nulle autre, aurions entendu que, non obstant nos dits statuts et ordonnances… disons
et déclarons notre vouloir et délibération être résolument que audit Pays et Duché d’Aoste, nulle personne quelle que ce soit ait à user tant es procédure des
procès et actes de justice, que à coucher contrats, instruments, enquestes ou autres semblables choses d’autre langue que la française… ». Le Val d’Aoste fut
donc pour un temps autonome, sous la juridiction formelle des ducs de Savoie : en 1580, Emmanuel Philibert, dans une Lettre patente, définissait le Val d’Aoste
comme « une province séparée qui ne dépend de nos autres provinces deçà ni delà les monts, et qui a ses lois et impositions
à part ».
Mais le duché puis monarchie de Savoie se centralise de plus en plus sur
Turin, privilégiant la voie entre Chambéry, l’ancienne capitale, et Turin, capitale
depuis 1563. De plus, la peste de 1630 tue les deux tiers des habitants
(environ 70.000 personnes sur 105.000) ; les invasions françaises de 1691 et
1704-1706 affaiblissent encore la province, qui devient essentiellement
agricole, mais connaît le développement d’une bourgeoisie (notaires,
fonctionnaires savoyards) nécessaire à la gestion de la région et qui s’installe
dans des constructions en pierre caractéristiques. En 1777, la pomme de terre
est plantée pour la première fois à Châtillon. Les « Royales Constitutions » du
24 novembre 1770 du roi Charles-Emmanuel III abolissent la législation
valdotaine, ses libertés, l’Assemblée des Trois États ; le Conseil des Commis
est monopolisé par les grandes familles et devient consultatif, ses deux
derniers membres meurent en 1859. L’Église catholique, traditionaliste et
réactionnaire, mais
qui défend l’autonomie, s’oppose à ces mesures, mais
en vain.
Le duché d’Aoste réclamait que l’État s’occupe plus de lui. En 1764, il obtient la décision de réaliser la « Mongiovetta », la route de Montjovet, achevée en 1771
par le roi Charles-Emmanuel III qui facilitait le passage du Piémont au Val d’Aoste. On construit les ponts de Châtillon et d’Aoste en 1772 et 1776. Le chemin de fer
de Turin à Aoste est inauguré en 1886. Mais la Région resta pourtant isolée et en perte démographique par l’émigration.
Pendant la Révolution française, le Val d’Aoste est occupé en 1798 puis annexé à la France en 1802. Le 20 mai 1800,
Napoléon passe le Grand-Saint-Bernard avec ses troupes, 50.011 hommes, 10.377 chevaux, 750 mulets, 76 pièces d’artillerie,
49 traîneaux et 103 voitures ; l’hospice du col dut fournir 21.724 bouteilles de vin, 3498 livres de fromage, 749 livres de sel, 400
livres de riz, 500 livres de pain, 1758 livres de viande et 500 couvertures, pour une valeur de 40.000 francs qui ne furent
partiellement remboursés (18.000 francs) qu’en 1805 ! La traversée dura 10 jours. Napoléon affronta ensuite le fort de Bard
défendu par 400 soldats autrichiens qui résistèrent du 19 mai au 1er juin avant de capituler, puis il gagna la bataille de Marengo
et fit raser le fort de Bard qui ne sera reconstruit qu’en 1830-1838.
Le Val d’Aoste est restitué au royaume de Sardaigne en 1814, puis intégré dans le nouveau royaume d’Italie en 1861 ; il subit
avec peine le rattachement de la Savoie à la France en 1860, car les deux régions avaient des racines économiques
communes profondes : pas moins de neufs cols secondaires permettaient de passer en Savoie, dont le col de la Seigne (2516
m.), le col de Rhêmes (3417 m.), le col du Nivolet (2612 m.), le col du Mont (2639 m.), le col du Géant (3365 m.) dont les pistes
étaient assez bonnes pour le passage du bétail dont le commerce était important (mulets savoyards, brebis et vaches
valdotaines).
En 1861, les lois et la langue italienne sont imposées à toute l’Italie, sans adaptations régionales, ce qui provoque une
importante émigration d’environ 20% de la population valdotaine (20.000 personnes) vers la France et la Suisse Romande. La
langue italienne est imposée d’abord à l’École Normale d’Instituteurs d’Aoste en 1873, puis au Collège Saint-Bénin, qui forme
l’élite valdotaine, en 1888. On utilise l’italien dans la fonction publique et dans les tribunaux à partir de 1881 : le jeune État
entendait parfaire l’unité linguistique de la nouvelle Italie et cela mettait en crise la spécificité culturelle de la Vallée d’Aoste. Le service militaire dans d’autres
régions, l’arrivée de fonctionnaires italiens, la présence de plus en plus forte de touristes étrangers, tout cela contribua à répandre l’usage de l’Italien. Après l’Unité,
la métallurgie et les mines entrent en crise : 76,9% des habitants travaillent dans l’agriculture, 11,6% dans l’industrie et 11,5% dans le tertiaire ; malgré de grands
efforts (augmentation de production de « fontina », culture de la Reinette du Canada, ouverture d’écoles d’agriculture...), l’agriculture décline aussi (oïdium et
phylloxéra de la vigne, rendement laitier médiocre, crues de la Doire...). Le rattachement de la Savoie à la France, qui crée une barrière douanière, contribue à
l’affaiblissement de la Vallée. Les cols du Petit et du Grand-Saint-Bernard ne sont plus carrossables et les routes sont dans un très mauvais état.
L’isolement commença à être rompu par la création en 1886 de la ligne de chemin de fer d’Ivrée à Aoste. Mais l’émigration valdotaine continue inexorablement : en
1911, le Val d’Aoste est moins peuplé qu’en 1848 (80.860 habitants en 1911) ; l’émigration temporaire ou définitive a beaucoup augmenté : les Valdotains voient
leur avenir à l’étranger (Savoie, Suisse romande). La richesse hydroélectrique va favoriser l’industrialisation : Aoste est la première ville électrifiée avec Milan en
1885 ; la sidérurgie (Cogne), le textile, la chimie (engrais) se développent, mais surtout, le Val d’Aoste exporte de l’électricité dans les autres régions. En 1961,
l’industrie absorbe 43,9% de la population active, tandis que l’agriculture descend à 26,7%. Le tourisme contribuera bientôt à une révolution économique.
La première guerre mondiale coûta 1500 morts à la région (2% de sa population), mais contribua à une légère reprise économique grâce à sa production
métallurgique utile aux armées. L’opposition entre socialistes et catholiques fut effacée au profit d’un antifascisme lié moins à des raisons idéologiques qu’à
l’hostilité à un pouvoir d’État dictatorial qui attaquait l’identité régionale : le fascisme intégra la Vallée dans la province du Piémont, interdit le français (arrêtés
royaux de 1925), autorisa le « patois », et italianisa les noms français.; le mouvement de Résistance s’organisa et fut important en Val d’Aoste (Ligue Valdotaine
du Dr Anselme Réan, avec Emile Chanoux qui fut arrêté par la milice fasciste et mourut en prison le 19 mai 1944, suite aux tortures infligées par les nazi-fascistes)
; la Ligue élabora des projets d’Italie fédérale et républicaine pour l’après-fascisme. Certains (une majorité ?) auraient souhaité un rattachement à la France, mais
on évita un plébiscite qui leur aurait sans doute donné la majorité ; quelques-uns souhaitaient un petit État indépendant ; d’autres prônaient une Italie fédérale ;
enfin un courant, animé par Federico Chabod et Alessandro Passerin d’Entrèves proposaient un statut particulier dans le cadre d’une Italie républicaine unifiée : ce
furent ceux-là qui l’emportèrent.
En 1943, Emile Chanoux et Emilio Page demandèrent le retour à l’autonomie ; en 1944, l’évêque et le Comité de Libération Régional élaborèrent les premiers
projets d’un statut autonome qui fut adopté le 7 novembre 1945 : l’Italie républicaine, par la loi du 26 février 1948, allait
reconnaître l’autonomie de la Région et accorder des facilités économiques et fiscales à la plus petite des régions italiennes,
en particulier la libre disposition par la Région de toutes les eaux publiques. Un premier conseil régional provisoire de 25
membres se réunit dès janvier 1946 et élit comme président Federico Chabod. Le Parlement actuel de 35 membres a un
Président, qui est aussi préfet et chef de la police, assisté de 7 adjoints qui gèrent chacun des secteurs de l’économie et de
la vie civile.
Ce n’est que lorsque les industries s’installeront pour profiter de la richesse en énergie électrique que la Région
recommencera à se développer ; l’ouverture des tunnels routiers du Grand-Saint-Bernard et du Mont Blanc en 1964 et 1965
faciliteront aussi l’épanouissement et un développement exceptionnel du tourisme (Cf. ci-dessus l’Hospice du Grand-Saint-
Bernard, créé au XIe siècle par Saint Bernard).
5 - Les caractères originaux de la Vallée d’Aoste
On peut donc terminer en résumant quelques caractères originaux du Val d’Aoste.
a)
L’attachement à la France et la tradition linguistique française.
On a vu que la frontière géographique des Alpes ne correspondait pas à la frontière de la langue. C’est un phénomène que l’on connaît ailleurs, dans les
Pyrénées avec le basque et le catalan, dans le Haut-Adige avec l’allemand. Dans le Val d’Aoste, les vallées de la Doire Baltée, et les hautes vallées du Piémont
sont de langue française, tandis que la vallée de la Roya, qui est en territoire français est de tradition linguistique piémontaise. Bernard Janin a publié une carte
significative, qui souligne combien la Lys et le village de Pont-Saint-Martin constituent une véritable frontière linguistique (p. 141).
Depuis Auguste, les Burgondes, les Mérovingiens, les Carolingiens, la Maison de Savoie, il y a une unité entre la Savoie et le Val d’Aoste qui est un élément
essentiel du pouvoir politique : « Le Val d’Aoste a été l’atout initial et, jusqu’au XIIIe siècle, l’atout principal de cette puissance qui permit aux comtes de Savoie
de devenir « portiers des Alpes » » (Bernard Janin, p. 143). La région se trouve donc historiquement attirée par l’ouest des Alpes. Les historiens soulignent aussi
combien les liens ecclésiastiques entre la Savoie et le Val d’Aoste sont étroits, alors que se fait une rupture avec le Valais.
À partir du roman, hérité du latin parlé, se développe peu à peu la langue d’oïl au nord de la France, la langue d’oc dans le Sud, et, entre les deux, le franco-
provençal auquel se rattachent les « patois » parlés en Val d’Aoste, mais aussi dans le nord-Dauphiné, le sud de la Franche-Comté et la Savoie ; le dialecte d’oïl
de la région parisienne s’étend avec la monarchie capétienne et l’emporte sur tous les autres dialectes. La cour du comté de Savoie parle le français dès le XIIIe
siècle ; le clergé contribue à diffuser le latin dans le peuple, et on a vu qu’en 1561, Emmanuel-Philibert décrète que le français sera la langue officielle du Val
d’Aoste, remplaçant le latin, s’inspirant de l’édit de Villers-Cotterets publié par François Ier en 1539. Le Coutumier valdotain de 1588 est rédigé en parfait
français.
Aujourd’hui, le titre VI du Statut (langue et système éducatif) déclare : « Art. 38 : En Vallée d’Aoste la langue française et la langue italienne sont sur un plan
d’égalité. Les actes publics peuvent être rédigés dans l’une ou dans l’autre langue, à l’exception des actes de l’autorité judiciaire, qui sont établis en italien. En
Vallée d’Aoste les administrations de l’État recrutent, autant que possible, des fonctionnaires
originaires de la région ou connaissant le français.
Art. 39 : Dans les écoles de tout ordre et degré qui dépendent de la Région, un nombre d’heures égal
à celui qui est consacré à l’enseignement de l’italien est réservé, chaque semaine, à l’enseignement
du français. Certaines matières peuvent être enseignées en français. »
Il y a une tradition poétique de patois valdotain, le franco-provençal. Un des premiers poètes à l’écrire
est Jean-Baptiste Cerlogne (1826-1910), auteur de poésies, d’une Grammaire et d’une histoire de la
langue valdotaine (Cf texte en encart ci-contre).
b)
La tradition de l’autonomisme valdotain
On a vu que dès 1191, le Val d’Aoste avait obtenu une Charte des Franchises, accordée par le comte
Thomas Ier ; elle était la reconnaissance de privilèges anciens qui limitaient le droit des souverains
piémontais, et qui resta en vigueur jusqu’au XVIIIe siècle. De libres institutions, comme le Conseil des
Commis, conservent cette autonomie. L’isolement dans lequel se trouve le Val d’Aoste à partir du XIIIe
siècle du fait de la décadence du col du Petit-Saint-Bernard, renforce ce sens de l’autonomie. Lorsque
l’État savoyard se centralise au XVIIIe siècle et que les Assemblées locales perdent leur pouvoir, les
Valdotains ont déjà pris l’habitude de se gérer eux-mêmes, avec le sentiment de former une « petite
patrie », expression employée par J.-B. de Tillier (1678-1744), secrétaire des États du duché d’Aoste,
dans son Historique de la Vallée d’Aoste (1737), interdit par la censure de la cour de Turin.
Le Val d’Aoste n’est ni en Gaule ni en Italie, disait déjà saint Anselme. La région relève d’une culture
particulière, « alpestre », qui a son histoire, sa langue, ses intérêts, ses lois. Les Valdotains exigent
donc le respect de leur particularité, de leurs traditions. Toute leur histoire, leur économie vont aussi
renforcer des formes de particularisme très fortes, qui comporte aussi des aspects négatifs : la
mauvaise hygiène de certaines campagnes, plus humides et où la cohabitation avec les animaux est
plus grande, provoque parfois un certain taux de goitres et de crétinisme ; la misère se traduisit
souvent par un taux d’émigration important, les Valdotains allaient exploiter à l’étranger leurs talents
de maçons ou de tailleurs de pierre.
La Région a donc un statut particulier de Région autonome ayant un Statut Spécial, que l’on peut
consulter sur Internet, www.consiglio.regione.vda.it. Elle est dotée d’un Conseil régional composé de
35 conseillers élus au suffrage universel pour 5 ans, et qui élit son Président responsable envers le
Gouvernement de l’État, son Bureau et ses Commissions. Est remis à la Région le patrimoine de
l’État, en particulier les forêts, les eaux publiques pour 99 ans, y-compris celles qui servent à la
production de l’hydroélectricité (mais la création de l’ENEL limita cette disposition), les mines. Le Val
d’Aoste « est placé en dehors de la frontière douanière et constitue une zone franche ».
c)
Une économie marquée par l’agriculture et l’artisanat, mais qui a peu d’industrie
Le Val d’Aoste a été longtemps une région agricole et minière. Son altitude (87,60% de son territoire
est au-dessus de 1200 mètres) et ses fortes pentes (en-dehors du fond de la vallée de la Doire et des
conques au fond des vallées), son régime des vents et de pluies, son climat plutôt continental
particulièrement sec, ont créé des conditions spécifiques à l’agriculture valdotaine. Comme toutes les
agricultures de montagne, elle reste archaïque et traditionnelle dans ses techniques chez les petits
agriculteurs ; par ailleurs le tourisme a poussé à une
limitation de l’activité agricole en haute montagne : les
entreprises agricoles passent de 13.380 en 1961 à 9.180
en 1990. Le patrimoine bovin diminue, mais se stabilise
maintenant autour de 45.000 têtes, regroupées dans des
troupeaux plus importants, et le secteur du lait et du
fromage reste dominant (la « fontina », la tomme appelée «
fromadzo », le beurre). L’agriculture reste dominante dans
la moyenne montagne où se développent des cultures
intensives sur de petites surfaces (vigne et fruits) : le vin
est la seconde production régionale venue de plus de 3000
viticulteurs ; les fruits (surtout les pommes, – reinette du
Canada, Golden, Starking et espèces nouvelles –, et les
poires) qu’un réseau commercial efficace vend directement
aux consommateurs locaux (dont les touristes). La
présence touristique permet un développement de la
framboise, de la fraise et de la myrtille, qui exigent une
commercialisation locale immédiate.
Le secteur forestier couvre environ 23% du territoire
(résineux, châtaigniers, hêtres, peupliers, chênes) ; les latifoliés (arbres à larges feuilles) sont dominants.
Cette économie est aussi marquée par un artisanat actif, un des plus importants d’Italie : dans cette vallée fermée sur elle-même, il fallait produire tout ce qui
était nécessaire à la vie quotidienne ; plus récemment, l’Administration Régionale a beaucoup aidé au développement de cette activité (organisation de cours de
formation) ; l’artisanat utilise les matériaux locaux : bois, pierre, minerais et fibres végétales et animales. Ses premières réalisations sont les maisons locales
caractéristiques, les vases, instruments de vaisselle et poêles en pierre ollaire (serpentine, tendre, facile à travailler et durcissant au feu) qui servait aussi à la
création de statuettes, coffrets ou bas-reliefs. Mais la matière la plus travaillée est le bois : noyers, pins, érables, sapins,
frênes, hêtres, tilleuls, bouleaux et buis ; on fabrique des « grolle », coupes pour le vin (nom dérivé peut-être de « graal
») de 2 à 12 becs, patrimoine présent dans toutes les familles et que l’on se transmet de génération en génération ; les
« grolle » servent aussi à la consommation du café à la valdotaine (Photo ci-contre).
On fabrique aussi des meubles, des sculptures artistiques de moins en moins « naïves » à thème populaire, religieux ou
autre, on sculpte des bas-reliefs dans les objets d’usage quotidien (berceaux, tabatières, fourchettes, manches de
couteaux, sabots, maintenant ornementaux mais autrefois employés par l’armée). Les artisans du bois produisaient
aussi des traîneaux, des paniers, des escaliers, des tonneaux. Dans un autre domaine, les femmes travaillaient la
dentelle de lin, surtout à Cogne, dont les motifs étaient traditionnels, tandis qu’à Valgrisenche les tisserands tissaient la
laine.
Cet artisanat si important et si divers est encouragé par le tourisme, dans des foires
abondantes, dont celle de Saint-Ours, connue dans toute l’Europe, qui se déroule les
30 et 31 janvier de chaque année et se double d’une Foire d’été.
Par contre, la Vallée d’Aoste est peu industrialisée. Certes, on a connu dès les Salasses (Cf plus haut) les exploitations
minières, or, charbon et fer, mais cela représente aujourd’hui peu de choses. La sidérurgie aussi a presque disparu après la
crise des années ’80 du XXe siècle. La Région a donc investi dans la haute technologie financée par la Banque de la Vallée
d’Aoste, publique à 70%, et dans de petites entreprises, à l’exception des entreprises qui produisent l’énergie hydroélectrique.
d)
Culture populaire et traditions.
Son isolement a fait que la Région a bien conservé ses traditions culturelles, festives, gastronomiques et les légendes qui
caractérisaient la vie populaire dans chaque vallée. La première caractéristique est celle des costumes surtout féminins, par
exemple ceux de Cogne (avec leur large jupe noire, leur col de dentelle travaillée au fuseau, leur coiffe noire rigide et leur
collier de mariage), ou de Issime (avec leur châle de soie, leur tablier de couleur et leur coiffe de dentelle blanche ornée d’une
couronne, la « katuarba »), ou de Ayas avec leur chapeau féminin à large bord. On utilise encore les anciennes méthodes de
travail de la laine de brebis pour fabriquer des couvertures, des manteaux, des châles, des sacs. On travaille encore le
chanvre à Champorcher, la dentelle au fuseau et le lin à Cogne.
Ces costumes sont surtout utilisés aujourd’hui pour les nombreuses fêtes traditionnelles,
comme celle qui célèbre le retour des vaches de leur alpage le 29 septembre, jour de la Saint-
Michel, qui rappellent les gens par le bruit de leur clochette. On fête aussi la montée en alpage
pour la Saint-Bernard le 15 juin, ou la Saint-Médard le 1er juin. Une autre fête est celle de la «
Bataille des Reines », combat entre les vaches qui se concurrencent pour la domination du
troupeau, en chassant à coups de corne les adversaires hors du champ de combat ; une des
plus célèbres est celle de Vertozan chantée par le poète J.-B. Cerlogne (1826-1910) (Cf. Texte
plus haut et photo ci-contre).
Les costumes sont le reflet des anciennes traditions de tissage : la dentelle de Cogne, qui
aurait été introduite par les religieuses de Cluny au Moyen-Âge, tissage de fil de lin au fuseau
dont la technique est aujourd’hui enseignée dans les écoles par la coopérative « Les
dentellières ». À Valgrisenche, la coopérative des « Tisserands » a repris et enseigne le
tissage de la laine ; à Champorcher, on travaille le chanvre ; à Fontainemore, on fabrique
les pantoufles appelées « piun »
Les Valdotains ont conservé la tradition de jeux collectifs, comme celui du Tsan et autres « spor de noutra tera ». Comme
dans beaucoup d’autres régions italiennes on joue à la Morra. Pour le 29 juin, la Saint-Pierre-et-Paul, on a l’habitude
d’allumer des feux de joie en haut des collines et les feux se répondent d’une colline à l’autre : depuis l’Antiquité, on
demandait ainsi la fécondité de la terre, la protection du feu et des maladies, on exorcisait le mal, la pauvreté, la famine.
À l’automne, on allumait les fours communaux et on préparait le pain de seigle pour une partie de l’année, et on le
marquait d’un signe de croix.
Les fêtes religieuses et les processions étaient aussi abondantes pour demander protection sur les fruits de la terre ;
certaines ont été abandonnées, mais d’autres subsistent, à Champorcher, à Cogne, à Valgrisenche, à Gignod, à
Arpuilles, à Aoste même, le 7 septembre pour la Saint Grato ; la procession mariale la plus importante est celle qui part
de Fontainemore pour rejoindre la Vierge Noire d’Oropa dans le Piémont par le col de la Balme (2261 m.) : 12 heures de
marche, et retour le lendemain. Pour célébrer le culte des morts, on distribue partout gratuitement des châtaignes
grillées. La châtaigne est le fruit le plus important de la Région : on utilisait le bois de l’arbre pour la construction, les bois de vigne et le chauffage, les feuilles
pour la litière des animaux et le fruit pour la nourriture des hommes et des animaux. Le carnaval est fêté dans plusieurs communes de la Région, à Verrès (lié à
l’histoire de la famille de Challant), au Grand-Saint-Bernard où on se réfère encore au passage de Napoléon, à Pont-
Saint-Martin où on illustre la légende du diable qui aurait construit le pont, à Bosses (3 jours de danse et fêtes). Deux
personnages sont très connus à Valpelline, « le Toc » et « la Tocca » (le fou et la folle), vieux couple de montagnards qui
s’échangent des plaisanteries et des coups de bâton ; ce carnaval existerait depuis le XVe siècle.
Les foires sont un grand marché de l’artisanat, par exemple celle de Saint Ours à Aoste qui remonte à 1206, où on
vend les objets en bois, les sabots, les instruments agricoles, les « grolle » et tout ce qui a trait à la culture paysanne,
tissus, poêles de pierre ollaire, fer forgé, etc.
La Région a conservé aussi les anciennes mesures de capacité ou de surface : une « brenta » de vin correspond à un
demi-hectolitre, on mesure le terrain en « quartana » correspondant à 476 m2, et la toile de chanvre était mesurée en «
aunes » (0,80 m.).La tradition nous a encore transmis les maisons rurales, adaptées aux climats, à la pente du sol, à la
chaleur qui règle l’ouverture des fenêtres.
On réalise les recettes de cuisine traditionnelle, le lard d’Arnad (Cf Photo ci-contre), le jambon cru de Bosses, la «
motzetta » (viande séchée de chamois, de cerf ou de sanglier), la « teuteun » (mamelle de bovin préparée en saumure)
ou évidemment la « fontina » et la tomme ; on mange toujours la « seuppa valpelleunentse » et la « seupetta di Cogne »,
à base de pain sec imbibé de bouillon et enrichi de « fontina », de fromage filant et de choux ou de riz, plats typiques
d’une région pauvre et rustique. Les gâteaux sont simples , à base de fruits, les « tuiles » à base d’amandes, de
noisettes, de sucre et de blanc d’oeuf, ou le « blanc manger », une crème à la vanille venue de Savoie et le « fiandolem
», un zabaione au rhum ou le « brochat », crème de lait, de vin et de sucre, où on trempe le pain de seigle.
Les vins DOC sont abondants : blanc de Morgex, Torrette (rouge sec de la zone d’Aoste), Nus rouge (qui aurait été apprécié par Ponce Pilate), Chambave
rouge muscat, rouge sec d’Arnad au goût de vanille, le rouge de Donnas (comparable au Barolo, sec et velouté), l’Enfer d’Arvier, rouge alpestre de grande
valeur, le « fumin », la « Premetta », rosé naturel très sec, et beaucoup d’autres cépages.
Enfin l’habitude s’est conservée de planter devant la maison du maire de chaque village la
« pianta dou sentecco », un tronc de mélèze portant le drapeau italien, signe de l’aspiration
permanente à l’autonomie.
e)
Enfin, la région a une vocation de tourisme montagnard. Depuis la fin du XVIIe siècle, les
eaux thermales ont attiré des visiteurs, celles de Pré-Saint-Didier et de Courmayeur. On allait «
aux eaux » et le XIXe siècle organise des stations thermales. Au XVIIIe siècle, on découvre la
montagne. L’universitaire Genevois Horace Benedict De Saussure (1740-1799), après Jacques
Balmat (1762-1734) et Michel Paccard (1757-1827) en 1786, fait l’ascension du Mont Blanc à partir de Chamonix en 1787, accompagné de Balmat et aidé par
Marc Théodore Bourrit (1739-1819). En 1811, l’écrivain et soldat Xavier de Maistre (1763-1852), chambérien émigré à Aoste, publie Le Lépreux de la cité
d’Aoste (Texte accessible sur Google), qui fait mieux connaître les montagnes de la Vallée d’Aoste. Beaucoup de voyageurs anglais fréquentent la vallée,
entraînant des émules locaux, Georges Carrel, Balthazar Chamonin, l’abbé Amé Gorret (1836-1907) surnommé « l’ours de la montagne », qui encouragent
l’alpinisme. La profession de guide fait son apparition. En 1863, l’ascension du Mont Blanc à partir de Courmayeur fait connaître le Val d’Aoste. Le Cervin est
conquis en 1865 par Edward Whymper (1840-1911) du côté suisse et par Jean Antoine Carrel (1829-1890. Photo ci-contre), surnommé « Le Bersaglier », par la
Crête du Lion. La section valdotaine du Club Alpin Italien (créé en 1863 à Turin) se constitue en 1866. La famille royale, Victor-Emmanuel II et Humbert I, puis
Victor-Emmanuel III développent les chasses royales dans le Val d’Aoste, ce qui contribue au développement des pistes et des routes. Depuis 1821, les rois de
Sardaigne avaient le monopole de la chasse au bouquetin ; le développement de ces chasses royales fut la création en 1922 du
Parc National du Grand Paradis qui prenait la suite de la Réserve Royale créée en 1856 pour protéger les bouquetins.
Après 1886, l’ouverture de la voie ferrée permet le développement du thermalisme à Saint-Vincent. On développe les routes, pour
raison touristique (Petit-Saint-Bernard) ou industrielle (vallée de Cogne), mais certaines vallées latérales ne sont desservies par
une route qu’à partir des années 1950. Les télégraphes, les téléphériques, les stations touristiques, les hôtels, les remontées
mécaniques se multiplient progressivement. La fréquentation touristique double entre 1958 et 1966. C’est un tourisme
essentiellement montagnard, concentré surtout en Haute montagne.
Et puis il faut insister sur le changement qui sera opéré par l’ouverture des deux grands tunnels routiers qui
débouchent dans la Vallée d’Aoste, liée à la primauté de la circulation routière et de l’automobile. Mais le tunnel du
Mont Blanc avait été demandé par Horace Bénédict de Saussure dès 1787 et par une pétition envoyée par
Courmayeur en1814.
Le creusement de tunnels ferroviaire eut été trop compliqué et coûteux. Ici les Alpes sont plus hautes, mais, de
chaque côté, les vallées sont basses et rapprochées : Martigny est à 476 m., Chamonix à 1037, Courmayeur à
1228 m. Les distances sont réduites à 11,6 kms pour le Mont Blanc, et 5,8 kms pour le Grand-Saint-Bernard qui est
plus élevé (1915 m. à Bourg-Saint-Pierre et 1875 m. au-dessus de Saint-Rhémy). Les tunnels ont un grand rôle
touristique, mais aussi une fonction commerciale importante, surtout le Mont Blanc. L’incendie survenu dans le tunnel du Mont
Blanc du 24 au 26 mars 1999 a conduit à la fermeture du tunnel pendant trois ans et à la restauration de sa sécurité.
Bibliographie sommaire:
* Vous pouvez d’abord vous informer sur Internet, en tapant sur Google « Valle d’Aosta », où vous aurez aussitôt les sites officiels de la Région ; vous pouvez
aussi vous référer à « Storia della Valle d’Aosta », ou à « Union Valdotaine » (en particulier de Paris). Vous y trouverez aussi d’abondantes bibliographies.
* Vous pouvez aussi taper le nom de chaque commune ou localité, ou le nom de chaque personnage (de l’histoire, de l’alpinisme, etc.) et vous obtiendrez plus
de détails concrets sur le personnage ou sur le lieu.
* Le site « Cucina della Valle d’Aosta » vous donnera des éléments d’histoire et des recettes ...
* Sur les noms de lieux en rapport avec les légendes, voir sur Internet : « Toponymie rurale et mémoire narrative (http://rives.revues.org/) » ... et puis, soyez
curieux (et critiques : il y a souvent beaucoup d’approximations, sinon d’erreurs, sur les sites Internet ... ou beaucoup de commerce !).
* Et surtout, lisez, rien ne remplace un bon livre, par exemple
– Bernard JANIN, Une région alpine originale. La Vallée d’Aoste, tradition et renouveau, Musumeci, Aoste, 1980, 684 pages. C’est un des meilleurs livres
parus en français, il traite de la nature, de l’histoire, de l’économie, du statut juridique. Il comporte une abondante bibliographie, malheureusement à jour en 1979. Il
a de nombreuses photos explicatives, la plupart en noir et blanc
– Guide d’Italia De Agostini, Valle d’Aosta, Istituto geografico De Agostini, Novara, 1998, 360 pages. C’est un excellent guide touristique, précis, comportant
beaucoup d’informations historiques et culturelles. Il est agrémenté de nombreuses photos. À compléter par :
– Touring Club Italiano, Torino e Valle d’Aosta, La Biblioteca di Repubblica, 2005, 752 pages, dont les pages 403-752 sont consacrées au Val d’Aoste. ces
guides du Touring Club sont généralement les meilleures sources d’information que l’on puisse trouver sur chaque région d’Italie. C’est le cas ici. Il comporte 5
pages de bibliographie, de nombreux index et des cartes ou plans de châteaux ou d’églises, mais aucune photo.
– Maria Sole Bionaz, Vallée d’Aoste, Passepartout, Le Château, Aoste, 2005, 128 pages. Petit guide en français, avec une brève histoire synthétique bien
faite, et quelques éléments de guide dans chaque vallée. Pas de bibliographie et de petites photos bien choisies
– AA.VV., Scoprire la Valle d’Aosta, Cultura, storia, arte, geografia, economia, natura e tradizioni di una regione crocevia, Musumeci, Aosta, 1992, 112 pages,
grand format. Le livre répond bien à son sous-titre, il aborde de façon sérieuse tous les arguments cités. Beaucoup de bonnes photographies. Pas de bibliographie.
– Maria Vassallo et collaborateurs, Châtillon, petite ville industrielle, Hever Edizioni, Ivrea, 2010, 216 pages. Photos, bibliographie. Une bonne histoire de la
vie à Châtillon aux XIXe et XXe siècles
– Enfin on n’oubliera pas le Cartoville du Val d’Aoste (Val d’Aoste, CartoGallimard, Gallimard Loisirs, Janvier 2007, Le Val d’Aoste en 7 cartes et
renseignements touristiques précis) (8,50€)
Sur des sujets particuliers, on peut voir entre autres, à titre d’exemple :
Sur l’alpinisme :
– Mirella Tanderini et Michael Shandrick, Le Duc des Abruzzes, gentleman explorateur, Éditions Guérin, Chamonix, 2009, traduit de l’italien par Nelly
Rubion, 280 pages. Photos, bibliographies. Une vie de Louis-Amédée de Savoie, duc des Abruzzes (1873-1933).
– Edward Whymper, Escalades dans les Alpes, Hoëbeke, Paris, 1994, 216 pages, le premier vainqueur du Mont Blanc (1840-1911).
– Le magazine Montagnes consacre une partie de son numéro 345, d’août-septembre 2009, aux guides du Val d’Aoste, à la Région et à Émile Rey (1846-
1895).
Sur les jeux et fêtes, la poésie :
– Riccardo Savoye, Le jeu du Tsan, passé, présent et futur, Arti Grafiche L. Duc, 2006, 192 pages présentées par l’Associachon Valdotena Tsan. Histoire et
vie actuelle des équipes de Tsan, jeu typique du Val d’Aoste.
– Giustino Gerbelle (a cura di), Reines de noutra tera, Association Régionale Eleveurs Valdotains (AREV), Aoste, 2005. Photos. Histoire de la bataille de
reines, une fête du Val d’Aoste.
– Patrizia Lino, Le parole de mon voyadzo, Le parole del mio viaggio, Le Château, 2010, 256 pages, recueil de poésies en « patois » traduites en italien.
J.G., revu le 14 juin 2015.
(Voir dans « Voyages » des propositions d’itinéraires en Val d’Aoste)
David, Napoléon passant le Grand-Saint-
Bernard
La bataille di vatse a Vertozan
(Jean-Baptiste Cerlogne, 1889)
Un bò dzor de jeuillet, lo dzor de la Ravenna,
De Veulla dze m’en parto a ‘arba di matin,
In porten aprë mè:salan, pan blan, fontenna,
E tsecca de ci ellier que se feit din la tenna
Pe me bletti lo pot lon de mon tsemin
A Saint-Pierre dzi prei lo tseminque meinàve
Su di coutë de Vertozan
Dzà pe Saint-Nicolas lo mondo s’apprestave
come cen se feit tseut le-s-an
Lé, qui d’un coutë crie et qui de l’âtro braille
Hoé ! hoé !, parten-nà, le-s-ami ?
Di vtse se vat fére euna groussa bataille ;
Maque degadzen-nò, l’est l’aoura de parti.
Traduzione in francese :
La bataille de vaches à Vertozan
Un beau jour de juillet, le jour de la Revine,
je pars d’Aoste à l’aube du matin,
en portant (après) avec moi : salé, pain blanc, fontine,
et un peu de ce jus qui se fait dans la tine,
pour me mouiller les lèvres le long de mon chemin
À Saint-Pierre j’ai pris le sentier qui portait
Là-haut du côté de Vertozan.
Déjà à Saint-Nicolas les gens se préparent
comme on a l’habitude de le faire chaque année.
Là, qui d’un côté appelle et qui de l’autre crie
Hoé ! hoé !, nous partons, les amis ?
Il se prépare une grande bataille de vaches,
Allons, dépêchons-nous, c’est l’heure de partir
Traduzione in italiano :
La Battaglia di mucche a Vertozan
Un bel giorno di luglio, il giorno della Revenna,
Da Aosta parto alle prime luci del mattino,
Portando con me : salame, pane bianco, fontina,
E un po’ di quel succo che si fa nel tino,
Per bagnarmi le labbra lungo il mio cammino.
A Saint-Pierre ho preso il sentiero che portava
Su alla volta di Vertozan.
Già a Saint-Nicolas la gente si preparava
Come si usa fare tutti gli anni.
Lì, chi da una parte chiama e chi dall’altra grida
Hoé ! hoé !, partiamo, amici ?
Si prepara una grande battaglia di mucche ;
Sù sbrighiamoci, è l’ora di partire.
Pâturages de montagne
Sabots et ustensiles de cuisine à la foire
de St Ours
Costume féminin de Gressoney
Foire de St Ours
Chamonix : Balmat indique à
De Saussure le sommet du
Mont Blanc
Tunnel du Mt Blanc côté italien
Tunnel du Mt Blanc côté français
Restaurant valdotain
à Cogne, une femme travaille
la dentelle