Quelques auteurs compositeurs interprètes avant les cantautori (suite)
,
PALOMMA
Papillon
(Testo e musica : Armando Gill
1926
Interprète : Raffaele Balsamo, 1885-1946)
I
Palomma te chiammava mamma toja,
Papillon t'appelle ta maman
Palomma e ne facive lacremelle...
papillon et tu en pleurais un peu...
« Chella nun sape 'a casa soja,
« Cette fille ne connaît pas sa maison
sempe cumpagne e cumpagnelle ! »
toujours des amis et de jeunes amies ! »
E comm'a na palomma tu facive
Et tu faisais comme un papillon
e â scola e add''a maesta nun ce jive...
et à l'école chez la maîtresse tu n'allais pas...
Ciento 'nnammuratielle appriesso a te
Une centaine d'amoureux te courtisaient
e nce 'ncappaje pur'io senza vulé...
et j'y suis tombé moi aussi sans le vouloir...
Palomma, Palomma ca vuole
Papillon, papillon toi qui voles
cagnanno nu sciore pe' n'ato...
en passant d'une fleur à l'autre...
si truove quacche sciore avvelenato
si tu trouves une fleur empoisonnée
fernisce 'e vulá !
Tu cesses de voler !
II
Palomma e st'uocchie tuoje erano stelle,
Papillon et tes yeux étaient des étoiles
nu manto 'e seta sti capille nire...
un manteau de soie tes cheveux noirs
ma addó' passave cu sti scelle
mais où tu passais avec tes ailes
erano lacreme e suspire...
c'étaient des larmes et des soupirs.
anfin'a che, nu juorno, pe' destino,
jusqu'à ce qu'un jour, c'était ton destin,
te 'ncapricciaste cu nu signurino...
tu te sois entichée d'un jeune homme...
Ma cu nu signurino 'e chilli llá
Mais d'un jeune homme de ceux-là
ca penzano a fá diébbete e a ghiucá...
qui ne pensent qu'à faire des dettes et à jouer...
Palomma, Palomma ca vuole...
Papillon, papillon, toi qui voles...
III
E chillo ca giuraje ca te spusava,
Et celui-ci qui a juré de t'épouser
na casa t'affittaje 'ncopp''e quartiere...
t'a loué une maison dans ces quartiers...
e po', truccata, te mannava
et puis, maquillée, il t'envoyait
'mmiezo Tuledo tutt''e ssere...
tous les soirs rue Toledo
Aggiu saputo mo ca staje malata :
j'ai su que tu es malade
fort'è si 'a tire 'nnanze 'sta vernata...
Ce sera beau si tu passes l'hiver...
E chillo ch'avri''a stá vicino a te,
Et celui-là qui devrait être près de toi
sta nott'e ghiuorno 'int'a nu tabarè !...
reste jour et nuit dans un tabarin !...
Palomma che pena a stu core
Papillon qui peines pour ce cœur
penzanno a ll'ammore passato :
en pensant à l'amour passé :
mo ch'hê truvato 'o sciore avvelenato,
maintenant que tu as trouvé la fleur empoisonnée
nun puó' cchiù vulá !...
tu ne peux plus voler !...
La rue Toledo est la rue principale de Naples, construite en 1536 par le Vice-roi espagnol Pedro Alvarez de Toledo ; aujourd'hui piétonne, c'est la
grande rue commerçante de la ville, bordée d'églises et de grands palais, mais Papillon y est envoyée par son amant pour pratiquer d'autres
commerces.
C'est une des belles mélodies composées par Armando Gill, nous sommes déjà en 1926, et Gill a acquis maintenant assez de compétence
musicale pour écrire ainsi des chansons qu'il faisait écouter par Maria, sa fidèle femme de chambre, pour s'assurer de leur qualité populaire.
Ce fut la chanson préférée d'un metteur en scène comme Massimo Troisi.
Le mot napolitain « palomma » vient d'un mot espagnol qui, au masculin, désignait le pigeon et devient en Italie le papillon.
E allora ?
Et alors ?
(Testo e musica : Armando Gill
Interprètes : Roberto Murolo, Massimo Ranieri
1926)
Nel tram di Posìllipo, al tempo dell’está, Dans le tram de Posillipo, pendant l'été
un fatto graziosissimo, mi accadde un anno fa ;
il m'est arrivé une histoire très gracieuse, il y a un an ;
Il tram era pienissimo, ‘a miezo, ‘a dinto e ‘a fora, le tram était bondé, au milieu, dedans et dehors,
quando, alla via Partènope, sagliette na signora ! Quand, rue Partenope, monta une dame !
E allora ?…
Et alors ?...
Allora io dissi subito : « Signora, segga qua ! » Alors je dis aussitôt : « Madame, asseyez-vous ici ! »
Rispose lei : « Stia comodo, vedrá che ci si sta… Elle répondit : « Ne vous dérangez pas, vous verrez que ça ira.
si stríngano, si stríngano, per me c’è posto ancora… » Serrez-vous, serrez-vous, il y a encore de la place pour moi »
E quase ‘nzino, ‘ndránghete…s’accumudaje ‘a signora ! Et presque sur mes genoux, la dame s'installa
E allora?…
E allora, dietro all’angolo, mi strinsi ancora un po’… Et alors, dans le coin, je me suis serré encore plus
lei rise e poi, guardandomi, le gambe accavalciò… elle rit et puis croisa les jambes en me regardant
Io suspiraje vedennole tanta na gamba ‘a fora, Moi j'ai soupiré en voyant tant de jambe découverte
comme suspiraje Cesare pe ccosce da signora ! Comme soupira César pour les cuisses de la dame
E allora?…
E allor dissi : « E’ di Napoli ? » « No, mi sun de Milan ! » Je dis alors : « Vous êtes de Naples ? » « Non, je suis de Milan ! »
« Fa i bagni qua, certissimo ! » « No, mi parto duman… « Vous êtres sûrement aux bains ! » Non, je pars demain
Vorrei vedere Frìsio, non visto mai finora… »
Je voudrais voir Frisio, pas encore vu... jusqu'à maintenant »
« Se vuole, io posso… » « Oh, grazie ! … » « Si vous voulez, je peux.. . » « Oh, merci ! »
E s’ammuccaje ‘a signora !
Et la dame a mordu à l'hameçon !
E allora ?…
E allora, po’, addunánnome ca dint
Et alors, m'apercevant que dans le tram
gente ce guardava, dissi : « Signó’, scendé’… » les gens nous regardaient, je dis :« Madame descendez »
E mme pigliaje nu taxi a vinte lire a ll’ora et je pris un taxi à vingt lires de l'heure ...
e a Frìsio ce ne jèttemo, io sulo, cu ‘a signora ! Et à Frisio nous sommes allés, moi tout seul avec la dame !
E allora ?…
E allora, senza scrupoli, mm’accummenciaje a lanzá… Et alors sans scrupules, j'ai commencé à me lancer
ma lei, con fare ingenuo, mi disse : « Oh, ciò non sta… mais elle d'une manière naïve, me dit : Oh, ça va pas
Andiamo prima a Frìsio, mangiamo e, di buonor Allons d'abord à Frisio, mangeons et de bonne heure
io sto all’Hotel Vesuvio, lei mi accompagna…e allora… » Je suis à l'Hôtel Vesuvio, vous m'accompagnez et alors... »
« E allora ?…
E allora io feci subito « necessità virtù »…
Et alors, je fis aussitôt « de nécessité vertu »
Ma a Frìsio ce magnajemo duiciento lire e cchiù…
Mais à Frisio, nous avons mangé pour plus de 200 lires
Turnanno, immaginateve, stevo cu ll’uocchie ‘a fore… En revenant, imaginez, j'avais les yeux hors de la tête
Finché all’Hotel Vesuvio, scennette cu ‘a signora… jusqu'à ce que je descende à l'Hôtel Vesuvio avec la dame
E allora?…
Qui viene il graziosissimo ca, jenno pe’ trasí,
Là arrive le plus beau, en entrant
a tutti presentávami : « Presento mi’ marí’! elle me présente à tout le monde : « Je vous présente mon mari ! »
Mm’avea pigliato proprio pe’ nu cafone ‘e fora…
Elle m'avait vraiment pris pour un mufle étranger
E ghièttemo ‘inta cammera e s’assettaje ‘a signora !
Nous sommes entrés dans la chambre, et la dame s'est assise !
E allora?…
Et alors ?
E allora, mentre proprio ‘a stevo p’abbracciá,
Et alors, juste quand j'allais l'embrasser
vicino ‘a porta…Ttùcchete…sentette ‘e tuzzuliá…
j'entendis frapper toc toc près de la porte
« Chi sarrá maje ‘sta bestia ? Si mandi alla malora !» « Qui peut bien être cette bête ? Qu'on l'envoie au diable
Nu cameriere in smoking, cu ‘o cunto da signora !… Un valet de chambre en smoking avec le compte de la dame.
E allora?…
E allora ce guardajemo, curiuse, tutt’e tre…
Et alors nous nous sommes regardés avec curiosité tous les trois
lei prese il conto : « E pagalo ! Duemila ottantatre » Elle prit le compte : « Eh paie-le ! Deux mille quatre-vingt-trois »
Cu 'na penzata 'e spirito dissi io: mo nun è ora ! Par un mot d'esprit, moi je dis : ce n'est pas le moment !
E il cameriere pratico : « Pardon Signor...Signora ! » Et le valet de chambre pratique ; « Pardon,
Monsieur, madame ».
E allora ?
Et alors ?
E allora lei fa : « Sei stupido ! » Qua stupido madà, Et alors elle fait : « Tu es stupide ! » « Comment stupide, Madame
ciento lirette 'e taxi, duciento pe mangià
Cent lires de taxi, deux cents pour manger
duemila e tante 'a cammera, e chesto che bonora, deux mille et quelques autres pour la chambre, et rien que pour commencer ;
ccà ce vò 'o banco 'e Napule, carissima Signora ! Il y faut la Banque de Naples, très chère Madame ».
E allora ?
Et alors ?
E allora senza aggiungere manco na i 'e na a.
Et alors, sans ajouter ni « i » ni « a »
Pigliaje 'o cappiello e subbeto me ne scennette 'a llà Je pris mon chapeau et aussitôt je descendis de là
Truvaie ancora 'o taxi: chauffeur, Pensione Flora...
J'ai retrouvé le taxi : Chauffeur, Pension Flora
E ghiette a truvà Amelia...ca m'aspettava ancora...
et je suis allé trouver Amélie, elle m'attendait encore...
E allora ?
Et alors ?
E allora io ebbi prova di una grande verità
Et alors j'eus la preuve d'une grande vérité,
Ch'aa via vecchia p''a nova nunn s'adda maje cagnà !! qu'on ne doit jamais changer le vieux pour le nouveau !!
Frisio est un rocher près de Posillipo et du Palais Donna Anna, où fut installé au XIXe siècle un restaurant de luxe. La chanson raconte une histoire,
c'est une « macchietta » comme les napolitains aimaient en faire à cette époque dans les cafés-chantants ; c'était la représentation souvent
caricaturale d'un personnage, un « type » social (la femme entretenue, le danseur, le prêtre, le tombeur de femmes, le percepteur, le « scugnizzo
»... ) qui devait faire rire, mais atteignait souvent aussi le niveau de la satire sociale. Ici c'est un homme qui pense séduire une femme dans un
tramway, et qui s'aperçoit trop tard que ce n'est qu'une cocotte qui lui soutire son fric.
Ce fut le « tormentone » de plusieurs saisons, la chanson qui a le plus grand succès pour la facilité de son texte et pour sa mélodie facile à écouter
et à répéter, et le public ici reprenait facilement le « E allora ? » du refrain.
La période de plus grande popularité d'Armando Gill se situe entre 1916 et 1925 : il a enfin acquis une compétence musicale et compose
désormais totalement ses chansons ; il fonde une compagnie théâtrale et met en scène plusieurs revues avec Guido di Napoli ; elles sont soit en
napolitain soit en italien, pour être aussi écoutées en Italie du Nord où le napolitain n'était qu'une langue étrangère.
Nun sò geluso
Je ne suis pas jaloux
(Testo e musica : Armando Gill
1917
Interprete : Roberto Murolo)
Dache sto facenno ammore
Depuis que je fais l'amour
cu sta 'mpesa 'e Cuncettina
avec cette vaurienne de Concettina
maje nun passa 'na mattina
il ne se passe jamais un matin
che nun c'imm'a appiccecà ;
sans que nous nous disputions.
Cuncettina è sartulèlla,
Concettina est couturière,
va cu 'a moda e 'a fantasia
elle va avec la mode et sa fantaisie
e pirciò ca, 'mmiez'a via,
c'est pour ça que dans la rue,
maje cujeta'a fanno stà.
On ne la laisse jamais tranquille.
E io nce soffro pecché 'a voglio bene assaje
et moi j'en souffre parce que je l'aime beaucoup
e pe chesto sto' âssanno tante guaje.
Et c'est pour ça que j'ai tant de malheurs.
No, nun è ca i' so' geluso 'e Cuncettina
Non, ce n'est pas que je sois jaloux de Concettina
pecché saccio comme e quanto mme vo' bene. parce que je sais comment et combien elle m'aime.
Ma pe' stu bene, ca va e ca vene,
mais pour cet amour, qui va et qui vient,
io, cierti ccose, nun mm'ffido 'e suppurtà.
Moi certaines choses, je n'arrive pas à les supporter.
(Per esempio, ajére ô juorno,
Par exemple, dans la journée d'hier,
mme nce songo appiccecato
je me suis fâché
ca s'aveva misa cca.
Qu'elle s'était installée ici.
Po purtava 'nu scarpino
et puis elle portait de petits souliers
piccerillo piccerillo,
tout petits tout petits,
chillu pède, ch'è tantillo,
autant que son pied qui est aussi petit,
se fermmavano a guardà.
Les gens s'arrêtaient pour la regarder.
Nun appena mme vedette s'allummje
Dès qu'elle me vit elle se précipita
e i' divette : « Manco à casa te ne vai ». et moi je dis : « Tu ne vas même pas à la maison ».
No, nun è ca i' so' geluso 'e Cuncetina.)
Non ce n'est pas que je sois jaloux de Concettina.
E nce simmo appiccecate
Et nous nous sommes disputés
'n'ata vota stammatina,
une autre fois ce matin,
pe 'na vesta 'e seta fina
pour un vêtement de soie précieux
ca, pe' forza, vò purtà.
qu''évidemment, elle veut porter.
Ll'ha 'ntuppata 'nu signore,
Un monsieur l'a effleurée
doppo po 'nu soldatiello
et après, un petit soldat
e 'nu bella munaciello
et un beau petit moine
ll'aggio 'intiso 'e suspirà.
Je l'ai entendue soupirer.
E aggio visto tutta quanta 'a funzione,
et j'ai vu tout ce fonctionnement,
mm'arraggiavo ma dicevo : « Hanno ragione », je me mettais en colère, mais je disais : ils ont raison.
no, nun ca i' so' geluso 'e Cuncettina.
Non, je ne suis pas jaloux de Concettina.
(le passage entre parenthèses n'est pas interprété par Murolo).
Sa plus grande chanson est de 1918, Come pioveva, elle a été souvent reprise, au cinéma comme titre du film d'Ettore Scola en 1974, soit par des
chanteurs, depuis Achille Togliani (1924-1995) et Luciano Tajoli (1920-1996) jusqu'à Mario Musella (1945-1979), l'ancien chanteur des
Showmen, ou par les Beans en version pop. Elle est écrite dans une langue simple de conversation quotidienne, dépouillée de tout archaïsme de la
langue littéraire du XIXe siècle, et pourtant poétique rimée avec art dans des quatrains ABAB. Trois seules strophes sont rimées AABB, la quatrième,
la huitième et la dernière où ils repensent au passé heureux dans leur petite chambre. C'est un genre alors nouveau, une chanson-récit faite de
dialogues entre les deux protagonistes. C'est un petit film dans lequel les deux anciens amants se retrouvent par hasard des années plus tard sous
un portail où ils se protègent de la pluie, puis dans une voiture qui passe à ce moment, enfin devant un autre portail où ils se quittent pour toujours
avec une larme de mélancolie au coin de l’œil. Et tout cela repose sur un mystère : pourquoi se sont-ils quittés s'ils s'aimaient tant ? C'est un texte
très émouvant et qui continue à nous émouvoir, une chanson parfaitement réussie.
Come pioveva
Comme il pleuvait
di Armando Gill -
1918
C’eravamo tanto amati
Nous nous étions tant aimés
per un anno e forse più....
pendant un an, peut-être plus ...
C’eravamo poi lasciati....
puis nous nous étions quittés .
Non ricordo come fu....
comment, je ne m'en souviens plus...
Ma
una
sera
c’ incontrammo.
Mais un soir nous nous rencontrâmes,
Per fatal combinazion.
par un hasard fatal.
Perchè insieme riparammo,
parce qu’ensemble nous nous réfugiâmes
Per la pioggia, in un porton !
pour la pluie, sous un portail !
Elegante nel suo velo,
Élégante sous son voile,
Con un bianco cappellin,
avec un petit chapeau blanc,
Dolci gli occhi suoi di cielo,
doux étaient ses yeux de ciel,
Sempre mesto il suo visin...
toujours triste son petit visage...
Ed io pensavo ad un sogno lontano :
Et moi je pensais à un rêve lointain :
A una stanzetta d’un ultimo piano,
à une petite chambre d’un dernier étage,
Quando d’inverno al mio cor si stringeva
quand en hiver elle se serrait contre mon cœur ...
Come pioveva... come pioveva!
...
Comme il pleuvait ... Comme il pleuvait !
« Come stai? » le chiesi a un tratto
« Comment vas-tu ? » lui demandai-je tout à coup
« Bene, grazie - disse - e tu? »
« Bien, merci... » dit-elle « et toi ? »
« Non c’è male... » E poi distratto :
« Pas mal.. ; » Et puis distrait :
« Guarda che acque viene giù »
« Regarde ce qu’il tombe comme eau »
« Che m’importa se mi bagno?
« Peu importe si je me mouille !
Tanto a casa debbo andar ».
De toute façon je dois aller à la maison ».
« Ho l’ombrello, t’accompagno »
« J’ai un parapluie, je t’accompagne »
« Grazie! Non ti disturbar... »
« Merci ! Ne te dérange pas...»
Passa in tempo una vettura
Au bon moment passe alors une voiture
Io la chiamo,lei fa :« no »
Je l’appelle, elle fait : « Non »
« Dico : oh! via, senza paura,
« Je dis : oh allons, n’aie pas peur
Su montiamo », e lei montò...
Allez, montons », et elle monta...
Così pian piano, io le presi la mano
Ainsi, tout doucement, je lui pris la main
Mentre il pensiero vagava lontano...
tandis que ma pensée errait loin...
Quando d’inverno al mio cor si stringeva...quand en hiver elle se serrait contre mon cœur ...
Come pioveva... come pioveva!
...
Comme il pleuvait ... Comme il pleuvait !
Ma il ricordo del passato
Mais le souvenir du passé
Fu per lei il più gran dolor,
fut pour elle la plus grande douleur,
Perchè al mondo aveva dato
parce qu’au monde elle avait donné
La bellezza ed il candor...
sa beauté et sa candeur..
Così, quando al suo portone
Ainsi quand à son portail
Un sorriso mi abbozzò,
elle ébaucha pour moi un sourire,
Nei begli occhi di passione
dans ses beaux yeux pleins de passion
Una lacrima spuntò !...
une larme pointa ! …
Io non l’ho più riveduta...
Je ne l’ai plus revue ..
Se è felice? Chi lo sa !...
Est-elle heureuse ? qui le sait !
Ma se ricca, o se perduta,
Mais qu’elle soit riche, ou bien perdue,
Ella ognor rimpiangerà...
elle regrettera toujours .....
Quando una sera in un sogno lontano,
quand un soir dans un rêve lointain,
Nella vettura io le presi la mano!
dans la voiture, je lui pris la main !
...Quando salvare ella ancor si poteva!...
...Quand elle pouvait encore se sauver !
...Come pioveva... così piangeva!
...
comme il pleuvait ... comme elle pleurait.
Un autre récit du même type est de 1929, Follie di gioventù, il est plus sensuel, évoquant la séduction de toutes les parties du corps de la jeune
femme ; il décrit le bruit que fait chaque objet ou chaque partie physique par un tac-tac, tec-tec, tic-tic, toc-toc, tuc-tuc. Le bouton de son corsage qui
tombe, trop vite arraché, fait tic... et finalement le chauffeur arrête la course et l'amour des deux protagonistes. Regrets d'une jeunesse amoureuse
folle !
Follie di gioventù
Folies de jeunesse
(Testo e musica : Armando Gill
1929
Interprète : Salvatore Papaccio, 1890-1977)
Verso l'ora vespertina,
Vers l'heure du soir
per il vicolo Tre Re,
dans la ruelle des Trois Rois,
una bella signorina
une belle jeune fille
camminava innanzi a me...
marchait devant moi...
Ammirando il dondolio
En admirant le balancement
del grazioso corpicin,
de son gracieux petit corps,
ascoltavo il tintinnio
j'écoutais le tintement
di parecchi suoi oggettin.
de plusieurs de ses petits objets.
La sua borsetta faceva tac, tac
Son petit sac faisait tac tac
I ciondolini tec, tec, tec, tec,
ses petites breloques tec, tec, tec, tec,
I tacchettini tic, tic, tic,
ses petits talons tic, tic, tic,
Le anche e il seno toc, toc, toc,
ses hanches et son sein toc, toc, toc,
Mentre il mio cuore, che batteva di più,
tandis que mon cœur, qui battait plus fort,
faceva tuc, tuc, tuc, tuc, tuc, tù.
Faisait tuc, tuc, tuc,tuc, tuc, tù.
M'accostai, mi presentai :
Je m'approchai, je me présentai :
- Prego ! Armando. E lei ? - Flery
- S'il vous plaît ! Armand. Et vous ? - Fléry
Fu così che la invitai
Ce fut ainsi que je l'invitai
a montare in un taxì.
À monter dans un taxi.
Ce ne andammo per via Tasso
Nous nous en allâmes rue du Tasse
per godere in libertà.
Pour jouir en liberté,
senza impicci nè fracasso,
sans empêchements ni fracas,
la poesia della città.
de la poésie de la ville.
Facea il motore tac, tac, tac, tac,
Le moteur faisait tac, tac, tac, tac,
Facea la tromba tec, tec, tec, tec,
l' avertisseur tec, tec, tec, tec,
Faceano i vetri tic, tic, tic, tic,
les vitres faisaient tic, tic, tic, tic
Faceva il clacson toc, toc, toc, toc,
le clacson faisait toc, toc, toc, toc, toc,
Mentre i cuscini dell'auto blu
tandis que les coussins de la voiture bleue
facean tuc, tuc, tuc, tuc, tuc, tù.
Faisaient tuc, tuc, tuc, tuc, tuc, tù...
Con la sere che discese
Avec le soir qui était descendu
già il morale stava su
déjà le moral remontait
La compresi, mi comprese,
Je la compris, elle me comprit
e dal voi passammo al tu !
Et du “vous” nous sommes passés au ”tu” !
Lo chaffeur, intelligente,
Le chauffeur, intelligemment
la sua corsa rallentò..
a ralenti sa course...
E così..naturalmente,
et ainsi, naturellement,
quel che accadde or vi dirò!...
je vais vous dire ce qui est arriv・ !...
Smorzai la luce che fece tac,
J'ai baissé la lumière qui a fait tac
Si ruppe un vetro, che fece tec,
une vitre s'est cassée en faisant tec, tec,
Scappò un botton, che fece tic,
un bouton est parti qui a fait tic,
mentre che i baci facean toc, toc.
tandis que nos baisers faisaient toc, toc,
Finché l'autista non resse più:
jusqu'à ce que le chauffeur n'y tienne plus :
picchiòsui vetri...tuc, tuc, tuc, tù
Il tapa sur les vitres... tuc, tuc, tuc, tù
Follie di gioventù
Folies de jeunesse
che non ritornan pù!
Qui ne reviennent plus !
Mais c'est aussi l'époque d'une des plus belles chansons d'Armando Gill, en napolitain, Zampognaro 'Nnamurato, de 1924. Elle est historiquement
très intéressante : d'abord elle se réfère à la chanson d'Enrico Di Leva (1867-1955) et Salvatore Di Giacomo (1860-1934) de 1887, A Nuvena, très
connue à Naples, qu'il faut écouter sur Youtube par Sergio Bruni, avec le texte :
''A Nuvena
La Neuvaine
(Testo : Salvatore Di Giacomo
Musica : Enrico De Leva 1887)
'Nu zampugnaro 'e 'nu paese 'e fora,
Un joueur de musette d'un village de l'extérieur
lassaje quase 'nfiglianza la mugliera.
Laissa sa femme juste sur le point d'accoucher,
Se partette pe' Napule 'e bon' ora
il partit pour Naples de bonne heure
sunanno, allero allero : ullèro, ullèro.
En jouant tout joyeux : ullèro, ullèro
E ullèro, ullèro.
Et ullèro, ullèro
Ma nun era overo :
mais ce n'était pas vrai :
'o zampugnaro,
le joueur de musette
penzava â mugliera
pensait à sa femme
e suspirava
et il soupirait
e 'a zampogna, 'e suspire s'abbuffava
et sa cornemuse se gonflait de soupirs
Cuccato 'ncopp' 'a paglia, 'o Bammeniello,
Couché sur la paille, le Petit Enfant
senza manco 'a miseria 'e 'na cuperta,
sans même un chiffon pour couverture
durmeva, 'mmiez'â vacca e ô ciucciariello,
dormait entre le bœuf et l'âne,
cu ll'uocchie 'nchiuse e cu 'a vucchella aperta.
Les yeux fermés et la bouche ouverte.
E ullèro, ullèro
Et ullèro, e ullèro
che bella faccella,
quel beau petit visage
che bella resélla,
quel beau petit sourire
faceva Giesù
faisait Jésus
quanno 'a Madonna
quand la Madone
cantava : « Core mio, fa' nonna nonna ».
chantait : « Mon cœur, fais dodo ».
Mmerz' 'e vintuno, 'e vintiduje d' 'o mese,
Vers le vingt-et-un, vingt-deux du mois
'na lettera lle dettero â lucanna.
À l'auberge on lui donna une lettre
'Sta lettera veneva da 'o pagghiese
cette lettre arrivait de son village
e sotto era firmata : Marianna.
Et en-bas elle était signée : Marianne.
« E ullèro, ullèro.
« Et ullèro, et ullèro,
Sto bene in salute
ma santé va bien
e cosí spero
et ainsi j'espère
sentire di te :
avoir de tes nouvelles :
sono sgravata
J'ai accouché
e duje figlie aggio fatto, una figliata ».
J'ai eu deux fils, une belle filiation ».
Tu scendi dalle stelle, o Re del cielo,
Tu descends des étoiles, o Roi du Ciel,
e nuje pigliammo 'e guaje cchiù alleramente. Et nous acceptons plus allègrement nos malheurs
Tasse, case cadute, freddo e gelo,
Impôts, maisons tombées, froid et gel
figlie a zeffunno, e pure nun fa niente.
Des enfants en abondance, cela ne fait rien.
Ullèro, ullèro.
Ullèro, ullèro.
Sunate e cantate.
Jouez et chantez
Sparate, sparate
réjouissez-vous, réjouissez-vous
ch'è nato Giesù !
Car Jésus est né !
Giesù Bambino.
L'Enfant Jésus
E 'a Vergine Maria s' 'o tene 'nzino.
Et la Vierge Marie le tient sur ses genoux.
Zampognaro 'Nnamurato
Le joueur de musette amoureux
(Testo e musica : Armando Gill
1924
Interprete : Roberto Murolo)
Nu bellu figliulillo zampugnaro
Un beau jeune homme joueur de musette
che a Napule nun c'era stato ancora
qui n'était pas encore allé à Naples,
comme chiagneva, 'nnante a lu pagliaro
comme il pleurait devant la cabane de paille,
quanno lassaje la 'nnamirata fora...
quand il laissa seule sa fiancée...
e a mezzanotte, 'ncopp 'a nu traìno
et à minuit, sur une charrette,
pe' Napule partette da Avellino...
il partit d'Avellino pour Naples...
Ullère Ullèro...
Ullèro ullèro
Buono e sincero....
Bon et sincère.. ;
Da lu paese, a Napule arrevato,
arrivé à Naples depuis son pays
nce commenava comm'a nu stunato...
il y marchait tout désorienté...
E succedette ca, na bella sera
Et il arriva qu'un beau soir
jette a sunà a casa 'e una signora :
il alla jouer chez une dame :
tappéte, luce, pavimento a cera...
tapis, lumière, planchers cirés...
ricchezze maje nun viste anfin'allora !
Richesses jamais vues jusqu'alors !
Ma se 'ncantaje, cchiù assaje de sti ricchezze Mais plus que de toutes les richesses, il fut charmé
'e l'uocchie d'a signora e de lo trezze.. par les yeux de la dame et par ses tresses...
Ullèreo-Ullèro
Ullèro – Ullèro
fuje nu mistero :
ce fut un mystère
quanno jette pe' vasà à signora 'e mmane ;
quand il fut sur le point d'embrasser la main de la dame :
« Zitto, – sentette 'e dì – vien dimane ! »
il entendit dire : « Chut, viens demain ! »
Cielo, e comme fuje doce 'sta nuvena
Ciel, comme fut douce la neuvaine
ca ll'attaccaje cu 'ata passione !
Qui l'attacha avec tant de passion !
E se scurdaje 'e ll'ammore 'e Filumena
et il oublia son amour pour Philomène
ch'era fatecatora e bona bona...
qui était une grande travailleuse et très belle...
Ma l'urdema jurnata ca turnaje,
Mais le dernier jour où il revint,
chella signora, a casa, 'un ce 'a truvaje.
à la maison, il ne trouva plus cette dame.
Ullère – Ullèro
Ullèro – Ullèro
sturduto avero
,
tout décontenancé,
avette ciento lire e 'sta 'mmasccciata :
il trouva cent lires et ce message :
« Scurdatevella, chella è mmaretata... »
« Oubliez-la, elle est mariée... ».
Na casarella 'mmiez'a li mmuntagna,
Une petite cabane au milieu des montagnes,
nu fucularo cu nu cippo 'e pigne...
un foyer avec une bûche de pin...
'À neve scioccca e na figliola chiagne :
la neige tombe et une fille pleure :
Chisà stu lietto 'e sposa 'incigna
Qui sait si on se servira de ce beau lit nuptial...
P' 'a strada sulitaria d'Avellino
Sur la route solitaire d'Avellino
nun sta passanno manco nu traìno.
ne passe même pas une charrette.
Ullèro – Ullèro
Ullèro – Ullèro
« Cagna penziero ! »
« Change d'idée ! »
Sta sotto a nu barcone appuntunato
il se trouve sous son balcon, immobile,
Povero zampugnaro 'nnamurato !... le pauvre joueur de musette amoureux !...
Povero zampugnaro 'nnamurato !... le pauvre joueur de musette amoureux !...
La comparaison est révélatrice : Di Giacomo compose une chanson religieuse pour la « neuvaine », fête
traditionnelle en Campanie, où les joueurs de cornemuse (la « zampogna ») et de « ciaramella » (le fifre)
arrivaient début décembre des villages de campagne pour jouer dans les rues de Naples ou dans les palais des
riches bourgeois ou aristocrates, ils restaient depuis la fête de l'Immaculée Conception (8 décembre) jusqu'au 22
décembre. Di Giacomo ne précise pas de lieu tandis qu'Armando Gill parle d'«Avellino », non pas dans le sens de
cette ville, mais comme au XVIIIe siècle pour désigner un lieu de montagne et de pâturage des Abruzzes ou du
Nord des Pouilles, où l'on jouait traditionnellement d'une cornemuse différente de celle de Venise ou de Rome
(Voir l'image ci-contre extraite de Christian Poché, Dictionnaire des musiques et danses traditionnelles de la Méditerranée, Fayard, 2005, p. 232).
Chez Di Giacomo, le zampognaro est un bon père de famille dont la femme vient d'accoucher de deux enfants, et qui s'en réjouit en comparant cette
naissance à celle de l'enfant Jésus qu'il vient fêter à Naples chaque année. Chez Gill, c'est un beau jeune homme qui sort de son village pour la
première fois et n'est jamais allé à Naples ; en partant il pleure de quitter sa fiancée, belle et vierge, puisque le lit de noces de leur cabane n'a jamais
été utilisé. La pratique du lit nuptial était importante dans le peuple de Campanie, on le préparait à l'avance pour la célébration de la nuit de noces.
Le jeune homme part pour gagner de l'argent et se construire une maison plus confortable.
« Ullèro, ullèro » qui commence chaque strophe évoque le son de la cornemuse que joue le jeune homme, ébloui de découvrir la grande ville, lui
qui sortait de ses montagnes sauvages. Invité dans un palais, richement décoré comme ceux que Gill connaissait bien depuis sa jeunesse
bourgeoise, il va partir en faisant le baise-main traditionnel à la dame, séduit par la beauté de cette noble maîtresse de maison, mais celle-ci l'invite à
revenir le lendemain, et ils passent ensemble une neuvaine amoureuse passionnée.
Mais le dernier jour, elle n'est plus là, et ne lui laisse que 100 lires et un billet où elle le congédie en lui disant qu'elle est mariée, comportement brutal
de la noblesse de naissance et d'argent ou de la grande bourgeoisie dévergondée, à l'égard d'un « pezzente » (un misérable va-nu-pieds),
comportement de classe que Gill dénonce, lui qui savait si bien parler de la vie des gens du peuple napolitain.
La quatrième strophe est une belle élégie de ce jeune homme déçu qui revient triste et solitaire dans sa montagne où l'attend sa belle fiancée,
Philomène, autre sainte et martyre de l'empereur Dioclétien qu'elle refuse d'épouser parce qu'elle a consacré sa virginité à Jésus, elle devient
patronne de Naples et le reste bien que le Concile Vatican II ait retiré son nom du calendrier liturgique en 1961, sa tombe ne pouvant pas être de
l'époque de Dioclétien mais d'Auguste, et le nom latin n'étant pas « Filumena » mais « Fi … lumena », dédicace à la « fi'glia » bien aimée, pour
sa lumière.
Notez la métrique de la chanson : 4 strophes composées chacune de 6 hendécasyllabes ABABCC et d'un quatrain de 2 pentasyllabes (AA) et deux
hendécasyllabes (BB). C'est un travail poétique rigoureux, Armando Gill est un grand poète et on pourrait simplement réciter ses textes à plusieurs
voix comme si c'était un fragment de tragédie grecque ou la ballade d'un trouvère médiéval.
Gill tendre critique de la « perversité » féminine
Écoutons pour finir 4 dernières chansons et nous aurons une idée plus précise de ce grand auteur-compositeur-interprète que fut Armando Gill. Un
de ses derniers filons insiste sur la vision de la femme séductrice perverse, déjà présente antérieurement. Cela correspondait tout à fait à l'idée
fasciste de la femme. Armando Gill avait d'ailleurs rejoint le régime fasciste, même s'il n'en fut pas militant actif. Il écrivit même une chanson raciste
en faveur de la guerre d'Éthiopie en 1936.
Donne e amore
Les femmes et l'amour
(Testo e musica : Armando Gill
1920
Interprète : Armando Gill)
Tutti sanno che la donna
Tout le monde sait que c'est la femme
è maestra nell'amore
qui nous enseigne l'amour
e che tira più una gonna
et qu'une jupe tire plus
che una macchina a vapore.
Qu'une machine à vapeur.
Basta un bacio, una carezza,
Il suffit d'un baiser, d'une caresse,
Basta un rìcciolo toccar
il suffit de toucher une boucle
che nel cor hai quell' ebbrezza
pour avoir dans le cœur cette ivresse
che sa l'uomo abbindolar.
Qui sait embobiner les hommes.
Donne o bionde o rosse o nere
Femmes blondes, rousses ou brunes,
sono tutte d'un color,
elles sont toutes de la même couleur,
sono facili a cadere
elles tombent facilement
per capriccio o per amor.
Par caprice ou par amour.
La sartina che adoravo
La petite couturière que j'adorais
era un fiore, era un tesor,
était une fleur, un trésor,
e ogni sera io l'aspettavo
et tous les soirs je l'attendais
all'uscita del lavor ;
à la sortie du travail ;
ma una sera anticipai,
mais un soir, je suis arrivé en avance,
della villa in un vial,
dans un boulevard de la villa,
a braccetto la trovai
Je l'ai trouvée bras dessus dessous
d'un furiere e un caporal !
avec un fourrier et un caporal !
La Marchesa Dellipiani
La marquise Dellipiani
ch'era matta per suonar,
qui était folle de musique,
spesso un pezzo a quattro manin
souvent un morceau à quatre mains
Lei voleva con me provar.
elle voulait essayer avec moi.
Ma invitaca anche un pittore
Mais elle invitait aussi un peintre
e un maestro oltre di me,
et un chef d'orchestre en plus de moi.,
e a distanza di poche ore
et en quelques heures,
strapazzava a tutt'e tre.
Elle nous maltraitait tous les trois.
Per amor del fidanzato
Par amour de son fiancé
che andò fuori e non tornò
qui sortit et ne revint pas,
Lina prese il sublimato
Lina prit un sublimé (un poison)
e morir per lui giurò.
Et jura de mourir pour lui.
Ma un dottore assai valente
Mais un médecin très habile
con premura la curò,
la soigna avec attention,
sicché lei, riconoscente,
si bien qu'elle, reconnaissante,
col dottor se ne scappò !
S'échappa avec le docteur !
L'incontrai, m'innamorai,
Je l'ai rencontrée, je suis tombé amoureux,
ed avemmo un tête à tête
et nous eûmes un tête à tête
Stava a un Bar, la ritirai
Elle était dans un Bar, je l'en ai retirée
e lei visse insieme a me.
Et elle a vécu avec moi.
Casa, lussi senza freno,
Maison, luxe sans frein,
mode, ninnoli et bijou,
modes, bibelots et bijou,
una sera piglia un treno
un soir elle prend un train
e non l'aggio vista più...
et je ne l'ai plus revue..
PAGE SUIVANTE