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Nouvelles de ces derniers temps : édition du 8 janvier 2016
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1) Quelques italiens disparus en 2015 (Si vous ne les connaissez pas, cherchez leur biographie sur Internet) Mario Cuomo (1932-1er janvier 2015), homme politique démocrate américain, fils d’émigrés italiens, ex-gouverneur de l’État de New- York. Pino Daniele (1955-4 janvier 2015), un des plus grands « cantautori » napolitains (Voir notre Histoire de la chanson en Italie, Vol. II). Francesco (Franco) Rosi (1922-10 janvier 2015), scénariste et réalisateur de cinéma (Main basse sur la ville, l’Affaire Mattei, etc.). Anita Ekberg (1931-11 janvier 2015), actrice suédoise très liée au cinéma italien (Fellini). Livio Garzanti (1921-12 février 2015), fils d’Aldo Garzanti, fondateur de la maison d’édition, philosophe et journaliste de Forlì. Michele Ferrero (1925-14 février 2015), fils de Pietro Ferrero, fondateur de l’entreprises de confiserie, créateur de la Nutella, Ferrero Rocher, etc. Luca Ronconi (1933-21 février 2015), acteur, directeur de théâtre et d’opéra (Teatro stabile de Turin, etc.). Carmine Schiavone (1943-22 février 2015), boss de la mafia sicilienne, puis collaborateur de justice. Laura Antonelli (1941-22 juin 2015), actrice de cinéma. Magali Noël  (1931-23 juin 2015), actrice et chanteuse française connue dans le cinéma italien (Fellini). Giacomo Biffi (1928-11 juillet 2015), archevêque émérite de Bologne. Elio Fiorucci (1935-19 juillet 2015), styliste italien, défenseur des animaux. Sebastiano Vassalli (1941-27 juillet 2015), écrivain italien, prix Strega, et critique littéraire (Piémont). Renato Zangheri (1925-6 août 2015), historien du mouvement ouvrier, homme politique (maire de Bologne puis député du PCI et du Parti Démocrate). Giancarlo Golzi (1952-12 août 2015), batteur, musicien et parolier, fondateur du groupe Matia Bazar (Voir notre Histoire de la chanson en Italie, Vol. III). Pietro Ingrao (1915-27 septembre 2015), antifasciste, dirigeant de la gauche du PCI, député de 1948 à 1992, président de la Chambre des Députés de 1976 à 1979. Sera proche de Rifondazione Comunista. Morando Morandini (1924-17 octobre 2015), critique cinématographique et acteur, père du Brigadiste Paolo Morandini. Maria Grazia Capulli (1960-21 octobre 2015), journaliste (Macerata), écrivaine et animatrice de Télé. Nando Gazzolo (1928-16 novembre 2015), de Savone, acteur de cinéma, théâtre et télévision. Mario Cervi (1921-17 novembre 2015), de Crema, journaliste de droite, fondateur de Il Giornale et essayiste. Luca De Filippo (1948-27 novembre 2015), fils de Eduardo De Filippo, acteur et metteur en scène, fondateur d’une Compagnie Théâtrale. Gabriele Ferzetti (1925-2 décembre 2015), acteur de cinéma (entre autres dans l’Avventura d’Antonioni). Mariuccia Mandelli (1925-6 décembre 2015), styliste, fondatrice de Krizia (Milan). Armando Cossutta (1926-14 décembre 2015), dirigeant du PCI, puis fondateur de Rifondazione Comunista. Licio Gelli (1919-15 décembre 2015), responsable important du mouvement fasciste, fondateur de la Loge P2 (voir notre dossier dans « Histoire depuis la seconde guerre mondiale »). (Si d’autres personnages vous paraissent importants à citer, envoyez-nous leur nom). 2) Union civile et mariage homosexuel en Italie : un appel d’Angela Boffari. Le 27 décembre 2015, Thomas Mackinson publie sur Il Fatto Quotidiano un long article qui rend compte de la récente prise de position et de l’appel d’Angela Boffari, une des premières députées à avoir déposé un projet de loi au Parlement en 1986, qui demande à Matteo Renzi et au PD de faire passer un projet « sans accords ni questions de boutique ». Angela Bottari, classe 45, de Messine a vu défiler depuis son texte de 1986 45 projets de loi avortés, jusqu’à celui, actuellement discuté au Parlement de Monica Cirinnà. Maintenant, dit-elle, c’est une des questions sur lesquelles se joue l’avenir du PD : si Renzi ne fait pas voter ce projet, « la grande partie du PD ne sera plus communiste, mais elle sait encore où aller. Et un jour ou l’autre elle règlera son compte à Renzi ». Et celui-ci ne doit pas chercher d’abord à préserver l’équilibre gouvernemental, et ne doit pas céder à la minorité interne catholique. Et elle rappelle que dans l’histoire italienne il a fallu du courage pour faire passer des lois qui allaient à l’encontre des idées sociales dominantes, comme le divorce, l’avortement, le crime d’honneur, la violence sur les femmes etc. Il s’agit de faire sauter les lois qui désavantagent les femmes, les handicapés, les malades, les homosexuels, etc., dont l’égalité des droits a toujours été refusée. D’autant plus que cette loi ne coûterait rien ! Elle ajoute que probablement en 1986, elle avait plus d’espoir qu’aujourd’hui. Il semblait qu’il n’y avait plus qu’un obstacle à faire tomber, après que des pas en avant significatifs aient été faits sur la réversibilité de la retraite, l’assistance sanitaire, le contrat de location en cas de décès du conjoint non marié : encore aujourd’hui, un homosexuel ne peut pas aller assister son compagnon à l’hôpital, c’est pourquoi nous demandions « un registre des unions civiles qui ne fût pas seulement formel ». Une des questions qui divise le plus est celle de l’adoption, mais rien ne prouve qu’il soit pire d’avoir deux parents du même sexe que d’avoir des parents hétéro qui se déchirent ou de vivre dans une famille monoparentale. Elle rappelle aussi qu’après que la loi eût introduit l’automatisme de l’annulation du mariage qprès un changement de sexe de l’un des conjoints, un couple dans cette situation s’adressa à la justice pour demander à rester marié, et la Cour Constitutionnelle lui donna raison, affirmant la légitimité qu’une famille, même formée par un couple du même sexe, puisse rester telle avec tous les droits qui en découlaient « Il faudrait repartir de là », déclare Angela Boffa, « c’est le précédent dont le législateur devrait tenir compte. Parce que s’il est permis aux citoyens du même sexe, par une autre loi, de conserver sa progéniture,  pourquoi refuser la possibilité d’adopter l’enfant de son propre partenaire ? ». Le PD joue donc sur cette question sa crédibilité et il peut trouver des consentements inattendus de la part de membres des milieux catholiques, comme ce fut déjà le cas dans le passé pour les lois sur le divorce ou sur la violence exercée sur les femmes. Que le PD ait du courage, ne se bloque pas à l’idée de collaborer sur ce point avec le M5S rival, à qui cela donnerait d’ailleurs de bons arguments et un potentiel électoral accru ! (Voir notre dossier sur l’histoire de ce sujet en Italie dans la rubrique “Famille” 3) Renzi : un risque pour la liberté d’expression ? Il semble parfois que oui Quand il a été élu, Renzi avait promis que dorénavant la RAI ne resterait pas sous le contrôle des partis. Et pourtant il vient de proposer au vote une loi selon la quelle l’administrateur délégué de la RAI serait choisi par le ministère du Trésor, et le conseil d’administration élu en partie par le Parlement, en partie par le gouvernement, en partie par l’assemblée des travailleurs de la RAI ; quant au Président, il devra obtenir un vote des 2 tiers de la commission de Vigilance (composée de 60 membres  choisis parmi les députés et les sénateurs). La télévision reste donc sous contrôle du pouvoir politique. Le secrétaire général et le président de la FNSI (Federazione Nazionale della Stampa Italiana) et le secrétaire de l’USIGRAI (Unione sindacale dei giornalisti della Rai) ont protesté ainsi : « Le Président du Conseil avait promis d’arracher la RAI auxpartis et de la rendre aux citoyens, et au contraire il l’a soumise à une dépendance directe du gouvernement. Un président « de garantie » qui aura besoin des deux tiers de la commission de Vigilance. C’est autre chose que « les partis hors de la Rai », comme promettait le président du Conseil Matteo Renzi. La réforme de la Rai devient une loi et cristallise ce qui est arrivé depuis 60 ans : c’est-à-dire le spoils system à l’intérieur de la TV publique, le principal « vecteur de culture » du pays ». (Spoils system = système des dépouilles, principe américain selon lequel un nouveau gouvernement doit pouvoir compter sur la fidélité de fonctionnaires et donc pouvoir les remplacer par des fidèles. Il a conduit à l’incompétence et à la corruption des administrations). Cette loi est déclarée « la plus mauvaise existante en Italie » de la part de plusieurs élus y compris de droite comme Maurizio Gasparri (Forza Italia), et elle devrait être refusée par le Conseil Constitutionnel. « À partir d’aujourd’hui, – notent encore les responsables de la FNSI et de l’USIGRAI –, la Rai sera dirigée par un administrateur délégué, donc par un chef d’entreprise ayant beaucoup plus de pouvoirs, choisi directement par le gouvernement. En même temps, avec la Loi de Stabilité, le gouvernement prend aussi chaque année le contrôle des financements du Service Public, un des instruments les plus forts pour conditionner la gestion et les choix éditoriaux de la Rai ». La loi introduit aussi un président « de garantie » qui est nommé par le Conseil d’Administration parmi ses membres, mais qui doit obtenir l’avis favorable de la commission de Vigilance par 2/3 des voix. Les membres du CdA sont maintenant au nombre de 7 au lieu de 9, 4 sont élus par la Chambre (2) et par le Sénat (2), 2 sont nommés par le gouvernement, et 1 par l’assemblée des employés de la Rai, sur proposition des syndicats. L’ad (en charge pour 3 ans) nommera tous les chefs des services télévisés, et le CdA ne pourra pas refuser ses choix, sinon à une majorité des 2/3 (au moins 5 voix sur 7) ; il sera aussi chargé de l’embauche et de la promotion de tous les journalistes ; c’est lui qui signera les contrats jusqu’à 10 millions, et au-delà il lui faudra l’accord du CdA. L’assemblée des « dipendenti » est composée par le ministère de l’Économie et par la Siae.  On passe donc d’une Rai au service des partis à une Rai au service du gouvernement ! Un fait récent semble confirmer ce pouvoir du gouvernement  de Renzi : au concert de la saint Sylvestre à Rome devait participer la chanteuse Fiorella Mannoia, or elle a été éliminée et ne chantera pas ce soir-là, on ne sait pourquoi ; mais beaucoup soupçonnent que c’est parce que Fiorella Mannoia s’est explicitement rapprochée du M5S ! Elle a dit seulement : ce n’est pas à cause du Vatican ! Elle a reçu énormément de messages de solidarité, qui étaient en même temps hostiles à Matteo Renzi et au PD. Va-t-il falloir que l’UE mette l’Italie sous surveillance avec la Pologne ? 4) Francesco Guccini. Dans la Canzone dei dodici mesi de Francesco Guccini, on peut lire pour le mois de décembre : E mi addormento come in un letargo et je m’endors comme dans une léthargie Dicembre, alle tue porte                Décembre, à tes portes lungo i tuoi giorni con le mente spargo         le long de tes jours, je parcours en esprit tristi semi di morte.                 De tristes semences de mort. Uomini e cose lasciano per terra         Les hommes et les choses laissent sur la terre esili ombre pigre                 de fines ombres paresseuses ma nei tuoi giorni, dai profeti detti          mais dans tes jours, dits par les prophètes nasce Cristo la Tigre.                  naît Christ le Tigre. Jusqu’à présent, personne n’avait pu m’expliquer cette image du Christ comme « tigre ». Finalement on en trouve une explication dans un blog de l’écrivain Adriano Ercolani sur Il Fatto Quotidiano du 29 décembre 2015, Natale : ‘E venne Cristola Tigre’. Il commente la signification de la fête de Noël et sa valeur universelle, qui réside dans la Résurrection, et à la fin de son article, il commente quelques expressions, terminant par le « Cristo la Tigre » de Guccini. Il réfère l’expression à une poésie de Thomas Steams Eliot (1888-1965), Gerontion, de 1919 : In the iuvescence of the year En la jouvence de l’année                  Came  Christ the tiger.         Vint Christ le tigre. (Voir la poésie de T. S. Eliot et sa traduction par Pierre Leyris dans : https://fr.scribd.com/doc). 5) Le « Nu couché » de Modigliani vendu 170 millions de dollars Savez-vous que le célèbre « Nu couché » (Nudo disteso con braccia aperte ou Nudo rosso) de Amedeo Clemente Modigliani n’a mis que 9 minutes et demi pour atteindre cette somme (158,5 millions d’euros) aux enchères de la maison Christie’s à New York, le 9 novembre 2015, c’est-à-dire seulement 9 millions de moins que la peinture la plus chère, les Femmes d’Alger de Picasso. Modigliani avait peint ce tableau pendant l’hiver 1917 pour Léopold Zborowski, le marchand d’art moderne de Paris ; après être passé de main en main, il était arrivé à Turin dans la collection de Cesarina et Riccardo Gualino, passé ensuite chez Gianni Mattioli en 1949 pour 5 millions de lires et que sa fille Laura a décidé de vendre. L’acheteur semble être un magnat de Shangaï, Liu Yiqian, qui l’a donc payé le double du prix maximum prévu par Christie’s. Le tableau est réalisé par Modigliani  un an avant sa mort de tuberculose en 1920, à 35 ans ; à cette époque il aurait voulu être sculpteur, – et cela se sent dans cette « cariatide » étendue sur le dos –, mais ses poumons ne supportaient plus la poussière de marbre. Le tableau fut exposé à la Galerie Berthe Weill de Paris en décembre 1917, et sa puissance érotique provoqua une telle affluence devant la galerie, que cela poussa la police à intervenir pour faire retirer 4 nus de l’exposition. À la question de Berthe Weill sur les raisons de cette intervention policière, le commissaire répondit que c’était parce que les nus « avaient des poils » ! La protagoniste était une de ses modèles qui était aussi une mécène : il ne prenait jamais comme modèle de nu sa compagne Jeanne Hébuterne, (qui se suicida le lendemain de la mort d’Amedeo), car il ne voulait pas l’exposer nue dans des œuvres publiques, elle n’était sa muse que pour ses portraits. Les Italiens se demandent comment une telle œuvre a pu sortir des frontières du pays, et la sénatrice Michela Montevecchi (M5S) a déposé une interrogation au Sénat, car les œuvres d’art de cette valeur ont besoin d’une autorisation spéciale pour sortir du pays, et la documentation disponible à ce sujet « présente divers côtés obscurs ». Elle demande une réponse du ministre des Biens culturels Dario Franceschini et une intervention pour tenter de récupérer une œuvre de si grande qualité, si importante dans l’histoire et dans la culture de l’Italie. C’est la seule œuvre italienne à figurer dans les 10 œuvres mondiales d’une valeur de plus de 100 millions d’euros. Le maire de Livourne, la ville natale de Modigliano, s‘est joint à la demande de la sénatrice. Rappelons que Modigliani (1884-1920) est né dans une famille romaine juive, et qu’il est dès son enfance marqué par la maladie, typhoïde à 14 ans, tuberculose à 16 ans. À 18 ans il s’inscrit à l’école libre du nu de l’Académie des Beaux Arts de Florence sous la direction du peintre Giovanni Fattori, chef de file des Macchiaioli ; il part ensuite à l’Institut des Arts de Venise, et s’installe à Paris en 1906 près du Bateau-Lavoir, phalanstère pour prolétaires de Montmartre, où il s’inspire de Toulouse-Lautrec, de Cézanne, et du Picasso de la période bleue ; il découvre aussi à Paris l’art africain et cambodgien au Musée de l’Homme, d’où les yeux en amande, les bouches fines et le cou allongé de ses sculptures d’alors. Il abandonne la sculpture pour raisons de santé et commence à peindre des portraits. En 1916, il rencontre la belle Jeanne Hébuterne, étudiante de peinture et modèle, que sa famille exclut quand elle apprend sa liaison avec ce « débauché » de Modigliani. Il meurt dans la pauvreté le 24 janvier 1920, d’une méningite tuberculeuse. Et maintenant un milliardaire peut payer un de ses tableaux plus de 150 millions ! En 1917, son mécène et marchand Léopold Zborowski le payait 15 francs par jour, et il vendait parfois une œuvre pour 5 francs ou il la donnait. Après l’achat de l’œuvre, dont les médias américains ont rendu compte, plusieurs ont flouté les seins et les poils pubiens du nu ou les ont couvert d’une bande noire, manifestant le même puritanisme que le commissaire français de 1917. En 2011, les policiers d’Abou Dhabi avaient ainsi recouvert de noir les Trois Grâces de Lucas Cranach dans tous les exemplaires du Monde déposés à l’aéroport.  Amérique et Émirats du XXIe siècle comme la France de 1917 ?