Depuis la seconde guerre mondiale : 2. Où va l’Italie ? (1992-20132) - début
Préhistoire Grèce & mythologie Rome Le Moyen-Age La Renaissance L'ère Baroque jusqu'au XVIIIe siècle L'Unité italienne jusqu'en 1870 De 1870 à la seconde guerre mondiale De 1945 à 1992 De 1992 à aujourd'hui
L’Italie de 1992 à aujourd’hui  Où va l’Italie ? (début) 1) Les gouvernements italiens depuis la Xe législature : a) Xe législature (2 juillet 1987! 2 février 1992). Élections politiques : 14-06-1987. 1) Gouvernement Goria (28-07-1987!13-04-1988) = coalition DC+ PSI + PSDI + PRI +  PLI Giulio Andreotti est aux Affaires Étrangères 2) Gouvernement Cesare De Mita (13-04-1988! 22-07-1989) = coalition idem. Giulio  Andreotti est aux Affaires Étrangères 3) Gouvernement Giulio Andreotti VI (22-07-1989!12-04-1991) = coalition idem. Gianni De Michelis est aux Affaires Étrangères. 4) Gouvernement Giulio Andreotti VII (12-04-1991!24-04-1992) = coalition idem. b) XIe législature (23-04-1992! 16-01-1994) Élections politiques : 04-04-1992 1) Gouvernement Giuliano Amato (28-06-1992!28-04-1993) = coal. DC + PSI + PSDI + PLI 2) Gouvernement Carlo Azeglio Ciampi (28-04-1993!10-05-1994) = coal. Idem  c) XIIe législature (15-04-1994! 16-02-1996) Élections politiques : 27-03-1994 1) Gouvernement Berlusconi (10-05-1994!17-01-1995) = coal. FI + LN + AN +CCD +  UDC 2) Gouvernement Lamberto Dini (17-01-1995!17-05-1996) = coal. de politiques  indépendants Susanna Agnelli est aux Affaires Étrangères. d) XIIIe législature (09-05-1996! 09-03-2001) Élections politiques : 21-04-1996. 1) Gouvernement Romano Prodi (17-05-1996!21-10-1998) = coal. Ulivo + Indipendenti 2) Gouvernement Massimo D’Alema (21-10-1998!22-12-1999) = coal Ulivo + PDCI +  UDR + Indipendenti 3) Gouvernement D’Alema II (22-12-1999!25-04-2000) = coal. idem 4) Gouvernement Giuliano Amato II (25)04-2000!11-06-2001) = coal.Ulivo + PCDI +  UDEUR + Ind. e) XIVe législature (30-05-2001! 27-04-2006) Élections politiques : 13-05-2001. 1) Gouvernement Berlusconi II (11-06-2001!23-04-2005) = coal. FI + LN + AN + Ind.  avec de nombreux changements de ministres 2) Gouvernement Berlusconi III (23-04-2005! 17-05-2006) = coal. id. mais stabilité des ministres f) XVe législature (28-04-2006! 06-02-2008) Élections politiques : 09 et 10 avril 1) Gouvernement Romano Prodi (mêmes dates) = coal. DS + Ulivo + Ind. g) XVIe législature (29-04-2008!2013) Élections politiques : 13 et 14-04-2008 1) Gouvernement Berlusconi IV (08-05-2008!16-11-2011) = coal. PDL + LN + MPA 2) Gouvernement Mario Monti (16-11-2011!? 2013) = coal. techniciens non-élus. Le Centre-gauche a donc gouverné pendant la XIIIe et la XVe législatures, Berlusconi  pendant la XIVe et la XVIe législatures. Rappelons que jusqu’en 1981, les présidents du  Conseil ont toujours appartenu à la DC ; à partir de 1981, alternent des gouvernements  laïques (Giovanni Spadolini, du 28-06-1981 au 01-12-1982, puis Bettino Craxi du 04-08-    1983 au 17-04-1987) et à nouveau des gouvernements DC (Fanfani, Goria, De Mita,  Andreotti jusqu’au 02-02-1992).
2) Les Présidents de la République : Enrico De Nicola (01-07-1946!12-05-1948) = Partito Liberale Italiano Luigi Einaudi (12-05-1948!11-05-1955) = Partito Liberale Italiano Giovanni Gronchi (11-05-1955!11-05-1962) = Démocratie Chrétienne Antonio Segni (11-05-1962!06-12-1964) = Démocratie Chrétienne – Démission pour maladie Giuseppe Saragat (29-12-1964!29-12-1971) = Parti Socialiste Démocratique Italien Giovanni Leone (29-12-1971!15-06-1978) = Démocratie Chrétienne - Démission pour procès Sandro Pertini ( 09-07-1978!29-06-1985) = Parti Socialiste italien Francesco Cossiga (03-07-1985!28-04-1992) = Démocratie Chrétienne – Démission « politique » Oscar Luigi Scalfaro (28-05-1992!15-05-1999) = Démocratie Chrétienne Carlo Azeglio Ciampi (18-05-1999!15-05-2006) = Indépendant Giorgio Napolitano (15-05-2006!05-2013) = Démocrate de Gauche (DS = ex-PCI) 3) La cassure de la République ? : « Tangentopoli » en 1992. « Tangentopoli » (la ville des dessous-de-table) est le nom donné à toute l’affaire de corruption politique qui  démarre le 17 février 1992 à Milan, s’étend bientôt à toute l’Italie, et décime toute la classe politique, faisant  disparaître en premier lieu le PSI (Parti Socialiste Italien) de Bettino Craxi et la DC (Démocratie Chrétienne) de Arnaldo Forlani et Giulio Andreotti (le « CAF »). Les magistrats qui menèrent l’enquête furent le Procureur  Francesco Saverio Borrelli, Antonio Di Pietro, Ilda Bocassini, la seule du pool qui reste en activité (et qui est  procureur adjoint au Tribunal de Milan dans les procès Berlusconi), Piercamillo Davigo, Tiziana « Titti » Parenti et Gherardo Colombo : C’est le pool dit de « mani pulite » (mains propres). Le 17 mars 1992, est arrêté à Milan Mario Chiesa, responsable important du PSI, éventuel futur maire de Milan et gestionnaire d’un Institut d’État, le Pio Albergo Trivulzio ( appelé « la baggina »), destiné à recueillir des  indigents âgés. Son inculpation fait suite à une dénonciation d’un entrepreneur de Monza, Luca Magni, écrasé par les « tangenti » (il devait payer une « bustarella » de 14 millions de lires (10% du montant de l’opération)  pour s’assurer la victoire dans l’adjudication du nettoyage de l’hospice). Chiesa fut arrêté en flagrant délit alors que Magni lui remettait une valise contenant 7 millions de lires (qu’il tenta de la faire disparaître dans la cuvette des WC !) ; après un mois de réclusion, il se décida à parler et raconta comment fonctionnait en Italie le  système des dessous-de-table, ce fut le début de l’affaire. Craxi le condamne déclarant que ce n’est qu’un  « filou isolé » et que le PSI est un parti intègre. Chiesa est arrêté à nouveau en 2009 pour collecte des  « tangenti » dans la gestion des déchets de Lombardie. L’enquête « Mani pulite » aurait pu commencer en 1985 lorsque fut arrêté et condamné Antonio Natoli,  Président du Métro de Milan et « entonnoir des tangenti pour les partis au pouvoir et dans l’opposition »  (Goffredo Buccini, Corriere della Sera, 16-02-2012). Craxi le défendit et le fit élire sénateur ; le Sénat refusa de lever son immunité parlementaire : les partis étaient aux commandes et considéraient que ce rapport avec les entrepreneurs était normal. Milan était gouvernée depuis la guerre par des socialistes, à l’origine résistants et honnêtes, et le PSI y était resté tout-puissant, sous la direction de Bettino Craxi et de Paolo Pillitteri, son beau- frère, maire de la ville, qui se faisait annoncer par un porte-voix quand il se rendait au bar ... Avant les vacances de Noël 1991, il y eut à Milan une rencontre entre une centaine d’entrepreneurs et les secrétaires administratifs des partis pour se partager les « buste » (les enveloppes) : 25% à la DC, 25% au PSI, 25% aux petits partis de la majorité, 25% au PCI-PDS. Le maire de Milan, Paolo Pillitteri, est condamné à 4 ans et 6 mois, en même temps qu’un autre ancien maire  de Milan de 1976 à 1986 et ancien ministre, Carlo Tognoli. Paolo Cirino Pomicino est condamné à un an et 8  mois de réclusion pour financement illicite (affaire Enimont) ; il a été ensuite député de l’UDC. Claudio Martelli, qui avait remplacé Craxi à la tête du PSI, doit abandonner toute activité politique après sa condamnation pour avoir concouru à la banqueroute frauduleuse du Banco Ambrosiano. De nombreux autres dirigeants socialistes sont inculpés ou objet d’un mandat d’arrêt (dont, avec Claudio Martelli, Gianni De Michelis, ancien ministre).  Les principaux dirigeants de la DC (De Mita, Forlani), du PLI, de la Lega, sont aussi compromis, et va bientôt s’ouvrir le maxi-procès de Giulio Andreotti pour collaboration avec la mafia. La Fininvest de Berlusconi est aussi inculpée. Même Primo Greganti, ex-trésorier du PCI est l’objet d’une enquête, il nie toujours et n’est pas  inculpé. Quelques représentants du PDS sont inculpés. Le 7 février 1993, Silvano Larini, ami de Craxi et détenteur de ses secrets de financement, se constitue  prisonnier ; Giovanni Manzi (1), un autre collecteur de tangenti, est aussi arrêté(. Craxi est condamné, s’exile en Tunisie pour échapper à la prison et y meurt le 19 janvier 2000. Plusieurs inculpés (43, dit-on) se suicident,  dont Sergio Moroni, un jeune député socialiste, Gabriele Vagliari, ex- président de l’ ENI (son épouse restitua à l’Etat 6 milliards de lires de fonds illégaux), et Raul Gardini, président de Enimont (résultat d’une fusion entre  l’ENI publique et la Montedison, propriété privée de Gardini), du groupe Ferruzzi. (1) On lira avec intérêt le livre publié le 17 février 2012 par le Corriere della Sera sur Mani pulite ; le récit de Goffredo Buccini est consultable sur www.100news.it : Vent’anni fa cominciava Mani pulite. En même temps les élections politiques du 4 avril 1992 interviennent après la démission de Francesco Cossiga (1928-2010) de la Présidence de la République, pour protester contre certains aspects de la vie politique  italienne et souhaitant un régime présidentiel. Les partis au pouvoir perdent de nombreuses voix, la DC tombe à 29,65%, le PSI à 13,62%, le PSDI à 2, 72%, le PRI à 4,30%, le PLI à 2,86%. Même le PDS tombe à 16,10%. Les élections administratives du 6 juin 1993 confirment cet échec du « pentaparti » (DC = 18,8%, PSI = 5,6%, PSDI = 1,4%, PRI = 1,2%, PLI = 0,3%). Craxi se proposait de redevenir Président du Conseil, mais les  soupçons de « tangenti » (pour le parti et pour lui-même ou pour ses maîtresses) le lui interdisent, et c‘est  Giuliano Amato (PSI) qui est choisi, il était le seul libre de toute enquête et de tout soupçon. Marco Pannella  propose la candidature de Oscar Luigi Scalfaro (DC) à la présidence de la République, il est élu au 16e tour de scrutin. C’est un « moralisateur » qui refuse toute concession à la corruption. Des referendums modifient l’ordre institutionnel : l’un d’eux supprime 3 ministères (Tourisme et spectacles,  Agriculture, Participations d’État), un autre modifie la loi électorale (la proportionnelle intégrale qui dure depuis l’origine de la République est remplacée par un système mixte : 75% de système majoritaire à un tour et 25% de proportionnelle) ; un 3e referendum abolit le financement public des partis politiques. L’opinion manifeste sa colère contre la corruption du système politique, et son soutien aux magistrats milanais que les  politiques et la police tentent de déconsidérer ; parmi ces opposants aux magistrats, Silvio Berlusconi qui,  après l’inculpation d’un cadre de la Fininvest, demande au Giornale, dont il est propriétaire, de « tirer à boulets rouges » sur le pool milanais ; le directeur du journal, Indro Montanelli , refuse. Amato tente de dépénaliser le financement illicite des partis, malgré le refus des juges, mais Scalfaro refuse la dépénalisation, et le gouvernement doit démissionner pour laisser la place au gouvernement « technique » de Carlo Azeglio Ciampi, Gouverneur de la Banque d’Italie; 3 ministres du PCI (PDS) font partie du gouvernement, mais en démissionnent lorsque le Parlement refuse de supprimer l’immunité parlementaire de Craxi. Par ailleurs la mafia profite de la crise politique pour entreprendre une politique violente d’assassinats de ses  juges et d’attentats contre des lieux artistiques italiens (à Florence, Rome, etc.) : le 23 mai 1992, Giovanni  Falcone est assassiné à Capaci avec sa femme et ses gardes du corps ; c’est le tour de Paolo Borsellino, le 19 juillet 1992 à Palerme, assassinats ordonnés par le boss de la mafia Salvatore Riina, arrêté le 15 janvier1993 et condamné à la prison à perpétuité pour une centaine de meurtres, dont celui des 2 juges en 1992, et celui du général Dalla Chiesa en 1982. On a soupçonné Silvio Berlusconi et Marcello Dell’Utri d’avoir commandité les  attentats, pour déstabiliser le pays et accentuer le vide politique Enfin cela laisse la place à la Lega au nord et au Movimento Sociale Italiano (MSI, ex fascistes). La Ligue  conquiert Milan, Marco Formentini en est élu maire. La DC disparaît en 1994, remplacée par le PPI (Parti  Populaire italien) qui éclate en de nombreuses formations. Le PSI disparaît aussi en 1994, et se scinde en  plusieurs formations dont certaines s’allieront à Silvio Berlusconi. Celui-ci « descend sur le terrain » en 1994. Il crée un nouveau parti, Forza Italia, il gagne les élections politiques d’avril 1994 et devient chef du  gouvernement ; sous sa pression, Di Pietro démissionne le 6 décembre 1994 de la magistrature, et donc du  pool de « Mani pulite » ; il fonde bientôt son parti L’Italie des valeurs (IDV). Le 3 juillet 1992, Craxi intervient au Parlement pour avouer la corruption, et déclarer son existence pour tous  les partis italiens : « Les partis, surtout ceux qui comptent sur des appareils grands, moyens ou petits, des  journaux, des activités de propagande, de promotion et d’association, et avec eux de nombreuses structures  politiques actives, ont recours et recourent à des ressources d’appoint sous une forme irrégulière ou illégale. Si une grande partie de cette matière doit être considérée comme une matière purement criminelle, alors une  grande partie du système serait un système criminel ». Il reconnaît que le PSI a encaissé des « contributions » pour 186 milliards de lires. Le bilan réalisé 7 ans après faisait état d’une enquête qui avait porté sur 3200 personnalités, avait demandé  2575 renvois en jugement et avait obtenu 577 condamnations, dont 183 passées en jugement. La police  économique (la Guardia di Finanza) avait établi des délits fiscaux liés à «  Tangentopoli » pour un montant de 3609 milliards de lires : le système de corruption était généralisé en Italie, pour enrichissement et « bustarelle » (les enveloppes) remises aux dirigeants politiques par les entrepreneurs. Ce sont les chiffres officiels, mais les magistrats reconnaissent eux-mêmes qu’une partie importante des coupables n’a pas pu être punie et a  remplacé la partie éliminée dans l’exercice du pouvoir : Silvio Berlusconi, ami et protégé de Bettino Craxi,  prendra bientôt la place de celui-ci à la tête du gouvernement. On peut en conclure que « Mani pulite » n’a fait qu’une moitié de l’enquête, celle qui concernait la DC et le PSI... En 2000, sur 2575 inculpés à Milan, 4  seulement seront placé en détention suite à des condamnations définitives : lenteur de la justice, pressions  politiques et prescription ont fait leur œuvre. Vingt ans après «  Mani pulite », la corruption n’a fait que  reprendre et augmenter, sous les auspices de Silvio Berlusconi. Et il a fallu un nouveau gouvernement  « technique », celui de Mario Monti, parallèle à ceux de Giuliano Amato et surtout de Carlo Azeglio Ciampi pour tenter de freiner la dégradation financière, politique et morale, et de donner une autre image internationale à  l’Italie.
4) Qui est Silvio Berlusconi ? Silvio Berlusconi vient d’un milieu relativement modeste : sa mère est femme au foyer, son père employé d’une banque, dont il deviendra un des directeurs, puis le directeur, titulaire de la signature. Quelle banque ? Celle du comte Carlo Rasini, nom peu connu en France, mais qui va jouer un rôle central dans la vie et la carrière de  Silvio Berlusconi. Il était entre autres l’ami du mari de la nièce préférée de Tommaso Buscetta, le grand boss  mafieux repenti. Après avoir fait ses études secondaires chez les pères Salésiens de Milan, Berlusconi a entrepris des études de droit à Milan, et parallèlement, il exerce divers petits métiers (représentant d’aspirateurs) pour avoir un peu d’argent ; en particulier, il chante dans les bars, les restaurants, les croisières, avec un petit groupe d’amis,  dont Fedele Confalonieri. En mars 1965, il se marie avec Carla Elvira dall’Oglio, dont il aura 2 enfants, Maria  Elvira appelée Marina (1966) et Pier Silvio (1969). Il fonde avec un autre client de la banque Rasini la Cantieri Riuniti Milanesi srl, et acquiert un premier terrain pour 190 millions (Via Alciati). Mais ce qui va compter, c’est moins la personne de Berlusconi que le système qu’il met en place et dont il est le représentant et l’image. Et puis, d’un coup, alors qu’il n’a aucune fortune personnelle ou familiale, il devient industriel, fonde des  entreprises (la Edilnord Sas en 1962, liquidée en 1968 et remplacée par la Edilnord Centri Residenziali, gérée par une cousine de Berlusconi et un groupe financier suisse inconnu qui fournit les capitaux pour Milan 2, et  devient le constructeur de tout un quartier nouveau de Milan, Milano 2 (sur un terrain acheté par la Edilnord  C.R. en 1968 à Segrate, périphérie Est de Milan, sur le modèle des ensembles résidentiels hollandais) avant  de se lancer dans les investissements audiovisuels, de créer la Fininvest, et de devenir une des plus grandes fortunes d’Italie (Voir le bilan de sa fortune personnelle, estimée à 6 milliards d’euros sur Il Sole 24 Ore du 03 mai 2009). Alors, « où a-t-il pris l’argent ? », se demandent Elio Veltri et Marco Travaglio au début de leur livre, publié en 2001 aux Editori Riuniti, L’odore dei soldi (L’odeur des sous). Quelle est l’origine de la fortune de  Berlusconi ? Lorsqu’il va arriver aux affaires, le père de Silvio, Luigi Berlusconi, d’abord employé, est devenu directeur de la banque Rasini. C’est une petite banque milanaise qui a un guichet unique à Milan, créée au début des années ’50 par le comte Carlo Rasini, une riche famille noble de Milan, et le palermitain Giuseppe Azzaretto (mari de la nièce du Pape Pie XII, 1876-1958), qui est l’homme de confiance de Giulio Andreotti en Sicile : capitaux  milanais et siciliens d’une valeur de 100 millions de lires. En 1970, la banque acquiert une part de la Brittener Anstalt, société de Nassau, dans le conseil d’administration de laquelle figurent des noms qui deviendront  connus, Roberto Calvi, Licio Gelli, Michele Sindona, Mgr Marcinkus. En 1973, la banque devient une S.p.a., et son contrôle passe aux Azzaretto, avec la participation de l’avocat Mario Ungaro, ami de Sindona et d’Andreotti (la baronne Maria Cordopatri, cliente de la banque, révéla que Giulio Andreotti était le véritable patron de la  banque, sous le couvert de Azzaretto...). Andreotti était un grand ami des Azzaretto, chez qui il passait une  partie de ses vacances, dans leur villa de la Côte d’Azur ; Giuseppe Azzaretto était Commandeur du Saint  Sépulcre et Chevalier de l‘Ordre de Malte. Probablement par méfiance envers les Azzaretto, Carlo Rasini quitte totalement la banque, malgré son  excellente situation financière. Sous la direction générale d’Antonio Secchione, la banque multiplie sa richesse, passant de un milliard de lires en 1974 à 40 milliards en 1984 (Sur les rapports de la banque Rasini avec  Berlusconi, voir le site : altriabusi.wordpress.com/2009/10/02 : le nostre 7 domande al clown mascherato). Mais ce qui a fait remarquer cette “ petite “banque, c’est que les investigations, confirmées par les déclarations de Michele Sindona(2) en 1985, ont pu découvrir qu’elle était le lieu de recyclage à Milan de l’argent sale de la mafia sicilienne. Il se trouve que parmi ses clients, la banque a en effet quelques grands chefs de la mafia,  Antonio Virgilio, Robertino Enea, Luigi Monti, liés à Vittorio Mangano, Pippo Calò, Salvatore Riina, Bernardo  Provenzano, en même temps que l’entrepreneur Silvio Berlusconi, dont la banque Rasini fut la première source de financement. Silvio et son frère Paolo avaient un compte à la banque Rasini, ainsi que de nombreuses  sociétés suisses qui possédaient une partie de l’Edilnord SAS, la première société immobilière de Berlusconi, fondée en 1962, avec l’aide d’une banque suisse mystérieuse dont on n’a jamais connu les propriétaires.  (2) Michele Sindona, né près de Messine en 1920, après avoir passé une licence de Droit, ouvre une étude de consultation fiscale à Milan, et il devient vite un  avocat recherché dans les milieux d’affaires italiens et internationaux (il reçoit le  titre de “ l’homme de l’année 1973 “  des mains de John Volpe, (ambassadeur des  USA en Italie). En 1970, la banque Rasini reçoit du capital d’une société financière des Bahamas, qui a, entre autres administrateurs, Michele Sindona, Licio Gelli,  Roberto Calvi et Mgr Marcinkus, gestionnaire de la Banque du Vatican, l’IOR (Institut des Oeuvres de Religion) ; ils disposeraient d’une liste de 500 exportateurs  clandestins de devises (que l’on ne connaîtra jamais !) et de la liste des 962 membres de la Loge P2 (dont Silvio Berlusconi était membre depuis 1978, après avoir  payéune cotisation de 100.000 lires). En 1974, Sindona est l’objet d’un mandat d’arrêt pour faux en comptabilité, puis faillite frauduleuse, il s’enfuit aux USA, où il est  arrêté, puis libéré contre une caution d’un demi milliard de lires. Il est extradé des USA en septembre 1984, condamné pour l’assassinat de Giorgio Ambrosoli en  mars 1986, et meurt empoisonné au cyanure 2 jours après : officiellement, suicide. Suicide ou homicide ? Sindona savait trop de choses !  En 1974, est fondée la société « Immobiliare San Martino », administrée par Marcello Dell’Utri, ainsi que de  nombreuses holdings, gérées par des prête-noms et qui constituent en réalité la Fininvest de Berlusconi. C’est aussi la banque Rasini qui géra une partie du passage de près de 300 millions d’euros à la Fininvest, le groupe financier de télévision de Berlusconi, entre 1978 et 1983. The Economist, dans son numéro du 26 avril 2001  (consultable sur Internet), a montré que Berlusconi avait fait, par l’intermédiaire de la même banque, nombre  de transactions illégales : il a enregistré à la banque 23 holdings comme magasins de coiffeur et d’esthéticien. C’est pourquoi les archives de la banque avaient été saisies par la Justice en 1998. La banque fut donc un des lieux de recyclage de l’argent sale de la mafia, mais aussi le premier financier de Berlusconi, client de la  banque. Lorsque, en 1983, la police lance l’«  Opération San Valentino » contre les représentants de la mafia à Milan, de nombreux clients de la banque Rasini sont arrêtés, avec le directeur Antonio Vecchione. La banque fut alors cédée à Nino Rovelli, un industriel de la chimie, qui ne fut apparemment que la couverture officielle  d’autres propriétaires restés inconnus : ce fut l’homme qui versa 2 milliards de lires à Andreotti, selon le  journaliste Mino Pecorelli, dans un article, « Les chèques du Président », jamais publié car Mino Pecorelli fut  mystérieusement assassiné 2 jours après l’avoir écrit... Or c’est le moment où les grands boss de la mafia ont décidé de transférer leurs finances de la Sicile à Milan, et des activités illégales aux investissements immobiliers. Les grandes rues de Milan étaient plus sûres pour  eux et plus rentables que les sentiers de la campagne sicilienne. C’était aussi le moment où on commence à  parler de télévisions libres, en particulier en Sicile, où Berlusconi en possède déjà 2, et à Milan où il en  possède déjà une. Mais la question est toujours la même : où Berlusconi a-t-il trouvé l’argent ? On sait qu’il a trempé dans toutes les opérations les plus louches de l’époque, croisé la loge P2, des personnalités comme  Licio Gelli, Michele Sindona, les hommes de la DC compromis dans les affaires de dessous de table (Flaminio Piccoli dès les années ’70 : la DC aurait reçu 2 milliards de lires de Sindona en 1974, au moment du  referendum sur le divorce) ; mais surtout il est probable (mais non prouvé juridiquement) que ses premiers  financements viennent de l’argent de la mafia placé dans la banque Rasini. Il a toujours refusé de s’expliquer  sur ce point. C’est à Carlo Rasini qu’il doit d’avoir pu acheter son premier terrain à Milan ; c’est encore Carlo  Rasini qui est investisseur dans la société Edilnord, avec un comptable venu d’une mystérieuse société suisse : c’est cette société qui achète le terrain sur lequel il construit ensuite Milan 2. Un autre ami, Cesare Previti, lui permet d’acheter à un prix de faveur (500 millions de lires) son immense  propriété de la villa Casati Stampa à Arcore, avec ses intérieurs du XVIe siècle, ses tableaux de maîtres, son parc d’un million de m2, ses terrains de tennis, son manège d’équitation, ses écuries, ses piscines. Annamaria Casati Stampa est l’héritière mineure et orpheline d’une grande famille noble milanaise, dont le tuteur est  l’avocat Cesare Previti, ami de Berlusconi, et fils d’un des prête-noms des sociétés de la Fininvest. La jeune  fille est payée en actions de sociétés immobilières que Berlusconi et Previti lui rachètent pour la moitié du  montant initialement convenu, affaire embarrassante... En 1975, est créée la société Fininvest, après l’ouverture en 1974 d’une télévision par câble, qui deviendra  Canale 5. La Fininvest deviendra le second groupe privé italien, avec un personnel de plus de 40.000  employés. Berlusconi est nommé « Cavaliere del Lavoro » en 1977 (sur proposition de qui ?), et rachète une participation dans le quotidien Il Giornale, fondé en 1974 par le journaliste Indro Montanelli, et dont il rembourse le déficit.  Entre 1978 et 1983, il reçoit d’une provenance inconnue la somme de 500 milliards de lires dont 15 milliards  serviront à capitaliser les 24 puis 37 holdings qui constituent Fininvest. Parallèlement et en contact étroit avec lui, c’est le moment où Bettino Craxi accroît son pouvoir dans le PSI. La société publicitaire Publitalia est  fondée en 1983 avec Marcello Dell’Utri. Entre 1979 et 1990, Berlusconi réalise à Basiglio un autre ensemble  résidentiel, Milano 3, un centre commercial, Il Girasole à Lacchiarella (province de Milan) et un village  résidentiel, Costa turchese, au sud d’Olbia en Sardaigne. Par ailleurs il aura depuis le début le soutien de l’Église catholique, du Vatican (Voir le livre-enquête de  Ferruccio Pinotti et Udo Gümpel, L’unto del Signore, BUR, juin 2011, 12,50!). Berlusconi rencontre le pape un mois après son investiture de 2008, avec Mgr Tarcisio Bertone, Secrétaire d’État du Vatican, et Gianni Letta,  principal ami politique et conseiller de Berlusconi et Gentilhomme de Sa Sainteté nommé par Benoît XVI en  2008, dont on a dit qu’il était le seul capable de parler avec les 3 principales forces du pays, la franc -  maçonnerie au Nord, le Vatican au Centre et la mafia au Sud (Cf. Les Échos du 25 mars 2010). Lors de cette rencontre il semble qu’ait été passé un « nouveau concordat» entre l’État et l’Église, dont chacun bénéficiera : le cardinal Silvio Oddi, Préfet de la Congrégation pour le Clergé a absous Berlusconi du péché de son premier divorce, avec l’accord du cardinal Ruini; le clergé bénéficie de clauses particulières pour l’autorisation d’  interceptions téléphoniques : par décret du 30 juin 2008, un prêtre ne peut pas être intercepté sans que son  évêque soit prévenu, un évêque ne peut pas être intercepté sans que soit informé le secrétaire d’État du  Vatican (Cf. La Repubblica, 3 octobre 2011). Il faudra que les frasques morales de Berlusconi fassent trop de scandale et qu’il soit poursuivi pour encouragement à la prostitution de mineures, pour que le Vatican prenne ses distances avec lui. Il rencontre en 1980 la jeune actrice Miriam Bartolini (Veronica Lario de son nom d’actrice). Il en a une  première fille en 1984, Barbara, dont le parrain est Bettino Craxi. Il aura de Veronica 2 autres enfants, Eleonora en 1986 et Luigi en 1988. Il divorce de Carla Dall’Oglio en 1985, épouse Veronica en 1990 ; le mariage est  célébré par Paolo Pillitteri, maire de Milan, et ses témoins sont Bettino Craxi et sa femme Anna, avec Fedele  Confalonieri et Gianni Letta. Suite aux frasques sexuelles de Berlusconi, Veronica demande le divorce ; il est  prononcé en décembre 2012, et le Tribunal attribue à Veronica une pension de 100.000 (cent mille) euros par jour, en plus de quelques immeubles, le partage de la Fininvest restant à régler ! Lorsque est découverte la liste de la P2, qui fait un scandale en Italie, étant donné la quantité de personnalités politiques, économiques, militaires, etc. qui y figurent, on ne sait pas pourquoi Berlusconi n’est pas inquiété,  bien que le rapport de la commission d’enquêtes remarque « que lui et d’autres opérateurs y trouvent des  appuis et des financements au-delà de toute crédibilité financière ». En 1982 et 1984, il rachète 2 chaînes de télévision, Italia 1 et Rete 4, et diffuse illégalement sur ses 3 chaînes, à Turin, Pescara et Rome, les mêmes programmes sur tout le territoire national, ce qu’interdit la loi sur les  télévisions privées. Les juges interviennent, mais Craxi, alors Président du Conseil, fait voter un décret pour  légaliser cette situation, il est adopté en 1985. Banco ambrosiano : banque catholique créée en 1896 par Mgr Tovini, en référence à St Ambroise. Roberto Calvi en devint secrétaire  général en 1975. Elle contrôlait la Banca Cattolica del Veneto. Elle finança aussi bien le PCI de Berlinguer que le PSI de Craxi, le dictateur  Somoza au Nicaragua que Solidarnosc. Elle était liée à la mafia et à la Banque du Vatican (qui était l’actionnaire majoritaire), l’IOR, ainsi  qu’à Michele Sindona. Une faillite retentissante provoqua une enquête et un procès retentissant où apparurent la Loge P2. Le juge Emilio  Ambrosoli fut assassiné. L’affaire Clearstream serait liée à la banque , ainsi que la mort du pape Jean-Paul 1er, qui était le président de la  Banca Cattolica del Veneto, que Marcinkus avait cherché à intégrer dans l’IOR sans en avertir les responsables de la banque.  Roberto  Calvi  (1920-1982) : Homme   d’affaires responsable du Banco Abrosiano, qui laissa un déficit de 1,4 milliards de dollars  dans la caise. Retrouvé pendu sous un pont de Londres (assassiné par la mafia ?).  Paolo Casimir Marcinkus (1922-2006) : prélat américain, ami de Paul VI puis de Jean-Paul II, consacré archevêque en 1969. Devient  président de l’IOR, et a une grande responsabilité dans la faillite du Banco Ambrosiano et dans la mort de Jean-Paul I. « On ne gouverne  pas l’Église avec des Ave Maria », disait - il.  Licio Gelli (1919- ) : ancien militant fasciste, arrêté et condamné en 1945. Adhère à la Loge du Grand Orient en 1965 et devient le chef de la  Loge Propaganda 2. Il fut un des meilleurs soutiens de Berlusconi, et reste lié à tous les grands scandales de la vie italienne. Condamné  en 1990. Berlusconi achète et devient président du Milan AC en 1986. Il achète la Standa en 1988. En 1990 est adoptée définitivement la loi Mammì proposée par le gouvernement De Mita qui fige le duopole RAI / Fininvest sans  imposer aucune règle précise à Berlusconi, qui peut donc garder tranquillement toutes ses chaînes, en même temps que la société Mondadori arrachée à De Benedetti dans un grand procès qui se conclut en sa faveur,  grâce aux « tangenti » (400 millions de lires) versées au juge Vittorio Metta par son avocat, Cesare Previti, et s’empare ainsi de plusieurs grands journaux et hebdomadaires, La Repubblica, L’Espresso, Panorama, Epoca et 13 journaux locaux. Une médiation politique obligera Berlusconi à restituer à De Benedetti La Repubblica et L’Espresso. Previti et le juge sont condamnés, et le 9 juillet 2011, la seconde section civile de la Cour d’Appel de Milan condamne la Fininvest à verser 560 millions d’euros à De Benedetti pour les pertes subies dans le  procès précédent.  (voir la suite...) Jean Guichard
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