Storia dei popoli d’Italia e canzone (suite 4)
4) Au-delà de la mythologie grecque, l’Italie préromaine dans la chanson dialectale
Enfin, en-dehors de la mythologie grecque, il faudrait chercher dans la chanson dialectale les traces de cette Italie préromaine. Une région du sud est significative de ce
que nous cherchons, la Sardaigne, dont Alan Lomax (1915-2002) faisait déjà l’hypothèse que c’était un héritage de la polyvocalité la plus ancienne d’Europe,
témoignage le plus riche de la préhistoire (Nuove ipotesi sul canto folcloristico italiano, Nuovi argomenti, n° 17-18, Rome, 1955-56). C’est aussi une expression vocale
proclamée comme Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO ; cela est dû en particulier à l’isolement historique de la culture sarde qui reste donc plus proche de ses
origines lointaines. La voix humaine rejoint le cri d’un animal familier des sardes, le mouton, comme dans ce Lamentu des Tenores di Bitti (1995- ), c’est un « canto a
tenores » de 4 voix dont la voix la plus gutturale reprend le cri du mouton, par une vibration particulière des cordes vocales ; cette musique « primitive » apparaît en
même temps d’une grande modernité, tellement qu’un chanteur comme Peter Gabriel (1950, Angleterre, fondateur du groupe de rock Genesis) a participé à un disque
des Tenores di Bitti :
Lamentu
(Tenores di Bitti
S’amore ‘e mama
1996)
Le texte est une lamentation pour de jeunes sardes mis en prison pour un crime dont il se révèle ensuite que ce n’est pas eux qui l’ont commis. Une autre chanson est
aussi riche et proche du chant sarde traditionnel, même reprise par une voix de chanteuse professionnelle comme Elena Ledda (1959- ) et des instrumentistes
professionnels ; c’est une berceuse, comme celles que de tous temps les mères ou les grands-mères chantaient aux bébés pour les faire dormir en les berçant, un des
chants primordiaux de la vie quotidienne de tous les peuples.
ANNINNIA
(NINNA NANNA)
(Testo tradizionale
(Traduzione italiana : Gabriella Ledda)
Musica : Elena Ledda, Mauro Palmas
Sonos, 1993)
Anninnia Anninnoi
Anninnia Anninnoi
Dodo, dodo
Anninnio Anninnoi
Anninnia Anninnoi
Dodo, dodo
su chi ti cantu oi
Quel che io oggi ti canto
Ce qu’aujourd’hui je te chante
uno di as’a cantai
un giorno tu canterai
Un jour tu le chanteras
S’Anninnia de Giocundu
La ninnananna di Giocondo
C’est la berceuse de Giocondo
o cantai m’iada praxi
mi piacerebbe cantare
que j’aimerais chanter
cantu bellu iadessi su mundu.
Quanto sarebbe bello il Mondo Comme le Monde serait beau
Chi ci fessid amori e paxi.
se vi regnassero amore e pace. Si l’amour et la paix y régnaient.
(Mauro Palmas : mandola, chitarra ; Riccardo Lay : controbbasso ; Pietro Sala : percussioni ; Sandro Satta : sax).
Et puis il faudrait écouter les chants des Ladins du nord-est, des Albanais du sud, etc. et on s’apercevrait dans toutes les régions de la vitalité de ce patrimoine
historique. Nous sommes les héritiers de ces êtres de la préhistoire.
Terminons ce chapitre par quelques chants de Naples, une des sources de la chanson dans toute l’Italie. On sait par les légendes que la musique a toujours été centrale
à Naples, depuis la présence de sirènes dont la tradition dit que c’est l’une d’elles qui aurait fondé la ville, Parthénopé, et on parle encore de « civilisation
parthénopéenne ». De nombreux chanteurs et groupes maintiennent en vie cette tradition. Écoutons ce « Jesce sole » datant du moyen-âge (probablement de l’époque
de Frédéric II (1194-1250), au début du XIIIe s.), mais qui semble reprendre une invocation primitive au soleil créateur de la vie :
Jesce sole
Sors, Soleil
(Traditionnel.
Nuova Compagnia di Canto Popolare
1979)
Jesce, jesce sole
Sors, sors, Soleil,
scagliente ‘mperatore,
empereur de chaleur
scanniello mio d’argiento
mon médaillon d’argent
che vale quattuciento ;
qui vaut quatre cents ;
ciento cinquanta
cent cinquante
tutta la notte canta
toute la nuit chante
canta Viola, lu masto de scola.
chante la Violette, le maître d’école
Masto masto,
Maître, maître
mannancenne priesto
envoie-nous en vite
ca scenne masto Tieste
car maître Thieste descend
cu’ lanza e cu’ spada
avec sa lance et son épée
cu l’auciello accumpagnato.
accompagné d’un oiseau.
Sona sona zampugnella
Joue, joue petite cornemuse
ca t’accatto la gonnella,
que j’attrape ta petite jupe
la gonnella de scarlato :
ta petite jupe écarlate ;
si nun suone te rompo la capa.
si tu ne joues pas je te brise la tête.
Nun chiovere
Pas de pluie
nun chiovere
pas de pluie
ca aggia ire a movere
car je dois aller retourner
a movere lu grano
retourner le blé
de masto Giuliano.
de Maître Julien.
Masto Giuliano
Maître Julien
manname ‘na lanza
envoie-moi une lance
ca aggia ire in Franza
car je dois aller en France
da Franza a Lombardia
de France en Lombardie
dove stà madama Lucia.
où se trouve Madame Lucie
Nun chiovere,
Pas de pluie
nun chiovere,
pas de pluie,
jesce jesce sole.
sors, sors, Soleil.
Et n’oublions pas que Francesco Guccini, consacrant une chanson à sa fille Teresa, rappelle ses origines anciennes « longobardes, celtes et romaines » :
CULODRITTO
(Francesco Guccini
Signora Bovary
EMI, 1987)
Ma come vorrei avere i tuoi occhi,
Mais comme je voudrais avoir tes yeux
spalancati sul mondo come carte assorbenti
grands ouverts sur le monde comme des papiers buvards
e le tue risate pulite e piene, quasi senza rimorsi
et tes rires propres et pleins, presque sans remords
o pentimenti,
ou repentirs,
ma come vorrei avere da guardare
mais comme je voudrais avoir à regarder
ancora tutto, come i libri da sfogliare
encore tout, comme les livres à feuilleter
e avere ancora tutto, o quasi tutto, da provare,
et avoir encore tout, ou presque tout, à essayer,
Culodritto, che vai via sicura,
Culodritto, toi qui vas avec assurance
trasformando dal vivo cromosomi corsari,
en transformant en direct tes chromosomes corsaires
di longobardi, di celti e romani dell’antica pianura, de longobards, de celtes et de romains de l’ancienne plaine,
di montanari,
de montagnards,
reginetta dei telecomandi,
petite reine des télécommandes,
di gnosi assolute che asserisci e domandi,
de gnoses absolues que tu affirmes et que tu demandes
di sospetto e di fede nel mondo curioso dei grandi,
de suspicion et de confiance dans le monde curieux des grands,
anche se non avrai
même si tu n’as pas
le mie risse terrose di campi cortili e di strade,
mes bagarres dans la terre des champs, des cours et des routes
e non saprai
et si tu ne sais pas
che sapore ha il sapore dell’uva rubata a un filare,
quelle saveur est celle du raisin volé dans une vigne,
presto ti accorgerai
bientôt tu t’apercevras
com’è facile farsi un inutile software di scienza
comme c’est facile d’assimiler un inutile software de science
e vedrai
et tu verras
che confuso problema è adoprare la propria esperienza.
quel problème confus c’est d’employer sa propre expérience.
Culodritto, cosa vuoi che ti dica ?
Culodritto, que veux-tu que je te dise ?
Solo che costa sempre fatica
Seulement que ça coûte toujours de la peine
e che il vivere è sempre quello, ma è storia antica.
Et que vivre, c’est toujours ça, mais c’est de l’histoire ancienne
….
….
Guccini explique que « andare via col culo diritto » est une expression de la plaine du Pô qui indique quelqu’un qui s’en va gonflé d’orgueil et vexé, comme cela arrive
assez souvent aux enfants qui s’estiment victimes d’injustices (Cf. Francesco Guccini, Stagioni, Einaudi, 2000, pp. 186-7).
II. -Rome monarchique, Rome républicaine, Rome impériale (Roma monarchica, Roma repubblicana, Roma imperiale)
On ne dispose pratiquement d’aucun document sur la musique et le chant que pratiquaient les Romains ; on sait pourtant qu’ils chantaient, et du moins au début qu’ils
psalmodiaient leurs poésies et leurs pièces de théâtre. Mais c’est surtout à partir du moment où ils entrent en contact avec les Grecs que leur chant se développe. On
en a beaucoup de témoignages littéraires, on sait que Néron (37-68) se produisait en chantant à Naples ; il faudrait aussi se référer à la mythologie grecque : c’est à
proximité de l’Italie qu’Ulysse rencontre les sirènes, dont l’une, Parthénopé (= celle qui a une voix de jeune fille), serait la fondatrice et la protectrice de Neapolis, qui en
garde un vif souvenir, et montre même dans l’église San Giovanni Maggiore la plaque de son tombeau. Mais la littérature ne remplace pas les partitions et les
enregistrements.
Probablement le peuple chantait, comme maintenant, mais on n’en a aucune trace. Comme le souligne Mary Beard (1955- ) dans son excellente histoire de Rome
(S.P.Q.R., Histoire de l’ancienne Rome, Perrin, 2015), on dépend des auteurs anciens qui écrivaient leur histoire de Rome à partir des écrits des « grands » hommes,
de Scipion l’Émilien (185-129 av.J.C.) à Sylla (138-78 av.J.C.), « Ce qui nous manque, c’est le point de vue de ceux qui ne faisaient pas partie de ce groupe de
personnalités hors du commun : les soldats ou électeurs ordinaires, ou encore les femmes – si on excepte les nombreuses fictions qui entourent la figure de Spartacus
– et les esclaves (…) Tous restent dans l’ombre, ou, au mieux, jouent les petits rôles (…). Nous ignorons dans quelle mesure le grand nombre continuait de mener une
existence plus ou moins ordinaire, pendant que ceux qui occupaient le sommet du pouvoir combattaient à la tête de leurs légions. Ou bien ne faut-il pas plutôt penser
que la violence et la désagrégation de l’ordre civil accablaient la plupart du temps la plus grande partie de la population ? » (pp. 253-254).
Référons-nous donc à un témoignage plus récent ; il ne nous donnera aucune idée de la musique romaine, mais de ce qu’écrivaient des hommes, qui étaient hors du «
sommet » et souvent réprimés par ce sommet : Horace (Quintus Horatius Flaccus, 65-08 av.J.C.) était fils d’un esclave affranchi et Ovide (Publius Ovidius Naso, 43
av.J.C.-17 apr.J.C.) fut relégué par l’empereur Auguste, qui ne l’aimait pas, sur les bords de la Mer Noire, Properce (Sextus Propertius, 47-16 av.J.C.) était un protégé
de Mécène (70-08 av.J.C.), mais ses propriétés furent confisquées au moment de la distribution des terres aux vétérans de la légion, Juvénal (Decimus Junius
Juvenalis, vers 60-vers 130 apr.J.C.) était aussi fils d’affranchi enrichi, mais disgracié par l’empereur Hadrien (76-138) ; tous ceux-là étaient des observateurs et des
critiques de la vie romaine, d’un point de vue plus populaire ; Caton (234-149 av.J.C.) et l’empereur Marc-Aurèle (121-180) étaient au contraire des hommes politiques
très connus ; Gaius Lucillus (148-102 av. J.C.) fut un poète, ami influent des Scipion, mais qui resta toujours loin de la vie politique romaine.
Traduction du texte latin d’Ovide
Où courez-vous, malheureux ? pourquoi armer vos mains criminelles de ces épées remises naguère dans le fourreau ? Trouvez-vous donc que, sur les champs de
bataille, sur la mer, ait été répandu trop peu de sang latin ? Et pourquoi ? pour que le soldat romain brûlât les superbes tours de notre rivale Carthage ; pour que le
Breton, encore à l'abri de nos armes, descendît, chargé de fers, la voie Sacrée ? Non : pour qu'exauçant les vœux des Parthes, cette ville s'immolât de sa propre main.
Mais jamais les loups, les lions n'ont montré contre leur espèce tant de cruauté. Qui vous pousse ? Est-ce fureur aveugle, entraînement fatal, crime à expier ?...
répondez !... Ils gardent le silence ; la pâleur blanchit leurs fronts ; leurs âmes semblent interdites. C’est donc vrai ? c'est le courroux du destin qui poursuit sur les
Romains le châtiment d'un fratricide, du jour où a coulé sur la terre, pour la malédiction de ses neveux, le sang innocent de Rémus ?.
Virgilio Savona (1919-2009) a choisi et traduit ces textes avec des spécialistes de la littérature latine, et les a adaptés à être des chansons, mais en respectant
strictement le sens général du passage choisi. Quelle vision de la société romaine ressort de ces chansons ?
D’abord une société qui pratique constamment la guerre, c’est le thème qui donne son titre à la réédition du disque : Dove andate ?, demande Horace, vous qui,
depuis le meurtre de Remus, dégainez toujours vos épées et qui assassinez vos semblables comme ne le font jamais les loups et les lions. Et il est vrai que l’empire
romain s’est construit dans la guerre et la violence.
Vous appelez à la guerre comme Hannibal (247-183 av.J.C.) le faisait, voulant conquérir l’Espagne et l’Italie jusqu’au Trastevere (È già nostro nemico, de Caton, Prova
a pesare Annibale, de Juvénal) ; et pourtant, demande Juvénal, que pèse Hannibal maintenant qu’il est réduit en cendres
Dove Andate
(Testo e musica : A. Virgilio Savona
da Quinto Orazio Flacco (Epodo VII°)
Interprete : Giorgio Gaber
Sexus et Politica
edizione 1970 - Vedette
Edizioni Sciascia, 1981 : Dove andate ?
Duck Record– 2003)
Dove dove andate
Où allez-vous donc
e perché le vostre spade
et pourquoi vos épées
sono state sguainate
ont-elles été dégaînées
se nel fodero eran già riposte
si elles étaient déjà remises dans leur fourreau ?
Voi credete che sia stato poco
Vous croyez que cela a été peu de choses
il sangue versato in terra ed in mare
le sang versé sur terre et sur mer
per trascinare il nemico in catene
pour traîner un ennemi enchaîné
e per causare le vostre rovine
et pour causer vos ruines ?
Nemmeno i lupi nemmeno i leoni
Même les loups, même les lions
infieriscono sugli animali
ne s’acharnent pas sur les animaux
della loro stessa specie.
de la même espèce.
Che cos’è che spinge voi
Qu’est-ce qui vous pousse
che cos’è che vi trascina
qu’est-ce qui vous entraîne
a placare il desiderio
à apaiser votre désir
della violenza ?
de violence ?
Nessuno viene a darmi risposta
Personne ne vient me répondre,
nessuno può sul suo viso
personne ne peut sur son visage
nascondere la paura.
cacher sa peur.
Siete spinti da un tragico destino
Vous êtes poussés par un destin tragique
e i fratelli uccidono i fratelli
et les frères tuent les frères
fin da quando la terra fu macchiata
depuis que le terre fut tachée
dal sangue di Remo.
par le sang de Remus.
Dove dove andate
Où allez-vous donc
e perché le vostre spade
et pourquoi vos épées ont-elles été dégainées
sono state sguainate
ont-elles été dégainées
se nel fodero eran già riposte
si elles étaient déjà remises dans leur fourreau
Voi le avevate soltanto nascoste.
Vous n’aviez fait que les cacher.
La violence et la guerre sont donc la pratique commune des Romains depuis Remus, c’est-à-dire depuis les origines légendaires de la ville. Le dernier vers n’existe pas
chez Horace, il est ajouté par Savona.
Prova a Pesare Annibale
(Testo e musica : A. Virgilio Savona
da Decimo Giunio Giovenale (Satira X)
Interprete : Giorgio Gaber
Sexus et Politica
Prima edizione 1970 - Vedette
Edizioni Sciascia, 1981: Dove andate ?
Duck Record– 2003)
Prova a pesare Annibale ora che è solo cenere
e dimmi quanti grammi la stadera segnerà
prova a pesare Annibale e tu ti accorgerai
Essaie de peser Hannibal maintenant qu’il n’est plus que cendres
di un grande generale cos’è rimasto ormai
et dis-moi combien de grammes marquera la balance
Eppure l’Africa non gli bastava
essaie de peser Hannibal et tu t’apercevras
dal mare oceano fino all’Egitto
de ce qui est resté d’un grand général.
sanniti e siculi lucani e bruzi
Et pourtant l’Afrique ne lui suffisait pas
travolgere in un conflitto.
de la mer océane jusqu’à l’Égypte
Volle raggiungere anche la Spagna
ni d’emporter dans un conflit
e scavalcare seppe i Pirenei
Samnites et Sicules, Lucaniens et Bruces
infranse rupi disgregò montagne
Il voulut atteindre aussi l’Espagne
entrò nel novero dei semidei.
et il sut chevaucher les Pyrénées
Ma oggi prova a pesare Annibale il brisa des roches, désagrégea des montagnes
ora che è solo cenere
il entra au nombre des demi-dieux.
e dimmi quanti grammi la stadera segnerà
Mais aujourd’hui essaie de peser Hannibal
prova a pesare Annibale e tu ti accorgerai
……..
di un grande generale cos’è rimasto ormai.
Se già teneva l’Italia succube
S’il tenait déjà l’Italie sous lui
non gli bastava quella condizione
cette condition ne lui suffisait pas
voleva giungere fino a Trastevere
il voulait arriver jusqu’au Tibre
con acrobatica penetrazione.
dans une pénétration acrobatique.
Anche se aveva un occhio inutile
Même s’il avait un œil inutile
terrorizzava i ricchi ed i plebei
il terrorisait les riches et les plébéiens
e cavalcando sopra un elefante
et en chevauchant sur un éléphant
lui se ne andava a caccia di trofei.
il s’en allait en chasse de trophées.
Ma oggi prova a pesare Annibale ora che è solo cenere Mais aujourd’hui essaie ……
e dimmi quanti grammi la stadera segnerà
prova a pesare Annibale e tu ti accorgerai
di un grande generale cos’è rimasto ormai.
Prova a pesare Annibale ora che è solo cenere.
e dimmi quanti grammi la stadera segnerà
prova a pesare Annibale e tu ti accorgerai
di un grande generale cos’è rimasto ormai.
La référence à Hannibal (247-183 av.J.C.) est présente dans plusieurs chansons. Ce fut un des plus grands ennemis de Rome, qu’il aurait pu détruire : c’est l’occasion
de citer plusieurs peuples préromains, les Samnites, les Lucaniens, les Bruttiens, les Sicules. Pour rejoindre l’Italie, il passa par l’Espagne, déjà en partie reconquise par
son frère Hasdrubal (245-207 av.J.C.), et la légende racontée par Tite-Live (55 av.J.C-17 ap.J.C.) disait que pour passer les montagnes des Pyrénées, il brûla
d’immenses forêts, puis fit répandre du vinaigre sur les tisons ardents pour faire éclater les rochers. Dans le texte latin, il voulait arriver non jusqu’au lac Trasimène, au
nord de Rome, mais jusqu’à la Suburra, le quartier populaire de Rome, donc prendre la ville elle-même, à l’aide de ses éléphants. Mais que reste-t-il de ce « demi-dieu
», de ce chasseur acrobatique de trophées ? : tu verras que de lui non plus il ne reste rien aujourd’hui, il n’est plus que cendres et il ne pèse plus rien.
Le groupe napolitain Almamegretta (Anime migranti), formé en 1988, a écrit en 1993 une chanson provocatrice sur l’arrivée et la présence d’Hannibal, « grand
général noir » : les Afro-américains restèrent peu de temps en Europe à la fin de la seconde guerre mondiale et ils ont laissé une quantité d’enfants noirs, alors
imaginez combien a pu en laisser Hannibal durant ses 15 ans de vie en Italie du Sud. Nous avons tous un peu de sang carthaginois dans les veines, nous sommes
tous fils d’Hannibal.
FIGLI DI ANNIBALE
FILS D’HANNIBAL
(Almamegretta
Anima migrante,
Anagrumba, 1996)
Annibale grande generale nero
Hannibal, grand général noir
Con una schiera di elefanti attraversasti le Alpi
avec une troupe d’éléphants tu traversas les Alpes
e ne uscisti tutto intero.
et tu en sortis tout entier.
A quei tempi gli Europei non riuscivano
En ce temps-là les Européens n’arrivaient pas
a passare neanche a piedi.
à passer même à pied.
Ma tu Annibale grande generale nero
Mais toi Hannibal, grand général noir,
tu le passasti con un mare di elefanti
tu les traversa avec une mer d’éléphants.
Lo sapete quanto sono grossi e lenti gli elefanti ?
Vous savez comme ils sont gros et lents les éléphants
Eppure Annibale gli fece passare le Alpi
et pourtant Haniibal leur a fait traverser les Alpes
con novantamila uomini africani.
Avec quatre-vingt dix mille hommes africains.
Annibale sconfisse i Romani restò in Italia
Hannibal a vaincu les Romains, il est resté en Italie
da padrone per quindici o vent’anni.
En maître pendant quinze ou vingt ans.
Ecco perché molti Italiani hanno la pelle scura
Voilà pourquoi beaucoup d’Italiens ont la peau sombre
Ecco perché molti Italiani hanno i capelli scuri
voilà pourquoi beaucoup d’Italiens ont les cheveux sombres
Un po’ del sangue di Annibale è rimasto
Un peu de sang d’Hannibal est resté
a tutti quanti nelle vene sì è rimasto
dans nos veines à nous tous, oui, il est resté
a tutti quanti nelle vene
à nous tous dans nos veines.
Nessuno può dirmi : stai dicendo una menzogna
Personne ne peut me dire : tu es en train de dire un mensonge
No, se conosci la tua storia
Non, si tu connais ton histoire
sai da dove viene il colore del sangue
tu sais d’où vient la couleur du sang
Che ti scorre nelle vene
qui court dans tes veines.
Durante la guerra pochi afroamericani
Pendant la guerre, un petit nombre d’afroaméricains
riempirono l’Europa di bambini neri
ont rempli l’Europe d’enfants noirs
Cosa credete potessero mai fare
Que croyez-vous donc qu’a pu faire
in venti anni di dominio militare
en vingt ans de domination militaire
Un’armata di Africani in Italia meridionale
une armée d’Africains en Italie du Sud
un’ armata di Africani in Italia meridionale
une armée d’Africains en Italie du Sud
Ecco perché ecco perché noi siamo figli di Annibale
Voilà pourquoi nous sommes des enfants d’Hannibal
Meridionali figli di Annibale
des méridionaux enfants d’Hannibal
sangue mediterraneo figli di Annibale.
De sang méditerranéen, enfants d’Hannibal.
Un autre élément mis en valeur est la division de la société en classes et la domination de la classe des maîtres sur les classes de tous ceux qui en
dépendaient, esclaves, femmes, clients, etc. ; les riches se sentaient supérieurs aux pauvres, les méprisaient et les exploitaient au maximum, dès la Monarchie des
premiers siècles de la ville ; et Juvénal écrit une satire terrible contre ceux qui ont une table d’ivoire et veulent la montrer, mais chez qui on mange si mal (Il tavolo
d’avorio).
Savona a écrit un texte nouveau qui cite ou résume diverses parties de la Satire XI de Juvénal.
Il tavolo d’avorio
(Testo e musica : A. Virgilio Savona
da Decimo Giunio Giovenale (Satira X)
Interprete : Giorgio Gaber
Sexus et Politica
Prima edizione 1970 - Vedette
Edizioni Sciascia, 1981 : Dove andate ?
Duck Record– 2003)
Se vai nelle case ricche la cena non sa di niente
Si tu vas dans les maisons riches, cela n’a pas de goût
il pesce non sa di niente la carne non sa di niente
le poisson n’a pas de goût, la viande n’a pas de goût
persino profumi e fiori emanano solo puzza
même les parfums et les fleurs n’émanent que puanteur
se non ci si siede tutti a un tavolo d’avorio
si on ne s‘asseoit pas tous à une table d’ivoire
Un tavolo d’avorio su un leopardo d’avorio
Une table d’ivoire sur un léopard d’ivoire
con la bocca spalancata una bocca smisurata
la bouche grande ouverte, bouche démesurée
un tavolo comprato alle porte d’Egitto
une table achetée près des portes d’Égypte
bel tavolo elegante fatto con denti d’elefante.
Belle table élégante faite de dents d’éléphant.
A me che non ho d’avorio nemmeno pedine e dadi
Moi qui n’ai en ivoire pas un pion, pas un dé
né manici di coltelli son d’osso persino quelli
ni manches de couteaux, même ceux-ci sont en os,
non è capitato mai di avere pietanze marce
jamais il ne m’arrive d’avoir des plats moisis.
per me non è mai un disastro il sapore di un pollastro.
Pour moi n’est pas un désastre la saveur d’un poulet.
Non ho il tavolo d’avorio su un leopardo d’avorio
Une table d’ivoire ….
la bocca spalancata una bocca smisurata
non ho il tavolo comprato alle porte d’Egitto
un bel tavolo elegante fatto con denti d’elefante.
Mi manca persino un servo che squarti montoni e lepri
Pas même un serviteur qui découpe moutons et lièvres
che squarti manzi e maiali con tecniche speciali
bœufs et cochons avec des techniques spéciales
però quando mangio io nell’aria senti un profumo
pourtant quand moi je mange je sens dans l’air un parfum
profumo che si afferra per tutta la Suburra.
un parfum qui saisit toute la Suburra.
Non ho il tavolo d’avorio su un leopardo d’avorio
con la bocca spalancata una bocca smisurata
non ho il tavolo comprato alle porte d’Egitto
un bel tavolo elegante fatto con denti d’elefante.
Non ho il tavolo d’avorio su un leopardo d’avorio
con la bocca spalancata una bocca smisurata
non ho il tavolo comprato alle porte d’Egitto
un bel tavolo elegante fatto con denti d’elefante.
Juvénal reproche ici aux riches patriciens de gaspiller leur fortune dans des banquets somptueux pour montrer leur opulence, et ils font installer chez eux des tables
coûteuses faites de produits importés d’Égypte, mais le menu est mauvais, n’a aucun goût ; tandis que lui, dont les couteaux n’ont que des manches d’os, il mange
modestement du poulet, mais il est bon et quand il mange, on sent chez lui un parfum de « Suburra » : c’était le quartier le plus populaire de Rome.
C’est absurde de se comporter ainsi, disent les poètes, car de toute façon, nous mourrons tous, les riches comme les pauvres, nous serons tous sous terre, et les
pleurs des autres ne rouvriront pas les portes de nos tombeaux (È inutile piangere, Ragiona amico mio). Gaius Titius souligne l’incompétence et l’inutilité des
magistrats qui font semblant de juger tandis qu’ils se remplissent la panse de bon vin et qu’ils vont uriner au lieu d’écouter les plaignants (I magistrati) ; et Gaius
Lucillus se moque de la mode « grecque » qui gagne les riches, pourtant d’origine romaine ou sabine (Anche se sei compaesano di Ponzio e di Titano).
Anche se sei compaesano di Ponzio e di Tritano
(Testo e musica : A. Virgilio Savona
da Gaio Lucillo (Frammenti)
Interprete : Giorgio Gaber
Sexus et Politica
Prima edizione 1970 - Vedette
Edizioni Sciascia, 1981 : Dove andate ?
Duck Record– 2003)
Tu hai sempre voluto
Tu as toujours voulu
esser chiamato greco
être appelé grec
anche se sei romano
même si tu es romain
anche se sei sabino.
Même si tu es sabin.
Anche se sei compaesano
Même si tu es compatriote
di Ponzio e di Tritano
de Ponzio et de Tritano
anche se sei compaesano
di Ponzio e di Tritano
Quindi quando t’incontro
Donc quand je te rencontre
se ti saluto in greco
si je te salue en grec
tutta quanta la gente
tous les gens
ti dice « xaire » in greco.
te disent « salut » en grec.
Anche se sei compaesano
di Ponzio e di Tritano
anche se sei compaesano
di Ponzio e di Tritano
Questa tua malattia
Ta maladie
detta esterofilia
d’être estérophile
ti ha reso poco a poco
a fait de toi peu à peu
il mio più gran nemico.
Mon plus grand ennemi.
Anche se sei compaesano
di Ponzio e di Tritano
anche se sei compaesano
Ponzio e di Tritano.
Lucillus reprend un thème très important, les rapports entre Rome et la Grèce. La présence romain fut effective en Grèce dès le IIIe siècle av.J.C., puis les Romains
conquirent la Macédoine et en 146 av.J.C., la péninsule devint protectorat romain, ainsi que les îles de la mer Égée en 133 av.J.C. ; Lucius Cornelius Sylla (138-78
av.J.C.) écrase les dernières cités révoltées, et la Grèce devint possession romaine, tout en gardant une relative indépendance. Mais la littérature et la culture grecques
exercèrent une influence fondamentale sur Rome et la mode de l’hellénisme se développa chez les riches, créant une sorte de snobisme, critiqué ici : même qui était
romain ou sabin, même qui s’appelait Ponzio ou Tritano, noms clairement romains, voulait être pris pour un grec, et on lui disait « xaire », forme grecque de « salve »
(salut) pour le saluer.
Au fond, la seule chose agréable de la vie, c’est l’amour, et Savona nous gratifie de deux poésies d’Ovide, Corinna, dont il arrange un peu le texte latin, mais en
respectant parfaitement son sens, et Donne credetemi, qui est un résumé du Livre III de l’Art d’aimer, où Ovide explique aux femmes comment se comporter, quelles
positions choisir quand elles reçoivent leur amant, selon la forme, les qualités ou les défauts de leur corps, de leur visage, de leurs flancs ou de leurs seins, et puis il leur
conseille de toujours feindre le plaisir, de ne jamais ouvrir grand les fenêtres et de ne jamais demander à leur amant un cadeau de trop grand prix … une recette pour le
plus profond plaisir d’amour ! Savona a été encore plus inventif qu’Ovide pour chanter cette Corinne qui suscita une passion chez le jeune poète latin, sans que l’on
sache pourtant s’il s’agissait d’une fantaisie littéraire ou d’une femme réelle, une sorte d’anticipation de la Laura de Pétrarque !
Corinna
(Testo e musica : A. Virgilio Savona
Da Publio Ovidio Nasone (Amores, Libro I, Elegia V)
Interprete : Giorgio Gaber
Sexus et Politica
Prima edizione 1970 - Vedette
Edizioni Sciascia, 1981 : Dove andate ?
Duck Record– 2003)
Viva Corinna che arriva vestita Vive Corinne qui arrive vêtue
della sua tunica trasparente de sa tunique transparente
collo coperto da bruni capelli des cheveux bruns couvrant son cou :
di fronte a lei Semiramide è niente face à elle, Sémiramis n’est rien.
Strapparle di dosso la veste Lui arracher son vêtement
credetemi fu una battaglia croyez-moi, ce fut une bataille
voleva far la difficile elle voulait faire la difficile,
quella soave canaglia cette douce canaille.
Fingeva di far resistenza Elle feignait de résister
fingeva di essere incerta elle feignait d’être incertaine
lottava divinamente elle luttait divinement
per rimanere coperta pour rester couverte
Viva Corinna che arriva vestita Vive Corinne qui arrive …
della sua tunica trasparente
collo coperto da bruni capelli
di fronte a lei Semiramide è niente
E’ chiaro che lei si batteva Il est clair qu’elle se battait
col fine di essere vinta dans le but d’être vaincue
difatti senza fatica de fait sans peine
presto rimase discinta elle fut bientôt déshabillée
Rimase davanti ai miei occhi Elle resta devant mes yeux
ed io innamorato guardavo et moi je regardais avec amour
per quanti sforzi facessi malgré tous mes efforts
nessun difetto trovavo. je ne trouvais aucun défaut.
Viva Corinna che arriva vestita Vive Corinne qui arrive …
della sua tunica trasparente
collo coperto da bruni capelli
di fronte a lei Semiramide è niente
Vi giuro non è umanamente Je vous jure qu’il n’est pas possible
possibile la descrizione humainement de la décrire
non è possibile il n’est pas possible d’en faire
una classificazione. une classification
I seni eran come un invito Ses seins étaient comme une invite
a farne un sapiente maneggio à en faire un savant maniement
le spalle e le floride braccia ses épaules et ses bras bien en chair
chiedevano un dolce massaggio demandaient un doux massage.
Viva Corinna che arriva vestita Vive Corinne qui arrive …
della sua tunica trasparente
collo coperto da bruni capelli
di fronte a lei Semiramide è niente
E sotto le turgide poppe Et sous ses seins gonflés
la pelle era candida e liscia la peau était blanche et lisse.
com’erano splendidi i fianchi Comme ses flancs étaient splendides,
com’era fresca la coscia Comme sa cuisse était fraîche !
Stringendola tra le mie braccia En la serrant dans mes bras
del morbido mi resi conto je me rendis compte de sa douceur
e il resto lo indovinate et le reste vous le devinez
è chiaro che non lo racconto. Il est clair que je ne le raconte pas.
Viva Corinna che arriva vestita Vive Corinne qui arrive …
della sua tunica trasparente
collo coperto da bruni capelli
di fronte a lei Semiramide è niente
Poi quando giunse la fine Puis, quand arriva la fin
stanchi e felici ci riposammo fatigués et heureux, nous nous reposâmes
e come due innamorati et comme deux amoureux
favole ci raccontammo des fables nous nous racontâmes.
Vi prego se voi volete Je vous en prie si vous voulez
farmi un augurio non esitate me faire un souhait n’hésitez pas
e ditemi che come questa et dites-moi que comme celle-ci
avrò centomila giornate j’aurai cent mille journées.
Viva Corinna che arriva vestita Vive Corinne qui arrive …
della sua tunica trasparente
collo coperto da bruni capelli
di fronte a lei Semiramide è niente
Viva Corinna Viva Corinna Vive Corinne, vive Corinne
Viva Corinna Viva Corinna. Vive Corinne, vive Corinne.
Franco Battiato a écrit aussi une belle chanson sur la haine de Rome pour Carthage, à partir d’un texte de Properce traduit par le Professeur Angelo Arioli ; on
souligne à propos de ce texte l’antimilitarisme fréquent chez les poètes classiques de l’âge d’Auguste, même quand ils appartenaient au cercle de Mécène, l’ami
d’Auguste.
Texte original d’Ovide
Ecce, Corinna venit, tunica velata recincta,
candida dividua colla tegente coma—
qualiter in thalamos famosa Semiramis isse
dicitur, et multis Lais amata viris.
Deripui tunicam—nec multum rara nocebat ;
pugnabat tunica sed tamen illa tegi.
quae cum ita pugnaret, tamquam quae vincere nollet
victa est non aegre proditione sua.
ut stetit ante oculos posito velamine nostros,
in toto nusquam corpore menda fuit.
quos umeros, quales vidi tetigique lacertos !
forma papillarum quam fuit apta premi !
quam castigato planus sub pectore venter !
quantum et quale latus! quam iuvenale femur!
Singula quid referam ? nil non laudabile vidi
et nudam pressi corpus ad usque meum.
Cetera quis nescit ? lassi requievimus ambo.
proveniant medii sic mihi saepe dies !
Delenda Carthago
Testo : Angelo Arioli
Musica : Franco Battiato
Testo latino tratto dal III libro delle Elegie di Properzio
Caffè de la Paix
1993)
Per terre ignote vanno le nostre legioni
Sur des terres inconnues vont nos légions
a fondare colonie a immagine di Roma
fonder des colonies à l’image de Rome
»Delenda Carthago »
« Delenda Carthago ».
con le dita colorate di henna su patrizi triclini
Les doigts colorés de henné sur des triclinium patriciens
si gustano carni speziate d’aromi d’Oriente ;
on déguste des viantes épicées d’arômes d’Orient ;
in calici finemente screziati frusciano i vini,
dans des calices finement bigarrés bruissent les vins,
le rose, il miele.
Les roses, le miel.
Nei circhi e negli stadi
Dans les cirques et dans les stades
s’ammassano turbe stravolte
s’amassent des foules dénaturées
a celebrare riti di sangue.
pour célébrer des rites de sang
“....per ammassare ricchezze,
pour amasser des richesses
sei tu, denaro, la causa di una vita agitata !
c’est toi, argent, la cause d’une vie agitée !
a causa tua prendiamo prima del tempo la strada
à cause de toi, nous prenons trop tôt la route de la mort della morte ;
ai vizi degli uomini fornisci dei crudeli pascoli,
aux vices des hommes tu fournis de cruels paturages,
dalla tua testa germogliano i semi degli affanni.”
de ta tête germent les semis des malheurs.
Un autre intérêt de la vie romaine était dans les bains qui étaient quotidiens pour les Romains. Seuls les riches avaient des bains privés dans leur villa ; pour les autres
avaient été créés des quantités de bains publics, les « thermes » : le recensement d’Agrippa (63-12 av.J.C.) de 33 av.J.C. en comptait 170, et plus tard Pline l’Ancien
(23-79) a renoncé à les compter ; ils étaient peu chers et parfois gratuits ; les femmes y étaient admises soit dans des bains ou à des heures différentes, soit en
commun avec les autres, ce qui provoqua des scandales, l’époque ne connaissant pas le « maillot de bain », on se baignait nus ; mais le coût était souvent double pour
les femmes. L’intérêt des Thermes était non seulement le bain, mais aussi les sports, la culture (il y avait souvent des bibliothèques, des expositions de statues, etc.), la
promenade, les rencontres sur les portiques. Un des jeux très en vogue était celui de la balle qu’évoque la chanson ; les horaires étaient réglementés par les édiles
publics, et la « troisième heure » était souvent celle (moins chaude) où on commençait à pratiquer les jeux. Les Thermes les plus célèbres parmi ceux qui nous restent
sont ceux dits de Caracalla, construits au début du IIIe s. apr.J.C., d’une magnificence extraordinaire. Les Thermes sont souvent considérés comme un des plus grands
bienfaits apportés au peuple par l’Empire Romain (. Le personnage dit ne pas savoir qui est Caracalla (180-217) , il sait par contre l’importance de ces thermes ; mais y
eut-il des poissons dans les piscines ?
NOTES :
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Traduction d’Olivier Sers, Ovide, De l’amour (Les Belles Lettres, 2016, p. 43)
Corinne vint voilée, la tunique flottante,
Cheveux pendants couvrant son cou d’albâtre,
Telle Sémiramis marchant au lit nuptial,
telle Laïs que tant d’hommes aimèrent.
J’arrachai sa tunique, obstacle au vrai diaphane,
Elle luttait, voulait rester vêtue,
Luttait mais non comme une femme qui veut vaincre,
Et je vainquis sans peine grâce à elle.
Lorsqu’elle se dressa face à moi sans nul voile
Je vis un corps en tous points sans défauts.
Quels bras je vis, touchai ! Les superbes épaules !
Que ses beaux seins s’offraient bien aux caresses !
Quel ventre lisse et plat sous sa ferme poitrine !
La jeune cuisse ! Et que de hanche, et quelle cuisse !
À quoi bon détailler ? Rien qui ne fût louable !
Elle était nue, je la serrai sur moi,
On devine le reste, enfin, las, nous dormîmes,
Puissent souvent nos siestes être telles !