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Storia dei popoli d’Italia e canzone - 2° partie suite1
Deuxième partie II. - De Charlemagne au XIIe siècle On en arrive donc aux Francs et à Charlemagne, car ils ont eu une importance décisive dans l’histoire de l’Italie. C’est en quelque sorte la dernière « invasion » d’un peuple germanique en Italie. Leur nom proviendrait d’un mot germanique signifiant « le javelot, la lance », ou d‘un autre signifiant « audacieux, hardi » ; c’est en tout cas un peuple guerrier. Ces peuples constituent dès le début du IIIe siècle des Ligues pour résister à la pression d’autres peuples, la Ligue des Alamans (« alle man » = de tous les hommes) d’une part et la Ligue Franque d’autre part, le long du Rhin en Germanie inférieure, constituée de plusieurs peuples germaniques ; les Romains distinguaient donc l’Alamannia et la Francia ; cette dernière occupant la rive inférieure droite du Rhin, hors de l’Empire romain. En 254, une montée de la mer du Nord provoque l’appauvrissement de la population , et les Francs commencent à envahir les terres de l’Empire, et ils sont battus par le général romain-gaulois Postumus, qui prend le titre d’empereur de 260 à 269, il est massacré par ses soldats en 268 ou 269, ce qui laisse le champ libre aux Francs, qui continueront leurs invasions jusqu’au IVe siècle, date à laquelle beaucoup seront intégrés dans l’armée romaine ; ils sont donc entre intégration et offensive. Les hivers de 405 et 406 sont très rigoureux, le Rhin est pris par les glaces et le francs peuvent le traverser. Les Francs Saliens ont alors pour chef Clodion le Chevelu (390-450), qui obtient des Romains la remise de terres dans la région de Tournai, et Clovis (466-511) devient en 481 le roi des Francs. C’est le début de la lignée des Mérovingiens, Clovis est l’ancêtre légendaire et presque un dieu ; le roi devient aussi proconsul de Rome pour cette région. Clovis, conseillé par sa femme Clotilde (474-545) et par Rémi (437-533), l’évêque de Reims, bat un général romain à Soissons et les Alamans à Tolbiac, reçoit le baptême chrétien à Reims entre 496 et 500, c’est un des premiers rois germaniques à adopter la foi chrétienne : jusque-là les Francs étaient polythéistes et adoraient les dieux Wotan, son épouse Frikka et son fils Donar ; ils vénéraient aussi la nature, les sources, les arbres, les astres ; les Germains convertis étaient souvent ariens, religion plus proche de la leur ; au contraire Clovis adhéra au christianisme romain, et obtint ainsi l’appui du clergé gallo-romain. Parmi les successeurs de Clovis, la reine Brunehilde (566-613) et Dagobert Ier (629-639), puis des descendants insignifiants, des rois « fainéants » jusqu’au dernier, Childéric III (714-755). Les crises économiques et les querelles internes font qu’une nouvelle famille commence son ascension, celle des Carolingiens. L’arrière petit-fils du premier, Pépin de Landen, va bientôt se faire passer pour roi de 737 à 741 : c’est Charles Martel (690-741), vainqueur des armées arabes musulmanes en 732 à Poitiers. Son fils est Pépin le Bref (714-768), qui fait confirmer sa royauté par les évêques  puis par le pape Zacharie (751) et son successeur Étienne II en 754 ; c’est donc le début d’une nouvelle tradition, où le roi est investi par la papauté, au lieu de devenir roi par appartenance familiale et par consécration impériale. Le fils de Pépin est Charlemagne (748-814) qui devient roi des francs en 768, roi des Lombards en 774 et empereur le 25 décembre 800, couronné par le pape Léon III (750-795- 816) dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Le pouvoir se partage désormais en Italie pour un temps entre la papauté et la monarchie franque.  Les administrateurs et officiers lombards restés en place se soumettent au nouveau souverain, y-compris en adoptant des vêtements francs, une coupe de cheveux ou de barbes et des prénoms à la mode franque, et non plus byzantine ou romaine. En échange de son acte de consécration, le pape avait demandé à Pépin le Bref son aide contre les Lombards qui menaçaient Rome ; il ne peut plus compter en effet sur l’appui de l’empereur d’Orient, trop affaibli par sa lutte contre l’empire musulman et dont il est séparé par la querelle des images. Pépin vient donc combattre les Lombards, et il remet au Pape en 754 les territoires conquis, Ravenne, Rimini, Pesaro, Fano, Sinigaglia, Ancône, Urbino, Cagli, Jesi, Gubbio et Fossombrone, dont beaucoup appartenaient pourtant à l’empire d’Orient. C’est la rupture avec l’Orient et la création des États pontificaux. À son tour, Charlemagne, qui avait épousé Désirée, la fille du roi lombard Didier, reprend la guerre contre les Lombards, abat Pavie  en 774, conquiert le Frioul en 781. C’est un  renversement complet de l’histoire précédente : Rome avait conquis le nord de l’Europe, elle devenait maintenant une conquête d’un peuple venu de ce nord ; mais c’est la Rome des papes qui a décidé de cela, faisant en sorte que les carolingiens interviennent à son profit contre les Lombards. L’Église est maintenant débarrassée de la tutelle de l’empire Byzantin, et c’est elle qui va désormais exercer son pouvoir sur l’Europe ; et l’Empire Romain d’Occident se reconstitue en 800 sous son égide : l’empereur carolingien devient le successeur des empereurs romains d’autrefois ; c’en est fini de la présence byzantine en Italie, et en 812, l’Empire d’Orient reconnaît l’empire carolingien, qui renonce en échange à Venise et à la Dalmatie. Les Duchés de Spoleto et de Bénévent se soumettent bientôt aussi à l’autorité carolingienne, qui reçoit le titre de « patricien des Romains », c’est-à-dire protecteur de la totalité des Chrétiens, « la France fille aînée de l’Église » … Charlemagne réorganise l’empire : les anciens « duchés », centrés sur les villes, deviennent des  « comtés » dirigés par des « comtes » dépendants du roi mais qui sont à la tête de tous les fonctionnaires locaux ; les régions frontières deviennent des « marches » qui protègent l’empire contre les invasions étrangères, la Marche de Spoleto (Marches, Ombrie, Abruzzes) contre les Byzantins et les Sarrasins, la Marche de Toscane (Toscane, Ligurie, Corse) contre les Sarrasins, la Marche du Frioul contre les Slaves. Charlemagne est un personnage central dans la culture italienne et en particulier dans les représentations de marionnettes siciliennes et méridionales centrées sur Roland, Olivier, l’empereur, Tupin, etc 9 ; l’Opera dei Pupi de Sicile fait partie depuis 2008 de la Liste du Patrimoine Immatériel de l’Humanité ; sur ces chevaliers carolingiens sont données encore aux enfants des comptines ; dans la peinture et la sculpture, les représentations de Charlemagne et des paladins sont très abondantes ; dans la chanson probablement aussi, mais la documentation est très peu abondante, et on doit se référer à des reprises plus contemporaines, significatives mais qui n’illustrent pas les textes et musiques de chansons plus anciennes. Sur Charles Martel, on connaît la chanson de Paolo Villaggio (1932-2017) et Fabrizio De André (1940-1999), Carlo Martello torna dalla battaglia di Poitiers, écrite en 1962 suivant la mode des ballades chevaleresques du Moyen-Âge français, qui parlaient des rencontres entre les chevaliers et les jeunes femmes du peuple. Deux passages en furent censurés par le préfet de Catania : le premier « È mai possibile, o porco di un cane, / che le avventure in codesto reame / debban risolversi tutte con grandi puttane », et le second « frustando il cavallo come un mulo, / quella gran faccia da coglione … », qui devint « frustando il cavallo come un ciuco, / tra il glicine e il sambuco ». Carlo Martello torna dalla battaglia di Poitiers (Testo  : Paolo Villaggio e Fabrizio De André Musica  : Fabrizio De André Copertina del disco di Milo Manara Re Carlo tornava dalla guerra Le Roi Charles revenait de la guerre . lo accoglie la sua terra cingendolo d’allor. sa terre l’accueille le ceignant de laurier. Al sol della calda primavera Au soleil du chaud printemps lampeggia l’armatura del Sire vincitor.  Scintille l’armure du Sire vainqueur. Il sangue del Principe e del Moro Le sang du Prince et celui du Maure arrossano il cimiero d’identico color rougissent son cimier de la même couleur ma più che del corpo le ferite Mais plus que les blessures de son corps, da Carlo son sentite le bramosie d’amor. Charles ressent les convoitises de l’amour. ”Se ansia di gloria, sete d’onore          « Si l’anxiété de la gloire spegne la guerra al vincitore éteint chez le vainqueur la soif de l’honneur non ti concede un momento per fare all’amore.  Elle ne te concède pas un moment pour faire l’amour Chi poi impone alla sposa soave           Celui qui impose à sa douce épouse di castità la cintura, ahimé, è grave           une ceinture de chasteté, hélas, c’est grave, in battaglia può correre il rischio di perder la chiave”.    peut courir dans la bataille le risque de perdre la clé ». Così si lamenta il re cristiano Ainsi se lamente le roi chrétien. s’inchina intorno il grano, gli son corona i fior.     Le blé s’incline autour de lui, les fleurs le couronnent. Lo specchio di chiara fontanella         Le miroir de la claire petite fontaine riflette fiero in sella dei Mori il vincitor. Reflète sur sa selle le fier vainqueur des Maures. Quand’ecco nell’acqua si compone Quand voici que dans l’eau se compose, mirabile visione il simbolo d’amor Admirable vision, le symbole de l’amour. nel folto di lunghe trecce bionde          Au cœur de longues tresses blondes il seno si confonde ignudo in pieno sol.  se confond son sein nu en plein soleil. ”Mai non fu vista cosa più bella         « On n’a jamais vu de chose plus belle mai io non colsi siffatta pulzella”, Jamais je ne cueillis une telle pucelle », disse re carlo scendendo veloce di sell;   dit le roi en descendant rapidement de sa selle. ”Deh, cavaliere, non v’accostate « Hé, chevalier, ne vous approchez pas, già d’altri è gaudio quel che cercate D’autres déjà jouissent de ce que vous cherchez, ad altra più facile fonte la sete calmate”. À une autre fontaines plus facile, apaisez votre soif ». Sorpreso da un dire sì deciso Surpris par une langue si décidée sentendosi deriso re Carlo s’arrestò ; s’entendant pris en dérision Charles s’arrêta.  ; ma più dell’onor poté il digiuno,          Mais plus que l’honneur put le jeûne fremente l’elmo bruno il sire si levò. en frémissant le sire ôta son casque brun. Codesta era l’arma sua segreta           C’était là son arme secrète da Carlo spesso usata in gran difficoltà   souvent utilisée par Charles dans les grandes difficultés  ; alla donna apparve un gran nasone  À la dame apparut un grand nez un volto da caprone, ma era Sua Maestà  Un visage de bouc, mais c’était Sa Majesté. ”Se voi non foste il mio sovrano” « Si vous n’étiez pas mon souverain » - Carlo si sfila il pesante spadone - – Charles dégagea sa grande rapière – ”non celerei il disio di fuggirvi lontano ; « Je ne cacherais pas mon désir de vous fuir au loin ma poiché siete il mio signore”               Mais puisque vous êtes mon seigneur » - Carlo si toglie l’intero gabbione - – Charles enlève toute sa cuirasse – ”debbo concedermi spoglia d’ogni pudore”. « Je dois me donner dépouillée de toute pudeur ». Cavaliere egli era assai valente          C’était un cavalier très vaillant ed anche in quel frangente d’onor si ricoprì ; et dans cette situation aussi d’honneur il se couvrit ; e giunto alla fin della tenzone et arrivé à la fin du duel incerto sull’arcione tentò di risalir. Incertain il tenta de remonte sur l’arçon. Veloce lo arpiona la pulzella Rapide, la pucelle le harponne repente una parcella presenta al suo signor : et soudain ses honoraires elle présente à son seigneur ”Deh, proprio perché voi siete il sire « Ah, c’est bien parce que vous êtes le roi, fan cinquemila lire, è un prezzo di favor”. que je ne prends que cinq mille, c’est un prix de faveur ». ”E’ mai possibile, porco d’un cane, « C’est pas Dieu possible, nom d’un chien, che le avventure in codesto reame Qu’en ce royaume, les aventures debban risolversi tutte con grandi puttane ! doivent toutes se résoudre avec de grandes putains ! Anche sul prezzo c’è poi da ridire Même sur le prix, il y a à redire ben mi ricordo che pria di partire Je me souviens bien qu’avant mon départ, v’eran tariffe inferiori alle tremila lire”.          Les tarifs étaient inférieurs à trois mille lires ». Ciò detto, agì da gran cialtrone          Cela dit, comme un grand goujat con balzo da leone in sella si lanciò ; D’un bond de lion, en selle il s’élança. frustando il cavallo come un ciuco Fouettant son cheval comme un bourricot tra i glicini e il sambuco il re si dileguò. Dans les glycines et le sureau, le roi disparut. Re Carlo tornava dalla guerra Le Roi Charles revient de la guerre lo accoglie la sua terra cingendolo d’allor. sa terre l’accueille le ceignant de laurier. Al sol della calda primavera Au soleil du chaud printemps lampeggia l’armatura del sire vincitor.          Scintille l’armure du Sire vainqueur. Tonino e Carlomagno Toine et Charlemagne (Testo e musica  : Nadia Furlon e Mario Acquaviva Stormy Six  Quarto Stato 1975) Tonino aveva quindici anni come noi         Tonin avait quinze ans comme nous autres. ma era già capace di stringere una donna Mais lui, il savait déjà embrasser une femme. perché lui lavorava nel cantiere con suo nonno Car il travaillait au chantier avec son grand-père, e di mattina a scuola aveva sempre sonno. Et le matin il avait toujours sommeil à école. E mostrava fiero i muscoli scoprendo forte il braccio Il montrait ses muscles, en découvrant son bras, tout fier, quando insieme sulle scale si parlava di coraggio. Quand ensemble sur l’escalier, on parlait de courage. Portaci Tonino ancora alla cantina          Tonin mène-nous encore au bistrot. sentiremo gli ubriachi ricordare          Nous entendrons les ivrognes, les héros, e parleranno delle guerre che non han mai perso ils parleront des guerres qu’ils n’ont jamais perdues e di medaglie d’oro rifiutate.          Et des médailles d’or refusées. Ma le guerre giù da noi son perse tutte Mais les guerres chez nous ont toutes été perdues. dentro ai vicoli e alle case c’è odore di morte.          Il y a une odeur de mort dans nos maisons et dans nos rues. Carlo Magno re di Spagna          Charlemagne, roi d’Espagne, va nel lago e non si bagna va dans le lac et ne se mouille pas  ; va nel fuoco e non si brucia va dans le feu et ne se brûle pas. Carlo Magno inventa la luce. Charlemagne invente la lumière. Vecchia dolce cantilena Vieille et douce cantilène, non so chi me l’ha insegnata Je ne sais qui me l’a enseignée qui la guerra ai Saraceni Ici la guerre aux Sarrasins non è ancora terminata. N’est pas encore terminée. C’erano soltanto donne intorno          Il y avait seulement des femmes autour al grande letto della vecchia pazza moribonda. du lit de la vieille folle moribonde. Le han messo quel vestito ricamato, già da tempo Elles lui ont mis ce vêtement, depuis longtemps déjà preparato per le nozze del ritorno. préparé pour les noces du retour. Per salire la collina certo scarpe belle avrai         Pour monter la colline, tu auras sûrementde belles chaussures e ti vestiranno a nuovo ma non te ne accorgerai.        Et elles te vêtiront de neuf, mais tu ne t’en apercevras pas. Mancava l’acqua da tre giorni, le donne alla finestra. L’eau manquait depuis trois jours, les femmes à la fenêtre. Era uno sciopero, tu credevi che fosse festa : C’était une grève, tu croyais que c’était la fête : una festa senza gli abiti e i sorrisi une fête sans les costumes et sans les sourires solo un fazzoletto rosso al collo dei più accesi. avec au cou un mouchoir rouge des plus ardents. Quanti scioperi, Tonino, che abbiamo fatto qui per l’acqua          Combien de grèves pour l’eau, Tonin, avons-nous faites  ? ma non è cambiato nulla: si porta sempre la stessa giacca. Mais rien n’a changé : on porte toujours le même vêtement. Carlo Magno re di Spagna          Charlemagne, roi d’Espagne, va nel lago e non si bagna va dans le lac et ne se mouille pas  ; va nel fuoco e non si brucia va dans le feu et ne se brûle pas. Carlo Magno inventa la luce. Charlemagne invente la lumière. Vecchia dolce cantilena Vieille et douce cantilène, non so chi me l’ha insegnata Je ne sais qui me l’a enseignée. qui la guerra ai Saraceni Ici la guerre aux Sarrasins non è ancora terminata. N’est pas encore terminée. C’è stato il terremoto e lassù al borgo del castello Il y a eu un tremblement de terre et au bourg du château copre l’erba adesso quello che è distrutto.          L’herbe recouvre maintenant ce qui est détruit. Lo visita soltanto il vento o chi si dà un appuntamento Seuls le visitent l’amoureux, le vent o quelli che lassù han lasciato tutto.                  Ou ceux qui ont tout laissé là-haut. Chiudi gli occhi Tonino e non cercare oltre la sera : Ferme les yeux Tonin et ne cherche pas par delà la nuit : anche là dietro a quei monti non si è vista la primavera. Même derrière ces montagnes, on n’a pas vu le printemps. Raccontaci se è vero che l’hai vista                  Raconte-nous s’il est vrai que tu l’as vue la malombra senza testa di un barone giustiziato. L’ombre sans tête d’un baron exécuté. Si muove a mezzanotte tra i cespugli e nelle grotte Elle danse à minuit entre les buissons et dans les grottes dove cento e più anni fa venne impiccato.          Là où il y a plus de cent ans, il fut pendu. Solo fumo è la paura che nasconde il tuo orizzonte La peur n’est rien que de la fumée qui cache ton horizon ricordati che i padroni son soltanto malombre.          Souviens-toi que les maîtres sont seulement des ombres. Carlo Magno re di Spagna          Charlemagne roi d’Espagne va nel lago e non si bagna va dans le lac et ne se mouille pas va nel fuoco e non si brucia va dans le feu et ne se brûle pas. Carlo Magno inventa la luce. Charlemagne invente la lumière. Vecchia dolce cantilena Vieille et douce cantilène, non so chi me l’ha insegnata Je ne sais qui me l’a enseignée. qui la guerra ai Saraceni Ici la guerre aux Sarrasins non è ancora terminata. N’est pas encore terminée. C’est une chanson de l’Orchestra, l’étiquette musicale du groupe Stormy Six ; les deux auteurs venaient de la Commission Culturelle du Movimento Studentesco, et ils utilisèrent des musiciens venus de groupes de jazz. Deux personnages s’opposent : Tonin est un pauvre qui travaille sur les chantiers comme son grand-père mais n’aime pas l’école (celle dont on dit qu’elle fut créée par Charlemagne) ; c’est un de ceux pour qui toutes les guerres sont des défaites, ceux qui doivent se battre pour avoir de l’eau, ceux qui ne voient jamais quand arrive le printemps ; l’autre personnage est Charlemagne, évoqué à travers une comptine populaire chantée par les enfants, et qui est présenté de façon ridicule (il va dans le feu mais ne se brûle pas, etc.), lui pour qui la guerre est une cantilène, lui qui ne perd jamais de bataille et grâce à qui les soldats boivent du vin et s’enivrent… mais la guerre contre les Sarrasins n’est pas encore finie ; c’est presque un dieu, il invente la lumière ! On évoquera Roland plutôt dans les poèmes chevaleresques 10. Un des personnages qui ont le plus inspiré les italiens dans leur histoire culturelle fut en effet celui de Roland (Orlando ou Rolando), que l’on retrouve dans la littérature chevaleresque, des poèmes chevaleresques du XIVe siècle à Andrea da Barberino (1370-1431) (I Reali di Francia), puis à Matteo Maria Boiardo (1440-1494) et à Lodovico Ariosto (1474-1533) (Le Roland amoureux et le Roland furieux), et les cantastorie du sud continuent la tradition. La Chanson de Roland est régulièrement rééditée en traduction ou en bilingue. À notre époque, L’un de ceux qui reprennent ce thème est Sergio Endrigo (1933-2005) dans sa chanson Lorlando de 1970, rééditée en 2005 et reprise par le groupe Il Parto delle nuvole pesanti (créé en 1991) en 2002 ; Endrigo connaissait évidemment bien Boiardo et l’Arioste : Un des personnages qui ont le plus inspiré les italiens dans leur histoire culturelle fut en effet celui de Roland (Orlando ou Rolando), que l’on retrouve dans la littérature chevaleresque, des poèmes chevaleresques du XIVe siècle à Andrea da Barberino (1370-1431) (I Reali di Francia), puis à Matteo Maria Boiardo (1440-1494) et à Lodovico Ariosto (1474-1533) (Le Roland amoureux et le Roland furieux), et les cantastorie du sud continuent la tradition. La Chanson de Roland est régulièrement rééditée en traduction ou en bilingue. À notre époque, L’un de ceux qui reprennent ce thème est Sergio Endrigo (1933-2005) dans sa chanson Lorlando de 1970, rééditée en 2005 et reprise par le groupe Il Parto delle nuvole pesanti (créé en 1991) en 2002 ; Endrigo connaissait évidemment bien Boiardo et l’Arioste : Lorlando (Testo : Sergio Bardotti musica : L.E. Bacalov e Sergio Endrigo Endrigo, i 45 giri, Warner Music, 2005 (1970) - Canzoni per te, dedicato a Sergio Endrigo, Ala Bianca, 2002) [Ascoltate brava gente cosa dicono Oyez, bonnes  gens, ce que disent i Cristiani dei feroci Musulmani]         les Chrétiens des féroces Musulmano. Ecco sono arrivati i Mori, avanza già la mezzaluna Voilà que les Maures sont arrivés, le croissant avance déjà E sulle mura di Palermo, di Granada e Barcellona et sur les murs de Palerme, de Grenade et de Barcelone Non parlano latino   ils ne parlent pas latin (la pelle la hanno scura) Ils ont la peau sombre Han fatto a pezzi un frate Ils ont coupé un Frère en morceaux, (il Papa ne ha paura) le Pape en a peur Non sanno il Paternoster, Ils ne savent pas le Notre Père, distruggono le vigne,                  ils détruisent les vignobles, non mangiano il maiale, ils ne mangent pas de cochon, hanno mogli cento e mille ils ont des femmes par cent et par mille, Guerra, guerra nel nome del Signore Guerre, guerre ! au nom du Seigneur dalla Francia all’Inghilterra de la France à l’Angleterre, Per la fede e per l’onore pour la foi et pour l’honneur aspettano la spada nel terrore dell’Islam ils attendent l’épée dans la terreur de l’Islam, L’Orlando          le Roland. [Or diciamo senza offesa i fedeli di Maometto, Maintenant, sans offense, qu’ont dit des Chrétiens dei Cristiani cosa han detto] les fidèles de Mahomet ? Ecco sono partiti i matti          Voilà que les fous sont partis con i pennacchi e i gonfaloni avec leurs panache set leurs étendards C’è un vescovo a cavallo          Il y a un évêque à cheval e dietro gli straccioni          et derrière les va-nu-pieds Bestemmiano in latino Ils jurent en latin (in sassone ed in franco) (en saxon et en franc) Si schiacciano i pidocchi ils écrasent leurs poux (sul mento rosso e bianco) (sur leur menton rouge et blanc) Si bevono le vigne, si rubano il maiale, ils boivent les vignes, ils volent les cochons han cento concubine ils ont cent concubines ma la moglie è chiusa a chiave mais leur femme est ferme à clé. Guerra, guerra nel nome del profeta Guerre, guerre ! au nom du Prophète Dalla Mecca a Gibilterra de La Mecque à Gibraltar tutti pronti a dar la vita tous prêts à donner notre vie E la testa taglieremo al nemico dell’Islam et nous couperons la tête à l’ennemi de l’Islam L’Orlando          le Roland. Era un terremoto l’Orlando, C’était un tremblement de terre, le Roland, il cavalier senza paura,          le chevalier sans peur, con la spada durlindana, una forza di natura avec son épée Durandal, une force de la nature Ha rotto mille teste          Il a cassé mille têtes (in mille guerre sante) (dans mille guerres saintes) Salvò regine bionde         il a sauvé des reines blondes (dal drago e dal gigante) (du dragon et du géant) Ma da quando Carlo Magno Mais depuis que Charlemagne l’ha fatto il paladino l’a fait Paladin Dimentica gli amici il oublie ses amis per le femmine ed il vino pour les femmes et le vin Guerra guerra ma l’Orlando è innamorato Guerre, guerre ! mais le Roland est amoureux Solo Angelica la bella seule la belle Angélique dritto al cuore l’ha ferito, l’a blessé en plein coeur, La forza ormai gli manca désormais la force lui manque e più non guarirà et il ne guérira plus L’Orlando         le  Roland. Era innamorato L’Orlando Il était amoureux le Roland e nel dolcissimo duello et dans le très doux duel Anche un grande capitano même un grand capitaine può rimetterci il cervello peut perdre la tête. L’hanno visto mezzo nudo On l’a vu à moitié nu (ormai è proprio matto) (maintenant il est vraiment fou) Ormai il suo nemico Désormais son ennemi (lo porta in mezzo al petto) (il le porte au milieu de la poitrine) E i Mori a cento e a mille et les Maures par cent et par mille conservano la testa conservent sa tête. Se in casa non c’è il gatto Si dans la maison il n’y a pas de chat tutti i topi fanno festa tous les rats font la fête. Guerra, guerra ma l’Orlando non ci viene : Guerre, guerre ! mais le Roland n’y vient pas : C’è chi dice che è un vigliacco, Il y en a qui disent que c’est un lâche e chi dice che fa bene et d’autres qui disent qu’il fait bien. Ma c’è un solo uomo al mondo Mais il y a un seul homme au monde che sa la verità          qui sait la vérité, L’Orlando                   le Roland. Roberto Roversi (1923-2012) et Lucio Dalla (1943-2012) ont écrit en 1973 une Canzone d’Orlando dans le disque Il giorno aveva cinque teste. Mais ils semblent se référer plus au roman de Virginia Woolf (1882-1941), Orlando (1923) qu’au paladin de Charlemagne : le dernier vers de chaque strophe, « Anser anser che va » renvoie en effet au dernier mot du roman : « C’est l’oie, c’est l’oie sauvage », une oie dont le nom dans la langue de Woolf est précisément « anser anser ». Par contre, c’est dans l’Italie méridionale que les personnages de l’épopée carolingienne sont restés le sujet préféré des récits racontés par les cantastorie, ou par les vieux paysans qui se retrouvaient sur les bancs de la place publique. Aujourd’hui, L’Opera dei Pupi continue à faire des représentations sur ce même thème ; c’est un théâtre de marionnettes créé vers la fin du XIXe siècle à Naples et au début du XXe siècle en Sicile, placé en 2008 par l’UNESCO dans les Patrimoines Oraux et Immatériels de l’Humanité. Il se sont inspirés de la littérature chevaleresque, de la Chanson de Roland au Roland furieux de l’Arioste et à la Storia dei Paladini di Francia,  ce long roman chevaleresque de Giusto Lodico écrit entre 1858 et 1860 (13 volumes dans les rééditions de 1971-72 et de 2000), qui reprend tous les épisodes du Cycle carolingien français et italien. Le mot « pupi » vient du latin « pupus » = l’enfant, et c’est le nom qui fut donné aux marionnettes. Voici une histoire racontée par l’Opera dei Pupi, celle d’un duel entre Roland et Olivier, tous deux amoureux de la belle princesse Angélique. Une des sources du récit est peut-être aussi le poème de Victor Hugo (18002-1885) dans la Légende des siècles (1859 et 1877), qui ne parle cependant pas d’Angélique ; le texte de Merlino est donc probablement une création à partir de toutes ces sources, que le théâtre de marionnettes sicilien avait déjà traitées  : Vinnita e Durlindana Vengeance et Durandal (Benito Merlino - Interprete  : Angelo Merlino e «  i folk musici dell’Eolie  » Chants et légendes de l’Italie su sud) Giganti da muntagna diavulu di ferru cadisti 'nta na ragna frisca di nu serru. Na bedda principessa divinni a patrunessa di Carlu 'mpiraturi cavaleri di lu ciuri. Vinnitta e Durlindana Sonati la campana Vinnitta e Durlindana Sonati la campana. Rinaldu e pois Orlando furunu amici e poi nemici nta foresta di la "fogghia". Ma l’angelu Gabrieli vigghia E ‘nzonnu a Carlu parra : “Va a sarvari Li to figghia si no morti si li pigghia” Du jorna lunghi jorna du notti lunghi notti durau lu duellu signuri chi macellu ! La bedda principessa nto cori lu serpenti vivia alla funtana di du poviri 'nnucenti. Vinnitta e Durlindana Sonati la campana Vinnitta e Durlindana Sonati la campana.   Ma Carlu arriva prestu : “Chi fati svinturati ? Alli porti di Parigi Africani morti infliggi ! Nginichia si jttaru li prodi cavaleri cu gesti tutti veri Perdono Maestà, vinnitta si farà." Vinnitta e Durlindana Sonati la campana Vinnitta e Durlindana
Géant de la montagne diable de fer tu es tombé dans une toile d'araignée d'un antre humide et froid. Une belle princesse s'est emparée de l'esprit de l'empereur Charles chevalier à la fleur de lys.    Vengeance et Durandal  sonnez la cloche ! Vengeance et Durandal sonnez la cloche !  Roland et puis Renaud furent amis puis ennemis dans la forêt de la "Feuille". Mais l’ange Gabriel veille Et il parle devant Charles  : «  Va sauver Tes deux fils sinon la mort les prend  ».  Deux longues journées et deux longues nuits dura le duel, Messeigneurs quel massacre  ! La belle princesse un serpent dans le cœur buvait à la fontaine de ces deux pauvres innocents.    Vengeance et Durandal sonnez la cloche ! Vengeance et Durandal sonnez la cloche !     Mais Charles arrive vite : " Que faites-vous malheureux ? Tandis qu'aux portes de Paris Des africains nous infligent la mort ! À ses genoux ils se jetèrent les preux chevaliers avec des  gestes très sincères Pardon Majesté, vengeance l'on fera."    Vengeance et Durandal sonnez la cloche ! Vengeance et Durandal sonnez la cloche !
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