La chanson de Ligurie - 1 - page 2
Betty Curtis
Adriano Celentano
Mina
Milva
2.3 - Fabrizio De André (1940-1999).
Il est sans doute le plus connu et apprécié des « cantautori » génois, celui qui a eu une fortune à la fois
poétique et musicale, et qui a donc le mieux échappé au mépris de beaucoup de « littéraires » pour la
chanson ; plusieurs de ses textes figurent comme « poésies » dans des manuels de littérature
italienne. Il appartient à une famille de la bonne bourgeoisie génoise, qui aime la musique et possède
une importante bibliothèque familiale où Fabrizio pourra lire aussi bien des écrivains italiens que des
auteurs français comme François Villon ou étrangers (Steinbeck, Dostoïevski) ; il a 16 ans quand son
père lui offre des disques de Georges Brassens, qui contribuera à faire de lui un intellectuel anarchiste,
bon connaisseur de philosophes anarchistes comme Bakounine, Max Stirner, Enrico Malatesta, ou le
poète anarchiste Riccardo Mannerini (1927-1980) qui devient un de ses amis. Après avoir
simplement joué dans des groupes locaux et publié quelques 45 tours, Fabrizio publie son premier 33
T en 1965, et commence à apparaître sur de grandes scènes comme veut de Viareggio ou les fêtes
de l’Unità. Il adapte Brassens, Bob Dylan, Léonard Cohen, il s’inspire de Edgar Lee Masters, et publie
en 1967 son Volume I, où se trouvent ses première grandes chansons, Bocca di rosa, Via del campo,
Si chiamava Gesù (censurée et refusée par la RAI et louée par Radio Vatican), et son ironique Carlo
Martello ritorna dalla battaglia di Poitiers, et Preghiera in gennaio dédiée à son ami Luigi Tenco dont il
venait d’apprendre le suicide. L’album séduit, mais choque les bien-pensants par son apologie des
prostituées et sa liberté de ton vis-à-vis d’un roi de France héros national et grand guerrier, qui succombe aux charmes d’une putain, « fausse pucelle »
qui l’accoste et veut se faire finalement remettre de l’argent en échange de ses faveurs. Le succès est aussi bien auprès des jeunes, qui aiment son
anticonformisme anarchiste qu’auprès des gens de culture qui apprécient la qualité de sa langue et de ses récits, et ses références à la poésie classique.
En 1968, il publie Tutti morimmo a stento, inspiré par les événements de l’année, suivi en 1970 de La buona novella, où il reprend des textes des évangiles
apocryphes (Voir notre dossier sur la mythologie, l’histoire gréco-romaine et la Bible dans la chanson italienne). Non al denaro non all’amore nè al
cielo est de 1971, à partir de textes de Edgar Lee Masters ; il est suivi de Storia di un impiegato en 1973, avec sa terrible chanson d’accusation des
classes dirigeantes, Canzone di maggio. Il publie encore deux autres disques avant Rimini, écrit en 1978 avec Massimo Bubola. C’est une période pendant
laquelle il s’abîme un peu dans l’alcool jusqu’à ce que son père agonisant en 1985 lui fasse promettre de ne plus boire.
En 1979, Fabrizio est séquestré avec sa nouvelle compagne, la chanteuse Dori Ghezzi, par des bandits sardes : il a en effet acheté une propriété agricole
en Sardaigne, et s’adonne pour un temps à l’agriculture, souvenir de l’enfance qu’il avait passée à la campagne sous le fascisme, quand son père devait
se réfugier dans la clandestinité. Ils sont libérés contre le versement d’une rançon, et Fabrizio publiera en 1981 son Fabrizio De André (l’Indiano), où il
manifeste sa solidarité avec ceux qui l’avaient séquestré et bien traité.
Le ton change en 1984 avec la publication de Creuza de mä, écrit avec Mauro Pagani. Les thèmes n’ont pas changé, les personnage sont un marginal
social, la procession des prostituées autorisées à sortir le dimanche dans le quartier de Gênes où elles sont concentrées, la « sultane des truies », Jamin-
a, la guerre racontée à travers la mort d’un enfant palestinien, la ruse d’un marin génois prisonnier des Turcs et qui devient Grand Vizir du Sultan, et une
chanson sur la mer, Dä me riva. Mais la nouveauté est que les textes sont tous écrits en dialecte génois, ce dialecte qui, dit De André, est une langue,
indispensable pour comprendre l’essence de la civilisation méditerranéenne ; dans une lettre à Mario Luzi, De André lui dit qu’il s’était proposé de « tracer
la silhouette d’un pont qui arrive à transporter l’attention de nos semblables de la langue communément parlée à la langue écrite par les grands poète et
narrateurs » (6).
De André publiera encore deux albums nouveaux, Le nuvole en 1990, écrit aussi en plusieurs dialectes, sarde, napolitain et génois, avec Ivano Fossati, et
Anime salve en 1996, également avec Ivano Fossati. Ce double choix du dialecte, langue populaire, et des marginaux du sous-prolétariat, est d’une
parfaite cohérence avec la vision anarchiste de De André : à la différence des courants influencés par le marxisme, qui considéraient le sous-prolétariat
comme une masse de manœuvre contre-révolutionnaire manipulée par la bourgeoisie industrielle, les anarchistes avaient toujours considéré que le sous-
prolétariat jouait un rôle de premier plan dans les luttes de classes ; ils avaient été confortés par les théoriciens des « damnés de la terre » (Frantz Fanon,
George Jackson, Angela Davis et les Black Panthers, à qui Bob Dylan consacrera une chanson, George Jackson) qui voyaient dans ce sous-prolétariat
noir une immense potentialité révolutionnaire.
C’est pourquoi un critique politique d’extrême gauche comme Simone Dessì contestera assez violemment De André pour son « ingénuité », son «
maniérisme », son sens caricatural des putains qui deviennent une « farce déconcertante », et surtout pour la contradiction entre son origine bourgeoise,
sa richesse, et son goût pour les marginaux, (6).
Il est vrai que De André fut en tout cas un des « cantautori » qui eurent la plus grande influence sociale, un des rares « maîtres à penser » de leur époque,
avec Guccini et Gaber, à côté de la quantité de ceux qui ne furent que des « clones » de la musique anglo-américaine, et n’eurent rien d’original à dire, car
ils travaillaient surtout pour l’argent que rapportait leur soumission aux modes diffusées par les médias et par l’industrie discographique.
Nous avons montré dans un Colloque sur De André que sa poésie était une épopée de anti-héros, dans une dialectique profonde entre l’amour, la guerre
et la mort, et que le fait qu’il n’y ait plus dans ses textes de « Destinateur » (un dieu, un parti, un mouvement ...) ni de « Sujet actif » (la classe ouvrière)
éliminait tout l’optimisme (souvent illusoire) qui laissait espérer que l’on allait abattre la classe dominante et créer une société sans exploitation et sans
aliénation : « Ce n’est plus le cas chez De André, plus anarchiste que marxiste. Et on voit alors se profiler un chansonnier plus influencé par la littérature et
par les chansons de Brassens ou par une pitié franciscaine pour les pauvres que par une critique politique du monde contemporain », (7). Les débats sur
ce sujet sont très contemporains … De André en est un élément non négligeable, qui élargit la solidarité des marginaux italiens à l’ensemble des exploités
de la terre, des roms aux indiens d’Amérique, des palestiniens aux bergers sardes. Et son importance est immédiatement perceptible dès que l’on
commence à écouter ses chansons, qui ne laisseront personne indifférent.
Écoutons quelques chansons de Fabrizio De André déjà entendues sur les émissions de Couleurs FM. Vous pouvez écouter toutes ses chansons sur
notre site ou sur Internet en tapant le titre de la chanson, et vous obtenez le texte en ajoutant « testo » :
ÉCOUTE 8 : La ballata dell’eroe (De André, Karim, 1961)
ÉCOUTE 9 : Canzone del maggio (De André, Storia di un impiegato, 1973)
ÉCOUTE 10 : Creuza de mä (De André e Mauro Pagani, 1984)
2.4 - Francesco Baccini (1960- )
Une génération plus tard, Gênes voit apparaître un autre « cantautore » de père génois et de mère napolitaine,
Francesco Baccini. Fils d’un docker de Gênes (« camallo » en dialecte), il est lui-même docker au port de Gênes
jusqu’en 1993. En même temps qu’il va à l’école, il suit avec passion des cours de piano classique et à 20 ans il
découvre la chanson et le rock, il s’exhibe dans les locaux de Gênes. Il publie son premier CD, Cartoons, en 1989, qui
remporte sa première Targa Tenco, puis en 1990 sort Il pianoforte non è il mio forte, dont deux chansons surtout auront
une assez grande importance sociale, Le donne di Modena et Il mio nome è Ivo (il dramma di preservare). La première
est un portrait amusant des femmes italiennes, entre autres les femmes de Gênes, dont il dira un jour : « Les femmes de
Gênes sont peu nombreuses, numérotées et rigoureusement fiancées. Gênes est au nord, mais sexuellement elle est au
sud de Reggio Calabria ». Quant à la deuxième chanson, elle fit sans doute plus pour l’usage du préservatif en Italie que
n’importe quelle circulaire médicale ou ministérielle.
Nomi e cognomi est publié en 1992, et comporte des « portraits » aussi bien de chanteurs comme Antonello Venditti et
Adriano Celentano que d’hommes politiques comme Giulio Andreotti et Renato Curcio, le fondateur des Brigades
Rouges, et un autoportrait, « Francesco Baccini ». C’est un de ses plus grands succès commerciaux.
Nudo suivra en 1993, doublé d’un livre où il raconte sa vie et exprime ses opinions sur le monde musical contemporain.
Dans son livre Nudo (Bompiani, 1993), il explique par exemple que les producteurs de disques s’intéressent peu à la
musique et qu’ils n’y comprennent rien, car ils ne considèrent que l’argent que rapportent les disques ; et il dénonce leur médiocrité. Il publie plusieurs
autres disques, dont Unitiduemilacinqueduemilaotto en 2008, il compose le sigle de Beppe Grillo « Il sogno di Woodstock » en 2010. Ses derniers disques
sont de 2011, Baccini canta Tenco, qui obtient une seconde Targa Tenco en 2012, suivi de Chewing gum Blues en 2017 avec Sergio Caputo ; Baccini
admirait beaucoup Tenco, et il était l’ami de Fabrizio De André qui participa à certains de ses enregistrements. En 2013, Baccini a fait un long tour en
Chine avec grand succès.
La voix de Baccini est prenante, c’est un bon pianiste, et il utilise tous les styles musicaux possibles, du swing au reggae, en s’attachant à celui qui mettra
le mieux en valeur le texte.
ÉCOUTE 11 : Le donne di Modena (Francesco Baccini, 1990)
ÉCOUTE 12 : Il mio nome è Ivo (Il dramma di preservare) (Francesco Baccini, 1990)
« Baccini est selon nous l’héritier du « macchiettista » du café-chantant, du « bouffon » de vieille revue, ou, en avançant un peu plus dans le temps du
faux « dur » à la Buscaglione : c’est-à-dire héritier d’une tradition musicale comique délicieusement italienne, et en ce sens Baccini s’insère à plein titre
dans la floraison nouvelle que la chanson d’auteur connaît en ce moment » (Enrico De Angelis, op. cit, 18/11/1990, p. 305). Cf. ibid, p. 335 : « Il faut dire
que derrière ces chansons de poche drôles, qui ne semblent être que des « chansons de promenade », il y a presque toujours un arrière-fond réaliste,
amer, polémique ».
Voir aussi dans Nudo, p. 179 : « Si j’étais empereur, si j’avais droit de vie et de mort sur mes sujets, je fermerais les discothèques. J’en murerais les
entrées : l’enverrais les maçons impériaux avec de la chaux et des briques et je fermerais toutes les issues. En laissant aussi dedans les disk-jockey et les
propriétaires. Je sauverais le public mais j’obligerais les spectateurs les plus acharnés à un programme intense de réhabilitation. Et pendant ce temps je
ferais construire des lieux de rassemblement qui rassemblent vraiment, pas des locaux dans lesquels on va faire un défilé personnel ».
2.5 - Ivano Fossati (1951- )
Il est né à Gênes en 1951, il est abandonné par son père à un an et élevé par sa mère et son grand-père, tous deux passionnés de
musique ; il étudie le piano, puis la guitare électrique et la flûte traversière au Conservatoire, et commence à jouer dans de petits
ensembles « beat », et son premier groupe de 1967 s’appelle « I poeti », puis il s’engage en 1970 dans le groupe « Delirium » (voir
plus loin), où il fait du rock « progressif », et avec qui il participe au Festival de Sanremo, albums, dont il écrit la musique et le texte
et qu’il interprète, en même temps qu’il écrit des chansons pour Mina, Ornella Vanoni, Patty Pravo, Loredana Berté, Fiorella
Mannoia, Anna Oxa, Marcella Bella, Dori Ghezzi, Alice, Tosca, Laura Pausini. Son premier album avec Delirium est Dolce acqua en
1971. Puis il publie en soliste Il Grande Mare che avremmo traversato en 1973, qui contient déjà de nombreuses références
littéraires (dont un texte d’Edgard Alan Poe) et qui évoque souvent le thème du voyage ; il est suivi de plusieurs autres disques,
Poco prima dell’aurora en 1974, Good-Bye Indiana en 1975, La casa del serpente en 1977. Il se rapproche ensuite du style rock et
sa chanson de 1979, La mia banda suona il rock, reste un « tube » de la chanson italienne et le fait apparaître comme un des plus
grands compositeurs de chansons de notre époque. Il a d’ailleurs obtenu quatre fois le prix Tenco, trois fois pour le meilleur album
(1990, 1992, 1996), et une fois pour la meilleure chansons (1988), à côté de plusieurs autres prix.
À partir de 1986, son travail de texte devient de plus en plus raffiné dans 700 giorni, suivi de La pianta del tè en 1988, Discanto en
1990, Lindberg-Lettere da sopra la pioggia en 1992.
Il collabore à plusieurs reprises avec Fabrizio De André, en particulier en 1990 pour Le nuvole et en 1996 dans Anime salve, et avec Francesco De Gregori
dans Scacchi e tarocchi. En 1992, il chante une adaptation italienne de la chanson de Boris Vian, Le déserteur. Sa chanson La canzone popolare de
1992, devient le slogan de la campagne électorale de l’Ulivo (Centre gauche) :
Alzati che si sta alzando la canzone popolare Lève-toi car la chanson populaire se lève
se c'è qualcosa da dire ancora
s’il y a encore quelque chose à dire
se c'è qualcosa da fare
s’il y a quelque chose à faire
alzati che si sta alzando la canzone popolare Lève-toi car la chanson populaire se lève
se c'è qualcosa da dire ancora
S’il y a encore quelque chose à dire
ce lo dirà
elle nous le dira
se c'è qualcosa da imparare ancora
s’il y a encore quelque chose à apprendre
ce lo dirà.
elle nous le dira.
Il publie encore en 1996 Macramè (en arabe = broderie), La disciplina della Terra en 2000, L’arcangelo en 2005, son disque probablement le plus politique,
Decadancing en 2011. Il travaille avec Fabrizio De André, il a écrit des chansons pour Mia Martini, Anna Oxa, Mina, Fiorella Mannoia, Loredana Bertè,
Patty Pravo, Ornella Vanoni, Laura Pausini, Giorgia, Noemi. Plusieurs de ses chansons constituent la musique de films, Il toro et L’estate di Davide, de
Carlo Mazzacurati. Il a publié une vingtaine d’albums entre 1971 et 2011 ; il a annoncé la fin de sa carrière de chanteur en 2012. Il a écrit aussi plusieurs
livres. Andrea Scanzi a écrit Ivano Fossati, il volatore, Giunti, 2006.
ÉCOUTE 13 : La mia banda suona il rock (La mia banda suona il rock, Ivano Fossati, 1979)
Lunario di settembre (Ivano Fossati, Discanto, 1990)
Une belle chanson qui raconte un procès et une exécution de « sorcières » en 1647. Vous pouvez en trouver texte et vidéo en tapant « Lunario di
settembre testo » et en allant sur le site : www.angolotesti.it.
2.6 - Autres « cantautori » de Ligurie :
D’abord Max Manfredi (Gênes, 1956- ). Il commence à jouer de la guitare dès l’âge de 7 ans et à écrire à 13 ans. Étant encore
au Lycée, il interprète dans un groupe, Gruppo Genovese di Musica Antica, les chants des troubadours. Il participe en 1985 à un
Prix Tenco, et son premier album, Le parole del gatto, obtient en 1990 la Targa Tenco. Fabrizio De André participe à son second
album, Max, en 1994. Il retourne au Prix Tenco en 2007 avec Il Regno delle fate, et il enregistre en 2008 Luna persa, qui est un
des grands moments de sa carrière qui obtient la Targa Tenco de 2009. Son disque le plus récent, Dremong, est de 2014, et il
publie en 2017 son quatrième livre, Tritaprovincia -Audiolibro.
La Ligurie a vu naître d’autres cantautori. Citons Enrico Lisei, né à Gênes en 1961. Il est psychologue et psychothérapeute en
même temps que musicien. Il a publié deux CD en 1996 et 2002, et il participe à la publication de chants de résistance ;
Francesco Baccini a publié quelques-unes de ses chansons, par exemple Giulio Andreotti. Il participe au Festival de Sanremo en 1993 et il est reçu par le
Club Tenco en 1996 ; Il tourne en 2016 et 2017 avec un spectacle, Cantar d’amore.
Franco Fasano est né à Albenga, près de Savona, en 1961, c’est le fils des chanteuses Dina et Delfina du Duo Fasano ; il commence par écrire des
textes pour d’autres chanteurs puis il écrit et chante à partir de 1981, où il passe au Festival de Sanremo avec Un’isola alle Hawaï. Il y retourne en 1989 et
1990, ce qui le décide à se lancer dans la musique à plein temps et à publier quatre albums. Il écrit aussi de nombreuses chansons pour des chanteurs
connus comme Fausto Leali, Anna Oxa, Drupi, ainsi que de la musique pour enfants qui lui procurent des succès au Zecchino d’Oro, le Festival
International de la Chanson d’enfant créé en 1959. En 2012, il publie un double CD comportant toutes ses chansons importantes, Fortissimissimo, et en
2014, il reprend l’enregistrement du vieux succès de Mario Panzeri, Non lasciare Roma.
Citons encore des chanteuses et compositrices : Laura Fedele, née à Gênes en 1959 mais d’origine napolitaine ; spécialiste de jazz et de blues du
répertoire féminin, elle est invitée au Prix Tenco en 1995 ;
Claudia Pastorino, née à Gênes en 1965, la première « cantautrice » de l’école génoise, qui enseigne le chant et la cantothérapie, et a déjà publié huit
CD, dont I gatti di Baudelaire en 1995 et un hommage à Fabrizio De André, Un sogno di mare, en 2005 ; elle est très active et productrice, et chante
beaucoup sa ville de Gênes. Regardez son site et lisez ses interviews : c’est une jeune cantautrice qui vaut la peine qu’on s’intéresse à elle, à sa poésie, à
sa musique, à son mode de pensée. Elle a obtenu le Prix Musicultura de Recanati en 1994, et s’est aussi spécialisée dans la pratique du chant des Indes.
Parmi les nouveaux cantautori, citons Franco Boggero, né à Gênes en 1953, historien de l’art qui commence à chanter, sur le conseil de Giorgio Conte,
les chansons qu’il écrivait depuis les années 1970. Il fonde un groupe en 2007 et publie son premier CD en 2009, Lo so che non c’entra niente, qui obtient
une nomination pour la Targa Tenco comme « première œuvre », et il est à nouveau invité en 2010 à la Rassegna della Canzone d’autore.
Augusto Forin est né à Sori, près de Gênes, en 1956 ; il fait des études de médecine, et commence sa carrière musicale dans le groupe « Cripta », de
jazz-rock, puis il fonde le groupe Jazz Ensemble, et devient bassiste dans un orchestre de danse. Il se consacre ensuite à une activité de cantautore en
compagnie de Max Manfredi, et se propose de travailler à la défense du patrimoine culturel, dans une étroite collaboration avec le pianiste Marco Spiccio
Cristiano Angelini est né aussi à La Spezia en 1967 et vit à Gênes, il devient neurobiologiste, mais étudie la guitare moderne dès l’âge de 10 ans. Il
travaille avec un groupe ethno-rock à partir de 1985, écrit des chansons en italien (en opposition à ceux qui choisissent maintenant d’écrire en anglais), et
travaille avec son ami, le médecin Giuseppe Avanzino à monter un spectacle de chansons de Georges Brassens dont il a traduit quelques unes non
encore traitées par De André, Svampa ou Amodei. Il crée à Gênes un Rendez-vous régulier de chansons d’auteur ; il collabore en 2009 avec Isa (Voir :
cantautori du Piémont) à un travail sur les cantautori de Gênes. Il est invité en 2009 par le Club Tenco, et sort son premier album en 2011, L’ombra della
mosca, dont on louera « l’intelligence des textes, le caractère recherché de la musique, toujours précieuse, la variété éthymologique et ethnologique
(parfois œnologique) de sa façon de faire des chansons » (Site : primigenia.it), et qui obtient la Targa Tenco en 2011.
Gênes est ainsi une pépinière de chanteurs et instrumentistes, il faudrait citer encore Rocco Bortone, Sabrina Napoleone (1973-), qui commence à écrire
des chansons dès l’âge de sept ans et se met très vite à jouer de la guitare électrique ; en 2014 elle est finaliste du Prix Tenco ; elle organise des
manifestations culturelles musicales comme le Lillith Festival ; Roberta Barabino, Maria Pierantoni Giua (Maria Pierantoni Giua, Rapallo, 1982- ),
cantautrice et guitariste qui gagne un Prix Recanati en 2004, auteur de deux disques ; Cristina Nicoletta, et plusieurs autres.
Parmi les cantautrici originaires de Gênes, se trouve Antonella Ruggiero (1952- ), soprano léger capable de passer de la
musique populaire à la musique lyrique classique, de la musique sacrée au jazz et à la musique contemporaine. Elle est une des
fondatrices en 1975 des Matia Bazar (leur nom vient du prénom de Matia qu’avait pris Antonella) qu’elle quitte en 1989 pour faire
une carrière de soliste. Elle obtient le 2e prix du Festival de Sanremo de 1998 avec Amore lontanissimo ; elle y retourne en 1999
avec son mari, Roberto Colombo, produisant la chanson Non ti dimentico. Elle va de nouveau au Festival de Sanremo en 2003
(elle est 9e avec Di un amore), en 2005 (elle finit 3e avec Echi d’infinito, de Mario Venuti e Kaballà), en 2007 (avec Canzone fra le
guerre, qui finit 10e), en 2013 (avec Da lontano , qui est 12e). Son album Genova la Superba est de 2007, hommage aux grands
chanteurs de Gênes, De André, Bindi, Fossati, Tenco, Paoli, I New Trolls dont elle reprend deux chansons. En 2009, elle participe
à un projet d’aide aux populations de l’Abruzzo victimes du tremblement de terre. En 2010 son double CD I regali di Natale
enregistre des mélodies de Noël du Moyen-Âge aux années 1940. Elle a publié plusieurs autres disques et fait de nombreuses
tournées. Une grande chanteuse !
Une autre chanteuse célèbre est Sabrina Salerno, née à Gênes en 1968. Alexia (Alessia Aquilani) est née à La Spezia en 1967. Elle commence sa
carrière en 1989. Chanteuse et compositrice, elle a vendu des millions de disques, en italien ou en anglais. Elle a participé à plusieurs Festivals de
Sanremo, elle obtient le second prix en 2002 (avec Dimmi come…) et le premier en 2003 (avec Per dire di no) ; elle y retourne encore en 2004 et obtient
le second prix avec Da grande. Son dernier album (sur les 13 qu’elle a publiés) est de 2017 (Quell’altra). Elle est mariée avec un neveu de Giorgio Armani,
membre de la famille Agnelli, et cousine du footballeur Alberto Aquilani.
Signalons encore les noms de Max Parodi (1970-2008), fils de Piero Parodi (1935- ). Le père fut un cantautore dialectal génois, un des plus connus et
des plus vendus : sa chanson A seissento vend plus de 500.000 exemplaires. Originaire de Sestri Ponente, il commence sa carrière de chanteur dialectal
sur les navires de croisière américains, puis fait de nombreux récitals en Ligurie, collaborant avec de nombreux autres chanteurs génois. Le fils Max est
actif sur la scène musicale rock, il fonde le groupe Little Bridge Street Band en 1992 (qui prend le nom de La Rosa Tatuata en 1993), et publie plusieurs
disques, entre autres avec le groupe Buio Pesto (Voir plus haut).
3) Les groupes de Ligurie :
Un premier groupe a marqué l’histoire de la chanson en Ligurie, les New Trolls. Nés en 1966 sous le nom de « I Trolls »
avec Pino Scarpettini (claviers) et Vittorio De Scalzi (guitare et voix), Nico Di Palo (1947- ,
guitare), Gianni Belleno (Batterie), Ugo Guido (voix et basse), Giulio Menin (batterie), Giorgio
D’Adamo (basse) et Piero Darini (guitare et voix), ils publient plusieurs 45 T. Le groupe devient «
New Trolls » en 1967 avec d’autres musiciens autour de Vittorio De Scalzi (Cf. photo de gauche). De
Scalzi (1949- ), le principal fondateur, s’engage dans la recherche de chansons populaires génoises
qu’il interprète en dialecte ; il collabore avec Fabrizio De André et le poète anarchiste Riccardo
Mannerini. Il participe avec le groupe à sept éditions du Festival de Sanremo dont une avec Umberto
Bindi en 1996. Avec Marco Ongaro, il publie en 2011 l’album Gli occhi del mondo sur des textes de
Mannerini.
Les New Trolls se produisent dans les locaux où l’on écoute la musique « beat » et deviennent
assez connus pour qu’on les choisisse en première partie d’un concert des Rolling Stones. Un de
leurs 45T obtient le Prix de la Critique en 1967, ils produisent leur premier album en 1968, Senza orario senza bandiera, un des
premiers « concept album », avec des textes de Fabrizio De André sur des poèmes du poète anarchiste génois Riccardo Mannerini.
Ils passent au Festival de Sanremo en 1969, avec Io che ho te, puis en 1971 avec une chanson de Sergio Endrigo, Una storia, qui va
en finale ; puis ils publient ce que l’on considère souvent comme leur chef-d’œuvre, Concerto Grosso per i New Trolls, sur une
musique de Luis Enriquez Bacalov, le premier à unir des sonorités classiques et des passages de musique rock, sur des textes
anglais inspirés par Shakespeare. Naît alors à Turin leur fan-Club, le premier en Italie et toujours actif. Ils publient encore deux albums
puis se séparent et élaborent plusieurs projets parallèles ; certains rejoignent le groupe « Tritons », d’autres participent à un tour de
Fabrizio De André, et le groupe se reconstitue en 1976, publiant Concerto Grosso N° 2, et participant à l’élaboration d’un double album d’Ornella Vanoni en
1977. Deux nouveaux albums sortent en 1978, dont Aldebaran. Le groupe évolue alors vers un style pop-rock, il publie quelques albums, travaille avec des
auteurs comme Claudio Baglioni, Franco Battiato, Anna Oxa, obtient un prix de la Critique à Sanremo en 1985, avec Faccia di cane, repris dans le CD
Quelli come noi (1992). Ils cessent d’exister en tant que groupe en 1997, mais Vittorio De Scalzi publie encore en 2007 Concerto Grosso : The seven
seasons. Le groupe reste un des grands mythes musicaux de cette période.
Écoute 14 : Una miniera (New Trolls, 1970)
Écoute 15 : Shadows (per Jimi Hendrix) (New Trolls, 1971)
Le groupe Delirium a été évoqué à propos d’Ivan Fossati. Il se forme à Gênes à la fin des années 1960 sous le nom de I Sagittari et ils adoptent leur nom
définitif en 1970 quand arrive Fossati. Leur premier album de 1971 est Dolce acqua. Ils ont un assez grand succès et participent au Festival de Sanremo
en 1972 avec Jesahel qui devient le hit de l’année et vend des dizaines de milliers d’exemplaires.
Le groupe se dissout en 1975 pour se reformer en 1996 avec trois membres de l’ancien groupe, et ilpublie en 2015 un album de grand succès, L’era della
menzogna, où ils évoquent le problème de grande actualité de la corruption politique.
Écoute 16 : Jesahel (Delirium, Dolce Acqua, 1971, Antologia del Progressive Rock Italiano, La
Repubblica, disco
numero 10)
Un autre groupe génois apparaît en 1968, Ricchi e Poveri. Ils écrivent et composent peu eux-mêmes mais ils seront un des groupes à la fois très liés à
leur ville et de renommée internationale, un groupe qui vend plus de 20 millions de disques et attire des milliers de
spectateurs à ses concerts donnés dans le monde entier (dans tous les pays d’Europe dont la France, en
Amérique, en Australie, au Japon, etc.). Il se compose de Angelo Sotgiu et Franco Gatti, qui chantent ensemble
depuis 1963 dans le groupe génois « I Jets », de Angela Brambati qui chante dans le groupe « I Preistorici » (« la
Rita Pavone genovese ») et de Marina Occhiena (1950- ), qui participera aux Festivals de Sanremo de 1970,
1971, 1972, 1973,1976, jusqu’en 1981 (elle quitte le groupe pour conflits sentimentaux avec Angela), après quoi ils
ne constituent plus qu’un trio (Ci-contre à droite, Marina Occhiena et Angela Brambati). Leur succès dans les
« balere » génoises sous le nom de« Fama Medium », l’aide de Fabrizio De André et de Franco Califano, les incite
à se déclarer en 1968 sous le nom de Ricchi e Poveri (« ricchi di idee e poveri di soldi » = riches en idées et
pauvres en argent). À cette date dans un spectacle à Perugia, ils sont pris à partie par un groupe de militants
partisans de la révolte de 1968.
Ils obtiennent le second prix au Festival de Sanremo en 1970 avec La prima cosa bella, et ils seront un des
groupes à participer le plus souvent au Festival (1971 avec Che sarà, 1972 avec Un diadema di ciliegie, 1973 avec
Dolce frutto, 1976 avec Due storie di musicanti (de Sergio Bardotti et Luis Bacalov), 1981 avec Sarà perché ti amo, 1985 avec Se mi innamoro qui obtient
le premier prix, 1986 avec Canzone d’amore, 1988 avec Nascerà Gesù, 1989 avec Chi voglio sei tu, 1990 avec Buona giornata, 1992 avec Così lontani de
Toto Cutugno). Ils participent aussi à beaucoup d’autres festivals, Festivalbar, Eurofestival, etc.
En 1993, ils signent un contrat avec Mediaset, la maison de télévision de Berlusconi. Ils ont publié des dizaines de singles et d’albums. Malgré leur grande
commercialisation internationale, ils ont toujours tenté de conserver un minimum de qualité des textes et de la musique. Ils ont fait aussi quelques disques
pour enfants et enregistré 2 singles de chansons génoises dialectales.
ÉCOUTE 16 : Che sarà (Ricchi e Poveri, 1971)
I Trilli sont un groupe qui chante à la fois en italien et en dialecte génois. Ils se sont formés en 1973, dissous en 1997 et reformés en 2009. Au début, le
groupe se composait de Giuseppe Deliperi (« Pucci », 1942-1997) et de Giuseppe Zullo (« Pippo », 1948-2007). Ils participent
sans succès au Festival de Sanremo de 1984. C’est Vladimir Zullo, le fils de Giuseppe qui reforme le groupe en 2009 avec
Francesco Zino. Leur premier album, Canti de casa mae, est produit par Gianni De Scalzi, le père de Vittorioo De Scalzi (voir plus
haut) en 1973, et ce sera le début de la carrière du groupe qui vendra le plus de disques de musique ethnique, à part Crêuza de
ma de Fabrizio De André. Il sera suivi de plusieurs autres disques qui reprennent des chants de la tradition populaire génoise. À
partir de 1982, ils chanteront en italien. En 1984, ils participent au Festival de Sanremo avec Pomeriggio a Marrakech. Le groupe
disparaît après la mort de Giuseppe, qui laissa un grand vide dans la musique dialectale génoise. Son fils décide donc de
reprendre, aidé au départ par Piero Pelù et un musicien du groupe des Stadio, et en 2009 les Nuovi Trilli connaissent un succès
européen avec Teresa De Sio, Niccolò Fabi, Roy Paci, Vladimir Luxuria, etc. En 2014, le groupe passe de 4 à 7 musiciens, et en
2017, à l’occasion du 10e et du 20e anniversaire de la mort des deux fondateurs, ils donnent une grande soirée au bénéfice de la
communauté San Benedetto (Gênes) de Don Andrea Gallo (1928-2013, le prêtre génois considéré comme communiste pour son
action sociale), un de leurs soutiens de toujours. Ils ont publié plus de 20 albums dialectaux et une quinzaine de disques en italien.
Un des groupes caractéristiques de la scène musicale de Gênes est Sensasciou, qui vise à mêler des textes dialectaux et le
traditionnel « trallalero » génois avec des rythmes plus modernes comme le « ragamuffin ». L’initiateur du groupe en 1993 est
Roberto Quadrelli, avec Bobby Soul (Alberto De Benedetti) (qui sera le chanteur du groupe « Blindosbarra ») et Renato
Rassis. Il enregistre Cangia sta vitta en 33 T, où il intègre des poésies de dialecte génois et des chœurs inspirés du reggae, du
blues ou du traditionnel « trallalero » ; il appelle cela le « Trallamuffin » ; il s’exprime dans tous les centres sociaux italiens et à
Marseille (où il s’associe au « Massilia Sound System »), est remarqué et publié par la Compagnie Nuove Indye. Sensasciou est
typique d’une ville comme Gênes toujours ouverte sur le monde dans son expérience marine ; il a toujours été favorable à la
contamination et au métissage ; un de ses disques est destiné à aider les enfants des rues brésiliens (Os pivetes), un autre à
lutter contre les rondes nordistes qui menacent les étrangers (Extracomunitario). In Scio Bleu mêle musiques méditerranéennes,
arabes, afro-américaines en 1994. En 1995, le groupe chante à Rome pour la fête du 1er mai.
Puis le groupe s’enrichit de nouveaux musiciens et publie In Scia Lunn-a en 1996, puis Generazione con la X en 1997 ; il gagne
le prix régional ligure puis la Targa Tenco pour le meilleur album en dialecte en 1997. Ensuite, après la maladie de Roberto
Quadrelli, on perd un peu les traces du groupe, malgré la publication de Na Bunn-a Sperlengjejua en 2002 (la « perlengheuja » est la façon utilisée par le «
megun », le sorcier, pour éliminer un mauvais œil magique, et devient une métaphore de la musique). Le groupe continue avec Roberto Quadrelli, Lucas
Evangelista et Matteo Michillo, qui jouent dans d’autres groupes comme La Banda del Culo nero, ou Les Gastones.
On peut écouter le morceau chanté en 1997 au Club Tenco sur les sites : demusicanovablogspot.com et www.liguriareggae.it.
Roberto Quadrelli avait participé auparavant au groupe punk rock Dirty Actions de 1973 à 1982.
Écoute 17 : Generazione con la X (Sensasciou, 1997)
Un autre groupe ligure est né en 1975, les Matia Bazar, avec leur pianiste Piero Cassano (1948- ), Aldo Stellita, Carlo
Marrale, Giancarlo Golzi (qui vient de « Museo Rosenbach », 1952-2015) et Antonella Ruggiero, remplacée plus tard par
Laura Valente, puis par Silvia Mezzanotte. Dès leur début, ils font une musique pop très raffinée. Après plusieurs single, ils
gagnent le Festival de Sanremo en 1978 avec … E dirsi ciao, suivi de trois albums assez commerciaux. C’est alors qu’ils se
lancent sur un autre voie proche de la musique électronique, avec Mauro Sabbione qui remplace Piero Cassano, et ils publient
au bout de deux ans Parigi, Berlino, Londra (1982), puis Tango en 1983, avant de retourner au Festival de Sanremo avec
Vacanze romane en 1983. Ils publient plus de 20 albums, font des tournées très suivies dans toute l’Europe et au Japon ; ils
contribuent en cette période à faire sortir la chanson d’une médiocrité grandissante, et à lui redonner une qualité nouvelle en
relation avec l’évolution européenne, réintégrant aussi la tradition pop italienne. Ils continuent à jouer aujourd’hui, participant
encore au Festival de Sanremo en 2012, avec Sei tu.
ÉCOUTE 18 : Vacanze romane (Matia Bazar, 1983)
Citons encore, parmi les nombreux groupes de Ligurie, le Museo Rosenbach, groupe de rock progressif né en 1971 à Bordighera, et dont le nom est
repris d’un éditeur allemand, signifiant « ruisseau de roses ».
Il se forme à la fin des années 1960 sous le nom de « La Quinta Strada », avec
Alberto Moreno (claviers), Pit Corradi (guitare), Giancarlo Golzi (batterie), Marco
Banchieri (voix), rejoints en 1971 par Enzo Merogno (guitare), Leonardo Lagorio
(cuivres) et le chanteur Stefano « Lupo » Galifi. le groupe prend alors son nom
définitif, chantant dans des concerts d’autres groupes comme Ricchi e Poveri ou
Delirium. Ils publient un premier album, Zarathustra (voir la couverture ci-contre)
en 1973, une bonne réalisation « wagnérienne » de « progressive rock » inspirée
par l’œuvre de Nietsche, qui leur valut l’injuste qualificatif de « fascistes », alors
qu’ils voulaient montrer que Nietsche n’était en rien un inspirateur du nazisme. Le
groupe se dissout en 1975, puis se reconstitue avec d’autres musiciens, sous la
direction d’Alberto Moreno, et publie en 2013 un nouvel album, Barbarica.
La même année 1972 naissait à Sanremo parallèlement au Museo Rosenbach un autre groupe de rock progressif,
Celeste, mais il se dissout en 1977. C’est aussi le style rock progressif qui inspire le groupe Il Cerchio d’oro, créé en
1974 à Savona, qui ne publia que quelques disques en tirage limité à quelques centaines d’exemplaires. Le rock
progressif est aussi le style d’autres groupes comme La coscienza di Zeno, créé à Gênes en 2007, qui publie son
troisième album en 2015, comme le groupe Latte e Miele formé aussi à Gênes en 1971, qui publie entre autres en 2009 un disque inspiré par les
aventures de Marco Polo, et reprend en 2014 des chansons de Lucio Battisti
IL ne faudrait pas oublier non plus un groupe comme les Bit-Nik, groupe beat qui se forme à Gênes en 1964, se dissolvent à la fin du siècle pour se
reformer en 2001 et publier encore un album en 2004.
Un jeune groupe de jazz et de rock progressif est né en 2010 à Gênes, Ars Populi, composé de Giovanni La Grotteria, guitariste spécialiste de musique
classique, Guido Bottaro, pianiste d’Antonella Ruggiero, Pino di Stadio, batteur, et Antonello Palmas Cotogno, basse.
Un groupe funk, Blindosbarra, créé en 1992 et formé de dockers, a exprimé surtout les problèmes et les revendications des travailleurs du port de
Gênes. Ils enregistrent quatre albums et disparaissent après 2003.
Signalons enfin l’existence d’un Musée de la Chanson, à Vallecrosia, en Ligurie, entre Vintimille et Bordighera (Museo della Canzone, Via Roma, 108,
18019, Vallecrosia (IM), et voir son site : Il a été installé dans plusieurs wagons de train par Erio Tripodi, et contient un matériel appréciable et
pittoresque d’appareils de reproduction musicale, de partitions, disques, posters, etc.
NOTES :
6 Fabrizio De André, Come un’anomalia, Tutte le canzoni, Einaudi Tascabili, 1999, p. 275. L’ouvrage est important, il comporte le texte de toutes les
chansons de De André, et quelques autres textes. On trouve aussi quelques chansons commentées dans Fabrizio De André da Marinella a Creuza de mä
(a cura di Doriana Fasoli) Edizioni Associate, 1989, 235 pages. Sur De André, on peut consulter : Giuseppe Adduci, Fabrizio De André, Gammalibri, 1987,
138 pages ; AA.VV. Fabrizio De André, Accordi eretici, Euresis Edizioni, 1997 ; chez Sperling e Kupfer Editori, Amico fragile, Fabrizio De André si racconta
a Cesare G. Romana, 1991 ; le petit livre de Fernanda Pivano, Cesare G. Romana et Michele Serra, De André corsaro, Interlinea Edizioni, Novara, 2002.
Et évidemment, comme pour tous les grands, les chroniques de Enrico De Angelis, Musica sulla carta, Zona 2009. On trouvera une anthologie bilingue des
textes d’Edgard Lee Masters, Antologia di Spoon River, a cura di Letizia Ciotti Miller , Grandi Tascabili Economici Newton, 1988, 264 pages.
7 Jean Guichard, Amore, guerra e morte nelle canzoni di Fabrizio De André, in : Cantami di questo tempo, Poesia e musica in Fabrizio De André (a cura di
Andrea Cannas, Antioco Floris, Stefano Sanjust), Collana Portales, Aipsa Edizioni, 2007, pp. 19-30.
Jean Guichard, 8 mai 2018
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