LA CHANSON EN EMILIE ROMAGNE - page 1
LA CHANSON EN ÉMILIE-ROMAGNE
1 - La chanson populaire traditionnelle
Voilà une autre région riche de production chansonnière, elle a derrière elle une longue histoire de chansons populaires. L’Émilie-Romagne a toujours été une zone de transition entre
le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest, sa musique intégrait aussi bien la gigue et la ballade, qui relevaient de la culture septentrionale que le « saltarello » qui relevait de la culture
méridionale, et la richesse de cette culture traditionnelle était grande, un cantautore comme Guccini s’en souviendra toujours et en héritera. Cette région est un pont, un lieu de passage
des pélerins, des marchands, puis des touristes. Les pèlerins qui descendaient du Nord vers Rome puis par Brindisi vers Jérusalem passaient par les différentes « Vie romee » (les
voies qui menaient à Rome), la via Francigena qui traversait l’Émilie, franchissait le Pô vers Piacenza et traversait l’Apennin, ou la via Nonantolana qui passait près de Modène, ou la
via della Sambuca, près de Bologne. Avant cela, tous les peuples d’Italie sont passés par là, les Étrusques, les Latins, les Gaulois, les Byzantins, les Longobards, et ils ont laissé
partout des traces culturelles, dans les noms de fleuves, de montagnes ou de villes comme dans la gastronomie ou dans la chanson : c‘est ce qui fait l’originalité des musiciens
populaires d’Émilie, porteurs d’une diversité rare de rythmes, de formes, d’instruments, de langue (1).
La réalité de la chanson populaire est donc complexe, différente selon que l’on est dans la montagne de l’Apennin bolognais ou dans la plaine, dans l’Émilie ou dans la Romagne, à la
campagne ou en ville, son étude est difficile et hors du cadre de ce dossier. Ce n’est pas par hasard qu’un chaire d’ethnomusicologie a été créée à Bologne, et que l’Université a un
Département comme le DAMS (2). Renvoyons pour une première écoute au petit ouvrage d’anthologie de la Rededizioni (3). Il comporte 12 chansons caractéristiques, dont quelques
danses comme celle du Barabèn, ou danse des morts, de la région de Mantoue à l’occasion du Carnaval, et des exemples des différents instruments, du fifre de Piacenza (il piffero), la
cornemuse du Carnèr (la piva), de l’ocarina de Budrio aux cordes de l’Apennin de Bologne.
Écoute 1 : 1.1 - Barabèn / Tresca dei preti (Antologia Emilia Romagna citée en note)
1.2 - Stornelli di questua / Pasquella (Ibid.)
On peut consulter aussi les articles et ouvrages de Francesco Balilla Pratella (1880-1955), originaire de la région et qui, au-delà de sa paternité de la musique futuriste, fut un
spécialiste de la musique populaire d’Émilie Romagne. La mode de 2018 n’est plus guère aux chansons populaires. Mais on peut se référer à des publications de l’Albatros comme
Musiche e canti dell’Emilia, 4 vol.1977, ou Romagna, 2 vol. 1980.
Disons aussi que cette région a été un lieu de développement du « liscio », valse, polka, mazurka et plus tard tango et one-step ; le « liscio » (appelé ainsi parce que les danseurs
« glissent » sur la piste au lieu de « sauter » comme on faisait dans les danses populaires) se développe en Romagne à la fin du XIXe siècle, et au début du XXe siècle, il évolue en
intégrant un chanteur. La première formation fut celle de Carlo Brighi (Savignano sul Rubicone, près de Forlì,1853-1915), qui ouvre la première « balera » (local ou piste de danse) en
Romagne ; son orchestre se composait de 3 violons, une clarinette en do et une contrebasse, et plus tard la guitare remplaça un des 3 violons ; il est l’auteur de 465 valses, 194 polkas,
141 mazurkas, 19 « manfrine » (danse d’origine piémontaise, la « monferrina »), 10 « galoppine », un « saltarello » (danse à 3 temps qui datait du XIIIe siècle, dont le nom vient
précisément de « saltare » = sauter) et un quadrille. Son fils Emilio continua son travail, en insérant dans son orchestre le violoniste Secondo Casadei (1906-1971), qui créa en 1928 le
premier orchestre Casadei, dont son neveu Raoul Casadei (1937- ) assura la continuité suivi par son fils Mirko jusqu’à aujourd’hui. Une autre forme de musique et de danses
populaires ! Ces danses constituent d’abord une révolution dans le monde bourgeois et aristocratique, surtout le tango, qui scandalisait l’Église et que le pape Pie X voulait faire
interdire pour son immoralité (ces corps qui se touchaient de si près…) jusqu’à ce qu’un maître de danse proche du Saint-Siège, Enrico Picchetti, l’ait dissuadé entre 1912 et 1914 (4).
Du milieu urbain, ces danses passèrent ensuite jusque dans le milieu populaire, même dans les campagnes, marginalisant les danses populaires anciennes sans les éliminer
totalement dans les zones de montagne comme les Apennins. Le « liscio » est donc à étudier dans son ambiguïté, à la fois de continuité et de rupture avec la chanson et la danse
traditionnelles.
Par ailleurs, l’Émilie-Romagne a toujours été une région « rouge », dès le début de l’histoire d’Italie, lieu de création de coopératives ouvrières, de syndicats, et où le mouvement
communiste a toujours été fort jusqu’à une date récente. Cela se répercutera sur la chanson : les chanteurs émiliens ont souvent été fortement politisés et proches des communistes,
on le verra en particulier à propos de Pierangelo Bertoli et de Claudio Lolli.
Enfin, pour la curiosité et parce qu’il y en a probablement beaucoup de semblables, citons un groupe rencontré par hasard dans un bar de Ravenne, « I Blëc de Sabat », qui propose
un disque, Una giurnëda dri Pò, dont toutes les chansons, sauf une, Romagna mia, sont en dialecte romagnol.
2) Les cantautori d’Émilie-Romagne
2.1 - Francesco Guccini (1940- ), le poète et philosophe de la vie quotidienne et du « mystère de l’existence ».
Le plus grand cantautore de cette seconde moitié du siècle est Francesco Guccini : il sera un modèle pour 4 ou 5 générations. Il commence à
écrire en 1960, et son « dernier disque » (dit-il) est de 2012, L’ultima Thulé. Il est aussi écrivain, auteur de plusieurs romans, auteur de BD,
lexicographe, spécialiste des dialectes émiliens, auteur de musiques de films, outre une vingtaine d’albums. Il est un des meilleurs de la
« chanson d’auteur ».
Guccini est né à Modène, mais il passe son enfance jusqu’à l’âge de 5 ans chez ses grands-parents dans un petit village de l’Apennin, Pàvana,
où il se réfugie avec sa mère alors que son père, employé des Postes, est parti pour la guerre ; il consacrera son premier roman, Cròniche
epifàniche (Feltrinelli, 1989), à ce village des Apennins. À la Libération il rentre à Modène. C’est là qu’il sera en contact avec la culture
américaine apportée par l’armée alliée, la littérature (d’Hemingway à Kerouac) comme la musique à partir d’Elvis Presley. Il fait des études à
l’École Normale, puis à la Faculté de Lettres de Bologne, en même temps qu’il forme son premier groupe musical en 1957, après avoir appris à
jouer de l’harmonica et de la guitare : le groupe s’appelle les « Hurricanes ». Entre 1966 et 1967, il apprend à connaître les chansons de Brel,
de Brassens, de Cantacronache et celles de Woody Guthrie et de Bob Dylan dont il s’inspirera dans ses premières chansons. Il fonde à
Bologne un groupe, les « Gatti » (les Chats) qui deviendra « L’Équipe 84 » (Voir chapitre suivant pour les groupes musicaux), avec lequel il
chantera dans les cabarets émiliens et pour lequel il écrira ses premières chansons, qui ne seront pas publiées sous son nom, car il veut être
enseignant et ne s’est pas encore inscrit à la SIAE ; il écrit aussi quelques chansons pour Caterina Caselli et pour Gigliola Cinquetti.
En 1967, il publie son premier album, Folk Beat n° 1, qui comprend ses premières chansons, déjà enregistrées dans les albums d’Équipe 84, et une chanson qu’il écrit pour une amie
tuée dans un accident sur l’autoroute, Canzone per un’amica (In morte di S.F.), qui deviendra le morceau d’ouverture de ses concerts. Il travaille aussi à faire des bandes dessinées
avec son ami Bonvi (Franco Fortunato Gilberto Augusto Bonvicini, 1941-1995, auteur de BD) à qui il dédiera la chanson Lettera en 1996. Dio è morto (Cf le Volume I d’Histoire de la
chanson), écrite pour le groupe des « Nomadi », censurée par la RAI et louée par Radio Vatican, devient le symbole de toute une génération. Il écrit d’autres chansons pour les
« Nomadi », qu’il reprendra dans son premier 33 T.
Écoute 2 : Auschwitz (La canzone del bambino nel vento) (Folk Beat N° 1, 1968)
En 1970, il publie Due anni dopo, qui contient Primavera di Praga, chanson critique de l’occupation soviétique de la ville ; c’est là que commence à s’affirmer sa préférence pour les
ballades sans refrains. Il part aux Etats-Unis avec sa compagne américaine d’alors, mais il en revient déçu au bout d’un an. Il se laisse pousser la barbe, et va habiter dans son adresse
mythique définitive, Via Paolo Fabbri 43, à Bologne ; il va chanter à l’Osteria delle Dame, devant une ou deux centaines de personnes, dans des concerts qui se terminent dans des
chants collectifs de chansons populaires anarchistes (5). Il termine sa licence cette année-là, mais ne présente pas tout de suite sa « Tesi » sur les dialectes de Pàvana, pays
« presque émilien en terre toscane » ; il la présentera en 1982, mais on lui demandera 10 millions de lires d’arriérés d’inscriptions à l’Université, et il refuse. L’Université la lui donnera «
ad honorem » en 2002, avec le titre de « Sciences de la formation primaire » ; il avait voulu être enseignant, puis journaliste, mais il sera chanteur toute sa vie. Son 3e album sort en
1970, L’Isola non trovata, inspiré par son expérience américaine et plein de références littéraires, en particulier au poète Guido Gozzano (1883-1918), à une poésie duquel est dû le titre
(6). Le succès commence à arriver avec son 4e album, Radici, de 1972.
Écoute 3 : Radici (Radici, 1972)
La maison est dans le silence et dans l’obscurité, c’est la grotte primitive, c’est le sein maternel ; on y va donc à la recherche des souvenirs, des racines, des ancêtres ; c’est le lieu
secret des générations, nécessaire pour comprendre le présent, c’est-à-dire « moi », le premier « tu » de la chanson, pour connaître « l’âme » que j’ai. Puis vient l’apostrophe directe à
la maison, au vers 9, c’est le second « tu », le lieu d’où pourraient venir les réponses, mais la pierre est muette, comme le monde (l’univers), comme le soleil dont le langage dépasse
l’homme. On revient alors au vers 21 au « tu » initial de la maison : malgré ce silence, le passé est présent en ce « toi » qui est « moi-même », mais le «
sens » a été perdu, je ne le comprends plus. D’ailleurs (vers 25), y a-t-il un « sens » ? Y a-t-il des réponses aux questions ? Le silence n’est-il pas sans
fin, pour moi et pour ceux qui viendront après moi ? Alors on revient à la maison (vers 33) : la réponse est dans l’existence même de la maison, comme «
lieu de mémoire », et c’est la méditation sur ce lieu qui donne la réponse et la sagesse, dans une grande douceur retrouvée ; « E il naufragar m’è dolce
in questo mare » (Et il m’est doux de faire naufrage dans cette mer), disait Giacomo Leopardi, de façon moins optimiste. C’est l’une des grandes
chansons dans lesquelles Guccini exprime sa recherche fondamentale d’un « sens » à notre existence : pourquoi la vie humaine se déroule-t-elle ainsi,
pourquoi peut-il y avoir tant de cruauté (cf Auschwitz) ? Face à ces réalités, l’unique chose importante est de se poser des questions, même si la réponse
ne vient pas, car le présent n’a un avenir que s’il se réfère à la « maison », à nos « racines », non pas pour y revenir nostalgiquement, mais pour en tirer
une « douceur » qui nous permettra de construire notre avenir avec « sagesse ». Le thème des lieux de mémoire sera repris constamment, par
exemple dans Metropolis, où Guccini médite sur de grands lieux comme Venise, Bologne, Byzance, Milan … Venise par exemple fut un grand lieu de
mémoire, mais Venise meurt, et sa mort est vécue à travers l’agonie d’une jeune femme qui meurt en accouchant : Venise meurt d’avoir accouché de
Mestre et de Marghera comme Stefania meurt d’accoucher de son enfant dans la moiteur et l’humidité. San Marco est devenu le nom d’une pizzeria,
symbole de la médiocrité que connaissait Stefania, lectrice de Novella 2000 ; Venise devient un produit commercial et lieu de « menefreghismo »
(j’m’enfoutisme), d’où l’éloignement de la famille (« lontani parenti » qui rappellent les « antenati » de Radici). Venise a donc cessé d’être un lieu de
mémoire, à cause de la sottise humaine (Venezia, 1981).
C’est aussi le sens des chansons comme Il frate (L’Isola non trovata), méditation sur un personnage particulier de son village de Pàvana, le premier
d’une série que Guccini poursuivra dans toute sa carrière, par exemple avec Amerigo (1978), consacrée à son grand-oncle Enrico, émigré en Amérique.
La Canzone dei dodici mesi reprend à la fois un thème populaire ancien de la chanson, de la peinture ou de la sculpture, et la réflexion sur le
déroulement du temps et les activités humaines qu’il commande.
C’est aussi le sens de la grande ballade qui concluait tous ses concerts, La locomotiva (1972), récit de l’acte réel d’un cheminot anarchiste qui projeta de jeter une locomotive contre un
train de luxe qui transportait les exploiteurs d’un prolétariat opprimé : ce n’est qu’en se souvenant de son histoire passée que le prolétariat d’aujourd’hui construira sa lutte contre les
oppressions ; c’est donc une chanson moins « politique » que « philosophique », moins un appel à tel choix politique de lutte que réflexion sur l’histoire de ces luttes des anarchistes
d’hier.
En 1973, Guccini publie un disque qui est parfois considéré comme une parenthèse, un ensemble de 6 chansons plus ironiques, qui traduisent bien les séances de cabaret que Guccini
faisait à l’Osteria delle Dame de Bologne, où est d’ailleurs enregistrée une partie du disque, Opera buffa. Mais sur le fond, il ne s‘écarte pas de ses préoccupations « sérieuses » : un
récit humoristique de la création du monde et de l’homme (Genesi), toujours une réflexion sur nos origines, et puis des chansons sur les comportements sexuels (Talkin’ sul sesso) et
familiaux des Italiens des années ’70, le séducteur (Il bello), la maman (Di mamme ce n’è una sola), la fille du peuple qui se prostitue à tous les puissants pour arriver à être actrice
(Fantoni Cesira), et le récit mi-dialectal de la foire de Bologne (La fiera di San Lazzaro). Comme source de cette ironie, les problèmes d’actualité, l’hostilité de l’Église à la contraception,
l’attachement des jeunes italiens à leur maman, l’évolution des mœurs des années ’70.
À partir de 1974, Guccini publiera une série d’albums dont le succès augmentera régulièrement, Stanze di vita quotidiana (1974), Via Paolo Fabbri 43 (1975), Amerigo (1978),
Metropolis (1981), Guccini (1983), Signora Bovary (1987), Quello che non… (1990), Parnassius Guccinii (1993), Di amore, di morte e altre sciocchezze (1996), Stagioni (2000), Ritratti
(2004), L’ultima Thulé (2012), entrecoupés de plusieurs « live ». À partir de 1989, ses albums s’espacent, car Guccini se consacre de plus en plus à son vieux rêve, l’écriture, et il publie
plusieurs romans en collaboration avec Loriano Macchiavelli. On pourra voir l’article « Francesco Guccini » sur le site : it.wikipedia.org en italien, ou d’autres Sites en tapant : «
Francesco Guccini cantautore italiano ».
Il ne peut être question d’analyser dans ce cadre toutes les chansons de Guccini, ni tous les thèmes qu’il aborde dans une perspective cohérente et complexe, rendre compte de ce
qu’est la vie humaine, savoir quel est son sens profond et par conséquent décider des comportements qu’il faut privilégier, ce contre quoi il faut se battre, ce qu’il faut soutenir, pas
seulement politiquement, mais humainement, qu’est-ce que l’amour et l’amitié, comment les pratiquer et le faire, pourquoi les déceptions de la vie quotidienne, à cause de
l’individualisme et du manque de communication, pourquoi la misère de tant d’êtres, pourquoi l’enfant est-il un espoir … Toutes les chansons de Guccini seront écoutées et méditées
avec d’abord beaucoup de plaisir, car ce sont de belles chansons, où la musique embrasse avec art le rythme et la rime des vers, et avec intérêt, car toutes nous apportent des
questions et parfois des réponses, et une vision de la vie positive et dynamique, qui nous donne envie de continuer à en profiter et à lutter pour la rendre meilleure, même si Guccini est
souvent triste, amer et révolté : c’est pourquoi nous vous donnons ci-dessous une liste de toutes ses chansons que vous pourrez écouter à loisir. Écoutez-en au moins deux, utilisées
dans les émissions de radio de CouleursFM, comme exemples.
Écoute 4 : Libera nos Domine (Amerigo, 1978).
L’anarchiste Guccini ne fait grâce à rien, pas même à Dieu, à tous les dieux, et à tous ceux qui les adorent et peuvent tuer pour eux, « par amour ». Toute vérité est relative, et cela fait
appel à la responsabilité de chacun. Paolo Jachia a raison en cela de rapprocher les textes de Guccini de la littérature de « carnaval », qui véhicule « une vision du monde libre de tout
dogme, de toute morale préconstituée et de toute contrainte hiérarchique, et capable de recréer cette atmosphère particulière de liberté et d’absence de préjugés qui caractérise
précisément le Carnaval et les fêtes populaires » (7).
LES DISQUES DE GUCCINI
FOLK BEAT N. 1 (1968) 1. Noi non ci saremo 2. In morte di S.F. 3. Venerd Santo 4. L'atomica cinese 5. Auschwitz 6. Talkin' Milano 7. Statale I7 8. Il 3 dicembre del '39 9. La ballata
degli annegati. 10. Il sociale 11. L'antisociale
DUE ANNI DOPO (1970) 1. Lui e lei 2. Primavera di Praga 3. Giorno d'estate 4. Il compleanno 5. L'albero ed io 6. Due anni dopo 7. La verit 8. Per quando tardi 9. Vedi cara. 10.
Ophelia 11. L'ubriaco 12. Al trist
L'ISOLA NON TROVATA (1970) 1. L'isola non trovata 2. L'orizzonte di K.D. 3. La collina 4. Il frate 5. Un altro giorno andato 6. Canzone di notte 7. Il tema 8. L'uomo 9. Asia 10. L'isola
non trovata
RADICI (1972) 1. Radici 2. La locomotiva 3. Piccola citt 4. Incontro 5. Canzone dei dodici mesi 6. Canzone della bambina portoghese 7. Il vecchio e il bambino
OPERA BUFFA (1973) 1. Il bello 2. Di mamme ce n' una sola 3. La genesi 4. Fantoni Cesira 5. Talkin' sul sesso 6. La fiera di San Lazzaro
STANZE DI VITA QUOTIDIANA (1974) 1. Canzone delle osterie di fuori porta 2. Canzone della triste rinuncia 3. Canzone della vita quotidiana 4. Canzone per Piero 5. Canzone delle
ragazze che se ne vanno 6. Canzone delle situazioni differenti
VIA PAOLO FABBRI 43 (1975) 1. Piccola storia ignobile 2. Canzone di notte n. 2 3. L'avvelenata 4. Via Paolo Fabbri 43 5. Canzone quasi d'amore 6. Il pensionato
AMERIGO (1978) 1. Amerigo 2. Libera nos, Domine 3. 100, Pennsylvania Ave. 4. Eskimo 5. Le cinque anatre 6. Mondo nuovo
ALBUM CONCERTO (1979) raccolta live con i Nomadi 1. Canzone per un’amica 2. Atomica 3. Noi non ci saremo 4. Per fare un uomo 5. Primavera di Praga 6. Dio morto 7.
Canzone del bambino nel vento (Auschwitz) 8. Noi 9. Statale 17
METROPOLIS (1981) 1. Bisanzio 2. Venezia 3. Antenr 4. Bologna 5. Lager 6. Black-out 7. Milano (poveri bimbi di)
GUCCINI (1983) 1. Autogrill 2. Argentina 3. Gulliver 4. Shomr, ma mi-llailah? 5. Inutile 6. Gli amici
FRA LA VIA EMILIA E ILWEST (1984) doppio live
SIGNORA BOVARY (1987) 1. Scirocco 2. Signora Bovary 3. Van Loon 4. Culodritto 5. Keaton 6. Le piogge d'aprile 7. Canzone di notte n. 3
... QUASI COME DUMAS ... (1988) raccolta live
QUELLO CHE NON (1990) 1. Quello che non 2. Canzone delle domande consuete 3. Canzone per Anna 4. Ballando con una sconosciuta 5. Le ragazze della notte 6. Tango per due 7.
Cencio 8. Emilia
PARNASSIUS GUCCINII (1993) 1. Canzone per Silvia 2. Acque 3. Samantha 4. Farewell 5. Nostra signora dell'ipocrisia 6. Dovevo fare del cinema 7. Non bisognerebbe 8. Luna
fortuna 9. Parole
D'AMORE DI MORTE E DI ALTRE SCIOCCHEZZE (1996) 1. Lettera 2. Vorrei 3. Quattro stracci 4. Stelle 5. Canzone delle colombe e del fiore 6. Il caduto 7. Cirano 8. Il matto 9. I fichi
GUCCINI UVE COLLECTION (1998) raccolta
STAGIONI (2000) 1. Addio (Intro) 2. Stagioni 3. Autunno 4. E un giorno ... 5. Ho ancora la forza 6. Inverno '60 7. Don Chisciotte 8. Primavera '59 9. Addio
RITRATTI (2004) 1. Odysseus 2. Una canzone 3. Canzone per il Che 4. Piazza Alimonda 5.Vite 6.Cristoforo Colombo 7. Certo non sai 8. La ziatta (La Tiela) 9. La Tua libert (inedito
1971)
FRANCESCO GUCCINI THE PLATINUM COLLECTION 3 CD ; 1. 16 chansons 2. 15 chansons 3. 16 chansons
L’ULTIMA THULE (2012) 1. Canzone di notte n 4 2. L’ultima volta 3. Su in collina 4. Quel giorno d‘aprile 5. Il testamento di un pagliaccio 6. Notti 7. Gli artisti 8. L’utima Thule.
Beaucoup d’autres chansons de Guccini rappelleront ce refus du pouvoir extérieur qui contraint abusivement et arbitrairement, « vision du monde complexe, toujours ironique et
souvent comique, au centre de laquelle il y a l’exaltation de la liberté, de l’intelligence, du rire carnavalesque ; c’est-à-dire qu’est constitutif de sa poétique l’antidogmatisme comme
principe éthico-politique, avant même que principe scientifique. Là est la racine d’un très grand nombre de ses chansons » (Jachia, ibid, p. 121). On peut écouter en particulier la
Canzone di notte N. 2 (1975).
On pourrait y ajouter certains de ses personnages comme « Il Frate », désaxés par rapport à l’idéologie dominante, préférant la culture libre à la culture dogmatique, aimant le vin, la
vie, la joie du sexe, le langage libre qui ne recule pas devant une apparente obscénité, personnages qui, comme Guccini lui-même, se font leurs vérités relatives et savent en rire, qui
se font même leur paradis, comme dans Gli amici (1983), faisant ainsi même de la mort un phénomène matériel normal, et non dramatique, même lorsqu’elle frappe une amie de vingt
ans (In morte di S.F., 1968). Et ce refus des partis et des églises n’est pas une quelconque immoralité et irresponsabilité, au contraire : cette nécessité de se faire constamment sa
vérité veut dire nécessité permanente d’inventer de nouvelles formes de vie, d’être attentif aux êtres, surtout aux plus misérables, de les comprendre et de les aider, ce en quoi
Guccini est plus proche d’une ancienne idéologie chrétienne « progressiste » ou d’une idéologie « communiste » que d’une idéologie anarchiste petite-bourgeoise. Ses chansons ont
d’ailleurs souvent été écoutées et appréciés aussi bien du public des fêtes de l’Unità que de Radio Vatican !
Écoutons une dernière chanson qui manifeste cette attention pleine de tendresse :
Écoute 5 : Le ragazze della notte (Quello che non…, 1990)
Che cosa cercano le ragazze della notte,
Que cherchent-elles les filles de la nuit,
trucco e toilettes che si spampanano piano
maquillage et toilettes qui s’effeuillent doucement
come il ghiaccio va in acqua dentro al tumbler
comme le glaçon se liquéfie dans le « tumbler »
squagliandosi col caldo della mano,
en fondant à la chaleur de la main,
e frugano con gli occhi per vedere
et des yeux elles fouillent pour voir
un viso o un' ombra nell' oscurità
un visage ou une ombre dans l’obscurité
o per trovare qualcuno a cui ripetere
ou pour trouver quelqu’un à qui répéter
le frasi solite di quell' umanità...
les phrases habituelles de cette humanité…
Parmi les chansons citées, Bella senz’anima est une chanson de Riccardo Cocciante, de 1974, Quando tramonta il sole est du groupe pop romain « Vernice », chanson de 1994,
Suona un’armonica est peut-être la seconde partie de la chanson de Gino Paoli de 1960, Il cielo in una stanza : « Suona un’armonica : / mi sembra un organo / che vibra per te, per me
/ su nell’immensità del cielo » ; Ne me quitte pas est évidemment la référence à Jacques Brel.
On pourra rapprocher cette chanson de Canzone della vita quotidiana (1974), cette vie que tu as mal vécu, à travers ton travail (« La malattia è la noia del lavoro, La maladie est l’ennui
du travail »), des amours décevantes (« Amori fatti in furia, ridicolo contrasto, / dopo quei film di fasto e di lussuria, / rivincita notturna dove per esser vero, / l’uno tradisce l’altro col
pensiero », Amours hâtives, ridicule débat, / après ces films de faste et de luxure, / revanche nocturne où pour être soi-même, / chacun trahit l’autre par la pensée) où l’on fait l’amour
avec l’autre en pensant à l’actrice du film porno vu avant, les petits malaises toujours plus nombreux à mesure que l’on vieillit, et que l’on s’aperçoit que la vie quotidienne nous a trahis.
Ici, c’est la vie quotidienne des « filles de la nuit » qui est minutieusement décrite par Guccini, dans les bars louches qu’il condamne, et qui font le malheur de ces filles qui ont trop dit
oui. C’est cette vie que Guccini refuse et qu’il nous appelle à éviter.
Cette chanson est par ailleurs un bel exemple de la qualité d’écriture et de versification de Guccini. Le mot « notte » ne rime jamais au début de chaque strophe, qui a un rythme
ABABCBC pour la première strophe, puis ABACDCD pour les 4 suivantes, et enfin ABABCDCD pour l’avant-dernière et ABACDCD pour la dernière. C’est cet attachement au rythme et
à la métrique qui a fait dire à Umberto Eco que Guccini était le plus cultivé de tous les cantautori.
En 2013, Guccini semble avoir décidé de ne plus chanter, et de se consacrer maintenant à l’écriture. Son dernier livre sort en octobre 2013, Culodritto e altre canzoni (Mondadori),
reprise écrite de plusieurs de ses chansons, et sorte d’autobiographie dédiée à sa fille Teresa, née en 1978 ; il prépare pour Noël 2013 un volume 2 de Dizionario delle cose perdute, et
pour 2014 un nouveau roman avec Loriano Macchiavelli. Il a reçu 2 Premio Tenco et 4 Targa Tenco. On lira avec intérêt le site Guccini Wikipedia italiano.
Écoutez tout Guccini, vous ne serez jamais déçu(e)s.(8)
2.2 - Lucio Dalla (1943-2012)
En 2006, Lucio Dalla, qui s’est occupé de musique savante et d’opéra (une Tosca en 2003 tirée de l’œuvre de Puccini, une mise en scène du Pulcinella d’Igor Stravinsky et de Pierre
et le loup de Prokofief) dans la dernière partie de sa vie, a fait la mise en scène d’ Arlecchino de Ferruccio Busoni (1866-1924) : il voyait dans ce masque populaire de Commedia
dell’Arte traité par Busoni un anticonformiste qui « bouleverse les systèmes de pensée de son temps et s’oppose aux avant-gardes musicales les plus cérébrales, en créant une opera
buffa qui est une secousse électrique à la société et une révolution dans sa capacité d’arriver à tout » (La Repubblica, 22 marzo 2006), en
somme un personnage révolutionnaire socialement et musicalement, transgressant les règles bourgeoises à la fois dans sa tentative de
conquérir la belle Annunziata et dans la façon dont il interprète son rôle. Ce sens de la « révolution » est sans doute fondamental chez Lucio
Dalla, non pas au sens politique (Dalla n’a jamais été un politique) mais plus profondément au sens social et éthique, dans le cadre d’une
forme artistique, musicale et théâtrale.
Il naît à Bologne en 1943, dans une famille de classe moyenne, son père est un négociant d’huiles, directeur d’un club de tir aux pigeons, et
sa mère une excellente couturière qui sera plus tard appelée par la haute couture de Rome. Mais il devient orphelin de père à 7 ans, et il
vivra parfois son enfance dans des conditions matérielles difficiles ; sa mère meurt en 1976, à Manfredonia dans les Pouilles dont elle était
originaire, ville à laquelle Dalla restera toujours très attaché et qui le marquera beaucoup, ce qui lui vaudra des attaques de la Ligue du
Nord. Il dira plus tard à propos des vacances qu’il passera avec sa mère aux îles Tremiti à partir de 1953 : « C’est durant ces vacances
d’émigrant à l’envers qu’est advenue en moi une cassure entre deux modes de vie différents. Aujourd’hui je me retrouve avec deux âmes :
une nordique (ordonnée, efficace, tournée vers le futur, perfectionniste, exigeante envers elle-même et envers les autres), et une autre
méridionale (désordonnée, sauvage, sensuelle, onirique, mystique » (Corriere della Sera, 02 marzo 2012).
Il est dès l’âge de 6 ans initié à la musique, poussé par sa mère, il apprend l’accordéon puis la clarinette, et dès 1949, il s’exhibe dans une compagnie bolognaise d’opérette, devenant
une petite célébrité locale. Il avait aussi un oncle chanteur, populaire dans les années ’40 et ’50, Ariodante Dalla. Il n’a pas de bons résultats à l’école, et se consacre très tôt à la
musique, partant à Rome ayant à peine 17 ans. Il joue dans plusieurs groupes de jazz, dont les « Flippers » à partir de 1962, s’inspirant surtout de Ray Charles, Otis Redding, James
Brown, Chet Baker, Bud Powell, Charly Mingus, avec lesquels il lui arrivera de jouer. Il impose peu à peu sa voix particulière et sa pratique du « scat » (remplacement des paroles par
des sons, des syllabes ou des onomatopées), forme à Bologne son propre groupe, « Gli Idoli », et grave en 1966 son premier album, 1999. Il participe pour la première fois au Festival
de Sanremo avec Pafff… bum !, qui a peu de succès ; il y retourne en 1967 avec Bisogna saper perdere (6e place au concours), et il est bouleversé par la mort de son ami Tenco. Son
second album, Terra di Gaibola, est de 1970 et réalise peu de ventes (« Gaibola » est un faubourg de Bologne, sur la colline). Il est à nouveau invité à Sanremo en 1971 avec
4/3/1943, sur un texte de Paola Pallottino, initialement intitulé Gesù Bambino, et que la censure l’oblige à rectifier, d’où le nouveau titre et plusieurs vers modifiés (« Giocava alla
Madonna con il bimbo da fasciare » devient « Giocava a far la donna con il bimbo da fasciare » ; « E ancora adesso mentre bestemmio e bevo vino … per i ladri e le puttane sono
Gesù Bambino » se transforme en « E ancora adesso che gioco a carte e bevo vino per la gente del porto mi chiamo Gesù Bambino » … : pas de jurons et de putains dans l’histoire
de Jésus !). Sa chanson obtient le 3e prix et marque le début de son succès public ; elle sera transcrite en français par Pierre Delanoë pour Dalida, et chantée en portugais par Chico
Buarque de Hollanda. Il publie en 1971 un troisième album, Storie di casa mia, avec plusieurs belles chansons, écrites par de bons auteurs comme Gianfranco Baldazzi, Sergio
Bardotti ; il retourne au Festival de Sanremo en 1972, avec Piazza Grande, qui va en finale mais n’est classée que huitième. Cette chanson, qui se référait non à la Piazza Maggiore
de Bologne, mais à la plus petite Piazza Cavour, eut de plus en plus de succès, et en 2001, elle figura même comme texte à la Maturità (au Baccalauréat) sur le thème de la place,
contribuant ainsi à une confusion entre poésie et texte de chanson.
Dans une seconde période de sa vie, il va collaborer avec le poète émilien Roberto Roversi (1923-2012) avec qui il compose trois disques, Il giorno aveva cinque teste (1973),
Anidride solforosa (1975) et Automobili (1976). Très engagés sur le plan social, ces disques développent une critique du modèle de consommation qui se développe, du progrès
technologique centré sur la voiture (en même temps qu’il écrit une splendide apologie de Nuvolari, le champion automobile), de la domination de l’argent et des banques (La borsa
valori, énumération fébrile de titres d’actions bancaires), de la prédominance sociale des patrons (Intervista con l’avvocato), de l’exploitation des ouvriers (L’operaio Gerolamo), de
l’immigration interne (L’auto targata TO). Mais tous ces thèmes chers à Roversi, ancien Résistant et militant communiste et d’extrême gauche (il a été directeur de Lotta continua),
conviennent plus aux Fêtes de l’Unità, au Festival du Jeune Prolétariat et aux cours d’usines qu’au grand public, et Dalla, se sentant trop politisé, rompt avec Roversi, décide d’écrire
lui-même ses textes. Ses concerts emplissent les plus grandes salles de spectacle, où sa silhouette de petit homme doté d’un barbe fournie et coiffé d’un petit bonnet de laine devient
une icône de la chanson italienne. Il dira pourtant qu’il a tout compris de la chanson grâce à ce que lui a appris Roversi.
En 1977, il publie Com’è profondo il mare (la chanson Disperato Erotico Stomp : « Ho fatto le mie scale tre alla volta, mi son steso sul divano, /ho chiuso un poco gli occhi, e con
dolcezza è partita la mia mano », est la première chanson à évoquer une scène de masturbation). Il n’abandonne pas ses thèmes précédents : la chanson titre est une critique du
concept de « pouvoir » qui « brûle la mer » cette mer qui est le symbole de la liberté de pensée ; il fut cependant attaqué par Roversi et par ses fans qui considèrent qu’il a trahi et qu’il
s’est livré à une activité plus commerciale.
Écoute 6 : Disperato Erotico Stomp (Com’è profondo il mare, 1977).
Voir le texte sur : www.angolotesti.it, et la video du concert avec De Gregori sur : www.musictory.com.
Nouveau succès en 1979 avec Lucio Dalla (L’anno che verrà, Anna e Marco), sur des musiques de Ron, disque qui vend plus d’un million de copies, et avec le tour Banana Republic
où se retrouvent Dalla et De Gregori. Suivent d’autres albums, Dalla en 1980, qui dépasse aussi le million de disques (Futura, dont le rythme musical reproduit le mouvement d’une
étreinte sexuelle, Cara, Il parco della luna), en 1981 son Q-disc, l’année où apparaît le groupe des « Stadio », qui accompagnera Dalla durant toutes les années ’80 et qui est lancé
par la maison de disques créée par Dalla, la Pressing. Viaggi organizzati est de 1983, Bugie de 1985, DallAmeriCaruso de 1986 qui reprend les chansons de son récent tour aux Etats-
Unis auquel il ajoute l’admirable chanson Caruso, qui raconte le dernier jour du ténor napolitain Enrico Caruso, et qui vendra dans
le monde plus de 38 millions de copies, à la seconde place des chansons italiennes les plus vendues après Volare de Domenico
Modugno ; elle fut écrite pendant un séjour de Dalla à Sorrento, où il dormait dans la chambre où était mort Caruso.
En 1988, Dalla fait un disque avec Gianni Morandi, divers auteurs et musiciens y collaborent : c’est l’alliance de deux musiciens
qui n’ont rien en commun, sinon leur origine émilienne, qui relèvent de deux conceptions opposées de la chanson. Leur album
Dalla Morandi sort la même année. Mais mieux vaut rappeler une collaboration plus importante et durable, celle qu’il eut avec Ron
(Rosalino Cellamare), cité parmi les cantautori lombards.
En 1990, il publie l’album Cambio, avec le grand succès de la chanson Attenti al lupo, qui vend 1.400.000 copies, puis en 1994
l’album Henna, et en 1996 l’album Canzoni qui vend plus de 1.300.000 copies (Il contient la chanson Ayrton, dédiée au pilote de
formule 1 Ayrton Senna qui vient de se tuer au circuit d’Imola le 1er mai 1994). Ciao sort en 1999 et Luna matana en 2001, écrit et
réalisé aux îles Tremiti, et Lucio en 2003, et encore trois autres albums de 2007 à 2009.
Dalla est décédé brusquement à Montreux, où il faisait une tournée, le 1er mars 2012.
Dalla est un autre cantautore qui mérite que l’on écoute toutes ses chansons et nous en donnons ci-dessous la liste complète :
Disques de Lucio Dalla
1999 (1966) 1. Quanda ero soldato 2. Lei (non è per me) 3. I gat yoo 4. L'ora di piangere 5. L.S.D. 6. Monda di uomini 7. 1999 8. Tutto il male del mondo 9. Paff. .. Bum! 10. La paura
11. lo non ci sarò 12. Le cose che vuoi
TERRA DI GAIBOLA(1970) 1. Il fiume e la città 2. Orfeo bianco 3. Dolce Susanna 4. Abcdefg 5. Stars fell on alabama 6. Fumetto 7. Sylvie 8. Africa 9. Non sono matto o la capra
Elisabetta 10. K.O. 11. Occhi di ragazza 12. Il mio fiore nero
STORIE DI CASA MIA (1971) 1. Itaca 2. Un uomo come me 3. Il bambino di fumo 4. Il colonnello 5. Il gigante e la bambina 6. La casa in riva al mare 7. Per due innamorati 8. 4/3/1943
9. Strade su strade 10. L'ultima vanità 11. Lucio dove vai
IL GIORNO AVEVA CINQUE TESTE (1973) 1. L'auto targata "TO" 2. Alla fermata del tram 3. E lì 4. Passato, presente 5. L'operaio Gerolamo 6. Il coyote 7. Grippaggio 8. La bambina
(l'inverno è neve, l'estate è sole) 9. Pezzo zero 10. La canzone d'Orlando
ANIDRIDE SOLFOROSA (1975) 1. Anidride solforosa 2. La borsa valori 3. Ulisse coperto di sale 4. Carmen colon 5. Tu parlavi una lingua meravigliosa 6. Mela da scarto 7. Merlino e
l'ombra 8. Non era più lui 9. Un mazzo di fiori 10. Le parole incrociate
AUTOMOBILI (1976) l. Intervista con l'avvocato 2. Mille Miglia 3. Nuvolari 4. L'ingorgo 5. Il motore del 2000 6. Due ragazzi
COM'È PROFONDO IL MARE (1977) l. Com'è profondo il mare 2. Treno a vela 3. Il cucciolo Alfredo 4. Corso Buenos Aires 5. Disperato erotico stomp 6. Quale allegria 7 .... e non
andar più via 8. Barcarola
LUCIO DALLA (1978) l. L'ultima luna 2. Stella di mare 3. La signora 4. Milano 5. Anna e Marco 6. Tango 7. Cosa sarà 8. Notte 9. L'anno che verrà
BANANA REPUBLIC (1979) con Francesco De Gregori l. Banana Republic 2. Gelato al limon 3. La canzone d'Orlando 4. Bufalo Bill 5. Piazza Grande 6. 4/3/1943 7. Santa Lucia 8.
Quattro cani 9. Addio a Napoli 10. Ma come fanno i marinai
DALLA (1980) l. Balla balla ballerina 2. Il parco della luna 3. La sera dei miracoli 4. Mambo 5. Meri Luis 6. Cara 7. Siamo Dei 8. Futura
LUCIO DALLA ( 1981) Q-disc l. Telefonami tra vent'anni 2. Madonna disperazione 3. Ciao a te 4. You 've got a friend 1983 (1983) l. 1983 2. Pecorella 3. L'altra parte del mondo 4.
Camion 5. Noi come voi 6. Stronzo 7. Solo
VIAGGI ORGANIZZATI (1984) l. Tutta la vita 2. Toro 3. Aquila 4. 60.000.000 di anni fa 5. Stornello 6. Viaggi organizzati 7. Washington 8. Tu come eri
BUGIE (1985) l. Se io fossi un angelo 2. Soli io e te 3. "Luk" 4. Tania del circo 5. Scusami tanto ma ho solo te 6. Chissà se lo sai 7. Ribot 8. Navigando
DALLAMERICARUSO (1986) l. Caruso 2. Balla balla ballerino 3. Viaggi organizzati 4. Anna e Marco 5. Tutta la vita 6. Se io fossi un angelo 7. Cara 8. Washington 9. 4/3/1943 10.
Futura 11. Stella di mare 12. L'anno che verrà
DALLA MORANDI (1988) l. Vita 2. C'era un ragazzo che come me amava i Beatles e i Rolling Stones 3. Dimmi dimmi 4. Chiedi chi erano i Beatles 5. Felicità 6. Il cielo 7. Il Duemila, un
gatto e il re 8. Disperati complici 9. Emilia 10. Cuori di Gesù Il. Misterioso 12. Che cosa resterà di me 13. Pomeriggio in ufficio 14. Soli, ma splendenti 15. Amore piccolino
CAMBIO (1990) l. Attenti al lupo 2. 2009 (le cicale e le stelle) 3. E l'amore 4. Le rondini 5. Apriti cuore 6. Denis 7. Bella 8. Tempo 9. Comunista
AMEN (1992) Uve l. Amen 2. Quale allegria 3. Denis 4. Felicità 5. Nuvolari 6. Il mostro (canta Samuele Bersani) 7. Com'è profondo il mare 8. Washington 9. C'era un ragazzo 10.
Attenti al lupo Il. Apriti cuore
HENNA(1994) l. Henna 2. Liberi 3. Rispondimi 4. Cinema 5. Domenica 6. Merdman 7. Latin laver 8. Erosip 9. Don 't touch me 10. Treno
CANZONI (1996) l. Ayrton 2. Canzone 3. Tu non mi basti mai 4: Domani 5. Ballando ballando 6. Sul mondo 7. Amici 8. Prendimi così 9. Nun parla' 10. Cosa vuol dire una lacrima 11.
Good-bye
CIAO (1999) l. Ciao 2. Non vergognarsi mai 3. Io tra un'ora sono lì 4. Là 5. What a beautiful day 6. Trapiantoperso 7. Hotel 8. Trash 9. Scusa 10. 1999 11. Born to be alone
LUNA MATANA (2001) l. Chi sarò io 2. Siciliano 3. La strada e la stella 4. Zingaro 5. Kamikaze 6. Serial Killer 7. Domenico Sputo 8. Baggio ... Baggio 9. Anni luce 10. Notte americana
11. Agnese Dellecocomere
LUCIO (2003) 1. Amore disperato 2. Le stelle nel sacco 3. Prima dammi un bacio 4. Ho trovato una rosa 5. Per sempre presente 6. Per te 7. Tu sà ch’i so 8. Ambarabà Ciccicicò 9.
Putipù 10. « Yesterday » o « Lady Jane » 11. Over the Rainbow 12. Amore disperato
IL CONTRARIO DI ME (2007) 1. I.N.R.I. 2. Come il vento 3. Ativ 4. Lunedì 5. Due dita sotto il cielo 6. Liam 7. Malinconia d’ottobre 8. Risposte non ce n’è 9. Rimini 10. Spengo il
telefono 11. La mela
LA NEVE CON LA LUNA (2008), reprise de chansons d’autres disques enregistrées en live
ANGOLI NEL CIELO (2009) 1. Angoli nel cielo 2. Questo amore 3. Puoi sentirmi ? 4. La lucciola 5. Broadway 6.Vorrei sapere chi è 7. Cosa mi dai 8. Gli anni non aspettano 9. Fiuto
(con Toni Servillo) 10. Controvento
WORK IN PROGRESS (2010), Reprise de chansons anciennes avec Francesco De Gregori, 2 CD.
2.3 - Pierangelo Bertoli (1942-2002) et Claudio Lolli (1950- )
L’Émilie a donné naissance à deux autres cantautori très politisés, le premier, Bertoli, dans la province de Modena, le second, Claudio Lolli, à Bologne.
Pierangelo Bertoli est le fils cadet d’une famille ouvrière ; tout petit, il est affecté d’une poliomyélite qui le prive de l’usage de ses jambes et le contraint pendant toute sa vie à se
déplacer sur une chaise roulante. Sa famille ne possède pas encore de radio, mais il écoute beaucoup de chansons par l’intermédiaire d’un de ses frères
qui répète à la maison avec son groupe ; il connaît ainsi quelques grands chanteurs, en particulier Franck Sinatra, Bob Dylan ou Ray Charles. Il commence
à chanter lui-même vers 1965, il apprend très vite à jouer de la guitare et à exercer sa voix, et il chante et joue pour ses amis, dans les fêtes de village ou
dans les Fêtes de l’Unità organisées par le Parti Communiste italien, dont il est militant dans sa jeunesse, avant d’adhérer à l’Union des Communistes
Italiens (marxistes-léninistes) comme les musiciens qui jouent avec lui, qui constituent le Canzoniere del Vento Rosso. Il avait quitté l’école dès la
Quatrième, l’école l’ennuyait considérablement, mais il lisait beaucoup ; il doit maintenant trouver un travail, mais il n’a pas de formation professionnelle, la
musique devient alors sa profession, en même temps qu’il est devenu un communiste dur, à l’émilienne, formé par ses nombreuses lectures et par son
action militante, en ces années ’60 et ’70, dont les luttes vont inspirer ses chansons, ces luttes qui se traduisent par 2128 attentats, 32 personnes frappées
aux jambes, 11 assassinats, par l’affirmation des mouvements autonomes et la contestation de Luciano Lama et du PCI à l’Université de Rome, par la
production de Mistero Buffo de Dario et Franca Rame, etc.
Il est remarqué en 1974 par sa prestation dans un spectacle de Dario Fo à Milan, et il publie deux disques, Rosso colore dell’amore (9) et Roca blues. Un
peu plus tard Caterina Caselli et son mari Pietro Sugar, qui viennent de fonder leur propre maison d’édition, Ascolto, lui proposent un contrat. Après une
tournée qui lui fait parcourir l’Allemagne et une partie de l’Italie, il publie son premier album Eppure soffia (1976) pour la CGD, puis Il centro del fiume
(1977) pour Ascolto. Ils sont suivis d’un disque en dialecte de Modène, S’at ven in ment (1978) et de A muso duro (1979), qui vendent 30.000 et 60.000
copies. En 1979, Bertoli est appelé à assurer 142 concerts. Il se marie avec Bruna Pattacini, dont il aura 3 enfants, Emiliano, Petra et Alberto.
En 1981 sort Certi momenti, dont la chanson titre aborde le problème de l’avortement, à peine voté par le Parlement italien. La popularité de Bertoli est alors grande, et renforcée par la
publication de Album en 1982, de Frammenti en 1983, Dalla finestra en 1984 et Petra en 1985, complétés par Studio & Bertoli live de 1986, recueil de ses principaux concerts. En 1987,
il publie un recueil de chansons d’auteur, dont celles de Luigi Tenco et de Paolo Conte, Canzoni d’autore, auquel collabore, alors débutant, Luciano Ligabue. Tra me e me est de 1988,
Sedia elettrica de 1989, et Oracoli de 1990. Ces années ’80 sont en Italie des années sombres, de désengagement et d’aphasie politiques, d’hédonisme individualiste, de télévisions
toujours plus superficielles, contre quoi Bertoli continue à se battre, mais avec une rage moins provocatrice et un peu plus d’amertume. Pourtant en 1992, il sera candidat aux élections
législatives pour Rifondazione Comunista ; ce sont des années sombres pour Bertoli, qui publie une anthologie de sa production dans Una voce tra due fuochi (1995), puis reste trois
ans sans contrat : les maisons d’édition ne pensent qu’à l’argent, dira-t-il, et le contenu de ses chansons ne permet pas de vendre assez en cette période de reflux. Il publiera encore
Angoli di vita en 1998, un disque publié par Crisler, une petite maison d’édition, et en 2002 avant sa mort, paraît son dernier disque 301 guerre fa.
Il avait cependant tenté avec succès de se produire devant le grand public en se présentant au Festival de Sanremo en 1991 avec le groupe sarde « Tazenda », chantant une chanson
originale, Spunta la luna dal monte, publiée la même année avec quelques uns de ses succès antérieurs. Ce disque fut suivi en 1992 de Italia d’oro, chanson titre avec laquelle il
retourne à Sanremo pour invectiver une Italie en pleine décadence.
Écoute 7 : 7.1 - Eppure soffia (Bertoli, 1976) ;
7.2 - A muso d’oro (Bertoli, 1979) ;
7.3 - Italia d’oro
(Bertoli, 1992)
Toute différente est la personne de Claudio Lolli, mais lui aussi est un chanteur militant. Originaire d’une famille de petite bourgeoisie de Bologne, à laquelle il n’a cessé de s’opposer
(Voir la chanson de 1972 dediée à son père, Quando la morte avrà), il fait des études de Lettres, passe sa licence mais va tenter de vivre de ses chansons ; plus tard, en 1987, il
passera et réussira le concours qui lui permet de devenir professeur de lycée, et il le restera, tout en poursuivant sa carrière de cantautore, mais dans les années ’80, les années «
craxiennes », il ne lui est plus possible de vivre librement de sa chanson, et il exercera avec plaisir l’activité d’enseignant. Pourtant, il ne sera jamais un chanteur « de parti », jamais il
ne fera de polémique contre tel ou tel, jamais il ne chantera « d’hymnes » de parti ; il dira sa vérité sur ce qu’est la vie de l’humanité contemporaine, et sa tristesse de voir dispersées
les forces de lutte des années ’60 et ’70, et de constater le délitement des forces de gauche d’aujourd’hui. Il y a souvent beaucoup de mélancolie dans les chansons de Claudio Lolli, et
il dit que l’activité de chanter est pour lui toujours un « équilibre entre mort et renaissance »(10).
Claudio Lolli fréquente l’Osteria delle Dame de Bologne, où il rencontre Francesco Guccini qui le présente à la EMI. Son premier album est Aspettando Godot, de 1972, qui a un succès
immédiat chez les jeunes militants et dans la critique : une des chansons, Borghesia, donne le ton de ce que sera la production de Lolli, une critique féroce de la société hypocrite,
cléricale et renfermée qui l’entoure :
Vecchia piccola borghesia per piccina che tu sia
Vieille petite bourgeoisie pour petite que tu sois
non so dire se fai più rabbia, pena, schifo o malinconia.
je ne sais pas dire si tu donnes de la colère, de la peine, du dégoût ou de la mélancolie.
Vecchia piccola borghesia, vecchia gente di casa mia
Vieille petite bourgeoisie, vieille gent de chez moi
per piccina che tu sia il vento un giorno, forse, ti spazzerà via. pour petite que tu sois, peut-être, un jour, le vent te balaiera.
Ce n’est que dans des enregistrements postérieurs qu’il ajoutera le mot « forse » (peut-être). La certitude de la révolution a disparu. la critique reste, mais le doute et le scepticisme ont
grandi.
Il publiera en 1973 Un uomo in crisi (Canzoni di morte. Canzoni di vita), un disque dont il dit que c’est une production « gramsciano-communiste », pleine de « socialisme-humaniste ».
Les « chansons de mort » parlent de l’humanité actuelle, dans son triste cadre familial et son univers urbain aliénant ; les « chansons de vie » évoquent la possibilité d’une humanité
nouvelle, de « l’homme vrai avec un H majuscule » (Ibid p. 49) ; l’une d’entre elles est consacrée à Gramsci, vu par un de ses voisins, petit-bourgeois qui ne comprend pas qui est ce
sarde un peu bossu, qui deviendra député, et dont il voyait bien qu’il ne ferait pas une longue carrière : « Je voyais bien qu’il était socialiste » (Quello lì (compagno Gramsci)), portrait le
plus propre à attirer la sympathie des jeunes générations militantes d’alors. Une autre chanson du disque (Un bel mattino) se termine ainsi :
Ma oggi amore dobbiamo andare, giù nella strada, Mais aujourd’hui, mon amour, nous devons descendre dans la rue
dobbiamo lottare, perchè il sogno che ancora vediamo, nous devons lutter, pour que le rêve que nous voyons
encore
che annega i nostri visi in un dolore ormai quotidiano, qui noie nos visages dans une douleur désormais quotidienne,
sia meno triste mentre aspettiamo, quel bel mattino soit moins triste tandis que nous attendons ce beau matin
in cui il Sole gonfi le vele verso la morte, in cui ci guidi où le Soleil gonflera nos voiles vers la mort, où il nous guidera
verso il nulla, verso il nulla, verso il nulla.
vers le néant, vers le néant, vers le néant.
Vision pessimiste de l’existence actuelle mêlée à une vision politique, l’appel à descendre dans la rue pour lutter et créer un matin plus beau, où existerait
un homme nouveau ! Plus tard il reconnaîtra que c’était là une limite idéologique importante de son disque, parce que « on ne peut pas faire comme si
l’homme avait une identité précise, et donc une rationalité précise, une conscience précise … Aujourd’hui, l’identité de l’homme est incertaine et suspecte »
(Ibid. p. 52). Aujourd’hui, les choses ont changé, on sait que définir a-priori un homme « nouveau » conduit à toutes les dictatures, à toutes les catastrophes
sociales possibles.
En 1975, Lolli publie Canzoni di rabbia, un disque « de passage », dit-il, mais qui est musicalement plus élaboré et dont il aime les textes, en particulier
Viaggio, où à travers le voyage (mais quel « voyage », en train ou dans la drogue ?) on peut dépasser la médiocrité de la réalité et trouver le meilleur de soi-
même.
Après ces trois premiers disques, Lolli a mieux pris conscience de ce qu’il devait créer, et il publie en 1976 ce disque différent, Ho visto anche degli zingari
felici (j’ai même vu des tziganes heureux). Il a pris contact avec les collectifs de musiciens de Bologne (Collettivo Autonomo Musicisti di Bologna), et il
impose à son disque un prix « politique militant » (3500 lires), les musiciens n’ont qu’un salaire minimum, les concerts de la tournée dans toute l’Italie sont à
prix réduit ; son style musical est nouveau, plus proche du pop, du rock et du jazz. Le titre est emprunté à un film yougoslave d’Aleksander Petrovic de
1967, et il est une métaphore utilisée pour désigner le monde alternatif des jeunes de l’époque. Les radios libres, qui venaient de naître, diffuseront
abondamment ce disque qui sera repris par Lolli lui-même, puis par Luca Carboni en 2009 sous le titre de Musiche ribelli. Ce disque de Claudio Lolli est considéré comme un des 100
disques les plus importants (11)
Le disque fut construit à partir des concerts et conçu comme une suite, un ensemble cohérent de chansons reflétant la situation qui se développait à Bologne. Les chansons font
référence à des événements récents, Agosto et Piazza, bella piazza sont inspirés par l’attentat d’extrême-droite du train Italicus en août, et aux funérailles des victimes sur Piazza
Grande à Bologne ; une chanson est consacrée à un militant qui aimait Togliatti (Albana per Togliatti) ; et la chanson titre décrit ce qu’est le monde des jeunes, qui manifesta de 1975 à
1976 au Parc Lambro de Milan, durant le Festival del Proletariato Giovanile, à l’appel de la revue Re Nudo, et, dans la seconde partie, le monde des colonisés qui refusent que les
colonisateurs les privent de leurs biens. Ho visto anche degli zingari felici est le disque préféré de Claudio Lolli. C’est celui qui exprime le plus profondément sa « militance politique ».
Le 2 juin 2006, la région d’Ombrie et la commune de Perugia organisent une célébration des trente années du disque par un colloque et un concert de Claudio Lolli.
Écoute 8 : Quello lì (Compagno Gramsci) (Claudio Lolli, 1973)
Lolli publie encore en 1977 Disoccupate le strade dai sogni, dédié aux événements de Bologne en 1977 et à la mort de Francesco Lorusso, le militant de Lotta continua tué à Bologne
le 11 mars 1977 par un carabinier (12). La chanson I giornali di marzo est composée à partir de phrases tirées de deux journaux, Il Resto del Carlino et La Repubblica, et qui sont
collées de façon ironique. C’est un disque assez triste, dont la dernière chanson, Canzone dell’amore o della precarietà, raconte un amour sur le point de naître et dont on sait qu’il va
mourir ; mais c’est aussi l’expression d’une situation politique de cette année 1977, où le mouvement des jeunes se développe mais où on sait que le PCI alors au pouvoir à Bologne
est d’une telle ambiguïté qu’il finira par contribuer à briser le mouvement. Mais ce qui l’emporte, c’est la colère : tristesse parce que les hommes sont écrasés, mais surtout colère contre
ce qui les écrase.
En 1984, Claudio Lolli organise une grande tournée du spectacle Dolci promesse di guerra avec Giampiero Alloisio ; son activité de cantautore a diminué (il va bientôt se consacrer à
son métier d’enseignant), mais il a publié malgré tout en 1980 Extranei, huit chansons dont le contenu est exprimé par le jeu de mots du titre : « estranei » = étrangers + ex, extra,
l’évocation de personnes qui, par leur nomadisme et leur errance, échappent à la normalisation sociale développée par le pouvoir, le muet qui renonce à la communication (Il muto, le
muet), les musiciens qui n’analysent pas la situation mais dont la sensibilité leur permet d’anticiper l’avenir (I musicisti, les musiciens), etc. C’est une de ses meilleures analyses de la
situation de transition que traverse l’Italie : « Les personnages sont saisis dans un moment de sortie d’un système défini ou d’une façon morte d’avancer ; comme par exemple la fin
d’une certaine façon de faire de la politique ou un type d’expression qui s’est épuisé ou un travail qui n’est plus gratifiant mais aussi un rapport personnel épuisé. Dans ce disque je ne
parle pas seulement de situations qui me sont personnelles, mais de faits qui concernent beaucoup de gens » (Ibid. p. 87).
Lolli publiera encore un certain nombre de disques (Antipatici Antipodi en 1983, en collaboration avec Roberto Roversi pour une chanson sur le pilote automobile Villeneuve, Viaggio in
Italia en 1998, Dalla parte del torto en 2000, La terra, la luna e l’abbondanza en 2002, La scoperta dell’America en 2006, Lovesongs en 2009), mais ne reprendra ses concerts qu’en
mars 1993 au Théâtre Puccini de Florence, et il continuera à partir de 1995, accompagné par Paolo Capodacqua.
En 1998, il reçoit le prix Piero Ciampi, et le prix Amilcare Rambaldi en 2012 pour toute sa carrière, avec cette motivation : « Per aver saputo dar e voce in musica e parole alle ribellioni
e agli affanni esistenziali di tanti di noi. Per avere avuto il coraggio di mettersi in gioco anche sul piano personale, cantando la solitudine dell’uomo, l’amore e l’amicizia con la stessa
intensità con cui ha cantato la rabbia e la rivolta. Per aver lasciato una traccia fondamentale nella storia della grande canzone d’autore italiana, …. » (Pour avoir su donner voix en
musique et paroles aux rébellions et aux angoisses existentielles de tant d’entre nous. Pour avoir eu le courage de se mettre en jeu aussi sur le plan personnel, en chantant la solitude
de l’homme, l’amour et l’amitié avec la même intensité avec laquelle il a chanté la colère et la révolte. Pour avoir laissé une trace fondamentale dans l’histoire de la grande chanson
d’auteur italienne….).
Il n’a jamais été très diffusé par le Club Tenco, dont il contestait l’existence : pourquoi vouloir « institutionnaliser » le chant d’auteur qui a une fonction de rupture, c’est une tentative de
le récupérer et de le réintégrer dans le milieu des « gens bien » et dans les institutions (Cf Ibid. p. 98 et le site « malinconicoblues » : Claudio Lolli e il club Tenco). Et puis le Club
Tenco a dû inviter d’autres artistes qui passaient aussi au Festival de Sanremo et qui lui apportaient un public plus vaste qu’un chanteur comme Claudio Lolli… dont l’utopie, la révolte
et la mélancolie étaient moins à la mode à l’époque de la télévision berlusconienne et de la star academy (Amici) de Maria De Filippi (13).
Pourtant Claudio Lolli publie en 2017 Il grande freddo, un disque d’une rare profondeur et qualité poétique qui obtiendra aussitôt une Targa Tenco. Huit ans après Lovesongs de 2009,
Lolli revient aux musiciens qui avaient collaboré à son disque de 1976 sur les « zingari felici », Danilo Tomasetta et Roberto Soldati. Le disque est à la fois une très belle méditation sur
l’indifférence et l’absence d’amour des gens dans « ce grand monde fait de miettes de nos cœurs », sur la fin de la gauche italienne, ce « train de la révolution » plein de mes amis et
qui n’arrive jamais : « Non ho proprio più prospettiva / ho imparato a sognare solo i sogni miei / ma il fatto è che non li sogno più e dovrei » (Je n’ai vraiment plus de perspective / j’ai
appris à ne rêver que mes rêves / mais le fait est que je ne les rêve plus et que je devrais), mais aussi méditation philosophique sur la mort (« E nell’attimo della morte / il mondo chiude
tutte le porte / non rimane che bestemmiare / e pensare a te / e si vive per sempre insieme / e si muore sempre da soli / come quando arriva il mare / Jean Pierre Léaud » (Et à l’instant
de la mort / le monde ferme toutes ses portes / il ne reste qu’à jurer / et à penser à toi / et on vit pour toujours ensemble / et on meurt toujours seul / Jean Pierre Léaud). Chaque
chanson est illustrée par les dessins splendides de Enzo De Giorgi.
Écoute 9 : Il grande freddo, tout le disque mérite d’être écouté et réécouté.
2.4 - Vasco Rossi (1952- ) le nouveau rock
Il est né en 1952 à Zocca, petite ville des Apennins dans la province de Modena. Son père lui a donné ce prénom en souvenir d’un camarade mort en camp de concentration ; sa mère,
ménagère, s’aperçoit très vite de ses capacités vocales et musicales et lui fait suivre des leçons de chant à Modène ; dès l’âge de 14 ans, il fonde son premier groupe, les « Killer »,
transformé en « Little Boys ». Il suit des études de comptable à Modène, passe son diplôme à Bologne, puis s‘inscrit à l’Université de Bologne, en Économie, puis en Pédagogie, mais
s’y intègre mal, et ne passe aucun examen. Il revient à Zocca où il enseigne au Collège. En 1975, il crée dans sa ville natale une des premières radios privées, Punto Radio, qui a un
grand succès local, il forme les « Puntautori », et travaille comme dj à Snoopy, un local de Modène ; il va chanter de temps en temps à l’Osteria delle Dame, fréquentée alors par
Guccini à Bologne, et il commence à écrire ses premières poésies et ses premières chansons, publiant son premier 45T en 1977, avec deux chansons, Jenny et Silvia, puis un premier
album, Ma cosa vuoi che sia una canzone, en 1978, après la rencontre de deux amis, Maurizio Solieri, qui deviendra son guitariste, et Gaetano Curreri, chanteur et pianiste des «
Stadio ». Son second album, Non siamo mica gli Americani, de 1979, n’a pas plus de succès que le premier, malgré deux chansons qui resteront connues, l’une d’amour, Albachiara,
l’autre, Faccio il militare, qui est antimilitariste : c’est le moment où il est appelé sous les drapeaux et réformé pour usage de stupéfiants ! Le disque comprend également quelques
covers d’Éric Clapton et de Chuck Berry ; il est aussi influencé par Little Tony, Bob Dylan, De Gregori, et les grands cantautori de l’époque. Son troisième album, Colpa d’Alfredo, de
1980, lui attire plus de popularité, car il est censuré par la RAI et violemment attaqué par le journaliste Nantas Salvalaggio, qui lui reproche la vulgarité de ses textes et le caractère peu
éducatif de ses chansons. Aidé par de nouveaux musiciens, entre autres Tullio Ferro, il publie en 1981 Siamo solo noi, où il dit chanter « la colère, les frustrations, l’âme d’une
génération entière ».
Écoute 10 : Colpa d’Alfredo (Colpa d’Alfredo, Vasco Rossi, 1980)
Nous sommes en 1980, l’Italie est entrée dans les « années de plomb » ; c’en est fini de l’unité entre engagement politique et chanson de rythme rock, et le public se replie sur lui-
même, ne voulant suivre ni les « politiques », ni les Brigades Rouges qui sont entrées dans leur phase terroriste la plus dure. Les Italiens sont désormais dans une phase de
désengagement politique, dans un État recentré sur ses problèmes de répression du terrorisme, qui crée une atmosphère de peur qui interdit les grands rassemblements populaires.
Les jeunes vont donc désormais chercher leur autonomie dans un retour à la vieille formule de « sexe, drogue et rock’n’roll » ; le rock va donc se renouveler sous d’autres formes, dans
un compromis avec un marché où les cantautori ont maintenant le dessus. Vasco Rossi sera « le principal représentant d’un renouveau du rock italien dirigé vers la chanson … Son
rock n’est pas fait seulement de guitares électriques ou seulement de paroles, mais il est un parfait jeu d’équilibre entre les deux éléments, qui lui permet de parler à deux publics
différents, même si pas très lointains » (L’Italia del rock, n° 8, 1994, p. 8). Colpa d’Alfredo n’est évidemment pas une chanson politique, mais de plus elle est une provocation
idéologique : la fille que voulait inviter le protagoniste part avec un « nègre » qui ne parle même pas bien l’italien, c’est la faute d’Alfredo (jeu de mots avec « del freddo », du froid) qui
l’a distrait au moment où il allait l’inviter.
La popularité de Vasco Rossi s’accentuera encore dès la publication de Siamo solo noi, en 1981, qui dit très bien la crise de génération qui traverse l’Italie « Il n’y a que nous / qui
n‘avons plus de respect pour rien / … qui n’avons plus rien à dire / qui ne croient plus à rien ».
Écoute 11 : Siamo solo noi (Siamo solo noi, Vasco Rossi, 1981).
Vasco Rossi incarne de plus en plus ce personnage de rebelle bohème, romantique prisonnier d’une drogue dont il paie l’usage abusif par la mort (« ceux qui meurent vite ») ; il
s’accentue encore avec Vado al massimo, écrit avec Tullio Ferro en style reggae et présenté en 1982 au Festival de Sanremo, et avec Bollicine, en 1983, dont il choisit Vita spericolata
(Vie téméraire) pour participer à Sanremo : « Je veux une vie mal élevée / une de ces vies faites comme ça / Je veux une vie qui s’en fout / qui s’en fout de tout, oui / Je veux une vie
où il n’est jamais tard / de celles où je ne dors jamais / Je veux une de ces vies où on ne sait jamais », une vie passée à « boire du whisky au Roxy Bar », où chaque individu suit son
propre chemin, plein d’ennuis que chacun règle pour son propre compte : l’individualisme domine. La chanson titre, Bollicine, est interprétée comme un éloge de la drogue qui rend fou,
sous couvert d’une publicité pour la coca-cola.
Écoute 12 : 12.1 - Bollicine (Bollicine, Vasco Rossi, Tullio Ferro, 1983)
12.2 - Vita spericolata (Bollicine, Vasco Rossi, Tullio Ferro, 1983)
À partir de ce passage à Sanremo, où il chante pourtant dans un état qui le fait chanceler, Vasco Rossi devient une grande star et le restera, même après son arrestation de 1985 pour
détention de cocaïne. Il publie plusieurs albums qui se vendent à des centaines de milliers d’exemplaires (Va bene, va bene così, 1984 ; Cosa succede in città, 1985 ; C’è chi dice no,
1987 ; Liberi … liberi, 1989 ; Fronte del palco, 1990 ; Gli spari sopra, 1993 ; Nessun pericolo … per te, 1996 ; Canzoni per me, 1998, qui obtient une Targa Tenco, Stupido Hotel, 2001
: Buoni o cattivi, 2004 ; Il mondo che vorrei, 2008, Vivere o niente, 2012, L’uomo più semplice, 2013, Sono innocente, 2014, Tutto in una notte, 2016) ; ses tournées sont parmi les plus
suivies de toute l’Italie, réunissant des dizaines de milliers de spectateurs, fans jeunes et vieux, il chante en particulier au concert du Premier Mai à Rome en 2009 ; il a obtenu de
nombreux prix. Il célèbre ses 40 ans de carrière à Modène le 1er juillet 2017. Il a désormais une vie moins « téméraire », se consacre plus à sa famille (il a trois fils, dont un avec sa
compagne actuelle, Laura Schmidt) et à ses investissements, mais il reste le « Blasco », comme on l’appelle, celui qui chante les malaises générationnels, la solitude, le besoin
d’amour, le désir d’un monde meilleur, et il fait toujours de nombreux concerts.(14) Sur le plan politique, il a été un soutien du Parti Radical au début des années 2000, tout en étant par
ailleurs un riche propriétaire.
NOTES :
1. Cf. Giacomo Devoto et Gabriella Giacomelli, I dialetti delle regioni d’Italia, Sansoni,1971,pp. 54-63, et Giuseppe Bellosi et Gianni Quondamatteo, Le parlate dell’Emilia e della
Romagna, Edizioni del Riccio, Firenze, 1979.
2. Le DAMS (Disciplina delle arti, della musica e dello spettacolo) est créé à l’Université de Bologne en mai 1970 par le professeur de grec Benedetto Marzullo, lieu de créativité,
d’imagination et d’expérimentation, où se rassemblèrent les enseignants qui voulaient inventer la culture italienne de la fin du siècle et des milliers d’étudiants avides de nouveauté. Y
ont enseigné Umberto Eco, Roberto Leydi, etc. Le DAMS fut la forge des idées nouvelles à partir des années ’70.
3. Antologia della musica popolare italiana -Emilia Romagna, dal Gruppo Pneumatica emiliano romagnolo, RedEdizioni, Novara, 2002. Voir encore : Giuseppe Ungarelli, Le antiche
danze italiane ancora in uso nel contado di Bologna, Roma, 1894
4. Lire cette savoureuse histoire dans G.F. Vené, Tango, La canzone italiana, numero 2, Gruppo Editoriale Fabbri, 1982 (1970), dans le livret qui accompagne le disque.
5. Les Edizioni musicali viennent de publier en 2018 trois concerts de Francesco Guccini de 1982, 1984, 1985, L’Osteria delle Dame, avec un livret de présentation.
6. Voir Guido Gozzano, Poesie, B.U.R., La più bella, p. 380-1 : « Ma bella più di tutte l’Isola Non-Trovata : / quella che il Re di Spagna s’ebbe da suo cugino / il Re di Portogallo con
firma suggellata / e bulla del Pontefice in gotico latino », première strophe de la poésie, presque intégralement reprise dans celle de la chanson de Guccini.
7. Paolo Jachia, La canzone d’autore italiana 1958-1997, op. cit. p. 120.
8. Sur Guccini, on peut lire : F. Guccini, Stagioni, volume joint à une vidéo de 70’ d’enregistrements de Guccini, Einaudi, 2000 (toutes les chansons jusqu’à Stagioni) ; Massimo
Bernardini, Guccini, Franco Muzzio Editore, 1987 ; Francesco Guccini si racconta a Massimo Cotto, con introduzione di Luciano Ligabue, Giunti, 2011 (1999) ; Catherine Danielopol,
Francesco Guccini, burattinaio di parole, Heuresis, 2001 ; Sur Guccini et la tradition catholique, voir : Gian Carlo Padula, Dio non è morto, L’altro volto di Francesco Guccini, Bastogi,
2007 ; les romans de Guccini : Cròniche epifàniche (Feltrinelli, 1989), Vacca d’un cane (Feltrinelli, 1993), Cittanòva blues (Mondadori, 2003), Icaro (Mondadori, 2008) ; (avec Loriano
Macchiavelli) : Macaroni-Romanzo di santi e delinquenti (Mondadori, 1997), Un disco dei Platters, romanzo di un maresciallo e una regina (Mondadori, 1998) Malastagione (Mondadori,
2011), Appennino di sangue (Mondadori, 2011), Tempo da elfi. Romanzo di boschi, lupi e altri misteri (Giunti, 2018). C’est avec Macchiavelli qu’ils créent le personnage du commissaire
Benedetto Santovito. Guccini publie aussi : Dizionario del dialetto di Pàvana (1998), et plusieurs BD.
9. Un ouvrage récent a été publié accompagné d’un DVD de 15 chansons de Bertoli : Mario Bonanno, Rosso è il colore dell’amore, Intorno alle canzoni di Pierangelo Bertoli, Stampa
Alternativa, 2012, 112 pages.
10. Piero Cannizzaro, Claudio Lolli, Lato Side Editori, 1982, p. 17.
11. Sur Lolli, voir l’important site « La brigata Lolli », www.bielle.org/artisti/lolli.htm. Luca Carboni disait à propos du disque : « Ma génération refusait le langage des cantautori. Et au
contraire ce monde qui me semblait lointain est encore actuel ». Voir aussi la biographie plus récente : Jonathan Giustini, Claudio Lolli, la terra, la luna e l’abbondanza, Stampa
alternativa, 2003.
En 2018 est sorti un ouvrage qui contient toutes les chansons de Claudio Lolli : Claucio Lolli, Disoccupate le strade dei sogni (a cura di Danilo Tomasetta), Goodfellas, 2018, 230 âges
avec des textes de Sergio Secondiano Sacchi et Fulvio Abbate.
12. Voir le site « Francesco Lorusso » sur Wikipedia
13. Amici est une émission diffusée depuis 2001, adaptée de la star academy et présentée par Maria De Filippi (1961- ), une des présentatrices les plus connues des télévisions de la
Mediaset de Berlusconi. Ils ont eu déjà plus de 3 millions de téléspectateurs en 2018. Leur site sur Wikipedia italiano est un des plus longs qui existent.
14. On trouve tous ses textes, jusqu’à Buoni o catttivi, dans : Vasco Rossi, Le mie canzoni, Mondadori, 2005, Préface de Ranieri Polese, 356 pages.
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Guccini en 2010
Dalla deux jours avant sa mort
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