Piemonte : Le Piémont - raisons d’une visite
Raisons d’une visite du Piémont
La région du Piémont est notre plus proche voisine italienne, elle n’est pourtant pas la plus connue. Turin, sa capitale, n’a été pendant longtemps qu’une gare où
l’on changeait de train pour aller ailleurs, ou un marché économique où l’on se rendait en car pour une journée. Quant à la région, elle passait loin derrière la
Toscane, la Vénétie, le Latium, et beaucoup d’autres, dans les objectifs des agences touristiques. L’art de la Renaissance, c’était Florence, Venise avait le
charme d’être construite sur l’eau, Rome était le premier lieu de pèlerinage, et pour la montagne, les pistes de ski de l’ouest des Alpes étaient bien plus
appréciées. Bref, le Piémont était d’abord un lieu de passage obligé, par ses cols, ses tunnels, et l’ancienne route dite « francigena » que prenaient les pèlerins
pour aller de Canterbury à Rome, puis dans les ports des Pouilles pour se rendre en Terre Sainte.
C’était méconnaître une réalité historique déterminante : c’est la possession de ces cols et le
contrôle de cette route qui a donné aux princes de Savoie leur richesse et leur puissance
politique, et qui en a fait les promoteurs de l’Unité italienne ; et puis la région est traversée par le
plus grand fleuve d’Italie, le Pô, dont les affluents comme le Tànaro ou le Ticino ont été, depuis la
préhistoire, des voies de communication européennes. Il faut passer par le Piémont pour aller à
Milan, à Venise, à Rome, à Naples ... et on commence à s’apercevoir qu’il vaut la peine de s’y
arrêter.
En descendant du Mont-Cenis, une des deux routes de la via Francigena (l’autre était celle du
Grand-Saint-Bernard), on a bientôt la vision rassurante de la Sacra di San Michele qui ouvre sur
la vallée de Suse. On n’y monte pas assez. Sur une vieille église du IVe siècle, on dit que les
Lombards avaient construit une autre église appelée du nom de leur saint préféré, Michel, prince
des milices célestes. Mais le fondateur de l’église fut Giovanni Vincenzo, évêque bénédictin de
Ravenne qui s’était fait ermite sur le mont Caprasio
(le « mont des chèvres ») voisin ; puis, dit la
légende, il avait accumulé des matériaux, arbres et
pierres, pour construire son église, mais ceux-ci
disparaissaient mystérieusement ; il s’aperçut alors
que des anges les transportaient pendant la nuit sur
le mont Pirchiriano (« feu du Seigneur », disait-on
mais en réalité « montagne des porcs », Mons
Porcarianus !) Une troisième montagne voisine était le Mont Musinè, « Mont des ânes »)) : le message divin était
clair, et il alla construire son église sur cette autre montagne. Enfin, c’est un noble auvergnat, Hugues de
Montboissier, rentrant de Rome, qui finança la construction de l’abbaye au Xe siècle. Avant de monter dans la
magnifique abbaye fortifiée, on aperçoit encore le reste de la tour (à droite sur la photo du haut) d’où se précipita la
belle Aude pour ne pas être violée par un soldat français, et où elle fut sauvée par
un vol d’anges ! Il y eut donc bien des raisons pour que le monument devienne le symbole du Piémont, par la loi du
21 décembre 1994. La Sacra n’est que le premier des innombrables monuments religieux du Piémont, des
Bénédictins, des Cisterciens, des Chartreux, des Vallombrosiens, des Théatins, etc., tous aussi riches que le
premier, ou émouvants comme les églises des Vaudois, dont le Piémont fut le refuge. Et aussi nombreux sont les
châteaux et les palais, dans des paysages à couper le souffle, comme celui du Monte Viso vu de Saluzzo, ou cette
vision de tout l’arc alpin que l’on a depuis la
Superga.
Et à travers tout ce patrimoine du passé, on arrive à
la plus grande modernité, dont Turin est le symbole,
capitale des Savoie, puis de l’Italie, devenue capitale
de l’industrie italienne avec ses usines
d’automobiles, ou d’autres secteurs, aboutissement
de cette ville née tard dont la relative sévérité
rappelle la vocation militaire du Piémont et de sa
dynastie. On sentira, en se promenant sous les portiques, que Turin n’a pas cessé d’être une des
capitales de l’Italie, avant Florence et Rome.
Il faut ainsi parcourir toute la région, aller à Cuneo, à Saluzzo, ancienne capitale d’un marquisat, à
Brà, à Biella, à Ivrea, à Novara, à Vercelli, Alessandria, Tortona, il faut aller faire quelques pas
dans le silence de l’île du lac d’Orta, monter dans les Sacri Monti, découvrir les richesses de
l’artisanat populaire, aller visiter « Slow Food »... Allez voyager dans le Piémont, vous serez
étonnés, et émerveillés. Et vous aurez envie d’y retourner, toujours, d’autres fois, pour y méditer
sur cette Italie, si proche et si vivante. Ce dossier tente de vous en résumer la riche histoire.