Histoire de la région Ombrie - 4° partie
L’Ombrie quatrième partie
Table des matières : IV) Les lacs, 1) le lac Trasimène et ses îles, 2) Le lac de Piediluco, 3) Le lac de Corbara, 4) Autres lacs et cascade delle Marmore
L’Ombrie est vraiment un résumé de toute l’Italie, par sa nature, par son agriculture, par son histoire, par sa gastronomie, par ses villes, c’est aussi une des régions où on est le mieux
accueillis. C’est la raison d’être de ce long dossier en quatre parties, une invitation à aller passer vos vacances dans cette région et à vous y promener.
Les lacs
1. Le lac Trasimène
Son nom, son origine, un peu d’histoire
Son nom est dû à une légende qui raconte les amours tragiques entre Trasimène, le fils du roi étrusque (ou du dieu) Tirreno, et la
nymphe Agilla, amoureuse de Trasimène ; un jour après leurs noces, Trasimène voulut se
baigner et ‘enfonça dans le eaux sans jamais réapparaître, malgré les recherches d’Agilla qui
finit aussi ses jours sur une barque au milieu du lac près de l’île Polvese. On raconte aussi
que Trasimène, se promenant près du lac, fut attiré par un chant merveilleux qui venait de
l’île, qu’il se mit à nager pour s’en approcher et qu’il se noya. On dit aussi que, pour apaiser
des querelles entre les populations locales, le roi Tirreno maria son fils Trasimène à la fille du
roi étrusque Amno, et que l’on donna au lac le nom du fils. C’est en tout cas pour cela que
les romantiques trouvent au lac une forme de cœur, et que, quand il y a de la brise, on croit
entendre encore les lamentations d’Agilla.
Plus vraisemblablement, le nom du lac viendrait de la position géographique de celui-ci, «
oltre il monte Imeno », à l’époque le nom de la montagne qui se trouve au nord du lac.
C’est le plus grand lac de l’Italie péninsulaire et le troisième lac d’Italie, après les trois lacs du
Nord ; sa surface et de 126 km2, il n’est pas très profond, au maximum 6 mètres (plutôt 4,50
mètres aujourd’hui), car il a pour origine le remplissage d’une dépression tectonique, un reste
des anciens grands lacs d’Italie centrale de l’ère quaternaire. C’est donc aussi une zone
humide fragile, de niveau variable, dont les hommes, depuis les Romains, cherchent à
régulariser le volume d’eau ; récemment on y a fait affluer les eaux des torrents Tresa et Rigo
Maggiore. Le lac contient trois îles, Isola Maggiore, sur
laquelle se retira François d’Assise en 1213, Isola Minore et Isola Polvese.
Tout autour dans la plaine et sur les collines pousse une végétation variée, de bruyères, de
chênes verts, d’oliviers, de vignes, de roseaux et de prés, dans laquelle vit une faune abondante
de foulques, cormorans, canards, grèbes, faisans, hérons cendrés, faucons ; dans les eaux des
brochets (luccio), chevaines (cavedano), gardons (scardola), anguilles (connues depuis 1342),
carpes (introduites au XVIIIe siècle), perches, poissons-chats, arborellas (alburnus arborella).
La région est déjà habitée depuis une lointaine antiquité, les Étrusques y installent de petits
centres agricoles, et les bergers de l’époque romaine laissent des traces de rites religieux,
surtout sur les collines. C’est aussi sur les rives du lac que s’est déroulée en 217 av.J.C. la
grande bataille où les armées romaines du consul Caius Flaminius furent battues et décimées par les troupes
carthaginoises d’Hannibal, dont on a peu de traces mais qui ont déterminé le choix du nom de certains sites
comme Ossaia, Sanguineto, Sepoltaglia (Voir plus loin).
À l’époque communale, entre 1139 et 1180, se développe l’autonomie des communes.
La situation géographique du lac en a toujours fait un lieu stratégique tout au long de l’histoire, mais
surtout depuis le Moyen-Âge, – où les villes voisines, Perugia, Sienne, Arezzo, Rome, s’en disputent la
possession –, ce qui explique l’abondance des bourgs fortifiés, des châteaux, des tours de guet, souvent
détruits et abandonnés dès l’invention des armes à feu. À partir de la domination pontificale sur l’Ombrie,
on constate un retour de la féodalité, et c’est une dynastie qui domine le Trasimène dès 1550, parmi
d’autres familles (les Montemelini, Oddi, Baglioni, Fiorenzi), les Della Corgna ; Ascanio Della Corgna (1514-
1571 - Cf. portrait ci-contre), neveu du pape Jules III (1487-1550-1555), fut un chef militaire (un condottiero), un
grands homme d’épée (Cf. ci-dessous à gauche, de Pomarancio, son duel avec Giovannei Taddei, 1582), habile
en même temps qu’un mécène qui fit construire et orner de fresques le palais de Castiglione del Lago ; il mourut
après la bataille de Lépante en 1571, où il avait rencontré Miguel de Cervantès. Il fut un des membres de sa
famille qui firent édifier de puissantes demeures nobiliaires.
Les Della Corgna ont été un peu oubliés, car leur dernier descendant s’éteint en 1647, mais ce fut une famille
nobiliaire importante en Ombrie depuis son fondateur Berardo au XIIIe siècle. Corniolo, un de ses descendants,
avait écrit, entre 1410 et 1416, un traité d’agriculture, Divina Villa, qui fut utilisé jusqu’au XIXe siècle. L’origine de la
famille se trouve au château de Bastia Corgna, au-dessus de Passignano, érigé par Francesco, le fils de Berardo qui
avait pour emblème le cornouiller (« corniolo »), qui donnera naissance au nom de la famille. En 1537, le château
hébergera Matteo dell’Isola, auteur du poème mythologique La Trasimenide, trois livres écrits en hexamètres latins
sur le lac Trasimène (réédité en 1998 par Fabrizio Fabbri à Perugia).
Les Della Corgna, furent apparentés aux Baglioni, Oddi, Colonna, Sforza et surtout aux Ciocchi del Monte par le
mariage de Francesco della Corgna avec Giacoma, sœur cadette du futur pape Jules III, d’où naquirent Ascanio
en 1514, le premier à devenir marquis en 1563 , nommé par le pape Pie IV, Fulvio en 1517, résidant à Rome au
Palais Salviati, et Laura, qui épouse Arciprete della Penna, descendant d’une très ancienne famille allemande
venue en Ombrie en 1027 avec l’empereur Conrad II, et dont le premier-né Diomede della Penna sera à l’origine
des deux dernières générations de la famille, qui obtiendra le titre ducal en 1617 du pape Paul V. La dernière
descendante, Francesca, épousa un noble de Cortona, Onofrio Vagnucci, désormais seule famille héritière des
della Corgna.
Une loi de 1996 a créé le Parc du Lac Naturel Régional Trasimène destiné à protéger et à valoriser le bassin lacustre qui analyse depuis le Centre de
Passignano la qualité et l’évolution de l’eau.
Les villes autour du lac
Quand on arrive de Perugia, on traverse Corciano, d’environ 21.000 habitants, classés parmi les plus beaux bourgs d’Italie. Une légende attribue son origine à Coragino, un mythique
compagnon d’Ulysse, mais les traces les plus anciennes de présence humaine remontent au néolithique (IXe-VIIIe siècles).
L’existence du château est attestée dès le XIIIe siècle. Au XIVe siècle, la ville passe aux mains de
l’État pontifical, fief des Della Corgna, elle se défend contre une attaque de Braccio da Montone,
avant de lui céder et de retomber ensuite au pouvoir du pape jusqu’à l’occupation napoléonienne.
Le village sur la colline est encore muni de ses murailles du XVe siècle. Son château du XIIe siècle
fut l’un des plus puissants de la région (Cf. à droite) ; la place Coragino (ci-contre à gauche) donne
sur le côté de l’ancienne église paroissiale médiévale Santa Maria, qui contient un étendard de
Benedetto Bonfigli (1472) et un tableau de Perugino (1513). Plus haut apparaît l’église de San
Cristoforo, construite sur un autel étrusque, dont on voit encore probablement des traces dans les
monolithes de la base des murs extérieurs.
En descendant le long du cours Rotelli, on passe devant de nombreux palais, et à gauche le Palais
des Prieurs (XVe siècle), le Palais du Capitaine du Peuple et le Palais communal (XVIe siècle),
autrefois résidence des Della Corgna, qui contient un petit musée archéologique. Au bout du cours
Rotelli, l’église San Francesco, en style gothique altéré à partir du XVIIe siècle, et le couvent de
Sant’Agostino.
Entre 1978 et 1982, Renzo Piano construit à Corgiano le quartier résidentiel Il Rigo, une œuvre
d’avant-garde architecturale par sa technique de construction et son adaptabilité.
En continuant vers Magione, on rencontre plusieurs châteaux, tours et oratoires. On arrive à
Magione, ville d’environ 14.000 habitants, dont l’existence est attestée depuis environ 1075. C’était
un lieu de passage de pèlerins et l’Ordre des Chevaliers de Jérusalem (i gerosolimitani) y
construisirent un hospice, une « magione », maison pour recevoir et soigner les pèlerins. Puis
l’édifice se transforme en abbaye puis en forteresse ; en 1311-12, lorsque l’Ordre des Templiers est
exproprié. C’est là qu’en 1502, les conjurés ombriens préparèrent leur conspiration contre César
Borgia, qui, par une trahison, fit ensuite, massacrer les conjurés.
On y trouve encore le Château des Chevaliers de Malte, l’église San Giovanni Battista, construite en 1571 par
les Chevaliers de Malte, détruite en 1944 par un bombardement et reconstruite avec des fresques de Gerardo
Dotton (1947), l’église de Santa Maria delle Grazie (1720), et la Place del Carpine.
Après avoir passé quelques châteaux (celui de Montecolognolo), on arrive au premier village du bord de lac, San Vito,
avec son clocher préroman (Cf. ci-contre à droite), avant de remonter jusquà Passignano sul Trasimeno. Le village (Ci-
dessus à gauche), d’un peu plus de 5.000 habitants, est encore entouré des murailles médiévales de l’ancien bourg fortifié,
et doté de sa Rocca, la forteresse placé sur le point le plus haut de la ville (Cf. à gauche), dans laquelle a été installé le
Musée des barques des lacs ombriens. La Tour Triangulaire est un aure élément défensif de la ville (Cf. ci-dessous à
droite).
L’église San Cristoforo est antérieure à l’an 1000, construite sur un ancien temple païen (Cf. ci-contre à gauche). L’intérieur
est orné de fresques représentant des figures de saints, de Benedetto Bonfigli (1420-1496), qui donnent une idée
intéressante de la vie rurale à la Renaissance. Plusieurs autres églises de la Renaissance enrichissent ce bourg, dont le
sanctuaire de la Madonna dell’Oli vete, à la sortie du village, édifié entre 1582 et 1586.
Une grande fête populaire, le Palio delle Barche évoque l’ancienne rivalité des familles Baglioni et Oddi, et la grande
bataille qu’ils se livrèrent en 1495, lutte sur le lac et fuite sur terre avec les barques sur le dos.
La principale activité artisanale de Passignano est le fer forgé. On peut voir ci-dessous à gauche le gonfalon de
Passignano.
Au milieu des oliviers, on peut monter à Castel Rigone, le bourg fortifié en 1297, qui contient le Sanctuaire de la Madonna
dei Miracoli, édifiée en 1494 et ainsi nommée par le pape Alexandre VI, un des meilleurs exemples d’architecture de la Renaissance et
grand lieu de dévotion populaire. L’intérieur est riche de plusieurs tableaux de peintres ombriens. On pense que le village doit son
nom à l’ostrogoth Arrigo (ou Rigone), lieutenant de Totila, qui avait établi ici son camp en 543.
En continuant vers le nord, on voit quelques châteaux (Bastia Corgna , Vernazzano), et on arrive à Tuoro sul Trasimeno (du latin
Torus = terre surélevée). C’est un petit village de près de 4.000 habitants, célèbre surtout parce que ce fut probablement le lieu de la
bataille entre les Romains et les Carthaginois en 217 av.J.C., rappelée chaque année par une grande fête populaire, le Ferragosto
Torregiano, combat entre les 4 quartiers de la ville. Sur le mausolée du consul romain a été édifié le Palais del Capra (Photo ci-
dessous à droite), à la fin du XVe siècle (Capra était le pseudonyme du constructeur, neveu de l’illustre juriste Benedetto dei
Benedetti). C’est dans ce palais qu’est situé le Centre de documentation sur la Bataille du Trasimène. Le village est connu aussi pour
ses carrières de grès, et avec cette pierre Pietro Cascella a créé entre 1985 et 1989 un ensemble de compositions de divers artistes, appelé Campo del Sole,
sculptures en forme de colonnes.
La Bataille du Trasimène
La première Guerre Punique s’était terminée en 241 av.J.C. par la défaite des Carthaginois aux îles Egadi, qui les oblige à abandonner la Sicile et les îles
environnantes. Ils décident alors à se retourner vers l’Espagne, et la guerre reprend en 219 av.J.C. entre les Romains
et l’armée carthaginoise commandée par Hannibal. Rome envoie contre lui deux armées en Afrique et en Espagne.
Mais Hannibal veut envahir l’Italie et de briser l’alliance entre Rome et les peuples italiques, et en 218 il franchit les
Pyrénées avec une armée de plus de 100.000 hommes, mercenaires libyens, numides et ibériques accompagnés de
quelques dizaines d’éléphants ; il traverse les Alpes à la fin d’octobre, provoque la défaite des deux consuls romains
près du Tessin, et commence sa descente vers Rome, en passant par le lac Trasimène. Le consul Flaminius se met à
sa poursuite, arrive au lac Trasimène à l’aube du 21 juin217. Hannibal avait disposé ses hommes sur les hauteurs
autour de Tuoro, et dans une aube brumeuse, il les lança sur les Romains qui ne savaient pas où étaient leurs ennemis
et furent pris par surprise, 10.000 hommes firent massacrés, y-compris les consul Flaminius, et cette embuscade est
resté un modèle de bonne tactique militaire (Voir l’ouvrage de Giovanni Brizzi, Ermanno Gambini et Luca Gasperini sur
La bataille du Trasimène (publié par le Musée en juin 2018).
Profitez-en pour (re)lire le beau livre de Paolo Rumiz, Annibale. Un viaggio, Milano, Feltrinelli, 2008, où il suit toutes les routes parcourues par Hannibal,
jusqu’à sa tombe en Orient. Traduit en français en 2012 sous le titre L’ombre d’Hannibal (Folio)
On continue vers la rive orientale du lac, on voit à droite le château de Monte Gualandro,
construit vers 1249, poste de douane de Perugia vers la Toscane, sur les ruines du château des
Montemelini, rasé en 1247 (Voir la photo ci-contre à gauche). On traverse Borghetto, fraction
de Tuoro (photo à droite) ; c’était un lieu de frontière entre Perugia et Cortona, et réputé pour le
nombre de ses contrebandiers. C’est par là que les troupes romaines étaient arrivées avant de
tomber dans l’embuscade d’Hannibal. Et après voir traversé le bois du Cerreto, on arrive à
Castiglione del Lago.
Castiglione del Lago (du latin Castellum Leonis = le château du Lion) est une petite
ville d’un peu plus de 15.000 habitants, autrefois une île, rattachée ensuite à la terre
ferme par l’abaissement des eaux du lac. La ville est fondée par les Romains (mais
le site était déjà disputé par les Étrusques) sous le nom de Novum Clusium (Nouvelle
Chiusi) qui était donc la 4e île du lac. Elle est fortifiée au XIIIe siècle sous le règne de
Frédéric II et devient au XVe siècle un bourg fortifié, par les Della Corgna,
feudataires des États de l’Église à partir du pape Jules III. Ils restructurent la ville,
sous la conduite de Vignola (1507-1573) et de Galeazzo Alessi (1512-1572), réorganisent les murailles et le château où le Marquis préparait de somptueuses
réunions, en l’Accademia degli Insensati, où se retrouvaient les artistes et les écrivains, comme le poète burlesque Cesare Caporali (1531-1601), philosophes et
nobles de Perugia entre 1561 et 1720 (Voir le site à leur nom sur Internet). Le duc de Castiglione
était attaché à la symbolique du chiffre 3, symbole de la Trinité et des trois classes de la société,
clergé, noblesse et paysannerie : il y a donc trois églises à Castiglione, la forteresse était
triangulaire, il y avait trois grandes rues parallèles (l’ancien decumanus romain), ensuite réduites
à deux, et trois portes d’accès (Ci-dessous). Tout autour de la ville, le duc fit aussi installer de
nombreuses fermes où il encouragea la culture de l’olivier (Cf image ci-dessous à droite).
On trouve en arrivant les églises de Santa Maria Maddalena, existante depuis le XIe siècle et
refaite entre 1836 et 1860 en style néoclassique par Giovanni Caproni ; puis l’église San
Domenico di Guzman, construite en style baroque en 1636 pour accomplir le vœu fait par le duc Fulvio II
Alessandro pour que sa femme guérisse de la gangrène du bras, ce qui fut
réalisé. La troisième église est Santa Maria delle Grazie de 1631 en style
baroque, ordonnée par le duc Fulvio pour remercier la Vierge de l’avoir guéri
d’une grave maladie.
Au centre de la ville, place Gramsci, se trouve le Palais Ducal, édifié par Ascanio Della Corgna en 1563 et
développé par ses successeurs ; il illustre la fortune de la famille et les goûts de l’époque ; c’est le plus « royal »
de tous les châteaux du duc, décoré parles fresques de Pomarancio (Niccolò Circignani, 1530-1597), Salvio
Savini (1589-1609) et Giovanni Antonio Pandolfi (1540-1581). Le Palais avait aussi 3 stanze segrete, trois
pièces secrètes sousla Salle du Trône où les marquis organisaient leurs réunions privées, en particulier avec le
poète Cesare Caporali, grand ami de Miguel de Cervantès qui combattit ensuit à la suite d’Ascanio à la
bataille de Lépante.
Le Palais est rattaché par une longue galerie (un camminamento - Cf. image ci-contre) à la Rocca del Leone.
Cette forteresse de plan pentagonal est édifiée par Frédéric II sur les ruines d’une ancienne construction pour
exerver une surveillance du lac du haut du donjon. Puis, après les Baglioni de Perugia qui l’agrandirent, c’est
Ascanio Della Corgna qui le transforma en 1563 et le rendit inattaquable à l’époque, ce qui lui donna une renommée européenne. la Rocca
passa ensuite sous contrôle de l’Église et on utilise aujourd’hui la cour pour des spectacles.
La Rocca a un haut donjon triangulaire, il est doté de 4 tours d’angle, dont certaines furent rendues cylindriques au XVIe siècle après
l’invention de l’artillerie.
On peut comparer le Palais Ducal à la Villa Del Colle construite en 1576 par le cardinal Fulvio Della Corgna près de Perugia (Cf. ci-dessous à droite).
De Castiglione, on peut redescendre tout au sud du lac jusqu’à Panicale, en passant par Panicarola et ses deux
sanctuaires, où on a retrouvé une nécropole d’époque protovillanovienne (entre 1175 et 960 av.J.C.).
Panicale, ville-château de près de 6000 habitants, se trouve sur une colline aux pieds du Mont Petrarvella, dans la Val
di Chiana. Il est classé parmi les bourgs les plus beaux d’Italie par le Touring Club Italiano. L’origine de son nom est
discutée, soit pan colis = lieu où on cultive le millet (panìco), soit Pani calet = lieu où on dresse des autels au dieu Pan,
soit Pan Kalon = en grec lieu où tout est beau.
Son origine est probablement très ancienne, mais on n’en connaît pas grand-chose. On sait qu’au Moyen-Âge, c’était
une centre de production important de blé et de pain, et un avant-poste de Perugia vers l’Ouest. Au XIVe siècle, la ville
a eu un Statut indépendant certifié par notaire, malgré sa soumission aux seigneurs de Perugia. En 1416, elle est
dominée, comme Perugia, par Braccio da Montone ; mais, dominée par diverses seigneuries, elle vit
cependant bien, elle est assez riche, et peut développer faire venir de grands artistes comme Perugino
(Pietro Vannucci, 1448-1523). En 1540, elle tombe sous la domination de l’État pontifical jusqu’à l’Unité
italienne, sauf dans la parenthèse de l’occupation napoléonienne, et c’est comme partout une période de
déclin. Son blason est en deux parties, à droite, le château (une tour assortie de trois petites tours à
créneaux guelfes), à gauche le griffon de Perugia évoquant les batailles menées au côté de Perugia, en
particulier sous les ordres du condottiero de Panicale, Boldrino Paneri (1331-1391). Panicale a aussi
donné naissance au grand peintre florentin, Masolino da Panicale (1383-1440), collaborateur de Masaccio.
Promenez-vous dans la petite ville, où en effet « tout est beau ». Voyez le Palazzo del Podestà, sur
Piazza Masolino, en style gothique lombard du XIIIe siècle, chef-d’œuvre des maîtres Comacini, ces
anonymes constructeurs, maçons, sculpteurs, originaires d’une île du lac de Côme, actifs dès le VIIe
siècle dans toute l’Italie. Le palais est le siège des Archives de la Commune (Voir photo à droite).
Passez devant la maison de Boldrino Paneri, visitez la Pinacothèque du Palais Landi (XVe siècle).
Visitez quelques églises, la Collégiale de Saint Michel Archange des Xe et XIe siècles, amplifiée en
1546, de façade Renaissance et d’intérieur baroque, qui contient une Annonciation de
Masolino da Panicale (ci-contre à droite, 2 photos). Allez voir le Martyr de saint Sébastien,
œuvre originale de Perugino (1505), dans l’église Saint Sébastien : le saint est lié à une
colonne devant des arcs à l’ancienne derrière lesquels se déploie un paysage tranquille,
quatre archers le criblent de flèches tandis que, le corps légèrement balancé, il regarde
paisiblement le Père Éternel et les deux anges dans les bas-reliefs du sommet.
Voyez en passant le Théâtre Cesare Caporali, du XVIIe siècle, le plus petit de la région, mais
admirable pour ses décorations ; traversez encore quelques places (il y en a trois) et
remontez admirer une dernière fois cette étendue d’eau du lac Trasimène, que quelques
personnes intéressées (propriétaires fonciers, disent certains) proposent de temps en temps
d’assécher !
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Les 3 portes, Perugina, Fiorentina, Senese.