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Histoire de la région Ombrie - 2° partie
HISTOIRE DE L’OMBRIE (Deuxième partie) Table des matières : II. - (Suite) Quelques villes d’Ombrie : 7) Bevagna, 8) Spello, 9) Spoleto, 10) Norcia, 11) Città di Castello et la famille Vitelli, 12) Umbertide, 13) Montone, Pietralunga (Suite en III). 7) Bevagna Sur une petite colline, presque entourée par des rivières, sa première défense naturelle, on trouve des traces d’implantation humaine  dès le VIIe s. av. J.C. Avant les Ombriens, furent sans doute présents les Étrusques qui donnent son nom à la ville («Mefana » était un nom de famille étrusque). Le bourg est en rapport avec les Romains dès 308 av. J.C. et l’ancienne «Mevagna » s’est développée en fonction de la via Flaminia qui la traversait du Sud au Nord. Ville florissante entourée d’une campagne fertile, elle est dotée d’une enceinte entre le IIIe s. av. J.C. et le Ier siècle ap. J.C. Des personnages importants de Rome y installent leur villa (Agrippine Mineure, 4 ème  femme de l’empereur Claude). Sa décadence commence sous le duché longobard de Spoleto, quand la branche occidentale de la Flaminia est délaissée au profit de la branche orientale de la route. La ville est donnée par Charlemagne au pape Adrien I en 774, mais la ville reste dépendante du Saint Empire jusqu’après la mort de Frédéric II en 1250. À partir du XIIe s. se forme la place publique, complétée vers 1270 par la construction du palais des Consuls. Bevagna était administrée par 4 consuls (représentant la noblesse, les marchands, les artisans, la campagne environnante) tirés au sort tous les 2 mois dans un Conseil de 60 citoyens. Près de la place s’installent les Dominicains (N. 7 du plan), tandis que les Franciscains choisissent l’autre bout de la ville (N. 13). Un recteur pontifical est nommé en 1301 à côté du Podestat. En 1360, Innocent VI dote la ville de nouvelles armoiries  avec la croix, les clés décussées (en forme de X) de l’Église et le sigle OSF (Ob servatam fidem = pour la fidélité conservée). Bevagna reste soumise au pape, qui en délègue le gouvernement à diverses familles, souvent apparentées à celle du pape régnant (le neveu d’Innocent VIII, Lucrèce Borgia, des cardinaux, Charles Borromée, le cardinal Ferdinand de Médicis...). De nombreux hommes de lettres, poètes, peintres sont originaires de Bevagna. La ville a été gravement endommagée par les tremblements de terre de 1831, puis de 1997. Visite de la ville De la Porta Foligno au Nord, prendre le corso Matteotti (ancienne via Flaminia - Photo ci-dessous) : restes romains, dont certains sont réintégrés dans la façade de l’ancienne église S. Vincenzo, patron de Bevagna (N. 16. XIIe s., en ruine) et dans les fondations des maisons (Théâtre romain du Ier s. N. 14). En face de l’église, au n. 9 de la rue, dans le  Bureau de Poste, 2 colonnes cannelées en marbre Suivre à dr. la via Crescimbeni : à dr. restes d’un temple romain  (N. 12) ; un peu plus loin à g., dans la via di Porta guelfa, restes de thermes et mosaïque (IIe s. ap. J.C.) : animaux marins (cheval guidé par un triton,  2 dauphins, langouste, poulpes). On arrive place Garibaldi et à l’église San Francesco (Photo à droite) construite après 1275 dans le point le plus haut de la ville et rénovée en 1756, très endommagée par le tremblement de terre de 1997. Elle contient la pierre sur laquelle se serait tenu S. François quand il parla aux oiseaux. Clocher à flèche (XIIIe-XIVe s.). Au bout de la rue, Porta Cannara (XIIIe s.). En reprenant le corso Matteotti, on trouve à dr. la chiesa della Consolazione (1735), puis à g. l’ancienne église de Santa Maria di Laurenzia (Vierge à l’enfant du XIIIe s. sur le portail roman). Au n. 72 de la rue, Mairie (Palazzo comunale, 1743-1817). Au bout de la rue à g. église San Domenico (1291- 1347). On débouche sur la piazza Silvestri (entomologiste de Bevagna, 1873-1949), où se déroule, au mois de juin, le marché artisanal dit Mercato delle Gaite (du longobard « watha » = guardia, nom donné aux 4 quartiers de la ville) qui fait revivre l’artisanat du moyen-âge : artisans du chanvre, potiers, teinturiers, forgerons, fabricants de bougies faites à la main, selon les techniques et avec des outils anciens. On y trouve aussi les produits d’une cuisine délicieuse. * Colonne de San Rocco (Photo à droite) : tronçon de colonne romaine avec chapiteau corinthien ; sur l’emplacement d’une ancienne citerne, fontaine de 1896, imitation des fontaines du XIIIe  s. * Palazzo dei Consoli (N. 6 - Photo à gauche): construit avant 1270, avec façade vers l’église San Silvestro, en petits blocs de travertin et grès ; un grand escalier donne accès à l’étage occupé par le Théâtre Torti (1866. Francesco Torti = critique littéraire de Bevagna, 1763-1842) : beau rideau de scène représentant Properce (supposé être né à Bevagna) montrant sa Patrie à Francesco Torti. Entre le palais et San Silvestro, une grande voûte permettait aux 4 consuls de passer dans l’église pour  écouter la messe.   * San Silvestro, commencée en 1195. Façade en travertin dans la partie inférieure, en pierre blanche et rose du mont Subasio dans la partie supérieure. L’arc intérieur de la porte est orné d’une frise au symbolisme complexe : à gauche, une montagne (le Christ) d’où sortent 4 ruisseaux (les Évangiles) et un sarment de vigne couvert de grappes et de pampres (l’Église) dans lesquels se cachent des animaux (les fidèles) ; à droite, un dragon vomit un fleuve (le démon). Intérieur ancien intéressant (arcs-rampants de la voûte des nefs latérales, le presbyterium, la crypte). * San Michele Arcangelo (ci-contre), de l’autre côté de la place, commencée en 1070, construite à la fin du XIIe s. et au début du XIIIe s. par les maîtres Binello et Rodolfo, avec une façade romane à couronnement horizontal, et un portail décoré de mosaïques des Maîtres Cosmates. À l’imposte de l’arc, à g. S. Michel qui transperce avec sa lance le dragon qui tente de mordre la hampe, tenant un livre sur lequel on lit : « Michael ut leo vince certamine vero ; qui similis Deo superbia, maledixero » et à dr. un ange volant tenant une croix processionnelle et une cartouche sur laquelle on lit  : «  Auxilium miseris,/ p(er)fectis gaudia pr(a)esto ; Pr(a)ecepto D(om)ini libru(m) ». Le dragon vaincu pourrait représenter Frédéric II (ci-contre à gauche). L’ensemble est un produit typique de l’école de marbriers ombriens présents à Foligno, Spoleto, Spello. Sur la g. de San Michele se trouve l’église San Filippo érigée en 1725, pour la Congrégation de l’Oratoire  de S. Philippe de Neri (1515-1595) consacrée à l’assistance des pauvres et des pèlerins. Intérieur : décoration de stucs blancs et orgue de 1725. Par le corso Amendola, une des rues les plus caractéristiques de la ville (maisons du XIVe au XVIIIe s.), on peut descendre jusqu’à Sant’Agostino (XIVe s.). Bevagna a été le « Borgo dei Borghi » de l’Ombrie en 2018 (ci-contre, Mercato delle Gaite), et lieu de grandes fêtes. L’artisanat y est encore très actif. On peut visiter tout autour des petits bourgs et des châteaux. 8) Spello Au bas des pentes du mont Subasio, Spello est entièrement construite avec le calcaire rosé de la montagne. Le centre est d’origine ombrienne, mais ne se développe qu’à partir de la conquête romaine sous le nom d’  « Hispellum », en relation avec la branche de la via Flaminia qui rejoignait Assise et Perugia. Auguste lui donne le titre de « Splendidissima Colonia Julia » et les territoires des Sources du Clitunno. La ville prend son aspect actuel, à l’intérieur des murailles, le long de l’axe central qui va de la Porta Consolare à la Porta dell’Arce. Au IVe s., Constantin en fait le centre religieux de l’Ombrie et autorise la construction d’un temple en l’honneur de la gens Flavia. Spello a son premier évêque en 487, et reste évêché jusqu’en 1130, date à laquelle la ville est intégrée dans le Duché de Spoleto après avoir été conquise par les Longobards. Des chaînes marquent encore la partition de la ville en 3 quartiers : Posterula au nord, Mezota au centre et Borgo au sud. La muraille romaine, maintenue et renforcée jusqu’en 1360, témoigne de la situation centrale de Spello au milieu des guerres entre la papauté et l’empire (elle est dévastée par Frédéric II). Après une période d’autonomie communale, La ville passe sous le contrôle de L’Église qui fait construire une des premières forteresses urbaines en 1358. Dans un premier temps, la ville est remise à des vicaires pontificaux (les Baglioni en 1389, les Michelotti, Visconti, Fortebraccio, Montefeltro ...) puis est gérée directement par l’Église du XVIe s. à 1860. Visite de la ville On entre au sud par la Porta Consolare, ouverte dans l’enceinte d’Auguste, surmontée par 3 statues en marbre d’époque  républicaine et flanquée d’une tour médiévale. Pour voir les murailles, on peut remonter à g. la via Roma jusqu’à la Porta Urbica. On entre dans le Borgo, le quartier le plus populaire, où subsistent des maisons anciennes à 2 étages (n. 25 de la via Consolare) ; dans un élargissement de la rue, la chapelle Tega, ancien siège de la confrérie de S. Anne consacrée à l’accueil des pèlerins. Au bout de la rue, à g., les chaînes de délimitation du quartier. Sur la longue place Matteotti, à droite, l’église Santa Maria Maggiore, fondée en 1025, reconstruite en 1285 (il en reste le portail d’entrée), avec façade de 1644 et clocher roman (devant, 2 fûts de colonnes romaines cannelées). Intérieur  : transformé au XVIIe s. par l’adjonction de 7 autels baroques, d’une décoration en stuc et d’un orgue.       * N. 1 du plan : bénitier tiré d’un autel funéraire romain ;       * N. 2 : Fonts baptismaux de 1511 ;       *N. 3 : Fonts baptismaux tirés d’un chapiteau romain ;      * N. 4 : Chapelle Baglioni, commandée en 1500 par Troilo  Baglioni, futur évêque de Perugia. Pavement en faïence de Deruta (1566- Photo ci-dessus) et fresques de Pinturicchio (1501), parmi les plus importantes du peintre. Pinturicchio (1454-1513), élève et collaborateur du Pérugin, est un des grands coloristes de la fin du XVe s. ; il travaille à Rome dans les appartements Borgia, à Sienne dans la Librairie Piccolomini, à Perugia, etc. Dans les retombées de la voûte, 4 Sibylles assises ; paroi de g.  : Annonciation (ci-contre à droite), avec à dr. l’autoportrait du peintre ; paroi du fond  : Adoration des bergers et arrivée des Mages ; paroi de dr. : Jésus au Temple, Dispute avec les Docteurs de la Loi (ci-dessus à gauche), dans la 4 ème  près de S. Joseph tient un rouleau avec la signature de l’artiste.      * N. 5 : Chaire de Simone da Campione (1545) ;      *N. 6 : Sacristie, restes de murailles romaines ;      *N.7 : Chapelle du Sacrement, tabernacle de 1562 et sièges marquetés ;     *N. 8 : Chapelle des Chanoines, Vierge à l’enfant de Pinturicchio ;     * N. 9 : Maître autel avec ciboire en pierre (1515) sur un schéma de Brunelleschi, 8 têtes de prophètes en terre cuite (1562) ; aux piliers de l’abside, fresques du Pérugin  : Pietà avec les S. Jean et Madeleine , Vierge à l’enfant sur le trône avec les S. Blaise et Catherine d’Alexandrie. Plus haut sur la droite, église S. Andrea (1258, transformée au XVIIe s.). Continuer dans la via Cavour, bordée de maisons du XVe s., jusqu’à Piazza della Repubblica, emplacement du Forum romain, au fond de laquelle se dresse le Palazzo comunale Vecchio (1270, transformé au XVIe s.). Dans la via Garibaldi, église San Lorenzo (érigée au VIe siècle en l’honneur de S. Ercolano, reconstruite en 1120, agrandie au XIIIe s. et transformée en 1540). Continuer dans la via Giulia (ci-contre à gauche), qui marque la limite de l’enceinte romaine, on passe à côté de l’Arc d’Auguste, dont il reste les piliers latéraux  ; on arrive à S. Maria di Vallegloria, couvent des Clarisses édifié vers 1320. Redescendre par la via Arco Romano jusqu’au Belvédère (vue sur la plaine du Topino et sur les collines de Montefalco à Assise). Église de San Severino, la plus ancienne de Spello (VIe s. avec façade romane et rosace de 1180). À partir de l’église San Martino, descendre par la via S. Agostino, en pente raide, vers la Porta Venere, la plus intéressante des portes romaines qui doit son nom à un incertain temple dédié à la déesse de l’amour et des jardins dans cette zone (ci-dessus à gauche) ; elle est flanquée de 2 tours romanes ; de la porte, on peut continuer vers les ruines de l’amphithéâtre, dans la plaine. Remonter par la via Torri di Properzio vers la via Cavour. Spécialités culinaires de Spello : L’huile d’olive (production limitée très recherchée pour son acidité basse, sa richesse en antioxydants naturels du fait d’un terrain riche en pierres et en terre rouge. Voir : Le Palome, 0742.30.18.67), la truffe (Voir : Il tartufo di Paolo, 0742.30.3045), la charcuterie (la « norcineria », art ancien qui tire ici son nom de la ville de Norcia, et que vous trouverez à Spello au cas où vous n’iriez pas à Norcia) : saucissons, jambon, tête roulée (= « capocolli »), lard maigre (=  « pancetta »), saucisses (en particulier de foie), coppa... Et aussi, le fer forgé (Luca Peppoloni, via Cavour 5/a), le meuble ancien  et ... « presque    ancien » (Laboratorio artigianale Azzarelli Mauro 0742.315.011 et Petrini Eugenio  0742.301.793), la dentelle et les tissus (via Cavour) ... 9) SPOLETO Sa situation géographique au pied de la montagne (le Monteluco) et à l’entrée d’un vaste plaine, sa richesse en eau, sa position sur la via Flaminia, ont toujours donné à Spoleto un rôle administratif et politique important. Elle était la « Caput  Umbriae », elle reste pendant des siècles la capitale du Duché de  Spoleto, Napoléon en fait le chef-lieu du département du Trasimène : la ville permettait d’assurer le contrôle de la région, tant du côté du Royaume de Naples dont on craignait le brigandage que du côté de l’Exarchat de Ravenne. Dès l’âge du bronze, des populations s’y fixent ; le site est occupé ensuite par un peuple italique, les  « Ombriens » qui construisent une première enceinte de puissantes murailles « cyclopéennes » (que l’on date entre le VIe et le IIIe s. av. J.C.) composées d’énormes blocs de calcaire de forme polygonale, encore visibles vers la forteresse ; un sanctuaire ombrien se trouvait au sommet de la colline. Le nom de la ville viendrait du grec «  Spao + Lithos » = le rocher détaché : la colline Sant’Elia (Colline du Soleil) sur laquelle se situe Spoleto serait le reste de l’écroulement d’une partie du Monteluco ; le nom latin fut «Spoletium». La ville romaine se développe à l’intérieur de ces murailles. Le relief irrégulier ne permettait pas d’installer un « castrum» classique, les Romains réalisent donc de grands travaux de terrassement à partir de 241 av. J.C. (cryptoportique de soutènement d’insulae à Sant’Eufemia). Le forum se trouvait sur l’actuelle Piazza del Mercato, et de là partaient le « decumanus » (Vie del Municipio, del Mercato, Plinio il Giovane) et le « cardo » (Vie dell’Arco di Druso e del Palazzo dei Duchi), segment urbain de la via Flaminia (223 av. J.C.). Le tracé de la Flaminia détermine la construction de la ville ; il suivait les actuelles  via dei S. Carlo, Monterone, dell’Arco di Druso, piazza del Mercato, via del Palazzo dei Duchi, Fontesecca, piazza Panciani, via Minervio, della Salaria Vecchia, di Porta Fuga, corso Garibaldi, piazza della Vittoria, via Cerquiglia, di S. Sabino. La majeure partie des monuments romains se trouve sur cette voie : portes, arcs, temple, forum, basilique, édifices publics, maisons élégantes (domus de via di Visiale). Les édifices religieux du Moyen-Âge suivront le même tracé, ainsi que celui de la Flaminia extra urbaine et des voies dérivées (vers Norcia et Perugia par exemple). Le théâtre et l’amphithéâtre romains ont été de même utilisés d’abord comme fortifications puis comme monastères de Bénédictines (S. Agata) et  de Clarisses (S. Gregorio de Griptis). Les Romains comblent aussi le vide entre la colline de Spoleto et le Monteluco par un immense pont aqueduc qui est aujourd’hui le Ponte delle Torri Spoleto reste un des centres principaux de la région sous les divers occupants : Théodoric qui la restaure et bonifie la plaine de 507 à 511, Totila qui la détruit en 545 pour en faire une forteresse, Narsès  qui refait les murs en 553, et enfin les Longobards qui en font  la capitale d’un de leurs Duchés en 576, en s’appuyant sur le réseau des monastères et des paroisses. Sous la domination des Francs, les Ducs restent en place comme fonctionnaires impériaux. La Commune oblige les seigneurs féodaux (les Anchiaiani, Pianciani, Campello) à venir habiter en ville où ils édifient des tours. Lorsque Frédéric Barberousse rase la ville en 1155, Spoleto est dite « la ville aux cent tours ». Après la défaite du Barberousse l’autonomie communale reprend son développement, de la même façon que les autres villes italiennes des XIIe et XIIIe s., mais à Spoleto la présence d’un évêque puissant doté d’un diocèse qui couvre presque tout le Duché est une marque spécifique qui explique le nombre et la grandeur des églises construites dès le IXe s. puis à partir des XIIe et XIIIe s. avec l’apparition des Ordres mendiants, Franciscains entre 1227 et 1254 (S. Simon et Judas), Dominicains en 1247 ( S. Salvatore), Augustiniens en 1304 (S. Niccolò). Une nouvelle cathédrale est construite ; l’expansion démographique se traduit par la construction des  4 «borghi » (San Gregorio, San Ponziano, San Matteo et San Pietro)  qui oblige la Commune à construire une nouvelle enceinte en 1296. Dès la fin du XIIe s., l’Église revendique la possession du Duché, mais elle ne le domine vraiment qu’à partir du XIIIe s. Cette domination pontificale se traduit, comme ailleurs, par l’élimination des pouvoirs populaires communaux et la prise de pouvoir exclusive de la noblesse dans les mains de laquelle se concentre la rente foncière. Le cardinal Albornoz consacre le pouvoir pontifical par la construction d’une immense forteresse (la « Rocca »)  en 1359, pour sécuriser le passage du pape lors de son retour d’Avignon. On remodèle la ville en construisant à partir des édifices anciens de nouveaux palais, autour de petites places fermées ; quelques grandes églises sont édifiées : Madonna di Loreto reliée à la ville par un long portique, S. Maria della Manna d’Oro et San Filippo Neri  (1640). Après la Restauration, l’architecte Ireneo Aleandri projette la construction de la « Traversa nazionale » pour adapter la ville aux nouvelles exigences de communication entre les palais des grandes familles, les églises et les couvents, aujourd’hui axe de traversée de la ville dépourvu de commerces ; elle est réalisée de 1834 à 1870. Avec l’Unité, Spoleto perd son rôle de centre administratif au profit de Perugia qui devient chef-lieu de région. Cette perte est compensée en partie par un développement industriel dû à la découverte d’une importante mine de lignite et la construction de nombreuses usines. La ligne ferroviaire Rome–Ancône est ouverte, la gare de Spoleto construite peu après 1860.  Deux Théâtres sont édifiés : Teatro Nuovo (1864) et Teatro Caio Melisso (1880). Après la seconde guerre mondiale, Spoleto reprend de l’importance grâce à ses initiatives culturelles, dont le Festival des Deux Mondes créé en 1958 par le musicien Gian Carlo Menotti, une des plus prestigieuses manifestations internationales avec ses spectacles de théâtre, danse, musique expositions et cinéma (fin juin et première moitié de juillet). Visite de Spoleto I. - La «  Traversa Nazionale  » (du Nord au Sud) * Piazza della Vittoria (au Nord), lieu de confluence des routes d’accès déjà à l’époque romaine, près de l’amphithéâtre, et du Ponte Sanguinario (proche du lieu où l’on massacrait les Chrétiens), aujourd’hui enterré, encore visible en descendant les escaliers devant le monument de Garibaldi (Silvestro Silvestri, 1884). En remontant la via Trento e Trieste, on arrive à la gare ferroviaire devant laquelle est placé le « Teodolapio » (du nom d’un duc longobard du VIIe siècle - Image ci-contre), grande construction métallique d’Alexandre Calder réalisée en 1962 pour l’exposition de sculpture du festival des Deux Mondes. * Piazza Garibaldi : Porta San Gregorio, principale entrée septentrionale de la ville au XIIIe s., refaite avec des tours en 1825, sabotée par les Allemands en 1944 et reconstruite. San Gregorio Maggiore : église romane édifiée en 1079 et rénovée du XIIe au XVIIIe s. et restaurée dans ses formes d’origine  de 1947 à 1950. Façade du XIIe s. à laquelle est ajouté le portique au XVIe s. Clocher du XIIe s. * Via dell’Anfiteatro, qui longe les arcades de l’amphithéâtre autrefois occupées par des boutiques. * Via Cecili : longe une partie de l’ancienne enceinte romaine, où on repère les 3 types de techniques : grands blocs de calcaire polygonaux (IVe s. av. J.C.), « opera quadrata » (à partir de 241 av. J.C.), rangées de parallélépipèdes  allongés (Ier s. av. J.C.). Derrière le mur, se dresse l’abside de l’église gothique S. Nicolò, ancien couvent des Augustiniens (1304, abandonné par les moines au XIXe s. après le tremblement de terre de 1767). * On arrive à Piazza della Torre dell’Olio (ci-contre à gauche) : Palais Vigili avec sa haute tour dell’Olio (XIIIe s. Souvenir de l’huile bouillante que l’on jetait sur les assaillants). De la place part la via di Porta Fuga (le nom rappelle la défaite, la    « fuite » d’Hannibal en 217 av. J.C. sous les murs de Spoleto). À g. aussitôt, Corso Garibaldi : axe de l’ancien  « Borgo » San Gregorio, qui accueillait la population immigrée aux XIIIe et XIVe s. * Continuer par via Pierleone (tour médiévale et maison ancienne) qui s’élargit sur le côté de l’église S. Domenico, où s’installent les Dominicains en 1247. Intérieur  : 1 er  autel à dr, Triomphe de Thomas d’Aquin, fresque du XVe s. * Piazza Collicola, exemple de places réalisées entre XVIIe et XVIIIe s. devant les résidences de la noblesse, ici le palais Collicola (1737, enrichi par les oeuvres d’art provenant de l’héritage de Christine de Suède. Aujourd’hui Musée d’art moderne). * En remontant à g. par la via Vaita S. Andrea (la « Vaita » était la circonscription urbaine,  ou  « l’arrondissement », base de l’administration communale), on arrive au Teatro Nuovo (1853-64). On continue par via Filitteria, tracée au XIXe s. qui conduit à l’église  SS. Giovanni e Paolo  (XIIe s.- Photo ci-dessus à droite). À l’intérieur, restes de fresques, dont un San Francesco, une des plus anciennes représentations de François. Dans la courbe, à dr. Palazzo Zacchei-Travaglini (XVIe s.). * Après la courbe , la rue continue par la via Walter Tobagi (1947-1980, écrivain assassiné par la Brigade XXVIII Mars). Sur la g. palazzo Pianciani (XVIIIe s.). * Plus loin à dr. piazza Mentana (anciens thermes romains) et église San Filippo Neri (1640). * Corso Mazzini, élargi pour le tracé de la « Traversa ». À g. dans le largo Ferrer, remonte la via del Mercato, un des principaux axes de la ville ancienne  ; piazza della Genga, mosaïque romaine parfaitement conservée. Un peu plus loin à dr. le vicolo III conduit au palazzo Rosari Spada (XVII – XVIIIe s.). le corso Mazzini débouche sur la piazza della Libertà, ancienne « corte »  du palais des Ancaiani (XVIIe s.), grands propriétaires terriens de l’Ombrie méridionale. En prenant la via S. Agata à l’entrée de la place, on descend à S. Agata, monastère des  Bénédictines (fin XIVe s.) construit près de l’église qui occupe une partie de la scène du Théâtre romain, une des plus anciennes de Spoleto, aujourd’hui siège du Musée archéologique qui comprend aussi l’aire du Théâtre romain (Ci-contre), longtemps enfoui sous les constructions postérieures et dégagé à partir de 1938. On y fait des concerts et des spectacles.                                          II.- La ville haute. C’est dans cette partie de la ville que se concentrent les édifices représentatifs de la vie civile et religieuse,  dominés par la masse de la Rocca, la forteresse du cardinal Albornoz, résidence du légat pontifical reconvertie en prison. * De la Place de la Liberté, monter par la via Brignone, dont de très nombreuses maisons ont dans leur cave des restes romains et médiévaux. On arrive piazza Fontana : fontaine (XVIe s.) et palazzo Mauri (XVIIe s.). La rue se termine par piazza S. Ansano, où la via Flaminia en provenance de Rome arrivait en passant sous l’Arc de Monterone (porte romaine du IIIe s. - Ci-contre). Sur la place, église S. Ansano, érigée au VIIe s. en englobant une partie du forum romain et d’un temple d’époque augustéenne. Intérieur  : crypte de S. Isaac, moine syrien réfugié en Ombrie (XIIe s.). À g. de S. Ansano, Arc de Drusus, entrée monumentale du Forum (23 apr. J.C.), en partie enterré. * Continuer par via dell’Arco di Druso, ancien « cardo maximus » de la ville romaine. À g. palazzo Leti (XVIIIe s.), sur l’emplacement du palais du Podestà, et palazzo Parenzi (XVIIIe s.). On arrive à * Piazza del Mercato, sur l’emplacement du Forum, qui se trouvait à 1,50 m. au-dessous du niveau actuel. Sur le petit côté, Fonte di Piazza, réalisation de goût baroque romain (1746-48). Sur la g. de la fontaine, via del Palazzo dei Duchi, lieu de l’ancien Capitole ; boutiques d’aspect médiéval mais installées au XVIe s. dans les arcades d’une ancienne église. On débouche dans : * via di Fontesecca e Saffi, principale rue de la ville haute, bordées depuis piazza Pianciani. À dr., via Visiale donne accès à une maison romaine. En haut de via Saffi, Palazzo arcivescovile dans lequel se superposent des constructions du IIIe s av. J.C., du VIe s. après J.C. (Palais de Théodoric puis palais ducal des Longobards), du Xe s. (monastère bénédictin), du XIIe s. (église), enfin des XVIIe et XVIIIe s. À l’intérieur Musée diocésain (1976 : peintures et sculptures du XIIIe au XVIIIe s  .). Dans l’enceinte du palais se trouve aussi l’église S. Eufemia (intérieur ci-contre), bel exemple de roman de Spoleto (XIIe s.). * En face du Palazzo arcivescovile, la façade Nord du Palazzo comunale (1784) ; la façade sud donne sur Piazza del Municipio (1786). Le palais est construit au XIIIe s. (tour rectangulaire), rénové au XVe s. quand il devint la résidence du pape Nicolas V, reconstruit après le tremblement de terre de 1703, et complété par l’aile occidentale en 1913. À l’intérieur, siège de l’ancien Mont de Piété fondé en 1469 et  Pinacothèque communale. * Sur la Piazza del Municipio, en face du Palazzo comunale, ensemble de maisons anciennes de diverses époques. * Prendre Via dell’Arringo (c’est là qu’au XIIe s. se déroulaient les assemblées populaires et où l’on « haranguait » le peuple) qui ouvre la vue sur la cathédrale et sur le palais qui bordent la rue : à g. abside de l’église S. Eufemia, à dr. Palazzo Racani (XVIe s.) : façade ornée de restes de graffiti attribués à Giulio Romano. Ce nouvel espace urbain était destiné à affirmer le pouvoir épiscopal dans la ville. * Place de la cathédrale est un espace urbain exceptionnel. À dr. Casa Fabricolosi, d’aspect XVe s. et un sarcophage du IIIe s. avec une scène de chasse. À g. Casa dell’Opera del Duomo (1419), Théâtre Caio Melisso (1664, rénové en 1880), ex-église de S. Maria della Manna d’Oro, édifiée suite au sac de Rome par Charles Quint en 1527 (1527-1681). * CATHÉDRALE (Duomo) consacrée à l’Assomption, érigée en style roman au XIIe s., consacrée par Innocent III en 1198 ; intérieur reconstruit en 1644  par l’architecte d’Urbain VIII, puis par Joseph Valadier. Façade en trois ordres : a) ordre inférieur  : portail roman  avec architrave décoré de motifs de vigne, précédé d’un portique Renaissance à 5 arcades surmonté d’une frise et d’une balustrade, et flanqué  de 2 chaires ; b) ordre médian : grande rosace entourée des symboles des 4 évangélistes et flanquée de 4 petites rosaces au-dessus desquelles court une série de petits arcs sur colonnes  ; c) ordre supérieur : à couronnement triangulaire, orné de 3 rosaces, avec 3 arcades ogivales dont la centrale est ornée d’une mosaïque de style byzantin (1207 : Christ bénissant entre Vierge et S. Jean). À g. de la façade, clocher (XIIe s.) ; la cage est de 1512-15.   Intérieur : croix latine à 3 nefs avec grande abside semi-circulaire  :1) Chapelle Eroli (1497), peintures de Pinturicchio. 2) Chapelle dell’Assunta  (XVIe s.) : fresques XVIe s. 3) Autel (Valadier, 1792). 4) Mort de S. Andrea Avellino (prêtre théatin, 1521-1608, qui montra une grande habileté dans l’application des décrets du Concile de Trente ;  son sang recueilli dans une ampoule se liquéfie ...). 5) Visitation (Giovanni Alberti, 1558-1601). 6) Monument funèbre de G. F. Orsini (1499) ; tombe de fra’ Filippo Lippi, érigée sur ordre de Laurent le Magnifique, sur dessin de Filippino Lippi. 7) Chapelle de la Très Sainte Icône : peinture byzantine du XIIe s. que la légende attribue à S. Luc, sauvée à Constantinople de la crise iconoclaste. 8) Abside décorée de fresques de Filippo Lippi et 2 aides : dans le tambour : Annonciation et Transit de Marie (avec portrait des 3 peintres et de Filippino), Crèche  ; dans la cuvette  : Couronnement de Marie. Grand autel de Valadier. 9) Chapelle du Sacrement (début XVIIe s.). 10) Chapelle S. Anna : fresques XIVe s. 11)  Autel  : S. Ponziano (pape de 230 à 235) livré aux lions. 12) Chapelle des Reliques (1540) ; 13) Présentation de la Vierge au Temple (A. Cavallucci, 1752-95)  ; 14) Vierge à l’enfant avec S. Antoine de Padoue, S. François de Paule et S. André (Étienne Parrocel d’Avignon, 1696-1776)  ; 15) Dans l’exèdre de Valadier, Croix d’Alberto Sozio (1187), sur parchemin appliqué sur bois. * Piazza della Signoria : Palais destiné probablement au gonfalonier de Spoleto Pietro Pianciani (1330-1340). Par la via Saffi, on remonte à : * Piazza Campello. Au bout de la rue, loggia du XVIe s. Dans la seconde moitié du XIIIe s., les Franciscains construisent sur le côté est l’ex-église des saints Simon et Judas avec portail gothique, transformée ensuite en caserne puis en internat. À côté, Fontana del Mascherone (1642, refaite e 1736). Au sud ouest, palazzo Campello (1597-1600). * Sur la colline S. Elia (453 m.), habitée depuis l’âge du Bronze, dotée d’un acropole et d’un Temple dès le Ve s. av. J.C., le cardinal Albornoz fait construire en 1359 la Rocca, un des plus solides points d’appui du pape après son retour d’Avignon. Elle est habitée jusqu’au XVIIIe s. par des personnages illustres qui y laissèrent leur blason ou leur trace sur des fresques ou pierres gravées (Nicolas V, Pie II, Jules II, César Borgia, Lucrèce Borgia, gouverneure du Duché de 1499 à 1502, les Colonna, Cybo, Della Rovere, Piccolomini, Medici, Visconti, etc.). Elle est utilisée comme prison jusqu’en 1983  ; aujourd’hui, Musée National du Duché, siège d’expositions, Théâtre à ciel ouvert (1200 spectateurs), École de Restauration du Livre et Laboratoire de Diagnostic appliqué à la Restauration des Biens culturels. * De la piazza Campello, prendre la via del Ponte, flanquée d’une partie des murs anciens. Dans la courbe, très belle vue du Monteluco surmonté d’une croix. On arrive au Ponte delle Torri (ci-contre) construit sur l’abîme que constitue le lit du Tessino entre la colline de la forteresse et le Monteluco : 9 piliers reliés par 10 arcades légèrement ogivales (76 m. de haut et 230 m. de long). Il date probablement des XIIIe et XIVe s. Il servait d’aqueduc et de passage vers le Forte dei Mulini qui en défendait l’accès de l’autre côté de la rivière. Les 2 piliers les plus hauts sont creux en forme de tours (d’où le nom du pont) et servaient de postes de garde. Il y eut antérieurement un pont romain dont on n’a pas conservé de traces évidentes. Page suivante
La Rocca et le Ponte delle Torri
Rappel : * CARDO = voie nord-sud des villes romaines ; * DECUMANUS = voie est -ouest
Rue intérieure des murailles (1296)