Lombardia : La Lombardie - 3
Lombardie, quelques éléments d'histoire (suite)
Plus tard, le fascisme fit en Lombardie ses premières expériences de groupes de choc paramilitaires, et c'est là qu'il suscita
une très vive résistance durant la guerre civile contre la République de Salò (1943-
44). En 1943, Mussolini est désavoué et arrêté par le Grand Conseil Fasciste qui sent
venir la défaite. Puis, libéré par les S.S., il crée la République fasciste
à Salò (en
vert sur la carte) sur les bords du lac de Garde, et une terrible guerre civile se déroule
donc en Lombardie, Piémont et Émilie : les partisans sont considérés comme des
terroristes et assassinés sans jugement. Finalement, Mussolini est arrêté et exécuté
sur les bords du Lac de Côme, à Dongo, le 28 avril 1945, selon la décision du Conseil
National de la Résistance Nord-Italie.
La guerre est donc très
destructrice pour la région,
en particulier les
bombardements alliés qui
visaient les villes
industrielles, en 1943. La vie
reprend vite après la guerre,
avec une inventivité
remarquable, et un souffle
d’utopie qui tente de lutter
contre la misère, comme le
manifeste le film de Vittorio
De Sica en 1951, Miracle à
Milan.
Milan et les autres villes de
Lombardie restent des lieux
de vie politique politique et
syndicale active pendant
tout l’après-guerre, comme
l’illustrent ces photographies
:
.
Le mouvement de 1968-1969 y fut très fort, marqué par le premier des attentatsfascistes à la Banque de l’Agriculture,
un jour de marché, le 12 décembre 1969, qui tua 16 personnes et en blessa des dizaines. Le pouvoir démocrate-
chrétien, qui jouait la carte des deux terrorismes qui menaçaient l’Italie centriste, attribua d’abord l’attentat aux
anarchistes, et pendant son interrogatoire par le commissaire Calabresi, un militant anarchiste tomba par la fenêtre et
se tua.
En représailles, le commissaire, considéré comme responsable (à tort
probablement) de sa mort fut assassiné un peu plus tard par un groupe
d’extrême-gauche. Les étudiants de gauche occupèrent l’Université et
les heurts furent rudes avec la police, ou entre les groupes néo-fascistes
du M.S.I. (Mouvement Social Italien et les groupes d’extrême-gauche
(bientôt vont se manifester plusieurs groupes dont le plus important
furent les Brigades Rouges).
Le sport est un des loisirs principaux
des Lombards, le foot et le vélo (Voir
ci-contre une partie de foot à l’Arena
de Milan en 1945, et le passage de
Gino Bartali au tour de Lombardie en
1952)
Le territoire lombard continue
cependant à être diversifié : dans la Basse Lombardie, l'espace rural reste bien séparé des pôles urbains, la Montagne lombarde garde ses particularités
modifiées par le tourisme ; outre l'énorme agglomération urbaine de Milan (15 à 20 kms par 24 de
rayon), un autre alignement de villes soude les zones de
Varese, Côme et Nord- ilanais. L'autoroute Milan-Bergame-Brescia
est bordée d'une file continue d'usines et de centres commerciaux.
La sensibilité aux facteurs culturels et d'environnement est cependant développée par un profond mouvement qui tend à valoriser l'écologie et le patrimoine rural
et local. En 1976, l'explosion d'un réacteur de l'ICMESA, entreprise suisse de Seveso au nord de Milan, est à l'origine d'un nuage toxique de dioxine qui pollue et
rend encore inhabitable aujourd'hui toute une partie de la commune et provoque de graves maladies : un parmi les désastres écologiques causés par un
développement sauvage.
LA
LOMBARDIE
AUJOURD 'HUI
Richesse, industrie, savoir-faire, pouvoir
de droite, mode, football, la Lombardie ne
se résume-t-elle qu'à ces images ?
Assurément non, mais celles-ci en
composent une bonne partie.
24.000 kms (Italie : 301.000), 9 millions
d'habitants (Italie : 57 millions), densité de
371 hab. par Km2 (Italie : 188) à la
seconde place après la Campanie
Avec 16% de la population nationale et
18% de la population active, la Lombardie
produit 21% du Produit Intérieur Brut. Sur
3 860 000 travailleurs, 1 673 000 sont
employés dans l'industrie, 2 067 000 dans
le secteur tertiaire, 120 000 dans
l'agriculture. Avec moins de moyens
humains, La Lombardie produit plus. C'est donc une région où le facteur de production "capital" est très important. Ce dynamisme a une contre-partie : le risque
écologique. Le 10 juillet 1976, une usine chimique localisée près de Seveso, à 30 kms au nord de Milan explose, libérant un nuage de dioxines. Près de 15 000
personnes ont été évacuées. Sur les 110 hectares les plus touchés, les maisons ont dû être rasées et près de 250 000 mètres cubes de terre enlevés. Pour
prévenir ce type d'accident, la Communauté européenne a adopté, en 1982, une directive sur les risques d'accidents industriels
majeurs, dite « directive Seveso », L'accident n'a pas fait de victimes et la fréquence des cancer n'a pas augmenter ensuite. La
Lombardie, Rhône Alpe, la Catalogne et le Bade-Wurtemberg sont les 4 régions les plus riches d'Europe.
L'AGRICULTURE
Ce n'est pas le point le plus fort de la Lombardie excepté la Valtellina (axe Sondrion/Bormio) : du vin (et quelques très bons crus
: il y a 8 routes du vin : à Bergame, le Valcalepio et le Moscato de Scanzo, le Sancolombano de Lodi, etc. etc.), des fromages
(Grana, Mascarpone, Gorgonzola, Stracchino, Caprino, Quartirolo, Taleggio, etc.) et peu de fruits mis à part les kakis du lac de
Garde. Les productions agricoles de la Lombardie sont des céréales, et du maïs (qui est la base de la « polenta »),
généralement contrôlées par de grosses coopératives, mais aussi
une abondante charcuterie. En Italie, les OGM sont interdits, par
contre les produits de traitement des semences tels que le
Gaucho et le régent étaient encore autorisés.en 2007. Bien sûr le
riz entre Milan et Turin, à cheval sur la Lombardie et le Piémont.
L'INDUSTRIE
Milan (4 000 000 d'habitant pour l'agglomération) est la vraie
capitale économique de l'Italie. Milan est le centre d'une vaste
région industrielle aux productions les plus diverses mais dont les
fondements reposent sur le textile, la métallurgie ( Alfa Romeo, Marelli), la chimie (Montedison,
Pirelli), l'aéronautique à Varese, le ciment à Bergame (120 000hab.), la mécanique à Brescia (200
000hab.). Le débouché de cet ensemble est le port ligure de Gênes.
Présence de grandes entreprises (Montedison, Alfa Romeo, Pirelli, Breda, Dalmine, Franco
Tosi...) à côté d'un réseau serré de petites et moyennes entreprises : mécanique, meubles,
coutellerie, robinetterie, fabriques de chaussures, de bas, de tricots (Ci-contre, Sesto San Giovanni, entre Milano
et Monza, gros centre industriel)
LE TERTIAIRE
Le secteur financier et bancaire est décisif : la Bourse de Milan concentre 90% des échanges de toute l'Italie. La
plus grande école de commerce italienne, la Bocconi qui est l'équivalent d'HEC est située à Milan et non à Rome.
La majorité des filiales de groupe étranger sont à Milan. Nombre de leurs dirigeants habitent un quartier sécurisé
au nord de Milan, à Arese.
L'évolution qui fait suite au "miracle économique" des années 50 et 60 déplace l'axe de l'économie lombarde, de la
grande et moyenne industrie aux activités de production de biens de consommation de masse, ce qui induit une
désindustrialisation et une
tertiarisation. Dans les années 80, tandis que se déchaîne la spéculation foncière sur
les espaces laissés libres par les anciennes grandes entreprises, à la Milan des ouvriers et des grands industriels
se substitue celle des spéculateurs boursiers et immobiliers, des stylistes, des agents de publicité et des
personnages de la télévision, dont Silvio Berlusconi a été le prototype. L'Université Catholique de Milan sera après
la seconde guerre mondiale la forge de la classe politique et du patronat chrétiens.
Le tertiaire correspond à la volonté des entreprises de rationaliser leurs "services" internes destinés à la
programmation, commercialisation, contrôle de qualité, distribution, promotion commerciale, gestion du personnel,
informatisation. Le secteur financier et bancaire est décisif : la Bourse de Milan concentre 90% des échanges de
toute l'Italie. Autres secteurs en développement : l'édition (Mondadori, Rizzoli), la publicité, la mode, le design.
Parallèlement, se développait une population minoritaire de chômeurs ou travailleurs précaires, jeunes
des "centres
sociaux",
immigrés extracommunautaires,
marginaux, terrain favori de la drogue et de la micro criminalité.
LA VIE POLITIQUE
La classe politique issue de la nouvelle bourgeoisie d'affaires, toujours plus arrogante et inefficace, utilisait sans scrupules son pouvoir à des spéculations
financières, des financements occultes de leurs partis, des enrichissements personnels. A la tête
de ces opérations, le Parti Socialiste Italien, égaré loin d'une tradition de lutte sociale au nom des
ouvriers et des paysans : M. Pillitteri, gendre de son Secrétaire Général, Bettino Craxi, est alors
Maire de Milan. C'est donc naturellement à Milan qu'éclate le scandale de « Tangentopoli » et
l'opération "Mani pulite" (Mains propres) en 1992, compromettant toute la classe dirigeante
démocrate-chrétienne et socialiste au point de faire disparaître les deux partis et conduisant
devant la Justice les principaux hommes politiques qui avaient dirigé la République depuis les
années 60-70. Bettino Craxi est mort en exil en Tunisie pour échapper à la prison, et les procès
Berlusconi sont encore en cours et ne conduisent à aucune condamnation pour la seule raison
que Berlusconi a fait voter une loi donnant l’immunité au président du Conseil qu’il est à nouveau
depuis 2007.
Une des conséquences de Tangentopoli a été la méfiance vis à vis des partis politiques et le
développement de la Ligue du Nord, qui s'est appuyée sur cette corruption des hommes
politiques de droite et de gauche pour développer des slogans d'abord fédéralistes puis
sécessionnistes et racistes. La Ligue lombarde apparaît pour la première fois au niveau national
lors des élections de 1987. Sur ces thèmes régionalistes, elle ne réalise qu'un très faible score :
186 254 voix (0,5%), toutes obtenues en Lombardie. Aux élections municipales partielles de
1992, elle s'affirme de très loin comme le premier parti dans les villes du Nord.
Le gouvernement de centre-gauche, qui a vu les ex- communistes du Parti Démocratique de la Gauche (PdS, devenu Pd après la fusion entre le PdS et la
Margherita d’ origine démocrate-chrétienne) revenir
au pouvoir avec d'anciens démocrates-chrétiens, des centristes et des Verts, a eu entre autres pour tâche de
résoudre cette « question morale », de fonder à nouveau l'action politique sur des valeurs solides et de redonner aux Italiens une confiance en leurs élus. Il n’a
pas totalement convaincu les Italiens qui ne l’ont pas ramené au pouvoir lors des élections de 2007.
La Lombardie es actuellement largement gouvernée par le centre-droit, et la Ligue garde quelques places fortes.
LE SPORT
Ce n'est que par simple élégance que ce chapitre s'intitule : le sport. Autant ne parlez que de football. Milan possède deux club : « l'AC Milan » de Berlusconi (un
de ses instruments de pouvoir) et « l'Inter » de Milan. Ce club, comme son nom l'indique a une vocation internationale : seulement 6 italiens dans une équipe de
28 joueurs en 2009. Scandale chez les « tifosi », parfois racistes, quand le club dispute un match sans joueurs italiens. A eux deux ces deux clubs ont remporté
respectivement 17 et 16 titres nationaux. Les budgets précèdent les résultats. Mais la « Juventus » de Turin a 27 titres de champion d'Italie. Une des plus belles
courses cycliste est le tour de Lombardie qui se déroule en fin de saison aux alentours de Varese et Como. Le Grand Prix d’Italie de Formule 1 se court chaque
année sur le circuit de Monza.
LES ARTS
Le design est la signature artistique contemporaine de Milan. L'institut européen du design y a été fondé en 1966 par Francesco Morelli. Gio Ponti, né à Milan en
1891 est designer et architecte. Il a dessiné la Tour Pirelli en 1955... à Milan. La mode milanaise est à mi-chemin entre l'art et le commerce. Les noms évoquent
maintenant surtout des marques commerciales : Versace, Giorgio Armani, Gucci, Dolce e Gabbana, Prada.
Mais la musique reste un des arts les plus pratiqués, les opéras sont mondialement connus (la Scala de Milan ...). L’exploitation du patrimoine culturel accumulé
tout au long de l’histoire de la Lombardie est très importante, expositions, restaurations, etc. La Région de Lombardie est par ailleurs une de celles qui, après la
seconde guerre mondiale, ont accordé le plus d’attention aux arts populaires, à la chanson populaire (publication d’une série de 9 LP sur la tradition des divers
pays, développement de l’accordéon à Stradella, etc.), à la littérature, aux proverbes, à la cuisine traditionnelle.
Milan, Piazza San Sepolcro : là furent fondés
les « Faisceaux de combat » fascistes
15 antifascistes fusillés en représailles d’un attentat des GAP contre un camion
allemand le 10 août 1944
cadavres de Mussolini, Clareta Petacci et autres hiérarques exposés le 28
avril 1945.
Milan, de g. à dr. : la galerie, la place Fontana et la via Maiocchi détruits par les bombardements d’août 1943
image du film de De Sica
la « bicoppia » en 1946
Milan à la libération, les commandants de la Résistance défilent dans la
ville : Argenton, Stuchi, Parri, Cadorna , Longo, Mattei, Solari
métallurgistes en grève devant la Chambre du Travail (1959)
défilé pendant la grève d’octobre 1962
meeting de Luciano Lama (CGIL) en 1962
salon de la Banque de l’agriculture après l’attentat du
12 décembre 1969
le lieu où fut assassiné le commissaire Calabresi le
17 mai 1973
Les étudiants occupent l’université en 1969
répression de la police qui rentre à l’Université
en 1969
manifestation antifasciste en 1971
Tour Garibaldi, de Laura Lazzari et Giancarlo Perotta, 1984-87
Gratte-ciel Pirelli, 1956-60
L’usine ICMESA, accidentée en 1976.
la Tour Velasca, BBPR, 1956-7
Quartier Feltre de Milan, années ’60.
paysage viticole de Lombardie
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