Poésie en musique - chapitre 29 - suite
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All’Italia (Giacomo Leopardi, Canti, I,  settembre 1818 Lecture par l’acteur de Lucanie Dino Becagli) O patria mia, vedo le mura e gli archi         Oh ma patrie, je vois les murs et les arcs de triomphe E le colonne e i simulacri e l'erme  et les colonnes, et les statues et les tours Torri degli avi nostri,         solitaires de nos ancêtres, Ma la gloria non vedo,                mais la gloire, je ne la vois pas, Non vedo il lauro e il ferro ond'eran carchi je ne vois pas le laurier et le fer dont étaient ornés I nostri padri antichi. Or fatta inerme,        nos pères de l’Antiquité. Maintenant sans armes, Nuda la fronte e nudo il petto mostri.        Tu montres nus ton front et ta poitrine. Oimè quante ferite,        Hélas, que de blessures, Che lividor, che sangue ! oh qual ti veggio, quelle pâleur, quel sang  ! Oh dans quel état je te vois, Formosissima donna ! Io chiedo al cielo femme très belle  ! Je demande au ciel E al mondo : dite dite;                 et au monde  : dites, dites, Chi la ridusse a tale ? E questo è peggio, qui l’a réduite à cela  ? Et ce qui est pire, Che di catene ha carche ambe le braccia ; qui a chargé de chaînes ses deux bras Sì che sparte le chiome e senza velo si bien que, les cheveux épars et sans voile, Siede in terra negletta e sconsolata, elle est assise par terre négligée et sans consolation Nascondendo la faccia                cachant son visage Tra le ginocchia, e piange.        dans ses genoux, et elle pleure. Piangi, che ben hai donde, Italia mia,        Pleure, mon Italie, car tu as bien de quoi, Le genti a vincer nata                toi qui étais née pour vaincre les peuples E nella fausta sorte e nella ria.        Que ce soit dans un sort faste ou hostile. Se fosser gli occhi tuoi due fonti vive,        Si tes yeux étaient  deux sources vives, Mai non potrebbe il pianto        tes pleurs ne pourraient jamais Adeguarsi al tuo danno ed allo scorno ; égaler ton malheur et ta honte  ; Che fosti donna, or sei povera ancella.        Car tu fus la maîtresse, tu n’es plus qu’une humble servante. Chi di te parla o scrive,                Qui écrit ou parle de toi, Che, rimembrando il tuo passato vanto, qui, se souvenant de ton passé prestigieux, Non dica: già fu grande, or non è quella ? ne dit pas  : autrefois elle fut grande, elle ne l’est plus  ? Perchè, perchè ? dov'è la forza antica, Pourquoi, pourquoi  ? où est ta force d’autrefois, Dove l'armi e il valore e la costanza?        Où sont tes armes, ta valeur et ta fermeté  ? Chi ti discinse il brando ?        Qui t’a arraché ton épée  ? Chi ti tradì? qual arte o qual fatica Qui t’a trahie  ? Quelle ruse et quelle peine O qual tanta possanza                ou quelle puissance hostile Valse a spogliarti il manto e l'auree bende ? a pu te dépouiller de ton manteau et de tes insignes dorés  ? Come cadesti o quando        Comment es-tu tombée ou quand Da tanta altezza in così basso loco ? d’une telle hauteur dans une telle bassesse  ? Nessun pugna per te ? non ti difende         Personne ne combat-il pour toi  ? Aucun des tiens Nessun de' tuoi? L'armi, qua l'armi : io solo ne te défend-il  ? Des armes, donnez-moi des armes, Combatterò, procomberò sol io.         Moi seul je combattrai, je succomberai pour toi. Dammi, o ciel, che sia foco         Oh ciel, accorde-moi que mon sang Agl'italici petti il sangue mio.         Devienne du feu dans les poitrines italiennes. Dove sono i tuoi figli ? Odo suon d'armi Où sont tes enfants  ? J’entends des bruits d’armes E di carri e di voci e di timballi :         et de chars et de voix et de tambours  : In estranie contrade         c’est dans des contrées étrangères Pugnano i tuoi figliuoli.                 Que combattent tes fils. Attendi, Italia, attendi. Io veggio, o parmi,          Attention, Italie, attention. Je vois, du moins il me semble, Un fluttuar di fanti e di cavalli,         un flot de soldats à pied et à cheval, E fumo e polve, e luccicar di spade de la fumée, de la poussière, et briller des épées, Come tra nebbia lampi.         Comme des éclairs dans la brume. Nè ti conforti ? e i tremebondi lumi Et cela ne te réconforte pas  ? et tes yeux tremblants, Piegar non soffri al dubitoso evento ?                ne souffres-tu pas de les porter sur cet événement douteux  ? A che pugna in quei campi         Dans quel but combat-elle dans ces champs L'itala gioventude ? O numi, o numi :         la jeunesse italienne  ? Oh dieux, oh dieux Pugnan per altra terra itali acciari.                 elles combattent pour d’autres terres les épées italiennes. Oh misero colui che in guerra è spento, Oh, pauvre de lui, celui qui s’est éteint dans la guerre, Non per li patrii lidi e per la pia         non pour les rives de la patrie ou pour sa pieuse Consorte e i figli cari,                 compagne et ses enfants chéris, Ma da nemici altrui         mais à cause des ennemis d’autres peuples, Per altra gente, e non può dir morendo : pour d’autres peuples, et il ne peut dire en mourant  : Alma terra natia,                 Noble terre natale La vita che mi desti ecco ti rendo. La vie que tu m’as donnée, je te la rends. Oh venturose e care e benedette Oh heureux et chers et bienheureux L'antiche età, che a morte        les âges anciens, quand à la mort Per la patria correan le genti a squadre ; pour leur patrie couraient les gens en armes  ; E voi sempre onorate e gloriose,        et vous toujours honorées et glorieuses O tessaliche strette,        oh troupes tessaliques, Dove la Persia e il fato assai men forte où la Perse et le destin furent beaucoup moins forts Fu di poch'alme franche e generose !        que quelques âmes franches et généreuses  ! Io credo che le piante e i sassi e l'onda Je crois que les plantes et les cailloux et l’eau E le montagne vostre al passeggere et vos montagnes racontent au promeneur Con indistinta voce         d’une voix indistincte Narrin siccome tutta quella sponda comment toute cette zone Coprìr le invitte schiere         fut couverte par les troupes invaincues De' corpi ch'alla Grecia eran devoti. Des corps qui étaient dévoués à la Grèce. Allor, vile e feroce,         Alors, lâche et féroce, Serse per l'Ellesponto si fuggia,        Xerxès fuyait à travers l’Hellespont, Fatto ludibrio agli ultimi nepoti ;         objet de mépris pour ses derniers descendants  ; E sul colle d'Antela, ove morendo et sur la colline d’Antela, où en mourant Si sottrasse da morte il santo stuolo, il se soustraie par la mort  à la foule sacrée Simonide salia,                Simonide montait, Guardando l'etra e la marina e il suolo. En regardant le ciel, la côte et le sol. E di lacrime sparso ambe le guance, Et ayant répandu de larmes ses deux joues E il petto ansante, e vacillante il piede, la poitrine haletante, et le pied vacillant Toglieasi in man la lira  :        il prenait sa lyre dans la main  : Beatissimi voi,                Bienheureux, vous Ch'offriste il petto alle nemiche lance        qui avez offert vos poitrines aux lances ennemies Per amor di costei ch'al Sol vi diede ;         par amour pour celle qui vous donna le soleil  ; Voi che la Grecia cole, e il mondo ammira. Vous que la Grèce vénère et que le monde admire. Nell'armi e ne' perigli                Dans les armes et dans les dangers Qual tanto amor le giovanette menti,         quel grand amour a-t-il entraîné vos jeunes esprits Qual nell'acerbo fato amor vi trasse ? quel amour vous a entraînés dans ce dur destin  ? Come sì lieta, o figli,         Comment, oh mes enfants, l’heure extrême L'ora estrema vi parve, onde ridenti vous parut-elle si joyeuse pour que vous couriez Correste al passo lacrimoso e duro ? en riant vers ce dur et douloureux passage  ? Parea ch'a danza e non a morte andasse On aurait dit que chacun de vous allait à la danse Ciascun de' vostri, o a splendido convito  : ou à un splendide banquet, non à la mort  : Ma v'attendea lo scuro                mais ce qui l’attendait, c’est l’obscur Tartare Tartaro, e l'onda morta ;         et les eaux mortes  ; Nè le spose vi foro o i figli accanto et ni vos épouses ni vos fils ne furent à côté de vous Quando su l'aspro lito                quand sur l’âpre rivage Senza baci moriste e senza pianto. Vous mourûtes sans baisers et sans pleurs. Ma non senza de' Persi orrida pena Mais pas sans une horrible peine des Perses Ed immortale angoscia.         Et une angoisse immortelle. Come lion di tori entro una mandra Comme un lion dans un troupeau de taureaux Or salta a quello in tergo e sì gli scava tantôt saute sur le dos de celui-ci et lui déchire Con le zanne la schiena,         l’échine de ses griffes, Or questo fianco addenta or quella coscia ; tantôt il mord celui-là sur le flanc ou sur la cuisse  ; Tal fra le Perse torme infuriava        ainsi  sévissait dans les troupes perses L'ira de' greci petti e la virtute.         La colère et la vertu des poitrines grecques. Ve' cavalli supini e cavalieri ;        Vois les chevaux et les cavaliers renversés  ; Vedi intralciare ai vinti                Vois entraver la fuite des vaincus La fuga i carri e le tende cadute,         les chars et les tentes tombés, E correr fra' primieri         et courir parmi les premiers Pallido e scapigliato esso tiranno ; le tyran pâle et échevelé  ; Ve' come infusi e tinti                vois comme ils sont  aspergés et teints Del barbarico sangue i greci eroi, de sang barbare les héros grecs, Cagione ai Persi d'infinito affanno, causant d’horribles craintes aux Perses, A poco a poco vinti dalle piaghe,         peu à peu vaincus par leurs plaies, L'un sopra l'altro cade. Oh viva, oh viva : tombant l’un sur l’autre. Oh, bravo, bravo  : Beatissimi voi                bienheureux vous êtes Mentre nel mondo si favelli o scriva.         tant que dans le monde on raconte et on écrit. Prima divelte, in mar precipitando, D’abord arrachées, se précipitant dans la mer, Spente nell'imo strideran le stelle, profondément éteintes, les étoiles crieront, Che la memoria e il vostro        que la mémoire et votre amour Amor trascorra o scemi.         Se développent ou s’éteignent. La vostra tomba è un'ara ; e qua mostrando Votre tombe est un autel  ; et là viendront les mères Verran le madri ai parvoli le belle montrer à leurs enfants les belles traces Orme del vostro sangue. Ecco io mi prostro, de votre sang. Voilà, je me prosterne O benedetti, al suolo,         oh bienheureux, vers le sol, E bacio questi sassi e queste zolle, et j’embrasse ces pierres et ces mottes, Che fien lodate e chiare eternamente        qu’elles soient éternellement louées et claires Dall'uno all'altro polo.                De l’un à l’autre pôle. Deh foss'io pur con voi qui sotto, e molle Ah, puissé-je être ci-dessous avec vous, et que  Fosse del sangue mio quest'alma terra. Soit trempée de mon sang cette terre nourricière. Che se il fato è diverso, e non consente Que, si mon destin est différent, et ne permet pas Ch'io per la Grecia i moribondi lumi        que moi je ferme pour la Grèce mes yeux moribonds, Chiuda prostrato in guerra,         prostré par la guerre, Così la vereconda                que la pudique Fama del vostro vate appo i futuri renommée de votre poète auprès des hommes futurs Possa, volendo i numi,                puisse, si les dieux le veulent, Tanto durar quanto la vostra duri. Durer autant que dure la vôtre. Coro dei morti Adriaen Backer, Leçon d’anatomie de Frederik Ruysch, 1670 Le texte de Leopardi est écrit en août 1824 et publié par Stella à Milan en 1827. L’auteur reprend le thème de la mort en se  demandant si elle est un plaisir ou une souffrance. Il imagine que dans son laboratoire, dans une «  grande année mathématique  » (où selon une conception circulaire du temps, les choses revenaient régulièrement à leur point de départ, avec des événements «  incroyables  »), Ruysch entend parler ses momies, et se décide à les interroger. Quelques momies, réveillées pour un quart d’heure avec les autres mortels, répondent que la mort est plutôt un plaisir parce qu’elle éteint la sensibilité, libérant ainsi de toute souffrance. Mais à une question ultérieure, «  Comment savez-vous que vous êtes morts  ?  », les momies se taisent, le quart d’heure est terminé, et le mystère revient envelopper la dernière heure de la vie humaine. Dans la première partie du texte (vv. 1-13), c’est l’exposition du thème de la mort  ; la deuxième (vv. 14-26) marque l’opposition entre les vivants et les morts  ; la dernière expose la description de la mort par les défunts. Chez Petrassi, les sections sont interrompues par un Scherzo instrumental. Le poésie est en vers libres, hendécasyllabes et septenaires. Frederik Ruysch (1638-1731) était un savant hollandais, médecin et professeur d’anatomie, qui avait découvert une méthode, restée inconnue, pour conserver les cadavres. Leopardi avait lu un livre écrit sur lui par Fontenelle en 1731, il s’intéressait à la science, surtout celle-ci qui se proposait d’étudier le corps humain, Or, à partir de 1555, les lois morales changent en Hollande et on accorde à un anatomiste municipal (ce fut Ruysch) le droit de disséquer les cadavres, même de femmes, dont un en public  ; Descartes, présent en Hollande depuis 1629 influença beaucoup l’opinion en faveur de cette décision, et on venait de faire d’autres découvertes (la circulation du sang par Harvey en 1628… ). Ruysch fait progresser la connaissance du corps, et il réalise des momies qu’il expose au public des savants et personnages royaux, plus «  vivantes  » que les momies égyptiennes. Goffredo Petrassi (1904-2003) fut un grand compositeur, formé au Conservatoire Sainte-Cécile de Rome où il enseignera ensuite jusqu’en 1939  ; il a formé des musiciens comme Aldo Clementi,  Ennio Morricone. Ses compositions des années 1930/1940 sont très influencées par la musique du baroque romain. Il a aussi écrit des musiques de films (Riz amer et Il n’y a pas de paix sous les oliviers  de Giuseppe De Santis, Chronique familière de Zurlini … ). Giovanna Salviucci Marini (1937, Rome - ) est la grande musicienne, ethnomusicologue et chercheuse (Voir notre livre sur ce site, Le pouvoir du chant, petit tour en chanson des régions d’Italie, chapitre 14, 2-3 sur cette chanteuse e compositrice). Il testo di Leopardi è scritto nell’agosto 1824 e pubblicato da Stella a Milano nel1827. L’autore riprende il tema della morte, chiedendosi se sia un piacere o una sofferenza. Immagina che nel suo laboratorio, in un «  grande anno matematico  » (in cui, secondo una visione circolare del tempo, le cose tornavano regolarmente al loro punto di partenza, con eventi «  incredibili  »), Ruysch sente parlare le sue mummie, e si decide a interrogarle. Alcune mummie, risvegliate per un quarto d’ora con gli altri mortali, rispondono che la morte è piuttosto un piacere perchè spegne la sensibilità, liberando così da ogni sofferenza. Ma ad un’ulteriore domanda, « Come sapete che siete morti ? », le mummie taciono, il quarto d’ora è compiuto, e il mistero torna ad avvolgere l’ultimo momento della vita umana. Nella prima parte del testo (vv.1-13), è l’esposizione del tema della morte  ; la seconda (vv. 14-26) segna l’opposizione tra vivi e morti  : l’ultima è la descrizione della morte dai defunti. Nella musica di Petrassi, le sezioni sono interrotte da uno Scherzo strumentale. La poesia è in endecasilabi e settenari sciolti Federico Ruysch (1638-1731) era uno scienziato olandese, medico e professore d’anatomia, che aveva scoperto un metodo, rimasto ignoto, per conservare i cadaveri. Leopardi aveva letto un libro scritto su di lui da Fontenelle nel 1731, si interessava alla scienza, soprattutto a quella che si proponeva di studiare il corpo umano. Ora, dal 1555, le leggi morali cambiano in Olanda, e si concede ad un anatomista municipale (fu allora Ruysch) di dissecare i cadaveri, anche di donne, di cui uno in pubblico  ; Cartesio,  presente in Olanda dal 1629 influenzò molto l’opinione in favore di quella decisione, e si erano appena fatte altre scoperte (la circolazione del sangue da Harvey nel 1628… ). Ruysch fa progredire la conoscenza del corpo, e realizza mummie che espone al pubblico degli scienziati e dei personaggi reali, più «  vive  » delle mummie egiziane. Goffredo Petrassi Goffredo Petrassi (1904-2003) fu un grande compositore, formato al Conservatorio Santa Cecilia di Roma, dove insegnerà poi fino al 1939  ; ha formato musicisti come Aldo Clementi, Ennio Morricone. Le sue composizioni degli anni 1930/40 sono molto influenzate dalla musica del barocco romano. Ha anche scritto musiche per il cinema (Riso amaro e Non c’è pace fra gli ulivi di Giuseppe De Santis, Cronaca familiare di Zurlini… ). Giovanna Salviucci Marini (1937, Roma - ) è la grande musicista, etnomusicologa e ricercatrice (Vedi il nostro libro su questo sito, Le pouvoir du chant, petit tout en chanson des régions d’Italie, chapitre 14, 2-3 su questa cantante e compositrice). Dialogo di Federico Ruysch e delle sue mummie Coro dei morti nello studio di Federico Ruysch (Testo  : Giacomo Leopardi, Operette morali, 1824 Musica  : 1) Goffredo Petrassi Madrigale drammatico per coro maschile, ottoni, 5 contrabbassi, 3 pianoforti e percussioni (Extrait 20 giugno 1940. Esecuzione alla Fenice di Venezia del  28 settembre 1941)         2) Giovanna Salviucci Marini Spesso il male di vivere ho incontrato  Montale e Leopardi in musica. Oratorio, (intégral) Nota, 2012). 1) Sola nel mondo eterna, a cui si volve Seule au monde à être éternelle, toi vers qui se tourne Ogni creata cosa, in te, morte, si posa toute chose créée, c’est en toi, mort, que repose Nostra ignuda natura ;        notre nature sans vie  ; Lieta no, ma sicura !        heureuse , non, mais sans crainte  ! Dall'antico dolor. Profonda notte        Depuis l’antique douleur. Une profonde nuit Nella confusa mente               dans notre esprit confus Il pensier grave oscura ;        obscurcit notre trouble pensée  ; Alla speme, al desio, l'arido spirto        envers l’espoir, le désir, notre esprit insensible Lena mancar si sente :        semble manquer d’énergie  :                                                                                                                                 Così d'affanno e di temenza è sciolto,        ainsi libéré de l’angoisse et de la crainte E l'età vote e lente               sans ennui il consume Senza tedio consuma.       son temps vide et monotone. Vivemmo : e quaI di paurosa larva, Nous avons vécu  : et comme rôde dans l’âme 2) E di sudato sogno, de l’enfant encore au sein A lattante fanciullo erra nell'alma le souvenir confus Confusa ricordanza : d’une larve effrayante et d’un rêve terrible  : TaI memoria n'avanza telle est la mémoire qui reste Del viver nostro : ma da tema è lunge de notre vie  : mais depuis longtemps Il rimembrar.                       Il en est loin le souvenir. (Partie mise en musique par Petrassi) Che fummo ?              Qu’avons-nous été  ? Che fu quel punto acerbo       quel fut ce dur moment Che di vita ebbe nome ?      qui porta le nom de vie  ? Oggi è la vita al pensier nostro, e tale       Aujourd’hui, nous pensons ainsi la vie Qual de’ vivi al pensiero              et ainsi à la pensée des vivants L’ignota morte appar.              Apparaît la mort inconnue. 3) Come da morte              Comme quand il est en vie Vivendo rifuggia, così rifugge              l’homme évite la mort, ainsi évite Dalla fiamma vitale       la flamme de la vie Nostra ignuda natura ;              notre nature après la mort ; Lieta no ma sicura,      elle n’en est pas joyeuse, mais sans souffrance Però ch’esser beato      parce que le destin refuse Nega ai mortali e nega a’ morti il fato.      Le bonheur aux morts comme aux mortels. Alla luna (Giacomo Leopardi Canti, 1819 / 1831) Enr.  : Beppe Giampà, Della fatal quiete, 2016) O graziosa Luna, io mi rammento         Oh Lune gracieuse, je me souviens che, or volge l’anno, sovra questo colle que, sur cette colline, il y a maintenant un an, io venia pien d’angoscia a rimirarti :         je venais te contempler, plein d’angoisse  : e tu pendevi allor su quella selva, Tu étais alors suspendue au-dessus de ce bois siccome or fai, che tutta la rischiari.        comme maintenant où tu l’éclaires entièrement.                                                     Ma nebuloso e tremulo dal pianto, Mais dans la brume et tremblant à cause des larmes che mi sorgea sul ciglio, alle mie luci         qui jaillissaient sous mes cils, à mes yeux il tuo volto apparia, ché travagliosa        ton visage apparaissait, car ma vie era mia vita : ed è, né cangia stile, était un tourment  : elle l’est encore et ne change pas de style, o mia diletta Luna. E pur mi giova oh ma Lune bien-aimée. Et ourtant j’aime la ricordanza, e il noverar l’etate         le souvenir, et de compter l’âge del mio dolore. Oh come grato occorre de ma douleur. Oh comme il est agréable, nel tempo giovanil, quando ancor lungo au temps de la jeunesse, quand l’espoir est encore long la speme e breve ha la memoria il corso, et bref le cours de la mémoire, il rimembrar delle passate cose,         de se souvenir des choses passées, ancor che triste, e che l’affanno duri !        bien que tristes et que l’angoisse dure  !  Le poème est de 1819, il avait alors pour titre La ricordanza (le souvenir)  ; il ne prend le titre actuel que dans l’édition Piatti de 1831 à Florence. Il est doux de rappeler le souvenir du temps passé, lors d’un anniversaire, même lorsque toute l’année a été un temps d’angoisse et de souffrance. Il reviendra sur ce thème dans Le ricordanze de 1829. Il poema è del 1819, aveva alora per titolo La ricordanza  ; prende il titolo attuale soltanto nell’edizione Piatti del 1831 a Firenze. È dolce ricordare la memoria del tempo passato, all’occasione d’un anniversario, anche quando tutto l’anno è stato un tempo d’affanno e di sofferenza. Tornerà sullo stesso tema in Le ricordanze  del 1829. A se stesso (Giacomo Leopardi Canti, entre 1833 e 1835) Or poserai per sempre,            Désormais tu reposeras pour toujours, Stanco mio cor. Perì l’inganno estremo,    oh mon cœur fatigué. Elle a péri, la dernière illusion, Ch’eterno io mi credei. Perì. Ben sento,    que j’avais cru éternelle. Elle a péri. Je le sens bien, In noi di cari inganni,    qu’en nous des dernières illusions Non che la speme, il desiderio è spento.    est éteint non seulement l’espoir, mais le désir. Posa per sempre. Assai    Repose pour toujours. Tu as Palpitasti. Non val cosa nessuna    beaucoup palpité. Ils ne valent rien I moti tuoi, né di sospiri è degna    tes mouvements, et de soupirs la terre n’est pas La terra. Amaro e noia            digne. Amertume et ennui La vita, altro mai nulla; e fango è il mondo.    est la vie, jamais rien d’autre  ; et le monde, c’est de la boue. T’acqueta omai. Dispera    Apaise-toi désormais. Désespère L’ultima volta. Al gener nostro il fato    pour la dernière fois. À notre genre le destin Non donò che il morire. Omai disprezza    n’a donné que la mort. Méprise désormais Te, la natura, il brutto    toi, la nature, le pouvoir diabolique Poter che, ascoso, a comun danno impera,  qui, insidieusement, commande pour notre dommage commun, E l’infinita vanità del tutto.    Et l’infinie vanité du tout. Ce texte fait partie du cycle d’Aspasia, écrit à l’époque de son grand amour malheureux pour la noble florentine Fanny Targioni Tozzetti, entre 1833 et 1835. Il chante ici sa déception, la chute de sa dernière illusion. La ginestra o il fiore del deserto, ce genêt qui est la seule fleur à pouvoir pousser dans le désert volcanique qu’est notre vie, concluera ce cycle, peu de temps avant la mort du poète. Questo testo fa parte del ciclo d’Aspasia, scritto all’epoca del suo grande amore infelice per la nobil donna fiorentina Fanny Targioni Tozzetti, tra il 1833 e il 1835. Canta la sua delusione, la caduta della sua ultima illusione. La ginestra o il fiore del deserto, quel fiore unico a poter crescere nel deserto vulcanico che è la nostra vita, conchiuderà quel ciclo, poco tempo prima della morte del poeta. RETOUR A LA TABLE DES MATIERES       CHAPITRE 30 - Les hymnes nationaux italiens du Risorgimento                                                                                                                        Mameli / Novaro, Mercantini / Olivieri (Garibaldi), Boito / Verdi
peu audible