Poésie en musique - chapitre 29 - suite
All’Italia
(Giacomo Leopardi,
Canti, I, settembre 1818
Lecture par l’acteur de Lucanie Dino Becagli)
O patria mia, vedo le mura e gli archi
Oh ma patrie, je vois les murs et les arcs de triomphe
E le colonne e i simulacri e l'erme
et les colonnes, et les statues et les tours
Torri degli avi nostri,
solitaires de nos ancêtres,
Ma la gloria non vedo,
mais la gloire, je ne la vois pas,
Non vedo il lauro e il ferro ond'eran carchi
je ne vois pas le laurier et le fer dont étaient ornés
I nostri padri antichi. Or fatta inerme,
nos pères de l’Antiquité. Maintenant sans armes,
Nuda la fronte e nudo il petto mostri.
Tu montres nus ton front et ta poitrine.
Oimè quante ferite,
Hélas, que de blessures,
Che lividor, che sangue ! oh qual ti veggio,
quelle pâleur, quel sang ! Oh dans quel état je te vois,
Formosissima donna ! Io chiedo al cielo
femme très belle ! Je demande au ciel
E al mondo : dite dite;
et au monde : dites, dites,
Chi la ridusse a tale ? E questo è peggio,
qui l’a réduite à cela ? Et ce qui est pire,
Che di catene ha carche ambe le braccia ;
qui a chargé de chaînes ses deux bras
Sì che sparte le chiome e senza velo
si bien que, les cheveux épars et sans voile,
Siede in terra negletta e sconsolata,
elle est assise par terre négligée et sans consolation
Nascondendo la faccia
cachant son visage
Tra le ginocchia, e piange.
dans ses genoux, et elle pleure.
Piangi, che ben hai donde, Italia mia,
Pleure, mon Italie, car tu as bien de quoi,
Le genti a vincer nata
toi qui étais née pour vaincre les peuples
E nella fausta sorte e nella ria.
Que ce soit dans un sort faste ou hostile.
Se fosser gli occhi tuoi due fonti vive,
Si tes yeux étaient deux sources vives,
Mai non potrebbe il pianto
tes pleurs ne pourraient jamais
Adeguarsi al tuo danno ed allo scorno ;
égaler ton malheur et ta honte ;
Che fosti donna, or sei povera ancella.
Car tu fus la maîtresse, tu n’es plus qu’une humble servante.
Chi di te parla o scrive,
Qui écrit ou parle de toi,
Che, rimembrando il tuo passato vanto,
qui, se souvenant de ton passé prestigieux,
Non dica: già fu grande, or non è quella ?
ne dit pas : autrefois elle fut grande, elle ne l’est plus ?
Perchè, perchè ? dov'è la forza antica,
Pourquoi, pourquoi ? où est ta force d’autrefois,
Dove l'armi e il valore e la costanza?
Où sont tes armes, ta valeur et ta fermeté ?
Chi ti discinse il brando ?
Qui t’a arraché ton épée ?
Chi ti tradì? qual arte o qual fatica
Qui t’a trahie ? Quelle ruse et quelle peine
O qual tanta possanza
ou quelle puissance hostile
Valse a spogliarti il manto e l'auree bende ?
a pu te dépouiller de ton manteau et de tes insignes dorés ?
Come cadesti o quando
Comment es-tu tombée ou quand
Da tanta altezza in così basso loco ?
d’une telle hauteur dans une telle bassesse ?
Nessun pugna per te ? non ti difende
Personne ne combat-il pour toi ? Aucun des tiens
Nessun de' tuoi? L'armi, qua l'armi : io solo
ne te défend-il ? Des armes, donnez-moi des armes,
Combatterò, procomberò sol io.
Moi seul je combattrai, je succomberai pour toi.
Dammi, o ciel, che sia foco
Oh ciel, accorde-moi que mon sang
Agl'italici petti il sangue mio.
Devienne du feu dans les poitrines italiennes.
Dove sono i tuoi figli ? Odo suon d'armi
Où sont tes enfants ? J’entends des bruits d’armes
E di carri e di voci e di timballi :
et de chars et de voix et de tambours :
In estranie contrade
c’est dans des contrées étrangères
Pugnano i tuoi figliuoli.
Que combattent tes fils.
Attendi, Italia, attendi. Io veggio, o parmi,
Attention, Italie, attention. Je vois, du moins il me semble,
Un fluttuar di fanti e di cavalli,
un flot de soldats à pied et à cheval,
E fumo e polve, e luccicar di spade
de la fumée, de la poussière, et briller des épées,
Come tra nebbia lampi.
Comme des éclairs dans la brume.
Nè ti conforti ? e i tremebondi lumi
Et cela ne te réconforte pas ? et tes yeux tremblants,
Piegar non soffri al dubitoso evento ?
ne souffres-tu pas de les porter sur cet événement douteux ?
A che pugna in quei campi
Dans quel but combat-elle dans ces champs
L'itala gioventude ? O numi, o numi :
la jeunesse italienne ? Oh dieux, oh dieux
Pugnan per altra terra itali acciari.
elles combattent pour d’autres terres les épées italiennes.
Oh misero colui che in guerra è spento,
Oh, pauvre de lui, celui qui s’est éteint dans la guerre,
Non per li patrii lidi e per la pia
non pour les rives de la patrie ou pour sa pieuse
Consorte e i figli cari,
compagne et ses enfants chéris,
Ma da nemici altrui
mais à cause des ennemis d’autres peuples,
Per altra gente, e non può dir morendo :
pour d’autres peuples, et il ne peut dire en mourant :
Alma terra natia,
Noble terre natale
La vita che mi desti ecco ti rendo.
La vie que tu m’as donnée, je te la rends.
Oh venturose e care e benedette
Oh heureux et chers et bienheureux
L'antiche età, che a morte
les âges anciens, quand à la mort
Per la patria correan le genti a squadre ;
pour leur patrie couraient les gens en armes ;
E voi sempre onorate e gloriose,
et vous toujours honorées et glorieuses
O tessaliche strette,
oh troupes tessaliques,
Dove la Persia e il fato assai men forte
où la Perse et le destin furent beaucoup moins forts
Fu di poch'alme franche e generose !
que quelques âmes franches et généreuses !
Io credo che le piante e i sassi e l'onda
Je crois que les plantes et les cailloux et l’eau
E le montagne vostre al passeggere
et vos montagnes racontent au promeneur
Con indistinta voce
d’une voix indistincte
Narrin siccome tutta quella sponda
comment toute cette zone
Coprìr le invitte schiere
fut couverte par les troupes invaincues
De' corpi ch'alla Grecia eran devoti.
Des corps qui étaient dévoués à la Grèce.
Allor, vile e feroce,
Alors, lâche et féroce,
Serse per l'Ellesponto si fuggia,
Xerxès fuyait à travers l’Hellespont,
Fatto ludibrio agli ultimi nepoti ;
objet de mépris pour ses derniers descendants ;
E sul colle d'Antela, ove morendo
et sur la colline d’Antela, où en mourant
Si sottrasse da morte il santo stuolo,
il se soustraie par la mort à la foule sacrée
Simonide salia,
Simonide montait,
Guardando l'etra e la marina e il suolo.
En regardant le ciel, la côte et le sol.
E di lacrime sparso ambe le guance,
Et ayant répandu de larmes ses deux joues
E il petto ansante, e vacillante il piede,
la poitrine haletante, et le pied vacillant
Toglieasi in man la lira :
il prenait sa lyre dans la main :
Beatissimi voi,
Bienheureux, vous
Ch'offriste il petto alle nemiche lance
qui avez offert vos poitrines aux lances ennemies
Per amor di costei ch'al Sol vi diede ;
par amour pour celle qui vous donna le soleil ;
Voi che la Grecia cole, e il mondo ammira.
Vous que la Grèce vénère et que le monde admire.
Nell'armi e ne' perigli
Dans les armes et dans les dangers
Qual tanto amor le giovanette menti,
quel grand amour a-t-il entraîné vos jeunes esprits
Qual nell'acerbo fato amor vi trasse ?
quel amour vous a entraînés dans ce dur destin ?
Come sì lieta, o figli,
Comment, oh mes enfants, l’heure extrême
L'ora estrema vi parve, onde ridenti
vous parut-elle si joyeuse pour que vous couriez
Correste al passo lacrimoso e duro ?
en riant vers ce dur et douloureux passage ?
Parea ch'a danza e non a morte andasse
On aurait dit que chacun de vous allait à la danse
Ciascun de' vostri, o a splendido convito :
ou à un splendide banquet, non à la mort :
Ma v'attendea lo scuro
mais ce qui l’attendait, c’est l’obscur Tartare
Tartaro, e l'onda morta ;
et les eaux mortes ;
Nè le spose vi foro o i figli accanto
et ni vos épouses ni vos fils ne furent à côté de vous
Quando su l'aspro lito
quand sur l’âpre rivage
Senza baci moriste e senza pianto.
Vous mourûtes sans baisers et sans pleurs.
Ma non senza de' Persi orrida pena
Mais pas sans une horrible peine des Perses
Ed immortale angoscia.
Et une angoisse immortelle.
Come lion di tori entro una mandra
Comme un lion dans un troupeau de taureaux
Or salta a quello in tergo e sì gli scava
tantôt saute sur le dos de celui-ci et lui déchire
Con le zanne la schiena,
l’échine de ses griffes,
Or questo fianco addenta or quella coscia ;
tantôt il mord celui-là sur le flanc ou sur la cuisse ;
Tal fra le Perse torme infuriava
ainsi sévissait dans les troupes perses
L'ira de' greci petti e la virtute.
La colère et la vertu des poitrines grecques.
Ve' cavalli supini e cavalieri ;
Vois les chevaux et les cavaliers renversés ;
Vedi intralciare ai vinti
Vois entraver la fuite des vaincus
La fuga i carri e le tende cadute,
les chars et les tentes tombés,
E correr fra' primieri
et courir parmi les premiers
Pallido e scapigliato esso tiranno ;
le tyran pâle et échevelé ;
Ve' come infusi e tinti
vois comme ils sont aspergés et teints
Del barbarico sangue i greci eroi,
de sang barbare les héros grecs,
Cagione ai Persi d'infinito affanno,
causant d’horribles craintes aux Perses,
A poco a poco vinti dalle piaghe,
peu à peu vaincus par leurs plaies,
L'un sopra l'altro cade. Oh viva, oh viva :
tombant l’un sur l’autre. Oh, bravo, bravo :
Beatissimi voi
bienheureux vous êtes
Mentre nel mondo si favelli o scriva.
tant que dans le monde on raconte et on écrit.
Prima divelte, in mar precipitando,
D’abord arrachées, se précipitant dans la mer,
Spente nell'imo strideran le stelle,
profondément éteintes, les étoiles crieront,
Che la memoria e il vostro
que la mémoire et votre amour
Amor trascorra o scemi.
Se développent ou s’éteignent.
La vostra tomba è un'ara ; e qua mostrando
Votre tombe est un autel ; et là viendront les mères
Verran le madri ai parvoli le belle
montrer à leurs enfants les belles traces
Orme del vostro sangue. Ecco io mi prostro,
de votre sang. Voilà, je me prosterne
O benedetti, al suolo,
oh bienheureux, vers le sol,
E bacio questi sassi e queste zolle,
et j’embrasse ces pierres et ces mottes,
Che fien lodate e chiare eternamente
qu’elles soient éternellement louées et claires
Dall'uno all'altro polo.
De l’un à l’autre pôle.
Deh foss'io pur con voi qui sotto, e molle
Ah, puissé-je être ci-dessous avec vous, et que
Fosse del sangue mio quest'alma terra.
Soit trempée de mon sang cette terre nourricière.
Che se il fato è diverso, e non consente
Que, si mon destin est différent, et ne permet pas
Ch'io per la Grecia i moribondi lumi
que moi je ferme pour la Grèce mes yeux moribonds,
Chiuda prostrato in guerra,
prostré par la guerre,
Così la vereconda
que la pudique
Fama del vostro vate appo i futuri
renommée de votre poète auprès des hommes futurs
Possa, volendo i numi,
puisse, si les dieux le veulent,
Tanto durar quanto la vostra duri.
Durer autant que dure la vôtre.
Coro dei morti
Adriaen Backer, Leçon d’anatomie de Frederik Ruysch, 1670
Le texte de Leopardi est écrit en août 1824 et publié par Stella à Milan en 1827. L’auteur reprend le thème de la mort en se
demandant si elle est un plaisir ou une souffrance. Il imagine que dans son laboratoire, dans une « grande année
mathématique » (où selon une conception circulaire du temps, les choses revenaient régulièrement à leur point de départ,
avec des événements « incroyables »), Ruysch entend parler ses momies, et se décide à les interroger. Quelques
momies, réveillées pour un quart d’heure avec les autres mortels, répondent que la mort est plutôt un plaisir parce qu’elle
éteint la sensibilité, libérant ainsi de toute souffrance. Mais à une question ultérieure, « Comment savez-vous que vous êtes
morts ? », les momies se taisent, le quart d’heure est terminé, et le mystère revient envelopper la dernière heure de la vie
humaine. Dans la première partie du texte (vv. 1-13), c’est l’exposition du thème de la mort ; la deuxième (vv. 14-26)
marque l’opposition entre les vivants et les morts ; la dernière expose la description de la mort par les défunts. Chez
Petrassi, les sections sont interrompues par un Scherzo instrumental.
Le poésie est en vers libres, hendécasyllabes et septenaires.
Frederik Ruysch (1638-1731) était un savant hollandais, médecin et professeur d’anatomie, qui avait découvert une méthode, restée inconnue, pour conserver
les cadavres. Leopardi avait lu un livre écrit sur lui par Fontenelle en 1731, il s’intéressait à la science, surtout celle-ci qui
se proposait d’étudier le corps humain, Or, à partir de 1555, les lois morales changent en Hollande et on accorde à un
anatomiste municipal (ce fut Ruysch) le droit de disséquer les cadavres, même de femmes, dont un en public ; Descartes,
présent en Hollande depuis 1629 influença beaucoup l’opinion en faveur de cette décision, et on venait de faire d’autres
découvertes (la circulation du sang par Harvey en 1628… ). Ruysch fait progresser la connaissance du corps, et il réalise
des momies qu’il expose au public des savants et personnages royaux, plus « vivantes » que les
momies égyptiennes.
Goffredo Petrassi (1904-2003) fut un grand compositeur, formé au Conservatoire Sainte-Cécile de
Rome où il enseignera ensuite jusqu’en 1939 ; il a formé des musiciens comme Aldo Clementi,
Ennio Morricone. Ses compositions des années 1930/1940 sont très influencées par la musique du
baroque romain. Il a aussi écrit des musiques de films (Riz amer et Il n’y a pas de paix sous les oliviers
de Giuseppe De Santis, Chronique familière de Zurlini … ).
Giovanna Salviucci Marini (1937, Rome - ) est la grande musicienne, ethnomusicologue et
chercheuse (Voir notre livre sur ce site, Le pouvoir du chant, petit tour en chanson des régions d’Italie, chapitre 14, 2-3 sur cette chanteuse e
compositrice).
Il testo di Leopardi è scritto nell’agosto 1824 e pubblicato da Stella a Milano nel1827. L’autore riprende il tema della morte, chiedendosi se sia un piacere o una
sofferenza. Immagina che nel suo laboratorio, in un « grande anno matematico » (in cui, secondo una visione circolare del tempo,
le cose tornavano regolarmente al loro punto di partenza, con eventi « incredibili »), Ruysch sente parlare le sue mummie, e si
decide a interrogarle. Alcune mummie, risvegliate per un quarto d’ora con gli altri mortali, rispondono che la morte è piuttosto un
piacere perchè spegne la sensibilità, liberando così da ogni sofferenza. Ma ad un’ulteriore domanda, « Come sapete che siete
morti ? », le mummie taciono, il quarto d’ora è compiuto, e il mistero torna ad avvolgere l’ultimo momento della vita umana. Nella
prima parte del testo (vv.1-13), è l’esposizione del tema della morte ; la seconda (vv. 14-26) segna l’opposizione tra vivi e morti :
l’ultima è la descrizione della morte dai defunti. Nella musica di Petrassi, le sezioni sono interrotte da uno Scherzo strumentale.
La poesia è in endecasilabi e settenari sciolti
Federico Ruysch (1638-1731) era uno scienziato olandese, medico e professore d’anatomia, che aveva scoperto un metodo,
rimasto ignoto, per conservare i cadaveri. Leopardi aveva letto un libro scritto su di lui da Fontenelle nel 1731, si interessava alla
scienza, soprattutto a quella che si proponeva di studiare il corpo umano. Ora, dal 1555, le leggi morali cambiano in Olanda, e si
concede ad un anatomista municipale (fu allora Ruysch) di dissecare i cadaveri, anche di donne, di cui uno in pubblico ; Cartesio,
presente in Olanda dal 1629 influenzò molto l’opinione in favore di quella decisione, e si erano appena fatte altre scoperte (la
circolazione del sangue da Harvey nel 1628… ). Ruysch fa progredire la conoscenza del corpo, e realizza mummie che espone al
pubblico degli scienziati e dei personaggi reali, più « vive » delle mummie egiziane.
Goffredo Petrassi
Goffredo Petrassi (1904-2003) fu un grande compositore, formato al Conservatorio Santa Cecilia di Roma, dove insegnerà poi fino
al 1939 ; ha formato musicisti come Aldo Clementi, Ennio Morricone. Le sue composizioni degli anni 1930/40 sono molto influenzate dalla musica del barocco
romano. Ha anche scritto musiche per il cinema (Riso amaro e Non c’è pace fra gli ulivi di Giuseppe De Santis, Cronaca familiare di Zurlini… ).
Giovanna Salviucci Marini (1937, Roma - ) è la grande musicista, etnomusicologa e ricercatrice (Vedi il nostro libro su questo sito, Le pouvoir du chant, petit tout
en chanson des régions d’Italie, chapitre 14, 2-3 su questa cantante e compositrice).
Dialogo di Federico Ruysch e delle sue mummie
Coro dei morti nello studio di Federico Ruysch
(Testo : Giacomo Leopardi, Operette morali, 1824
Musica : 1) Goffredo Petrassi
Madrigale drammatico per coro maschile, ottoni, 5 contrabbassi, 3 pianoforti e percussioni (Extrait 20 giugno 1940. Esecuzione alla Fenice di Venezia del 28
settembre 1941)
2) Giovanna Salviucci Marini
Spesso il male di vivere ho incontrato Montale e Leopardi in musica. Oratorio, (intégral) Nota, 2012).
1) Sola nel mondo eterna, a cui si volve
Seule au monde à être éternelle, toi vers qui se tourne
Ogni creata cosa, in te, morte, si posa
toute chose créée, c’est en toi, mort, que repose
Nostra ignuda natura ;
notre nature sans vie ;
Lieta no, ma sicura !
heureuse , non, mais sans crainte !
Dall'antico dolor. Profonda notte
Depuis l’antique douleur. Une profonde nuit
Nella confusa mente
dans notre esprit confus
Il pensier grave oscura ;
obscurcit notre trouble pensée ;
Alla speme, al desio, l'arido spirto
envers l’espoir, le désir, notre esprit insensible
Lena mancar si sente :
semble manquer d’énergie :
Così d'affanno e di temenza è sciolto,
ainsi libéré de l’angoisse et de la crainte
E l'età vote e lente
sans ennui il consume
Senza tedio consuma.
son temps vide et monotone.
Vivemmo : e quaI di paurosa larva,
Nous avons vécu : et comme rôde dans l’âme
2) E di sudato sogno,
de l’enfant encore au sein
A lattante fanciullo erra nell'alma
le souvenir confus
Confusa ricordanza :
d’une larve effrayante et d’un rêve terrible :
TaI memoria n'avanza
telle est la mémoire qui reste
Del viver nostro : ma da tema è lunge
de notre vie : mais depuis longtemps
Il rimembrar.
Il en est loin le souvenir.
(Partie mise en musique par Petrassi)
Che fummo ?
Qu’avons-nous été ?
Che fu quel punto acerbo
quel fut ce dur moment
Che di vita ebbe nome ?
qui porta le nom de vie ?
Oggi è la vita al pensier nostro, e tale
Aujourd’hui, nous pensons ainsi la vie
Qual de’ vivi al pensiero
et ainsi à la pensée des vivants
L’ignota morte appar.
Apparaît la mort inconnue.
3) Come da morte
Comme quand il est en vie
Vivendo rifuggia, così rifugge
l’homme évite la mort, ainsi évite
Dalla fiamma vitale
la flamme de la vie
Nostra ignuda natura ;
notre nature après la mort ;
Lieta no ma sicura,
elle n’en est pas joyeuse, mais sans souffrance
Però ch’esser beato
parce que le destin refuse
Nega ai mortali e nega a’ morti il fato.
Le bonheur aux morts comme aux mortels.
Alla luna
(Giacomo Leopardi Canti, 1819 / 1831)
Enr. : Beppe Giampà, Della fatal quiete, 2016)
O graziosa Luna, io mi rammento
Oh Lune gracieuse, je me souviens
che, or volge l’anno, sovra questo colle
que, sur cette colline, il y a maintenant un an,
io venia pien d’angoscia a rimirarti :
je venais te contempler, plein d’angoisse :
e tu pendevi allor su quella selva,
Tu étais alors suspendue au-dessus de ce bois
siccome or fai, che tutta la rischiari.
comme maintenant où tu l’éclaires entièrement.
Ma nebuloso e tremulo dal pianto,
Mais dans la brume et tremblant à cause des larmes
che mi sorgea sul ciglio, alle mie luci
qui jaillissaient sous mes cils, à mes yeux
il tuo volto apparia, ché travagliosa
ton visage apparaissait, car ma vie
era mia vita : ed è, né cangia stile,
était un tourment : elle l’est encore et ne change pas de style,
o mia diletta Luna. E pur mi giova
oh ma Lune bien-aimée. Et ourtant j’aime
la ricordanza, e il noverar l’etate
le souvenir, et de compter l’âge
del mio dolore. Oh come grato occorre
de ma douleur. Oh comme il est agréable,
nel tempo giovanil, quando ancor lungo
au temps de la jeunesse, quand l’espoir est encore long
la speme e breve ha la memoria il corso,
et bref le cours de la mémoire,
il rimembrar delle passate cose,
de se souvenir des choses passées,
ancor che triste, e che l’affanno duri !
bien que tristes et que l’angoisse dure !
Le poème est de 1819, il avait alors pour titre La ricordanza (le souvenir) ; il ne prend le titre actuel que dans l’édition Piatti de 1831 à Florence. Il est doux de
rappeler le souvenir du temps passé, lors d’un anniversaire, même lorsque toute l’année a été un temps d’angoisse et de souffrance. Il reviendra sur ce thème
dans Le ricordanze de 1829.
Il poema è del 1819, aveva alora per titolo La ricordanza ; prende il titolo attuale soltanto nell’edizione Piatti del 1831 a Firenze. È dolce ricordare la memoria del
tempo passato, all’occasione d’un anniversario, anche quando tutto l’anno è stato un tempo d’affanno e di sofferenza. Tornerà sullo stesso tema in Le ricordanze
del 1829.
A se stesso
(Giacomo Leopardi
Canti, entre 1833 e 1835)
Or poserai per sempre,
Désormais tu reposeras pour toujours,
Stanco mio cor. Perì l’inganno estremo,
oh mon cœur fatigué. Elle a péri, la dernière illusion,
Ch’eterno io mi credei. Perì. Ben sento,
que j’avais cru éternelle. Elle a péri. Je le sens bien,
In noi di cari inganni,
qu’en nous des dernières illusions
Non che la speme, il desiderio è spento.
est éteint non seulement l’espoir, mais le désir.
Posa per sempre. Assai
Repose pour toujours. Tu as
Palpitasti. Non val cosa nessuna
beaucoup palpité. Ils ne valent rien
I moti tuoi, né di sospiri è degna
tes mouvements, et de soupirs la terre n’est pas
La terra. Amaro e noia
digne. Amertume et ennui
La vita, altro mai nulla; e fango è il mondo.
est la vie, jamais rien d’autre ; et le monde, c’est de la boue.
T’acqueta omai. Dispera
Apaise-toi désormais. Désespère
L’ultima volta. Al gener nostro il fato
pour la dernière fois. À notre genre le destin
Non donò che il morire. Omai disprezza
n’a donné que la mort. Méprise désormais
Te, la natura, il brutto
toi, la nature, le pouvoir diabolique
Poter che, ascoso, a comun danno impera, qui, insidieusement, commande pour notre dommage commun,
E l’infinita vanità del tutto.
Et l’infinie vanité du tout.
Ce texte fait partie du cycle d’Aspasia, écrit à l’époque de son grand amour malheureux pour la noble florentine Fanny Targioni Tozzetti, entre 1833 et 1835. Il
chante ici sa déception, la chute de sa dernière illusion. La ginestra o il fiore del deserto, ce genêt qui est la seule fleur à pouvoir pousser dans le désert volcanique
qu’est notre vie, concluera ce cycle, peu de temps avant la mort du poète.
Questo testo fa parte del ciclo d’Aspasia, scritto all’epoca del suo grande amore infelice per la nobil donna fiorentina Fanny Targioni Tozzetti, tra il 1833 e il 1835.
Canta la sua delusione, la caduta della sua ultima illusione. La ginestra o il fiore del deserto, quel fiore unico a poter crescere nel deserto vulcanico che è la nostra
vita, conchiuderà quel ciclo, poco tempo prima della morte del poeta.
RETOUR A LA TABLE DES MATIERES CHAPITRE 30 - Les hymnes nationaux italiens du Risorgimento
Mameli / Novaro, Mercantini / Olivieri (Garibaldi), Boito / Verdi
peu audible