Poésie en musique - chapitre 24
Chapitre 24
La poésie populaire (« popolaresca ») napolitaine
Nous avons vu que jusqu’à présent la poésie et la musique liées au mélodrame n‘étaient connues que des cours princières et religieuses
(cardinaux et pape). C’était la musique des classes dominantes, aristocratie et grande bourgeoisie, qui ignorait et méprisait souvent la « sous-
culture » des classes dominées, paysans, ouvriers et artisans. Les choses vont changer peu à peu, par exemple pour la poésie et la musique
pastorale. En particulier dans des villes comme Naples , Venise et quelques autres où les rapports de classes existent mais sont différents sur le
plan culturel. Pourquoi ?
Mandoline napolitaine, 1784
Les rois de Naples, Frédéric II et les Anjou interdirent les chansons de rue (suite aux plaintes des citoyens qui ne pouvaient plus
dormir !), comme les « sérénades, la « posteggia », art des chanteurs ambulants (les « posteggiatori ») qui existaient déjà dans
l’Antiquité, mais les rois d’Aragon suivis par les Vice-Rois espagnols (par goût et pour des raisons de prestige social et de pouvoir)
voulurent toujours développer la musique et la chanson. L’école musicale napolitaine a une glorieuse tradition d’environ cinq siècles
d’histoire. En effet, ce fut Naples qui créa les « conservatoires », et ce fut à partir de la première moitié du XVIe siècle que
naquirent à Naples quatre conservatoires de musique, dans lesquels se développa
un art musical apprécié dans toute l’Europe (villanelles, tarentelles…), et entré à bon
droit dans l’Histoire, entre autres parce qu’il forma tant les musiciens de cour que ceux
qui jouaient dans les fêtes populaires, pour les mariages, les baptêmes, les
enterrements, etc. Ainsi, la chanson populaire connut une grande qualité musicale, toujours en contact avec la
musique savante, si bien que l’on parle à Naples, non pas de musique « populaire » (popolare), mais « popolaresca
» (difficile à traduire : « de goût populaire …). Beaucoup de poètes écrivirent aussi des chansons devenues
populaires, jusqu’à nos jours (voir chapitres suivants).
Au début, ces institutions naquirent dans la pieuse intention de recueillir des enfants orphelins laissés à la rue, de
les héberger dans des collèges entretenus par la charité publique, et de leur donner une éducation qui leur permette
de devenir artisans. Cependant, ces élèves, appelé « figlioli », étaient aussi instruits au chant, en liaison avec les
fonctions religieuses de la chapelle près de laquelle le conservatoire se constituait ; puis, petit à petit, l’activité
musicale devint la principale et se développa de façon professionnelle pour des raisons historiques : la
multiplication des églises et des chapelles, la construction de nombreux palais nobiliaires dans lesquels, sur
l’exemple de la Cour royale, on accueillait les musiques vocales, chorales et instrumentales.
De plus, au XVIIIe siècle s’édifièrent les premiers théâtres publics (le San Carlo, le Théâtre de Florence…) où se multiplia la création
d’œuvres lyriques, sérieuses ou comiques, des opéras bouffes dans lesquels on insérait des chansons populaires au moment des
intermèdes., des comédies musicales où intervenaient des compositeurs et des musiciens formés dans les conservatoires, et qui attiraient
l’attention de grands musiciens comme Mozart ou Haydn. Ainsi, il n’y eut pas à Naples de rupture radicale entre musique populaire et
musique savante de cour.
* Le plus ancien conservatoire fut celui de Santa Maria di Loreto (1537) apparu dans la zone du Marché grâce à l’œuvre d’un
cordonnier appelé François (ou d’un noble espagnol installé à Naples, Giovanni di Tapia ?) poussé, comme on l’a dit, par des intentions
charitables, et aidé économiquement par des nobles et par les Vice-Rois eux-mêmes. L’Institut religieux développa progressivement sa
dimension d’école musicale, accueillant aussi, outre les pauvres, des élèves payants, et se transformant, comme les autres
conservatoires, en pensionnat public. Pour cette raison, à la fin du XVIIe siècle,, suite aux exigences d’une qualification professionnelle
toujours plus grande, enseignèrent au Santa Maria di Loreto Francesco Provenzale (1632-1704), Gaetano Veneziano (1665-1716),
Alessandro Scarlatti (1680-1725), Francesco Durante (1684-1756 - image ci-contre) et Nicola Porpora (1686-1768) qui fut
compositeur et maître de chant, à l’école de qui furent formés les castrats les plus célèbres (créés parce que les femmes n’avaient pas le
droit de chanter dans les églises), tels que Farinelli (1705-1782), Caffarelli (1710-1783), Porporino (Voir le roman de Dominique Fernandez, Porporino ou les
mystères de Naples, 1974). Parmi les élèves de cet Institut dominent les noms de Domenico Cimarosa (1749-1801) et Niccolò Zingarelli (1752-1837).
* Le Conservatoire de Sant’Onofrio a Capuana fut fondé en 1578, près de la Vicaria, et devient école de musique en 1653. Y ont
enseigné Nicola Fago (1677-1745), Francesco Durante (1684-1756), Nicola Porpora (1686-1768), Francesco Feo (1691-1761). S’y sont
formés Niccolò Jommelli (1714-1774), Giovanni Paisiello (1740-1816), Niccolò Piccinni (1728-1800) qui eurent une renommée
internationale, surtout en Russie, en Allemagne et en France. Il fusionne en 1797 avec le Conservatoire de Santa Maria di Loreto.
Élisabeth Vigée Le Brun -Paisiello au clavecin, 1791.
* Le Conservatoire de la Pietà dei Turchini, fondé en 1583 appelé ainsi par le fait que ses élèves étaient nommés les « turchini » à
cause de leur habit et de leur chapeau bleus ; sa renommée est liée aux noms glorieux de Leonardo Leo
(1694-1744), Francesco Feo (1691-1761), Nicola Fago (1677-1745), Giuseppe Gaspare Spontini (1774-
1851) et Saverio Mercadante (1795-1870). C’était le plus humain de tous les conservatoires, pour son confort
et la qualité de sa nourriture.
Scala minore napoletana
* Enfin, 1589 est l’année indiquée par les historiens, où fut fondé le Conservatoire dei Poveri di Gesù Cristo, par un
moine franciscain Marcello Fossataro (1565-1628), profondément motivé par la misère et l’abandon des enfants perdus et vagabonds dans les rues de Naples.
Il est fermé en 1743. L’école eut son siège près de l’église de Santa Maria a Colonna, sur la petite place des Gerolamini ; elle eut pour enseignants Gaetano
Greco (1657-1728), Francesco Durante (ancien élève), Nicola Porpora (id.), Francesco Feo et Girolamo Abos (1745-1760), Leonardo Vinci (1693-1730,
ancien élève), successeur d’Alessandro Scarlatti comme Maître de la chapelle royale de Naples. Parmi les élèves, on trouve aussi
les noms de Giambattista Pergolesi (1710-1736) et de Farinelli.
Scala maggiore napoletana
Peu à peu, les quatre Conservatoires fusionnèrent en 1807 dans l’actuel Conservatoire de San Pietro a Maiella, dans un ancien
couvent des Pères Célestins, où enseignèrent Francesco Cilea (1866-1950) et Umberto Giordano (1867-1948). Il possède la plus
importante bibliothèque de documents musicaux du monde. De 1995 à 1998, fut directeur Roberto De Simone (1933- ). Y ont fait leurs études musicales des
artistes comme Aldo Ciccolini (pianiste - 1925-2015), Salvatore Accardo (violoniste, 1941- ), Giuseppe Patanè (chef d’orchestre - 1932-1989) et Riccardo
Muti (chef d’orchestre - 1941- ).
À côté des compositeurs et chanteurs d’opéra il y avait les « posteggiatori », qui chantaient dans les rues, dans les fêtes
populaires, dans les campagnes, dans les tavernes (on en comptait 112 à Naples), en langue napolitaine, des madrigaux, des
« villanelles », des « tammurriate » ou des « tarentelles », passant de la cour aux bourgs et des bourgs à la cour dans un
double mouvement ascendant et descendant. La langue était souvent commune à la musique populaire et à la musique
savante, depuis que le napolitain avait été déclaré langue nationale par Alphonse d’Aragon.
Ils nous sont souvent connus à travers les œuvres littéraires, déjà depuis Boccace (Decaméron, 1349-1353) et plus tard
Giambattista Basile (1575-1632 - Lo cunto dei cunti), Giulio Cesare Cortese (1575-1622 - La Vaiasseide, 1612) ou Luigi
Dentice (1510-1566 - Due dialoghi della mia musica), l’évêque Pompeo Sarnelli (1649-1724 - La Posillecheata, 1684). Ils
chantaient en s’accompagnant d’un colascione (ou calascione, luth populaire à trois cordes et à manche long), d’une tiorba a taccone
(théorbe, instrument à cordes joué avec une plume, le taccone, selon Sgruttendio), d’une cetola (cetra, cithare) ou d’autres instruments,
jusqu’à aujourd’hui souvent la guitare et le mandoline.
Parmi les premiers cités, on trouve une chanteuse des premières années du XVIe siècle, surnommée la Sirène de Naples, Giovanella
Sancia, un harpiste et compositeur Giovanni Leonardo Primavera (1512-1587 - ou Gian Leonardo Mollica ? 1525-1602), que le peuple
appelait Gian Leonardo dell’Arpa, musicien et madrigaliste préparé qui était aussi reçu dans le palais de Don Carlo Gesualdo et ami du
Tasse. Gian Leonardo chantait souvent en duo avec Cumpà Junno (Compère blond), musicien aveugle qui chantait Place du Château.
On parle aussi de Giovanni della Bagnara, Muchio, Sbruffapappa (Vurrìa ca fosse ciaola), Tommaso di Maio (1498-1563),
Velardiniello (XVIe siècle), un des plus grands qui introduisit deux danses, la ciaccona et le torniello, Jacoviello, Pezillo (qui chantait des
madrigaux comme Oi Ricciulina), Cola, Zio Giovanni della Carriola… Ils constituaient de nombreuses corporations de protection sociale
comme celle des Masti Abballaturi (1569).
Un posteggiatore, compositeur et poète était Felippo Sgruttendio de Scafato (première moitié du XVIIe siècle) qui était peut-être en
réalité Giulio Cesare Cortese (1570-1627 ? / 1640 ? - Le ffigliole che n’hanno amore), on discute toujours sur son identité. On n’en
connaît que le chansonnier intitulé De la tiorba a taccone, publié en 1645 et réimprimé jusqu’au XXe siècle.
Abbiamo visto che finora la poesia e la musica legate all’opera lirica erano a conoscenza delle sole corti principesche e religiose (papa,
cardinali…). Era la musica delle classi dominanti, aristocrazia e alta borghesia, che ignorava e spesso disprezzava la « sotto-cultura » delle classi
dominate, contadini, operai e artigiani. Le cose cambiano a poco a poco, per esempio per la poesia e la musica
pastorale. E particolarmente in città come Napoli e Venezia e alcune altre dove i rapporti di classe esistono ma sono
differenti nel campo culturale. Perché ?
I re di Napoli, Federico II e gli Angiò proibirono le canzoni in strada, (in seguito alle dolenze dei cittadini che non potevano più
dormire !) come le serenate, la « posteggia », l’arte dei cantanti girovaghi (il posteggiatore) esistente dall’antichità…), ma gli
Aragonesi seguiti dai Vice-Re spagnoli (per gusto e per ragioni di prestigio sociale e di potere) vollero sempre sviluppare la
musica e la canzone. La scuola musicale napoletana vanta una gloriosa tradizione di circa cinque secoli di storia. Infatti, fu Napoli
ad inventare i « Conservatori », e fu a partire dalla prima metà del Cinquecento che sorsero a
Napoli quattro Conservatori di musica, nei quali si sviluppò un'arte musicale apprezzata in
tutta l'Europa (villanelle, tarantelle… ), ed entrata a buon diritto nella Storia, anche perché
formò sia i musicisti di corte che quelli che suonavano nelle feste popolari, per i matrimoni, i
battesimi, i funerali, ecc. Così la canzone popolare conobbe un’alta qualità musicale, sempre
in contatto con la musica dotta, e si parla a Napoli non di musica « popolare » ma «
popolaresca ». Molti poeti dotti scrissero canzoni diventate popolari, fino ai nostri giorni (vedi
lezioni seguenti).
Pescatore napoletano all’inizio del Novecento
All'inizio, tali istituzioni nacquero con il pio intento di raccogliere dalla strada ragazzi orfani,
abbandonati, di ospitarli in collegi retti dalla pubblica carità, e di dar loro un'educazione finalizzata a una occupazione come
artigiani. Tuttavia tali allievi, detti « figlioli », venivano anche istruiti nel canto, collegato alle funzioni religiose della cappella cui
s'intitolava il Conservatorio ; poi, man mano, l'attività musicale divenne quella principale, e si sviluppò in modo professionale per
motivi storici : moltiplicarsi di chiese e cappelle, costruzione di numerosi palazzi nobiliari in cui, sull'esempio della Corte, si
accoglievano manifestazioni vocali, corali e strumentali. In più nel Settecento sorsero i primi Teatri pubblici (il San Carlo, il
Teatro dei Fiorentini …) in cui si sviluppò la creazione di opere liriche, serie o comiche, opere buffe (nelle quali si insericano canzoni popolari negli intermezzi),
commedie musicali, nelle quali operavano compositori e musicisti formati nei Conservatori e che attirarono l’attenzione di grandi musicisti come Mozart, Haynd o
Haendel. Così non ci fu a Napoli rottura radicale tra musica popolare e musica di corte.
* Il più antico dei Conservatori fu quello di Santa Maria di Loreto (1537) sorto nella zona del Mercato ad opera di un calzolaio chiamato
Francesco (o da uno spagnolo napoletanizzato, Giovanni di Tapia ?), spinto, come si è detto da intenti caritatevoli, e assistito
economicamente da nobili e dagli stessi Viceré. Il pio istituto sviluppò progressivamente il suo aspetto di scuola musicale, accogliendo, oltre i
poveri, anche allievi a pagamento, e trasformandosi, come gli altri Conservatori, in pubblico convitto. Per tale motivo, alla fine del Seicento, in
seguito alla esigenza di sempre maggiore qualificazione, al Santa Maria di Loreto insegnarono Francesco Provenzale (1632-1704),
Gaetano Veneziano (1665-1716)), Alessandro Scarlatti (1680-1725), Francesco Durante (1684-1756 -Immagine a sinistra) e Nicola
Porpora (1686-1768) che fu compositore e maestro di canto, alla cui scuola fecero capo i più celebri castrati (creati perché le donne non
avevano il diritto di cantare nelle chiese), quali il Farinelli (1705-1782), il Caffarelli (1710-1783), il Porporino (Voir le roman de Dominique
Fernandez, Porporino ou les Mystères de Naples, 1974) e altri. Tra gli allievi del detto Istituto spicca il nome di Domenico Cimarosa (1749-
1801) e Niccolò Zingarelli (1752-1837).
* Il Conservatorio di Sant'Onofrio a Capuana fu fondato nel 1578, presso la Vicaria. vi insegnarono Nicola Fago (1677-1745), Francesco Durante
(1684-1756), Nicola Porpora (1686-1768), Francesco Feo (1691-1761 - Immagine a destra).Vi si formarono Niccolò Jommelli (1714-1774), Giovanni
Paisiello (1740-1816), Niccolò Piccinni (1728-1800) che ebbero fama internazionale soprattutto in Germania, in Russia e in Francia.
* Intorno al 1583 si costituì il Conservatorio della Pietà dei Turchini, presso via Medina (il nome è dovuto al colore dell’abito e dele berretto degli alunni, i
« turchini »), la cui rinomanza è collegata ai nomi gloriosi di Leonardo Leo (1694-1744), Francesco Feo (1691-1761), Nicola Fago (1677-1745), Giuseppe
Gaspare Spontini (1774-1851) e Saverio Mercadante (1795-1870).
* Infine, il 1589 è l'anno, indicato dagli storici, nel quale venne fondato il Conservatorio dei Poveri di Gesù Cristo, ad opera di Marcello Fossataro
(1565-1628), monaco francescano, profondamente motivato dalla miseria e dall'abbandono in cui versavano i ragazzi spersi e vagabondi per le strade di Napoli).
La scuola ebbe sede presso la Chiesa di Santa Maria a Colonna, nella piazzetta dei Girolamini, ed ebbe per insegnanti Gaetano Greco (1657-
1728), Francesco Durante, Nicola Porpora, Francesco Feo e Girolamo Abos (1715-1760), Leonardo Vinci (1693-1730), successore
d’Alessandro Scarlatti come Maestro della Cappella Reale di Napoli. Tra gli allievi brilla il nome di Giambattista Pergolesi (1710-1736).
A poco a poco, i 4 Conservatori fusionarono per formare l’attuale Conservatorio di San Pietro a Maiella, in un antico convento dei Padri
Celestini, dove insegnarono Francesco Cilea (1866-1950) e Umberto Giordano (1867-1948). Possiede la più importante biblioteca di documenti
musicali del mondo. Fino a poco fa, fu direttore Roberto De Simone (1933- ). Vi hanno fatto gli studi musicali artisti come Aldo Ciccolini
(pianista - 1925-2015), Salvatore Accardo (violinista - 1941- ), Giuseppe Patanè (direttore d’orchestra - 1932-1989) e Riccardo Muti (direttore
d’orchestra - 1941- ).
Vicino ai compositori e cantanti d’opera c’erano i « posteggiatori », che cantavano nelle strade, nelle feste popolari, nelle campagne, nelle
taverne (se ne contavano 112 a Napoli), in lingua napoletana, dei madrigali, delle « villanelle » delle « tammurriate » o delle « tarantelle »,
passando dalla Corte al borgo e dal borgo alla Corte in un doppio movimento ascendente e discendente.
Ci sono spesso conosciuti attraverso opere letterarie, già dal Boccaccio (Decamerone, 1349-1353) e più tardi da Giambattista Basile
(1575-1632 - Lo cunto de li cunti), Giulio Cesare Cortese (1575-1627) o Luigi Dentice (Due dialoghi della mia musica, 1552), il vescovo
Pompeo Sarnelli (1649-1724 - Posillecheata, 1684). Cantavano accompagnandosi col calascione (o colascione, liuto a tre corde e
manico lungo - Vedi a destra), con la tiorba a taccone (Strumento a corda suonato con una penna, il taccone - Vedi a sinistra), con la
cetola (la cetra) o altri strumenti come, fino ad oggi la chitarra e il andolino.
Tra i primi citati si trova una cantante di primi anni del XVI secolo, soprannominata la Sirena di Napoli, Giovannella Sancia, un arpista e
compositore, Giovanni Leonardo Primavera (1512-1587) (o Gian Leonardo Mollica ? - 1525-1602), che il popolo chiamava Gian
Leonardo dell’Arpa, musicista e madrigalista preparato che era anche ricevuto nel palazzo di Don Carlo Gesualdo e amico del Tasso.
Cantava spesso in duetto con Cumpà Junno (Compare Biondo), musicista cieco che cantava in Piazza del Castello. Si parla anche di
Giovanni della Bagnara, Muchio, Sbruffapappa (Vurrìa ca fossse ciaola), di Tommaso di Maio (1498-1563), di Velardiniello (1500),
uno dei più grandi, che lanciò due danze, la ciaccona e il torniello, di Jacoviello, di Pezillo (che cantava madrigali come Oi Ricciulina), del
poeta Cola, di Zio Giovanni della Carriola… Costituivano numerose corporazioni di protezione sociale come quella dei Masti Abballaturi (1569).
Un posteggiatore, compositore e poeta era Felippo Sgruttendio de Scafati (prima metà del Seicento) che in realtà era forse Giulio Cesare
Cortese (1570-1627/1640) - Le ffigliole che n’hanno amore), si discute tuttora sulla sua identità. Se ne conosce soltanto il canzoniere intitolato De la tiorba a
taccone, pubblicato nel 1646 e ristampato fino al Novecento.
La canzone « popolaresca » napoletana.
Voccuccia d'uno persic'apreturo, villanella
(Velardiniello – 1537)
versione della Nuova Compagnia di Canto Popolare)
Voccuccia de 'no pierzeco apreturo
Petite bouche de pêche mûre
mussillo de 'na fica lattarola
petit museau de figue laiteuse
s'io t'aggio sola 'nt'a quist'uorto
si je te rencontre seule dans ce potager
'nce resto muorto
que je meure
'nce resto muorto
si tutte 'sse cerase nun te furo.
si je ne te vole pas toutes ces cerises
Tanto m'affacciarraggio pe' 'sse mura
Je me montrerai tant au-dessus du mur
finché me dice intra nella scola.
Qu’elle finira par me dire : entre dans l’école.
S'io t'aggio sola 'nt 'a chess'uorto
'nce resto muorto
'nce resto muorto
si tutte 'sse cerase nun te furo.
E si 'ce saglio 'coppa de 'ssa noce
Et si je monte sur son noyer
tutta la scogno pe' 'sta santa croce.
Je vais le secouer tout entier par cette sainte croix
Ahimé ca coce, te farraggio dire
Holà comme ça cuit, te ferai-je dire
e resentire te putarraje
et tu pourras le ressentir
ma nun auzà la voce.
Mais ne hausse pas la voix.
Li 'ffigliole che n'hanno ammore
(Giulio Cesare Cortese
Interprete : NCCP, 1973)
Li 'ffigliole che n'hanno ammore
Les filles qui n’ont pas d’amour
songo varche senza la vela,
sont des barques sans voiles,
so' lanterne senza cannela
des lanternes sans chandelles
songo cuorpe senza lu core,
des corps sans cœur,
li 'ffigliole che n'hanno ammore.
Les filles qui n’ont pas d’amour.
Li 'ffigliole che n'hanno amante
Les filles qui n’ont pas d’amant
so' comm'arvole senza frutte,
sont comme des arbres sans fruits
so' turreno sicche ed asciutte
ce sont des terrains arides et secs
ca nun fanno sciure né chiante,
qui ne produisent ni fleurs ni plantes,
li 'ffigliole che n'hanno amante.
Les filles qui n’ont pas d’amant.
Li 'ffigliole che n'hanno amice
Les filles qui n’ont pas d’amis
sanno poco che cosa è 'o bbene,
savent peu ce qui est bien,
quanno po' la vecchiezza vene
et puis quand vient la vieillesse
s'asciarranno triste e 'nfelice,
elles se trouveront tristes et malheureuses,
li 'ffigliole che n'hanno amice.
Les filles qui n’ont pas d’amis.
Zetelluccie belle e cianciose
Jeunes filles belles et charmantes,
mò gustate che tiempo avite,
goûtez maintenant le temps que vous avez
mò che tennere e fresche site,
maintenant que vous êtes tendres et fraîches,
tiempo 'e cogliere mò li rose,
c’est le temps de cueillir les roses maintenant,
zetelluccie belle e cianciose.
Jeunes filles belles et charmantes.
Lu pacchiano che beve e sciacqua,
Le paysan qui boit et gaspille,
va 'nforrato de stoppa e llino,
il ne vaut rien, c’est une loque,
ma se aguanno non se fà vino,
mais si cette année on ne fait pas de vin
se la face 'na panza d'acqua,
il se remplit la panse d’eau,
lu pacchiano che beve e sciacqua.
Le paysan qui boit et gaspille.
Vurria ca fossi ciàula
(Attribuita a Sbruffapappa)
Vurria ca fossi ciàula e ca vulàssi
Je voudrais être une pie et voler
a ssa fenesta a ddirti na parola
sur ta fenêtre pour te dire un mot
ma nun ca me mettissi a na gaiola
mais sans que tu me mettes dans une cage
E tu ‘a rinto subbito chiammássi
et que toi de l’intérieur tu viennes aussitôt m’appeler
vieni marotta mia, deh, vieni Cola
Viens ma petite pie, ah viens ma pie
ma nun ca me mettissi a na gaiola
mais sans que tu me mettes dans une cage.
E io venéssi e ommo riturnàssi
Et je viendrais et redeviendrais un homme
cumm’ero primma e te truvàssi sola
comme j’étais avant en espérant te trouver seule
ma nun ca me mettissi a na gaiola
mais sans que tu me mettes dans une cage
E po turnàssi a lu buon sinno jatta
et je redeviendrais avec bon sens une chatte
ca me ne scessi pe la cataratta
pour redescendre par la trappe
ma che na cosa me venésse fatta.
mais qu’une chose me soit faite.
Oi Ricciulina
(Donato Antonio Spano
Reg. : NCCP, Li Sarracini, 1974)
Oi Ricciulina
Oh, la fille aux frisettes
oi marranchina
Oh, petite voleuse,
oi signurina
Oh mademoiselle,
fai la li la
tu fais la li la.
Tu m’hê traruto
Tu m’as trahi
e m’hê feruto
tu m’as blessé
l’ággio saputo
Je l’ai appris,
fai la li la
Tu me vuó muórto
Tu me veux mort
ma io me ne accuórto
mais je m’en suis aperçu
ma hai gran tuórto
mais tu as grand tort
fai la li la
Stella diana
Étoile du matin
sî ruffiana
tu fais la maquerelle
fai la puttana
tu fais la putain
fai la li la
Vurria addiventá chianellètte
(Interprete : NCCP,1973)
Vurria addiventá chianellètte
Je voudrais devenir une petite pantoufle
e po stá sotto a sti piéri,
et me trouver sous tes pieds
ma si lu ssapissi
mais si tu le savais
pe straziarme tu currenno jssi.
pour me déchirer, tu t’en irais en courant
Vurria addiventá cetrangolo
Je voudrais devenir une orange amère
pe stá a sta fenesta,
pour me trouver à ta fenêtre
ma si lu ssapissi
mais si tu le savais
pe darme morte
pour me faire mourir
seccare me farrissi.
tu me ferais sécher
Vurria addiventáe specchio
Je voudrais devenir un miroir
pe te miráe accussì bella
pour te contempler, toi si belle
ma si lu ssapissi
mais si tu le savais
a quacca vecchia brutta
à une vieille et laide
me darrissi.
tu me donnerais
Vurria addiventá ghiaccio
Je voudrais devenir de la glace
pe nun bruciá accussì forte ,
pour ne pas brûler si fort
ma si lu ssapissi
mais si tu le savais
cu st’uocchi ardenti
de tes yeux ardents
tu me squagliarrissi.
Tu me ferais fondre.
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