Poésie en musique - chapitre 23
Chapitre 23
La poésie et la musique pastorales
Depuis l’Antiquité on parle de poésie pastorale ou « bucolique » (du grec boukolos = bouvier).
Elle existe déjà dans la Grèce antique et en Sicile comme représentation idyllique de la vie des bergers et de l’amour
dans la nature, au milieu des arbres, des fleurs et des ruisseaux : Théocrite (315-260 av.J.C. - Les Idylles) fut suivi
à Rome par Virgile (70-19 av.J.C. - Bucoliques et Géorgiques). Le genre fut repris par les auteurs latins de l’Empire
et du premier Moyen-Âge, Titus Calpurnius Siculus (1er siècle après J.C. - Églogues), Sidoine Apollinaire (430-
488 - Carmina), elle fut pratiquée par Dante, Pétrarque (Chiare, fresche, dolci acque… Cf. chapitre 8 de ce livre) et
Boccace (l’Ameto de 1341). Mais elle devint très importante à partir de la Renaissance pour deux raisons : d’abord
la volonté de reprendre tous les genres pratiqués par l’Antiquité gréco-latine, mais surtout par le contexte socio-
économique du temps. En effet, c’est l’époque où les grands bourgeois des communes du centre et du nord de
l’Italie commencent à substituer au commerce et aux voyages l’investissement dans la terre, par exemple à Florence
et à Venise et forment une nouvelle aristocratie, ils se font alors construire de très belles villas à la campagne, à la
fois pour partir en « villégiature » et pour pouvoir surveiller leurs nouvelles propriétés agricoles (Voir dossiers sur les
villas et celui sur Florence, Annexe, dans www.italie-infos.fr)
Après la moitié du XVe siècle, nombreux seront les poètes bucoliques, de l’Italie du Nord à
Naples, Tito Vespasiano Strozzi à Ferrare (1424-1505), Giovanni Pontano (1426-1503) et
Jacopo Sannazaro (1458-1530, auteur d’un roman pastoral, L’Arcadia) à Naples.
Sannazaro provenait d’une noble famille napolitaine, mais après la mort de son père, il fut
éduqué en Lombardie, dans une atmosphère naturelle qui marqua son œuvre. À Rome, il adhéra à l’Académie
Pontoniana, sous le nom d’Actyus Syncerus. Son œuvre fut très diffusée. On peut voir sa tombe dans l’église
des Olivétains à Naples ornée de deux statues d’Apollon et Minerve, appelées ensuite par l’autorité
ecclésiastique contre-réformiste de David et Judith !
Gian Vincenzo Gravina.
A destra : Giovanni Mario Crescentini
Le mouvement de l’Arcadie, fondé par Sannazaro, marque l’âge d’or de la poésie pastorale, avec plusieurs
autres œuvres, La Favola di Orfeo d’Angelo Poliziano (1494), l’Aminta du Tasse (1573), Il Pastor fido de
Battista Guarini (1580-83) ; la poésie pastorale a aussi beaucoup influencé le développement du théâtre et du
roman européen, et des Académies françaises, l’Académie des Arts, l’Académie des Sciences, l’Académie de
Médecine, avec des membres savants et experts nommés par le roi. À partir de 1726, l’Arcadia se réunissait
tous les jeudis sous les arbres du jardin, sur le Mont Janicule ; elle publiait tous les mois le Giornale Arcadico.
Le mouvement est aussi marqué par l’importance de la musique, de nombreux musiciens furent membres de l’Accademia dell’Arcadia, Arcangelo Corelli (1653-
1713), Benedetto Marcello (1686-1739), Alessandro Scarlatti (1660-1726), Bernardo Pasquini (1637-1710), Giuseppe Valentini (1681-1753) ; et de
nombreuses œuvres pastorales furent mises en musique. Le genre « pastoral » est resté important dans l’histoire de la
musique.
L’Arcadie fut une région de la Grèce antique (le Péloponnèse) qui devait son nom au personnage mythologique d’Arcade, fils
de Zeus et de la nymphe Callisto ; ce fut toujours une terre idéalisée, où hommes, animaux et nature vivent dans une parfaite
harmonie. Après Sannazaro, l’Accademia dell’Arcadia fut reprise à Rome en 1690 par Gian Vincenzo Gravina (1664-1718),
Giovanni Mario Crescimbeni (1663-1728) et 12 autres intellectuels de la cour de la Reine Christine de Suède (1626-1689),
cercle littéraire qui soutenait un classicisme rationnel, le pétrarquisme mêlé de néoplatonisme,
contre les excès du baroque, et dont chaque membre portait un nom mythologique (Scarlatti =
Terpandro Politeio, Corelli = Arcomelo Erimante, Marcello = Driante Sacreo …) ; comme
emblème ils choisirent la siringa, la flûte du dieu Pan, ceinte de branches de pin et de laurier (voir image ci-dessus). Un des membres
célèbres fut la princesse et poétesse Aurora Sanseverino (1669-1726 - Voir image à droite). L’Académie voulait aussi réunir tous
les intellectuels d’Italie.
Aujourd’hui, elle est toujours en activité, elle a son siège dans le Bosco Parrasio sur les pentes du Janicule (vers la Rue Garibaldi) et
on peut le visiter. Le Bosco Parrasio a été construit grâce à une importante donation du Roi du Portugal
en 1724, il fut restauré en 1839, abandonné en 1891 et de nouveau restauré en particulier grâce à
Susanna Agnelli (1922-2009)
La Reine Christine de Suède, née en 1626, fille du roi Gustave II Adolphe de Suède., a été reine de
Suède à partir de 1632, avec pleins pouvoirs à partir de 1650. Son maître fut un ardent défenseur du
protestantisme durant la guerre de Trente Ans. Mais en 1654, faisant un grand scandale, Christine se
convertit au catholicisme et abdiqua au profit de son cousin Charles Gustave (Roi
Charles X). Elle s’établit à Rome, accompagnée de 255 personnes et de 247 chevaux,
dans le palais Farnese où elle ouvre l’Académie Royale et s’occupe d’œuvres de charité, d’art,
de musique et de théâtre, et elle poussa ainsi à la fondation de l’Académie de l’Arcadie.
Monument funéraire de Christine de Suède à St Pierre de Rome - 1702
Stockholm était alors une des villes européennes les plus raffinées, appelée « l’Athènes du
Nord ». Christine avait eu une étroite correspondance avec René Descartes, qui mourut à
Stockholm en 1650. Par goût de sa propre indépendance, elle refusa toujours de se marier ;
elle fut courtisée par de nombreux intellectuels, parmi lesquels on cite parfois Blaise Pascal.
Elle fit un séjour à Paris, reçue par le cardinal Mazarin et par Louis XIV qui lui proposa en
1656 de devenir reine de Naples alors occupée par les Espagnols, mais elle n’y parvint pas.
Pendant son séjour, Christine fit aussi assassiner un de ses conseillers infidèles. En 1658, elle
retourna à Rome au Palais Rospigliosi qui appartenait au cardinal Jules Mazarin ; elle fit
ouvrir le premier théâtre public. Elle mourut en 1689, le pape lui fit ériger un monument dans la
Basilique Saint-Pierre par Carlo Fontana en 1702.
La poesia pastorale
Dall’antichità si parla di poesia pastorale o « bucolica » (du grec boukolos = bouvier). Esiste già nella grecia antica e in Sicilia, come rappresentazione idillica
della vita dei pastori e dell’amore nella natura, tra gli alberi, i fiori, e i ruscelli : Teocrito (315-260 av.C. - Gli Idilli) fu seguito a Roma da Virgilio (70-19 av. C. -
Bucoliche e Georgiche). Il genere fu ripreso dagli autori latini dell’impero e del primo medioevo, Tito Calpurnio Sìculo (1° sec. dopo C. - Egloghe), Sidonio
Apollinare (430-488 - Carmina), fu praticata anche da Dante, Petrarca (Chiare, fresche e dolci acque …Cf. Capitolo 8) e Boccaccio (L’Ameto del 1341). Ma
diventò importantissima nel Rinascimento per due ragioni : dapprima la volontà di riprendere tutti i generi praticati
dall’antichità greco-latina, ma soprattutto dal contesto socio-economico del tempo. Infatti, è l’epoca che i grandi borghesi dei
comuni del centro e del nord dell’Italia cominciano a sostituire al commercio e ai viaggi l’investimento nella terra, per
esempio a Firenze e a Venezia, e formano una nuova aristocrazia, si fanno costruire bellissime ville in campagna, in una
volta per partire in « villeggiatura » e per poter sorvegliare le loro nuove proprietà agricole (Ved. i dossier sulle ville in
www.italie-infos.fr).
Villa Barbaro-Andrea Palladio, 1550-1560.
Villa di Poggio a Caiano - Giuliano da Sangallo, 1485-1582
Dopo la metà del Quattrocento, numerosi saranno i poeti bucolici, dall’Italia settentrionale a
Napoli, Tito Vespasiano Strozzi a Ferrara (1424-1505), Giovanni Pontano (1426-1503) e
Jacopo Sannazaro (1458-1530 - Autore d’un romanzo pastorale, L’Arcadia) a Napoli.
Jacopo Sannazaro proveniva da una nobile famiglia napoletana, ma dopo la morte del padre fu
educato in Lombardia in un’ atmosfera naturale che segnò la sua opera. A Roma, aderì all’Accademia
Pontaniana, sotto il nome di Actyus Syncerus. La sua opera fu diffusissima. La sua tomba si vede
nella chiesa degli Olivetani a Napoli, ornata da due statue di Apollo e Minerva richiamate poi
dall’autorità ecclesiastica della Contro Riforma David e Giuditta !
Titien, Jacopo Sannazaro, vers 1514-18 -Royaume Uni.
Il movimento dell’Arcadia, fondato da Sannazzaro, segna l’età d’oro della poesia pastorale, con parecchie altre opere, La favola di
Orfeo, d’Angelo Poliziano (1494), L’Aminta del Tasso (1573), e Il Pastor fido di Battista Guarini (1580-83) ; la
poesia pastorale ha anche influenzato molto lo sviluppo del teatro e del romanzo europeo, e anche delle
accademie francesi, l’Académie des Arts, l’Académie des Sciences, l’Académie de Médecine, con membri
scienziati e esperti nominati dal re. Dal 1726, l’Arcadia si riuniva ogni giovedì sotto gli alberi del giardino, sul
monte Gianicolo ; pubblicava ogni mese il Giornale arcadico.
Il movimento è anche segnato dall’importanza della musica, numerosi musicisti furono membri dell’Accademia
dell’Arcadia, Arcangelo Corelli (1653-1713), Benedetto Marcello (1686-1739), Alessandro Scarlatti (1660-1726), Bernardo Pasquini
(1637-1710), Giuseppe Valentini (1681-1753) ; e numerose opere pastorali furono musicate. Il genere « pastorale » è rimasto importante
nella storia della musica.
Bosco Parrasio, entrée
L’Arcadia fu una regione della Grecia antica (il Peloponeso) che doveva il suo nome al personaggio mitologico Arcade, figlio di Zeus e della
ninfa Callisto ; fu sempre una terra idealizzata, dove uomini, animali e natura vivono in perfetta armonia. Dopo Sannazzaro, l’Accademia
dell’Arcadia fu fondata a Roma nel 1690 da Gian Vincenzo Gravina e Giovanni Mario
Crescimbeni, e altri dodici intellettuali della corte della Regina Cristina di Svezia (1626-1689),
circolo letterario che sosteneva il classicismo razionale, il petrachismo misto di neoplatonismo, contro gli eccessi del
barocco, e di cui ogni membro portava un nome mitologico (Scarlatti = Terpandro Politeio, Corelli = Arcomelo
Erimanteo, Marcello = Driante Sacreo… ) ; come insegna venne scelta la siringa, il flauto del dio Pan, cinta di rami di
alloro e di pino. Uno dei membri celebri fu la principessa poetessa Aurora Sanseverino (1669-1726). L’Accademia
voleva anche unire gli intellettuali di tutta l’Italia.
Oggi, è tuttora in attività, ha sede nel Bosco Parrasio sui pendii del Gianicolo (verso Via Garibaldi) e si può visitare. Il
Bosco Parrasio è stato costruito grazie ad un’importante donazione del Re di Portogallo nel 1724, fu restaurato nel 1839,
abbandonato nel 1891 e di nuovo restaurato particolarmente da Susanna Agnelli.
La Regina Cristina di Svezia, nata nel 1626, figlia del Re Gustavo II Adolfo di Svezia, è stata regina di Svezia dal
1632, con pieni poteri dal 1650. Il suo maestro fu un ardente difensore del protestantesimo durante la guerra dei
Trent’anni. Ma nel 1654, facendo un grande scandalo, Cristina si convertì al cattolicesimo e abdicò a favore del cugino
Carlo Gustavo (re Carlo X). Si stabilisce a Roma, accompagnata da 255 persone e 247 cavalli, nel Palazzo Farnese
dove apre l’Accademia Reale e si occupa di opere caritatevoli, di arte, di musica e di teatro, e portò così alla fondazione
dell’Accademia dell’Arcadia.
Nills Forsberg (1842-1934) - Christine de Suède et Descartes.
Stoccolma era allora una delle città europee più raffinate, chiamata « l’Atene del Nord ». Cristina aveva avuto una fitta
corrispondenza con Cartesio che morì a Stoccolma nel 1650. Per gusto della propria indipendenza rifiutò sempre di
sposarsi ; fu corteggiata da molti intellettuali, fra i quali si dice che ci fu Blaise Pascal. Fece un soggiorno a Parigi, ricevuta dal cardinale Mazzarino e da Luigi
XIV che le propose (1656) di diventare regina di Napoli allora occupata dagli Spagnoli, ma non riuscì. Durante il suo suo soggiorno Cristina fece anche
assassinare un suo consigliere infedele. Nel 1658 tornò a Roma a Palazzo Rospigliosi che apparteneva a Giulio Mazzarino ; fece aprire il primo teatro pubblico.
Morì nel 1689, il papa le fece erigere un monumento nella Basilica San Pietro da Carlo Fontana nel 1702.
Poesia e musica pastorale - L’amore dei pastori nella natura
(La favola di Orfeo, scena 3, 1494
Testo : Angelo Poliziano
Musica : Serafini dall’Aquilano, Bartolomeo Tromboncino, Marco Cara, Michele Pesenti
Interpretazione : Huelgas Ensemble, dir. Paul van Nevel,1982/1989)
Intromessa strumentale
MOPSO
E non è tanto il mormorio piacevole
Ce n’est pas tant l’agréable murmure
Delle fresche acque che d'un sasso piombano,
des fraîches eaux qui tombent d’un rocher
Nè quando soffia un ventolino agevole
ni quand souffle une brise légère
Fra le cime de' pini e quelle rombano ;
entre les cimes des pins et que celles-ci grondent ;
Quanto le rime tue son sollazevole,
c’est quand tes rimes sont plaisantes
Le rime tue che per tutto rimbombano :
tes rimes retentissent partout :
S'ella l'ode, verrà come una cucciola.
Que, si elles les entend, elle viendra comme une petite chienne.
Ma ecco Tirsi che del monte sdrucciola.
Mais voilà Thirsis qui glisse du haut de la montagne.
Ch'è del vitello ? halo tu ritrovato ?
Qu’en est-il du veau ? L’as-tu retrouvé ?
TIRSI
Sì ho ; così gli avesse el collo mozo,
Oui, je l’ai ; et j’aurais dû lui couper le cou
Che poco men che non m’ha sbudellato ;
car il a failli m’arracher les tripes
Si corse per volermi dar di cozo,
tant il a couru pour me renverser,
Pur l’ho poi nella mandria ravviato
je l’ai pourtant ramené dans le troupeau
Ma ben so dirti che ne ha pieno il gozo ;
mais je peux bien te dire qu’il a le ventre plein ;
Io ti so dir che gli ha stivato l’epa
je peux te dire qu’il s’est si bien rempli la panse
In un campo di gran tanto che crepa.
Dans un champ de blé qu’il va en crever.
Ma io ho vista una gentil donzella
Mais j’ai vu une noble jeune fille
Che va cogliendo fiori intorno al monte.
Qui cueille des fleurs autour de la montagne.
l'non credo che Vener sia più bella
Je ne crois pas que Vénus soit plus belle
Più dolce in atto o più superba in fronte
plus douce d’aspect ou plus fière dans son visage
E parla e canta in sì dolce favella
et elle parle et chante dans une langue si douce
Che'fiumi svolgerebbe in verso el fonte ;
qu’elle ferait remonter les fleuves vers leur source ;
Di neve e rose ha il volto,
elle a un visage de neige et roses,
E d' òr la testa,
et une chevelure d’or
Tutta soletta, e sotto bianca vesta.
Elle est toute seulette, sous son blanc vêtement.
Il pastor fido, Atto terzo, Scena prima
Le berger fidèle
(Testo : Battista Guarini
Musica : Sigismondo d’India Venezia, 1590)
Mirtillo.
Oh primavera gioventù dell'anno,
Oh printemps, jeunesse de l’année
bella madre di fiori,
beau créateur des fleurs,
d'erbe novelle, e di novelli amori :
de plantes nouvelles ; et de nouveaux amours :
tu torni ben, ma teco
toi tu reviens, c’est vrai, mais avec toi
non tornano i sereni,
ne reviennent pas les jours sereins
e fortunati dì delle mie gioie :
où je connus le bonheur et la joie ;
tu torni ben, tu torni,
tu reviens, c’est vrai, toi tu reviens
ma teco altro non torna,
mais avec toi ne revient
che del perduto mio caro tesoro
que le souvenir malheureux et douloureux
la rimembranza misera, e dolente.
du cher trésor que j’ai perdu.
Tu quella se', tu quella,
Tu es bien celle, tu es celle
ch'eri pur dianzi sì vezzosa, e bella :
qui auparavant étais si charmante et si belle :
Ma non son io già quel, ch'un tempo fui
mais moi je ne suis plus celui que je fus autrefois,
sì caro agli occhi altrui.
si cher aux yeux d’autrui.
Oh dolcezze amarissime d'amore,
Oh, très amères douceurs de l’amour
quanto è più duro perdervi, che mai
combien il est plus dur de vous perdre
non v'aver o provate, o possedute !
que de ne vous avoir jamais éprouvées, ou possédées !
Come saria l'amar felice stato,
Comme il aurait été heureux d’aimer
se 'l già goduto ben non si perdesse ;
si on ne perdait pas le bien dont on a joui ;
o quando egli si perde,
ou si, quand on le perd,
ogni memoria ancora
tout souvenir encore du bien disparu
del dileguato ben si dileguasse !
disparaissait aussi !
Ma se le mie speranze oggi non sono,
Mais si aujourd’hui mes espérances ne sont pas
com'è l'usato lor, di fragil vetro,
comme c’est leur habitude, du verre fragile,
o se maggior del vero
ou si un désir excessif ne rend pas mes espérances
non fa la speme il desiar soverchio,
plus grandes qu’elles ne sont en réalité,
qui pur vedrò colei,
eh bien ici je verrai celle
ch'è 'l sol degli occhi miei ;
qui est le soleil de mes yeux ;
e s'altri non m'inganna,
et si on ne me trompe pas
qui pur vedrolla al suon de' miei sospiri
je la verrai bien ici au son de mes soupirs
fermar il piè fugace.
Arrêter son pied fuyant,
Qui pur dalle dolcezze
Ici aussi des douceurs
di quel bel volto avrà soave cibo
de ce beau visage aura un doux aliment
nel suo lungo digiun l'avida vista ;
mon regard avide après un long jeûne ;
qui pur vedrò quell'empia
ici aussi je verrai cette cruelle
girar inverso me le luci altere,
tourner vers moi ses yeux lumineux et hautains,
se non dolci, almen fere,
sinon doux, du moins sauvages,
e se non carche d'amorosa gioia,
et s’ils ne sont pas chargés de joie amoureuse,
sì crude almen, ch'i' moia.
Du moins assez durs pour que j’en meure.
Oh lungamente sospirato invano
Oh jour aventureux longuement désiré en vain,
avventuroso dì, se dopo tanti
si, après tant
foschi giorni di pianti
de jours sombres passés dans les pleurs
tu mi concedi, Amor, di veder oggi
tu me permets, Amour, de voir aujourd’hui
ne' begli occhi di lei
dans ses beaux yeux
girar sereno il sol degli occhi miei.
revenir sereinement le soleil de mes yeux.
(Interprétation : Cristiana Presutti avec l’Ensemble Poïesis, à la harpe, Marion Fourquier ; Traduction : Jean Guichard)
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