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Nouvelles de ces derniers temps : édition du 23 juillet 2016
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Nouvelles de ces derniers temps du 23 juillet 2016 1) Élections municipales à Turin Nous avons évoqué dans les nouvelles d’ «  actualité politique  » la nouvelle «  giunta  » de Rome sous la direction de la nouvelle «  sindaca  », Virginia Raggi. On parle moins de ce qui s’est passé à Turin, mais la constitution de la nouvelle «  giunta  » M5S sous la direction de la maire Chiara Appendino est comparable à celle de Rome. Chiara Appendino a été proclamée officiellement Maire de Turin dans la séance du Conseil municipal du 30 juin 2016 dans le Palazzo Civico (la Mairie) de la ville (Voir Photo ci- contre). La «  giunta  » comprend 7 femmes et 5 hommes. Parmi les élus du nouveau conseil municipal, 33 n’avaient jamais été élus, la plupart membres du Mouvement 5 Étoiles. Sur les 40 sièges, le M5S en aura 24, le PD du maire sortant Piero Fassino battu au ballottage, 9, la Liste Civique pour Fassino, 1,  les Modérés pour Fassino, 1, Ligue du Nord, 1, divers, 3. 1) Chiara Appendino est née en 1984 à Moncalieri  ; elle est chef d’entreprises, diplômée de l’Université Bocconi de Milan  ; elle était conseillère municipale de Turin depuis 2011, élue sur une liste du M5S. Elle a su rassembler 54,6% des voix, recevant des soutiens de la gauche, de la droite et des opposants à la ligne de trains Lyon-Turin (les NO TAV). 2) Guido Montanari, maire adjoint et chargé de l’Urbanisme. Né en l957, est Professeur d’architecture au Politecnico de Turin. Il est aussi instructeur de natation. Il a déjà une longue expérience de la gestion d’une ville, puisque il a été adjoint à l’urbanisme de la commune de Rivalta, et Président de la Commission locale du Paysage de Turin. 3) Sergio Rolando sera au Budget et aux ressources financières. Il a 68 ans, une licence d’économie et commerce, et il a travaillé comme Directeur du contrôle des fonds et de la gestion de la Région du Piémont.   4) Roberto Finardi, adjoint aux Sports. On était habitué à le voir en tenue de sport, c’est un athlète professionnel et il a déjà préparé des équipes olympiques italiennes de bob, athlétisme et tir à l’arc, en particulier au moment des jeux Olympiques d’hiver de 2006. 5) Sonia Schellino, adjointe aux Politiques sociales, éducatives, et de citoyenneté. Elle a 50 ans, est diplômée en Économie, Commerce et Sciences politiques. Elle travaille depuis 2000 à la recherche sur l’instruction à la Compagnie San Paolo, après avoir été chargée de recherche de 1996 à 2000 à la Fondation Agnelli. 6) Stefania Giannuzzi, chargée de l’environnement, de la politique de l’énergie, du développement technologique, de la qualité de l’air, de l’hygiène urbaine, n’a que 38 ans. Elle a une licence de Sciences Naturelles et travaille depuis 2005 à l’aménagement de la Province de Turin. 7) Alberto Sacco, est adjoint au Commerce, à la formation professionnelle et à l’emploi. Né en 1971, il a un doctorat en Droit et Jurisprudence. Il est hostile à la construction de nouveaux grands centres commerciaux et il veut relancer l’activité des marchés. 8) Paola Pisano, Innovation, démographie, statistiques, a aussi 38 ans. Elle est Professeur de gestion de l’Innovation à l’Université de Turin et d’informatique. Elle enseigne aussi dans une Université de Londres et un de ses projets est de mettre les entreprises de Turin en rapport avec les étudiants du territoire et avec la Silicon Valley. 9) Federica Patti est adjointe à l’Instruction. Née en 1974, elle architecte et docteur de recherche en histoire de l’architecture et de l’urbanisme. Elle a ouvert en 2004 son cabinet professionnel d’architecte. Elle est Président de la principale association de parents de la ville. 10) Marco Alessandro Giusta, adjoint à la Famille et aux «  pari opportunità  » (égalité des chances). Il a 35 ans et il a été président de l’Arcigay de Turin, après  avoir fondé le groupe Arcigay «  Les Fils de la Lune  » de Cuneo. Il est licencié en Psychologie, il a travaillé dans une librairie, et a fait partie de la direction de la Sic-CGIL (travailleurs dans le monde de la communication). 11) Maria Lapietra, adjointe aux transports, est ingénieure des Transports après ses études au Politecnico de Turin. Elle travaille actuellement à la Citec, une entreprise de Genève qui s’occupe de planification des transports. Elle s’occupera aussi de la viabilité dans la ville et des parkings. 12) Francesca Paola Leon, adjointe à la culture, aux Musées et bibliothèques. Elle est romaine d’origine, fille du grand économiste Paolo Leon,  mais vit à Turin depuis de nombreuses années  ; elle est depuis 2004 Directrice de l’Association Torino Città Capitale Europea qui gère le problème des abonnements dans les Musées de Turin pour les Turinois et pour les touristes. Elle est née en 1966 à Washington et a fait ses études à Rome  ; elle s’est occupée aussi de la promotion culturelle à Saluzzo. Comme à Rome donc, absence des politiques à l’intérieur d’une nouvelle équipe de techniciennes et techniciens ayant déjà une longue expérience professionnelle. Il nous faudra suivre avec soin leur comportement dans une ville aussi importante que Turin, en particulier pour nous, voyageurs français. Probablement cette nouvelle Municipalité sera hostile au projet inutile et coûteux de la TAV, qui pèserait lourdement sur l’évolution de la ville. Sur un autre plan, et on le sait trop peu, selon Legambiente, Turin est actuellement une des villes italiennes les plus polluées, une de celles où on a coulé le plus de béton (la troisième d’Italie), une de celles où, depuis 2007, le nombre de pauvres a doublé (le directeur de la Caritas les estime à 15% de la population urbaine), où le ramassage différencié des ordures devait atteindre 65% en 2012 et où il n’est encore que de 40%, où la planification urbaine a été délaissée, malgré la disparition progressive des grandes industries, où on a développé surtout la grande distribution, etc. 2) Le discours d’investiture de Virginia Raggi à Rome La nouvelle «  sindaca  » de Rome, dans la première séance du nouveau Conseil Municipal de Rome, le 16 juillet dernier dans son discours d’ouverture, s’est d’abord réjouie que l’administration de la ville soit revenue à un organe élu après des mois de gestion par un «  Commissaire  »  : «  Nous avons restauré la démocratie dans une ville où elle n’existait plus  ». «  Nous devons maintenant nous atteler à la tâche importante qui nous attend, avec le sens du devoir et avec humilité, dans la pleine conscience que reconstruire une ville en ruines (in macerie), comme celle qu’on nous a laissée, ne sera certainement pas facile. Mais nous pouvons le faire. C’est un objectif que le M5S peut et veut atteindre… Récupérons un rapport de confiance entre les citoyens et les institutions  ». Elle a annoncé que dorénavant les séances du Conseil et des Commissions seraient toujours ouvertes à la participation des Romains et transmises en streaming. Elle a ensuite appelé tous ses collègues à se battre avec elle pour effacer la tache que représentait pour la ville de Rome l’opération «  Mafia capitale  »  (dont le procès est en cours) et pour faire repartir la machine administrative, en rendant hommage à deux de ses grands prédécesseurs communistes, Luigi Petroselli (1979-1981) et Giulio Carlo Argan (1976-1979). Elle a présenté la liste de ses adjoints en insistant sur le fait qu’il n’y avait parmi eux aucun politique. Virginia Raggi avait auparavant rencontré le chef d’un autre État proche, le pape François, accompagnée de ses parent et de son fils de 6 ans, soulignant que «  le rachat moral et spirituel est important pour la politique, encore plus après tous les événements tragiques et méprisables connus sous le nom de Mafia Capitale mais qui en réalité engagent tant d’années de mauvaise politique. Il est nécessaire que les Romains, les personnes, les citoyens, comprennent qu’il y a quelque chose qui va au-delà de leur propre bien  : le bien commun, l’intérêt général  ; c’est quelque chose qui dépasse le particularisme et l’égoïsme. Je crois que nous avons le devoir de remettre ces valeurs de communauté à l’intérieur d’une administration et de toutes les institutions  ». Elle a ensuite souligné l’importance du Vatican, en particulier pour Rome, et combien elle a apprécié le texte de Laudato Sii et l’humanité du pape François. Parlant des Olympiades, elle a exprimé ses doutes sur leur opportunité dans une ville qui a 13 milliards d’euros de dette et qui finit seulement de payer le coût des Mondiaux d’Italie ’90. Elle a enfin évoqué le problème prioritaire des ordures créé par la mauvaise politique des municipalités antérieures. 3) Quelques livres récents à lire pour comprendre les problèmes de Rome * D’abord un beau document  : un récent n° de la revue GÉO (n° 445, mars 2016). La revue propose un ensemble de photos du centre ville et des jardins du Latium  : le Forum, le quartier de la Garbatella, l’église Sant’Ignazio, le parc de l’Aventin, à côté de Santa Sabina  ; et après un article lyrique de Philippe Ridet, des images de jardins et de villas, Bagnoregio, le palais Farnese, la villa Lante, Bomarzo,, le lac de Vico, le palais et les jardins de Castel Gandolfo, résidence d’été des papes que le pape François a fait partiellement ouvrir au public en 2015, Frascati et son vin blanc, Ostie, commentée par Carole Saturno. De belles images, mais rien de nouveau sur le fond. Mais toute la réalité de Rome n’est pas aussi belle  : elle est aussi une ville en ruines, massacrée par une corruption mafieuse généralisée que la nouvelle municipalité se promet de combattre. Lisez pour mieux comprendre deux livres de De Cataldo, l’un plus ancien, Romanzo Criminale, de 2002 (traduction française en 2006) inspiré par l’histoire de la bande de la Magliana, ce quartier périphérique de Rome dont la criminalité organisée terrorisa la ville dans les années 70 et 80. L’autre roman est de 2013, Suburra (traduction de Serge Quadruppani, chez Métailié, 2016) de Carlo Bonini et Giancarlo De Cataldo. On peut le lire comme un excellent roman policier qui vous tient en haleine jusqu’à la dernière page ; en réalité Bonini est journaliste d’investigation et De Cataldo magistrat à la cour d’assises de Rome, et c’est lui qui a traité les affaires réelles dont il est question dans Giancarlo . Dans Suburra, on voit donc passser toute la pègre de la ville, des Calabrais aux Napolitains et aux Gitans, mêlée à un député influent, à un général de carabiniers, à diverses personnalités de la ville et un évêque homosexuel, pour réaliser une grande affaire immobilière, « le Grand Projet », qui devrait rapporter beaucoup d’argent, entre Ostie et la mer. L’évêque y participe parce qu’on lui promet la construction de nombreux lieux de culte, ad majorem gloriam Dei, bien sûr. Et tout cela donne une idée des clans mafieux qui dominent la ville, par tous les moyens, chantage, assassinats, tortures, intervention de putes pour satisfaire la libido d’un élu démocrate-chrétien, récupération d’anciens clans fascistes, etc. Le procès « Mafia Capitale » est en train de montrer la réalité de tout cela. Stefano Sollima vient d’en tirer un film remarquable, mais qui ne traduit que certaines scènes du roman. On est à la fois fascinés par la force du récit et horrifiés si on sait que cela exprime la vérité des dessous du pouvoir romain, de sa cruauté, de sa perversité. Et, ajoute De Cataldo dans une interview de Philippe Lemaire (Onlalu), « Si l’on collait trop à la réalité, l’histoire ne serait pas jolie jolie à regarder », pour dire que son travail n’est pas un documentaire fait à partir de son expérience de magistrat (le livre a été écrit avant que le procès actuel ne vienne révéler sa véracité), mais l’écriture littéraire d’un auteur, dont beaucoup de scènes sont imaginées, et dont les personnages sont des types littéraires (comme Samouraï, le patron de tous les clans mafieux de la ville). Lisez ces livres, ils vous passionneront, et vous en apprendront beaucoup sur la capitale italienne, et suivez en même temps sur la presse le déroulement du procès « Mafia Capitale ». * Mais allez quand même visiter Rome ! C’est, au-delà de toutes ces réalités mafieuses, une des plus belles villes du monde, que vous aimerez et où vous voudrez toujours retourner. Lisez nos dossiers et nos bibliographies, mais ajoutez un très beau livre, Îles, guide vagabond de Rome, de Marco Lodoli (La Fosse aux Ours, 2009, traduction de Louis Boudonnat). Ce n’est pas un « guide » au sens classique du terme, mais un vagabondage dans 133 «îlots » de la ville, des lieux que l’on ne pense souvent pas à regarder et qui sont parmi les plus poétiques ou les plus significatifs ; ce sont des textes repris de chroniques parues dans la Repubblica. Lodoli nous conduit vers la Bienheureuse Albertoni, la statue voluptueuse du Bernin à San Francesco a Ripa, au Trastevere (1671- 1674. Cf. image ci-contre) ou vers l’église de la Sainte Bibiana, près de la gare Termini, ou de la galerie du Palais Barberini à la Place Socrate sur le Monte Mario, ou du fronton de l’église San Giovanni dei Fiorentini aux religieuses de celle dei Santi Quattro Coronati, ou d’une librairie à une fontaine. Cette promenade dans Rome est un véritable délice. Et puis, profitez de vos vagabondages dans Rome pour découvrir la Suburra, ce quartier populaire très pauvre et considéré comme dangereux de la Rome antique, sur les pentes du Viminal et du Quirinal, que par prudence on avait séparé de la zone des Forums par un grand mur gardé que l’on peut encore longer aujourd’hui. En y passant repensez au roman de De Cataldo et Bonini. Voilà, c’est tout pour ce temps. Passez de bonnes vacances. Jean Guichard, 23 juillet 2016