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Nouvelles de ces derniers temps : édition du 22 décembre 2016
Nouvelles de ces derniers temps - 22 décembre 2016 Lire la presse italienne donne parfois envie de ne plus s’occuper de sa vie politico-administrative, et de ne plus lire que Bell’Italia et des nouvelles des Beaux-Arts en cours de restauration, des expositions, des monuments, des fouilles archéologiques … tellement on ne vit que dans les compromis, la corruption, les scandales, les interventions de la Justice  …  ! Scandale à Milan où Giuseppe Sala, le Maire «  démocrate  », a dû se  «  suspendre  » suite à ses manœuvres financières dans la préparation de l’Expo de Milan (mais on en parle moins que de Virginia Raggi  : il appartient au PD  !), scandale à Turin où l’on spécule sur la mort et les enterrements, publication d’une étude qui montre que la corruption des élus a augmenté depuis Tangentopoli (Voir plus loin), faillite de grandes banques (Banca Etruria et MPS, Monte dei Paschi di Siena), reprise de l’émigration italienne, etc. Et pourtant la réalité est là qui nous poursuit et détermine beaucoup d’autres moments de nos vies quotidiennes dans ce qu’elles pourraient avoir de plus beau. Alors, faisons le point ! *Après le referendum constitutionnel de Renzi. A. - Ainsi les Italiens ont dit NON à Renzi  : 70% de votants, 60% de NON et 40% de OUI, soit environ 40% du corps électoral de NON et 28% du corps électoral de OUI. Malgré les progrès, un tiers des électeurs se sont encore abstenus de participer au referendum. Mais il reste que le 4 décembre 2016 est une date cruciale dans l’histoire du peuple italien  ; un sénateur a rappelé récemment que c’était le 4 décembre de l’an 63 av.J.C. que Cicéron avait dénoncé la conjuration de Catilina contre la République  ! Cela veut dire qu’une partie importante des Italiens s’est enfin aperçue que le «  renzisme  », sous ses apparences de nouveauté, n’était qu’un prolongement du «  berlusconisme  » d’hier, et que Renzi était un équivalent de Berlusconi qui avait su se donner des apparences de «  gauche  ». La même bouffonnerie, la même hypocrisie politique, moins orgiaque, moralement plus propre sur soi, mais aussi profondément avide de pouvoir personnel, de style moins «  bistrotier  » (comme les blagues de Berlusconi) et plus de style «  commedia dell’arte  », mélange de «  zanni  » malin et trompeur et de «  capitan Spaventa  » bravache et incapable. Renzi s’est d’ailleurs presque toujours bien entendu avec Berlusconi, même si celui-ci, à bout de forces et de réussite, s’était décidé à voter NON. Et le 17 décembre, Berlusconi déclare qu’il est prêt à s’entendre avec  Renzi pour mettre en place une loi électorale positive et «  vraie  » pour eux. Tous les deux  rêvent probablement d’un pouvoir présidentiel, autoritaire, méprisant le «  peuple  », les syndicats, les associations, et même les gens de leur parti, qu’ils sont prêts à liquider s’ils les gênent dans leurs ambitions. Mais tous les deux se sont révélés incapables de résoudre les grands problèmes de la société italienne qui font souffrir une majorité des Italiens  : comment auraient-ils pu toucher aux mafias, à la corruption, aux malversations administratives, aux difficiles problèmes de l’immigration  ? B. - Et maintenant  ? Renzi a dû démissionner (mais il n’a pas abandonné la vie politique comme il l’avait annoncé, il garde le contrôle du PD), il a été remplacé par son ancien ministre des affaires étrangères, Paolo Gentiloni. Qui est celui-ci  ? Gentiloni est né en 1954 dans une grande famille aristocratique catholique, les contes Gentiloni Silvestri. Un de ses ancêtres est Orazio Gentiloni, alors conseiller du pape Pie X  ; il fut l’auteur du Pacte de 1913 qui porte son nom, par lequel le pape autorisa officiellement les catholiques à participer à nouveau à la vie politique de l’État italien, et à se présenter aux élections sur des listes communes avec les libéraux  : il fallait contenir à tout prix l’avancée des socialistes. Paolo étudie à Rome, il est éduqué selon la méthode Montessori et va faire ses études supérieures à l’Université de la Sapienza, il adhère pour un temps au Partito di Unità Proletaria per il comunismo (qui a existé de 1974 à 1984), puis il rentre dans le mouvement écologiste, il suit Francesco Rutelli quand celui-ci est maire de Rome (de 1993 à 2001). En 2004, Rutelli fonde avec François Bayrou le Parti Démocratique européen, puis décide de rejoindre le Parti Démocrate (PD). En 2014 Gentiloni est nommé Ministre des Affaires Étrangères du gouvernement Renzi en remplacement de Federica Mogherini  ; le 11 décembre dernier, il est nommé premier ministre en remplacement de Renzi. On dit qu’il a été «  renzien  » avent même que n’éclate le «  renzisme  ». Il est très apprécié des ambassades des USA et d’Israël. Il est un fidèle de Renzi, moins autoritaire et plus consensuel sans doute, ayant fréquenté l’extrême-gauche tandis que Renzi se formait chez les scouts catholiques, plus ouvert, mais sur la même ligne politique de fond. C’est ce qu’on appelle «  l’instabilité gouvernementale  »  : le gouvernement tombe, et on refait le même, avec presque les mêmes, qui ont simplement changé de ministère  : Angelino Alfano, Centre droit, passe de l’Intérieur aux Affaires Étrangères, Maria Elena Boschi (celle qui avait promu le referendum) passe des Réformes constitutionnelles au Sous-Secrétariat à la Présidence du Conseil  ; Marco Minniti passe de la Sécurité de la République à l’Intérieur  ; Stefania Giannini est une des rares à quitter le Ministère et elle est remplacée à l’Instruction, Université et Recherche par Valeria Fedeli du PD, mais celle-ci est déjà contestée pour avoir déclaré avoir une licence, alors qu’elle n’a même pas passé son baccalauréat ... Les autres ne changent pas. Où est l’instabilité  ? (Cf plus loin quelques précisions). Et on passe sous silence les nombreuses gaffes commises par Gentiloni quand il était aux Affaires Étrangères, de l’appui à Erdogan après le coup d’État, jusqu’à une servilité incroyable vis-à-vis des USA, et l’erreur que fut le financement de la campagne d’Hillary Clinton par le gouvernement Renzi, l’absence de politique étrangère claire vis-à-vis de l’Inde (affaire des deux «  Marò  », les marins italiens accusés d’avoir tué deux marins indiens) ou de l’Égypte (affaire Regeni), etc. C. - La première tâche du gouvernement sera d’adopter une nouvelle loi électorale  : Renzi, alors sûr que les OUI l’emporteraient, n’avait fait appliquer l’Italicum (Voir notre dossier sur l’histoire de la loi électorale) qu’à la Chambre des Députés, puisqu’il avait prévu qu’il n’y aurait plus de Sénat. Or le Sénat reste, sans loi électorale, et il faut en refaire une avant d’organiser de nouvelles élections. Une proposition est d’appliquer aussi l’Italicum au Sénat  ; elle vient entre autres du Mouvement 5 Étoiles. Jusqu’à présent, le M5S dénonçait cette loi antidémocratique qui accorde 55% des sièges au parti qui aurait le plus de voix, fût-ce une minorité  ; maintenant le M5S espère arriver en tête et revendique donc cette loi pour le Sénat aussi. Le principe de «démocratie » est bien variable …  ! Ou bien quoi  ? Proportionnelle intégrale  ? Ajoutons que les parlementaires, pour des raisons de retraite, ne souhaitent pas dans l’ensemble qu’il y ait des élections avant mai 2017. On voit déjà poindre des discussions dont on peut craindre qu’elles ressemblent aux disputes d’une troupe de vautours concurrents sur une charogne. Jusqu’à présent les politiques ne semblent pas avoir bien compris le sens du refus du 4 décembre  : le «  peuple  » a sans doute conscience qu’il faut réformer l’Italie, mais de façon réelle et pas comme l’avait fait Renzi en proposant une réforme antidémocratique et qui ne résolvait rien. D. - Quelques précisions sur «  l’instabilité  »  : on continue à dire que les lois électorales (en particulier la proportionnelle intégrale qu’eut l’Italie à partir de 1946) favorisaient l’instabilité gouvernementale. Alors, rappelons que l’Italie a eu, entre 1946 et aujourd’hui 64 gouvernements, mais seulement 27 présidents du conseil ou premiers ministres. À titre de comparaison, rappelons que la France a eu 3 présidents du conseil entre le 25  janvier 1946 et le 16 janvier 1947 (Gouvernement provisoire) et, sous la IVe République, 16 présidents du conseil du 22 janvier 1947 au 8 janvier 1959  ; sous la Ve République, du 8 janvier 1959 à aujourd’hui, 22 premiers ministres, soit un total de 41 premiers ministres à la même époque 1946-2016, et cela sous 71 gouvernements. Seuls 5 présidents du conseil ont duré plus de 4 ans, 5 plus de 3 ans, 3 plus de 2 ans et 4 plus de un an. Mitterrand a nommé 7 premiers ministres en 14 ans de Présidence de la République, Jacques Chirac 4 en 12 ans, De Gaulle 3 en 10 ans, Pompidou et Giscard d’Estaing 2 en un peu plus de 4 ans et Sarkozy un en 5 ans. Rappelons aussi qu’une seule femme a été premier ministre. Pourrait-on parler de «  l’instabilité  » française  ? France  : 71 gouvernements et 41 présidents du conseil ou premiers ministres  ; Italie  : 64 gouvernements, 27 présidents du conseil  : quel est le pays le plus instable  ? Le journal Il Sole 24 ore du 3 mai 2015 ne nous convaincra pas en comparant l’Italie au Pakistan ou au Liban  ! On définit souvent les gouvernements italiens par trois caractéristiques  : fragmentation des partis, corruption, instabilité  ; c’est partiellement vrai pour la première, vrai pour la seconde (Voir plus loin), mais faux pour la troisième. «  L’instabilité  » est souvent l’argument de ceux qui en Italie souhaitent le passage à un régime présidentiel à la française; mais les résultats français ne sont guère convaincants  ! Pour l’éviter certains préféreraient la «  gouvernabilité  » avec des gouvernements autoritaires issus de lois électorales iniques, c’est un choix probablement malheureux, et l’usage de la force ne permet généralement pas de garder longtemps un pouvoir acceptable et accepté. Non, l’idée de «  l’instabilité  » italienne doit être repensée. Alcide De Gasperi a été président du Conseil 8 fois de suite entre décembre 1945 et août 1953, avec un changement de ministres par élimination des ministres communistes et socialistes à partir de mai 1947  ; Giulio Andreotti a été 7 fois  président du Conseil ; Amintore Fanfani 6 fois  ; Mariano Rumor et  Aldo Moro 5 fois  ; Silvio Berlusconi 4 fois  ; Giovanni Spadolini, Bettino Craxi, Francesco Cossiga, Giuliano Amato, Romano Prodi et Massimo D’Alema 2 fois. Le nombre de ministres varie de 18 à 31, mais ils reviennent souvent d’un ministère à l’autre en ayant simplement changé de poste. Le ministère est dirigé par la Démocratie Chrétienne de 1946 à 1981, puis de 1982 à 1983 et de 1987 à 1992  ; celle-ci disparaît à partir de 1994. Où est vraiment l’instabilité  ? Attendons maintenant de voir ce que va faire le gouvernement Gentiloni. Environ 13 lois importantes restent encore à voter au Parlement après la chute du gouvernement Renzi. * À Rome, nouvelles difficultés pour Virginia Raggi  : elle a d’abord dû accepter la démission de son adjointe chargée  des ordures, Paola Muraro, inculpée pour avoir conservé un travail à l’AMA  (Azienda Municipale Ambiente, Société Municipale d’Environnement), société de propriété publique gérée par la Région, la ville de Rome et des sociétés privées,  chargée du ramassage des ordures municipales, où elle aurait eu pendant 10 ans un rôle de dirigeante et pas de simple conseillère, et elle serait responsable de l’entretien d’une fosse infernale à l’ouest de Rome, l’  «  Area di Malagrotta  » où l’on aurait déversé  de 1974 à 2013 des tonnes et des tonnes d’ordures illégales qui polluent et rendent insupportables les odeurs de la ville (Rome jette chaque jour environ 5000 (cinq mille) tonnes de déchets, dont environ 40% seulement seraient différenciés). C’est un problème technique horriblement complexe, et le traitement des ordures romaines représente environ une somme d’un milliard d’euros. Il est difficile à résoudre, et il n’est pas impossible que Virginia Raggi ait préféré le confier à quelqu’un qui connaissait bien le problème, quelles que soient ses responsabilités passées (Voir pour une histoire détaillée du ramassage des ordures à Rome les articles du journaliste Christian Raimo du 26 août et du 13 décembre 2016 sur  : www.internazionale.it/opinione/christian-Raimo/2016). On reproche à Paola Muraro de n’avoir pas suffisamment veillé au dysfonctionnement de l’ AMA, de n’avoir pas respecté les règles de fonctionnement des installations de traitement des ordures, et d’être en relation familière avec Salvatore Buzzi, inculpé important dans le procès «  mafia capitale  ». Elle a donc dû démissionner, coup dur pour Virginia Raggi qui l’a défendue tant qu’elle a pu. Mais le 22 décembre, elle répond qu’elle n’a vraiment été que                    «consultante  » et pas responsable des méfaits reprochés. Nous verrons si ce n’était qu’un moyen de déstabiliser Virginia Raggi. Mais voilà maintenant que le chef du personnel de la Commune, très proche de la Maire, vient d’être arrêté pour corruption  : Raffaele Marra, critiqué depuis longtemps par Beppe Grillo, aurait bénéficié par l’intermédiaire du constructeur Sergio Scarpellini, lui aussi arrêté, des «  locations dorées  » de la Chambre des Députés et du Sénat  : Marra aurait acquis une maison possédée par une caisse de prévoyance, pour un prix très inférieur au prix réel, 367.850 euros (fournis par le constructeur) pour 150 m2 près du centre de Rome  : ce serait le prix payé pour s’assurer la «  disponibilité  » du fonctionnaire puissant qu’était Marra. D’autres nominations faites par Virginia Raggi seraient encore prêtes à être objet d’investigations judiciaires (Cf. Il Fatto Quotidiano du 16 décembre 2016). Cela est gênant pour le M5S, au moment où il se présente comme le parti anti corruption qui serait capable de diriger l’Italie, et les discussions vont bon train parmi les dirigeants du Mouvement pour savoir s’il ne vaut pas mieux perdre la gestion de la Capitale plutôt que d’être compromis par la gestion de Virginia Raggi. Celle-ci devrait alors être exclue du M5S (elle est aussi la seule à avoir «  désobéi  » à Grillo  !), démissionner et on procéderait à de nouvelles élections. Mais cela voudrait aussi dire que les problèmes de la Capitale sont tellement compromis par la corruption qu’ils n’ont pas de solution et augmenterait l’idée populaire que «  tous les partis se valent  », y-compris le nouveau M5S, pourtant porteur de la colère et des aspirations d’une partie importante de la population  ; cela contribuerait aussi à délégitimer encore plus le fonctionnement du M5S, soumis à cette dictature léniniste de Beppe Grillo. Pour le moment, Virginia Raggi a remplacé Paola Muraro par la «  verte  » Pinuccia Montanari, ancienne conseillère de Reggio Emilia et proche de Beppe Grillo, et Luca Bergamo est devenu Maire adjoint (Cf. photo ci-dessus avec Virginia Raggi), et prendrait le poste de Maire si Virginia Raggi était inculpée d’abus de pouvoir dans les nominations  : c’est un homme estimé de façon générale qui pourrait faire baisser les tensions actuelles.   * À Rome toujours, depuis quelques mois, nous disent des amis, il faut maintenant payer deux euros pour mettre la main dans la «  Bocca della verità  » de Santa Maria in Cosmedin. Payer pour montrer qu’on n’a pas dit un mensonge  !  Dans le film Vacanze romane, Gregory Peck et Audrey Hepburn n’avaient pas dû payer pour accéder au «  tombino  » (la bouche d’égout qu’était probablement cette plaque). Mais sinon, comment payer les restaurations de l’église  ? * On vient de retrouver en France un dessin jusqu’alors introuvable de Léonard de Vinci. Un médecin présente il y a quelque temps à une maison de ventes 14 dessins. Un expert identifie parmi eux une sanguine italienne du XVIe siècle et surtout un dessin au crayon et à l’encre qui représente un saint Sébastien attaché à un arbre sur un fond de paysage de montagne (Cf image ci-contre), et un autre expert identifie l’auteur  : Léonard de Vinci, un des rares gauchers de la Renaissance. D’autres experts consultés confirment l’attribution. Ce serait un troisième Léonard de Vinci retrouvé sur les huit qu’il aurait composés sur St Sébastien. Une date est proposée, 1475-1483. Le Louvre est en train d’expertiser le dessin et n’a pas encore donné sa réponse. Le dessin de la tête est précis et n’a pas été repris, celui des épaules et des jambes représente plusieurs positions parce que repris. Le paysage n’est qu’ébauché. Les experts estiment le dessin à une valeur de 15 millions d’euros  ! * La revue Bell’Italia, dans son numéro de décembre 2016, publie cette carte des désastres du dernier tremblement de  terre en Ombrie, en particulier par la destruction de lieux gastronomiques et la revue donne une liste des commandes qu’on peut faire pour aider à la reconstruction de la région  : solidarité gastronomique. Ci-contre, la page 43 en question  : * La fondation RES a photographié l’état de la corruption politique en Italie depuis Tangentopoli de 1992, dans une étude de 170 pages dirigée par Rocco Sciarrone, Enseignant de sociologie de la criminalité organisée à l’Université de Turin, un des meilleurs spécialistes européens de l’étude des «  pouvoirs obscurs  ». La fondation RES (Ricerca su Economia e Società in Sicilia), de Palerme est présidée par le professeur Carlo Trigilia  ; la base de l’étude est un ensemble de 541 «  hommes politiques  » (dont seulement 14 femmes) jugés par la Cour de Cassation, et de centaines de fascicules des autorisations à poursuivre du Parlement, pour identifier la «  razza ladrona  » (la race des voleurs) qui a recommencé à proliférer dans le Sud comme dans le Nord-Ouest de l’Italie, et aussi bien dans les anciennes régions «  rouges  » que dans les anciennes «  blanches  » (démocrates-chrétiennes).  Le rapport est consultable sur . On se demande parfois à quoi a servi l’opération Mani pulite de 1992  ? Le rapport commence ainsi  : «  La corruzione politica è considerata uno dei principali ostacoli alla crescita economica e civile del Paese. Il fenomeno è ancor più preoccupante nel Mezzogiorno e in Sicilia, dove si combina con l’influenza della criminalità organizzata  » (la corruption politique est considérée comme un des principaux obstacles à la croissance économique et démocratique du pays. Le phénomène est encore plus préoccupant dans le Midi et en Sicile, où il se combine avec l’influence de la criminalité organisée). Le rapport se concentre sur la criminalité politique (maires, adjoints, conseillers régionaux, municipaux, parlementaires, etc.) du fait de son importance croissante dans les trente dernières années, surtout après Tangentopoli  : de 400 entre 1980 et 1994 on passe à 518 délits de 2005 à 2015. Une première constatation est qu’autrefois 42% des inculpés volaient pour leur parti alors qu’il n’y en aurait maintenant plus que 7%. Le vol pour profit personnel ou d’un petit clan est passé de 35 à 60%. Les anciens partis de droite et de gauche représentent 40% des cas. Parmi les nouveaux cas postérieurs à Tangentopoli, c’est le centre-droit qui arrive en tête (32%), suivi du centre-gauche (17%), le centre tout court (4%)  ; 11% sont des personnages qui ont changé de parti, 5% sont «  inclassables  ». La question morale touche donc tous les partis, de gauche comme de droite, et pour le moment elle reste le fait des hommes  (actuellement 2,6% des inculpés sont des femmes) ; attendons de voir si l’augmentation  du nombre de femmes parmi les élus confirmera ce fait  ? En tout cas l’évolution vers une corruption localisée et individualisée tient au fait de l’affaiblissement des partis politiques, en particulier des formations qui étaient dominantes avant 1992, surtout dans le Sud où cet affaiblissement est plus grand. Les mafias apparaissent dans 18% des cas, mais 28% dans le Sud. La criminalité actuelle est plus le fait de «  notables  » locaux des conseils municipaux et régionaux accompagnés de leur petit clan, avec un triangle de fraudeurs, l’entrepreneur qui paie, le politique qui décide et le fonctionnaire qui concrétise l’acte illicite  ; les secteurs les plus touchés sont le bâtiment (privé et public), le secteur public (sanitaire et services sociaux), les infrastructures. De plus en plus c’est le boss mafieux qui organise l’opération, préférant le dessous de table à la vieille «  lupara  » (le fusil à canon coupé). Dans les sentences de la Cour de Cassation, le Centre de l’Italie en représente 86 (7%), le Nord-Est 55 (4%), le Nord-Ouest 293 (22%) et le Sud 836 (63%). Cette délinquance apparaît de plus en plus structurée et donc permanente. 40% des parlementaires sont accusés de pots-de-vin leur rapportant des sommes supérieures à un demi-million d’euros. Mais les pots-de vin se versent souvent en nature, surtout dans le Sud (le Nord préfère le cash), maisons, autos, promotions de parents, paquets de voix aux élections, etc, ce qui est moins facilement quantifiable. C’est surtout au niveau des Conseils municipaux (54%) ou Régionaux (46%) que se pratique cette corruption  : un adjoint au Maire a plus de facilité qu’un Secrétaire d’État  ! Le financement illégal des partis tend à diminuer (réduit de 29% à 6% des délits). Ce qui progresse, ce sont les «  reati associativi  » (délits d’association) orientés vers l’enrichissement privé (35% avant 1992, 60% maintenant), délits personnels ou de petits clans. L’âge moyen des inculpés est de 48 ans. La majorité des inculpés sont des personnes ayant une Licence. Parmi les régions impliquées arrivent en tête la Campanie (18%), la Sicile, les Pouilles, la Calabre au Sud  ; la Lombardie arrive derrière la Campanie (11%). Dans le Nord ces corrompus sont surtout des industriels, entrepreneurs  ; dans le Sud, ce sont surtout des avocats, médecins, professions libérales. Mais dans tous les cas, qui est la principale victime de ces corruptions  ?  : la masse des citoyens italiens. Et c’est un phénomène en expansion et de plus en plus destructeur. Plusieurs écoles italiennes font un travail de fond pour éveiller les jeunes à la gravité de ce problème  : il y a beaucoup à faire, et malheureusement les gouvernements font peu de choses.  (Informations tirées du rapport et d’un long article de Gianluca  Di Feo sur Il Fatto Quotidiano du 16 décembre 2016). * Et puis n’oubliez jamais un autre aspect de ce pays  : il n’y a pas UNE Italie mais DES Italies. L’Italie politique, corrompue et destructrice, n’a jamais réussi à éliminer une autre Italie, celle des villages et de la culture «  populaire  », celle des Italiens accueillants, curieux d’autres cultures, d’autres modes de vie et de pensée, d’une humanité profonde, forgée au cours de plusieurs siècles d’existence. C’est ce que vous trouvez quand vous allez en Italie, c’est ce qu’il faut savoir chercher  ; un ami qui revient de Bologne me disait récemment combien il avait aimé cette ville splendide, où les habitants sont d’une chaleur qui se dégage aussi des monuments et de l’atmosphère de la ville *. Alors ne vous laissez pas décourager par les aspects négatifs d’un État italien encore en cours de construction et auquel les Italiens croient peu. Continuez à aller en Italie, c’est encore un pays fascinant  ; passez-y de belles fêtes de Noël, et finissez-y l’année dans le bonheur. Moi aussi je vous souhaite un joyeux Noël et une belle fin d’année, malgré toutes les guerres et tous les crimes qu’on nous annonce chaque jour. Jean Guichard, 22 décembre 2016 * Et c’est pourtant hier à Bologne qu’une jeune universitaire, venue à un Colloque avec son bébé de 5 mois, s’est vue interdire de l’allaiter dans une salle de Musée, sous prétexte qu’on ne peut pas introduire de nourriture et de boissons dans une salle d’exposition  ! Mais l’administration communale a aussitôt fait savoir que les femmes qui allaitent leur bébé sont toutes les bienvenues dans ces locaux  : LES Italies  !
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