8.5. Création de culture matérielle : Gastronomie - 3
Bien manger au Piémont
Ce n’est pas par hasard que l’association Slow Food est née au Piémont, de Carlo Petrini, piémontais pur-sang né à Brà, ni que celui-ci,
dont The Guardian écrit en 2008 qu’il est l’une des «50
personnalités qui peuvent sauver le monde », crée au Piémont
la première Université du goût, à Brà, ni que le Salon du goût
se tient tous les deux ans à Turin. Car le Piémont est une
région de grande gastronomie ; mêlant la plus grande
modernité à la plus traditionnelle culture paysanne, la région
est à la pointe de la défense des bonnes cultures anciennes
sans aucune nostalgie du passé mais simplement dans le but
de sauver ce que l’on faisait de meilleur dans l’agriculture
traditionnelle pour le promouvoir dans l’avenir et lutter contre la
« malbouffe » que répand le grand commerce et le souci de
gagner de l’argent. Le Piémont fait aussi la synthèse entre la
cuisine « pauvre » des paysans et la cuisine raffinée de la cour
et des palais aristocratiques, réélaborant aujourd’hui les anciennes saveurs paysannes pour en faire des produits délicieux au goût, sans
parler de l’apport de la cuisine française. C’est là une part de l’identité culturelle de la région.
Sa première spécialité, ce sont les « antipasti », parfois 7 ou 8 dans un repas piémontais, par exemple le « fritto misto » à base de
saucisses, de cervelle et de semoule (photo ci-dessus), ou la « finanziera » à la piémontaise, faite de cervelles, de ris et de foies de
volaille, sans oublier la « bagna cauda », cette sauce qui date
du moyen-âge, à base d’ail, d’huile d’olive et d’anchois, dans
laquelle on trempe des légumes crus, cardons, céleris, choux,
poivrons, carottes...
On peut continuer par des « agnolotti », gros raviolis (cf photo
à droite), dits « del plin » pour la façon dont les bords sont
pincés et découpés. Ils sont remplis de viande de veau et de
porc, de jambon, d’œufs et assaisonnés de truffe ou de beurre
de sauge. On peut préférer la « polentina » à la turinoise, ou la
« panissa » (ou « paniscia ») de Novara et Vercelli, un risotto
autrefois fait de « panigo » (de millet) remplacé par le riz
Carnaroli, accompagné de haricots « borlotti », d’oignons, de
vin rouge Barbera, de couenne de porc, de saucisson, d’huile
d’olive et de « grana » râpé.
On pourra finir par un poisson tiré des lacs ou d’un des
nombreux fleuves, ou par une viande fournie par une des races
bovines piémontaises appréciées, par exemple le « bollito », de viande de bœuf prise dans le gros
bout de la poitrine, cuite avec une cuisse de poulet et de la langue de veau, des carottes, de l’ail, des poireaux, un bouquet garni et du
piment, et accompagnée de « bagnetto verde », une sauce verte avec un anchois, de l’ail, du persil, des câpres et un peu de mie de pain.
Après le fromage (Robiola, la toma delle Langhe, Taleggio, Gorgonzola ...), on finira par un dessert, comme le « bônet », au chocolat et
aux « amaretti » (photo ci-contre). Le Piémont a pour spécialité le chocolat (Voir notre dossier sur Turin) et il ne faudrait pas oublier les
vins, Barolo, Barbaresco, Nebbiolo, Barbera, Gavi, Dolcetto, Asti ... Mais il y aurait besoin encore de tant de pages…
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