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Nouvelles de ces derniers temps : édition du 18 août 2017
Nouvelles de ces derniers temps, 18 août 2017  	* Stefano Rodotà (né en 1933) est mort à Rome le 23 juin dernier. On n’en a pas beaucoup parlé depuis, c’est dommage, ce fut un intellectuel (de formation juridique) et un homme politique d’une qualité rare aujourd’hui. Il était né dans un des villages albanais de Calabre, San Benedetto Ullano. Il avait été militant d’abord du Parti Radical, puis député indépendant élu sur une liste du Parti Communiste Italien en 1979  ; il adhère ensuite au Parti Démocratique de Gauche (PDS), et il est réélu député en 1992. Il a beaucoup travaillé à plusieurs projets de réforme institutionnelle (implications éthiques des Biotechnologies…), dans une attitude très critique vis-à-vis des gouvernements qui cherchaient à utiliser les problèmes éthiques à leur profit.   Il avait été candidat à la Présidence de la République en 2013, soutenu par le M5S, mais le 20 avril, c’est finalement Giorgio Napolitano qui avait été réélu. Il a publié de nombreux essais traduits en plusieurs langues européennes  ; ce fut un grand laïc qui avait toujours défendu les droits sociaux en même temps que les droits civils et qui s’est toujours battu pour la défense des libertés, et il a toujours été inspiré par son utopie de pouvoir changer le monde dans un sens plus juste et plus solidaire. Un modèle d’homme politique étranger à toute corruption, réalité qui devient rare en Italie  ! En juin 2014, la journaliste Silvia Truzzi avait eu avec Rodotà une longue conversation que Il Fatto Quotidiano republie dans son numéro du 14 août 2017.   	* Un autre homme politique important de l’histoire politique italienne vient de mourir à 96 ans, Ciro Cirillo, ancien président de la région de Campanie et représentant national de la Démocratie Chrétienne, dans le courant d’Antonio Gava. Il avait été enlevé par les Brigades Rouges en 1981, tandis qu’étaient tués son chauffeur et son «  gorille  » et blessé aux jambes («  gambizazato  ») son secrétaire particulier. Il resta séquestré 89 jours, et pour lui, à la différence d’Aldo Moro, la DC accepta de négocier et de payer une rançon de 1,4 milliards  de lires (Cf. ci-contre la photo de son enlèvement par les BR) ; on suspecta alors la complicité des Services Secrets italiens et de Raffaele Cutolo , chef de la Nuova Camorra Organizzata. En 2001, Cirillo avoua à un journaliste qu’il avait dit la vérité sur son enlèvement dans un dossier secret qui ne serait révélé qu’après sa mort. Nous attendons avec impatience, mais plus  tard il avait démenti cette information. L’épouse de Cirillo avait confirmé que Cutolo était bien intervenu pour sa libération. Les polémiques que ce fait a suscitées ne sont pas terminées.  *Une autre mort d’importance, celle de Pino Pelosi (Rome, 1958-2017), jeune prostitué romain dit «  Pino la Grenouille  », condamné à 9 ans et 7 mois de prison pour le meurtre de Pier Paolo Pasolini dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, à Ostie. Il est mort d’un cancer du poumon dans un hôpital romain. En 2005, il avait donné une interview à la Rai, pour dire qu’il était innocent et pour attribuer le crime à trois autres hommes dont il ne donne pas l’identité  ; il dit ne pas avoir dit la vérité par crainte de représailles sur sa famille. Il était le seul à savoir la vérité sur la mort de Pasolini, et maintenant il est mort. Que sait et que dira son avocat  ?     	* Le Ministre des Affaires, Enrico Costa (photo ci-dessous), vient d’envoyer sa démission au Premier Ministre Gentiloni, le 19 juillet dernier, après avoir critiqué sur les journaux le décret gouvernemental sur le Jus soli, le Droit du Sol. Élu du centre, Area Popolare (hérité du NCD, Nouveau Centre Droit, d’Angelino Alfano, formé en 2014), il a déclaré retourner au parti de Berlusconi, Forza Italia. Enrico Costa a été Ministre de la Justice dans le gouvernement Renzi. Remarquant que «  le gouvernement perd des voix, des idées et des ministres, c’est le moment d’organiser des élections  », est intervenu le leader de l’extrême droite, Matteo Salvini, appuyé par le M5S. Costa avait aussi été autrefois un leader berlusconien, rapporteur par exemple du «  Lodo Alfano  », destiné à aider Berlusconi contre les actions de justice. Cette démission est aussi un signe de rupture entre le PD de Renzi et le NCD d’Alfano, qui continue cependant à soutenir le gouvernement. Un second ministre a démissionné du gouvernement Gentiloni deux jours après, Massimo Cassano, Secrétaire d’État au Travail  ; lui aussi quitte Alternative Populaire pour retourner à Forza Italia, dans l’orbite de Silvio Berlusconi, où on l’a accueilli à bras ouverts  : il est sénateur, une voix de gagnée au Sénat  !. Et le 14 août, la presse annonce le rapprochement d’Alfano avec Berlusconi  : de nouvelles élections se rapprochent, les élections régionales en Sicile le 5 novembre prochain, et les élections législatives, qui sait quand en 2018, quand le Parlement se sera décidé à adopter une loi électorale  ! Après avoir traité Alfano de «  traître  » et de «  Caïn  » pendant trois ans, Berlusconi recommence à lui lécher le poil  : Alfano peut obtenir des voix en Sicile et le récupérer dans Forza Italia permettrait peut-être une victoire et un retour de Berlusconi à la tête de la droite. Mais «  Berlusconi  » est-il maintenant autre chose qu’une marque commerciale, et peut-il encore gouverner  ?   	* Conflit France-Italie  : Les Italiens sont très mécontents de l’attitude d‘Emmanuel Macron vis-à-vis de l’Italie et le traitent d’  «  hypocrite  » quand il parle de sa politique de relance de l’Europe  : il ne veut que la relance de la France en lien avec l’Allemagne, aux dépens d’une Italie qu’il traite comme les capitaines des équipes de cyclisme traitent les coéquipers des champions, des «  domestiques  ».  Il est vrai que le conflit n’est pas récent  : souvenons-nous du temps où, après l’indépendance de l’Algérie, Enrico Mattei obtint du nouveau gouvernement algérien la vente du gaz à l’Italie aux dépens de la France. Jusqu’à aujourd’hui où la Fincantieri italienne obtient du Qatar la commande d’une importante flotte militaire, deux petits porte-avions, quatre corvettes et deux patrouilleurs et leur entretien pendant 15 ans. Après quoi la Fincantieri monte une opération sur les Chantiers de Saint-Nazaire, le fleuron de l’industrie navale de la France. Alors Macron bloque, en même temps qu’il veut faire des coupes dans la dépense publique, oubliant combien d’importantes entreprises italiennes la France a rachetées ces dernières années. Les divergences entre la France et l’Italie s’aggravent sur le conflit libyen  : alors que Al Serraj avait accordé aux navires italiens le droit de naviguer dans les eaux libyennes pour aider les Lybiens à contrôler leur territoire, Macron a déclaré qu’il enverrait des navires français patrouiller dans les points d’accès ouverts à l’Italie, même sans l’accord des autres pays européens  : il veut infiltrer la flotte française dans les eaux territoriales libyennes promises à l’Italie par la Lybie. Quand François Pinault cède à l’Allemagne ses 24,3% de parts de la Fnac Darty (452 millions d’euros) à l’Allemagne (la Ceconomy de Dusseldorf), personne ne s’indigne et la France ne dit rien, malgré l’importance de la Fnac pour ce pays  ; mais pour l’Italie, on élève des barrières et on exige de garder 50% des Chantiers Navals de Saint-Nazaire  : pour l’Italie, c’est inacceptable, et même le prudent gouvernement de Gentiloni refuse ce comportement de la France. Là encore, l’Italie apparaît aux yeux de la France comme un pays mineur à qui on n’accorde que de petits achats d’entreprises françaises, comme l’aéroport de Nice ou le Grand Marnier. Question d’argent  : l’Allemagne a une apparence de richesse, tandis que l’économie et la politique italiennes semblent branlantes et incertaines, des nains que l’on peut mépriser. Nous n’avons cessé de nous élever contre cette vision de l’Italie quand on veut construire une autre Europe.                                      	* Un grand rapport européen vient d’être publié par le Parlement européen sur les mafias européennes  : environ 5000 organisations sont sous enquête dans les 28 pays d’Europe, ce sont 1400 de plus qu’en 2013. Vous trouverez des extraits du résumé fait par Il Fatto Quotidiano dans le dossier «  Mafie Unite d’Europa  ». Et puisque l’on parle de mafia, rappelons que la presse évoque à nouveau l’affaire non ou mal résolue de l’assassinat du juge Pierre Michel en 1981, et on s’aperçoit qu’il y avait un rapport entre l’assassinat de Michel et celui de Giovanni Falcone en Italie un peu plus tard  : on avait alors oublié de suivre la piste de la mafia, alors que le rapport entre les deux apparaît aujourd’hui éclairant, une «  coproduction  » entre Marseillais et Siciliens, c’est l’expression utilisée par le juge Michel Debacq. Signalons enfin que le ROS (Raggruppamento Operativo Speciale) des carabiniers avec les groupes de Palerme et de Trapani ont saisi au boss mafieux Salvatore (Totò) Riina (né en 1930), condamné pour avoir commandité, parmi d’autres assassinats, la mort de Falcone et de Borsellino, une somme de 1 million et demi d’euros, des sociétés, une villa de 5 pièces, 38 rapports bancaires et de nombreux terrains agricoles dont certains appartiennent à la Curie romaine, par le biais du Sanctuaire Maria Santissima del Rosario di Corleone.  Riina ne déclarait aucune ressource officielle. Il est en prison depuis 1993, en même que l’un de ses fils condamné à la perpétuité, ce qui ne l’empêche pas de continuer à imposer sa volonté aux criminels de sa mafia  ; la femme de Riina a fait passer à ses parents emprisonnés la somme de 42.000 euros. Dans six mois, les entreprises agricoles saisies reprendront leur activité, libérées des infiltrations mafieuses.   	* Le Sun cite Naples comme une des dix villes les plus dangereuses du monde, la plus dangereuse d’Europe occidentale. Il se rétracte le lendemain. Dans un numéro de juillet, le Sun, le tabloïd anglais a fait la liste des dix villes du monde les plus dangereuses, d’abord Rakka en Syrie, puis Saint Louis aux USA, puis Perth en Australie pour le trafic de drogue, Karakas en Amérique du Sud, Saint Pedro Sula au Hondura, Kiev, Grozny, Karachi, Manila pour l’extrême-Orient asiatique. Naples serait dangereuse pour «  les exécutions de la camorra, pour ses liens avec le crime organisé, pour la présence de clans de la ‘ndrangheta calabraise qui se battent entre eux pour le contrôle du marché de la drogue, pour la présence de gangs d’enfants de 12 ans. Le tabloïd ajoute que l’expression «  Va al diacolo  » (Va au diable) devient en Italie «  Va a Napoli  ». Fin juillet, le Sun s’est rétracté suite aux critiques qu’il a reçues, entre autres de l’Ambassade Italienne à Londres et du Maire de Naples, Luigi De Magistris, et il a ôté Naples de la liste des dix villes les plus dangereuses du monde  ; les symboles du danger, – une feuille de marihuana pour le trafic de drogue, un cadavre étendu par terre pour les exécutions mafieuses, et un poing pour la présence des gangs – ont donc disparu de la carte du tabloïd à scandale. C’était un bel exemple de «  fake News  », les fausses nouvelles dont nous inondent les journaux  ; cela venait confirmer tous les préjugés qui courent sur Naples  ; même Matteo Renzi, en avril 2015, avouait qu’il venait à Pompéi pour la première fois. Ne nous y laissons pas prendre  : Naples est une des villes italiennes les plus riches culturellement, une de celles qui organisent le plus grand nombre de grands spectacles contemporains, une de celles dont l’histoire a le plus influencé celle de l’Italie, dans sa culture (la chanson par exemple) et dans sa vie politique. N’hésitez pas  : allez visiter Naples  !  	* Le avventure di Pinocchio, de Collodi, vient de susciter un nouvel opéra, présenté cette année au Festival d’Aix-en Provence. Le texte est de Joël Pommerat, l’auteur français né à Roanne en 1963, la musique de Philippe Boesmans, le compositeur belge né en 1936. Vous pouvez le voir sur Internet (Arte, ou taper le nom de Philippe Boesmans). Le personnage de Collodi ne cesse pas de susciter de nouvelles œuvres d’art et de nouvelles interprétations.  	* Beaucoup d’autres sujets seraient à développer, suivez-les dans la presse italienne  : les problèmes d’alimentation de Rome  en eau potable n’ont été que provisoirement résolus, mais ce n’est pas de la faute de Virginia Raggi s’il y a des fuites d’environ 40% du total du fait de la mauvaise condition des tuyauteries et du manque d’entretien suffisant depuis des décennies. Par ailleurs le conflit continue entre le gouvernement national et la Maire de Rome qui demande au premier ministre le paiement d’une somme de 20 millions d’euros d’anciennes factures non réglées pour le ramassage des ordures, une «  opération vérité  », a-t-elle déclaré à la presse (Ci-dessus Virginia Raggi e Chiara Appendino).   Suivez aussi le procès «  Mafia Capitale  »  : fin juillet, après 21 mois d’enquête et 230 audiences, la Xe section pénale de Rome a conclu qu’à Rome il n’y avait pas de mafia, mais seulement une accumulation de faits de chantage, de violence, de corruption et de banale criminalité. La juge Rosanna Iannello a commencé à lire les sentences prononcées, lourdes mais moins graves que celles qui avaient été demandées pour le 416bis (la loi qui condamne les délits de mafia)  : Massimo CArinati est condamné à  20 ans de prison, Salvatore Buzzi à 19 ans (Voir leurs photos ci-contre), Riccardo Brugia (un ancien terroriste des Nuclei Armati Rivoluzionari, d’inspiration fasciste, devenu l’armurier des autres) à 11 ans  : ils sont, dit le juge, le  «  karaoké de la corruption  ». La femme de Buzzi a reçu la peine de 13 ans et six mois de prison, et sa secrétaire 5 ans. Ils étaient secondés par les politiques de tous bords  : Mirko Coratti, ancien Président de l’Assemblée du Capitole du Parti Démocrate est condamné à 6 ans, Luca Gramazio, ancien chef de groupe de Forza Italia à11 ans, Franco Panzironi, ancien administrateur délégué de l’entreprise de ramassage des ordures proche de l’ancien maire néofasciste Gianni Alemanni, à 10 ans, Andrea Tassone, ancien président PD de la mairie d’Ostie à 5 ans, et Giordano Tredicine, ancien conseiller Forza Italia à 3 ans. Et ainsi de suite, vous trouverez sur la presse la liste des 46 inculpés dont seulement 3 ont été acquittés. On trouve des responsables de la gauche comme de la droite. Tous considéraient la gestion de la chose publique comme une «  affaire  », une vache à traire  ; on y retrouvait les hauts responsables politiques et les hommes de main de la rue, passant, selon les majorités du fasciste Alemanni au «  démocrate  » Renzi  ; et cela rapportait encore plus que le trafic de drogue. 	 	* Et vous avez évidemment suivi sur la presse française l’histoire des attaques contre les ONG qui secourent en mer Méditerranée les bateaux de migrants en danger de couler, accusés de négocier avec les passeurs. En célébrant le 61e anniversaire de la catastrophe de Marcinelle où moururent 136 Italiens, le Président de la République, Sergio Mattarella a comparé ces victimes aux migrants noyés durant leur passage, et cela a fait hurler le raciste Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord,qui fait partie des fondateurs d’un bateau anti-migrants, le C-Star, bloqué depuis par la police. Mais le fait nouveau est néanmoins que le gouvernement italien cherche à contrôler les ONG comme Médecins sans Frontières, qui refuse de signer un texte de «  bonne conduite  » fixant des règles (ils sont organisation NON gouvernementale et refusent, ne voulant pas entre autres accepter de gardes militaires armés sur leurs bateaux)  ; cette décision gouvernementale est prise à la fois pour faire pression sur l’Europe qui n’aide en rien l’Italie, qui a reçu environ 600.000 migrants depuis 2014, et pour des raisons électorales internes, le PD ayant perdu les dernières élections administratives au profit de maires de droite qui refusaient l’immigration dans leur commune. Par ailleurs la Libye a élargi ses eaux territoriales, et les navires italiens autorisés à y patrouiller menacent par les armes les bateaux des ONG.     La plupart des ONG italiennes ont donc retiré leurs bateaux, protestant contre cette «  dérive politico-militaire de l’action humanitaire  » qui aura pour conséquence l’augmentation du nombre de morts et de migrants accueillis en Libye où on sait qu’ils sont constamment maltraités, torturés et violés. Mais de cela même le gouvernement «  démocrate  » de centre-gauche ne se préoccupe que très peu  : après tout, il ne s’agit que d’  «  Africains  »  ! Mais il risque malgré tout de se diviser bientôt sur ce sujet.  	* Des nouvelles moins tristes  : le festival (La Mostra) de cinéma de Venise s’ouvrira le 28 août prochain. On connaît déjà les films à son programme, qui présentera plusieurs films, documentaires, films d’animation italiens de grande qualité. Nous y reviendrons.  	* Pour les amateurs de musique baroque vénitienne  : Avez-vous aussi noté que le Théâtre du Jeu de Paume a donné en juillet un opéra de Francesco Cavalli (1601-676), Erismena (créé en 1655 au Teatro Sant’Apollinare de Venise), le quatrième  que met en scène Leonardo Garcia Alarcon depuis quatre ans. C’est, après des années d’oubli, une redécouverte de Cavalli, auteur de plus de 30 opéras. Consultez le site qui lui est entièrement consacré  : www.francesco cavalli.fr, vous y apprendrez beaucoup de choses sur ce compositeur vénitien trop négligé pendant longtemps, aussi important dans l’histoire de l’opéra que le grand Claudio Monteverdi. Lisez aussi le livre de Claude-Jean Nébrac, Ercole Amante aux Tuileries - Mémoires imaginaires de Francesco Cavalli - 1659-1662, BoD, 2011, inspiré par ce que Henry Prunières, grand musicologue et  premier redécouvreur de Cavalli, avait écrit en 1913 dans son ouvrage célèbre, L’opéra italien en France avant Lulli, Éd. Champion. Alarcon dit que Cavalli fut «  le Mozart du XVIIe siècle  ». Écoutez le splendide double CD, Héroïnes du baroque vénitien, Francesco Cavalli, interprété par la Cappella Mediterranea, Ricercar, 2015. C’est aussi l’occasion de rappeler le beau livre Venise, Musique et peinture du XIVe  au XVIIIe siècle, Opus 111, Muses, 1998, un ensemble le reproductions de grands peintres vénitiens assorti de musiques enregsitrées sur un CD joint, et dont on a les textes, chose parfois oubliée par les éditeurs.  * Et terminons par une caricature, extraite de Il Fatto Quotidiano, sur les deux Matteo, Renzi et Salvini (leader de la Ligue du Nord avec son uniforme vert), que beaucoup d’Italiens voudraient bien renvoyer chez eux et éliminer de la vie politique   :         «  Aidons-les chez eux  !  », et en dessous, le jeu de mots sur «  Nome e cognome = prénom et nom, transformé en «  Nome e coglione = prénom et couillon  ».                                               Jean Guichard, 18 août 2017
Principales routes de migrants en Méditerranée et nombre de morts.
La lutte de deux capitalismes, entre «  mondialisation  » de demain et «  patriotisme  » d’hier. L’affaire Fincantieri n’est qu’une nouvelle manifestation de l’opposition entre le capitalisme français et le capitalisme italien  ; nous avons rappelé l’affaire Mattei, il faudrait y ajouter le veto  du Général De Gaulle à l’acquisition de Citroën par Fiat dans les années 1960. Une opposition plus récente a été le rachat de parts de Mediaset (de Berlusconi) par Vivendi de Vincent Bolloré  ; ce dernier a été désavoué par l’Agcom (Autorité de Régulation des Télécommunications)  : parce qu’il est déjà actionnaire de référence de Telecom Italia, il ne devra pas avoir plus de 10% du capital de Mediaset. Et voilà toute la classe politique italienne, – y-compris la gauche qui n’avait cessé de condamner Mediaset pour sa vulgarité et son travail d’abrutissement de la population italienne –, qui défend Berlusconi au nom de l’indépendance de la culture italienne  ! Mais tout cela ne concerne qu’une toute petite minorité d’actionnaires soutenus par les politiques, sans changer grand-chose à la quantité ni à la qualité de l’emploi, donc à la situation de la masse des citoyens. Un numéro d’Euronews du 4 mai 2017 avait fait le point des investissements italiens en France  : il y a, disait-il, plus de 2000 entreprises italiennes en France, employant plus de 100.000 personnes, avec 141 projets d’investissement en 2016 contre 84 en 2015, permettant de conserver ou de créer 3228 emplois de travail en France, qui se révèle donc bien comme le pays préféré par les investisseurs italiens (29% des projets, contre 26% en 2015). L’Italie se classe à la troisième place avec 141 projets (13% du total), après l’Allemagne (17%) et les Etats-Unis (16%). Les deux principales régions d’investissement sont l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes, les investissements venant surtout de la Lombardie et du Piémont, suivis de l’Émilie- Romagne  ; les principauw domaines d’investissement sont le travail des métaux, les machines industrielles, l’agroalimentaire, la consultation, le transport, la parfumerie et la cosmétique. Catherine Colonna, ambassadrice de France en Italie  se réjouit de la confiance des investisseurs italiens envers la France, soulignant que l’Italie est le second client et le second fournisseur de la France, «  démonstration de l’esprit d’entreprise dynamique et international qui caractérise les dirigeants italiens  ». Rappelons aussi la grande opération entre Luxottica de Del Vecchio et l’Essilor  française devant aboutir à un géant de l’optique de 50 milliards d’euros, sans que l’on sache bien qui a racheté qui  ? Mais les investissements français en Italie sont beaucoup plus importants  : la Banca Nazionale del Lavoro a été rachetée par la BNP, Cariparma et Friulandria par le Crédit Agricole, Auchan et Carrefour ont beaucoup investi dans la grande distribution, Fendi, Loro Piana et Bulgari ont été rachetés par LVMH, Gucci et  Bottega Veneta par François Pinault, la Pioneer, filiale de la banque italienne Unicredit, a été racheté à 100% par la société française Amundi pour 3,5 milliards, sans que cela ne change rien aux produits distribués dans les supermarchés ni à l’emploi, ni aux protections sociales. Les rachats français, soulignait Il Sole 24 Ore du 26 janvier 2017 concernent la finance, les télécomuunications, le luxe, c’est-à dire des secteurs très stratégiques pour l’Italie, alors que celle-ci est intervenue jusqu’ici dans des secteurs moins stratégiques pour la France, comme l’aéroport de Nice  (racheté par Atlantia pour 975 millions), Carte Noire (racheté par Lavazza pour 700 millions) ou Grand Marnier (racheté par Campari pour 683 millions), sauf dans l’affaire Fincantieri justement, ce qui fait réagir le protectionnisme français. Le déséquilibre global est grand  : les investissements français en Italie représentent 52,3 milliards d’euros, les investissements italiens en France 7,6 milliards, et l’industrie italienne est donc une proie pour la France plus que l’Italie n’est un prédateur pour la France. Et l’économie italienne est beaucoup plus fragile que la nôtre, même si elle apparaît plus compétitive, plus dynamique et plus accueillante, avec ses sociétés de plus petite taille et souvent encore familiales. Même Le Monde du 24 avril 2017 titrait l’article de Jérôme Gauthier France-Italie, le match des capitalismes  ! Ne nous amuse-t-on pas un peu en surévaluant l’importance de l’affaire Fincantieri / Chantiers de Saint-Nazaire  ?